LE SENTIER DU MOJITO, part 1 (64)

Dans l'épisode précédent qui était en fait un prologue permettant d'expliquer pas grand chose sur la situation à venir en rapport avec les futures activités de Jénorme qui apparemment s'apprétait à... Ohlalalala, c'est trop long cette intro !!!
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

J'avais prévu de m'aventurer sur le Sentier du Littoral vers les 9h30 depuis Guéthary, mais je voyais qu'à la montre que je n'avais pas, l'horloge de la voiture m'indiquait déjà 11h04. C'est précisément à cette heure précise que je traversais un lieu-dit au nom étonnant...

Mais je n'ai pas voulu m'arrêter en si bon chemin et c'est à 11h06 que je passais sur cette route surplombant la plage d'Erretegia, à l'entrée de Bidart. Autrement dit : non seulement l'heure prévue était largement dépassée, mais en plus, je n'étais pas du tout au bon endroit.

11h06, ERRETEGIA : à côté
 Mon regard croise là-bas au loin les sublimes couleurs de l'océan encaissé dans cette impressionnante crique en forme de V qu'est Erretegia.

Je ne peux pas ne pas m'arrêter ! Comme disait François Mitterrand en répondant aux journalistes belges qui l'interrogeaient sur les écoutes de l'Elysée : "Ce n'est pas possible !"
Je fais donc demi-tour pour prendre la direction du versant Nord de la falaise dominant la grande crique. Une fois la voiture posée, je marche un peu sur un étroit sentier. ça sent bon la verdure et je-ne-sais-quelle-plante odorante. J'atteins le bord de la falaise qui domine, au nord, la côte basque jusqu'au rocher de la Vierge de Biarritz et, au sud, le mont Jaizkibel au loin, en Espagne. Entre ces deux vues, un océan turquoise.

 En photos, cela donne ceci.

Rocher de la Vierge et plage de la Milady

Océan turquoise et végétation

Erretegia au premier plan, suivi des Trois Couronnes et de Jaizkibel au loin

La côte parait sauvage, excepté vers Biarritz où l'on peut voir que l'urbanisation a pris le dessus. Pourtant, aux alentours du XIème siècle, ce petit village de pêcheurs était nommé Bearriz qui signifiait "endroit herbeux".
Je reste un peu à regarder la beauté du site ; comme les quelques vacanciers de Pâques de passage.

L'océan est magnifique, calme, reposant.
Quand, soudain ceci !

Des voiliers qui glissent sur cette étendue salée se confondant avec l'horizon.
Ils paraissent un peu perdus, tels des navires fantômes.

Hein ? Mais non, ce n'est pas le bateau que j'ai pris deux fois sous un angle différent. Mais non !
Ces apparitions me font penser au Titanic, et plus précisément à cette vidéo entrevue avant de partir. Après le cinéma 3D, ou 4D ou 6 -, je sais pas à combien de D on en est, - voici le cinéma 2F ; un procédé cinématographique révolutionnaire qui mêle deux films en un. A une époque où les gens se lassent de tout très vite et veulent voir un maximum de choses en un minimum de temps, cela semble être la meilleure invention du moment.
Un exemple ? Fastoche !
Pour toi lectrice/teur, nous avons choisi de mêler deux films très populaires en gardant les images de l'un pour mettre les dialogues d'un autre par-dessus. Cela donne non pas "Les Titanic font du ski", mais "Titazés" (ou "Bronzanic", comme tu veux, tu choises), mêlant les images de Titanic de James Cameron avec les dialogues des Bronzés de Patrice Leconte. Moteur ! Action !

Voilà, c'est très bien tout ça, mais cela ne nous fait pas trop avancer sur le Sentier du Littoral.
Il doit bien être 11h26 lorsqu'un rayon de soleil vient éclairer le petit bâtiment se trouvant à l'entrée de la plage d'Erretegia.

Pas de doute possible, c'est un signe. Il faut aller voir ce que c'est. Je décide de laisser la voiture ici, àl'entrée de Bidart, et de trouver le sentier. Il ne doit pas être très loin. Sur une brochure, il était indiqué qu'il partait justement de Bidart. Je descends pour rejoindre la plage.

11h32, ERRETEGIA : en-dessous
Effectivement, une fois arrivé en bas, un panneau confirme ma supposition : le Sentier du Littoral part bien d'ici.

Putain, les nouvelles vont vite !

Mais avant de l'emprunter, je me rapproche de ce petit bâtiment qui m'intriguait vue de là-haut. Il s'agit d'un bar-snack, nommé La Crampote.

Après tout, c'est l'heure de l'apéro, merde ! Y'a peut être moyen de boire un coup ! J'avance. Je regarde la carte qui propose, entre autres, quelques mojitos.
Je commande. Je me pose tout en potassant un peu la brochure "Sentier du Littoral" disponible dans le snack.

"Cette randonnée de 25 km vous mènera de Bidart à Hendaye par un sentier d'une largeur de 1,20m (1m sur la corniche) avec également des traversées en zone urbaine. Le sentier ne présente pas de difficultés particulières et peut être réalisé en 5 à 6 heures par un bon marcheur et au moins 7 heures par les autres.
Le sentier devra être parcouru de préférence dans le sens Nord-Sud afin de profiter du panorama exceptionnel sur le Jaizkibel, les Trois Couronnes et la Rhune.
Six stations d'interprétation jalonnent le parcours et permettent de traiter l'ensemble des thèmes découverts au fil de la promenade :
- Bidart, chapelle St Joseph: lieu privilégié pour l'observation des vagues et des surfeurs
- Guéthary, Colline de Cenitz : un des plus beaux points de vue sur la Baie de Biscaye qui rappelle que les basques ont toujours vécu de grandes aventures en mer, qu'ils furent corsaires, pêcheurs ou émigrants.
- Saint-Jean-de-Luz, Croix d'Achiloa : lecture du paysage, de ses éléments forts, de ses caractéristiques, la côte des pêcheurs jusqu'au XIXème siècle puis la côte touristique d'aujourd'hui.
- Saint-Jean-de-Luz, Quai du port de pêche : l'histoire depuis la pêche à la baleine jusqu'à la pêche d'aujourd'hui et la pêche dans les mers lointaines.
- Ciboure, Quai de la Nivelle : très belle vue sur toute la baie, son histoire, son façonnage par les hommes, la construction des digues, le fort de Socoa, les Récollets
- Urrugne, les Viviers basques : la géologie du littoral basque, découverte de la zone comprise entre haute et basse mer."

Et puis, midi arrivant... ah non, il était déjà midi bien dépassé, je décide d'attaquer réellement le dit sentier.

12h06, ERRETEGIA : au-dessus
Oui, il était sympa ce petit Mojito de 11h46. Mais il ne fallait pas se limiter à cela.
Après avoir quitté le bar-snack, j'attaque les premiers mètres du Sentier du Mojito... du Littoral. Et il faut avoir les crocs parce ça commence raid ! Une pente, au moins, à 195° d'un coup, plantée là en pleine savane. Y'a du bambou, y'a de l'eucalyptus, y'a du chêne vierge, du chêne immaculé, du chêne pestre ! C'est pas compliqué : si on ne rejoignait pas la route trois minutes plus tard, on se croirait propulser dans l'excellent film de George Pan Cosmatos, Prédator (1987).

BREF : après avoir traversé ce petit écrin de nature, c'est le retour à la route goudronnée. Elle traverse un lotissement appelé tout simplement "Lotissement de la corniche". Enfin, je crois, j'en sais rien, mais ça serait bien de l'appeler comme ça. Quelques maisons sont posées là, face à la mer, de façon éparse sur la côte, avec une vue imprenable sur les gens qui font du paddle-board.

   

C'est horrible cette sensation de voir ces gens sur des planches au milieu de l'océan, peinards, et d'avoir envie de leur lancer des flèches ; une sorte de tir-au-paddle tu vois.
Quittons cette vue pour reprendre la route goudronnée de la Corniche qui ne s'appelle peut être pas comme ça. Et d'ailleurs, je ne sais même pas si je suis encore sur le Sentier du Littoral non plus.

12h18, BIDART : la source Juana
Un peu plus loin, un embranchement avec un très petit chemin, que j'oe à peine appelé sentier, descendant vers des profondeurs insoupçonnées composées de plantes vertes en tout genre.

Un panneau indique que si je vais par là, je risque de trouver sur une source, la source Juana. Étrange nom qui pourrait faire penser à autre chose si on ajoute le prénom Marie devant. Peut être d'ailleurs que c'était un lieu où la Vierge Marie apparaissait de temps à autre, comme ça, pour déconner.
Alors, bien sûr, la question se pose : y'a-t-il d'ailleurs un rapport entre Juana et Marie ? Et si oui, pourquoi ? Mais si non, alors pourquoi pas ? Qui en décide, hein ?
Pour le savoir, ou pas, aventurons-nous sur ce sentier descendant.

Allons-y !

Je descends, l'escalier est raide et irrégulier. C'est glissant et très dangereux ; à la limite du supportable. Sortirais-je vivant de cette aventure ? Oui, à ce moment précis, la question se pose. Non j'déconne, c'est tranquille. Mais la curiosité s'agite : qu'allait nous réserver cet endroit ? Était-il digne de ces sources que nous pouvons visiter en Bretagne, telle la Source de Jouvence ? Possédait-elle une curiosité naturelle, comme c'est le cas avec la grotte du Saint-qui-sue à Bidarray ?

A-t-elle un pouvoir quelconque, comme guérir des rhumatismes, ou de la goutte, ou rendre la vue ; un peu comme les différentes fontaines miraculeuses landaises ? Suspense.
Après quelques mètres de descente brutale, j'aperçois un repère, le bout de la piste. C'est sûrement ici que Juana prend sa source ou plutôt que se trouve la source de Juana. Derniers centimètres de descente, j'arrive à l'endroit E.
Ah ? Enfin, au panneau qui indique qu'ici, il y a une source. En l'occurrence, aujourd'hui, il y a plutôt rien.

Pas une goutte d'eau ! Pas de panneau explicatif, pas un historique, pas une photo avec des femmes lavant leur linge dans cette source en 1768. Que dalle !
Ok, continuons comme si de rien n'était. Si on me demande un jour si je suis déjà allé à la source Juana, je dirai que non.
Je repars en poursuivant ce petit chemin toujours sans savoir si je suis encore sur le Sentier du Littoral.

12h24, Bidart : Mémorial de la paix
J'arrive à une seconde curiosité : le Mémorial pour la Paix de Bidart.

                                   

                                  

Ici, par contre, pas d'arnaque : il y a vraiment un mémorial ; et de belle facture ! Oui, pardon, excusez-moi, il ne faut pas rigoler avec ces lieux de souvenrs et de recueillement.
Inauguré en mai 2013, il est constitué de quatre stèles principales, de cinq stèles discoïdales et d'une plaque au sol. C'est un monument unique sur la côte basque où l'on ne retrouve pas de tel lieu de mémoire à d'autres endroits. En même temps, ils ne vont pas mettre un mémorial sur toutes les plages et à proximité de tous les panoramas.
Ce lieu a pour but de rassembler la totalité des évènements de la Seconde Guerre Mondiale (Auschwitz, Drancy, Oradour-sur-Glane, Souge, Ravensbrück, Sachsenhausen, Gernika, Hiroshima, Gurs,...).
Au centre du Mémorial se trouve une plaque au sol avec une citation de Paul Éluard : "Si l'écho de leurs voix faiblit, nous périrons".
Par contre, il n'y a pas de bar pour boire un Mojito alors qu'il est déjà 12h28.

12h28, Bidart : chapelle Sainte-Madeleine

Je monte en direction de la chapelle Sainte Madeleine, naguère protectrice des pêcheurs de baleines.
Bâtie en bois en 1817, elle fut détruite par une grosse tempête et reconstruite en dur en 1820. Elle se trouve aujourd'hui sur le chemin de Pierpoljak-de-Compostelle, sorte de route parallèle dédiée au chanteur de reggae français du même nom, dont on se souvient tous du tube éponyme, enregistré à Clamecy.
La chapelle Sainte-Madeleine constitue également une halte incontournable pour la vue qu'elle propose sur la côte basque.

C'est vrai que l'on a une très belle vue et je vois notamment, là, plus bas, un bar avec une belle terrasse donnant sur l'océan.
Je redescends en direction de la plage du Centre via un chemin viabilisé qui mène directement à un autre bar-snack, le bar-snack de la Plage. Ils ne se sont pas foulés pour le nom, mais, en même temps, il y a la plage, il y a un bar DONC. Et puis on ne va trop leur vouloir car ils servent des Mojitos.

12h42, Bidart : snack-bar de la Plage
Petite pause. Face à la terrasse, y'a un mec qui essaye de décoller avec une aile de parapente...

Mais il n'y arrive pas trop. Je ne comprends pas ce qu'il veut faire. Il tend sa voile, tire dessus, puis saute depuis la mini-dune de sable pour rester en l'air pendant  1/4 de seconde. Et pis d'où il vient comme ça ? Il s'est perdu ? Il a décollé d'où ? De la vallée d'Aspe ? Du Limousin ? Il veut y retourner qu'il s'acharne comme ça à vouloir décoller ?
Je finis mon verre la tête pleine d'interrogations et puis, j'en viens à me dire : "Oh eh hein, chacun sa merde !". Je repars.

13h06, Bidart : traversée de la plage
De la terrasse du snack-bar de la Plage, il m'a semblé voir un autre bar situé un peu plus loin, entre une maison en forme de blockhaus et la butte de Guéthary.

Si je voulais suivre le Sentier du Littoral, je serai obligé de remonter la falaise, mais ça me gonfle un peu de monter et descendre tout le temps. Je décide alors de couper par la plage. Mais je ne sais pas trop ce que j'ai foutu ! Toujours est-il que dix minutes plus tard, je suis au milieu de rochers que je n'avais pas vus auparavant.

13h18, Bidart : La Voile Rouge
Finalement, après avoir escaladé ces quelques grosses pierres, je retrouve le sable de la plage de l'Uhabia et une terrasse de bar-restaurant complètement désertée.

 

Apparemment, ils ont déjà bu tous les Mojitos par ici

C'est La Voile Rouge (Bella Gorri), bien connue pour être bondée l'été car le lieu est idéalement situé face à l'océan. Mais, attention, ne pas confondre cette "Voile rouge" avec "La voile rouge" sur la plage de Pampelonne, à Ramatuelle, et qui fut un haut lieu de la démesure dans les années 1960-70.
Je passe mon chemin. Je traverse un petit cours d'eau, nommé Uhabia, se jetant dans l'océan en empruntant un pont en bois. Je longe la plage et ses visions d'été...

...puis je quitte Bidart pour rejoindre une autre butte, nommée Guéthary.

DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE

Mais que va-t-il se passer à Guéthary ? Et n'as-tu pas remarqué que Jénorme ne parle plus du sentier du Littoral ? Il semble avoir pris un autre chemin que lui seul connaît et qui, peut être, n'existe pas...