Carnaval à Vera/Bera de Bidassoa (Espagne)
Je connaissais le carnaval de Nice, le plus grand de France.
Je connaissais le carnaval de Kwen où les habitants se déguisent en président de la République et en ministre pour inventer des intrigues.
Je connaissais le carnaval de Nothing Hill, créé par les descendants des esclaves de Trinidad en 1964 alors qu'ils étaient rejetés par les habitants londoniens.
Mais je ne connaissais pas le carnaval de Bera/Vera de Bidassoa, village natal du cycliste Jon Bru...
Mais avant toute chose, posons-nous la question essentielle :
"Comment est venue aux gens l'idée
de se travestir au mois de février ?"
C'est vrai ! Y'a un gars ou une fille qui s'est dit d'un coup comme ça :
"Eh tiens, aujourd'hui, c'est décidé : je m'habille en baudruche et je me fous une perruque sur la tête pour aller chercher le pain ?!"
Non, ce n'est pas aussi simple. Alors, plongeons-nous très très rapidement dans...
LES ORIGINES RAPIDES
DU CARNAVAL
"Le Carnaval, période de fête avant le Carême, a pour fonction de faire oublier les privations de l'hiver et d'annoncer le retour du printemps. Ce changement de saison, cette transformation de la nature est symbolisée par un autre changement, une autre transformation : les gens oublient leur condition en se travestissant et en jouant un autre rôle social.
Les origines d'un tel comportement sont très lointaines et datent de plusieurs millénaires : les auteurs racontent qu'à Babylone, il y a 2000 ans avant J.C., on observait déjà les rites du Carnaval. Les servantes devenaient les maîtresses, les maîtresses obéissaient pour un jour à leurs esclaves ; un homme du peuple prenait la place du roi qui, lui, était traité comme un mendiant."
Bref : c'est l'esprit motivé par une bonne gueule de bois héritée de quelques rhums-arrangés bus la veille que nous prenons la route en direction de Saint-Pée-Cherchebruit...
Oui, oui... Saint-Pée-Cherchebruit... Si tu veux faire un jeu de mots, vas-y !
Et qu'il y a t-il de beau à voir à Saint-Pée-Cherchebruit ?
Eh bien,
il y a Rip le chien !
Rip est bien sympathique et pas fier pour un sous.
Son hobby : aller chercher des trucs que tu lui envoies.
Pierre, ballon crevé, pomme de pin, chaussure, roue de bagnole...
et cela peut durer toute la journée.
Observons l'artiste en action :
Mais vu que nous n'avons pas que ça à faire, nous profitons d'une déconvenue de Rip à retrouver le bâton qu'on lui avait envoyé pour monter subrepticement dans la bagnole afin de prendre la T-A-N-G-E-N-T-E, direction l'Espagne du Nord.
Durant le voyage, Maître Arnaud nous parle du carnaval de Bera/Vera de Bidassoa, annoncée comme LE carnaval incontournable.
Maître Arnaud : " - Vous allez voir, c'est incroyable ! Du jamais vu ! Renversant ! Fantastique ! Tout le monde aimerait être à notre place pour assister à cette grande fête ! Franchement, je crois que vous ne vous rendez pas compte de la chance que nous avons."
Après avoir emprunté des routes lointaines serpentant à travers des forêts profondes et mystérieuses jouxtant des champs sauvages, nous arrivons à Bera/Vera de Bidassoa.
Et là... rien !
Enfin... Rien... Faut pas exagérer non plus... Il y a quand même des trucs...
Regardons de plus près.
BERA/VERA DE BIDASSOA
en quelques photos
Bera/Vera,
sa fresque Einstein
Bera/Vera,
ses panneaux indiquant la France
pour te casser au plus vite
Bera/Vera,
sa paire de chaussures
suspendue sur un fil
et qui rappelle
"Big fish" de Tim Burton
Voilà !
Alors, bon, bien sûr, nous nous interrogeons.
Nous : "- Est-ce bien le bon Bera/Vera ?", "Est-ce le bon jour ?", "Et où est-on, là ?", "Et Maître Arnaud, finalement, qui es-tu pour dire que c'est ici qu'a lieu le plus grand carnaval de l'Espagne du Nord ?"
Une seule réponse de sa part pour noyer le poisson...
Maître Arnaud : "- Écoutez, je ne peux pas vous dire qui je suis vraiment, mais sachez que je suis le roi du tiramisu. Oooooh oui, ça, j'en ai fait des tiramisu dans ma chienne de vie..."
Nous n 'en saurons pas plus car, déjà, il prenait en silence la direction d'un bar où il y avait du monde.
Nous nous installons à une table. Nous regardons autour de nous, histoire de voir s'il n'y a pas quelques personnes susceptibles de nous donner une lueur d'espoir quant à un éventuel carnaval.
Mais rien !
Tout le monde est normal. Étrangement normal !
"Peut être que c'est un carnaval spécial où les gens se déguisent en eux-mêmes...", lance Greg dans un élan rempli de suppositions optimistes.
Mais avant de pouvoir répondre et trouver d'autres hypothèses fumantes, les tapas et le vin rouge sont servis :
Tu remarqueras cette coutume typiquement espagnole
qui consiste à servir de petites doses de vin rouge dans de très grands verres.
Le temps passe quand, soudain, là,
à deux mètres de notre table, quelque chose :
Puis, quelques secondes plus tard,
encore un truc :
Très étrange impression qui ne nous met pas forcément en confiance.
D'habitude, un carnaval, c'est la joie, la fête, de la couleur, du bordel, des gens qui rient et qui parlent fort.
Mais là, les quelques gens déguisés semblent vouloir se fondre dans la foule comme si de rien n'était. C'est à se demander si le peu de gens déguisés n'a finalement pas été punis par le maire.
Imaginons un conseil de mairie à Bera/Vera de Bidassoa
Le maire : "- Tiens, toi ! T'as fait des conneries hier ! Eh ben, tu devras te déguiser en pingouin pour carnaval !
Toi, tu n'as payé tes impôts à temps ? Eh bien, tu te foutras une perruque rose-fluo sur la tête !"
Oui, à Bera/Vera de Bidassoa, le carnaval semble sonner comme une punition.
Mais, tout à coup, au loin -, c'est à dire pas du tout à hauteur du bar de la ville où il y a le plus de monde-, du bruit, du mouvement !
Nous finissons les tapas-vin rouge et allons voir de plus près ce qu'il se passe.
Et voilà :
Ah, ah, ah ! Hein ? Hein ? Hein ?
Attends, c'est pas fini :
Hein ? Hein ? Hein ?
Les jeunes femmes sont déguisées en hommes. Les jeunes hommes sont déguisés en femmes. Tout ce petit monde défile dans les rues de la ville aux sons d'une bandas et en effectuant quelques pas de danse pas banals.
Voilà !
C'est bien sympa, mais nous, on va y aller !
Après un demi/clop
dans un bar...
...nous reprenons la route.
Un petit arrêt à la frontière pour admirer les éclectiques produits locaux...
... ainsi que de magnifiques T-Shirt de catch...
...et nous arrivons à...
Pour moi, Hendaye, c 'est l'endroit où, un jour d 'Août 2000, j'ai bouffé une pizza aux fruits de mer dégueulasse.
Mais cette ville a bien d'autres atouts et mystères.
LES MYSTÈRES D'HENDAYE
"Au XIXème siècle se dressaient sur la plage des monuments mégalithiques. Aucun n'a subsisté. Les sorcières, dit-on, y menaient leur sabbat.
Au pied de la croix de pierre située sur le parvis de l'église, dans une cartouche gravée, la lettre A figure quatre fois. Il s'agit de la représentation de la lettre hébraïque Aleph, dont la signification mystique est : Dieu commencement de tout.
L'inscription latine du socle situe dans le temps le double cataclysme (destruction par le feu et par l 'eau) qui mettra fin au monde actuel. Mais il est précisé que la vie persistera sur terre, en un lieu unique."
LE GUIDE DE LA FRANCE MYSTÉRIEUSE
C'est donc loin de ce lieu qui annonce la date de la fin du monde que nous nous rendons afin de retrouver Mélanie et son stand brocante.
Sur place,
des articles très variés :
Un porte-verres spéciale Feria
Des canevas typiquement basques
Et pleins d'autres trucs encore
sur lesquels nous nous sommes tranquillement assis
pour deviser sur le monde, la société, tout ça !
Une grosse pinte de bière plus tard, nous reprenons la route pour Cherchebruit, où Rip nous attendait de patte ferme...
Et pis, tiens, je vais finir ce billet comme ça !