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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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24 novembre 2011

QUELQUE(s) PART(s), DANS LA VALLEE D'ASPE: AGUAS TUERTAS (part III)

Dans notre précédent épisode, une vague recherche sur Magritte nous avait finalement amené devant un panneau directionnel en pleine montagne béarnaise de la vallée d'Aspe avec l'idée étrange que la randonnée à laquelle nous nous préparions afin de peaufiner notre tournée des plateaux pyrénéens 2011 n'allait peut être pas être de tout repos. Mais, finalement, nous nous aperçûmes très vite que nous nous disions cela uniquement dans le but de nous mettre la pression afin de vivre une aventure peut être extraordinaire, ou pas.
Quand soudain, ne voilà-t-il...

.

Et la voici cette image bouleversante... Oui, oui, oui... Si, si, on va se la remettre parce que bon quand même... y'a un truc qui n'est pas net, là ! Regardons, observons, scrutons, contemplons...

panneau

Incroyable, non ?
Bon, et même temps, attention : interrogeons-nous un peu !
Car, oui, la vie, c'est aussi cela : s'interroger ! Confronter ! Hypothéser ! Admettre que rien n'est évident ! Qu'il y a forcément une raison et une explication à toute chose, même s'il fallait se torturer le cerveau pour accéder à l'origine de l'interrogation primaire ! 
Fuyons cet univers contemporain fait d'évidentes évidences et qui nous ramollissent l'esprit chaque jour un peu plus !
Ne considérons rien comme acquis, remettons toujours en cause et, bordel, allons profiter des promos sur plus de 168 articles de bricolage chez Costaramo !
Oui, voilà la vraie vie : -20% sur le contre-plaqué ! Jusqu'à -35% sur la peinture mat ! Et les ponceuses, devine combien ?! Devine combien !!!! -34% bordel !!!!! Je ne te parle même pas des pinces à agrafes... oh putain, le prix des pinces à agrafes !!!! Incroyable !!!
Bon... Euh... Qu'est-ce que nous disions ? Ah oui...


Mais interrogeons-nous un peu tout de même !

Comment était-il possible d'oublier un tel manteau ici ? Et pourquoi venir en ce lieu avec un tel habit ? La personne en question avait-elle prévu de rejoindre le refuge d'Arlet à 1986m d'altitude avec un dénivelé de 638m vêtu de de cette peau de bête synthétique ?
Ou encore fallait-il voir ici un hommage au regretté Patrick Roy, ce député-maire socialiste de Denain (Nord), ardent défenseur de la musique hard-rock et métal, animant de ses bruyantes interpellations les questions d’actualité du mardi et du mercredi, provoquant les huées de ses collègues de droite ?

 

.
Quel bien étrange lieu, non, pour rendre hommage à ce défenseur nordiste de la musique métalleuse.
Oui, Rammstein ! Oui Apocalyptiqua ! Oui Metallica ! Oui, Gojira !
Mais tout de même, oublier Dead Kennedys merde alors !!! Faut pas déconner !!!!!


Alllleeeeezzzzzzzzzzzzzzzz !!!!!!!!!!!!!!!

 

Ok, bon d'accord, c'était bien avant le métal pur et dur, puisque nous parlons là des précurseurs du punk hardcore de 1968, mais...
Oh pis merde, ça me faisait plaisir d'écouter ça et de te le faire écouter par la même occasion. D'la pêche !!!!!
Et puis cela permet de rendre un petit hommage à Patrick Roy et ses interventions perturbant souvent la monotonie de cette Assemblée Nationale perdue dans sa grassouillette pause post-déjeunatoire prise au milieu de dorures multiples et payée par nos soins de contribuables.
En même temps, chez Le Bougnat, à la Dives-sur-Mer, on mange certainement mieux, avec moins de manières et pour moins cher.


Bon allez,
continuons...

 

Là, devant cette veste rouge  - qui ne ressemble pas du tout au pull over blanc de Graziella de Michel pour ceux qui sont restés bloqués sur les années 80-TOP 50- , nous étions pile poil entre le lac d'Estaens ; où nous nous étions rendus il y a quelques mois...

Lac d'Estaens, couleurs (64)
L'autre jour, au lac d'Estaens

...et le plateau d'Aguas Tuertas où Maître Arnaud et moi-même devions nous rendre à présent.
Mais qu'est-ce que pouvait bien être ce plateau ? Qu'y avait-il à voir ? Était-il autrefois un haut lieu de pèlerinage pour des moines belges exclus de leur pays pour fabrication abusive de bières ? Et si oui, pourquoi ? Mais si non, alors pourquoi pas ?

Nous quittions à présent le panneau Patrick Roy pour nous lancer à l'assaut d'un étroit chemin, composé de terre et de caillasse. Celui-ci devrait normalement nous amener deux heures plus tard face à ce mystérieux plateau d'Aguas Tuertas, non sans avoir franchi au préalable un dénivelé de 427 mètres très précisément.

.

IMG_8950Cela faisait bien deux minutes que nous marchions lorsque, déjà, une première pause s'imposait.
Une chute d'eau située à un mètre du sentier s'offrait discrètement à nos yeux. Son nom ? La cascade d'Espelunguère. Ben ouais !
"- Et alors", me diras-tu, toi lecteur.
"- Eh bien c'est tout !", te répondris-je.
Mine de rien, nous étions déjà à 1349 mètres d'altitude et le manque d'oxygène nous tapait quelque peu dans les tempes. A moins que cette sensation ne provienne des quelques verres de rhum bus la veille.

 

Malgré ce léger mal-être, nous décidions de continuer.
Le sentier prenait encore de l'altitude et traversait à présent une petite forêt, fournie de virages en épingles.
Cela me rappelait les grands heures de Marco Pantani dans la montée de l'Alpe d'Huez lors des Tours de France 1995 et 1997. Je croyais entendre les klaxons et les encouragements des spectateurs massés sur le bord de la route. Incroyable Marco Pantani qui battait alors tous les records... jusqu'à ce que les médecins constatent qu'il y avait plus d'EPO dans son sang que de globules rouges et blancs réunis.
Après avoir été banni des pelotons, le Pirate terminera sa course, seul et dépressif dans une chambre d'hôtel de Rimini, victime d'un oedème pulmonaire du à une surdose de cocaïne, en 2004. 
Je sortais de ces pensées furtives pour constater que, de notre côté, là, au milieu de la forêt, il n'y avait finalement pas un bruit. Quelques parfums d'humus, dus à l'humidité de l'air et à la fraîcheur ambiante, mais pas plus.

.

IMG_8954uNous laissions à présent la forêt derrière nous pour errer dans un espace plus éclairci. Quelques crottes d'animaux sauvages et une magnifique vue sur la vallée  de Coueq emplissaient nos regards pas si émerveillés qu'on ne voulait bien le croire.
Au bout de cette vallée cernée par les falaises, une cabane, appelée la cabane grosse, s'était posée.
Entourée d'un jardin et d'un petit parking en bitume sur laquelle pouvait se garer à l'aise trois 4x4, ses propriétaires vendent également du fromage. Nous regardions tout cela de loin sans penser à un seul moment pouvoir nous y arrêter et tenter de comprendre comment se faisait le fromage de brebis.

 

Et puis nous remontions ardemment par un sentier plus étroit encore, à flanc de falaise.
Le vide à notre gauche, des vautours pétrifiés aux regards rieurs à notre droite.
Maître Arnaud soufflait, gémissait, répétant en boucle : "Mais pourquoi, mais pourquoi on est venu jusque là ? On n'aurait pas du... ça va mal finir... Ohlalalalala... HIIIIIIIIRRRRPPPSSS... tiens voilà, tiens !"
Nous étions pourtant encore loin d'imaginer ce qui allait nous arriver lorsque nous atteignassiâmes le col d'Escalé-Aigue-Torte (1635m).
A ce moment précis, nous entrions de plein pied dans un parc naturel protégé espagnol où il était interdit de camper, de chasser, de cueillir de la flore, de rouler en voiture, de faire du feu, de pêcher des armes à feu, de se jeter d'une falaise en parapente, de déposer des poubelles, d'apprendre aux animaux présents à fumer et à boire, de danser le zouk, de vendre des churros ou encore de crier des slogans tels que "La viande ? On n'en a jamais haché !".
Ben oui, c'est complètement con de dire ça à 1600 mètres d'altitude ! Alors, merde, réfléchis aussi un peu !

 

Et à partir de là,
une autre ambiance s'installait.


Nous étions sur le plateau d'Escalé.
Un vent frais à décorner les boeufs sifflait constamment à nos oreilles en gelant nos visages. Le sol était devenu très humide, parfois gorgé d'eau, tel un marécage landais. Instable. Des bruits de gruissement s'en dégageaient à chacun de nos pas, comme si des petites bêtes inconnues mais hargneuses poussaient des petits cris de douleur consentie.
Dans la roche calcaire bordant ce plateau se trouvaient quelques gouffres encore inexplorés. Des trous sombres infinis dans lesquels allez savoir ce qu'il pouvait bien se passer. Des messes sataniques ? Des réunions extraterrestres ? Des débats sur les colorants alimentaires ? Des rendez-vous tupperware ? Des regroupements de fans des Chiffres et des lettres désireux de rester inconnus ?
Et cette brume lancinante ne faisait qu'ajouter de l'inquiétude à notre errance...

IMG_8969

IMG_8957

Pas âme qui vive... Pire que ça, nous avancions dans la pampa en découvrant de çi de là quelques restes osseux et autres peaux d'animal de troupeau certainement becquetés par les vautours ou peut être une autre bête fantomatique, telle que l'on croit en deviner la présence dans certaines régions reculées.

Maître Arnaud ne disait plus grand chose. Ses doutes s'exprimaient à présent sous la forme de même mots répétés de façon répétitive. Surréaliste peut être ; mystérieux et insaisissables sans doute...

photo


Il semblait vouloir fuir quelque chose en marchant de plus en plus vite malgré l'altitude. Toute discussion ne semblait qu'accentuer son stress évolutif. Il se plaisait dans sa mélopée comme si elle le rassurait finalement de l'entourage dans lequel nous évoluions à présent.
De mon côté, je me demandais quelle bête aurait pu dépesser une vache de cette façon.
En observant la flore environnante, je remarquais que les versants abrupts de la vallée étaient tapissés de hêtres, d'ifs aux feuillages très sombres et de sapins, sous lesquels il n'était peut être pas rare de déranger des isards, des sangliers ou des marmottes. Exceptionnellement, on aurait peut être même la chance d'observer un desman (ou rat-trompette), cette sorte de taupe insectivore vivant le long de maigre cours d'eau tel que celui que nous longions à présent...
.

IMG_9022

 ...ou encore au-dessus de nos têtes, qui d'un vautour fauve ou qui d'un aigle royal.
Cependant, le seigneur des lieux était bel et bien l'ours brun. Le parc national des Pyrénées, qui couvre la vallée d'Aspe, abrite aujourd'hui une petite dizaine des plus grands mammifères d'Europe. Reste à savoir où ils pouvaient être à cette heure-ci. Aucune empreinte au sol n'apparaissait. C'était peut être autre chose, un autre animal, une autre légende...

Nous continuons d'avancer. Plus nous prenions de l'altitude, plus le paysage devenait inquiétant, troublant, déroutant, déstabilisant.
Une irrépressible envie d'écouter du Ravi Shankar me prit subitement afin de faire le point sur le paysage traversé en cet instant T... Pardon, en cet instant I !
NB : Attention, tous les titres utilisés pour argumenter les photos qui vont suivre ont été déposés à la Société des Auteurs de Titres de Photos Qui Vont Suivre.

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      Grand espace et fémur de vache

IMG_8988           
Ancienne flaque aux multiples couleurs de boue étrange

 

Et puis, les premiers sommets rocheux apparaissaient,
caressés par une dernière brume fuyante sous l'effet de forts vents d'altitude...

 

    IMG_8979 
   Nuage de brume flattant des sommets éparses

IMG_8993   
"J'ai vu des dauphins nager dans un ciel de coton"
Pep's  

 
Puis la brume disparaissait définitivement
pour laisser apparaître devant nous...

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Bien évidemment, le mieux,
c'était encore de voir ce plateau sans nos têtes de couillons devant...

 

Allez, on recommence...

Et soudain...
La brume disparaissait définitivement
pour laisser apparaître devant nous...

.

LE PLATEAU D'AGUAS TUERTAS

 IMG_8973      IMG_9016

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Plénitude. Magnifique. Paysage infini et incroyable reposant.
Silence... et vin rouge !

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 A plus tard...

 

Commentaires
N
eT bEN mES cADETS...!
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