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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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12 avril 2013

QUITTONS LA FRANCE POUR... Borja (Espagne)

Dans le second épisode qui était en fait l'épisode précédent puisque celui que tu vas lire à présent est le troisième et qu'il intervient logiquement après celui qui venait avant puisqu'il se passe après et que...
Quand soudain ne voilà-t-il pas...

 

Alors où qu'on en était déjà ?
Gnagnagni gnagnagnagni... tout ça voilà... ah oui et pis... ah ?! "Mais à quel saint se vouer ?". D'accord...

Et comme tu le sais sûrement, Magallon se trouve à seulement quelques kilomètres de Borja, que nous atteignons maintenant.

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Borja : une rue, un mur

Et là, tu te dis : "- Ouais OK Jénorme, Borja, des panneaux, un mur, génial !
Et là, je te dis : "- Ah ouais, non mais attends, c'est pas fini !"
Maître Arnaud et moi-même tournons un peu dans la ville, comme ça pour rigoler. Nous nous perdons un peu dans les rues à la recherche de clochers d'église.
Et là, tu te dis : "- Très bien, très bien... Mais euh...
Et là, je te dis : "- Ah ouais, non mais attends, c'est pas fini !"

Nous tournons, nous tournons dans la ville. Il y a comme une odeur générale de ciment qui se dégage de Borja qui semble être en perpétuel réaménagement. Le temps passe. Nous avons peut être parcouru toutes les rues du centre ville pour finalement constater que les églises sont soit fermées, soit ne possèdent pas LA chose que nous voulions voir.
Et là, tu me dis : "- Ok, génial !
Et là, je te dis : "- Ah ouais, non mais attends, c'est pas fini !"
Nous n'avons quand même pas fait tous ces kilomètres, traversé tous ces champs d'éoliennes, affronter des averses de grêle et combattu des vents hostiles pour craquer si près du but et faire demi-tour. Ce n'est pas possible !
En dernier ressort, nous décidons de demander de l'aide à un honnête et sympathique policier qui passait par là, dans une des nombreuses ruelles de la ville. Armé de son espagnol le plus adapté à la situation, Maître Anaud demande un indice.

MAITRE ARNAUD : "- Buenos días señor policía simpático. Podría decirnos donde se encuentra el Ecce Homo restaurado, por favor ?
Et là, si tu ne comprends pas l'espagnol, tu te dis : "- D'accord !

Et là, je te dis : "- Ah ouais, non mais attends, c'est pas fini !"
Après quelques échanges de dialogues auxquels je n'ai rien compris, Maître Arnaud et le policier se mettent à rire copieusement avant de se remercie mutuellement et de se dire au revoir. Maître Arnaud se retourne vers moi et me lance cette phrase incroyablement énigmatique et fabuleuse :
MAITRE ARNAUD : "- Alors, en fait, c'est complètement génial parce que c'est pas du tout
ici !"

Et là, tu te dis : "- Eh oh, les connards, ça va durer longtemps vos conneries ?! Mais de quoi vous parlez ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que vous cherchez, merde alors ?
Et là, je te dis : "- Souviens-toi de l'indice donné en début de périple, dans le précédent épisode lorsque nous avons décidé de quitter la France... L'indice était : "On ne sait plus à quel saint se vouer". Alors..."

Comme je te sens un peu nerveux, avant d'aller plus loin, je te propose de faire une petite pause en regardant un siensien qui a trouvé une saine occupation.

 

Voilà ! ça va mieux ? On continue.
Nous reprenons dans l'ordre la voiture et la route. LA chose que nous devons voir se trouve à 5 km d'ici sur les hauteurs d'une légère colline. Magnifique route qui passe par un petit col, d'où se dégage une vue imprenable sur les plaines de l'Aragon.

 

 COL D'EL BUSTE

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Nous arrivons enfin au lieu tant convoité : Notre-Dame-de-la-Miséricorde au style gothique tardif.

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Eh ouais ! Le temps est pluvieux mais pas trop. Nous sommes un peu nerveux car nous avons fait tous ces kilomètres pour être là. Nous ressentons cette tension que peuvent connaître les jeunes enfants qui vont pour la première fois à Disneyland. La comparaison n'est peut être pas très bonne, mais je pense que les enfants qui vont dans ce parc d'attarctions américain pour la première fois redoutent et attendent avec impatience l'arrivée dans cet endroit auquel ils ont rêvé et sur lequel ils ont fantasmé comme étant le lieu le plus fantastique du monde. Dans ce cas précis, je ne pense pas au parc Wonderland, en Chine...

wonderland
Photo : The ground

Peu de monde aux alentours. Pourtant, il y a encore quelques semaines, ce lieu était prisé de tous les journalistes et autres touristes du monde entier. Sur la petite place jouxtant le sanctuaire, un petit bar expose sa terrasse vide, aux sons de musiques espagnoles contemporaines. Pas une boutique de souvenirs en vue et ça, on n'aime pas.
Nous avançons lentement, sans bruit, en retenant notre souffle. Nous montons les trois marches pour entrer. On se croirait dans un hall de gare, tout en pierre, à la vue de la loge de la concierge faisant face à la porte. Sur la droite, l'entrée de l'église où se trouve LE objet. Nous re-entrons. Une femme est assise derrière une baie vitrée qui lui sert aussi de guichet. Il se dégage quelques parfums d'encens, typiques aux lieux religieux ; une résine appelée « Oliban », qui est tirée d’un arbrisseau d’Ethiopie se nommant « Boswalia Carteri ». Cette résine est vénérée depuis l’antiquité, on la faisait brûler pour honorer les dieux.
Pour approcher et se trouver face à ce que nous voulons voir, il faut payer un euro. Cet argent est redistribué pour l'entretien et la restauration du lieu. Ah ? La restauration... Bon.
Nous avançons sur la pointe des pieds dans l'enceinte, faiblement éclairée.

Sur la gauche, un magnifique retable...
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Et puis, lorsque nous tournons la tête et que nous marchons un peu...

Eh oui, tu ne rêves pas !
Ce n'est pas une apparition !
Il est bien là !
Alléluiya... allez Luya... allélouya...
L'incroyable Christ restauré de Borja !

Allez, on mitraille !!!!

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photo 4(8)  270

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Posé discrètement sur une des colonnes de l'église et protégé par un épais verre, voici le new Jésus ! Moitié panda, moitié ourson, certains l'ont rebaptisé Ecce Mono ("Voilà le singe"). Aduler dans le monde entier ! Intrigant les plus grands artistes de notre société !

Éveillant d'autres créations !!!

ecce homo divers

Ecce homo Bean   Ecce homo ET

ecce homo kiki      ecce homo rio

Ecce homo joconde   Ecce homo, showee

Ecce homo

 

 De la bouffe !!!                    Des bougies !!! 

ecce homo crêpe     ecce mono bougies
Ecce crêpe                                                                                                    

 

Et du T-Shirt en veux-tu en voilà !!!

Ecce homo t shirt T shirt Ecce Homo


Une adaptation cinématographique !!!

 

Ou encore un site internet qui te permet, toi aussi, de restaurer le Christ original !!!

Clique ici :

AMUSES-TOI à RESTAURER LE CHRIST DE BORJA

 

Une bonne excuse pour ne pas te rendre à une soirée chiante.
UN(E) AMI(E) : "- Qu'est-ce que tu fais ce soir ? Tu viens avec nous voir le match de curling à la patinoire ?
TOI : "- Aaaaaaaahhh, ça aurait été avec un plaisir infini, mais j'ai cours de restauration du Christ de Borja !"

 

ALORS ?


C'est pas le tout de se foutre de la gueule du Christ comme ça, mais, maintenant, il serait peut bon de savoir ce qui a bien pu se passer.
Tout d'abord, reprenons très succinctement les faits en regardant cette vidéo.

 

Et maintenant, analysons l'évolution de la conception de cette nouvelle icône, de ses origines à nos jours.

 

LA PEUT ETRE  INCROYABLE HISTOIRE
DU CHRIST DE BORJA

Parfois, la bonne volonté peut être à l’origine de conséquences inattendues. Comment, en souhaitant restaurer un Christ décrépit, une vieille dame a déclenché un phénomène de dimension internationale, aux conséquences juridiques palpitantes, tant en droit d’auteur français qu’espagnol …

CECILIA, SA VIE, SON OEUVRE
Tout est calme à Borja, petite de 5000 habitants située dans la province de Saragosse, au nord-est de l'Espagne. Ses églises, ses vieilles ruines de château, son musée González Baltasarses, ses ronds-points, ses gens qui errent dans les rues en poussant de longs râles,...
A 5 km de là, sur les hauteurs d'une petite butte qui offre un magnifique panorama sur la plaine aragonaise, Cecilia Giménez, 80 ans, fidèle fervente, restaure paisiblement la tunique du Christ peint sur l’un des murs de l’église du Sanctuaire de la Miséricorde.
Il faut dire que celle-ci estbien endommagée par le temps et l'humidité ambiante, régnant dans l'enceinte de l'édifice. Le salpêtre a salement attaqué le visage du Christ. Portée par une sacrée dose de bonne volonté, elle ne peut laisser passer une telle offense et a pris quelques semaines auparavant l’initiative de s’atteler à sa restauration.

Ecce homo, original
Ecce Homo de Elias Garcia Martinez
Avant la restauration

L'oeuvre en question est connue sous le nom d’Ecce Homo (Voici l'homme).
A l'origine, Ecce Homo est une expression utilisée par Ponce Pilate pour symboliser Jésus présenté à la foule, couronné d'épines et battu. Et puis, le temps passant, plusieurs représentations artistiques prirent forme sous les pinceaux de Le Caravage, Bosch, Tipolo, Titien, Daumier,...
Celle à laquelle avait décidé de s'attaquer Cécilia Gimenez fut exécutée par Elías García Martínez (1858-1934), artiste locale, en 1910.
Les travaux de restauration de Cecilia n'ont rien d'un mystère. Bien au contraire, elle œuvre sous le regard bienveillant du curé de la paroisse, au vu et su de tous ses paroissiens. Pour son travail, elle se réfère à une photo vieille de dix ans.

Ecce homo, une photo

Teresa Garcia, nièce de l'artiste, précise que ce n'est pas la première fois que Cecilia Giménez intervient sur le tableau.
Tant qu'elle ne travaille que sur la tunique, il n'y a pas de problème. Du brun sur le brun, une forme assez rectiligne et compacte ne permet pas d'écarts de pinceau. Mais, lorsqu'elle s'attaque à la restauration de la tête du christ, l'œuvre commence à connaître de sévères bouleversements.

Après plusieurs jours de travail, le mardi 21 août 2012, quelques habitants des environs découvrent alors le résultat de la restauration, quelque peu surprenante…

Ecce homo restauré
Ecce Mono
(Voici le singe) de Cécilia Gimenez

La couronne d'épines est remplacé par une sorte de cagoule des années 1980 en poils de singe. La bouche semble avoir été remplacée par un calisson d'Aix-en-Provence. Le regard prend à parti le spectateur alors que sur l'original, il était tourné vers le ciel.
Une semaine après cette "révélation picturale", des experts se pressent dans le sanctuaire pour tenter de voir s'il est possible de réhabiliter l'original sans le détruire. Après plusieurs expertises, cela semble impossible.

 

L-Ecce-Homo-avant-et-apres-la-restauration_scalewidth_630

 

UNE OEUVRE DE SON TEMPS
Tout cela aurait pu rester sous silence, mais c’était sans compter sur le très actif centre d’études historiques du village qui ne manqua pas de révéler avec effroi cette « restauration » sur son blog.
Deux semaines plus tard, l’information est relayée par un média local. Presque immédiatement, un internaute espagnol en fait un pastiche et le publie sur Twitter. La nouvelle devient nationale. De nombreux autres internautes espagnols s’emparent du sujet. Le phénomène s’amplifie, traverse les frontières de la péninsule ibérique et touche la quasi-totalité des pays du Monde, en passant par la France, le Bangladesh ou encore l’Ouganda.
Face à ca drame, la Municipalité souhaite dans un premier temps restaurer (à nouveau) l’œuvre originelle. Mais très rapidement une pétition voit le jour sur le net pour conserver la peinture telle quelle. En six jours, 21 000 personnes l’ont déjà signée. Surtout, les touristes commencent à affluer par centaines à Borja pour se prendre en photo aux côtés du devenu incontournable Ecce Mono.

Choquée et dépassée par les évènements, la restauratrice reste alitée pendant quelques semaines. Puis, en septembre, elle demande sa part du gâteau suite au fait que le sanctuaire fasse payer l'accès au tableau 1 euro. Après tout, si des milliers de touristes viennent du monde entier dans cet endroit, c'est aussi grâce à elle, passée du statut de simple restauratrice à artiste internationale.
La question se pose d'ailleurs : peut-on voir ici la naissance d'un nouvel art : le "Boj'art", une arme marketting très puissante ? Peut être même qu'un jour, un milliardaire excentrique veuille s’acheter « la pire restauration de l’Histoire de l’art ». Une pièce unique à collectionner. Une œuvre inestimable.

Et puis, comme disait encore Nietszche l'autre jour à la terrasse d'un café où il s'envoyait un petit blanc-cassis : "L'art existe pour nous empêcher de mourir de la vérité."
Je reste un peu. Je bois le silence presque gêné du sanctuaire. Je cherche d'autres explications en restant assis sur un banc, face à la peinture. C'est à ce moment précis que, surgi de nulle part, un chat vient se poser à mes côtés pour manifester de sa présence discrète.

Et si nous regardons de très peu la tête de l'animal, il semble que nous pouvons y déceler quelques points communs avec celle de l'Ecce mono. Peut être que Cécilia Gimenez s'est finalement inspiré de ce chat pour restauré la peinture du Christ...

°           °

 

Allez : nous quittons les lieux en silence, comme nous sommes venus. Nous reprenons la voiture pour prendre la direction de Pampelune en passant par Tudela qui se trouve à l'entrée du magnifique désert des Bardénas. Et, c'est marrant, à chaque fois que j'entends le mot "Bardénas", je pense à Terry Guilliam... Ah merde, je l'ai déjà dit !
Nous nous y étions rendus il y a quelques années.

 

LE DESERT DES BARDENAS
Quelques photos prises un autre jour

Les Bardénas Reales (Espagne)_010

L'origine du terme de bardenas est controversée: certains disent qu'elle dérive de "abar" et de "dena" , c'est à dire "tout boisé". Dans de nombreux textes anciens on trouve traces de la forêt des bardenas. Mais c'est surtout en tant que refuge de bandits que ces forêts étaient connues.

  Les Bardénas Reales (Espagne)_025   Les Badénas, la Blanca Baja (Espagne)

Vaste dépression aride couvrant une superficie de 42500 ha, longue de 40 à 45 km, et large de 25 à 30, les Bardenas Reales constituent un authentique désert.
Les précipitations s'élèvent seulement à 400 mm par an. La température moyenne de l'année est de 15 degrés et l'amplitude thermique de 19 (minimum moyen 5 degrés, maximum 24). Le record de chaleur de la dernière décennie a atteint 45 degrés.

Les Bardénas Reales (Espagne)_013

Le Parc Naturel des Bardenas Reales, ce sont plus de 700 kilomètres de chemins, pistes et drailles, souvent balisées, à la disposition des mordus de randonnée et de cyclisme. Toutefois, il est conseillé d'être accompagné de guides spécialisés lors de la première incursion dans ce site naturel. Non seulement vous éviterez le risque d'être perdu dans le désert, mais ils vous aideront à interpréter ce paysage qui fut jadis paradis des crocodiles et des tortues et qui possède une flore et une faune plus proche du désert africain que du nord de l'Espagne. Aujourd'hui, aigles, vautours, hiboux, outardes barbues, renards, chats sauvages, genettes, amphibies et reptiles s'ébattent au milieu de buissons, sisals, marais salants et champs d'alfa.

Les Bardénas Reales (Espagne)_018

Ce massif peut être divisé comme suit:
  -La Bardeña plissée au Nord Ouest
  -La dépression centrale de la Bardeña Blanca, la plus spectaculaire comprenant la Blanca Baja et la Blanca Alta
  -La Bardeña Aragonaise
  -La Bardeña Negra (partie la plus méridionale composée de vastes plateaux semés de blé et de riz, irrigués par des canaux descendant du lac de Yesa.)

 Les Bardénas, Finca los Aguilarès, tag (Espagne)   Les Bardénas Reales (Espagne)_027

Aux Bardenas Reales, l'érosion de ses sols, riches en argile, en gypse et en grès a modelé des formes capricieuses qui vous transportent dans un univers quasi lunaire, parsemé de ravins, de plateaux et de buttes solitaires. Source d'inspiration de peintres et d'écrivains, ce territoire a également servi de décor au tournage de spots de télévision, de vidéoclips musicaux et de films tels que « Airbag », « Action mutante », « Orgullo y pasión » ou « Le monde ne suffit pas ».

Les Bardénas Reales (Espagne)_023

 

Tudela, Capparoso, Olite, Tafalla... puis Pampelune. Nous quittons le côté terre de l'Espagne pour rejoindre la côte en traversant un paysage de fortes montagnes. San Sebastian. L'océan réapparait. Nous approchons de la frontière espagno-française et déjà, dans la radio, les infos nous parviennent.
Suite à l'affaire Chahuzac... Cahuzac, nous entendons des politiques révéler leur patrimoine et, étrangement, une compétition semble s'être installée pour savoir lequel d'entre eux est le plus pauvre. Peut être une nouvelle méthode pour lutter contre la crise ou une future idée pour une émission de télé-réalité : perd tout pour devenir le plus pauvre.
La nuit est tombée. Fin du périple madrilène.

 

 

 

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