VIELLE-SAINT-GIRONS, début avril (40)
Envie de grands espaces et de sable vierge ? Les Landes peuvent te proposer tout un panel de plages aux étendues infinies.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Wouaouh, c't'introduction ?! Mais quelle phrase ?! On se croirait dans un office du tourisme !?
Allez : remettons-en nous en condition !
En ce premier samedi d'avril, le temps est magnifique. Une envie de voir l'océan en arpentant une longue et belle plage vierge me prit soudainement en plein après-midi. Mais où aller alors ?
Dans le Pays basque ?
On peut penser éventuellement à Hendaye...
Mais non, il n'y a pas de sable.
Ou Saint-Jean-de-Luz...
L'océan est trop statique.
Et pourquoi pas Guéthary ?
Non, trop de pierres.
Bidart...
Parait que c'est pollué en ce moment.
Et Biarritz ? T'y penses à Biarritz des fois ?
Non, y'a trop de monde et d'immeubles.
Anglet ? Tiens, si on allait à Anglet ?
Je connais par coeur et il y a toujours le Luno.
Boucau ?
J'y suis allé il y a deux semaines et c'est un peu le bordel.
Dans les Landes ?
Pas Labenne car c'est un sable de chantier qui recouvre la plage. Capbreton, trop de monde. Hossegor, oui mais non, il manque un truc. Seignosse, Vieux-Boucau, Messanges, Moliets-et-Maa, le courant d'Huchet, déjà fait et refait ! Il me faut quelque chose de neuf !
Vielle-Saint-Girons ?
Ah, tiens, pourquoi pas ?! J'y suis déjà allé il y a quelques années, mais c'était en pleine saison. Siensien et Siensienne m'avaient accompagné car c'est l'une des rares plages du Sud-Ouest qui accepte les chiens, même l'été. Souvenons-nous !
Allez, c'est parti pour
Vielle-Saint-Girons !
Je laisse derrière moi le Pays Basque et ses montagnes se jetant dans l'océan.
Route, autoroute, sortie Magesq, direction Léon. Tiens, c'est marrant cette boutique sur la gauche de la route à la sortie du village...
Détour dans la forêt landaise en passant par Linxe pour passer à proximité de ces belles maisons isolées au milieu des pins et de la salle-des-fêtes-cinéma art-déco, dessinée par l’architecte Jean Prunetti et achevée en 1934.
Et j'arrive à Vielle-Saint-Girons.
Pour la petite histoire, le bourg de Saint-Girons s’étend sur le territoire d’une ancienne sauveté, territoire inviolable au Moyen-âge où chacun pouvait trouver refuge et assistance. Ici, la loi de l'homme ne s'appliquait plus. Cet espace de libertés, dans le périmètre duquel il était interdit de poursuivre les fugitifs, était balisé par des bornes ; une d’entre elles est située dans la rue des Chênes.
Aujourd'hui, ce qui marque l'entrée du bourg, c'est plutôt cette grosse entreprise recouverte de fûts en aluminium, dégageant une sorte de vapeur nauséabonde et puante. Il s'agit de la D.R.T., implantée ici depuis 1932 sur le territoire d’une ancienne distillerie. Cette société est spécialisée dans la fabrication des dérivés de la résine du pin, tels que les élastomères, adhésifs, épices, parfums, chewing-gums, encres, biocides, détergents, produits pharmaceutiques et cosmétiques. Toutefois, le site serait classé Seveso II, seuil haut au titre des des produits dangereux pour l'environnement et des liquides inflammables stockés. En gros, si un accident survenait, cela ressemblerait à l'explosion de l'usine AZF à Toulouse.
Je continue pour prendre la route de la plage. Après avoir traversé une large forêt de pins (encore !), j'arrive au petit parking désert à cette période de l'année et qui marque l'entrée de Saint-Girons-Plage.
J'emprunte la Grande Rue. Le sable a recouvert en partie le bitume de la route et des trottoirs. Les magasins sont fermés et quelques restaurants sont à louer ou à vendre.
Seule une boutique exhibant quelques planches de surf et autres matelas gonflables est ouverte, en silence. La propriétaire s'est garée juste devant ; prête à plier les gaules si l'ambiance est trop pesante...
J'avance un peu plus. J'entends l'océan au loin sans le voir. Je traverse à présent le lotissement qui se trouve juste derrière la rue commerçante. Toutes les maisons sont fermées !
Seul un homme, là-bas au fond, donne des coups de pelle pour débarrasser le sable de devant chez lui.
Quelques musiques de passage traversent mon esprit devant ses paysages de western.
J'atteins la plage. Personne. Ou du moins pas grand monde.
Quelques personnes de passage. Éparses sur l'immensité sableuse.
Ce couple au milieu de nulle part,
étendu sur une serviette
Ce surfeur et sa compagne qui marchent,
planche sous le bras, sans aller à l'eau...
Cet homme seul qui erre...
A moins que ce ne soit un miroir...
La vache, c'est tripant, hallucinatoire.
J'ai l'impression d'être dans le même état
qu'Antoine de Maximy au festival "Burning man"...
...sauf que je n'ai rien pris !
Je quitte la plage pour passer une dune de laquelle s'expose une belle vue sur l'immensité vierge de la plage de Saint-Girons... et sur un panneau.
Un peu plus loin, une autre apparition.
Mais quel beau blockhaus bon sang ! Si je m'attendais à voir tel miracle ici, à cette heure là, à cette époque !
Il est là, posé sur la dune, telle une capsule venue de l'espace, lâchée par on-ne-sait-quelle-fusée ou satellite.
J'en fais le tour, je réfléchis, je lance une idée, une accroche touristique, une occasion pour Vielle-Saint-Girons désertée de relancer le tourisme...
Je ne sais pas si cela sera efficace. Je ne sais pas si cela sera bien vu par les autorités locales. Nous verrons.
En attendant, je dois dès à présent reprendre la route.
Re-passage devant cette maison fermée.
Re-traversée de la Grande Rue, cette fois-ci complètement vide...
...ou presque ! Je vois, là-bas, au loin, des gens inquiétants s'approcher lentement, tels des zombies. Peut être des zombies surfeurs.
Re-tour au parking. Je monte dans la voiture. Je démarre. Je recule. J'avance. Je pars.
Direction d'Orthez où, en ce soir du 5 avril 2014, Ibrahim Maalouf se produit pour le Festival "Jazz Naturel", pour lequel les organisateurs ont eu l'excellente idée de mettre un siensien en affiche officielle.
Arrivée à Orthez une heure plus tard. Concert.
JEU :
Un Ibrahim Maalouf se cache dans cette photo.
Retrouve-le !
Pour ceux qui ne connaissent pas Ibrahim Maalouf, petit rappel avec cet extrait que j'avais filmé lors de son concert à Seignosse, en septembre 2012.
Voilà.
Fin de soirée. Fin de journée. Étrange. Posé.
DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE
Retour à Prora pour se rendre en Pologne ou dans les Landes pour écarter un taureau.