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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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13 juin 2013

DES LANDES à L'AUVERGNE... Part 3

Dans notre épisode précédent, nous profitions des 40 ans de Maître Arnaud pour tenter de comprendre pourquoi les Girondins étaient appelés "Doryphore" avant d'arriver devant un magnifique château, fermé certes, mais où eut lieu, en des temps reculés, le tournage d'un film fort célèbre.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Après de multiples questionnements sur l'origine des créneaux féodaux, nous repartons car, il faut bien le dire, même si Maître Arnaud ne s'en doute pas : on est pas arrivé les mecs, là !

 

12h32 : REPRENDRE LA ROUTE
Nous quittons le château de Roquetaillade, la tête pleine de souvenirs... si, si, si... pour prendre la direction de la Gironde-du-Nord-mais-pas-trop... disons plutôt la Gironde-du-Milieu.
Maître Arnaud est toujours en proie à d'importants questionnements qui, peu à peu, ne le lâchent plus.
Il ne comprend pas où on veut l'amener. Il ne comprend pas pourquoi il est au volant d'une Twingo sur les routes girondines. Il ne comprend pas toujours ce qu'on lui dit. Il ne comprend pas pourquoi son I-Phone ne passe pas dans ses country lointaines afin de trouver des indices à ce périple mystérieux dont il ne connaît pas du tout le but. Il en vient à se demander si tout cela n'est pas la résultante d'une manipulation franco-maçonnique ou polono-plombiste.
Il cherche des renseignements d'itinéraire et de villes d'arrivée, mais nous ne lui donnons que peu d'informations, contradictoires ou carrément hors-sujet.
Lorsqu'il nous demande si le lieu où nous nous rendons est en France, nous lui répondons que cacahuètes. Quand il pense qu'on l'emmène voir un concert, nous lui répondons que Bruxelles. Et quand il s'énerve, nous nous mettons à chanter le générique de "Silas la vie"...

Pas de questions sur le but. La route est la vie. Peut être y'a-t-il dans ce voyage une recherche spirituelle, une quête mystique ou, plus simplement, une conclusion farfelue ; comme ce périple réalisé par ce jeune cycliste de Houilles (78).
Tout de suite, notre rubrique...


UNE IDéE - UN PéRiPLE

Parla-Montcuq :
jeu de mots pour un périple de 1014 km à vélo.


Jean-Charles Loeb à son arrivée à Montcuq dimanche soir, fier d'avoir relevé son délirant défi/Photo, J.-L.G.
Jean-Charles Loeb à son arrivée à Montcuq dimanche soir,
fier d'avoir relevé son délirant défi;  photo, J.-L.G.

"De la ville de Parla, en Espagne jusqu'à Montcuq, Jean-Charles Loeb a accompli 1014 kilomètres à vélo en une semaine totalement bluffante. Retour sur son défi, son joyeux délire…
Tout a été dit et écrit sur cette commune hors du commun qui a fait le buzz avant même que le mot buzz ne soit inventé. Montcuq, dans le champ des caméras du Petit Rapporteur, Montcuq qui a désormais sa «rue du Petit Rapporteur», revient sous les feux des projecteurs de la dérision et d'un délire dont on se délecte grâce à un cycliste amateur de 35 ans, consultant en informatique, qui a décidé d'apporter son grain de sel, son grain de folie.
Il a mis en scène et en selle l'expression «Parle à mon cul…».
Plus fort que Daniel Prévost qui avait multiplié les jeux de mots, Jean-Charles Loeb donne vie à une contrepèterie en pédalant depuis la ville de Parla en Espagne, près de Madrid, jusqu'à Montcuq dans le Lot.
Cet habitant de Houilles (Yvelines), dopé à l'humour, a achevé son trajet Parla-Montcuq dimanche soir.
«Je ne suis pas cycliste, mais j'adore m'imposer des défis. J'ai acheté mon vélo pour me faire mon Paris-Nice en solitaire», explique-t-il. Son moteur, son mentor s'appelle Mike Horn qui a écrit : «L'envie de réussir doit être plus forte que la peur d'échouer». Jean-Charles en a fait l'une de ses devises.

Un sportif gastronome
«Pour moi, rien n'est impossible, il suffit d'essayer. Je me définis avant tout comme un sportif gastronome», sourit-il faisant allusion aux étapes gourmandes qu'il s'accordait chaque soir histoire de reprendre des forces… sans forcer. Son meilleur souvenir : une souris d'agneau dégustée après avoir gravi le col d'Aspin. Son prochain défi : «Je cherche. Je voulais faire Troyes Foix Sète mais je ne trouve rien qui colle avec vingt et un», regrette-t-il. Nous n'avons alors pas hésité à lui suggérer de prolonger le plaisir du rire en poursuivant son périple jusqu'à Matete, commune de la République du Congo. Il pourrait ensuite rallier la ville de Malad, dans l'Idaho aux USA et parachever son joyeux délire en réalisant Parla Montcuq Matete Malad. Mais c'est peut-être parce que sa tête va très bien, au contraire, qu'il n'a pas décidé d'aller plus loin. «Je dois reprendre mon boulot», soupire Jean-Charles.
Son clin d'œil a été apprécié. Car à la place des habituels jeux de mots laids qui faisaient du surplace en ne réinventant rien de neuf, il a préféré jouer du mollet et pédaler à son rythme avec son humour.
C'est plus fin. Plus original. On chuchote même, sous le donjon de Montcuq, que les fins gourmets de l'humour de la TV que sont les Laurent Ruquier et Cyril Hanouna et d'autres spécialistes du genre, ne seraient pas insensibles au bon coup d'humour de ce cycliste au bon coup de pédale. Il ajoute ainsi un jeu de mots dans l'histoire cocasse de la petite commune lotoise qui a trouvé avec lui l'un de ses plus fins ambassadeurs."
                                                                                     Jean-Luc Garcia, LA DEPECHE DU MIDI

 

 

Une chose est sûre, c'est que nous ne passerons pas par Sauternes et son océan de vignes, recouvrant des coteaux vallonnés. Eh non ! Un petit Sauternes là, sur le pouce, hein, vieux, avec un p'tit morceau de foie gras, accompagné de confiture de figues... hein... Hein... Ben non !
Par contre, nous n'hésitons pas une seule seconde à passer par la ville de Langon, située sur les rives de la Garonne. Dis comme ça, on ne voit ps trop l'intéret. OK, c'est une ville comme les autres, on la traverse, on ne va pas faire Midi à 14h00 dessus, surtout qu'il est 14h38.
Pourtant, tu sauras que Langon est l'un des centres viticoles les plus importants de toute la Gironde. Elle est même considérée comme la capitale des vins blancs liquoreux bordelais. Dommage que cela n'est pas donné l'idée aux élus municipaux de faire construire un grand rond-point avce une énorme bouteille de pif dessus.
Le port de Langon  -, par lequel nous ne passerons absolument pas,-  jouit d'une position privilégiée en étant situé à la sortie du Canal du Midi, à 45 km de Bordeaux et bénéficiant des marées. Il permet une halte entre les deux grands villes portuaires que sont Bordeaux et Sète pour échanges de marchandises, de vins, de bois et autres.
Sinon, la ville accueille aussi chaque année au mois de juillet le festival "Les nuits atypiques", dont le but est de valoriser la diversité culturelle en faisant découvrir des « musiques du monde », modernes ou traditionnelles, rurales ou urbaines, acoustiques ou électriques, vocales ou instrumentales, profanes ou rituelles, d’ici ou d’ailleurs. Au travers de ces musiques et de leurs esthétiques multiples, l’enjeu est la découverte de l’altérité, la sensibilisation aux différences, le rejet du racisme et de l’intolérance, la prise de conscience citoyenne. Grand festival qui, depuis 20 ans, a présenté des artistes aussi variés que Goran Bregovic, Noir Désir, Gilberto Gil, Emir Kusturica, Gotan Project, Cesaria Evora, Manu Chao, Orlando Val, Asian Dub Foudation,
Allez, on s'casse !

 

12h42 : SAINT-MACAIRE
Nous traversons la Garonne pour rejoindre le village de Saint-Macaire, cité médiévale haut perchée sur un piton rocheux et d'où les remparts dominent le fleuve. De la pierre, de la bonne vieille pierre du Moyen-Age et de la Renaissance qui recouvrent les bâtiments, les places, les murs,... TOUT !!!!
Personnellement, ce n'est pas trop mon truc de m'extasier sur un rempart de l'an 1000, ou un bout de rue étroite avec des maisons à colombages datant des XIVème et XVème siècles. Par contre, si nous avions eu un peu plus de temps, peut être nous serions-nous rendus à l'aquarium tropical du village.

poissons tropicaux
Photo : Regards du monde

Entièrement aménagé dans les caves moyenâgeuses d'une demeure de la place de l'Horloge, la grande technologie de ce musée des Mers du Sud permet de voir un grand nombre d'habitants des eaux tropicales : des chatoiements extravagants des poissons multicolores à la paresse bonhomme des tortues marines ; sans oublier le fameux piranha !

 


12h46 : SAINT-MAIXANT
Nous avançons dans une bande de terre qui n'en est pas vraiment une, mais que je baptise ainsi car elle se trouve entre deux importants cours d'eau : la Garonne et la Dordogne. Nous approchons de notre prochaine étape, complètement décalée, complètement inattendue.
A hauteur de Saint-Maixant, un rond-point nous rappelle que nous ne sommes pas loin du Château de Malagar...

Saint Maixant, rond-point (33)

...dernière demeure de François Mauriac (1885-1970). De sa célèbre terrasse, on voit la ligne sombre des pins de la forêt des Landes qui était si chère à l'écrivain, membre de l'Académie Française (fauteuil 22) et prix nobel de littérature en 1952.

1310296-François_MauriacEngagé, il prit part à bon nombre de combats politiques. Grand interprète de la vie provinciale, François Mauriac dépeignit aussi les souffrances du chrétien troublé par les questions du monde moderne. Contrastant avec son œuvre romanesque, son activité de journaliste révéla un polémiste au ton volontiers voltairien.
Sous l'Occupation, après quelques hésitations devant la Révolution Nationale lancée par le maréchal Pétain, il publia en 1941, La Pharisienne, qui peut se lire en creux comme une critique du régime de Vichy et qui lui vaudra d'être désigné comme « agent de désagrégation » de la conscience française par les thuriféraires de l'Ordre Nouveau.


Mais ce n'est pas à Malaga que nous nous rendons. Ni même au château de Malromé qui hébergea une autre personne célèbre.
"- Laquelle ?", me demanderas-tu.
"- Ah, ah, ah !", te répondrais-je.
Non : nous, nous rendons au discret petit village de Verdelais. Ah, ça sonne bien, Verdelais. On se croirait à l'heure du goûter.

 

12h48 : VERDELAIS
Alors, oui, cher lectrice-teur, tu peux te dire :
TOI : "- Putain, mais c'est super glauque votre truc là !? Pour les 40 ans d'un ami, vous l'emmenez dans un cimetière ?! Pourquoi pas faire une tournée des maisons de retraites et des hôpitaux psychiatriques aussi ?!"
Et là, je te réponds :
MOI : "- Oui, c'est prévu, mais plus tard."

Eh oh, ça va ! On n'est pas à chaque fois obligé de voir le côté macabre, lugubre et obscur du cimetière avec ces multiples tombes et cercueils reposant sous terre pour des siècles et des siècles amen.
Personnellement... oui, je sais, ce n'est pas mon anniversaire... j'aime bien me rendre sur les tombes des gens célèbres. Cela permet un recueillement "historique". Comment dire ? T'es là, face à un lieu définitif où repose une femme, un homme, un enfant, un nain, un chien... qui a marqué l'histoire politique, ou culturelle, ou artistique, ou culinaire, ou astrologique de la société.
Tu as parcouru beaucoup de kilomètres pour arriver là ; alors tu dois te demander pourquoi !
Pourquoi cet être humain a marqué le monde ? Comment ? Quelles influences sur la vie actuelle ? Quel a été son parcours ? Quelles sont ses actions, son talent, son originalité, etc. ? Que reste-t-il ?
Certains tombent par hasard sur la tombe d'une personne célèbre. Ils sont là, dans le cimetière où est enterré un de leur proche et PAF d'un coup, il tourne la tête et remarque que ce proche qu'ils sont venus honorer est enterré juste en face de...

Coïncidence de la vie... enfin de la mort, dirons-nous plutôt.
Et d'ailleurs... je ne sais pas pourquoi j'écris 'd'ailleurs" ici, mais bon, c'est fait... Et d'ailleurs, l'autre jour, alors que je me promenais sur Internet car il faisait un temps de chien depuis trois mois dehors, je suis tombé sur une autre vidéo fournie par Youtube et un homme au pseudo étrange : Ami60545.
Apparemment, son truc à lui est de faire du footing et de construire "une oeuvre vidéo" en se rendant dans les différents cimetières de France, d'Europe et du monde pour dire quelques mots à côté de chaque pierre tombale.


Mais regardons quelques extraits !

 

Hommage à Jean Yanne

Hommage à C. Jérôme

Hommage à Carlos

 Hommage à Albert Roussel

Hommage à Raymond Lefebvre

Hommage à Guy Lux

Hommage à Romy Schneider
(le petit plus : lis donc le commentaire laissé par Smilesanda sur la vidéo)

Hommage à Joe Dassin

 Hommage à Johnny Ramone

Et une de mes préférées,
hommage à Hergé

 

BREF ! Maître Arnaud n'a pas le choix !
C'est son anniversaire et on fait ce qu'on veut ; et ce que nous voulons là, à 14h45 de l'après-midi, c'est l'amener dans ce cimetière. Et nous entrons dans le petit cimetière de Verdelais en prenant soin de cacher le nom de la personne que nous allons (ne pas) voir...

Barrée

Maître Arnaud avance d'un pas décidé. Il se pose plein de questions, comme "Mais la tombe de qui va-t-on voir dans ce cimetière de Verdelais :  Willy Ronis ? Pierre Chareau ? Ray Harryhausen ? Murray Head ?" ou encore "Est-ce que j'aurais du réseau pour mon I-phone dans ce putain de cimetière ?" ou "Quelle bande de saligauds, tous ces kilomètres pour aller dans un cimetière, c'est vraiment une surprise d'anniversaire de merde, je ne veux plus jamais les revoir dès que cette putain de journée sera finie !"
Nous marchons, nous marchons au milieu de ces multiples tombes dont nous ne connaissons pas les noms ni les vies antérieures. Peut être passons-nous devant quelques héros anonymes qui ont, finalement, su le rester.
Et puis, et puis... nous arrivons devant la tombe de... DEMIS ROUSSOS !!!

Non j'déconne ! Nous arrivons devant la tombe de... de... de...
HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC.

Eh oui.
Maître Arnaud se penche, regarde le nom sur la pierre tombale, se relève, émet quelques mots "Ah oui, ah oui, c'est rigolo, lol, mdr, tkt, lol, mdr, ah oui."
Il joint alors ses deux grandes mains pour les placer ensuite dans son dos dans une pose solennelle rappelant un peu DSK...

 

NOTRE CHRONIQUE IMPROMPTUE
Et si nous allions au cinéma plutôt qu'au cimetière !

Aujourd'hui, à l'affiche :
Dominique 3D

SYNOPSyS: Plus qu’un biopic ! plus qu’un film en 3D ! L’ex-leader du FMI au passé trouble enjoint pendant 1H30 l’auditoire féminin à mettre les lunettes parce que “ça lui fout la trique” des femmes avec des lunettes.

L’AVIS LIQUIDE: Après avoir vu le “biopic” de Margaret Thatcher avec Meryl Streep et attendant impatiemment le “REAGAN” de Claude Lelouch avec Berlusconi dans le rôle-titre, je me suis laissé tenté par ce film de Ferrara. J’ai été surpris par le côté fleur bleue du
film : en effet, Dominique Strauss Kahn y apparaît non seulement comme un être humain , mais en plus un être humain qui arrive parfois à ne pas violer des gens qui lui disent “non”. Une belle réussite.
  CINé LIQUIDE

 

 

Revenons à Verdelais. Il fait beau. Ciel bleu dominant le cimetière. Là, devant nous, la tombe de Toulouse-Lautrec.
Alors, pour certains non-érudits, Toulouse-Lautrec est ce gars un peu nain et alcoolique qui faisait caca sur la plage du Crotoy en Picardie en 1898... 100 ans avant que la France ne devienne championne du monde de football, mais ça n'a rien à voir...

Henri-Toulouse-Lautrec-plage-chie
Photo : La boite verte


Ces photos prises par le galériste Maurice Joyant -, juste avant que le peintre ne rentre en cure de désintoxication, ont ensuite été éditées sous la forme de cartes postales par les deux protagonistes. Ainsi, tu pouvais envoyer un message à tes amis avec cette photo en laissant quelques mots au recto, comme "Il fait beau, la plage est magnifique. On pense bien à vous" ou encore "Magnifique région et sublimes balades pendant lesquelles nous allons de découvertes en découvertes." ou encore "Grosses bises du Crotoy !".

 

MAIS TOULOUSE-LAUTREC,
CE N'EST PAS QUE çA !

 

Alors, recueillons-nous face à la tombe du peintre-lithographe, affichiste. D'une taille de 1,52 mètres, Henri de Toulouse-Lautrec avait décidé de s'étourdir dans la vie. Riant de son infirmité, compensant par le génie ce que le physique ne lui avait pas donné, il se jetait sur les toiles avec avidité...

 

HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC
(1964-1901)

072

"Henri de Toulouse-Lautrec voit le jour à Albi, le 24 novembre 1864. Silhouette disgracieuse et courtes jambes torses, Lautrec apparait comme un "tout petit forgeron à binocle. Un petit sac à compartiment où il met ses pauvres jambes." (Jules Renard). Ce physique d'infirme résulte d'une maladie génétique probablement due au mariage consanguin de ses parents, Adèle Tapié de Céleyran et Alphonse de Toulouse-Lautrec, qui sont cousins germains (issus eux-mêmes d'une longue série de mariages consanguins).

Toulouse LautrecUne lourde hérédité pèse sur le jeune Henri : de santé fragile, il ne peut poursuivre normalement ses études au lycée Fontanes à Paris, où il était inscrit.
L'adolescence révèle ses problèmes, et accroit une fragilité osseuse, la pycnodysostose, à l'origine de deux factures aux jambes en 1878.
Une troisième, puis une quatrième factures en 1791 l'empêchera à jamais de remonter sur un cheval.

Après 1880, il ne grandira plus : il ne mesurera jamais plus de 1,52m. Henri doit renoncer à la vie de grand air, aux parties de chasse et aux rêves de cavalier.

 

 

 

C'est sûrement grâce ou à cause de cet immobilisme forcé que le jeune homme fait ses premiers essais en peinture. Il commence sa carrière comme peintre animalier. De Nice à Barèges, en passant par Amélie-Les-Bains ou Lamalou, il trompe son ennui en dessinant des bateaux, des chiens et surtout des chevaux qu'il fait galoper sur les pages de ses carnets d'esquisses. C'est son père, grand cavalier, qui lui transmit l'amour des chevaux (...).

 

Le chat   margot
perroquet_lautrec(3)   Cheval blanc gazelle (1881)

L'un des premiers portraits qu'il donne est celui de son père en 1881 exprimant sa nostalgie. Déguisé en circassien, il tient sur son poing gauche un faucon qui déploie ses ailes. La composition ascendante, l'image du cavalier maitrisant sa monture avec aisance se détachant sur le bleu du ciel, traduisent l'admiration qu'Henri porte à son père, et sans doute le regret de ne plus pouvoir partager cette passion équestre avec lui. (...)

Princeteau dans son atelier (1881)Habitué, dans un milieu familial de grands hobereaux provinciaux oisifs, à oir ses oncles et son père dessiner, c'est tout naturellement que le jeune Henri a développé son talent. Un ami de la famille, René Princenteau, lui dispense conseils et leçons : l'adolescent fréquente son atelier en 1878 et en 1881. cependant, dépassant l'art de son maitre, Lautrec fait rapidement preuve d'une grande virtuosité. (...) En 1882, Princeteau l'incite à entreprendre un apprentissage classique, que Lautrec entame dans l'atelier de Bonnat avant de s'inscrire dans celui de Fernand Cormon. Peintre académique de scènes d'histoire ou de mythologie, ce dernier enseigne à ses élèves le dessin et la composition tout en les incitant avec libéralité à peindre en dehors de l'atelier.
Avec ses amis rapins, Louis Anquetin, Emile Bernard, puis Van Gogh, Lautrec s'intéresse au travail des impressionnistes, puis aux recherches nouvelles des néo-impressionnistes. Il se passionne pour le japonisme et les estampes, et met au point le proccédé d'une peinture diluée à la térébenthine et réalisée du bout du pinceau sur fond de carton, technique qui lui devient propre et lui permet d'associer immédiatement dessin et couleur.

LoIe Fuller Par Toulouse Lautrec Madame Lucy toulouse-lautrec-dessin-1
Loïe Fuller (1895)                                   Madame Lucy (1896)                                Femme remontant son bas (1894)

Le milieu montmartrois, où se trouve l'escalier de Cormon et où il évolue, le marque également peu à peu et infléchit sur sa carrière : ses amis et lui-même fréquentent ce quartier encore marqué par les traces du monde rural, peuplé de marginaux, qui est en passe de devenir un lieu en vogue. Les bals populaires fleurissent sur la butte : le premier d'entre eux, le Moulin de la Galette, a été évoqué par Renoir dès 1876 ; l'Elysée-Montmartre, sur le boulevard Rochechouart, a une clientèle plus élégante ; en 1889 nait le Moulin Rouge.

1la_goulue      Toulouse-Lautrec_Danseuses_5098

Lautrec peint
Toulouse-Lautrec peignant Le Moulin Rouge (1890)


Dans ces lieux de divertissement, bourgeois et hommes du monde viennent s'encanailler. Une bohême libre et intellectuelle se retrouve dans les cabarets artistiques pour écouter chansons et poèmes : au Chat Noir, fondé en 1882 par Rodolphe Salis, Lautrec admire les premières pièces de théâtre d'ombres, et aux côtés de Wilette, de Steinlen, plonge dans un milieu anarchique et satirique. Aristide Bruant ouvre le Mirliton en 1884 ; il y déclame ses chansons qui content les histoires de prostituées ou de voyous.
Lautrec ne rompt cependant pas avec sa famille : il habite alors le 19bis rue Fontaine, chez Albert Grenier, puis en 1887, 19 rue Fontaine, avec son ami le Docteur Bourges ; sa mère prend un appartement dans le quartier pour être près de lui. Dan sson atlier, rue caulaincourt, son père dispose d'une pièce. (...)

aristide bruantC'est pour le journal du Mirliton que Lautrec livre en 1885 son premier dessin de presse.
Il sera suivi de nombreuses autres illustrations pour les journaux et périodiques qui abondent en cette période d'expansion de la presse. (...)
Chacun de ses dessins, simple caricature, ou travail abouti, met en évidence la sureté de trait de l'artiste, son sens du mouvement. (...)

 

Si Toulouse-Lautrec est sensible aux recherches de ses contemporains sur la couleur et sur la ligne, il privilégie dans son travail le sujet, et atteint dans l'art du portrait une virtuosité exceptionnelle : "Seule la figue existe", affirme-t-il péremptoirement. (...)

A partir de 1893, Toulouse-Lautrec a déserté de plus en plus fréquemment les divertissements populaires de Montmartre et s'est ouvert à d'autres milieux. Le cercle de ses fréquentations comprend également des milieux intellectuels. (...) Poussé par ses besoins physiologiques, mais également enthousiasmé par la liberté de mouvement et d'attitude des prostituées, chez qui il apprécie un naturel que n'ont pas les modèles professionnels. Lautrec fréquente assidument la maison de la rue d'Amboise, puis celle de la rue des Moulins, où il va séjourner. De nombreuses peintures évoquent la prostitution ; toutes sont remarquables par la vision réaliste, sans misérabilisme, mais sans agressivité qui s'en dégage. Les femmes sont saisies dans leurs occupations quotidiennes, dans leur intimité, au repos, attendant le client, et l'homme est pratiquement toujours absent de la scène. (...)

inspection médicale (1894) Toulouse-Lautrec
Inspection médicale (1894)                                                       Seule (1896)                       

Lautrec s'est souvent inspiré des couples de lesbiennes. Ce thème était courant dans les estampes et les photographies pornographiques de l'époque, dont le peintre était un amateur friand. Les lesbiennes fascinaient à un point tel que, dans les maisons closes spécialisées comme La souris, les clients payaient pour observer des couples de femmes. Lautrec leur a consacré des toiles aux noms suggestifs tels que Le baiser, Dans le lit ou Les deux amies. Curieusement, elles ne sortirent que rarement de son atelier, comme si l'artiste voulait les avoir en permanence sous les yeux.

le baiser    les deux amis
Le Baiser (1892)                                                             Les Deux amies (1895)

Un changement se produit dans l'art de Lautrec à partir de 1899, dont La modiste (1900) témoigne pleinement. L'artiste y joue avec subtilité de la lumière, dans un clair-obscur qui pourrait rappeler Rembrandt, accordant une attention plus marquée aux valeurs et aux tonalités. Son modèle est Mademoiselle Louise Blouet d'Engin.

la modiste"Ivresse chromatique qui enveloppe la jeune femme, pauvreté du décor. La lumière éclaire un visage sensuel et doux, l'obscurité cache le cadre d'une activité, d'un métier plus austère qu'on ne croit.
On ne saura rien des pensées peu joyeuses qui étreignent notre héroïne, Toulouse-Lautrec a su saisir l'instant où la faille apparaît. La fêlure qui fait douter d'un bonheur possible.
Le monde de ce peintre connaît la fausse joie des professionnels de la nuit. Cette gaieté feinte, fabriquée, destinée à divertir le fêtard ; ce rire qui pue le vin, ces blagues lancées grassement à la cantonade, dans le brouhaha d'un cabaret.
Plus avisé encore, Lautrec peint "l'après". Le spectacle est fini, on se rhabille. Les rires ont cessé, il ne reste que le corps nu qui cherche les vêtements de tous les jours, il ne reste qu'à retourner à son modeste emploi de modiste.
Dans un bref instant de songe, entre deux clientes, l'imagination reconstitue ce monde de la nuit attirant et lénifiant. Il faut attendre le soir qui vient vite pour pouvoir à nouveau faire tomber les barrières entre la vendeuse et celle qui achète, entre la petite employée et la bourgeoise."  Olivier le Tigre


Cette véritable remise en cause de son style intervient après un épisode dramatique dans sa vie. En effet, usé par le travail, rongé par la syphillis et par les excès d'alcool, il est en proie à la fin de 1898 à des crises d'éthylisme au cours desquelles son comportement est incohérent.
Sa mère et ses proches décident de le faire interner dans une clinique privée près de Neuilly.
Frappé par ce qu'il considère comme un emprisonnement, il subit cette désintoxication forcée et se remet au travail : il produit, de mémoire, une extraordinaire série de dessins sur le cirque afin de prouver qu'il a retrouvé son équilibre. (...)

cirque-toulouse-lautrec    cirque-toulouse-lautrec A

En 1900, Lautrec, très fatigué, décide de passer l'hiver à Bordeaux. Il y suit les représentations de Messaline, dont il évoque les acteurs et le décor dans des tableaux construits à partir de masses colorées rouges et vertes.
En 1901, de retour à Paris, il exécute l'une de ses dernières toiles, Un examen à la faculté de médecine, dans cette manière picturale que nous avons déjà évoquée pour La modiste. On peut penser que ce choix fait écho aux inquiétudes de Lautrec quant à son état de santé.

un examen à la faculté de médecine


Et, en effet, après un court séjour à Paris au cours duquel il met de l'ordre dans son atelier, le peintre se rend à Taussat, où il est victime d'une attaque. ramené auprès de sa mère au château de malromé, il s'y éteint le 9 septembre 1901, à l'âge de 37 ans."  
                                                                                                              LE GUIDE DU MUSEE D'ALBI

 

Nous ressortons du cimetière pour tomber nez à clocher avec la basilique Notre-Dame-de-Verdelais.

073 074

Un admirable retable à colonnes occupe le choeur de l'édifice. Ses murs sont tapissés, non pas de dessins du peintre Toulouse-Lautrec (oui, faut pas exagérer non plus !), mais de splendides ex-voto représentant des guérisons miraculeuses. Celle-ci est censée protéger les affligés. Est-ce pour cela que Toulouse-Lautrec le disgracié et Mauriac le tourmenté séjournèrent chacun un temps dans son ombre ?
La basilique est en effet connue pour la fréquence de ses miracles qui s'y déroulent. Un important pèlerinage a lieu chaque 15 août. Ce jour-là, les pèlerins gravissent le mont Cussol en suivant les différentes stations du chemin de croix arrivant au calvaire situé au sommet du mont.



13h06 : LE CHÂTEAU DE MALROMé...au loin
Nous reprenons la route. Au loin, nous pouvons voir le château de Malromé, dernière demeure du peintre qui y mourut à l'âge de 37 ans et qui aimait y peindre des jours durant. Mais ce qu'il aimait aussi, c'était de partir dans les bois environnants pour s'adonner aux joies du tire-à-l'arc.
Si nous étions entrés dans cette noble demeure, nous aurions peut être été frappés par la diversité des styles architecturaux ainsi que la chambre de Toulouse Lautrec tendue d'étoffes et un bureau décoré des dessins du peintre. Mais nous ne sommes pas entrés et nous continuons.

 

13h08 : REMONTONS LA GARONNE
Voilà, c'est dit. Ce n'est pas spécialement beau. Il y a le fleuve à notre gauche et des vignes à droite.

 

13h16 : CADILLAC
Ah oui, ce nom de ville pète comme une chanson de Johnny Hallyday ! On a envie de monter sur une grosse bécane, bouffer du moucheron avec des lunettes de soleil-miroir et gueuler un bon coup : "Cadillllaaaacccc !"
On peut également penser à l'un des chanteurs du groupe Stupéflip qui, pareil, aime bien gueuler en s'en péter les cordes vocales pour vomir du sang !


Stupéflip à Mourenx

Et, plus classique, hein, ben oui, Cadillac, hein... "Le corniaud", "Pink Cadillac"... Oui, ok, d'accord, Cadillac, la bagnole !
On peut alors se demander : "Mais y'a-t-il un rapport entre la bagnole et ce village plein de murs située sur les rives est de la Garonne, non loin de Bordeaux ?"

 

1959_cadillac_eldorado-pic-33080 cadillac ville
Photos : CarGurus et Sud-Ouest

Eh bien oui !
Car même si la Cadillac est une voiture complètement américaine, fabriquée en Amérique par des Amércains pour des Américains qui fument le cigare et rouler-polluer dans les rues américaines ; saches que la firme américaine, filiale du groupe General Motors, a donné ce nom à cette voiture -, et donc à son entreprise de construction autmobile-, en hommage à ce Français qui fonda la ville de Detroit (prononcez Détroille) ; ville où sont construites les Cadillac.
"Mais qui était ce Français qui fonda la ville de Detroit, c'est incroyable, je ne savais pas, c'est fabuleux ?", me demanderas-tu.
Eh bien, saches que ce Français était un aventurier qui arriva à l'âge de 25 ans en Amérique, en l'an de Grâce 1683. Il quittait alors son nom d'Antoine Laumet pour devenir Antoine de Lamothe-Cadillac.

Statue de Lamothe-Cadillac, Detroit
Photo : Patrimoine, statue et plaque

Comment est-il arrivé à Detroit ? Comment fonde-t-on une ville comme ça ? Eh bien, je te laisse chercher car, nous, pour l'instant, nous ne voyons pas trop le rapport entre la bagnole de luxe et la ville que nous traversons.
Beaucoup de murs. Hauts et de pierres jaunâtres. Des barbelés sur leurs hauteurs. Des guérites.
L'historique de la ville nous dit pourtant qu'en moins d'un siècle, pas moins de trois rois de France se sont attardés en ces lieux. En 1565, Charles IX et sa mère Catherine de Médicis y ont fait halte pendant deux jours. En octobre 1617, c'est au tour de Louis XIII d'honorer Cadillac de sa visite pour en admirer le château d'Epernon. Enfin, an août 1659, alors qu'il va chercher son épouse à Saint-Jean-de-Luz, Louis XIV s'y arrête pour prendre quelque repos, puis y reviendra lors de son retour vers Versailles, l'année suivante. Elle parle également d'un "cimetière des Oubliés" (encore appélé "Cimetière des Fous"), où sont enterrées des centaines de "gueules cassées" de la Première Guerre Mondiale.
Mais Nathalie n'a que faire de toutes ces histoires. Ce qui la fascine aujourd'hui, c'est que cette ville abrite l'un des plus importants centres hospitaliers spécialisés dans la charge des maladies mentales. Parait-il, même, que certains patients se promènent librement dans le village...
A ces mots, Maître Arnaud ne sait que dire. "Oui d'accord, c'est rigolo..."
Nous voyons bien que quelques perles de sueur coulent le long de son front et ce n'est pas du qu'à ce magnifique soleil ambiant. Ses mains sont moites et glissent parfois dangereusement du volant. Nous avançons dans les rues du village. Nous croisons quelques passants, mais impossible de savoir s'il en sont ou non. Même sans vouloir faire preuve de curiosité malsaine, nous nous demandons si nous allons voir de ces personnes. Est-ce que nous allons les reconnaitre ? Est-ce qu'elles auront des signes particuliers ? Auront-elles des comportements étranges ? Seront-elles agressives ? Ne vont-elles pas se jeter sur le Kangoo ? Ne vont-elles pas se mettre à hurler ou à s'immoler ? Quel suspence insoutenable !!!!
Nous continuons d'avancer sans trop savoir où nous allons. Ces murs, ces murs !!!! Ces maigres trottoirs longeant ces murs, ces murs, CES MURS !!!
Et puis, tout à coup, plus de maisons, plus de fils barbelés, plus de guérites. Nous sommes dans les vignes, dans la verdure.

A présent, nous allons tenter de rattraper un peu de notre retard car, il faut décidément bien le dire : on est carrément à la bourre sur le timing, ça craint !

 

DANS NOTRE EPISODE PRECEDENT

C'est bien beau de dire qu'on est à la bourre, mais encore faut-il se donner les moyens de rattraper le temps. est-ce que cela sera-t-il possible ?

 

 

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