Chalon dans la rue, épisode II
Il pleuvait comme vache qui pisse en cette matinée du 23 juillet 2009. C 'était pas un temps pour te foutre un con de mime ou autre statue humaine figée dans les dédales d 'une ville bourguignonne. C 'est pour cela
qu 'en attendant un soupçon de mieux météorologique,
j 'allais m 'instruire au Musée Niepce.
Alors, bon, pour le trouver ce musée, c 'est pas compliqué : tu te démerdes !
Bordel : on te dit que c 'est le plus beau musée du monde dédié à la photographie et pas un panneau, pas une indication, pas un soupçon d 'indice pour te mettre sur le chemin de cet édifice.
Alors, bon, bien sûr, les puristes, là, te diront :
"Mais la photo, c 'est ça ! Tu erres à la recherche de quelque chose que tu ne trouves pas et puis tu tombes sur une situation, une scène qui te marque. O hasard de la coïncidence, de la rencontre, des aléas de la vie..."
Ouais, Ouais, Ouais... OK ! Complètement d 'accord avec ça... Le truc, c 'est que je dois être à Saint-Rémy-de-Provence à 18 heures alors les questions machins, tout ça, le gars qu 'allume,
qu 'éteint, pourquoi les étoiles dans le ciel, et pis toi pourquoi t 'es blond alors que moi je suis champion de ski nautique... eh ben eh oh !
Alors, il est où le musée Niepce MERDE ?! En plus, il pleut comme vache qui pîsse, là, oh !
Aaaaaah, un indice :
Alors, oui, Ok, le ciel est bleu,
mais c 'est parce que j 'ai pris la photo après être sorti du musée.
Tu comprendras plus tard.
Bref ! Après moults aventures pas si périlleuses que ça finalement parce que, bon, à part la pluie, on peut dire que ce festival "Chalon-dans-la-rue se pase bien sauf qu 'il n 'a pas vraiment lieu et que la plupart des gens restent soit chez eux, soit vont au bar se bourrer la gueule en se faisant leurs propres pièces de théâtre.
DONC, le musée Niepce de Chalon-sur-Saône.
PREMIER ETAGE :
Après le rez-de-chaussée, voici le premier étage. A cette période de l 'année, on peut y trouver, tout d 'abord, une exposition-photos de Malick Sidibé.
Dans les années 1960, surnommé "l 'oeil de Bamako", Malick Sidibé s 'est spécialisé dans la photographie de reportage sur les jeunes dans le nouvel état malien. Ses premières photos datent de 1955 et 1956. En 1957, il monte son propre studio, le Studio Malick. Il parcourt alors Bamako sur sa bicyclette pour réaliser des clichés de noces, d 'anniversaires, de fêtes, de bars, d 'endroits où l 'on danse. En parallèle, il effectue des portraits en studio. Il en résulte un état de la condition de vie de ces jours joyeux et nouveaux pour le Mali : la jeunesse malienne des années de l 'Indépendance. "Pour moi, faire des photos, c 'est comme écrire.", dit-il.
"Tout ! tout a changé... En ce temps-là, avec 2000 francs maliens on passait le week-end (le samedi soir) en discothèque et on pouvait offrir plusieurs coups à boire et un poulet rôti à sa petite amie. Avec très peu d'argent, on pouvait s'amuser. D'ailleurs, on s'amusait même sans argent. une surprise-partie, c'était simple à organiser. …Le week-end, c'était tout un programme. Il fallait se préparer à la fête dès le vendredi. Les filles revenaient de l'internat le samedi après-midi. Soit on allait en boîte de nuit, soit on organisait une boum chez un ami. Et le dimanche on restait au "grin" avec les filles jusqu'au moment de les raccompagner à mobylette ou à moto au lycée..."
Extrait de "En ce temps-là…" Texte d'Amadou Chab Touré - éditions de l'oeil
On continue.
Jouxtant cette salle, j 'arrive dans l 'espace dédié à Niepce. Sous de multiples vitres et dans différents coins de la salle, je découvre ses diverses inventions.
L 'invention de la photgraphie est une incessante chasse au trésor. Nicéphore Niepce a longtemps cherché ce mystérieux secret : le moyen de capter et de fixer la réalité. Né le 7 mars 1765, c 'est seulement à 36 ans et après avoir rejoint sa terre natale, la Bourgogne, qu 'il s 'adonne à la réalisation concrête de ses inventions : le « pyréolophore » (sorte de moteur marin à explosion) qui, bien que jamais commercialisé apporte une notoriété nationale à ses talents d'inventeur, partagée avec Claude, son frère. Il y a également un projet de machine hydraulique de Marly, la culture du pastel dont le développement est favorisé par le blocus ; ou encore cette étrange machine exposée au musée :
la Draisienne, ancêtre du vélo sans pédalier
Mais Niepce, bon chimiste, reste obstiné par la photographie. Dans toute chasse au trésor, des clés conduisent à la découverte. Il mettra des décennies à les expérimenter. Dès 1793, il travaille avec Claude à la fixation de l 'image. Mais Claude va se passionner pour une autre invention : le pyréolophore, afin de propulser un bateau avec un moteur à explosion. Même si le procédé fonctionne, la France le boude et Claude Niepce s 'en va chercher la reconnaissance et l 'argent en Angleterre. Ce pays était déjà entré dans
l 'ère industriel alors que la France restait agricole. Nicéphore tente aussi sa chance à Londre, mais il ne veut pas tout révéler de ses recherches sur l 'image, et la Royal Society, insatisfaite, refuse d 'accorder le brevet d 'invention. Le soir, à la lueur de sa lampe, revenu dans l 'atelier de sa maison du Gras près de Chalon-sur-Saône, il travaille encore et encore. Il teste tous les produits chimiques, tous les supports pour ses essais.
Finalement, ce seront l 'étain et le bitume de Judée.
Nom peu courant... C 'est une sorte de pétrole à l 'état pâteux que l 'on extrait de la Mer Morte.
Oui alors, en général,
quand tu es hacker et que tu tapes "Mer Morte",
tu tombes sur une photo comme celle-ci :
Hein ? eh ? Oh ? Tu vois le truc un peu ?
ben oui, mais c 'est la photo, ça !
Et pis Internet qui rencontre la photo, voilà !
Mais le bitume de Judée, c 'est aut' chose !!
Il est solide, noir, brillant, à cassure vitreuse et conchoïdale, acquérant de l 'odeur et de
l 'électricité par le frottement, fusible par la chaleur, et brûlant ave flamme et production d 'une fumée épaisse, à odeur vive et pénétrante. Il est connu depuis les temps les plus antiques : on
l 'emploie pour embaumer les pharaons. Etrange destinée que celle de ce bitume qui allait vaincre la mort par deux fois. Grâce à lui, les pharaons renaissaient de la vie éternelle. Grâce à lui, la photographie allait fixer la réalité et arrêter le temps.
En 1816, bonheur et déception : Nicéphore obtient enfin une image négative sur papier. Mais elle s 'évanouit... Exposée à la lumière, elle a noirci lentement. Elle ne se fixe pas !
Enfin, en 1827, Niepce s 'arme de son appareil.
Le premier appareil photo du monde
Il pose pendant dix heures et obtient ce qui va être la première photographie de paysage du Monde :
Tout simplement ce qu 'il voit de la fenêtre de son atelier à Gras, au deuxième étage. Il a trouvé ! Il est heureux ! Mais son invention ne peut être commercialisée. Il devra s 'associer avce Daguerre. Il mourra six ans avant qu 'Arago n 'offre au monde la fabuleuse invention en ne la citant qu 'au bas d 'une page. (d 'après des écrits de Roger Thérond)
Aaaaah, eh, hein !!!
Cette première photo est-elle nulle, merdique, pourrie ? Hein ? Revenons à notre débat.
Bien sûr, on ne voit pas grand chose, mais elle a en elle ce pouvoir d 'être la première !
Elle est aujourd 'hui exposée à Austin, dans le Texas. On peut alors se poser une autre question : pourquoi a-t-elle échoué aussi loin de son lieu d 'origine ? Eh bien, mon petit, ça, c 'est une autre histoire.
Et je passe de salle en salle. Divers objets, divers histoires, divers images.
Des salles obscures où par un système que tu diriges toi-même
tu peux regarder une quantité de cartes postales en tout genre.
Sans oublier ceci :
Cartes postales
que tu peux également trouver
sur ce fabuleux site :
POPCARDS.
DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE...
Nous verrons ce qu 'il se passe au niveau du rez-de-chaussée. Parait-il qu 'il y a une exposition de Peter Knapp.
Et qui est Peter Knapp ?
Ben... Ben... C 'est celui qui a réalisé cette photo :
Mais nous parlerons aussi de ce festival de Chalon dans la rue... s 'il s 'arrête de pleuvoir parce que bon !