San Sebastien
Avec l'augmentation française du prix du tabac prévue pour le début de l'année prochaine, l'Espagne nous tend ses frontières, proposant des tarifs très attractifs sur des produits tous plus nocifs les uns que les autres comme le pétrole, l'alcool et les clops. Et finalement, n'est-ce pas cela faire des économies : mourir le plus vite possible en consommant de la merde ?
Pourtant, ce n'est pas le seul atout de ce pays...
Les clops ont beau être moins chères en Espagne, ça ne les empêche pas d'être champions d'Europe de foot, d'avoir un tennisman n°1 mondial et un cycliste vainqueur du Tour de France.
Conclusion : on peut très bien être un pays de champions sportifs et vendre des clops pas chères.
Voilà ! Une fois que ça c'est dit, que dire d'autre ?
Eh ben rien ! Allez salut, à la prochaine !
Non, bon, allez. Posons-nous les bonnes questions, et même LA question : y'a-t-il autre chose à voir en Espagne que les clops, le pétrole et l'alcool pas chers ?
La réponse est venue de Maître Arnaud : "Oui, il y a San Sebastien qui est la capitale du pintxos !"
Aaaaahhh, intéressant ça !
Il n'en fallait pas plus pour nous convaincre d'y aller ; bien que je n'avais aucune idée de ce que pouvaient être ces plaintos... ces bimbos... ces platalos...
San Sebastien n'est qu'à une grosse heure de Dax. Maaaaaaiiisss nous nous sommes pris la tension avant de prendre la route car on n'est jamais trop prudent. La sécurité avant tout et moi d'abord !
Non, bon, en fait, c'était un pari : il fallait que je mettes ces deux photos sur le blog. Voilà, c'est fait, aboulez la tune, vous avez perdu votre pari à la con.
Mais il n'empêche qu'il faut y penser : le danger est partout ! On ne sait jamais : tu vas bien, tu prends le volant et PAF, d'un coup, hausse de tension et tu meures. D 'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi l'Etat n'a pas encore obligé les automobilistes à avoir un mesureur de tension artérielle dans leur bagnole. Quelle inconscience !!! Merde ! C'est à se demander pourquoi on paye des impôts si ces connards de politiciens ne sont pas capables de prendre des mesures de sécurité aussi rudimentaires !!!
En tout cas, nous, on était nickels...
Enfin, au niveau de la tension...
Après...
Quelques heures plus tard, nous quittons Dax car c'est de là que nous sommes partis pour nous rendre à San Sebastian, Saint Sébastien, Donostia, et je-ne-sais-tout-quoi... Putain, tous ces noms pour une seule ville, merde alors ?!
Après avoir traversé
quelques champs de maïs...
...nous arrivons à Hendaye
en pensant que c'est une belle ville.
En fait, c'est un peu moche, ça pue et c'est plein d'immeubles à la con.
Le seul intérêt, c'est qu'il y a la frontière pas loin pour acheter des clops.
Vu que j'avais fait pas mal de sport la veille -j'en ai même inventé un qui s'appelle le water-tennis parce que je n'avais pas le temps de faire l'un puis l'autre-, j'avais bien mérité d'acheter une ou deux cartouches de clops. C'est un peu comme une récompense.
Après un passage de rond-point complètement quelconque, a'y'est : nous sommes en Espagne !
Rien à voir avec la France ! Tout de suite, tu sens le changement. La météo n'est pas la même. d'un coup, les gens ne parlent plus pareil, les produits de supermarché n'ont plus le même nom, les panneaux de signalisation ne veulent plus rien dire, la végétation a disparu...
Pour ne pas nous laisser emporter par cet abus de béton soudain, nous décidons d'emprunter une petite route qui ne va pas du tout à San Sebastien ; ce qui est un peu ballot parce que c'est quand même là qu'on devait aller, merde alors !
Cette petite route que Maître Arnaud qualifie tour à tour de "sympathique" ou de "rigolote" serpente joyeusement sur les hauteurs du mont Jaizkibel dont le sommet culmine à quelques 632 mètres d'altitude. Avec ce coup, ne voilà-t-il pas que nous avons une belle vue sur l'océan et les côtes espagnoles.
Pour moi, la photo ci-dessus est représentative de l'Espagne : tu es face à un paysage qui est, apparemment, très beau, impressionnant, envoûtant et attractif. Mais il y a un truc qui ne va pas. Ici, il s 'agit de ce pétrolier dont tu te demandes ce qu 'il vient foutre ici alors qu'il n'y a rien. Et je repense soudainement au Prestige...
"Le 19 novembre 2002, à 270 km au large des côtes de la Galice sur la mer Cantabrique, le pétrolier Prestige coule par 3500 mètres de fond. Charriées par le courant de la Nativité, les 77 000 tonnes de fuel de sa cargaison souillent d'une gigantesque marée noire les côtes espagnoles et françaises, de la Galice à la Bretagne du Sud."
Photo : Sud-Ouest
Ah ben hein, vu comme ça, ça a une autre gueule la mer Cantabrique et ses côtes. Et, vois-tu, pour moi, l'Espagne, c'est ça : un pays attrayant, mais avec une chose inadéquate dans l'image.
La route GI 3440 nous amène désormais sur la plaine. Après les beaux paysages escarpés de la mer Cantabrique, nous rejoignons la civilisation. Une superbe grosse usine de déchets nous dévoile ses infrastructures, privilégiés que nous sommes d'être passés ici par cette petite route de montagne plutôt que par l'autoroute polluée.
Puis, c'est la banlieue de San Sebastien qui nous expose toutes ses constructions. J'ai rarement vu autant d'immeubles se construire en même temps et dans si peu de place. C'est ça aussi l'Espagne : des immeubles partout !
Architecture différente. Couleurs différentes. Les gens parlent différemment. Bref, c'est un autre pays et, déjà, ça sent le dépaysement à plein nez.
En arrivant à San Sebastien, le dépaysement a plutôt l'odeur de caniveau. Avec Nathalie, nous nous amusons à jouer à "ça sent quoi ?" Des réponses restent encore en suspens : certaines odeurs étaient tellement désagréables que nous étions obligés de nous boucher le nez avant d'en trouver toutes les subtilités. Gaz ? Déchets brûlés ? Rat crevé ? Caca avarié ? Oeuf pourri mal digéré ? Pas facile le jeu des odeurs à l'entrée de San Sebastien.
"San Sebastien semble avoir été la première ville espagnole touchée par la pandémie grippale de 1918, dite grippe espagnole due au virus H1N1. Il est possible que sa situation (baie très fermée, dans laquelle se déversait les égouts) et le passage de touristes venant de diverses régions européennes (parfois pour se reposer après être passé sur le front) aient pu favoriser l'épidémie." WIKIPEDIA
Oui, c'est vrai : vu comme ça, San Sebastien, ça a l'air bien pourri. Mais c'est sous les conseils avisés de nos deux guides, Maître Arnaud et Nicouane, que nous prenons la direction des hauteurs de la ville pour atteindre le Monte Igueldo, d'où la vue sur la ville est la plus belle.
C'est de là que tu peux comprendre pourquoi San Sebastien est surnommée "la perle du Cantabrique"... Tout simplement parce que la baie est en forme de coquille. Perle, coquille... T'as vu ?!
Effectivement.
Alors que dire de San Sebastien, Saint Sébastien, Donastia ?
Déjà, c'est une ville que l'on peut appeler de plusieurs façons suivant si t'es français, basque, espagnol, suisse, footballeur, pêcheur professionnel ou amateur, fan de techno, cadre supérieur, etc. En gros, tu as : San Sebastian (castillan), Sanse (populaire), Donostia (en basque), Donosti (en basque mais autrement), Easo (religieuse), Irutxulo (qui veut dire Trois trous en basque), ou encore San Seb (français populaire)
Son origine espagnole est due à un monastère consacré à saint Sébastien dans le quartier d'El Antiguo.
Et là, je pose la question : qui était Saint Sébastien ?
Tout de suite, la réponse.
"En rendant miraculeusement la parole à une femme, Zoé, il convertit aussitôt 77 personnes présentes. En l'apprenant, Dioclétien reprocha à Sébastien sa traîtrise et donna à ses soldats l'ordre de l'exécuter en le transperçant de flèches. Selon la légende, les archers, qui avaient beaucoup d'estime pour lui, auraient évité de viser le coeur, si bien que Sébastien ne succomba pas à ses blessures. Soigné par une jeune veuve nommée Irène, il se rétablit et rendit visite à
l'empereur pour lui reprocher sa cruauté à l'égard des chrétiens. Dioclétien le fit alors rouer de coups jusqu'à la mort et ordonna que son corps soit jeté dans les égouts de Rome. Guidés par une vision de sainte Lucine, les chrétiens purent cependant retrouver son corps et l'ensevelirent auprès des restes des apôtres Pierre et Paul.
Sébastien est tour à tour considéré comme protecteur contre la peste et les épidémies, saint patron des homosexuels, saint patron des soldats, des athlètes et des officiers de police, saint patron de plusieurs villes dans le monde (Qormi, Caserta, Mistretta, Assolo, Palma, Rio de Janeiro)." WIKIPEDIA
Le Mont Igueldo a deux facettes. La première, on vient de le voir, c'est de proposer ce superbe panorama sur la Concha.
La seconde, c'est sa fête foraine... Enfin, je ne sais pas si on peut parler de fête... Il y a là des manèges de toute sorte, mais vieux. Le seul côté jeune repose sur le fait qu'elle soit sponsorisée par Coca-Cola...
Mais on se demande si la marque américaine est au courant
qu'elle sponsorise ce genre d'attractions venues d'un autre siècle,
d'un autre temps, d'une autre époque.
Regardons cela de plus près avec...
La rivière mystérieuse
Des vieilles barques glissent
à 2 à l'heure sur un pauvre filet d'eau.
Le mystère repose sur la question :
mais pourquoi le tour est aussi cher ?
certes, la vue est belle.
Les tasses magiques
On ne va pas faire durer
le supense plus longtemps :
l'attraction était fermée.
Le super-circuit
Ça couine, ça manque de graisse
et d'huile, contrairement aux churros,
vendus un peu plus loin..
Une fois dedans,
les enfants semblent se forcer
à sourire pour avoir l'air de s'amuser,
mais tous n'attendent qu'une chose :
que cela se termine !!!!
Les auto-tamponneuses
Les conducteurs s'amusent à s'éviter
afin de ne pas se percuter et risquer
de détruire la voiture ;
ce qui les amèneraient à se faire ensuite décapiter
par les pare chocs non stabilisés
ou de se faire amener jusqu'à la bordure en acier
de bord de piste pour se faire casser les jambes.
Les jeux
Oooooouuuaaaaaiiisss !!!
les montagnes russes... espagnoles.
Nous décidons ensuite de redescendre sur la ville pour atteindre le port, puis les vieux quartiers.
SAN SEBASTIEN
Le port
"la ville fut pionnière pour la pêche à la baleine."
Ben oui, c'est pas bien beau.
C'est pas le port de Capbreton, ou de Porquerolles,
ou de Saint-Valéry-sur-Somme...
Penchons-nous sur les petits détails et ne regardons pas le côté empirique.
Tiens, par exemple, c'est beau le linge qui sèche
sur les façades des maisons du port...
OK !
Pénétrons à présent dans la vieille ville à la recherche des fameux poissos... fixtos... pichtos...
SAN SEBASTIEN
La vieille ville
Remarquons au passage cette petite enseigne avec une belle feuille de marijuana...
De détours en demi-tours, nous croisons quelques monuments, comme...
LA PLACE DE LA CONSTITUTION
Et ses balcons numérotés pour les spectateurs des corridas d'autrefois.
LA SORTIE DE LA PARROQUIA SAN VICENTE
Ici, un mariage suivi de très près par un quatuor permanenté
Sans oublier les petits détails
pris de çi de là...
Une reproduction du Guernica de Picasso...
...entre deux vitrines d'un marchand de jouets.
Un disquaire qui vend des barbotières hard-rock !
Mais, voilà qu'enfin,
nous arrivions au but ultime
de notre virée !
SAN SEBASTIEN
Les Flictos... Les Bartos...
Les Pintxos !
C'est là, à l'intérieur de ce bar,
que tout va se passer.
Le suspense est à son comble...
Quand, soudain, là,...
Sur le comptoir, en entrant...
sous les jambons...
Non loin
d'une magnifique tête de taureau...
Ils sont là !
Par dizaines, centaines,
DES MILLIERS !!!
De toutes les sortes : à la morue, au saumon, omelette, saucisse, jambon, sardine, rillettes, citron, mousse de canard, crabe, tomate, poivron, rouget, jambon,...
Et voilà le boulot !
Regarde-moi ça !
Là, y'a de la couleur et des parfums !
Et c'est le moment de révéler une caractéristique incontournable de cette ville basque : la cuisine.
On dit que Saint Sébastien possède le plus grand nombre d'étoiles Michelin au mètre carré. En effet, c'est la seule ville du monde, avec Paris, à posséder trois restaurants avec trois étoiles (Juan Mari Arzak, Pedro Subijana et Martin Berasategui).
Si les pintxos ne peuvent pas être considérés comme des grands plats de la haute cuisine, ils sont pourtant représentatifs d'une volonté émise par certains de ces grands cuisiniers.
"J'ai toujours pensé que les pintxos sont ce que nous avons de plus important, tout comme notre cuisine, car ils offrent une qualité et une variété insoupçonnées sur de petites portions travaillées sur le moment et il n'existe nulle part au monde quelque chose de comparable. C'est un mouvement important qui va à l'encontre du mauvais fast-food qui nous fait tant de mal,et grâce aux pintxos, je pense que les jeunes et moins jeunes peuvent se restaurer d'une façon rapide et économique."
Juan Mari Arzak (3 étoiles au Guide Michelin).
Même si le prix d'un pintxos semble assez élevé (2 euros), il faut dire qu'au bout du quatrième, tu n'as plus trop faim. Manière originale et conviviale de se restaurer au bout d'un comptoir avec une vieille bière ou un verre de vin rouge (petite dose servie dans des grands verres), une mobilité digestive qui amène à côtoyer des voisins de comptoirs d'un instant, d'un soir.
C'est donc la panse repue et la tête reposée que nous retraversons la ville pour rejoindre les voitures.
Il est environ 20h30. Pendant que le ciel se pare d'un bleu sombre magnifique, les rues de la ville s'animent.
Pour les Espagnols, c'est l'heure de l'apéro alors qu'en France, tout le monde est déjà en robe de chambre à regarder les prévisions météo.
Animations, mouvements, douce chaleur, dépaysement ; une autre façon de vivre.
Santa Maria Le port dominé par la statue du Christ
Et, enfin, au loin,
le coucher de soleil
La messe était dite !