PLOUGRESCANT ET ALENTOURS (22)

Après avoir traversé la moitié d'une partie de la France (on remarquera au passage à quel point cette affirmation est précise), Jénorme et sa petite famille sont arrivés dans les Côtes-d'Armor, et plus précisément dans le petit village de Plougrescant, et plus précisément dans un magnifique gîte non loin du lieu-dit Pors Hir.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Alors, bon, quand on va aussi loin et dans un endroit comme celui-ci, ce n'est pas forcément pour voir du monde. Soyons bien clairs ! On n'a pas fait 650 bornes pour se foutre dans un complexe touristique fait de files d'attente interminables, de bouchons, de plages bondées et autres !
Noooonnn : du calme, de la nature, de l'air,  du large, de la méditation ! On n'est pas à la Seine-Saint-Denis là !

   

 

 
Photos : Manolo Mylonas

Rappelons-le : nous sommes en juillet.
Oui, je sais : j'ai un peu de retard au niveau des billets à poster sur le blog !
La France entière se lamente sur la météo ambiante et elle a bien raison. Pourtant, ça n'empeche pas, comme tous les jours, au jour de se lever puisque le soleil est un peu absent. Absent oui, sauf en Bretagne. Car nous, ici, du côté de Plougrescant, et plus précisément de Pors Hir, et plus précisément depuis le petit jardinet du gite que nous avons loué pour une semaine, il fait beau. Un léger nuage d'iode souple brumise les côtes déchirées au loin, mais il semble être bien parti pour ne pas rester très longtemps... Si, si... Bon, là, pour le moment, ce matin, c'est pas terrible, mais ça va pas durer.

Et puis en attendant que cela se lève,
on peut toujours errer un peu le long des côtes,
du port et de la plage de Pors Hir...

              
Photos : Daniel Guyot

Mais il est préférable peut être d'attendre quand même un peu. Ça va se lever ! Mais oui ! Profitons du gîte et de son jardinet pour patienter.

Pourquoi ne pas admirer la flore peuplant l'extérieur...

Ah non, merde, je me suis planté de photo là ! On recommence !

Pourquoi ne pas admirer la flore peuplant l'extérieur
dans un feu d'artifice naturel et coloré...
    
         
Photos : Daniel Guyot et Jénorme

Et pourquoi ne pas aller apprendre quelques mots de breton
en allant sillonne les rues adjacentes...
   

Et pourquoi ne pas retourner au gîte et attendre tranquillement
que le soleil fasse définitivement son apparition
en peuplant doucement le salon de jardin...
  

   

Et pourquoi ne pas en profiter pour boire un petit verre de blanc local, tiens ?!
    

Voilà !
Et une fois que tout ceci est fait, nous pouvons nous lancer dans un rapide tour lointain des lieux pour voir ce que l'on ne verrait pas si on restait là. Ça va ? Je suis bien clair ? Parfait !
Tout d'abord, le village de Plougrescant en lui-même.
Mais, entre temps, c'est à dire entre Pors Hir et Plougrescant, nous pouvons constater qu'il y a un bar de prime abord bien sympathique, portant le doux nom de Le Gavroche. Il héberge un bateau sur ses terrains de pétanque et tout y est écrit à l'envers.

Photo : Street view

Quelques mètres plus tard, nous arrivons à...

PLOUGRESCANT

Carte postale de Plougrescant, vue de dos

Dès que l'on prononce ce nom dans les hautes sphères du tourisme breton, on entend de suite les promotionnels de la promotion nous dire.
LES PROMOTIONNELS DE LA PROMOTION : "- Aaaaah oui, Plougrescant ! C'est le gouffre !"

Bon. OK, d'accord, c'est pas faux. Mais vu que cela ne m'arrange pas d'en parler maintenant, nous allons plutôt supposer une autre affirmation.
Dès que l'on prononce ce nom dans les hautes sphères du tourisme breton, on entend de suite les promotionnels de la promotion nous dire.
LES PROMOTIONNELS DE LA PROMOTION : "- Aaaaah oui, Plougrescant ! Son clocher penché !"

Nous ne sommes pas obligés d'être de prime abord d'accord, mais force est de constater que lorsque l'on se rend dans le centre-village, c'est bien l'une des premières choses qui nous interpelle.

église Saint-Pierre de Plougrescant caché derrière moult hortensias

Sauf si tu t'es trompé d'édifice pour te poser devant le clocher de l'église Saint-Pierre qui se trouve au nord du village qui, lui, est bien droit et tout le monde s'en fout du coup.

ÉGLISE SAINT-PIERRE DE PLOUGRESCANT
Pourtant, il faut savoir que cette église fut construite de 1875 à 1877 par l'entrepreneur Bellec d'après les plans et devis dressés par l'architecte Théodore Maignan. D'après René Couffon, les fondations ont été bénites le 28 février 1875. L'édifice, dont la construction fut achevée en 1877, fut consacré le 15 septembre 1878.
C'est une église de style néogothique à volumétrie importante et à trois vaisseaux construite en moellons de granite et schiste sur un plan en croix latine. Elle est composée de l'ouest vers l'est d'une tour-porche carrée dans-oeuvre, d'une nef de six travées flanquée sur toute sa longueur de deux bas-côtés, d'un transept et d'un choeur. Le chevet à trois pans, dont une pierre à la base présente les initiales JHS, est flanqué de chaque côté de deux bâtiments en appentis de hauteur différente. La tour est coiffée d'une flèche polygonale en maçonnerie. L'espace intérieur, dont le couvrement est formé par une voûte sur croisée d'ogives, est éclairé par des baies à remplage de pierre. Éléments de décor : pignons découverts à rampants à crossettes, pierre de taille (contreforts, encadrement des baies, chaînes d'angles, tour), trilobes, quadrilobes, baies à arc brisé.

Tout ceci est bien joli et très bien documenté MAIS nous sommes beaucoup plus attirés par le clocher de la chapelle Saint-Gonery.
Mais juste avant celui ci, il faut constater qu'il y a sur le bord de la route un de ces bars tout en long qui donne envie d'aller voir ce qu'il se passe, surtout quand il affiche "Concerts, apéro et autres". Il s'agit du café Ar Vag, ce qui veut dire Ar Vag en breton. Ben oui.

Photo prise un autre jour par Ty Zicos

UN PEU PLUS LOIN, enfin, voici le clocher qui penche dont tout le monde parle.

CHAPELLE SAINT GONÉRY

     

Elle est à la Bretagne ce que la tour penchée est à Pise et doit sa célébrité à l'étrange inclinaison qu'a prise sa flèche avec le temps. A l'entrée de Plougrescant, la chapelle Saint-Gonéry salue le visiteur de son cloche, juché de traviole, comme le bonnet d'un astrologue en goguette.

L'EXTERIEUR
Construite à l'emplacement d'un ancien oratoire, elle est constituée de deux parties très distinctes. La première partie, du XIIe siècle, de style roman assez rustique, servit d'oratoire pour honorer Gonéry, saint patron de cette paroisse.
La deuxième partie fut construite à la fin du XVe siècle dans le prolongement de l'oratoire, pour constituer une église de style gothique flamboyant, avec chevet plat et plafond en berceau renversé garni de lambris peints. De cette époque datent la tour semi-encastrée (qui contient un escalier à vis) et une fenêtre avec accolade, visibles de l’extérieur de l'oratoire. À l’intérieur le mur est de l'oratoire est ouvert et équipé d'un arc brisé. Ce n'est que cent ans plus tard (en 1612) que fut édifiée sur l’oratoire la remarquable flèche, très lourde (couverte de plaques de plomb) sur une charpente mal adaptée et vieille de cinq siècles.
Cette flèche s'inclina rapidement sous l'effet des intempéries, il fut décidé de renforcer la charpente mais de maintenir l'inclinaison. Au fil des siècles la forme penchée a été conservée mais dotée d’une double inclinaison afin de maintenir le centre de gravité de la flèche dans l'axe de la surface de pose.
Dans l'enclos de la chapelle, à côté d'une chaire à prêcher, on trouve un vieil if âgé d'au moins 350 ans, symbole d'éternité.

L'INTERIEUR
La chapelle n'est ouverte qu'à de rares occasions. Le plafond a la forme d'une carène de navire renversé.
Sous la tour romane se trouvent le sarcophage de Saint Gonéry et le tombeau que les paroissiens lui firent élever. La légende dit que le sarcophage de granit dans lequel reposa sa dépouille lui servit à traverser la Manche. À l’instar d'autres saints bretons ; l’origine de cette légende prend sa source dans un fait historique : au VIe siècle les navires très légers avaient besoin d'un lest et d'un endroit pour faire du feu.
Ce moine irlandais avait, dit-on, le pouvoir de guérir des fièvres. Par superstition, les marins ne sortaient jamais en mer sans emporter à bord une poignée de terre grattée autour de son tombeau qu'ils remettaient en place à leur retour. Dans une lourde châsse, on peut voir le crane de Saint Gonéry, posé sur un plateau et couvert d'une couronne. Lors des deux pardons de Saint-Gonéry, Lundi de Pâques et dernier dimanche de juillet, à la fin de la messe, quatre hommes transportent la châsse autour de l'enclos extérieur, suivis par les fidèles qui chantent en breton les cantiques à son intention. A l'issue de cette procession les porteurs s’arrêtent devant la porte de la chapelle et chacun passe sous la châsse pour bénéficier des dons de guérisseur de saint Gonéry.

     
Crâne et sarcophage de Saint Gonéry

On note également la présence d'une statue de la vierge à l'enfant, albâtre du XVIème siècle. Assise sur une cathèdre, la Vierge tient dans la main gauche ce qui reste d’un sceptre On remarquera son expression discrètement souriante et les gestes enfantins de Jésus .La crédence, récemment restaurée, où l’on conservait les archives de la paroisse et les vêtements liturgiques. On peut reconnaître sur les panneaux de la façade, Sainte Marie Madeleine portant le vase à parfum, St Jean et son calice d’où s’échappe un dragon, Saint Gonéry et St Barbe portant la tour.

La nef de la chapelle recèle également un véritable trésor : des fresques peintes sur les voûtes lambrissées, exécutées à la fin du XVème siècle et du XVIIème siècle,  parfaitement restaurées.

Elles déroulent un livre d'images aux couleurs chatoyantes : la Création du Monde, des animaux, l'apparition d'Adam et Eve... On y lit de nombreuses pages de la genèse et du Nouveau Testament.

  
La création des astres / la création des animaux. L'Ancien Testament

  
Adam et Eve chassés du jardin d'Eden / Adam et Eve condamnés à travailler

    
Le Nouveau Testament : massacre des innocents / La cène

Le style naïf, rural, des fresques, la richesse des couleurs et de la mise en scène des personnages en font une oeuvre particulièrement émouvante.
Ces peintures naïves, sont exécutées sur des lambris fixés à une charpente secondaire. Malgré les siècles passés, elles conservent un rare bon état. Elles ont été réalisées à la fin du XVe siècle après les croisades et les grands voyages, par une petite bande d’artistes restés anonymes.
Le but de ces peintures n'était pas seulement de décorer, mais aussi d'enseigner l'Histoire Sainte à des populations ne sachant pas lire. Elles représentent en 20 tableaux, l'Ancien et le Nouveau Testament, avec une centaine de personnages habillés de vêtements très divers, souvent anachroniques.
PHOTOS ET TEXTES : d'après le site Les amis de la chapelle Saint Gonéry

Juste un peu avant ou juste un peu après suivant d'où l'on vient, nous allons flâner un peu sur le marché du village, présent sur la place de la mairie tous les dimanches matins. On y trouve des produits locaux (légumes, artichauts, pommes de terre,...), huîtres, araignées de mer, andouille de Guémené, fromages, textiles, bijoux, etc.

JEU :
Une de ces deux photos n'a pas été prise sur le marché de Plougrescant.
Sauras-tu retrouvé laquelle et gagner ton poids en sardines grillées ?
        

On continue pour trouver un petit resto peinard. Nous cherchons à rejoindre la côte sauvage en suivant une route rassurante. 
Finalement, après avoir croisé un bar au nom intriguant, nous finirons dans un cul-de-sac.

      

Demi-tour toute pour aller du côté de Port-Blanc, ce qui n'a rien à voir avec le chemin initial.
Si son nom correspond à ses propositions, nous devrions y trouver un port et du blanc ; ce qui tombe plutôt pas mal car cela fait plus d'une heure que c'est l'heure de l'apéro.
Quelques minutes et kilomètres plus tard (13 et 9 très précisément), nous arrivons à...

PORT-BLANC

C'est un endroit où l'on se sent bien de suite. C'est calme, la mer, qui n'est autre que la Manche, est d'une limpidité à toute épreuve. Le sable des petites plages est d'un blanc éclatant lorsque le soleil vient y déposer ses rayons. Un bien bel endroit où réaliser, dans un premier temps quelques photos purement touristiques comme celles-ci :

      
Ou encore celle-la !

C'est le premier monument que l'on remarque lorsque nous arrivons à Port-Blanc : un banc... Non : le rocher de la Sentinelle. Ce dernier est coiffé d'une ancienne tour de guet au pied de laquelle se trouve une poudrière qui abrite une statue de la Vierge. Se dressant face à l'île Saint-Gildas, cette guérite remonte a début du XXème siècle : elle a remplacé un édifice du XIIème siècle que les outrages du temps avaient trop dégradé. Ce dernier servait à surveiller les petites îles de l'archipel, refuges de brigand qui faisaient trop souvent des incursions sur le littoral.
Autrefois, Port-Blanc était un centre actif et prospère de sècheries, de pêcheries et de ramassage de goémon. Depuis 1932, ce petit port sympathique a développé de nouvelles fonctions pour devenir une station balnéaire réputée. Cette renommée repose sur la beauté de son littoral au relief escarpé que découpent de petites criques délimitées par des avancées granitiques.
De la plage des Dunes à l'ouest du bourg au rocher de la Sentinelle s'étirent des plages de sable fin, auxquelles succède en allant vers l'est une zone plus rocheuse.
Devant Port-Blanc s'étend un petit chapelet d'îlots reliés entre eux par des cordons de galets.

On dénombre une dizaine de petites îles dans l'archipel de Port-Blanc : îles Saint-Gildas, Marquer, des Brigands, du château, île Bruck, Levren, Illiec, Creis, Bihan, île aux Marsouins ou encore l'île aux Femmes qui devrait son nom au fait que les mères, soeurs, épouses ou filles des marins y guettaient le retour des hommes partis pour la grande pêche en Islande.
À marée basse, on peut visiter une partie de l'archipel. Parait-il que c'est une des plus étranges balades que réserve le département des Côtes-d'Armor.

IDéE BAlADE

C'est à Port-Blanc, où débute la côte des Ajoncs, que Théodore Botrel, chantre d'une certaine Bretagne et auteur de la chanson la Paimpolaise, possédait une maison baptisée "Ty Chansonniu" (la maison des chansons). D'autres célébrités y ont également posé leurs bagages.
Faire le grand tour des îles prend deux à trois heures de marche pour une distance de huit km environ. Mais n'oublies pas que les îles sont privées ! Tu ne dois donc pas quitter la grève qui appartient, elle, au domaine public.
Le mieux est de partir du lieu-dit Roc'h Glaz, juste avant Buguéles. En contrebas du parking, tu pourras distinguer sur la grève la chaussée qui longe l'îlot de Coz Castel par la droite et qui trace une grande courbe vers l'île du Milieu puis l'île Saint-Gildas. C'est là qu'il faut marcher. Une fois sur Saint-Gildas (qui appartient aujourd'hui à une congrégation religieuse), tu croiseras le monument dédié à Charles Lindbergh.
Pour revenir, le mieux est de passer par Illiec, qui est la plus large des îles. Du moins, si la mer n'est pas déjà en train de remonter ! Ceci étant vérifié, dirige-toi vers d'abord vers l'île du Milieu en la longeant par la gauche. Ensuite, tu couperas à travers des bancs de vase dure et de roches où la marche reste aisée. En arrivant devant Illiec, tu apercevras sur ta droite un grand cordon de galets blancs : il mène à Balanec que tu longeras par la droite pour regagner Buguèles. DETOURS EN BRETAGNE

Alors bon, si tu as bien lu ce qui était écrit juste au-dessus, tu as peut être que nous avons parlé de deux grandes personnalités. En l'occurrence : Alexis Carrel et Charles Lindbergh. Je propose que l'on profite de cet air port-blanco... port-blanchien... port-blançois ???? Apparemment, il n'y a pas d'appellation ni d'habitant dans ce petit port et les résidants sont plutôt nommés les Penvénanais ; ce qui de prime abord semble n'avoir aucun rapport avec le nom Port-Blanc sauf si nous constatons que Penvénan est la commune qui regroupe Port-Blanc et Buguélès.
BREF : ohlalala c'est long tout ça. Intéressons-nous rapidement à la biographie des deux hommes précédemment cités et qui ont résidé sur...

L'ÎLE SAINT-GILDAS

Elle appartenait autrefois à Alexis Carrel (1873-1944) qui l'avait achetée grâce à l'obtention de son prix Nobel de Médecine en 1912 pour ses travaux sur les greffes de vaisseaux sanguins.

ALEXIS CARREL (1878-1944)

Pionnier de la chirurgie vasculaire, physiologiste, il fut controversé par la suite pour ses vues sur la politique nataliste et l'eugénisme ;  cette théorie et ces méthodes contestés visant à améliorer l'espèce humaine, fondées sur la génétique. On lui attribue notamment la phrase : " Une cellule bien hydratée, bien nourrie, bien débarrassée de ses déchets se renouvelle perpétuellement », suggérant à long terme une possible immortalité des organismes."
Ses thèses eugénistes, ses liens avec Philippe Pétain, avec Charles Lindbergh, compagnon d'antisémitisme d'Henry Ford et son soutien politique du national-socialisme, et surtout un extrait d'une traduction de la préface à l'édition allemande de L'Homme, cet inconnu, en 1936 : « En Allemagne, le gouvernement a pris des mesures énergiques contre l'augmentation des minorités, des aliénés, des criminels. La situation idéale serait que chaque individu de cette sorte soit éliminé quand il s'est montré dangereux » tendraient, selon certains auteurs à confirmer un soutien d'Alexis Carrel aux politiques nazies.
Il repose aujourd'hui sur un petit oratoire de l'île.

L'autre personnalité célèbre de ce lieu est l'aviateur américain Charles Lindbergh qui possédait une maison sur l'îlot d'Illiec. Il se trouve en effet que Carrel fit sa carrière aux États-Unis où il était attaché à l'institut Rockefeller. Il mit au point un coeur artificiel qu'il construisit avec l'aide de Lindbergh à la fin des années 1930.
Une sculpture en granite rend hommage à l'aviateur, dont le premier message aérien tomba sur l'Île Saint-Gildas le 2 juillet 1927 pour annoncer son arrivée, après sa traversée de l'Atlantique.

CHARLES LINDBERGH
(1902-1974)

Photo : Wikipedia

"Charles Augustus Lindbergh est né le 4 février 1902 à Detroit. Alexis Carrel fut le pionnier de la chirurgie vasculaire, Lindbergh, lui, est un des pionniers de l'aviation. Surnommé «L'aigle solitaire», il entre dans la légende en devenant le premier pilote à relier, sans escale et en solitaire, New York à Paris entre le 20 et 21 mai 1927 en 33 heures et 30 minutes, à bord de son avion Spirit of Saint Louis, spécialement conçu pour l'occasion en à peine deux mois. L'enjeu de cette traversée de l'océan Atlantique nord reliant Paris à New York en avion était le Prix Orteig et le prix aigle royal à tête blanche d'Amérique d'un montant de 25 000 dollars.

Toutefois, cependant encore que tout de même, ne négligeons pas le fait que Lindbergh ne fut pas le premier à traverser l'Atlantique en avion, mais il fut le premier à le faire en solitaire. À la foule qui l'accueillit lors de son atterrissage à l'aéroport du Bourget, il se contenta de répondre : «Well, I did it!» (« Eh bien, je l'ai fait ! »). Pendant ce temps, les collectionneurs de souvenirs déchiraient des morceaux de toile de l'avion. Les foules européennes tombent sous le charme du jeune homme. À chacune de ses escales, durant son séjour en Europe, il est attendu par une foule d'admirateurs qui espèrent l'approcher.
MAIS Lindbergh n'hésita pas non plus à jouer le joli-coeur à des fins plus ou moins mercantiles. Passons les détails sur sa rencontre avec le roi George V qui lui demande comment il a pu satisfaire ses besoins naturels pendant les 33 heures de vol. L'aviateur lui répond qu'il a utilisé un thermos qu'il avait ensuite jeté à la mer. Mais cela ne serait pas conforme à la vérité. Sa combinaison de vol, irrécupérable, a en effet dû être jetée.
Oui, passons sur ce détail pour remarquer que le 28 avril 1928 il fait un bref passage à Québec. Il rencontre le Premier ministre Taschereau, passe une nuit au château Frontenac puis repart le lendemain. Cette escale avait pour but de sauver l'un de ses amis, Floyd Bennet, tombé malade en tentant d'aider des Allemands en détresse dans le nord. Lindbergh va chercher le médicament à New York, puis se pose sur les plaines d'Abraham afin de rejoindre son camarade hospitalisé au Jeffrey Hale. Malheureusement, M. Bennett meurt des suites de sa pneumonie. Ce vol de Lindbergh de New York à Québec sera très critiqué par les autorités canadiennes, le considérant comme un vol publicitaire, le Canada disposant de tous les médicaments utiles.

Autre fait médiatique plus dramatique : l'enlèvement et l'assasinat en 1932 de l'un des six enfants Lindbergh que l'aviateur a eu de son mariage avec la riche héritière Anne Spencer Morrow. Bruno Hauptmann sera arrêté en 1934 et condamné pour l'enlèvement et le meurtre du fils Lindbergh à la suite d'un procès très médiatisé qualifié de «procès du siècle». Il sera exécuté sur la chaise électrique le 3 avril 1936 après avoir toujours clamé son innocence. Étrangement, plus de deux cents personnes ont revendiqué l'enlèvement du bébé Lindbergh, sans doute poussées par la renommée de l'aviateur. Cet enlèvement provoquera l'indignation internationale et fera du rapt d'enfant un crime fédéral passible de la peine de mort aux États-Unis. Salvador Dalí n'arrangera guère les choses en se produisant dans une soirée costumée avec Gala dans un linge ensanglanté qui était censé le travestir en «Bébé Lindbergh assassiné». L'assistance est scandalisée et Dali devra bredouiller quelques excuses confuses.
Lassés d’être sous les projecteurs alors qu'ils sont toujours en deuil, les Lindbergh s'exilent en Europe en décembre 1935, et s'installent près de Londres. Envoyé en Allemagne à la demande de l'ambassade américaine pour effectuer un rapport sur la Luftwaffe, il rencontre Willy Messerschmitt et se serait laissé leurrer. Il surestime l'aviation allemande qu'il dit «invincible» et se voit décorer le 28 juillet 1936 de l'ordre de l'Aigle allemand par Hermann Göring. À cette occasion, Lindbergh qualifie Hitler de «grand homme».
De retour aux États-Unis, il collabore avec l'armée de l'air. En même temps, il s'intéresse aux travaux d'Alexis Carrel sur le cœur artificiel dont nous avons parlé plus haut.

Partisan de la neutralité américaine au début de la guerre, il devient, de 1940 à 1941, l’un des principaux porte-parole du mouvement isolationniste America First, engagement qui lui vaut d'être soupçonné d'antisémitisme. En mai 1941, Roosevelt lui demande de renvoyer la «médaille de la honte» reçue des mains d'Hermann Göring, ce qu'il refuse de faire, préférant démissionner de son poste de colonel au département de la Guerre.
Les déclarations maladroites de Lindbergh font peu à peu passer l'aviateur et ses fidèles du rôle de pacifistes proaméricains à celui d'antisémites sympathisants du Führer. Il changera cependant d’avis après l'attaque de Pearl Harbor, en décembre 1941.
Le 21 mai 1944 il fait sa première mission d'attaque au sol avec l'escadrille VMF-222 contre la garnison japonaise de Rabaul. Il participe aussi à des missions avec la VMF-216. Durant 6 mois dans le Pacifique en 1944 il assurera comme civil, une cinquantaine de missions aériennes.
Sur les Lockheed P-38 Lightning Il mettra aussi au point des procédures de vol qui diminuent la consommation et augmente ainsi le rayon d'action de ce chasseur à longue distance. Les pilotes des U.S.Marines et de l'ASAAF qui ont combattu à ses cotés saluent son courage et défendent son patriotisme.
Après la Seconde Guerre mondiale, devenu consultant pour la compagnie aérienne Pan Am, il narre sa célèbre traversée dans un livre, The Spirit of St. Louis, qui lui vaut le prix Pulitzer 1954 (Autobiographie).
Réhabilité, réintégré dans l'armée américaine au grade de général de brigade, il consacre son temps à la défense de la nature, condamnant notamment les transports supersoniques. Il publie en 1970 son journal de guerre, The Wartime Journals of Charles A. Lindbergh.
Outre les six enfants nés de son union avec son épouse Anne, Charles en a sept autres après la guerre, issus de trois liaisons secrètes en Allemagne et en Suisse.
Marqué par les années de guerre, il se demande si l'aviation est un progrès pour l'humanité. Sur la fin de sa vie, il continue à se consacrer à la protection de la nature et à la défense des tribus isolées des Philippines. Il se lie d'amitié avec l'artiste Joseph Savina, qui entretient la résidence de l'île Illiec qu'il possède depuis 1938 à Buguélès, sur la commune de Penvénan dans le Tregor, en Bretagne. Oui, voilà, on y vient : c'est là que nous sommes ! Souviens-toi, lectrice/teur : Port-Blanc faisant face à ces îlots multiples.
Toutefois, il faut savoir que Lindbergh ne passera pas ses derniers jours ici, dans cette région bretonne. Non, il restera à Kipahulu, localité de la côte sud-est de l'île hawaïenne de Maui, où il mourra d'un cancer de la moelle épinière le 26 août 1974. Son épouse ne respectera pas son vœu de reposer à ses côtés et se fera inhumer en un lieu tenu secret."  WIKIPEDIA ET AUTRES

En protégeant la baie des effets de la houle, Port-Blanc a favorisé l'émergence de nombreux sports nautiques, tandis que les petites plages logées dans les criques attirent les amateurs de pêche à pied. Mais attention, un panneau nous rappelle que...

Non, c'est pas en Bretagne que j'ai pris cette photo. D'ailleurs ce n'est même pas moi qui l'ai prise. Et puis je ne sais même pas si ce panneau existe vraiment. Et puis de quoi parlait-on ?
Ah oui Port-Blanc ! Bien sûr, il y a plein d'autres choses à voir dans ce charmant petit port breton, mais nous continuons un peu plus loin notre errance rapide sur cette partie des côtes bretonnes.

Ainsi, lorsque nous sommes à Plougrescant et même à Port-Blanc, il y a un site touristique et naturel qui semble être incontournable si on a encore la force de faire quelques kilomètres. Il s'agit de Ploumanac'h, comme ça se prononce.
Nous en avons déjà parlé dans ce blog. Souviens-toi, c'était en mars 2008 : La Bretagne du Nord, mer et rochers étranges.

Plougrescant > Ploumanac'h : 27,6 km
Port-Blanc > Ploumanac'h : 21,3 km

Une demi heure et des brouettes plus tard, nous arrivons au port de Ploumanac'h. Eh oui parce que Ploumanac'h, ce ne sont pas que des rochers bizarres, c'est aussi un port.

PLOUMANAC'H

Une des rares photos de Ploumanac'h où on ne voit pas de rochers étranges

Bon, je ne vais pas refaire l'hsitorique de la ville, ni faire l'inventaire des curiosités à parcourir si tu vas dans le coin. Contentons-nous, simplement, calmement, tranquillement, simplement... ah merde, je l'ai déjà dit... de regarder quelques photos prises à la volée ce jour là sur le sentier des Douaniers "Rousseau La la la la la la la la la la la la la la...oh oh oh....vive le Douanier Rousseau !" (La compagnie Créole, 1983)

  

Sur quelques 25 kilomètres, entre Trébeurden et Perros-Guirec, le littoral des Côtes-d'Armor se déploie en forme d'éventail de part et d'autre de la ville de Lannion, au coeur de la région du Trégor. Ici, le rivage est formé de blocs de granit rose monumentaux, composant un paysage exceptionnel au patrimoine écologique et géologique inestimable. C'est la côte de Granit Rose.

      

Les chaos de la Côte de Granit Rose sont là depuis plus de 300 millions d'années. Le granite naît en profondeur, sous la croûte terrestre, du refroidissement extrêmement lent du magma. Roche plus dure que le marbre, elle affleure au fur et à mesure du lent travail de l'érosion qu'effectuent le vent et l'eau. Mélange de mica, de quartz et de feldspath, ils ont été sculptés par la mer, le vent et le gel. Posés les uns sur les autres en un équilibre souvent précaire, ils composent des paysages exceptionnels et spectaculaires. Ces roches roses qui rehaussent de leur éclat les couleurs profondes de l'océan, attirent chaque année des milliers de visiteurs.

 Les monstres de pierre de Ploumanac'h sont constitués d'un granite extrêmement résistant : moins tendre que la roche qui les entoure, ils défient l'érosion. L'oxydation des particules de fer qu'ils contiennent est à l'origine de leur délicate teinte rosé.     C'est à leurs formes étranges qu'elles doivent leurs surnoms insolites : la sorcière, les titans pétrifiés, le gouffre, le dé, le chapeau de Napoléon, la guérite des amoureux,...

     

Tout ça, c'est bien mignon-joli, mais il manque quelque chose dans ce chaos organisé par la nature...

Allez : il est grand temps de retourner à Plougrescant non pas pour boire quelques Mojitos, mais pour entrer en contact direct avec les spécialités culinaires locales.

On le sait : en Bretagne, l’intensification de l’agriculture a permis à la région d’augmenter sa part dans la production agricole nationale (7 % en 1950 à 11 % 2008). Mais elle s’est aussi accompagnée d’impacts sur la qualité de l’eau, la biodiversité, les paysages agraires, etc. La prolifération des algues vertes donnent de belles couleurs aux photos de vacances, mais polluent en dégageant des gaz très toxiques.

Les pratiques culturales évoluent peu à peu. Certains agriculteurs se tournent désormais vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement, notamment l’agriculture biologique. Mais on remarque aujourd'hui la crise qui couvre la région. Le nombre d’exploitations agricoles a chuté entre 1955 (197 368 exploitations) et 2007 (37 657). Dernièrement à Morlaix, les légumiers sont venus protester contre les contraintes fiscales et administratives qui pèsent sur eux. Une colère qui résulte de conjonctions d'évènements, comme la baisse de la consommation, la surproduction, la baisse des cours, la météo, l'impact de la nouvelle PAC, l’embargo russe et les charges sociales de plus en plus accablantes.
Un printemps précoce et un début d'été favorable ont entraîné une hausse de la production en France, poussant une baisse des prix des fruits et légumes pour les consommateurs. Mais la bonne nouvelle pour les clients des grandes surfaces ne l'est pas pour les producteurs, indique Raymond Girardi, secrétaire général du Modef, petit syndicat agricole, cité par Le Figaro : "La grande distribution a gardé ses marges et répercuté la baisse des prix aux producteurs". À méditer... encore !

En détails, il faut savoir que 60% des terres bretonnes sont agricoles, ce qui représentent1 658 101 hectares. L’activité agricole se concentre sur l’élevage et les cultures légumières.
L'agriculture en Bretagne, ce sont les élevage bovin et avicole, mais aussi et surtout porcin puisque la Bretagne est la première des régions française productrice de porcs. 70 % des exploitations reprennent ces activités, ce qui explique que la région utilise la majorité de sa surface dédiée aux productions végétales à des fins de fabrication de fourrages ou de transformation ayant pour but de nourrir les animaux. Viennent ensuite le blé et le maïs grain.
La culture maraîchère vient en deuxième position. Chaque année, plus d’un million de tonnes de légumes (pommes de terre, chou-fleur, tomate, artichaut, etc.) sont produits pour le marché du frais, la transformation et l’exportation. Les cultures arboricoles sont également présentes avec, notamment, les pommes (de consommation ou a cidre) ainsi que les fraises de Plougastel qui font la renommée de la région.

 Mais qui dit "Bretagne", dit aussi "Bretagne du nord" dit aussi "Manche". Pas celle qu'on enfile, mais celle dans laquelle on se baigne que l'on soit français, anglais ou belge. Et qui dit "Manche", dit "eau" dit "poissons et crustacés".
C'est d'ailleurs pour nous le moment de rejoindre notre experte culinaire qui vient juste d'arriver là maintenant du Pays Basque pour nous présenter sa recette bretonne en direct de Plougrescant.

INSTANT CUISINE
AVEC MÉLANIE

Alors, aujourd'hui : nous allons préparer des homards. Comment les préparer ? Bonne question ! Vous allez le voir : c'est complètement pas compliqué.

1) Tu prends ta voiture et tes jambes pour aller chez le poissonnier ou chez le homardier ou sur un marché local.

En l'occurrence ici, on voit que cette brave dame du marché de Tréguier n'a que du poisson et pas de crustacés. Il est donc vivement conseillé d'aller ailleurs si on veut du homard.

2) Si on veut faire des homards au barbecue, se munir au préalable d'un barbecue. C'est complètement évident.
Poser du charbon délicatement dedans ajouté à quelques feuilles de papier journal local.
Mettez-y le feu avec violence. Puis attendez que le tout fasse de la fumée.

Ne pas hésiter à se changer pour effectuer cette opération qui donnera une odeur charbonnée à vos fringues et à votre peau.

3) Retourner en cuisine pour préparer les homards en les mettant tout d'abord vivants dans de l'eau bien bouillante. Oui, c'est cruel, mais c'est mieux comme ça. Puis les décortiquer en les écartelant vivement.

Attention : la bouteille de lait et les oeufs présents sur le plan de travail ne servent à rien pour cette recette.

4) Comme les pinces sont un peu épaisses et dures, ne pas hésiter à retourner dehors pour jeter un oeil sur les braises du barbecue, mais aussi pour se munir d'une grosse caillasse afin d'éclater littéralement les pinces des homards afin de les ouvrir et d'en savourer ultérieurement la chair fraîche ultérieurement.

Remarque : il est impossible de faire du feu avec des pinces de homard frottées à des silex.

5) Après avoir déposé soigneusement les moitiés de homard dans du papier alu, amener le tout sur la grille de barbecue en ayant pris au soin au préalable de constater qu'il n'y avait plus de grosses flammes qui sortaient de celui-ci afin de ne pas cramer le tout. C'est complètement évident.

C'est beau.

6) Après plus de quatre jours de cuisson, c'est fin prêt, vous n'avez plus qu'à servir.

On n'est absolument pas obligé de se mettre une barrette dans les cheveux pour déguster des homards.

EN VOUS SOUHAITANT UN BON APPÉTIT BIEN SÛR !

Pendant que nous passons à table, je te propose de nous retrouver dans le prochain épisode.

DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE

Nous analyserons plus en détails la côte bretonne autour de Plougrescant en parcourant le sentier des Douaniers.