AGUAS TUERTAS, renaissance (Espagne)

Ouah putain ce titre ! On se croirait dans un Marvel ! Mais ne nous méprenons pas, il s'agit ici tout simplement de la suite d'Aguas Tuertas, les origines.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

L'été approche et pendant que je rédige ces mots, la télé n'en finit pas de parler de reparler de températures. C'est alors que j'ai eu cette idée peut être excellente : et si on faisait le tube de l'été en parlant des températures ? J'ai déjà le refrain. Ce sera ceci :

♪  "Les températures,
c'est vraiment génial. ♫
♫  Tu regardes un mur  ♪
♪  Et tu dis un chiffre."  ♫

C'est bien, hein ? Ouais, ça rime pas, mais on s'en fout. Tu mets une petite musique à base de tambours polynésiens par-dessus, un peu à la Philippe Lavil. Et puis, il faut voir les images qui vont avec. Moi,  je vois bien un truc style, je marche dans les rues de Bayonne, un café à la main et je dodeline de la tête en souriant. Sur le chemin, on me propose du jambon, des piments, du chocolat, une planche de surf. L'été quoi !

Bon... euh... si on revenait à nos moutons, tiens.

Car qui dit "été", dit également "Espagne". Profitons encore pendant quelques temps peut être de l'indépendance des pays européens pour les découvrir. Si je dis ça, c'est parce qu'entre deux annonces de températures, les journaux télé-papier-radio ne cessent également de débattre sur la réforme territoriale française, consistant à ne créer que 14 régions sur les 22 actuellement existantes. Peut être qu'un jour, les pays faisant partie de l'Union européenne fusionneront à leur tour. La France, l'Allemagne et l'Espagne ne formeront alors qu'un seul et même territoire : la Framagne.
En tout cas, si nous faisons un condensé des infos actuelles en mêlant la victoire du FN, la commémoration du Débarquement et la réforme territoriale, on se croirait presque revenus en 1941. Putain, on était moins emmerdé avec le partage des régions à c't'époque !

Réforme territoriale en 1941

BREF... Mais non, je ne parle pas tout le temps de la collaboration française. Oh eh et pis merde, hein : c'est mon blog, je fais ce que je veux.
BREF : qui dit "Espagne", dit "Aguas Tuertas" ! Mais si, bien sûr ! Quand on pense Espagne, on pense automatiquement à Aguas Tuertas. Et moi, pour le coup, ça m'arrange.

Dans notre précédent épisode, nous avions vu qu'il n'y avait pas de bar à Mojito au lieu dit "Passo de Escalé-Espelunguera". Je décidais de poursuivre mon chemin en direction de "Achar de Agua Tuerta".
Quelques mètres plus loin, une vue qui se passe de tout commentaires. CHUT !

Un vaste vallon qui semble s'étirer à perte de vue, là-bas au loin, au Nord. Une rivière lui dérobe de ses belles couleurs vertes pour serpenter docilement sous le regard bien veillant des montagnes. Il s'agit du Rio Aragon Subordan. Il s'en va vers le Col de Contende (ou de Couecq) que l'on peut atteindre à pied en deux heures depuis ce point de vue.

N'empêche... Putain, c'est con comme expression ça : "N'empêche". Ça veut rien dire !
Bon, bref : tu vois, quand tu es à cet endroit, avec ce petit vent, tu as envie que le temps s'arrête rien que pour faire chier tous les horlogers de la terre.
Et ce silence parfois accompagné par quelques sifflements d'oiseaux ou de marmottes lointaines. Ici bas, la rivière qui s'écoule.
Non, non, non : quand tu vois tout ça, il n'y a plus qu'une chose à faire.

Ah non, merde, je me suis planté de vidéo. On recommence !
Tu vois, quand tu es là, avec ce petit vent, ce silence parfois accompagné par quelques sifflements d'oiseaux ou de marmottes lointaines, il n'y a plus qu'une chose à faire

Et rester là, posé. Un moment. Ne penser à rien.

Et puis repartir un peu plus loin. Errer autour de ce site magnifique. Tout fascine ! Les montagnes, les ruisseaux, l'herbe, le ciel, la neige éparse, un avion laissant derrière lui une traînée de kérosène dans ce ciel bleu azur...

  

Mais si tu n'as pas envie de rester là à écouter les sons de la nature, tu peux passer ton chemin en faisant une boucle. Tout d'abord, tu suis la Rio Aragon pour rejoindre la Loma, puis le col d'Arlet (2095 m). Ensuite, tu descends un peu pour aller jusqu'au lac et refuge d'Arlet (1986 m). Même que tu peux y dormir !

LE REFUGE D'ARLET

Niché au creux d'un cirque dominé par le pic d'Arlet, le refuge d'Arlet surplombe le lac du même nom. Ancré contre la crête de la frontière espagnole, il offre une vue panoramique au nord, souvent grandiose grâce à la mer de nuages.

    

Ouvert à tous, du mois de juin au mois de septembre ! Offrant un hébergement (7 couchages) et un service de restauration aux randonneurs ! En accès libre durant le reste de l'année !
Demi-pension adulte......................34€
Nuitée adulte.(dont taxe de séjour)......11,50€
Repas adulte.................................16,50€

Réservations obligatoires au 06 77 14 43 71.
Renseignements en cliquant là-dessus : LE REFUGE D'ARLET

Après le refuge et lac d'Arlet, tu suis la Barnasse pour atteindre la cabane de Lurbé, puis celle de Gourgue Sec (1840 m). Mais oui, tu redescends peinard. T'es pas pressé d't'façon, tu t'en fous ! T'es bien, t'es dans la montagne. Hopla, tu remontes un peu vers le col de Lapachouaou parce que le nom est joli ; et comme le nom est en plus de cela assez drôle, TAC tu passes par la cabane de Lapachouaou. T'es à 1891 m d'altitude, mais tu ne le sens pas. Allez hop : tu descends tout droit maintenant jusqu'à la cabane Grosse... Pas la cabane de la Grosse ; ce qui sous-entendrait qu'en son antre se cache une femme munie d'un certain embonpoint. Non, non, non. t'es à 1623 m et t'es toujours bien pour rejoindre enfin le fameux, le seul, l'unique parking de l'Espélunguère ! Voilà !
Cela fait une boucle de cinq heures avec 1000 mètres de dénivelé, mais il faut ce qu'il faut aussi, toi, tu m'fais marrer ! Tiens, sur la carte, cela donne ceci si tu suis la ligne bleue.

MAAAAAAAAIIIIISSSSSSS cette petite balade au demeurant bien sympathique et costaud, ce ne sera pas pour aujourd'hui.
Non, non, non. restons peinard ! On n'est pas bien là, hein ?! Profites !
Tiens, mais qu'est-ce que c'est qu'ce truc là-bas ?!

                           J'approche.

J'approche encore.                       

            J'approche toujours.

JE SUIS DEVANT !

Sur le haut de ce qui était certainement à une époque lointaine l'entrée, je vois un écrit dans la pierre : "Ano 1935. Viva Anso !"
Quel bien étrange message. Serait-ce un ancien refuge ? Serait-ce le cerebro ? Serait-ce un ancien local de résistance tenu par un certain Anso ? Et qui était cet Anso ? Que voulait-il ? Que faisait-il ici dans ces montagnes, non loin de la frontière espano-française ? S'était-il échappé de quelque part ? Voulait-il fuir quelque chose ? Et que que s'est-il passé en Espagne en 1935 ?
Eh bien, si nous allons voir Wikipedia, voilà ce que l'on trouve :

Étonnant, non ? Peut être que cet Anso voulait fuir à la fois le Grand Prix automobile et le Tour d'Espagne cycliste. Un trop plein de sports, sans doute.
En attendant, je fais le tour de la question.

Ceci étant fait sans être véritablement élucidé, je reprends ma route.
J'ai le temps, j'ai le temps. J'ai pour objectif d'atteindre une butte de laquelle je pourrais dominer d'avantage le vallon d'Aguas Tuertas et les méandres de la Rio Aragon. Je ne sais pas où je vais. Je regarde autour de moi, simplement, pour trouver un promontoire adéquate. Je me retourne de temps à autre pour regarder le paysage environnant. Tout est beau. Cette neige éparse sur le Secus (2344 m) et le Puerto d'Acher (2155 m). Ces petites étendues d'eau éphémères.

         

Sur les flancs de la Sierra de Bernera,
c'est pas mal non plus.

Mais que ne vois-je là-haut sur la montagne ? Cette tâche sombre qui semble bouger, qu'est-ce que donc ? Un animal, sûrement ! Un ours, peut être !
L'année dernière, à la même époque, dans la vallée d'Aspe, un randonneur avait repéré des traces de cet animal dans la neige...

Photo : La buvette des alpages

"L'ours sorti de sa tanière rode sur les zones où il y a une forte concentration d'animaux (sangliers, chevreuils...). Il est à la recherche d'un animal affaibli ou d'un cadavre. Si vous avez la chance de croiser sa voie, il est impératif de suivre sa trace à l'envers afin de ne pas le déranger et si vous prenez une photographie veuillez mettre toujours une échelle si vous souhaitez la faire identifier." LA BUVETTE DES ALPAGES

 D'après les derniers recensements, il serait possible qu'effectivement, un ours rode dans les parages...

En tout cas, ce n'est pas Cannelle. Souvenons-nous !
Cannelle était la dernière femelle de souche pyrénéenne et était alors accompagnée d’un ourson d’environ 10 mois. Dernière ourse du Béarn et toute dernière ourse pyrénéenne non issue des réintroductions d’ours slovènes, a été tuée par des chasseurs le 1er novembre 2004, lors d'une battue au sanglier sur les hauteurs d'Urdos ; village que j'ai traversé ce matin pour venir jusqu'ici.
Elle élevait son ourson, le dernier petit ours autochtone pyrénéen dans un massif forestier connu. Ce dernier a survécu, malgré son jeune âge. Aujourd’hui, la population d’ours dans le bastion historique des Pyrénées occidentales est réduite à 2 ours mâles : le fils de Cannelle et Néré, d’origine slovène.

Saches qu'aujourd'hui, et ce jusqu'au 30 juin 2014, tu peux "retrouver" Cannelle bien empaillée, mais toujours bien morte, au muséum de Toulouse.

Photo : La République des Pyrénées

Bon alors, si c'est pas Cannelle, qu'est-ce qui c'est ?
Ce chat que tout le monde cherche depuis deux ans ?

Non, c'est pas possible ! Même d'ici, je vois que ça n'a rien à voir ! Je me rapproche, mais de loin.

Putain, ça bouge sur la neige lààààààààà !!!!!

Ils sont plusieurs ! Mais une silhouette se dégage plus nettement sur le flanc de la falaise, comme pour observer au loin le danger humain approchant.

Je me rapproche encore.
Non, bon, en fait, je zoome !!!!

C'est un isard. Ou plutôt des isards.

Attention : rien à voir avec la chanson de Daniel Balavoine ("L'azizard"... oui, je sais c'est nul, mais c'est mon blog et je fais ce que je veux !), ni avec Christophe Izard, le créateur de L'île aux enfants ! OOOOh, ça y est, tu pleures ? L'inventeur des Visiteurs du mercredi ! A y'est, tu t'souviens ? Tu chiales, là ? Et aussi du village dans les nuages ! Ooooohhhhhh, Patanok, Kalamine, Biribok, Emilien Duboeuf, et tout ça et tout ça ! Hein, hein, hein ! 

Photo : CasimirLand

Ou encore, tiens, allez hop, nostalgie à 1800 m d'altitude,
Christophe Izard, c'est aussi :

Ah oui, souviens-toi : Les visiteurs de Noël. Ce son de cloches, cette neige qui tombe, ces sapins à décorer, ces dessins animés à la télé, ce froid, ces cadeaux, cette attente. C'était en 1976 et jusqu'en 1982; Après, tu as grandi, tu as vieilli, tu n'as plus cru au Père Noël, ni à Claude Pierrard. Tu t'es mis à fumer et à boire à outrance, on t'a retrouvé dans le caniveau, fini la magie de Noëëëëëëlllllll !!!!

OHALALALALA, ON S'CALME !

Donc, les izards... isards, c'est quoi et c'est qui ? Que veulent-ils ? D'où viennent-ils ? Et comment ?

"L’isard se différencie du chamois par sa plus petite taille, ses écharpes noires et blanches en hiver et sa rousseur en été. Il est l’archétype de l’animal montagnard, capable de courses et de dénivelés impressionnants. Il vit au-dessus de la limite des arbres, en zone d'éboulis et de pelouses. En hiver, il descend en forêt ou sur les pentes où il y a moins de neige. On le trouve essentiellement entre 800 et 2 300 m. La cellule sociale de base est constituée de la mère et de son cabri. Les mâles adultes sont solitaires. Herbivore, il se nourrit de plantes herbacées, de jeunes pousses et l’hiver, de bourgeons, d’aiguilles de conifères, de feuilles sèches et de lichens. Le record de longévité observé chez un individu en liberté est de 24 ans. Les avalanches, le froid et la raréfaction de nourriture l’hiver sont des facteurs importants de mortalité tout comme l’aigle qui s’attaque surtout aux jeunes plus vulnérables."   PARC NATIONAL DES PYRENEES

Et quand il est mort, le squelette de l'isard ressemble à ceci, reconnaissable à la corne qui se dresse au milieu du crâne.
DONC : c'est bel et bien le squelette d'un isard que j'ai croisé tout à l'heure, vers le col d'Escalé-Aigue-Torte. En même temps, je ne m'étais pas posé la question.
Une autre question se pose : pourquoi dans les Alpes, l'isard s'appelle chamois alors que dans les Pyrénées, le chamois est appelé Isard ? Eh bien, j'en sais rien. Merci.

L'heure tourne et je ne sais pas où elle en est. Toujours est-il qu'il va falloir que j'accélère un peu le pas. Pourtant, je m'interroge. T'as vu : je n'arrête pas de me poser des questions ! C'est horrible ! Je me demande pourquoi. C'est vrai ça : pourquoi je n'arrête pas de m'interroger ?
En tout cas, à ce moment précis en cet endroit E, je me dis : et si je restais là ? Et si je ne redescendais pas ? Et si je jetais le téléphone portable dans la flotte, non pas pour polluer la rivière, mais pour me couper définitivement du monde ? Et si j'allais courir nu sur la neige avec les isards, quelle serait leur réaction ?
Je monte encore un peu à hauteur de cette butte que j'avais vu plus bas.

De là, j'aperçois le Pic du Midi d'Ossau.

         

Bon, allez, un dernier regard sur Aguas Tuertas...

Et je décide de redescendre dans la vallée. Col d'Escalé-Aigue-Torte, cabane d'Espélgunguère, rivière d'Espélunguère, cascade d'Espélunguère.
Quelques heures plus tard, je retrouve la voiture au parking de... de... d'Espélunguère ouaaaaiiisss. Cela fait 5 heures que je suis parti. J'ai pris mon temps. Saches que cette petite balade peut être faite en trois heures.
Je monte dans la voiture. Je mets le contact. Marche arrière. Marche avant. Les Forges d'Abel, retour sur la Nationale 134, Urdos, fort du Portalet, chemin de la Mature, Borce, le Communal.
C'est l'heure de l'apéro et d'une bonne bière belge.

    

Voilà !