LES CABANES ET LE LAC D'ANSABèRE, Partie II (64)

Dans l'épisode précédent, Jénorme s'en allait avec Greg conquérir le cirque de Lescun.
Après en être venus à l'amer constat que les paysages montagnards n'étaient pas très intéressants lorsque le brouillard ne permettait pas de voir à plus deux mètres devant soi, il leur fallut affronter (surtout Greg) les assauts agressifs d'un sympathique Patou surgi de nul part.
C'est à la suite de cet évènement imprévu que le soleil se mitalors (en un mot) à briller pour laisser apparaître, enfin, un paysage merveilleux : l'Ikéa de Bayonne !
Non, j'déconne !
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Oui, le soleil enfin !
Et ce n'est pas le titre de la nouvelle chanson de Gold, ou de Gold sans Image, ou d'Image sans Emile, ou de David et Jonathan sans Emile avec Image qui joue au foot sur Gold chez Julie Piétri ! D'ailleurs, te souviens-tu de cette chanson de 1997 ? Non ? Paroles :

"Sur le cuir fauve des bagnoles
Ou noyés dans les fumées d´alcool
On passe du bleu d´enfer au gris ordinaire
Vivre n´est pas simple à faire

Traîner l´ombre de soi-même
Loin de la mer et loin des sirènes
Quand l´ennui tombe du ciel
Qu'on se casse les ailes
C´est la faute à trop de mal

Soleil enfin
Comme un réveil, comme une éclaircie
J´attends la fin de ma longue nuit
J´ me fais des rêves pour demain"

Génial, hein ?  Voilà, ça, c'est fait !

Grâce à ce soleil et ce ciel enfin épuré de toute marque de brume, nous allions pouvoir profiter des paysages qui nous entouraient.
Après avoir quitté la vallée d'Aspe et le village de Lescun, nous sommes à présent cernés par les montagnes ; plus proches, plus acérées, plus intimidantes. Oui, nous sommes bien petits, ici, au pied de ces aiguilles d'Ansabère semblant nous jauger du haut de leurs 2400 m. On se sent tout petit devant ces forces de la nature vieilles de pffff ohalalalalalala... au moins !
Profitons de ces paysages merveilleux et sauvages. Peut être qu'un jour les montagnes pyrénéennes disparaîtront elles-aussi comme celles de certaines régions chinoises. Et ceci n'est pas une info du Gorafi...

TRAVAUX D’HERCULE
La Chine rase des montagnes pour construire une ville
 Photo : France TV Info

"Une légende chinoise, souvent citée par Mao, raconte qu'un vieux paysan, Yukong, était parvenu, au prix d'intenses efforts, à déplacer deux montagnes qui bloquaient l'accès à sa maison. Aujourd'hui, la Chine capitaliste ne déplace plus les montagnes, elle les aplatit.
Pour le géant asiatique, rien n'est impossible. Besoin d'ériger des immeubles en plein milieu du désert ? D'approvisionner en eau, en électricité et en routes toute une métropole dans une région isolée ? C'est dans les cordes des principaux promoteurs de Chine. Mais quand le désert en question est parsemé de montagnes, les entreprises font fi du relief pour faire émerger des gratte-ciel.
Près de Lanzhou (capitale de la province du Gansu), le groupe privé China Pacific Construction, l'un des plus importants de Chine, a engagé de colossaux travaux d'aplanissement de sept cents montagnes. L'objectif est d'étendre Lanzhou, déjà titulaire du titre de ville la plus polluée de Chine, selon l'Organisation mondiale de la santé, sur une surface de 130 000 hectares. Peu importe que la ville soit entourée de montagnes, les obstacles naturels n'effraient pas les promoteurs.

USA Today publie, lundi 4 février, un compte rendu des premiers mois de travaux, qui ont débuté en octobre, et décrit le travail titanesque des douzaines de pelleteuses et cinq cents camions-bennes à l'œuvre sept jours sur sept pour creuser les montagnes. Les ouvriers rencontrés, payés à des salaires avantageux, sont fiers de travailler pour ce programme : "C'est le plus grand projet d'aplanissement de montagne dans le pays. C'est la preuve de la puissance de la Chine", témoigne l'un d'eux.
Le PDG de China Pacific Construction, Yan Jiehe, souvent comparé au magnat Donald Trump et surnommé "le bulldozer" dans son pays, ambitionne de créer en cinq ans une cité qui serait une "oasis dans le désert", "mi-Venise, mi-Las Vegas". Il a investi 3,5 milliards de dollars (2,5 milliards d'euros) pour cela, auxquels d'autres promoteurs ont ajouté près de 5,5 milliards d'euros.
USA Today souligne que les critiques du projet rencontrent peu d'écho au sein de la population locale. Les travaux ont débuté avant qu'une enquête d'impact environnemental ne rende ses conclusions. Li Ding, professeur de géographie à l'université de Lanzhou, estime que le développement pourrait assécher le fleuve Jaune. L'enseignant, qui mène une recherche avec ses étudiants, avance également les risques de tempêtes de sable et de glissements de terrain induits par le projet. "Notre méthode de développement, soucieuse de protéger l'environnement, permettra d'acheminer l'eau jusqu'à cette zone, d'accomplir une reforestation, et d'améliorer la situation", se défend China Pacific Construction dans le Guardian.
Mais les craintes ne sont pas qu'environnementales, elles sont aussi financières et sociales. Les 8 milliards d'euros d'investissement seront-ils rentabilisés ? Des analystes cités par le Guardian soulignent que le marché immobilier en Chine est très instable. Quant aux réformes nécessaires à l'intégration des populations rurales déracinées, elles sont inexistantes dans le projet, rappelle USA Today."  LE MONDE

Oui, profitons de la montagne et de ces merveilleux paysages, entourant de ces élévations les cabanes d'Ansabère.

LES CABANES D'ANSABERE

Qui sont-elles ? Que veulent-elles ? Que se cache-t-il en leur antre secrète et sauvageonne ?
Saches tout d'abord que les cabanes d'Ansabère sont gérées par la mairie et offre aux montagnards de passage un abri au confort relatif, diront certains, mais quand on est dans un paysage comme celui-ci, qu'est-ce que ça peut faire ?!
Il y a donc possibilité de dormir en hiver dans ces cabanes, occupées l'été par les bergers. Ces derniers font ici la traite des moutons et le fromage en disposant, notamment, d'un saloir à proximité, installé dans la roche.
Trois cabanes d'hébergement au choix, dont l'une porte le nom radieux de "Villa des privés d'amour".

Type: Cabane ouverte
Altitude : 1550
Gardien : non garde. occupe l'été par le berger
Période : hiver
Capacité
été : 0
Capacité Hiver : 10
Bois : Oui
Eau : Oui
Couchage : Étage
Descriptif : Cabane de berger l'été,avec une partie restant ouverte pour l'hiver. Au rdc table(10 places): 3 bancs, 4 tabourets. Couchage à l'étage. Pas de bas flanc. Prévoir matelas. Couchage possible à 10 personnes. Chacune possède cheminée ou poële à bois.

Petit plateau ayant des airs de far-west dominé par ces aiguilles aux pics calcaires abruptes.
Imagine-toi passer une nuit en ces lieux. La silhouette sombre des montagnes venant se greffer sur un ciel étoilé.
Autour de toi, des sons, des bruits viennent s'ajouter à l'improbabilité nocturne. Des bruissement d'herbe, des hululements, de petits grognements ou encore le simple chant sont des grillons : CHANT DES GRILLONS.

Bon nombre de personnes ont parcouru ces lieux : 

- alpinistes
comme Lucien Carrive et Armand Calame
qui gravirent pour la première fois,
en juin 1923,
l'aiguille Nord d'Ansabère,
et y périrent.

- peintres
comme Gisèle Moura
(Ansabère)

- photographes
comme Fernand Levasseur

- artistes-décorateur
telle qu'Yvonne Tison
qui a reproduit ces paysages
sur différents supports.

Ou encore des sculpteurs, comme René Vidal dont j'adore le travail et la méthode...
"Si les Pyrénées inspirent peintres et photographes depuis plus de deux cent ans ; si elles attirent scientifiques, curistes, voyageurs, aquarellistes et dessinateurs, peu de sculpteurs se sont véritablement penchés sur le sujet. René Vidal compte parmi les exceptions. Il fait partie de ceux que la Chaîne a touchés et il nous livre son apprentissage de la montagne et haute-montagne dans une série de sculptures ivres de couleurs où se conjuguent les éléments d'une double réalité, celle des cimes, mais aussi celle de l'artiste, avec chacun des faits, des événements qui constituent la trame des ses ascensions."
Le concept de création
"Ascensionner - Prélever - Restituer". Trois mots-clé pour l'élaboration d'un langage sculptural hors des sentiers battus.

  
Balaïtous (Aiguille Lamathe), 2000                             Le Gabizo, 1996

1) L'Ascension
Elle se fait avec Didier Sorbé qui traite le même thème en photographie, en famille ou entre amis. Sortie d'une journée ou excursion de plusieurs jours, chacune des expéditions est faite de hasards météorologiques, de rencontres inattendues, de tourments physiques ou psychologiques, de plaisirs de la table et autres, de découvertes… À la fois révélatrices d'un extérieur, expression d'une beauté naturelle façonnée de cirques, de replats, de verrous, de vallées ouvertes ou fermées, les ascensions pyrénéennes de René Vidal le sont également d'un intérieur, plus intime "dans le silence de l'effort et le plaisir de la contemplation, dans les attentes nécessaires à la progression du premier de cordée." Chaque sortie est une précieuse source d'expérience, un moyen de tester sa résistance. Le sculpteur se fait à la fois spectateur et acteur.

           
Pène Sarrière, 1986                                                          Anie, 2004  

2) Prélever
La pierre sommitale, telle un trophée descendu dans la vallée, avant de l'élever à nouveau au plus haut de la sculpture dans son atelier mourenxois. Outre ces fragments de cime, le sculpteur prélève des éléments visuels du paysage (profil d'arête, ligne de crête, structure géologique) ainsi que des racines mortes, plumes, des écorces. Il lui arrive d'autre part, de ramener de ses courses, des étiquettes, des cartes topographiques, des assiettes du refuge dans lequel il a séjourné…

Ansabère, 1998

3) Restituer
L'espace temps de chaque ascension. L'intention de l'artiste est ambitieuse, rendre visible et palpable des instants, des saveurs, leur redonner une forme, un contour, du volume, de la couleur… une consistance. René Vidal cherche avant tout, à raconter son cheminement vers les hauteurs. Comme un journal de bord intime, les sculptures devront restituer toutes les circonstances relatives à l' ascension que l'artiste aura jugé bon de consigner.

SOURCES : LE SITE ANSABERE

Nous poursuivons notre chemin en prenant la direction du lac d'Ansabère.
Montée rude et plaisante dans les massifs, en traversant des champs pentus toujours dominés par les aiguilles...

...et jalonnés de quelques animaux souffrant de grave décalcification...

Alors, la question se pose : Qui ?
Oui, hein, qui a commis cet acte ? Un homme ? Un ours ? Des vautours ? Le grand Tétras ? Le coq de Bruyère ? Henri Guibet ?
Eh bien non, d'après les rumeurs locales, il s'agirait de...

Et ça aussi, c'est fait...

Et puis nous arrivons au lac d'Ansabère.

Je n'avais pas vu de photos avant que nous parvenions face à lui, mais... bordel : il est minuscule ce lac !
Attention : c'est beau, reposant, sauvage, nature, pêche et traditions... mais, qu'est-ce qu'il est petit ?!

Tous nos projets de base de loisirs partaient soudainement en fumée dans le brouillard resté dans la vallée.
Ici, en ces lieux, certes reculés mais charmants, nous avions imaginé de poser quelques pédalos, des toboggans géants, un mini-golf aquatique, un parcours d'accro-algues, un spectacle de dauphins borgnes, des marchands de gaufres et de churros, ou encore un coin lounge avec des fauteuils gonflables posés sur l'eau aux sons de la musique de Palace X Flash.
Eh ben non !
Pragmatique, Greg se pose tranquillement sur les rives de cette petite étendue d'eau et profite de l'air pur pour se rouler une bonne clop.

Toutefois cependant pourtant il ne faut pas nier l'évidence : les paysages alentours sont merveilleux.
Un tour sur soi-même permet d'observer les différents sommets et montagnes : la Table des Trois Rois (2421m), les Aiguilles et pic d'Ansabère (2376m), le Pétragème (2255 m), le pic de la chourique (2 084 m), le Pic du lac de la Chourique ( 2 138 m), le Mallo de Acherito (2360m),...

Adieu projet de base de loisirs, mais bonjour verre de rosé bien frais, le cul posé dans l'herbe, les yeux dans le vague, en respirant à plein poumons l'air vivifiant des altitudes pyrénéennes !

Et y'a des vaches ! Et ça, c'est génial, vois-tu, parce que j'aime les vaches ! Elles me rendent dingue ! C'est comme çaaaaaaa !!!!!!

Aaaaaaaaahhhh les vaches !!!!!!!!

Oui aux vaches !!!!!

PLUS DE VACHES !!!!!
Partout, tout le temps !!!!!

LA VACHE,
C'EsT TRoP D'La BaLLE dE GéNIaL
J'TE kIfFE gRaVe !

DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE

Nous verrons si Jénorme pourra aller plus loin que le lac d'Ansabère ou si, finalement, il décidera de rester là et de vivre en ermite parmi les vaches parce qu'il a enfin, tout simplement, pété les plombs !