TNM, étape 2

  Résumé de l 'épisode précédent
TNM veut dire Tour Nivernais Morvan et pas Ta Nique Mère.
C'est une course cycliste amateur typiquement nivernaise, en plusieurs étapes. Jénorme a décidé d'assister à l'une de ces étapes entre Bazoches et Château-Chinon. Mais, en route -ou plutôt en chemin, il s'embourbe et loupe le départ de la course.
Qu'importe, faut y aller ! Mais soudain, ne voilà-t-il pas...

  TNM, étape 2 : Varzy > Bazoches (77 km)
Bon, eh, oh ! Elle roule bien la bagnole quand elle n'est plus enlisée dans un champ. Pour reprendre la route tranquillos et sécher un peu, je fais quelques petits détours par des noms de bleds sympathiques, comme :

et puis

Ben ouais ! Moi, ça m 'fait marrer : "Les Davions", "Ouagne". Des fois, je me demande :

"Mais comment décide-t-on des noms des villes et villages ?"

Imagine comment cela peut voir le jour. Il fait beau, nous sommes un jeudi. T'arrives dans un coin paumé de la Nièvre du Nord. Tu décides de construire ta barraque ici, dans un champ sans vis-à-vis. Une fois que tu as construit, t'as un mec ou une meuf qu'arrive d'on-ne-sait-pas-où (par exemple, il/elle peut sortir de derrière un buisson un peu plus loin) et qui te dit : "Eh ben tu vois mon chef, le bled où t'as posé ta baraque, on va l'appeller Ouagne !" Et voilà !

J'étais venu à Ouagne pour le nom, mais mon regard se posait déjà sur un autre détail. As-tu remarqué ce qu'il y a derrière le panneau ?
Ouais, des charrettes ! Des charrettes à Ouagne !
J'approche en prenant bien soin de ne pas me garer dans le fossé et je découvre ceci :

 

T'es peinard, tu demandes rien à personne et sur quoi tu tombes : des charrettes ! T'es dans un coin paumé où tu te dis : "Bon, là, il peut rien m'arriver, je vais juste prendre une photo du panneau du village et je me casse !" Eh ben, non ! Ils te foutent des charrettes à Ouagne !  Et si tu regardes le panneau d'un peu plus près, que constates-tu ?

Oui, ils ont aussi foutu un grill finlandais ! Bon, moi, personnellement, quand on me parle de Finlande, je pense à Aki Kaurismäki et, franchement, n'y avait-il pas de meilleurs endroits que Ouagne pour y penser ? Hein ? Hein ? Hein ? Ouais bon, allez, on continue...

Le temps de croiser un autre petit patelin...

...et HOP, me voici arrivé à Clamecy, qui me rappelle par la même occasion
qu'il y a de beaux noms de villages aussi au Canada...

Mais qu'est-ce qui démarque Clamecy d 'une autre ville ?
C'est une bonne question. Déjà, je crois que c'est une des rares villes (avec Marseille) possédant un rond-point avec une sculpture de César dessus...

L'Homme du futur (1986)

Tiens, au passage, il faut savoir que César s'est mis à récupérer des trucs dans les décharges parce qu'il n'avait pas assez d'argent pour s'acheter du marbre. C'est à partir de 1960 qu'il fera ses premières compressions. Pour l'anecdote, il compressera une Zil soviétique (voiture) toute neuve que lui avait offerte la vicontesse de Noaille.
A part ça, je ne saurais te dire pourquoi ils ont foutu cet homme du futur sur ce rond-point à Clamecy si ce n'est que c'est François Mitterrand en a fait don à la ville dans le cadre de la politique des commandes publiques du Ministère de la Culture.

Pour rester dans le "domaine people", Clamecy a vu naître des personnalités diverses, comme
  - Romain Rolland, à qui l 'on doit cette grande phrase :
                 "Pour que les peuples s'entendent, il faut d'abord qu'ils entendent."

  - Alain Colas, célèbre navigateur disparu en mer à bord du Manuréva après avoir prononcé cette dernière phrase le 16 novembre 1978 à 4 heures du matin :
                "Je suis dans l'oeil du cyclone, tout est amalgame d'éléments, il y a des montagnes d'eau autour de moi..."

  - Arnaud Montebourg, à qui l 'on pourrait accorder une symbiose des deux phrases précédemment citées pour expliquer la déroute du PS actuellement.

Et puisque nous parlons d'eau et de noyade, n 'oublions pas de parler des flotteurs de bois, à qui la ville rend hommage par une statue sur un pont :

L'homme du passé...

"A partir du XVIème siècle, Paris connaît une pénurie de bois "de chauffe et de four". Le développement de la capitale est alors compromis : pas de bois pour se chauffer et faire tourner les usines, ni de bois pour faire cuire le pain. C'est en développant un système de flottage par les rivières (la Cure, l'Yonne, puis la Seine) que l'on va faire venir le bois des forêts morvandelles jusqu'à la capitale. Clamecy voit ainsi une véritable mer de bûches déferler sous ses ponts. Le bois est ensuite empilé sur le sports d'aval avant d'être matérialisé en "train de bois" (75 m de long, 4,5 m de large ; soit l'équivalent de 200 stères). Ces trains empruntent ensuite l'Yonne puis la Seine jusqu'à Paris. Le voyage dure de 10 à 15 jours et le flotteur revient ensuite à pied à Clamecy.
L'activité du flottage du bois perdurera quatre siècles durant et fournira près de 90% du bois consommé à Paris. Elle se terminera à la fin des années 1920." Infos prises sur le site des flotteurs de bois.

Ah ben, à c't'époque, y'avait moins d'embouteillages sur le périph ' ! Peut être même qu'on n'avait pas encore inventé le klaxon.
Je quitte Clamecy sans oublier de mentionner qu'elle est également la ville de la fève.

Je reprends la route et...
OUAIS, un panneau :

comptoir !

Eh ben tiens, l'occasion faisant le larron et vice-versa, en v'là 3, 4 de Brèves de comptoir.

Par exemple, vendredi, c'était la journée du don d'organe :
"Je veux bien donner mes organes,
mais que ce soit greffé sur un animal."

A propos des villages :
"On aurait pu avoir la palme du Village fleuri,
mais il a mis des slips à la fenêtre et on l'a pas eue."

A propos des hommes célèbres :
"Il nous faudrait un autre Jean-Paul Sartre pour avoir de nouvelles idées, mais sans l'oeil qui déconne."

Bon, on arrête là ! Si t'en veux plus, t'as qu'à acheter les bouquins de Jean-Marie Gouriot ou aller dans les bars demander de l'aide quand t'es embourbé !

Je passe à présent dans un endroit indiqué comme un "haut lieu de Bourgogne" : Notre-Dame-de-l'Assomption, à Metz-le-Comte.
C'est pas moi qui le dit, ce sont les panneaux. De toute façon, j'ai rien à perdre à y aller. Il est 14h30, ça fait longtemps que les coureurs ne sont plus à Bazoches, il y a du soleil, j'ai le temps !

J'arrive à l'église qui se trouve sur une butte :

Bon ben voilà quoi !

Je vois pas trop en quoi c'est un haut lieu de Bourgogne, mais bon ; j'y connais pas grand chose en église, faut dire ! Ce qui est sûr, c'est qu'elle est fermée !

Mais bon, on a une belle vue quand même :

Et puis il y a des vignes
DONC du vin :

LES VINS DE TANNAY
"Cultivé dès le XIIIème siècle, le vignoble de Tannay qui jouxte Clamecy atteignit au XVIème siècle jusqu'à 900 hectares de superficie ! Il faut dire que ce vin blanc léger, issu d'un cépage Melon de Bourgogne, était fort apprécié à la cour de Louis XIII. Hélas, le vignoble faillit disparaître à la fin du siècle dernier, victime du phylloxéra. Aujourd'hui, il renaît grâce au savoir-faire de quelques vignerons passionnés. Ceux-ci, qui ont créé les confréries du Piocheux et de la Saint-Vincent-des-Vignerons de Tannay, convient les amateurs à célébrer leurs crus, chaque année, le troisième jeudi du mois de janvier."  Editions Atlas

Il est à présent 15 heures et j'arrive enfin à Bazoches ! Soit 2h30 de retard ! Bon, ben, ça va pas m'empêcher de visiter un peu.

La question rituelle : qu'est-ce qu 'on peut voir à Bazoches ?
Eh bien les panneaux te le disent de suite :

A mon avis, y'aurait bien la tombe de Vauban à voir. OK, suivons la flèche jusqu 'à l 'église...

Remarque au passage le petit panneau en dessous du buste qui te confirme que la tombe de Vauban est bel et bien dans l 'église. Mon vieux : ça doit être quelque chose cette tombe pour qu'il en fasse autant de pub !
Bon allez, c'est pas l'tout : je ne me suis pas embourbé dans un champ de blé pour rien ! J'ai pas fait tous ces kilomètres pour craquer si près du but ! J'ai pas traversé tous ces villages pour faire demi-tour maintenant ! Allez, je rentre dans l 'église et que ne vois-je :

Ben merde !

Ils t'ont bien foutu
des travaux
dans
l'église
et pile-poil au-dessus
de la tombe de Vauban !

Oh, les cons !

C'est pas grave, on va y arranger. En fait, la tombe de ce grand homme est toute petite :

Mais c'est normal, puisqu'elle est "incomplète" comme l'explique le panneau au-dessus...

Ohla, c'est glauque le truc, là ! Mais on peut faire pire. Tiens, pour toi Aurel, revoici l'histoire du fabuleux destin du coeur de Vauban, tel que nous le raconte une brochure trouvée dans l 'église :

"Le Maréchal voulait être enterré dans l 'église de Bazoches : en 1688, il y avait déjà fait rebâtir une chapelle pour y préparer l'emplacement de son caveau. Il mourut à Paris, sans cérémonie, après un simple absoute à l'Eglise Saint Roch. Le corps fut transporté à Bazoches et inhumé dans l'église. La Révolution profana la tombe ; en 1808, le coeur fut transporté aux Invalides.
Mr de la Ramée confia la précieuse boite renfermant le coeur de Vauban au brigadier Roubot. Le cortège ne partit que dans la soirée. Déjà on approchait de la ville lorsque le brigadier s'aperçut que la boite ne se trouvait plus dans les fontes de la selle de son cheval. Le cortège fit halte. On se consulte avec inquiétude. Demi-tour est ordonné et voilà la brigade qui reprend le chemin de Bazoches, explorant la route. On arrive au château et les gestes de la journée sont reconstitués... jusqu'à ce que le brigadier découvre la relique dans la mangeoire de l'écurie à laquelle il avait attaché son cheval.
En 1879, une dernière fois, le caveau fut ouvert et l 'on constata la présence d'ossements et de 4 crânes qui furent reconnus comme ceux du Maréchal, de sa femme, de sa fille et de sa petite fille."

Mais Vauban, ce n'est pas qu'un coeur en vadrouille, c'est également des citadelles un peu partout en France, comme à Lille, Besançon, Belfort, etc.
C'est aussi des villes fortifiées, comme Sedan, Brest, Perpignan, Bayonne, etc.
C'est aussi des villes créées, comme Montdauphin, Longwy, Ouagne... ah non, pas Ouagne.
Vauban, c'est aussi des forts un peu partout, comme à Saint-Malo, Collioure, Briançon, Toulon, Antibes, etc. 

En images,
ça ressemble à ça :

 

Ah ben, ça a d'la gueule, hein ?! On comprend mieux pourquoi après tous ces périples et toutes ces constructions, il ait souhaité se retirer dans son château du Morvan.

Le château est en haut.

De mon côté, il fallait à présent que je me lance à la recherche des coureurs échappés dans les paysages morvandiaux...

A suivre dans
TNM, étape 3 : Bazoches > Château-Chinon
Bientôt sur ce blog !

Comments

[Jénorme]

Aaaaah, il s 'est soigné le fumier ! Il est pas allé habiter dans une tente qui se jette et qui se déplie en 2 secondes !

[aurel]

Il avait bein des goûts de luxe pour un mec qui construisait que des murs en pierre simple! J'en ai fait des ballades Vauban, et jamais j'ai vu des tourelles, des échauguettes, des moulures, tout ça tout ça...