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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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10 octobre 2013

KALININGRAD TOUR, BERLIN, le Mur (Allemagne)

Dans l'épisode précédent, Maître Arnaud et Jénorme se sont arrêtés à Berlin, capitale de l'Allemagne réunifiée. Leur première mission était de trouver un bar pour boire une bière, mais ils n'avaient pas l'intention de repartir de la ville de suite après ; des fois qu'il y aurait d'autres choses à voir.
Et justement, quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Après avoir marché quelque temps, nous sommes face à l'East Side Gallery et la question que tu peux peut être te poser à cet instant précis :
TOI : "- Mais je croyais que vous étiez en Allemagne ?"

Eh bien figures-toi que nous y sommes toujours et que cet endroit porte un nom anglais pour la simple et bonne raison que... j'en sais rien !
Maintenant que ceci est dit, posons-nous... Oui, nous tous ensemble, tenons-nous la main, chantons des chansons d'amour, préchons la bonne parole même aux plus nantis qui n'errent sur cette terre que pour faire... Qu'est-ce que j'raconte ?!

Posons-nous une seconde question :
NOUS : "- Mais qu'est-ce que l'East Side Gallery ?"
JULIEN LEPERS : "- Tout de suite, un indice qui s'affiche sur votre écran attention..."

 

UN INDICE :
DSCN0387

Et là, en voyant cette photo-indice, tu te dis :
TOI : "- Ah ouais Ok d'accord !"

Et tu as bien raison, mais comme disait Cyrano de Bergerac :

"Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... Oh! Dieu!... bien des choses en somme."

Si on ne connaît pas l'Histoire de Berlin, si on pense que "Guerre Froide et Rideau de Fer" est une série policière qui a remplacé "Starsky et Hutch" en 1984, si on croit que le mot "communisme" est le début d'un poème de Joachim du Bellay ("Heureux qui, comme Unisme, a fait un beau voyage..."), si pour toi l'année 1961 n'a connu qu'un seul évènement marquant qui est le lancement de la Fiat 600 et sa cinquième porte, ou bien si l'année 1989 est pour toi l'année où Patrick Bruel a chanté "Casser la voix"... alors peut être ne comprends-tu pas cette photo. Il faut dire que si on la prend pour ce qu'elle est, brute et sans complexes, elle peut intriguer. Car, finalement, qu'est-ce que l'on voit ? Des gens, plus ou moins bien fringués, regarder un mur taggé. Et là, forcément, si nous ne prenons pas en compte tout le contexte historique, politique et culturel, on peut se dire :

ON : "- Putain : faire 1500 bornes pour voir ça alors que j'ai le même mur dans mon jardin à Sarcelles, merde alors ?!"

Mais il ne s'agit pas de n'importe quel mur, ou plutôt de "n'importe quel reste de pan de mur".
Pour résumer, l'East Side Gallery est un morceau de l'ex-Mur de Berlin, long de 1,3 km ; ce qui   -, en plus de créer une belle balade,-  fait d'elle la plus longue section du mur encore debout. Elle sert aujourd'hui de support pour une exposition d'œuvres de street art, reconnue comme étant peut être la plus grande galerie permanente en plein air dans le monde.
Alors, bien sûr, pour que cette galerie existe, il fallait qu'il y ait un mur, puis destruction du mur, puis des restes de mur. Ah, il me semble l'ironie de l'Histoire me semble faire faire preuve d'ironie parfois puisque le plus célèbre site touristique de la capital est un monument qui n'existe plus, ou presque.
C'est à ce moment précis, là, maintenant, tout de suite, sans plus attendre présentement immédiatement pile poil sur-le-champ illico-presto séance tenante que nous ne pouvons nous empêcher de revenir sur les origines du pourquoi-comment ce mur de Berlin.

 

LE MUR DE BERLIN

DSCN0395

Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, les autorités de la République démocratique allemande (RDA) commencent à tendre des barbelés sur la ligne qui sépare à Berlin la zone sous occupation soviétique de la zone sous occupation américaine, anglaise et française. En interdisant la libre circulation entre les deux parties de la ville, les Soviétiques veulent stopper l'émigration des citoyens est-allemands et asphyxier économiquement Berlin-Ouest.

Le "Mur de la Honte", comme l'appellèrent très vite les Allemands, était une véritable barre de béton séparant les deux parties de la ville. Symbole le plus marquant d'une Europe divisée par le Rideau de fer, il s'agissait en fait d'un dispositif militaire complexe comportant deux murs de 3,6 mètres de haut avec chemin de ronde (le Couloir de la Mort), 302 miradors et dispositifs d'alarme, 14 000 gardes ayant l'ordre de tirer pour tuer, 600 chiens et des barbelés dressés vers le ciel.
A l'intérieur de Berlin, le mur qui séparait la partie Est de la partie Ouest, s'étendait sur 43,1 kilomètres. La portion extra-urbaine de séparation entre Berlin-Ouest et la RDA mesurait 111,9 kilomètres.
Désormais, les citoyens de Berlin-Ouest, les ressortissants étrangers ou originaires de la République Fédérale d’Allemagne ne pouvaient accéder à Berlin-Est que par l’un des sept postes-frontières ou par la gare de transit. La décision émana du ministère de l’intérieur de la République Démocratique Allemande. A compter de ce jour, le passage à l’Ouest fut interdit à tous les citoyens de Berlin-Est et à tous les ressortissants de la République Démocratique Allemande. Près de 100 000 citoyens de la RDA tentèrent de fuir, beaucoup utilisant de spectaculaires engins, comme des montgolfières artisanales ou des sous-marins.

 

    UN PEU D'HISTOIRE
La bataille de Berlin a fait rage du 22 avril au 2 mai 1945, activement menée par l'Armée Rouge avant que la ville ne dépose les armes, trois jours après le suicide d'Hitler. Ville en ruine, Berlin, année zéro. La nation est brisée, ses élites politiques et culturelles ont disparu, ses hommes en armes démobilisés. Ne restent que les femmes allemandes pour retirer les décombres ; on les surnomme les femmes des ruines. Il y eut aussi la tragédie des femmes systématiquement violées (et parfois assassinées) par les troupes soviétiques. Ce drame humain, vécu par un peu plus de 100 000 Berlinoises de tout âge et de toute condition, a longtemps été occulté par la plupart des récits de la bataille.

berlin détruit            les femmes des ruines
Photos : Bundesarchiv Bild

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale et de sa capitulation, l'Allemagne est divisée en quatre zones d'occupation sous administrations soviétique, américaine, britannique et française, conformément à l'accord conclu à la conférence de Yalta. La position et l'importance de Berlin en font un enjeu majeur de la guerre froide qui s'engage dès la fin des hostilités. Les désaccords politiques entre les Alliés et l'Union soviétique ne tardent pas à s'élever : la création de la Bizone, puis de la Trizone ; la création subséquente d'un nouvel État allemand, la RFA ; enfin la proclamation unilatérale d'une réforme monétaire dans les secteurs ouest, qui s'ensuivit d'un afflux de Reichsmarks dévalorisés dans la zone d'occupation soviétique, sont autant d'initiatives que les autorités soviétiques interprétèrent comme des entorses aux accords de Yalta. Ainsi, tandis que dans le secteur Est, on parlait encore de réparations de guerre aux dépens de l'Allemagne, l'économie de l'Allemagne de l'Ouest et des quartiers ouest de Berlin était remise à flot par le plan Marshall et libéralisée.
Du 24 juin 1948 au 12 mai 1949, Staline instaure le blocus de Berlin. Tous les transits terrestres et fluviaux entre Berlin-Ouest et l'Allemagne de l'Ouest sont coupés. Cet événement constitue la première crise majeure entre l'Union soviétique et les Occidentaux. Mais grâce à un gigantesque pont aérien organisé sous l'égide des États-Unis, Berlin-Ouest survit au blocus.
Les évènements de séparation s'accélèrent. L'année 1949 voit la création de la République fédérale d'Allemagne (RFA) dans la trizone constituée par les zones française, britannique et américaine, suivie de près par celle de la République démocratique allemande (RDA) dans la zone sous occupation soviétique. La création de deux États consolide la division politique de Berlin. On commence alors des deux côtés à sécuriser et à fermer la frontière entre les deux États. Des douaniers et des soldats détachés à la surveillance frontalière patrouillent entre la RDA et la RFA ; de solides clôtures seront plus tard érigées du côté RDA.

LA STASI

la stasiAfin de réprimer toute opposition, les autorités de la RDA mirent en place le Ministère de la Sécurité d'Etat (Stasi) en 1950 et placèrent des millions de leurs citoyens sous surveillance. Mise sur écoute, surveillance vidéo et ouverture du courrier privé étaient quelques-unes de leurs méthodes. Les opposants au régime, soupçonnés ou avérés, finissaient souvent dans les prisons de la Stasi. Celle-ci devint de plus en plus puissante, jusqu'à compter 91 000 agents officiels et 173 000 informateurs. Ces derniers étaient recrutés parmi les gens ordinaires pour espionner leurs collègues, leurs amis, leur famille et leurs voisins, ainsi que parmi les Allemands de l'Ouest.

 

Le 27 novembre 1958, l'URSS tente un nouveau coup de force lors de "l'ultimatum de Khrouchtchev" proposant le départ des troupes occidentales dans les six mois pour faire de Berlin une « ville libre » démilitarisée. Les alliés occidentaux refusent.
Un autre constat s'impose aux Soviétiques et à la RDA :
    - Entre 2,6 et 3,6 millions d'Allemands fuient la RDA par Berlin entre 1949 et 1961, privant le pays d’une main-d'œuvre indispensable au moment de sa reconstruction et montrant à la face du monde leur faible adhésion au régime communiste. Les Allemands appellent cette migration de la RDA communiste à la RFA capitaliste : « voter avec ses pieds ».
    - Comme l'émigration concerne particulièrement les jeunes actifs, elle pose un problème économique majeur et menace l'existence même de la RDA. Environ 50 000 Berlinois sont des travailleurs frontaliers, travaillant à Berlin-Ouest mais habitant à Berlin-Est ou dans sa banlieue où le coût de la vie et de l'immobilier est plus favorable.
     - Un important trafic de devises et de marchandises, néfaste à l'économie est-allemande, passe par Berlin.
En somme, la RDA se trouve en 1961 au bord de l’effondrement économique et social. Se sentant agressée par les Occidentaux (politiquement, économiquement, industriellement), la Chambre du Peuple, le Parlement de la RDA, le conseil des Ministres et les hautes instances de Moscou décident contrôle très strict des frontières séparant Berlin-Ouest et Berlin-Est, ainsi que l'emploi des forces armées pour occuper la frontière avec Berlin-Ouest et y ériger un barrage. Nulle mention ne fut faite dans cette déclaration du conseil des ministres quant au fait que les citoyens de RDA n'aurait plus le droit de quitter les frontières de leur pays. Autour du seul mur de Berlin, on dénombre un minimum de 136 personnes qui ont trouvé la mort entre 1961 et 1989, directement ou indirectement, en essayant de fuir la RDA.

 

    LA NUIT DU 12 AU 13 AOUT 1961 :

Construction du mur
Photos : Bundesarchiv Bild

Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, 14 500 membres des forces armées bloquent les rues et les voies ferrées menant à Berlin-Ouest. Des troupes soviétiques se tiennent prêtes au combat et se massent aux postes frontières des Alliés. Tous les moyens de transport entre les deux parties de la ville sont interrompus.
La construction du Mur autour des trois secteurs de l'Ouest consiste tout d'abord en un rideau de fils de fer barbelés. Les pavés des axes de circulation entre les deux moitiés de la ville sont retournés afin d’interrompre immédiatement le trafic.
Au cours des jours et semaines qui suivirent, les barrages barbelés provisoires déployés à la frontière avec Berlin-Ouest furent remplacés par un mur en dalles béton renforcé de briques creuses, monté par des ouvriers sous étroite surveillance des gardes-frontières de RDA. Ce mur sépare physiquement la cité et entoure complètement la partie ouest de Berlin qui devient une enclave au milieu des pays de l'Est.

allemagne en 1961  mur de Berlin en 1961


Les bâtiments limitrophes, tels que les immeubles de la Bernauer Straße, où le trottoir se situait dans l'arrondissement de Wedding (donc à Berlin-Ouest), et les rangées sud d'immeubles dans l'arrondissement Mitte (donc à Berlin-Est), furent tout simplement intégrés dans le dispositif de séparation entre les deux moitiés de la ville. Avec une opération coup de poing, les autorités de RDA firent murer les entrées d'immeubles et les fenêtres des rez-de-chaussée. Les habitants concernés ne pouvaient accéder à leurs logement que par les cours intérieures qui se trouvaient en territoire de RDA. C'est ainsi que de nombreux logement furent évacués de force dès 1961, non seulement dans la Bernauer Straße, mais aussi dans d'autres quartiers frontaliers.
Avec la construction du mur, certaines places ou quartiers entiers furent divisés abruptement d'un jour à l'autre, et le réseau suburbain de transports publics fut en partie neutralisé. Du jour au lendemain, des voisins, des familles sont soudainement séparés. De nombreuses photographies, émanant principalement des journalistes de l'Ouest et utilisés par la propagande occidentale, montrent des scènes désolantes, comme celles de grands-mères adressant des signes de la main à leurs petits-enfants par-delà le mur, récent et donc encore bas.

femmes faisant signes   femmes faisant signes

 

    LE 27 AOUT 1961 :

checkpoint charlie face à faceDeux semaines après la construction du mur de Berlin, le checkpoint Charlie est le théâtre d’une épreuve de force entre Américains et Soviétiques. Blindés soviétiques et américains, distants de quelques dizaines de mètres, se font face au niveau du point de passage entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. Les deux puissances nucléaires restèrent ainsi figées, séparés de quelques mètres seulement. Le monde entier redoute la guerre.
Après 16 heures de face à face, les forces en présence se retirent. Grâce à l'intervention diplomatique du président américain Kennedy, le chef d'état et du parti soviétique Chruschtschow avait fini par reconnaître officiellement le statut d'occupation quadripartite de Berlin.Soucieux de ne pas risquer un conflit armé pour de simples provocations, les deux armées reculeront.
(Photo : Diplomaty state)

Centre ville de Berlin, 1952Fin 1961, il ne reste plus que 7 points de passages entre l'Est et l'Ouest de Berlin. Le centre historique de la ville devient progressivement un grand vide sur la carte, composé du No man’s land entre les Murs de séparation à l’Est et d’un terrain vague à l’Ouest.

 

 

"La guerre froide à Berlin fait grand bruit, mais c'est seulement dans ses haut-parleurs. Américains et Allemands de l'Est échangent des rocks et des cha-cha-cha par-dessus les barbelés, comme les guerriers grecs jadis échangeaient des injures ; c'est un progrès. En revanche, l'arme individuelle et silencieuse, c'est la jumelle. Au carrefour, les sentinelles des deux mondes se fusillent du regard à bout portant. Et tout parait absurde au visiteur qui débarque comme moi d'un pays civilisé, absurde à la mesure exacte de cette absurdité de béton et de fer qui a poussé au milieu de la ville en une seule nuit : le Mur."  
Pierre Descraupes

 

    LE 23 JUIN 1963 :

Kennedy à Berlin
Photo : BBC News

Le mur de Berlin est devenu dès sa construction le symbole de la guerre froide et de la séparation du monde en deux camps. Le 26 juin 1963, John Kennedy prononce à Berlin un discours historique. Il déclare "Ich bin ein Berliner" ("Je suis un Berlinois"), marquant la solidarité du Monde libre pour les Berlinois.
Pour certains puristes, Kennedy aurait commis une faute grammaticale qui aurait changé le sens de sa phrase. Selon cette interprétation erronée, la phrase correcte serait "Ich bin Berliner" car "Ich bin ein Berliner" signifierait "je suis un Berliner", soit "une boule de Berlin", c'est-à-dire un beignet.

ich bin ein berliner 1Il est vrai qu'avec cette interprétation, la teneur du discours et des propos du Président des États-Unis paraissent complètement différents. Qu'entend-il alors par le fait qu'il soit un beignet ? Y'at-il un rapport entre le mur et un beignet ? Faut-il être un beignet pour devenir Président ? Y'a-t-il un sens caché dans cette phrase ? Est-ce que cela voudrait dire que l'avenir de Berlin reposerait sur la fabrication de beignets ? Ou peut être que tous les Berlinois ne sont que des beignets ? Et si JFK avait dit "Ich bin Gérard Berliner", cela aurait-il changé toute la conception de la musique des années 1980 en Europe ? Et est-ce que Lee Harvey Oswald détestait à ce point les beignets pour en venir à commettre le meurtre du Président Kennedy cinq mois plus tard ?

Après moult recherches, les spécialistes du vocabulaire germanique admettront que "Ich bin ein Berliner" a la même signification que "Ich bin Berliner". Ouf  !
Les Beignets... Berlinois étaient rassurés : ce discours fut un grand soutien moral pour les Berlinois de l'Ouest, qui vivaient dans une enclave en Allemagne de l'Est et craignaient une possible occupation de la part de cette dernière.

La construction du Mur donne maintenant une image très négative du bloc de l'Est et prouve de manière symbolique son échec économique face au bloc occidental.
"Le bloc soviétique s’apparente désormais à une vaste prison dans laquelle les dirigeants sont obligés d’enfermer des citoyens qui n’ont qu’une idée : fuir ! Le Mur est un aveu d’échec et une humiliation pour toute l’Europe orientale."
Le Mur sape l'image du monde communiste.

    LES ANNÉES PASSENT...

En décembre 1963, après de longues négociations, le premier accord sur le règlement des visites de Berlinois de l'Ouest chez leurs parents de l'Est de la ville est signé.
Les deux parties de la ville connaissent des évolutions différentes. Berlin-Est, capitale de la RDA, se dote de bâtiments prestigieux autour de l'Alexanderplatz et de la Marx-Engels-Platz.

Berlin Est,
Photo : Thomas Hoepker, 1975

Le centre (Mitte) de Berlin qui se trouve du côté Est perd son animation. En effet, l'entretien des bâtiments laisse à désirer surtout les magnifiques bâtiments situés sur l'île des musées.
La propagande de la RDA désigne le Mur ainsi que toutes les défenses frontalières avec la RFA comme un "mur de protection antifasciste" protégeant la RDA contre l'"émigration, le noyautage, l'espionnage, le sabotage, la contrebande et l'agression en provenance de l'Ouest". En réalité, les systèmes de défense de la RDA se dressent principalement contre ses propres citoyens.

Souvenirs d'Yves Cornu, jeune troufion, ayant"gardé" le mur pendant un an, en 1977, à une époque où l'armée française faisait partie des forces d'occupation :
"Je me souviens de la fascination vénéneuse que cette interminable paroi de béton gris pouvait exercer auprès de ceux qui n'en étaient pas directement victimes. Le totalitarisme et le cynisme matérialisés en une muraille conçue pour empêcher les Allemands de l'Est de fuir leur pays, mais présentée officiellement comme un "rempart de protection antifasciste".

Le 12 juin 1987, à l'occasion des festivités commémorant les 750 ans de la ville, le président américain Ronald Reagan prononce devant la porte de Brandebourg un discours resté dans les mémoires sous le nom de Tear down this wall!. Non, cela ne veut pas dire "Moi aussi, je suis un beignet !", mais bel et bien "Abattez ce mur !" Il s'agit d'un défi lancé à Mikhail Gorbatchev, lequel est apostrophé à plusieurs reprises dans le discours.

 

    LE 9 NOVEMBRE 1989 :

12h30. Lors d'une réunion du comité central du SED (le parti communiste dirigeant en RDA), le secrétaire général du Parti Egon Krenz informe les principaux dirigeants du régime qu'une nouvelle législation sur les voyages des Allemands de l'Est vient d'être adoptée. A ce stade, la nouvelle n'est pas rendue publique.
18h00. Günter Schabowski, porte-parole du comité central du SED, présente devant la presse internationale les dernières décisions du régime, mais sans mentionner tout de suite l'ouverture des frontières.
18h55. En réponse à une question, Schabowski lit à voix haute un document annonçant que des visas pour voyager ou émigrer à l'étranger seront délivrés "sans condition" préalable. "A partir de quand ?", demande un journaliste. Schabowski hésite puis improvise : "autant que je sache... tout de suite, immédiatement". Plusieurs correspondants de presse bondissent hors de la salle et l'information crépite sur les fils d'agences: "les Allemands de l'Est peuvent se rendre à l'étranger dès maintenant".
20h30. La foule commence à se rassembler devant le poste-frontière de la Bornholmer Strasse, qui relie Berlin-Est à Berlin-Ouest. Mais les gardes-frontières, désorientés, ne savent pas s'ils doivent les laisser passer.
22h42. La télévision publique de l'Ouest annonce: "Ce 9 novembre est un jour historique. Les portes du Mur sont grandes ouvertes". Ce qui n'est pas encore tout à fait exact à ce moment-là.
23h30 "Ouvrez la porte, ouvrez la porte!" scande la foule devant le poste-frontière de la Bornholmer Strasse. Un officier finit par obtempérer et ordonne à ses subordonnées : "Ouvrez la barrière". La foule se précipite vers Berlin-Ouest. Allemands de l'Est et de l'Ouest tombent dans les bras des uns des autres.
Pendant la nuit, tous les autres points-frontières entre les deux Allemagnes sont ouverts. Les Berlinois euphoriques commencent à se jucher sur le Mur, qui avait divisé la ville pendant 28 ans. Dans les heures et les jours qui suivront, ils commenceront à le détruire à coups de pioches.

Après 28 ans de séparation entre l'est et l'ouest,
le mur de la honte s'écroule entraînant bientôt dans sa chute
le communisme soviétique.

    Chute du mur       Chute du mur 1
Chute du mur 2       Chute du mur 3 
     Chute du mur 4  Chute du mur 5Chute du mur 6       Chute du mur 7Chute du mur Benoit Gysembergg  Chute du mur Fabrizio Bensch        
Photos : ElAyam 2

 

    LE 3 OCTOBRE 1990, à Minuit :

Allemagne réunifiée AFP
Photo : Presseurop

L'Allemagne en liesse, fête sa réunification. Un traité d'union, bientôt ratifié par l'ensemble de la communauté internationale, met fin à la division. A Berlin, des centaines de milliers de personnes ont entonné "l'Hymne à la joie" de Beethoven en agitant des drapeaux rouge, or et noir. Après la chute du mur de Berlin en novembre 1989, une nouvelle Allemagne est née.
Le 20 juin 1991, après la chute du mur de Berlin et la réunification, les parlementaires allemands décident de redonner à Berlin son statut de capitale. C'est Bonn qui depuis la partition de l'Allemagne faisait office de capitale fédérale. Le Palais du Reichstag, incendié par les nazis en 1933 sera rénové et accueillera le Bundestag (parlement allemand) en 1999.

Un exemple de famille séparée par l'édification du Mur : LES SOEURS BERDAU.

Sources : Allemagne.com, Die Berliner Mauer, Wikipédia, Berlin, La Dépêche, TPE et autres.

 

 Récapitulatif en vidéo :

 

°                 °

 

Bref historique dressé ici quant à ces évènements dramatiques et cette présence de frontière bétonnée pendant plus de 38 ans ! 38 ans à vivre avec un mur ! 38 ans séparé de sa famille, de ses attaches, de ces libertés... Un mur qui traverse une ville ! Cela parait tellement surréaliste aujourd'hui, pourtant d'autres ont vu le jour et existent encore aux quatre coins du monde, comme en témoigne l'East Side Gallery et ses peintures.
Tiens, d'ailleurs :

 

Revenons à East Side Gallery, de nos jours !

L'East Side Gallery, c'est un mur de 1,3 km ! 106 oeuvres d'art contemporain, 118 artistes de 21 pays l'ont décorée en 1990. Depuis 1991, cette portion du Mur est classée au patrimoine des monuments historiques. Le projet initial consistait à faire de l'ensemble une exposition itinérante, qui devait parcourir le monde entier, avant que les œuvres soient vendues aux enchères. Mais le projet a échoué et la collection est restée là.
Le principal défi posé par la East Side Gallery a toujours été son entretien. Peu de temps après son inauguration en 1990, des mesures de restauration s’avérèrent déjà nécessaires. Certaines oeuvres, peintes à même le béton, sans apprêt et à l’aide de laques inadaptées, se sont très rapidement altérées. D’autres encore furent endommagées ou taguées. Seuls certains tronçons ont ainsi pu être restaurés conformément à l’original. La conservation à long terme de l’East Side Gallery impose l’assainissement de la structure de béton et donc la reproduction des œuvres originales.

Lorsque nous partons de l'Oberbaumbrücke, les premiers tags-dessins-peintures sur le mur manifestent un élan spontané de liberté avec des couleurs et des formes désordonnées...

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     DSCN0393                           DSCN0398

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Puis, un peu plus loin,
nous retrouvons les oeuvres
qui ont fait et font la popularité de ce lieu...

 

brunderkussBruderkuss (Le baiser de l'amitié) de Dimitri Vrubel, adapté d'un cliché pris par le journaliste français Régis Bossu pendant une visite de Brejnev à Berlin en 1979, l'oeuvre la plus connue de la galerie montre le dirigeant soviétique et Erich Honneker s'embrassant sur la bouche les yeux fermés. Le baiser sur la bouche était une marque de profond respect dans les pays socialistes.

 

 

 

DSCN0414
Berlin, Gerhard Lahr

 

DSCN0432Test the rest (Tester le meilleur)
de Birgit Kinder
montre une Trabant traversant le Mur,
immatriculée "NOV-9-89".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DSCN0433
 Sans titre, Youran Kim-Holfeld

 

Berlin33_East Side Gallery06Es geschah im November
(ça c'est passé en novembre)
de Kani Alavi a peint une une marée humaine
déferlant à travers une brèche du Mur.
Les visages expriment toutes sortes
de sentiments :
l'espoir, la peur, l'euphorie, l'incrédulité.

 

 


DSCN0410

 

Thierry noirHommage à la jeune génération de Thierry Noir
exposant des têtes de couleurs vives,
dessinées dans un style cartoon,
symbolisant la liberté retrouvée
après la chute du Mur.

 

DSCN0424
Détail de Sans titre, Gamil Gimajew

 

Détour to the japonese sectorDetour to the Japanese sector (Détour dans le secteur japonais) de Thomas Klingenstein qui, né à Berlin-Est en 1961, fut emprisonné par la Stasi avant d'être extradé vers l'Allemagne de l'Ouest en 1980. Cette fresque lui a été inspirée par son amour pour le Japon où il a vécu de 1984 jusqu'au milieu des années 1990.

 

 

  
 
Berlin33_East Side Gallery11      Berlin33_East Side Gallery08
 

Berlin33_East Side Gallery09          berlin_East-Side-Galery_08

 

DSCN0430 

Photos : Jénorme, Philippe de Muinck and co

 

Impression intrigante et décalée que celle de longer cet haut édifice ajourd'hui recouvert de couleurs et de messages. Des gens du monde entier viennent ici marcher sur ce trottoir sans vue réelle. Un décalage s'installe entre ce que nous pouvons voir aujourd'hui sur ce mur et ce qu'il représentait de 1961 à 1989...

DSCN0421
                                                Sans titre, Gamil Gimajew


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Andrej Sacharow par Vrubel et Sans titre de Jeanett Kipka                         

                  

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                                            Sans titre, Hervé Morlay

 

DSCN0431
Test the rest de Birgit Kinder                                           

 

Pour plus de photos et de précisions :
EAST SIDE GALLERY 1999  et  OUTSIDART

 

Nous arrivons à un endroit ouvert. Une brèche ! D'ici on peut voir une route très passagère, traversant des immeubles en construction. Oui, ce sont bien des immeubles, pas de doute ! Ils ne sont pas en train de reconstruire un mur dix fois plus haut ! Une sorte d'ours en plastoque et sous acide est là aussi pour nous tendre les bras de toute son affection surréaliste.

DSCN0413

Pour expliquer le pourquoi-comment de cette brèche et de ces constructions, il faut savoir que  -, bien que l'East Side Gallery soit classée au patrimoine des Monuments historiques et qu'il soit l'un des lieux les plus visités de la capitale allemande, sans parler de son intérêt historique et culturel,-   les autorités berlinoises ont prévu d'en détruire une partie afin de construire des appartements de luxe.
En mars dernier, la mobilisation des Berlinois et autres personnes venus du monde entier n’a pas eu raison des capitaux du promoteur immobilier instigateur de ce projet de résidences grands luxes sur les bords de la Spree. Certains trouveront ironique de défendre un vestige de l’oppression soviétique, mais sa ré-apropriation par des artistes procède surtout d’un mouvement d’exorcisation.
Tous les efforts déployés par les opposants soutenus par des artistes internationaux et une large frange de la population n’ont pas empêché le promoteur du projet d’obtenir l’autorisation de faire plusieurs brèches dans le mur pour laisser passer les grues, les bulldozers et les camions.
Notons l'intervention de David Hasselhof, ex-star d’Alerte à Malibu, venu prêter main forte à la mobilisation. L’acteur américain nourrit en effet une relation particulière avec la capitale allemande, lui qui avait interprété son tube Looking for freedom le 31 décembre 1989 à Berlin.

Ouaip. On regrette Kennedy et son "Je suis un beignet", ou Reagan et son discours "Abattez ce mur !". D'autres artistes-musiciens-chanteurs, bien sûr, sont venus célébrer la chute du Mur de Berlin, comme Roger Waters, Cindy Lauper, Bryan Adams, Scorpions ou encore Mstislav Rostropovitch.

 

Toujours est-il que nous passons à présent de l'autre côté du mur, c'est à dire dans sa partie orientée au sud. Un grand parc s'offre à nous ainsi qu'une exposition éphémère. Il s’agit de 36 photographies de 3 mètres de hauteur et 9 mètres de longueur qui, toutes, représentent des murs : celui qui sépare Israël de la Cisjordanie, les USA du Mexique, la Corée du Nord et du Sud, les murs d’Irlande du Nord, d’Irak, de Chypre, du Maroc, etc.
L’auteur de ces clichés est le photographe allemand Kai Wiedenhöfer (46 ans). Il les a pris pendant vingt voyages effectués entre 2003 et 2012, représentant sous la forme de peintures et de photos les différents murs hantant encore aujourd'hui différents pays.

DSCN0401
Israël - Palestine

+ Afrique du Sud - Zimbabwe: barrière électrifiée
+ Arabie Saoudite - Yémen: béton
+ Inde - Pakistan, Inde - Inde - Birmanie, Inde - Bangladesh: barrières
+ Ouzbékistan - Kirghizistan, Ouzbékistan - Afghanistan: clôture
+ Turkménistan - Ouzbékistan: clôture
+ Botswana - Zimbabwe: clôture électrifiée
+ Thaïlande - Malaisie: mur de béton-acier

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+ Israel - Palestine: mur de béton
  +Iran - Pakistan: béton
  +Bruneï - Limbang: idem

+ Chine - Corée du Nord: en construction
+ Etats-Unis - Mexique: mur
  +Enclave espagnole - Maroc: triple enceinte
  +Maroc - Sahara occidental : tranchée

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 + Georgie - Abkhazie : mur de 3 m de haut
  +Brésil - Paraguay: en projet
  +Israël - Egypte: en projet
  +Emirats Arabes Unis - Oman: prévu
  +Koweit - Irak: clôture, mur prévue
+ Ceuta : enclave espagnole au Maroc : grillage de 3 mètres 50 de haut
  +En Irlande, à Belfast, le mur de démarcation entre les communautés est toujours en place

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DSCN0419 Jénorme face au mur
Entre les deux Corées

Le 9 novembre 1989 le mur de berlin est tombé, aujourd'hui des murs dans le monde qui séparent les peuples sont toujours debout, voici une carte qui les recense.

murs séparant les mondes

«Tandis que l'enthousiasme apparue à la fin des années 1980 s'érode au fil de la décennie qui suit, les événements de 2001 marquent une césure. Le virage sécuritaire qui en découle entraîne dans son sillage la construction (ou la relance) de 24 murs en Asie centrale, au Moyen-Orient, en Asie du Sud-Est et en Afrique subsaharienne.
Ainsi, si tous les projets en cours devaient aboutir, ce sont près de 26 000 kilomètres de barrières qui définiraient désormais des limites entre États, soit l'équivalent d'un aller-retour entre Montréal et l'Australie.
La mondialisation a donc atteint ses limites, le discours d'un monde sans frontière demeurant limité à quelques ensembles économiques comme l'Union européenne et, dans une moindre mesure, l'ALENA (qui n'a pas l'équivalent d'un espace Schengen).»
ÉLISABETH VALLET

 

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Nous arrivons au bout de l'East Side Gallery et donc de ce parcours recto-verso de plus de 1300 mètres.
Une vue d'ensemble sur l'édifice qui, à son terme Ouest, est recouvert de tags divers, véritable culture de l'ex-Allemagne de l'Est...

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Nous cherchons un peu où nous rendre à présent. Sans idées précises, nous errons sur le carrefour en regardant à droite, à gauche, en l'air, en bas.
Au bout du mur (et non au pied), nos regards se portent sur une palissade encerclant des arbres...

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Oui, Ok, comme ça, on ne voit pas bien ce qu'il se passe. Mais sache que derrière cette palissade taguée toujours ouverte se cache un incroyable univers.
Après avoir vaguement regardé par les trous de la façade en bois, nous entrons finalement dans un lieu peuplé de hamacs, de musiques, de bars à cocktails accueillants, de terrains de basket et de skate-board. Ici, un brumisateur ! Là, un mini-tobbogan aquatique où se mêlent adultes et enfants pour se détendre de la chaleur ambiante dans la capitale allemande. Tiens, une sorte de mini-bibliothèque sous tente avec des gens qui se posent dans une chaise longue afin de prendre un instant pour feuilleter une revue ou un livre choisie au hasard.
Tout ce dispositif est posé sur une plage de sable fin artificielle à l'ombre d'arbres dispersant quelques parfums. Les gens gravitent dans ce lieu, comme s'ils étaient chez eux, aux sons de divers musiques surtout accès sur le reggae et le Dub. Un espace de liberté et de décontraction où tout le monde cherche-trouve son plaisir, simplement. Changement d'ambiance complet. Nous avons quitté le poids de l'Histoire pour nous plonger sans transition dans le moment.
Je n'ai pas pris de photos car je n'avais pas envie de me sentir comme un touriste dans ce lieu où les gens venaient se poser, loin des autres attractions touristiques.


De cet endroit, nous voyons au loin, sur l'autre rive de la Spree un endroit qui semble nous convenir afin de se poser quelques minutes pour boire un verre. Il y a toujours une frontière ! Quand ce n'est pas un mur, c'est un fleuve, merde !
L'endroit en question semble se composer d'une sorte de plage sur laquelle sont posés parasols et chaises longues. Est-ce un bar lounge ? Est-ce une terrasse privée ? Servent-ils des Berliner ?
Nous décidons de trouver le premier pont venu et de le traverser afin de rejoindre cet endroit lointain.

Mais tout n'est pas si simple à Berlin !
Pour atteindre notre but, il nous faut emprunter de longues avenues interminables en longeant les anciens bureaux de la Stasi. Puis nous croisons des figures géantes étranges...

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Sur notre gauche, nous voyons au loin des immeubles aseptisés et contrastés, comme cette ville captivante par ses changements d'ambiance permanents...

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Ensuite, nous nous aventurons dans des voies sans issue qui n'en sont pas vraiment puisque nous en venons à errer dans des terrains vagues impromptus, sur lesquels dominent d'anciennes usines désaffectées mais occupées par des gens en marge...

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Finalement, après une heure de marche imprévue et vivante, nous arrivons enfin à notre objectif !

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Et si tu vois pas très bien où on veut en venir, c'est qu'en fait, nous avons vu cet endroit depuis l'autre berge en nous disant que, très sûrement, il y aurait ça :

a) Arnaud à Berlin

Non, pas des transats Lucky Strike,
mais plutôt...

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EL MOJITO !!!!!

 

Oui, Berlin est une ville de contrastes et ça tombe bien parce que nous aussi !

 

DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE

Nous continuerons notre errance dans Berlin, en naviguant entre lieux historiques, culturels et décalés.

 

 

 

 

 

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