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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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24 octobre 2012

LA SALLE DE LA VERNA (64)

Quand il pleut comme vache qui pisse, nous n'avons pas toujours l'envie de sortir. Certes, musée, cinéma, bowling, thalasso, cours de salsa, redif de Michel Drucker du dimanche, concours du plus grand sandwich du monde et jokari sous tente peuvent offrir un moment de détente, même lors d'un pâle week-end pluvieux. Mais, il faut bien le dire, cela reste fort peu stimulant.
Toutefois cependant mais où est donc or ni car, il en fallait plus pour stopper Jénorme. Voulant sortir des sentiers archi-battus, il eut alors une idée incroyable pouvant se résumer à cette oxymore : sortir pour aller dedans.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Alors, bien sûr : lorsqu'on lit le titre et l'introduction de ce billet, tout lecteur que tu es, que nous sommes, que vous êtes et qu'ils sont, peut se dire : "Passer le week-end dans une salle... Ah ouais ! Je n'y avais pas pensé, mais en même temps, est-ce que c'est pas un peu nulle comme idée ?!"
Ah, ah, ah, ah !!! Tu as raison ; de prime abord. Mais là, nous ne parlons pas de n'importe quelle salle puisqu'il s 'agit de La Verna. Eh oui, tu as bien entendu : La Verna ! Et force est de constater que même si tu ne sais pas encore de quoi je parle, tu peux te douter qu'il ne s'agit pas d'une salle comme les autres... Hein ? Hein ? Hein ? Une salle à manger ? Une salle à coucher ? Une salle meublée ? Une salle de bain ? Une salle de réunion ? Une salle de concert ? Une salle de jeux ? Une salle de réception ?
Pour le savoir, revenons aux prémisses de ce week-end dernier.

 

C'ETAIT LE WEEK-END DERNIER...

Nous étions le samedi 20 octobre 2012 ; c'est à dire le lendemain du concert donné par Brigitte Fontaine à Lescar, en banlieue de Pau.
Si j'en parle, c'est parce que j'ai complètement oublié de m'y rendre pour des raisons de dégustation de bières belges impromptue.

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Ce qui n'empêche toutefois pas d'écouter un morceau de cette vieille barge de Brigitte...

 

Ceci étant non-vu, constatons en ce milieu de mois d'octobre une baisse conséquente des températures nous amenant à conclure que l'été est bel et bien et fini.
Finis les plongeons dans les piscines particulières payées en 4 fois sans frais avec 120 euros d'intérêts par heure...

 

Finies les longues randonnées en montagnes les fesses à l'air, comme nous incite pourtant encore à le faire le clan de La Liberté de la Fesse...

la liberté de la fesse
Photo : La liberté de la fesse

La neige avait pointé les branches de ses flocons sur les cimes pyrénéennes... avant de disparaître sous un déluge de pluies torrentielles et continues. Le Sud-Ouest se retrouvait assailli par l'eau du ciel. Peu à peu, un second océan Atlantique semblait voir le jour sur les terres basques et pyrénéennes.
Lourdes, cette bonne vieille ville des miracles, se retrouvait assaillie par les eaux débordantes du Gave de Pau...


Ah oui, il y a aussi de la musique !

 ...fournissant par la même occasion une ribambelle de nouvelles blagues, il faut le dire, parfois un peu lourdes :
"Faute de miracle, voici le Déluge", "Délaissons les fauteuils roulants pour les canoës kayak" (comme le criait Céline Dion il ya quelques jours à la télé américaine), "A Lourdes, j'ai nagé pour vous", "Bernadette Soulaboue", "Promos express sur les cierges !", "Bénissez toute cette eau viiiiiiiiittteeeee ! Amenez des flacons !!!!!!", ...

Cet évènement naturel et météorologique discréditait quelque peu ce 68ème miracle reconnu quelques jours auparavant, attestant la guérison de la soeur italienne Luigina Traverso. Cette religieuse née en 1934, souffrant d'une lombo-sciatique paralysante malgré plusieurs interventions chirurgicales, avait retrouvé l'usage de ses jambes et s'était levée de son fauteuil roulant pendant un séjour à Lourdes en juillet 1965, indiquait en décembre dernier le Comité médical international de Lourdes réuni à Paris, qui parlait alors de "guérison inexpliquée".
Penses un peu à ce qui se serait passé si cette brave femme était venue ce week-end à Lourdes. Elle serait sorti de son fauteuil, les bras tremblants, sous les yeux de sa famille et de ses amis. Les jambes légèrement tremblantes, la voix hésitante, les regards embués de larmes des gens autour d'elle... "Elle marche, elle marche..." Et là PAF : une grosse vague emporte le tout !

Oui, cette inondation tombait plutôt mal puisque c'était justement ce week-end du 20 octobre que Laura avait décidé de se rendre dans la petite ville des Hautes-Pyrénées pour tenter de résoudre son problème physique...

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Photo : Infos du Monde

Rendez-vous reporté.

 

MAAAAAAAIIIIIISSSSS,
comme disait Bernadette Soubirou,
revenons à mes moutons ! 

 

Il pleut donc comme vache qui pisse dans le Sud-Ouest. Pourtant, une envie de sortir me tiraillait. Que faire alors pour rester en contact avec la nature sans se faire tremper ?
C'est alors que j'appelais Maître Arnaud lui aussi sous le déluge, mais dans la vallée d'Aspe.
JENORME : " - Ouah eh dis don', ça te dit pas d'aller visiter un gouffre vu qu'il pleut ?
MAITRE ARNAUD : " - Siensiensien !"

Il faut savoir qu'en langage Maître Arnaud "Siensiensien" peut très bien dire non comme il peut très bien dire oui. C'est un peu comme ça t'arrange.
Je partais donc pour la vallée d'Aspe afin de retrouver Maître Arnaud. Après un coup de téléphone au centre de réservation de La Verna, nous passons dans un supermarché des plus banals afin de s'équiper de bottes et de K-Way.


Une magnifique moustache s'est glissée dans cette publicité.
Retrouve-la et gagne ton poids en poils de yack.


Ce n'est qu'après cela, et seulement après cela... je ne sais pas pourquoi j'insiste sur ce point complètement quelconque... que nous pouvions nous lancer en direction du massif de La Pierre-Saint-Martin... mais en passant par Oloron-Sainte-Marie ; tout simplement parce que cela nous permettait de passer par Tardets-Sorholus - qui n'a rien à voir avec une marque de nettoyant pour sol-, et de nous arrêter dans ce sympathique restaurant, coincé entre deux façades :

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Hôtel Piellenia

Plat du jour  (Aiguillettes de canard, sauce cacao avec gratin maison) + dessert (tarte au citron meringuée maison) + carafe de vin + café = 10 euros.
Ambiance tranquille dans une petite salle décorée d'ustensiles de cuisine, dans laquelle des gens en groupe ou solitaires sont venus se rejoindre aux différentes tables, le temps d'un déjeuner alors que la pluie redouble dehors sous une lumière grise, proche de la nuit d'après-midi.
Au loin, une grande baie vitrée nous permettant de voir la montée inquiétante des eaux du Gave d'Oloron.
C'est là un restaurant typique du dimanche midi, où tu viendrais en famille ou avec des amis, pour passer tout l'après-midi à table à deviser sur le monde et des projets autour de plats simples, bons, typiques et traditionnels.

Il n'était pas loin de 13h12 lorsque nous nous levâmes de table pour rejoindre la voiture qui allait nous amener au petit village de Saint-Engrâce, situé à la limite du Béarn, dans la vallée de la Haute Soûle...

 

SAINTE ENGRÂCE

Saint Engrâce (64)
Photo complètement prise un autre jour

Cirque montagneux, grandiose et sauvage aux airs de bout du monde. Paisible.
Sa chapelle grisonnante m'a toujours fasciné, de par sa stature et son emplacement. Il faut dire que son histoire repose sur un fait religieux de plus de mille ans...

"Autour de l'an mil, des voleurs de reliques s'emparèrent à Saragosse, en Espagne, du bras de Santa Gracia, une martyre des premiers temps chrétiens. Ils le cachèrent au creux d 'un arbre dans les montagnes de la Soule, la plus petite des trois provinces basques françaises. Cette relique, découverte miraculeusement au XIIème siècle grâce à un taureau qui s 'inclinait devant l 'arbre, fut à l 'origine de la création d 'une chapelle sur le site.Très vite, le culte de la sainte attira de nombreux pèlerins en route pour Compostelle, et le sanctuaire devint un haut lieu de pèlerinage. On venait de loin invoquer la jeune martyre contre les intempéries, la sécheresse ou même les maux de tête. Devant un tel succès, le village nommé Urdaitx prit au XVème siècle le nom de Sainte-Engrâce. Aujourd'hui, au coeur de ce paysage particulièrement préservé, le sanctuaire roman trône toujours sur sa petite butte au milieu de son cimetière basque, veillant sur un peu plus de trois cent Engrâciens.
Restaurée et classée grâce à Prosper Merimée vers 1850, l 'église arbore une curieuse façade asymétrique. A l'intérieur, ses trois nefs voûtées reposent sur de magnifiques chapiteaux, dont plusieurs sont historiés."
      EDITIONS ATLAS

IMG_1868Une vingtaine de chapiteaux romans font également la renommée de l'église avec des scènes de la Bible, un bestiaire fantastique et des motifs végétaux.
La Création, Adam et Eve, ou encore les amours du Roi Salomon et de la reine de Saba en plein ébat érotique côtoient les lions, chevaux, centaures ou figures monstrueuses, dont un éléphant à la trompe en forme de langue.

 

 

  

C'est donc à l'entrée Ouest du village que se trouve la base des navettes allant à la Salle de la Verna, dont l'exploitation touristique se fait depuis juillet 2010.
Un bref briefing... non, ben d'ailleurs y'a pas eu de briefing du tout... et nous montons dans les van. Quatre kilomètres de lacets sur une piste narguant les précipices du ravin d'Arpidia, au milieu de montagnes embrumées...

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...afin de rejoindre sur des hauteurs à présent inconnues l'entrée de ce temple de la spéléologie mondiale !

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Entrée de la galerie conduisant à la magnifique salle de la Verna

Oui, oui, oui... Vu comme ça, ça ne fait pas trop envie. Non pas que l'on s'attendait à des lampions, des jongleurs et des cracheurs de feu accompagnés de bonimenteurs arangants les touristes que nous sommes en scandant de grandes annonces du style :

"Approchez, approchez ! N'ayez pas peur !!! Vous allez bientôt pénétrer dans l'antre de la terre ! Endroit secret et mystérieux propre à tous les fantasmes ! Le plus grand gouffre du Monde dans lequel la cathédrale Notre-Dame-de-Paris peut être déposée ! Lieu où des scientifiques se sont livrés aux joies éphémères du vol à montgolfière ! N'ayez pas peur, ça va pas faire mal..."


M'enfin quand même !
Toutefois, chaque chose a son explication. Tout est dans tout, et réciproquement !
Si l'entrée permettant d'accéder à l'une des plus grandes salles souterraine du monde est ainsi constituée, c'est parce qu'il y a toute une histoire à connaître et à comprendre.
Alors, remettons les choses à leur place parce que c'est très facile de gueuler quand on est touriste en bottes, mais qu'est-ce que quoi que ce lieu de La Verna finalement ?
Eh bien, écoutons nos guides...

 

LA VERNA

La Verna, site
Photo : La Verna


Il faut savoir que le massif de La Pierre Saint-Martin, temple de la spéléologie, est un immense plateau calcaire et karstique, un terrain propre à la prolifération de lapiaz.

LapiazLes lapiaz sont la résultante d'un phénomène corrosif d'origine chimique typique des terrains calcaires. Ici, les eaux de pluie, chargées de gaz carbonique, érodent la roche par dissolution. Lorsque cette surface est peu inclinée, comme à La Pierre-Saint-Martin, les eaux attaquent en premier lieu les parties les plus sensibles de la roche  -cassures naturelles ou zones moins denses -, qui s'érodent en profondeur selon une intensité variable en fonction de la résistance du terrain. Il en résulte alors un paysage étrange de cannelures et de rigoles séparées par de puissantes arêtes de calcaire.

 

 

 

Une fois que nous avons pris connaissance de cet particularité géologique, il est important de bien séparer deux éléments majeurs de ce massif de La Pierre-Saint-Martin.
D'une part, nous avons les gouffres. On estime qu'il y a plus de 350 km de galeries et de cavités dans le massif. Le gouffre le plus connu est le gouffre de La Pierre-Saint-Martin. Sous la forme de puits ou galerie, un premier accès à ce lieu fut découvert en 1950 par Georges Lépineux.
En 1951, cette verticale de 320 mètres, la plus grande du monde à l'époque, est descendue par Géorges Lépineux, Marcel Loubens et Haroun Tazieff, au cours d'une expédition menée par le physicien Max Cosyns.

planlepineuxEn 1952, une expédition de grande ampleur à laquelle participe encore Haroun Tazieff tourne au drame : un serre-câble se dévisse, Marcel Loubens fait une chute de 15 mètres au cours de sa remontée et décède au fond du gouffre. Le corps est enterré sur place, et ne sera ramené à la surface que 2 ans plus tard. Ce drame au fond du gouffre le plus profond du monde est relayé par la presse mondiale et sera relaté par Tazieff dans son livre. Une plaque située au fond du gouffre commémore le drame. L'épitaphe de Marcel Loubens sera gravée sur place au burin, au fond du gouffre, par Jacques Labeyrie, membre de l'équipe qui tenta tout pour sauver Loubens.

D'autre part, nous avons les salles. De différentes tailles, présentés comme des "trous" souterrains, reliées entre elles par ces galeries et autres gouffres dont nous venons de parler.
La salle la plus connue du massif est la Salle de la Verna. Elle se trouve à 734 mètres au-dessous de son entrée naturelle située au sommet de la montagne de La Pierre-Saint-Martin, d'où sont partis les spéléologues lyonnais qui l'ont découverte en 1953.

Ses mensurations ? Oh oui, toi, je sens que tu veux connaître les mensurations de la dame !

Accroches-toi !

Tu veux des chiffres ?
Eh ben en v'là : 245 mètres de diamètre, 194 mètres de haut pour un volume de 3,6 millions de mètres cubes sur une superficie de 5 hectares !
La salle de la Verna est la plus grande salle souterraine de France et d'Europe, se plaçant dixième au niveau mondiale. Si on voulait (mais on a autre chose à faire !), on pourrait déposer en son antre une quinzaine de cathédrales Notre-Dame-de-Paris.
Et là, tu me dis : "Ouais, OK, d'accord, c'est bien tout ça ; mais combien de Tours Eiffel ?"
Eh bien, saches que si des ingénieurs le voulaient, ils pourraient démonter le monument parisien pour le glisser dans cette salle en omettant seulement le dernier étage qui ne passerait pas.
Sinon, tu peux également faire comme ces élèves de polytechnique qui se sont livrés à un vol en montgolfière ici même...

04 les lumieres en haut c'est trois gars devant une galerie
Photo :
Images du Pays basque

Reste à savoir comment ce miracle naturel a-t-il pu se produire.

Coupe géologique de la VernaDans le cas de la salle de la Verna, le socle hercynien est localement composé de calcaires dévoniens. Grâce à la position et à la nature des remplissages de la galerie Aranzadi, perchée 100 m au-dessus de la salle de la Verna, on sait que la rivière s’écoulait il y a environ 200 000 ans dans cette galerie, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Les eaux de la rivière souterraine ont alors infiltré les calcaires dévoniens du socle en les dissolvant peu à peu. Les nombreux vides karstiques ainsi crées ont abouti à un effondrement important entre 194 000 et 211 000 ans, à l’origine du vide imposant actuel.
La salle de la Verna est donc liée à une capture hydrologique par l’intermédiaire d’une « doline d’effondrement souterraine » dans le socle. Les eaux de la rivière sont maintenant drainées dans les calcaires dévoniens du socle vers d’autres galeries souterraines, à ce jour non reconnues.
Coupe géologique : Planet Terre

Quittons la nature pour remarquer que les intérêts pour la salle de la Verna vont peu à peu se déplacer. En 1956, la société EDF perce un tunnel permettant d'atteindre la salle, dans le but d'effectuer un captage hydraulique. Les ingénieurs de la société calculeront qu'il leur faudra quatre mois pour atteindre la salle. Ce n'est qu'après deux ans de travaux qu'ils parviendront finalement à rejoindre le lieu souterrain par un étroit tunnel de 660 mètres... avant d'abandonner le projet en 1960 pour cause de débit d'eau inapproprié à l'exploitation hydroélectrique.

 

C'est donc par ce tunnel que nous allons pénétrer ce milieu mythique.
Mais avant cela, on nous équipe d'un casque et d'une charlotte...

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Pas de doute possible à présent : nous sommes fin prêts à affronter l'étroitesse du tunnel qui nous emmènera à la Salle de la Verna avec, toujours, cette grande interrogation au final...

Nous évoluons tranquillement. Quelques casques se heurtent parfois au plafond rocheux et après cinq minutes de marche non-intensive (le trajet est plat) guidé par des néons uniformes, nous arrivons à une porte.
Le guide dépasse le groupe, puis se pose contre la roche ultime en prononçant ces quelques mots.
LE GUIDE : " - Je vais ouvrir cette porte qui nous sépare de la Salle de la Verna. Sachez qu'au-dessus de nous, il y a un peu plus de 800 mètres de roche, que c'est l'obscurité totale et que la température ambiante constante est de 6°."

La porte s'ouvre dans un grincement lent et continue.


                                  Et là : MUSIIIIIQQQQQUUUUEEEE !!!
Sons et lumières, femmes nues sous boules à facettes,

trapézistes allant de stalactites en stalagmites éclairées fluo,

un tigre sautant dans un cercle de feu aérien !!!!

Feux d'artifices, cascade de confettis !!!
INCROYABLE !!!

 

Non, eh oh j'déconne !
Un peu de sérieux. reprenons !

 

La porte s'ouvre dans un grincement lent et continu, vite recouvert par le son sourd de ce que l'on devine être une rivière lointaine, cernée par les montagnes, dans une vallée encaissée. Nous avançons sur une hypothétique plate-forme de bois et de métal que nous devinons à peine. Nous ne voyons plus rien. Il fait soudainement frais. Un vent venu de nulle part vient heurter mon visage.
Toujours ce son de rivière, peut être violente, quelque part, sous nos pieds. La voix soutenue à présent par un micro-casque, le guide nous demande d'avancer encore jusqu'à une barrière en fer.
LE GUIDE : "- Laissez vos yeux s'habituer à l'obscurité. Dans quelques secondes, vous allez commencer à voir quelques formes au-dessus de vous et sur les côtés."

Effectivement, la vision s'éclaircit peu à peu, difficilement. La rétine résiste encore un peu. Du noir total, nous passons à la distinction de quelques formes, quelques courbes rocheuses. Un filet d'eau tombe du ciel non loin de la plate-forme où nous nous trouvons.
LE GUIDE : "- Maintenant, je vais allumer les lumières..."

Bruit d'interrupteur. Là-bas, sur une partie surélevée à notre gauche, un "phare" lance son énergie lumineuse vers le haut de la salle, nous permettant par la même occasion d'apercevoir cette cascade qui s'ébroue plus bas...

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Nous aurons beau prendre toutes les photos que l'on veut, rien ne remplace le fait d'être sur place. Indescriptible visuellement, photographiquement. Les repères sont bouleversés bien que les responsables de la salle aient disposé de çi de là des mannequins d'1,80m un peu partout pour que l'on puisse appréhender quelque peu les distances et l'immensité de ce lieu cerné par la roche.
Nous évoluons sur la plate-forme qui domine la salle. Pas moyen de prendre de photo : pas assez de lumière, pas assez représentatif du lieu.
J'ai juste filmé ces quelques images, au pied de ce filet d'eau sortant d'on-ne-sait-où au-dessus de nos têtes...

Étrange impression. Mystérieuse vision. Une seule et unique lumière de laquelle coule une eau de nulle part. Un ciel gris avec un soleil voilé comme après une tempête. Un tableau, une peinture... "Marine côtière" de Géricault... "Apocalypse now" par Jean-Paul Golinvaux... "Ouverture du sixième sceau" de Francis Danby... "Pêcheurs en mer" de Turner...

Marine côtière, Gericault    Apocalypse now, Jean Paul Golinvaux

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Plafond de la salle de la Verna

Ouverture du sixième sceau, Francis Damby   Pêcheurs en mer, Turner

Pour une vue plus réaliste, tu peux cliquer sur ce lien : LA SALLE DE LA VERNA à 360 !

Nous croisons quelques spéléologues. Munis de combinaisons et de lampes frontales, ils empruntent quelques chemins secrets pour surplomber d'avantage la salle ou pour, au contraire, en rejoindre le fond ; là où passe la rivière souterraine.
C'est dans ces moments là que tu te demandes ce que recherchent ces aventuriers souterrains. C'est vrai ! Ils sont dans le noir en permanence, ne voit personne et aucun paysage, peuvent avoir cette sensation d'étouffer que l'on appelle la claustrophobie. Quel plaisir ont-ils alors d'évoluer dans ce milieu ? Que ressent-on dans ces étroites galeries où l'on est seul face au danger que l'on ne peut pas toujours deviner ? Comment appréhender les bruits et les difficultés ?

LE GUIDE : "- Mesdames, messieurs, nous allons  présent nous diriger vers la sortie. Je vais éteindre les lumières et vous demander de regagner la porte par laquelle nous sommes entrés. Merci."

Les lumières disparaissent. La salle de la Verna replonge dans l'obscurité totale. Seules quelques lampes frontales de spéléologues indépendants virevoltent par ci par là, sans que nous sachions exactement où elles se trouvent dans cet immense espace. Nous sortons pour rejoindre le tunnel...

 

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Essais photo sur tunnel EDF

 

Puis retour à l'air libre. Il pleut toujours au dehors.

 

Pour terminer ce billet et cette visite, retrouvons en vidéo l'histoire de la découverte du gouffre de La Pierre-Saint-Martin : 

 

A plus tard pour de nouvelles découvertes en surface...

 

 

DANS NOTRE PROCHAINE EPISODE

Nous irons peut être dans les Alpes, non loin du Mont Blanc...

 

 

 

Commentaires
M
Sainte Engrâce... :) sublime coin où chaque année je passe mes vacances avec mon amoureux... Et la salle de la Verna ... comment dire... simplement MAGIQUE!
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