LA CABANE DU BOUé (64)
Dans l'épisode précédent, qui n'était pas vraiment en rapport avec le billet qui va suivre maintenant et que l'on ne peut donc pas réellement considéré comme la suite de ce qui a été écrit juste avant, mais on fait comme on veut en même
temps ; je veux dire par là que si, toi lecteur, tu veux considérer que ce billet qui porte le titre "La cabane du Boué" est la suite du billet "Le lac de Lhurs", tu peux, mais, entre nous, tu n'es pas obligé.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Il fait beau, il fait chaud et je suis toujours dans les montagnes pyrénéennes du côté du petit village de Lescun, 179 habitants, appelés Lescunoises ou Lescunois.
Après la petite randonnée de six heures réalisée la veille pour atteindre le sauvage lac de Lhurs qui, en cette saison et en cette année pluvieuse, présentait un paysage magnifique composé de neige et d'eau....
...je décide de poursuivre la visite de ce coin des Pyrénées en me rendant à la cabane du Boué.
Re-situons-nous géographiquement !
Tu vois Bayonne ?
Bon, eh bien nous ne sommes pas du tout là ! Tu oublies complètement la côte basque pour te diriger vers l'Est... Pas jusqu'à Nice, ni jusqu'à Marseille, ni jusqu'à Collioure, ni jusqu'à Bugarach... Non, tu t'arrêtes avant !
Tu vois Pau, Henri IV, poule-au-pot ? Très bien. Eh bien tu descends vers Oloron-Sainte-Marie-chocolat-Lindt. Tu continues, tu continues, tu continues en direction du Sud où le temps dure longtemps mais où l'on peut vivre plus d'un million d'années. Traversée de villages, comme (Guy) Bidos, (Doux comme un) Agnos, Asasp-Arros (j'ai rien trouvé !),...
Et là, attention :
tu passes à Sarrance, bien connu pour son caillou qui fait la météo...
Tu entres à présent dans la vallée d'Aspe. Majestueuse, cernée par des montagnes culminant jusqu'à une hauteur de 2669 mètres ! Elle te donne cette impression de s'offrir à toi en t'ouvrant grandes ses portes rocheuses... Mais non !
Tu continues, tu passes (Guy...encore !) Bedous, Accous, un rond-point sur lequel les ponts-et-chaussées n'ont rien mis alors qu'il y aurait tant de choses représentatives de cette vallée à poser sur ce cercle de circulation. Je sais pas moi : des moutons, un saucisson géant de Mme Chastagnot, une bière belge de Borce, un mannequin de Marcel Amont, un énorme fromage fermier, une réplique du fort de Portalet avec un une photo du Maréchal Pétain, un ours en cage,... UN TRUC QUOI ?!
Il faut bien que cet espace libre sur rond-point serve à quelque chose.
REGARDONS ENSEMBLE QUELQUES RONDS POINTS D'AILLEURS...
Hagetmau Saint-Jean-De-Maurienne
Mais bien sûr ! C'est ça qu'on veut ! C'est pour ça que l'on voyage ! C'est pour ça qu'on bouffe du bitume, bordel !!!! Donnez-nous des beaux ronds-points !!!
BREF !
Tu roules, tu roules, tu roules eeeeetttttttt TOP ATTENTION : TU TOURNES A DROITE MAINTENAAAAAAANNNNNTTT !!!!!!
A présent, tu pour t'aventurer dans une magnifique route à lacets qui te fait passer d'une altitude de 370 mètres à une hauteur de 900 mètres ! Tes oreilles se bouchent, tu respires mal, tu as envie de scander des chants tyroliens ! Bravo : tu es victime du mal des montagnes. Bon courage à toi. Nous, on continue pour arriver au charmant village retiré et isolé de Lescun, là sur son flanc de montagne, face -on ne le dira jamais assez- à l'un des plus beaux cirques pyrénéens.
MAIS C'EST PAS FINI !!!
Pour rejoindre le départ de la randonnée que nous allons effectuer aujourd'hui, il nous faut encore monter, monter, monter, monter, monter... encore un, parce que c'est vraiment très haut... monter !!!
Nous croisons alors quelques scènes typiquement montagnardes, prises sur le vif, comme...
Non, ceci n'est pas une photo pour le calendrier des Postes
Si tu regardes d'un peu plus près, tu verras que ce cheval solitaire a cinq jambes.
Nous montons, nous montons, nous montons... 920m, 1000m, 1012m, 1112m, 1212m...
Peut être que ton seul tympan encore en vie explosera littéralement sur le pare-brise... Peut être que tu ne pourras plus t'empêcher de rires en pensant à cette devinette stupide.
DEVINETTE STUPIDE
Qu'est-ce qui est dans la montagne et qui est transparent ?
Un troupeau de vitres.
ET SOUDAIN, sur ta droite, un panneau indique le début de la randonnée. "Cabane du Boué : 1h10".
Saches que nous sommes à ce moment précis-exact-maintenant-présentement... c'est marrant : à chaque fois que j'écris ou que je prononce mot, "Présentement", je pense à Michel Leeb. Y'a des mots comme ça qui sont collés à des hommes, c'est incroyable !
BREF !
Saches que nous sommes maintenant à une altitude de 1362 mètres très précisément ! Il nous faut alors descendre de la voiture puisque nous sommes venus en voiture. Mais si nous étions venus à vélo, il aurait fallu que nous descendions de vélo. Et si nous étions venus en skate-board, on aurait été vraiment cons parce que monter ce dénivelé de 800 mètres en skate, il faut vraiment être débile !
Pour expliquer et géolocaliser ce premier périple,
regardons la carte...
On est quelque part là-dedans !
Maintenant, je prends mon sac à dos. Je lace mes chaussures de montagnes... Oui, je préfère continuer seul, excuse-moi !
Je m'arme d'une casquette "Guinness", mais avec modération. Je pars sur un petit sentier qui s'enfonce de prime abord dans une forêt accueillante, répondant au doux nom de "bois d'Arce"... Arce, ça ne me fait pas penser à Michel Leeb, mais à "Sarse", et plus précisément "Vieille sarse", qui est un einsulte typiquement nivernaise, ou pas, dont je ne te dirai pas la signification ici, en hommage à Joseph Gayetty.
En tout cas, cette forêt du bois d'Arce propose un véritable feux d'artifices de couleurs principalement vertes...
...mais d'un vert, D'UN VERT !!!
Lumineux ! Pur ! Tendre !
Détonnant sur ce ciel bleu azur !
Une belle montée m'invite à prendre le temps d'observer ces petits détails que dame Nature sait offrir au détour d'un regard, comme cette petite sculpture de mousse fanée...
...qui me fait penser, non pas à Michel Leeb,
mais à Siensienne !
Oui, ben c'est comme ça !
Des fois, t'es dans les bois et puis bon, l'esprit, les connexions, tout ça, c'est le bordel !
J'arrive sur une crête. La vue est complètement dégagée pour permettre de se poser une dizaine de minutes devant le cirque de Lescun...
C'est beau. On peut remarquer l'espacement des habitations, dispersées dans la montagne. Fermes et maisons particulières s'y côtoient avec espace.
Quelques mètres plus loin, j'atteins une crête d'où l'on peut voir la silhouette lointaine et facilement reconnaissable du Pic du Midi d'Ossau et son sommet découpé. Par contre, je n'avais pas un zoom photographique assez fort, donc pas de photo.
Au-dessus de ma tête, un oiseau plane. Ailes grandes ouvertes, il se laisse porter par le vent assez fort en cet endroit. Est-ce un gypaète barbu, ou un vautour fauve, ou un aigle royal (non !), ou un pic noir, ou un chocard à bec jaune ?
Photo : Jules Fouarges, Oiseaux.net, oiseaux de proie
J'sais pas.
J'entre à nouveau dans les bois, et plus précisément dans la forêt d'Anitch, peuplée principalement de hêtres. Je ne comprends pas trop la randonnée puisque je dois normalement atteindre un point élevé et je me retrouve à descendre. Chants d'oiseaux et bruissements de feuilles se mêlent harmonieusement aux couleurs toujours vertes intenses. Je croise une petite résurgence. Parfums de mousse et glouglou mélodieux, un endroit idéal pour se poser et lire quelques haïku bien frais...
LA MINUTE ZEN
Dans l'eau que je puise Quand le jardin
scintille le début fut balayé de frais
du printemps tombèrent des fleurs de camélia
Ringaï (Munier) Yaha (Munier)
soleil paresseux, fine pluie
esprit en coton
Ouvrir un tiroir Affalé au sol
voir le scarabée vert le cerf-volant
et se dire Chance était sans âme
Kubonta
le présent qui file
comme du sable entre les doigts
dans chaque grain, un monde
Retrouves d'autres délassants Haïku ici :
H.A.Ï.K.U.
STOP !
Continuons notre chemin !
Après cette rencontre et cette descente forestières, j'arrive à hauteur du petit ruisseau portant le nom de Copen qui se prononce "copain comme cochon", une expression qui peut te faire penser aux "Bronzés font du ski", mais, une fois de plus, tu es libre et tu n'es absolument pas obligé !
Ce ruisseau semble déchirer la forêt pour y laisser passer une vision de ciel bleu...
Même si l'objectif n'est pas loin, je ne peux résister à l'envie de me poser pour ouvrir le sac à dos et en sortir le sauciflard accompagnée d'une bonne moussante. Histoire d'écouter paisiblement cet eau s'écouler le plus naturellement du monde au milieu de la verdure et des quelques fleurs environnantes.
C'est dans ces moments là que j'arrive à ne penser à rien.
Et là, tu me dis : "- Ouais, eh oh Jénorme ! Et la guerre dans le monde ?! Et pis la famine ? Et pis toutes ces injustices ?! Et pis la montée du chômage ?! Et pis l'Etat qui nous pompe notre pognon, t'y penses ?! Et Jean-Jacques Goldman qui n'a pas sorti un album depuis 12 ans ?! Mais, mec, quoi, oh, réveilles-toi ?! Merde ! Tu vas pas faire comme ce mec qui a tenté un record à la con ????!!!"
LE RECORD à LA CON DU JOUR
et meurt violemment au bout d’1 minute 20.
"Quand une tentative de record du monde vire au drame. En début de semaine, Dick Paulson, 20 ans, se lançait dans un pari fou : essayer de vivre un an sans respirer et ainsi battre l’actuel record d’apnée détenu par le danois Stig Severinsen en 22 minutes. Dick Paulson s’était même entrainé pendant plus de 3 mois pour réaliser cet exploit. Seulement voilà, le rêve a très vite tourné au cauchemar quand Dick a finalement perdu la vie au bout d’une terrible agonie qui aurait duré près d’1 minute et 20 secondes selon les légistes qui ont autopsié la dépouille du garçon. Recit.
Une contre-performance
Tout était pourtant prêt. Dick Paulson se disait « au top de sa forme » quelques secondes avant le début de son quasi-record. Un juge était présent pour valider la performance, les proches et les moins proches de Dick avaient fait le déplacement pour l’encourager. Sa famille s’était même cotisée pour lui offrir un caisson sans oxygène dans lequel il pourrait tenter de repousser les limites de l’apnée en toute sérénité. C’est donc dans ces conditions idéales que celui que sa petite-amie appelait « l’étoile de Rapid City » s’est élancé lundi matin dans un joli défi qui est finalement devenu un tragique fait divers.
Car très vite après le début du record, le jeune américain originaire du Dakota se met à se tordre, il gesticule avec frénésie. Malgré cela, toutes les personnes qui l’accompagnaient au moment de ce fiasco n’ont pas su décrypter ce qui semblait être en fait des signes de détresse : « On a cru qu’il bougeait dans tous les sens pour se détendre, que c’était un genre de technique de relaxation, un truc comme du Yoga. On aurait du réagir plus vite. » confie Barry White, juge officiel du Guiness World Records.
Car c’est seulement au bout de 7 heures que Barry White ainsi que les proches de Dick présents sur place se mettent à avoir des doutes : « Il avait définitivement arrêté de gesticuler à peu près 1min20 après le top départ. Ça faisait donc un petit moment qu’il ne donnait plus aucun signe de vie. On a tapé à la porte du caisson pour voir s’il dormait mais comme il ne réagissait pas on a décidé d’arrêter le record et d’intervenir. » nous raconte Jenny, la sœur aînée de Dick.
Le personnel médical prévu dans le cadre de ce genre d’épreuves se précipite alors auprès de Dick Paulson. Les médecins constatent alors l’absence de toute réaction de l’apnéiste mais par précaution et après plusieurs minutes de concertation, ils choisissent pourtant de ne pas stopper l’épreuve et remettent le jeune homme dans son caisson : « Dans le doute, nous n’avons pas voulu l’empêcher de réaliser son record jusqu’au bout. Ça aurait très bien pu être une forme de décès temporaire et momentané. On ne voulait pas lui gâcher son rêve. » se justifie ce médecin. « Dans la mesure où il n’y avait aucun indice d’une quelconque reprise de respiration, il n’y avait aucune raison d’arrêter le record. » précise Barry White le juge à l’accent américain.
Une famille effondrée
L’ensemble des personnes autour du caisson sans oxygène décident finalement de mettre fin au fiasco quelques minutes plus tard après une nouvelle tentative infructueuse d’interpeller Dick Paulson. Le décès du garçon est alors confirmé par les médecins. Sa famille, elle, pleure la perte tragique de l’un des siens dans ce qui était à l’origine une véritable quête personnelle.
Mais cet échec de Dick ne sera peut-être pas sans conséquence. Dan, son plus jeune frère âgé de 13 ans, a dans sa tristesse, affirmé qu’il ferait tout pour tenter de réaliser le record de son défunt frère. Un choix vécu difficilement par sa mère, Becky : « Je ne sais pas quoi penser. C’est très dangereux ce genre d’épreuve. Mais si mon fils veut lui aussi battre ce record pour honorer la mémoire de son frère, alors j’essaierai de l’aider du mieux possible dans ce chemin là." LE GORAFI
Non, non, non : rien de tout cela ne me traverse l'esprit à ce moment précis.
Non, non, non ! Simplement rien à foutre de rien ! On a le temps ! Tranquille ! Hein ? Mais oui ! Pourquoi que tu veux t'affoler là, hein ? Ecoutes, respires, poses-toi dans cette herbe, fermes les yeux... Ces sons de la nature, ce ruisseau, ce vent léger dans les feuilles, cet oiseau au loin... Pas un bruit de circulation, pas de dépendance...
STOP !!!
On repart.
Plutôt que de prendre le sentier indiqué, je décide de suivre le ruisseau. Je longe ses berges absolument pas aménagées pour cela. Le cours d'eau zigzague, serpente entre rochers, mousse, terre et feuilles, alternant moment de repos sur maigre surface plane et grande cascade...
Après une petite demi-heure à chercher la sortie du lit du Copen, j'arrive dans une clairière. Puis je retourne dans les bois. Puis une seconde clairière où se trouvent quelques centimètres de neige. Puis retour dans les bois. Puis une troisième clairière qui se transforme en petit plateau. Peu de végétation, mais, une fois de plus, c'est le vert qui domine...
Un vert plus foncé, plus gras, témoin des nombreuses précipitations de ces derniers mois, et qui s'accorde à merveille avec le ciel.
La cabane du Boué n'est plus très loin. J'avance sur le plateau en regardant les orgues d'Eygarry qui me font face...
...et de multiples petits cours d'eau parsèment la plateau. Ce sont des écoulements des névés qui, aujourd'hui, fondent d'avantage sous la température exceptionnellement élevée.
Parce que nous avons beau nous plaindre des pluies incessantes des derniers mois, n'oublions pas que la couche d'ozone, elle, continue de rétrécir. Cela donne ainsi des nappes phréatiques gorgées d'eau, certes, mais une surface terreuse dure et craquelée. Voilà, ça, c'est dit !
Le sentier se rétrécit pour prendre l'apparence d'un chemin de troupeau, dominant les montagnes et la vallée d'Aspe...
Au loin, le col d'Ayous et les "dents sombres" du pic du Midi d'Ossau
Des lieux quelques fois bucoliques...
Et puis, soudain, elle apparaît !
Qui ça ? eh ben, eh oh : la cabane du Boué, merde alors ! Enfin quoi, eh !
Là-bas, au loin, se confondant au paysage...
JEU
La question :
Trouve où se cache la cabane du Boué dans cette photo...
et gagne un week-end à Prora (Allemagne)
avec Grovie, le deuxième chien le plus moche du monde 2013.
Grovie t'attend et t'aime déjà
Photo : Le Parisien
La réponse
BRAVO !
Après 2h30 de marche... Bon, normalement, tu mets 1h10, mais vu que je me suis arrêté un bon moment pour boire une bière et bouffer du saucisson à côté du ruisseau Copen, j'ai mis un peu plus de temps...
Oui, donc, après 2h30 de marche intensive, j'arrive à proximité de l'objectif du jour :
LA CABANE DU BOUé
Vues extérieures
C'est mignon, c'est reculé, c'est sauvage. D'après l'office du tourisme, cette petite construction isolée est une ancienne cabane de berger.
Approchons-nous alors un peu plus pour voir s'il y a moyen de rencontrer quelque autochtone...
Alors, oui, bon eh bien sûr... Ah, ah, ah ! Qu'est-ce qu'on s'marre ?! Si tu es habitué à lire ce blog, tu auras certainement reconnu Maitre Arnaud dans le rôle du berger. Incroyable prestation, complètement improvisée, one shot-one video !
Mais attention : les bergers des Pyrénées ne sont pas du tout acerbes et inhospitaliers ! Plutôt philosophes et travailleurs, à l'écart des soucis urbains, avec un recul sarcastique...
Dessin : Olivier Ganan
La cabane du Boué n'est plus une cabane de berger. Elle est devenue un gîte de montagne ouvert et aménagé sommairement, utilement.
LA CABANE DU BOUé
Vue du d'dans
Une grande table en bois, deux bancs et une armoire de rangement pour le mobilier. Un barbecue-grill-cheminée avec réserve de bois, quelques poêles et casseroles pour l'espace cuisine. Une mezzanine que tu atteins par une petite échelle pour le couchage. Une réserve d'eau se trouve à l'extérieur de la cabane...
Tu as là le minimum vital inspirateur. Celui qui te donne envie de passer la soirée et la nuit dans ses murs avec ce panorama fabuleux sur les hauteurs de la vallée d'Aspe. Simplement, tranquillement, posément...
On n'est pas bien là, hein ?