OBJECTIF RHUNE ! Part III
Après plusieurs heures d'ascension, Jénorme atteignait enfin le sommet de La Rhune.
Qu'allait-il y découvrir ? Que pouvait-il y faire ? Et quel temps faisait-il ? Et, finalement, quand soudain ne voilà-t-il pas ?
En cette période de l'année -, c'est à dire au printemps et en été,- le sommet de la Rhune arbore deux ambiances, rythmées par l'arrivée des trains à crémaillère.
Pour expliquer plus en détail, imagines toi face à l'immensité du panorama à 360° qui t'ai proposé. Tu as l'impression d'être le maître du monde, seul sur une montagne où la main de l'homme n'a jamais mis le pied ! Seuls quelques petits sifflets d'oiseau viennent ponctuer les moments de silence. L'air est vif et vient heurter ton visage pour te garder en éveil. Tu as envie de chanter du Balavoine à tue-tête. Tu es pris d'une soudaine envie de courir nu pour apprécier pleinement ton statut d'homme libre et léger comme ces nuages qui passent et blablablabla ! Tu es bien quoi...
Et puis...
Tout à coup...
Derrière toi...
Un troupeau de personnes arrive.
Par unités !
Par dizaines !
.
Par milliers !
Ils crient, ils vocifèrent, ils s'émerveillent, ils soufflent, ils marchent vite, ils stressent !
Les enfants courent ! Les parents gueulent ! Les chiens urinent sur ta jambe ! On te marche dessus ! Tu entends les phrases les plus banales du monde, genre "Ah oui, quand même !", ou "Ah ben, c'est qu'il va falloir redescendre après !", ou "En tout cas, ici, y'a du réseau !", ou "T'as vu : tout à l'heure, on était là !", ou "Damien, putain, tu commences pas à faire n'importe quoiiiii !!!!!"...
Les séances de photo commencent.
Et hop, pause de sirène devant l'antenne télé !
Et là, main sous le menton devant un rocher
qui ressemble au profil d'Hervé Villard !
Tiens, prends-moi en photo avec ma bouteille de Coca
devant cette rambarde !
Pause lascive, ou sourire forcée, ou sérieux, de profil, de 3/4,
montrant du doigt l'océan au loin, sourire forcé ou crispé !
Ce n'est pas toujours facile d'avoir la pause idéal dans un endroit touristique ou devant un monument historique. Je repense au reportage photo de Martin Parr :
Photo : Martin Parr
Mais aussi à l'expérimentation "Photo opportunities" de Corinne Vionnet. Cette artiste suisse a compilé et superposé des centaines de clichés des monuments les plus visités durant nos séjours à l’étranger : des prises de vues devenues banales à force d’habitude… et qui montrent que notre vision des lieux incontournables est presque toujours la même.
Exemple avec le Taj Mahal...
Photo : Corinne Vionnet
Pour un peu, on pourrait également croire qu'il y a eu un tsunami là-bas en-dessous de la montagne et que les gens sont venus précipitamment se réfugier, ici, sur cette Rhune ou Larrun qui prendrait alors des airs d'arche de Noé.
Ah pardon, tout de suite...
FLASH INFO
.
Photo : Peter Mark/ CBC
"Un homme de la Colombie Britannique a trouvé une Harley-Davidson immatriculée au Japon, sur la côte des îles de la Reine-Charlotte.
Lors d’une randonnée en VTT, Peter Mark a découvert un énorme cube blanc sur la plage, semblable aux containers que l’on voit à l’arrière de camions de déménagement. Une fois ouvert, il découvrit des articles de camping, des outils, des bâtons de golf… et une Harley-Davidson rouillée. M. Mark remarqua l’écriture sur le mur du container, ainsi que la plaque d’immatriculation japonaise; constatant qu'il s'agissait d’un container qui avait traversé le Pacifique, en provenance du Japon, suite au terrifiant tsunami de l’an dernier. Le courant océanique du Japon amènerait donc tout détritus flottant jusqu’à la côte ouest des îles de la Reine-Charlotte, alors la théorie se tient debout. Les autorités n’ont pas encore réussi à trouver le propriétaire mais le consulat japonais est en train de faire des démarches pour voir si le propriétaire de la moto désire ravoir ses biens. La plaque de la moto indique qu’elle fût enregistrée dans la Préfecture de Miyagi, une région sévèrement atteinte par le tsunami." CMGONLINE
Bon, allez, je ne me suis pas tapé trois heures de marche pour faire téter les puces. Moi aussi, je vais t'en faire de la photo, tiens !
SOMMET DE LA RHUNE
.
ou LARRUN
Deux visions
1) LA CIVILISATION
Petit moment de calme Regard sur les plages landaises
avant l'arrivée du train à crémaillère et le Super U d'Ustaritz
Antennes relais Panneau devant
devant panorama sur Saint-Jean-de-Luz panorama sur le Labourd
Venta et piste d'hélicoptère Venta sans piste d'hélicoptère
Monument commémorant l'ascension
de l'Impératrice Eugénie en 1859 Sommet et sommet
2) LA VUE
Distance de l'horizon : 107 km. Le sommet de la Rhune ou Larrun propose un panorama à 360°, allant des plages landaises au golf de San Sebastian, en passant par les territoires environnants de la Basse-Navarre, de la Navarre, du Guipuzcoa, et de la côte Basque.
La baie de San Sebastian au fond et les Trois couronnes
Le Pays basque espagnol et la Navarre
La baie de Saint-Jean-de-Luz touchée par un rayon de soleil
La Petite Rhune ou Piri Larrun au premier plan
et col d'Ibardin et ventas un peu plus loin
Une fois que ça c'est fait,
il ne reste plus qu'à redescendre...
ETAPE 4 : Contourner les ventas par une large piste carrossable sur le versant espagnol et parvenir au col de Zizkouilt, à la borne frontière 23. Au bord de la piste, s'engager sur le sentier qui descend derrière la borne, puis virer à gauche.
Oui, contournons tout cela - même si nous n'avons pas de carrosse - et rejoignons ce petit sentier qui nous donne à voir une Rhune ou Larrun sous un tout autre angle.
Hein ? Hein ? Hein ? Ben ouais !
Paysage lunaire en veux-tu en voilà. Une vision qui peut également faire penser au sommet du Mont Ventoux... Si, si, si !
Face à la borne frontière, un petit enclos à flan de colline...
Oui, pourquoi pas.
Et quel animal pourrait-on voir dans ce maigre espace ? Peut être l'un de ceux qui sont narrés dans une de ces nombreuses légendes parcourant ce lieu...
On raconte que dans les entrailles de la Rhune ou Larrun vivait un serpent à sept queues, appelé lehen sugea.
Un jour, il cracha des métaux nobles qui se trouvaient dans la montagne. L'or et l'argent seraient alors descendus par les pentes de La Rhune ou Larrun, formant des rivières ardentes qui auraient rasé les forêts de la zone. Ce serait une explication romanesque de l'absence de forêts dans le Labourd.
Et puis, un petit sentier passant sous la Petite Rhune ou Piri Larrun, sous l'oeil menaçant de manechs tête noire peut être zombies !
Le manech tête noire est principalement élevée ici dans le Pays Basque pour son lait qui entre dans la conception du fromage appellation d'origine contrôlée Ossau-Iraty, élu Meilleur fromage du Monde par... par... par...
Mais sa laine peut également être utilisée pour faire... pour tricoter... pour concevoir... euh... ben, tiens une poupée Nadine Morano.
Photo : Delit Maille
Ici, là, pile poil, pas plus loin, stop : on est bien.
Il n'y a personne ! La plupart des gens préfèrent redescendre par le même chemin plutôt que de faire la boucle entourant la Rhune ou Larrun.
C'est ici que nous nous posons quelques minutes pour profiter du calme des troupeaux et des vues sur le paysage environnant...
Un endroit idéal pour méditer sur la cruauté de la société, le malaise de la société, la faim dans le monde, l'origine du syndrome de Gilles de la Tourette, l'économie galopante, la disparition du Top 50, Jésus est-il mort en bonne santé ?, pour ou contre chanter du Philippe Lavil en pelant une orange, l'endroit le plus silencieux au monde se trouve-t-il sous les bras, etc. etc.etc., comme disait si bien Michel Sardou... Ah non merde, il est pas mort.
Et puis, oh eh dis ! Il ne faut pas se voiler la face, hein... Allez, on est entre nous... Disons-nous tout et il faut bien l'avouer : ici, là, maintenant, c'est un peu aussi l'endroit idéal pour se décapsuler une bonne bière...
HOPLA, c'est fait !
Il ne reste plus qu'à rejoindre l'...
ETAPE 5 : Rejoindre une sente bordée d'arbres à l'ouest. On peut voir le site des 13 sculptures taillées dans le roc, en hommage à Maurice Abeberry (Président de la Fédération française de la Pelote Basque). Passer sous la Petite Rhune et, après un replat, continuer sur un chemin qui s'enfonce dans la forêt de mélèzes.
Ouais, ben là, je sais pas ce qu'il s'est passé, mais nous n'avons rien vu de tout ça. Peut être qu'il fallait prendre à gauche et nous sommes allés à droite, ou l'inverse. En tout cas, à un moment donné, il y avait ceci sur notre chemin...
...et ce n'est nullement mentionné sur les cartes et guides.
Qu'est-ce que cela pouvait-il bien être ? Un ancien four à pain... et en même temps, quelle idée de venir faire son pain ici !
Un abri anti-atomique ? D'accord, mais le temps de monter la Rhune ou Larrun... Une cabane dans les arbres mais sans arbre ?
Non, il s'agissait tout simplement d'un abris de pierres plates empilées, utilisé par les bergers pour surveiller leurs troupeaux en se protégeant du vent.
ETAPE 6 : La descente se poursuit sur une sente abrupte qui rejoint la Venta Yasola.
Oui alors là, vu que nous y étions déjà allés il y a quelques mois et que nous étions repartis un peu embrumés, nous avons préféré ne pas retenter le coup. Nous nous contenterons donc de regarder cette pierre marquée du sigle de l'une des plus belles venta de la région basque en versant une larme de regret...
ETAPE 7 : Descendre plein nord vers le col des Contrebandiers. Suivre le GR 10 à droite et descendre à flanc la montagne de Ciboure. Retrouver le gîte Mantobaiata.
Et voilà : la boucle est bouclée ! 5h30 de marche en prenant notre temps...
DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE
Il y a du choix !
Parlerons-nous du lac de Gaube ou du lac Bleu ? Parlerons-nous de la Croatie en passant par la Suisse ? Et la Bretagne dans tout ça ? Putain, j'ai toujours pas raconté c'te virée en Bretagne ?!