Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
Visiteurs
Depuis la création 1 072 899
Archives
12 avril 2014

JÉNORME À 40 ANS ! Partie 5

Souvenons-nous : c'était l'année dernière. Pour son anniversaire, Nathalie, Grego, Nick eT bEN mES cADETS...! Canon et Maître Arnaud ont concocté un petit programme surprise à Jénorme. Danser au concert de Zenzile pour ensuite se prendre une grosse tumade à la Ganaderia de Buros, nos cinq aventuriers ont à présent pris la destination du plateau de Beille, situé à 1700 mètres d'altitude en Ariège. Après une belle balade en siensiens de traîneau dans des paysages enneigés, l'heure est venue de se replier quelque part. Mais où ?
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Oui alors, bon, comme ça, d'un coup, je me suis dit : "Mais oh dis don' : t'as pas fini de narrer ce périple réalisé en mars dernier pour ton anniversaire, dis don' ?"
Maaaaaaiiissss avant de retomber dans les photos et les archives, il me fallait, tout d'abord, aller d'un endroit à un autre. Et c'est aussi cela le voyage : aller d'un point à un autre. C'est vraiment nul ce que je viens d'écrire, mais c'est fait.
DONC avant d'arriver à un point, j'étais à un autre. Et à ce point, on parlait beaucoup des actualités ambiantes, composées de procès Grosse-Kahn Strauss-Kahn, d'élections législatives dans le Doubs, de Gad Elmaleh ; tout ceci bien condensé par Wingz :

Wingz       gad-elmaleh-compte-suisse-hsbc
Dessins : Wingz

Ce n'est pas que nous sommes contre les informations, mais avec Nanie, nous avons décidé de prendre un peu de recul. Nous nous sommes donc rendus à l'exposition d'une de ses connaissances, située au fin fond de la Crypte Sainte-Eugénie à Biarritz. La connaissance et amie en question est Camille Masson-Talansier. Le titre de l'exposition : "Histoires sans fin", ou "Unifinished stories" en anglais, ou encore "Azkengabeko historiak" en basque. Elle se tient ici jusqu'au 22 février 2015. Et qu'est-ce que c'est quoi ? Eh bien, entre autres, ceci :

 

UNFINISHED STORIES
Camille Masson-Talansier

Exposition Unfinished Stories, Biarritz"Camille Masson-Talansier, artiste-peintre, est née à Surabaya, en Indonésie. Elle a étudié l'histoire de l'art dans les universités de Toulouse et Sydney. Détentrice d'un diplôme d'enseignement en arts plastiques, elle exerce cette profession dans une école des Landes. L'artiste a beaucoup exposé en Australie, mais aussi en France, à Paris, Narbonne, Annecy, Dax…
Au-delà de l'art pictural qu'elle maîtrise avec bonheur, Camille Masson travaille d'autres spécialités comme la « présentation », qui désigne l'action d'utiliser un objet réel dans une œuvre pour ce qu'il est, par l'intermédiaire de collages sur toile (morceaux de journaux, bois, imprimé, toile cirée…).

Ainsi, à partir d'objets et de documents anciens ayant appartenu à des pêcheurs ou des marins, comme des cartes maritimes, livre de bord, correspondance, etc., l'artiste les fait revivre en les mettant en scène à l'intérieur d'une voile de bateau conçue avec un filet de pêche.
Dotée d'une imagination fertile, l'artiste reconstitue cette mémoire qui raconte des histoires faites de voyages à travers les océans."  JEAN AROTCARENA, Sud-Ouest

Photo Camille
Photo : Sud-Ouest

L'exposition de Camille est magnifique, ouverte et dense. Elle interpelle par la multitude d'objets et de peintures présents, composés par différentes matières prises sur place. Quelques photos prises avec son accord, pour te donner une petite idée de son travail...

Biarritz, exposition Camille Masson-Talansier, cabane
La cabane du pêcheur

Artiste-plasticienne se réclamant d'un expressionnisme semi-figuratif, Camille trouve son inspiration principale dans uen nature bute et des traditions ancestrales cherchant la structure et la géométrie organique du paysage dans ses compositions. Son approche expérimentale en peinture utilise des techniques et supports mixtes tels que ocres, manganèse, huile, graphite, encre, gravure, collage travaillés en couches et superpositions, dans une démarche délibérée de simplification.
Son attirance pour la lumière lui fait aussi rechercher une interaction avec les saisons et différentes luminosités, avec une série de transparences fractales construites à partir de matières végétales très fines et de fils de pêche tendus dans une architecture sur châssis. Elle s'est installée au Pays Basque fin 2012 après avoir passé 25 ans en Australie.

Biarritz, exposition Camille Masson-Talansier              Biarritz, exposition Camille Masson-Talansier, chaise (64)
Chaises du pêcheur

Biarritz, exposition Camille Masson-Talansier, peintures      Biarritz, exposition Camille Masson-Talansier, cabane (64)

"Cette série est conçue d'après les récits d'un pêcheur voyageur imaginaire, campé dans une nostalgie des ports d'attaches, des lieux de vie et de solitude. L'exposition s'appelle "Unifinished Stories" ou histoires inachevées, car les histoires du marin rebondissent et revivent à travers les objets de leur mémoire.
A travers une cabane matérialisée par quatre murs transparents et des ouvertures en hublots se déroulent les lieux étranges qu'il a foulés, ramenant à bon port les pièces et les objets, les impressions et leur précaire souvenir. Sujets récurrents de brousse, arbres et rochers monolithiques, de lumière, d'enroulement de voiles, de mobilier lyrique et autre architecture aléatoire, "Unfinished Stories" raconte par le langage des objets et de leur valeur détournée l'histoire de la migration sans cesse renouvelée de l'humain et sa quête d'exploration de l'inconnu.
Puisqu'il faut rattacher un lieu réel à ces histoires, parlons de l'Océanie surtout, un peu comme le faisait Jules Verne dans ses 20 000 lieues sous les mers, lieu se caractérisant par des mers bouillantes de créatures marines et végétales. Un lieu que je connais bien. Les installations se déclinent souvent autour du détournement de matériaux tels que les cannes à pêche, le papier à cigarette, les déchets industriels de la pêche."
CAMILLE MASSON-TALANSIER

On se promène dans cette exposition originale et captivante, laissant erré notre regard sur la multitude de petits objets insolites replacés dans un univers composé. Mon attention s'est également porté sur cette belle composition colorée de plusieurs carnets.

Biarritz, exposition Camille Masson-Talansier, carnets de mercier (64)
Le carnet d'un mercier, 2014

Les pages d’une vie de représentant de commerce du tissu. Des carnets remplis de caractères et signes énigmatiques, une vie griffonnée dans l’ordre du chiffre et de la matière, exposée au regard froid du temps.

 

Nous sortons de la crypte un  peu embrumés, dans nos pensées. Tu sais, cette sorte de sensation que tu as quand tu as vu quelque chose d'intéressant et qui te pose des questions sur ta conception des choses et du monde qui t'entoure. Cette position est là pour t'ouvrir l'esprit e te donner de nouvelles idées, de nouvelles approches.
Après avoir quitté le centre-ville de Biarritz, Nanie me propose de passer par un endroit situé à la frontière biarro-angloyse. Angloyse, c'est le nom-adjectif que l'on donne aussi aux habitants d'Anglet. Je te le dis parce que je ne le savais pas ; je croyais qu'on les appelait les Anglais.
Nanie veut me montrer une de ces étrangetés que l'on adore. Elle ne m'en dit pas plus. Après quelques minutes de route urbaine située loin des villas de bord de mer, nous prenons un chemin qui nous amène droit devant ceci :

Biarritz, un peu plus loin

Magnifique tableau ! Ah ben ouais ! Quand on te parle de Biarritz, tu penses Hôtel du Palais, fric, Casino, boutiques de fringues chics, luxe, château, thalasso,... Eh bien, ici, non ! Chèvres, petit jardin, cabane et...et... cette sorte de caravane fantastique montée sur pilotis. Fabuleux ! Hors du temps ! Pas banal ! Éclectique ! La présence de cet habitat intemporel me fait penser d'emblée à ce reportage diffusé en 1993 dans l'émission "Strip Tease".

Ulrich Muther Rettungstum BinzEt puis cela fait également penser à cette salle de mariage conçue par l'architecte Ulrich Müther en 1968, du côté de Binz, où nous étions avec Maître Arnaud il y a deux ans lors de notre Kaliningrad Tour...
Bon, nous pourrions également parler des constructions anti-sismiques de Nader Khalili, ou encore les maisons écoquilles de François Desombre, ou la villa des Sigler en Floride... On pourrait même s'interroger et aller consulter toutes les habitations étranges qui peuplent notre brave terre en constatant qu'il existe des exemples comme...

 

Maison champignon     Maison coquillage  maison cuvette   Maison de fer   Maison épave   maison marmite  Maison soulier    maison sphère

BREF : cette habitation mobile donne des envies de s'installer n'importe où. Au milieu de la forêt morvandelle, sur les bords d'une plage océanique des Landes, sur les hauteurs d'une montagne non loin d'un de ces lacs d'altitude si reposant,...
Nous reprenons notre route pour rejoindre la Route des Cimes. Les monts basques enneigés nous apparaissent. Les Trois Couronnes, la Rhune, le Mendionde, Artxamendi,...
Il y a très précisément sept ans, jour pour jour, j'étais à Valloire en Savoie avec Bonnie, Céline et W. pour une semaine de vacances passer à skier sur les hauteurs du massif des Écrins : l'Aiguille Noire, la Mitre, la Meije, le Grand Galibier, le Gros Crey, le Grand Plateau, les Aiguilles d'Arve, la Setaz,...

 

VALLOIRE

Valloire, la Haute Pare (73)Valloire, Aiguille Noire       Valloire, La Seitaz des prés (73)

Valloire, La Mitre, hors piste (73) 
Valloire, vue sur la Meije      Valmeinier, Station et le Gros Crey, de profil (73)

Valloire, massif des écrins, la Mitre, la Meije (73)

Ah oui, on était bien là ! Je me souviens que cette année là, nous étions arrivés deux semaines après le concours de sculptures sur neige. Du coup, avec le temps et le soleil, les différentes oeuvres avaient fondu ou étaient bouffés par la boue. Cela donnait quelque chose de ce genre dans les rues de la petite station savoyarde :

valloire, sculpture sur neige, après      Valloire, sculpture sur neige, plus tard (73)      Valloire, sculptures sur glace (73)

Ah oui, c'est un peu glauque, ça fout les boules et on a très vite envie de rentrer chez soi quand on se trimballe seul dans les rues de Valloire la nuit. C'est dommage car quelques jours auparavant, le concours battait son plein avec de splendides spécimen :

Valloire, carte postale, Jean Gabin    valloire, sculpture sur neige 1   valloire, sculpture sur neige 2   valloire, sculpture sur neige 3   Valloire, scultures sur neige (73)   Valloire, scultures sur neige, Brel (73)

Bon eh oh, c'est pas l'tout, mais j'arrive à présent au point P. non pas la surface marchande qui vend du carrelage et du parquet, mais le point P où je vais retrouver les photos prises sur le plateau de Beille pour mes 40 ans d'existence dans ce bas monde ô combien mouvementé et parfois riche en surprises etc etc etc.

Alors,
lors du précédent épisode
de la série "Jénorme à 40 ans",

nous en étions là :

Très bien. Nous sommes le samedi 22 mars 2014, lendemain du jour du Printemps. C'est la fin de la journée sur la plateau de Beille. Il n'est pas loin de 17h30 et à cette période de l'année, les gens, venus faire du ski de fond et autres activités hivernales proposées par le plateau, sont déjà redescendus ou se prépare à redescendre en direction des vallées d'Ax.
De mon côté, je ne sais toujours pas ce qui m'attend. Depuis la veille, Nathalie, Grego, Nick Canon et Maître Arnaud ne me disent rien ; juste de monter dans la voiture quand il faut partir pour une autre destination inconnue ou de rester stoïque quand quelque chose se prépare sur place.
Apparemment, maintenant, alors que toutes les voitures ont quitté le grand parking du plateau de Beille, nous, nous restons.

En attendant que la prochaine épreuve se mette en place,
je suis invité à me rendre chez le buraliste

pour aller acheter quelques cartes postales de la région...
Plateau de Beille, cartes postales       Plateau de Beille, cartes postales  

Plateau de Beille, cartes postales      Plateau de Beille, cartes postales (09)

Å signaler que le siensien que tu peux voir sur la carte postale en haut à gauche est le siensien qui joue dans cette magnifique vidéo ci-dessous. C'est, à mon sens, LA vidéo de 2015 !


Oui, c'est court et c'est ça qu'est bien.

 

La petite troupe revient me récupérer chez le buraliste qui va fermer lui aussi. Putain, mais il n'y a plus personne sur ce plateau de Beille !? On va rester seuls ! Nathalie porte des sacs de couchage, Grego s'occupe des sacs de fringues, Maître Arnaud trimballe un cageot de bières belges et Nick Canon regarde tout le monde.

Maintenant, il faut que je les suive dans la forêt
qui se présente telle quelle :
DSCN2224

Pas beaucoup d'indication. Il fait froid, le vent souffle. Cela parait surréaliste : marcher dans cette neige abondante, au milieu de nulle part, pour aller se perdre dans des bois qui semblent inhabités, vierges de toute civilisation, de toute végétation.

Après plus de 30 secondes de marche intensive et difficile,
nous apercevons un panneau :
DSCN2225

Celui ci indique plusieurs choix :
1) Départ cheval... Comprends pas ! Qu'est-ce que ça veut dire ? Y'a un cheval qui part et on va le voir ? Mais il part où ? Est-ce que c'est une invitation à un rodéo après la tumade de ce matin ?
2) Village nordique Angaka... Ah ? Il y aurait un village un peu plus loin, mais celui-ci est nordique. Normalement, par définition, un village nordique se trouve au Quebec. Il en existe 14 et ont tous un nom imprononçable. Akulivik, Aupaluk, Inukjuak, Ivujivik, Kangiqsualujjuaq, Kangiqsujuaq, Kangirsuk, Kuujjuaq, Kuujjuarapik, Puvirnituq, Quaqtaq, Salluit, Tasiujaq, Umiujaq.
Force de constater que première une, ici, nous ne sommes pas au Quebec ou alors nous avons emprunté dans cette forêt une faille spatio-temporelle sans nous en rendre compte et, à ce moment là, les bières belges ne seront pas de trop. Et deuxièmement deux, le nom d'Angaka ne figure pas sur la liste des villages nordiques quebecquois.
3) Piétons... Ben oui ok d'accord. Piétons.

Nous continuons d'avancer par un petit chemin qui ne'n est ps vraiment un, mais qui s'enfonce da'vantage dans la forêt, ne nous laissant plus du tout voir les immeubles du plateau de Beille.

Après plus de 30 secondes de marche intensive et difficile (encore !),
nous arrivons au village :
DSCN2198

D'ici, on ne voit pas très bien mais le village d'Angaka se compose de deux yourtes, deux grands tipis, quelques igloos et un chalet. Pas de Carrefour Market pour positiver, pas de Super U pour réaliser des achats gagnants, pas de Castorama pour profiter des prix castoches, pas de cinéma, pas de bowling, pas de MacDo, et encore moins de Quick !
Par contre, tu peux construire ta propre habitation inuit et dormir dedans ensuite : Å Angaka, construire son habitat inuit.
La peur s'installe !
On nous indique notre lieu de couchage. C'est une magnifique yourte mongole, toute ronde, au milieu de laquelle, en son antre, trône un beau poêle chauffant tout l'ensemble.

DSCN2195
DSCN2193
          DSCN2219

DSCN2223            51 yannick et poêle à yourte

Bon ben voilà, on est bien ! Nous sommes invités à venir retirer et essayer des raquettes de neige en vue d'une randonnée prochaine. Ceci étant fait, nous posons tous le matos devant la yourte en attendant, apparemment, un prochain rassemblement.

DSCN2226

Car il faut le savoir : nous ne sommes pas les seuls dans ce petit village. Tous les habitats sont occupés par des visiteurs de passage venus faire du cheval, du traîneau, de la rando. Un couple qui pensait peut être passer le week-end en amoureux dans cet endroit, entre à son tour dans la yourte. Ils se mettent sur le côté, puis ressortent. Nous nous installons par terre. C'est le moment pour nous de déboucher quelques bières belges afin d'échanger les premières impressions et poser quelques questions auxquelles je n'aurais aucune réponse.

42 dedans au chaud      DSC_0030

43 comincio a sentire la fatica     45 yannick en frontale

47 instant de flottement     52 squat in yourte

DSC_0039     DSC_0040

C'est aussi le moment pour se recueillir et penser à tous ces moines travailleurs qui ont élaboré ces sacrées bon sang de bonnes bières que sont les Rochefort Triple fermentation.

 Mais qu'est-ce que c'est bon la bière belge !!!! Qu'est-ce que c'est ennivrant !!! Qu'est-ce que ça fait causer !!! C'est bien simple : je crois que je ne pourrais pas vivre sans bière belge.

En tout cas,
pendant que nous parlâmes de choses et d'autres,
la nuit était tranquillement tombée sur Angaka...

DSCN2199

C'est à ce moment précis que les gérants du village sont venus nous chercher pour nous emmener faire une randonnée en raquettes de nuit, à travers les bois et au milieu des paysages nocturnes enneigés.
Je n'ai fait aucune photo et aucune vidéo afin de profiter de l'expérience. Et puis j'avais les effets des bières belges qui ne me permettaient pas de faire trois choses à la fois. Mais saches que l'expérience est magique. Seulement éclairé par la lumière de quelques flambeaux tenus par les accompagnateurs et les autres visiteurs, nous avons déambulé dans la forêt. Monter, descendre, écouter le silence de cet univers blanc sous un ciel clair et étoilé.
Après quelques 30 minutes de marche, nous avons rejoint le village où nous attendait un apéro-vin-chaud devant le petit chalet qui fait également office de salle de restauration pour ce soir.

DSCN2202        DSCN2204

Après quelques verres en discutant avec les gens en présence, tout le monde se retrouve à l'intérieur du chalet pour passer à table.

Au menu :
tartiflette papa !!!!

On s'installe, on cause. Et pourquoi que vous êtes là ? Et qu'est-ce que vous faites ? Et on demande aux accompagnateurs pourquoi qu'ils ne mangent pas de tartiflette comme nous ? "Ouais ben, on va pas en bouffer tous les jours de la tartiflette. Aujourd'hui, nous, c'est cassoulet, ça change !"

DSCN2206         DSCN2216

Le village d'Angaka, ou encore base de loisirs, existe depuis 15 ans. A l'origine, Angaka est le nom de chaman inuit qui veut dire "Celui qui voit plus loin". Les accompagnateurs ont différentes fonctions dans le village.
1) Les mushers, chargés de s'occuper des chiens de traîneaux et de faire les randonnées, en dévoilant leurs connaissances sur la région et sur les spécificités de ces chiens. Il y a ici 37 chiens de cinq races différentes pour 8 traîneaux ; ce qui permet également d'initier les visiteurs à la vie de musher et à la pratique de ce sport. Ce sont Vincent et sa femme Amandine Lebas qui gèrent principalement l'élevage, ainsi que le village. Cela fait huit ans qu'ils gèrent Angaka en proposant toujours plus d'activités.
2) Les randonneurs à raquettes, qui établissent les itinéraires et entretiennent le matériel tout en parlant de la nature environnante. Des jeux sont également mis en place.
3) Les constructeurs d'igloo, qui proposent aux visiteurs de construire leur propre habitation ; voire même de dormir ensuite dedans sur des peaux de bêtes.
4) Le responsable des randonnées en traîneau, tiré par un cheval de Mérens ; cheval totem de l'Ariège avec sa robe noire adapté à la montagne.
5) Les logistiqueurs, qui s'occupent de la bouffe, de la prise de rendez-vous, de la mise en place des activités suivant la météo,...
Tous ces gens viennent d'horizons différents (acteurs, animateurs, secouristes, fonctionnaires, restaurateurs, pizzaïolos,...) et de différentes régions de France (Angers, Île-de-France, Meyronnes,...) pour être rassemblés ici, sur ce plateau de Beille.

Ah, tiens, on m'amène un gâteau spécial anniversaire !
DSCN2213
         DSCN2211

Les autres personnes regagnent petit à petit leurs tipis ou igloo ou yourte. Nous, nous restons un peu avec les accompagnateurs. Nous leur racontons ce qui nous a fait venir ici. Ils nous racontent leur vie, leurs expériences, les rencontres. On se trouve des points communs et puis, allez, c'est l'heure d'aller se coucher. Demain, une autre randonnée à raquettes est prévue, mais de jour cette fois. En attendant, on se boit encore une ou deux bières belges. Comme il n'y a pas de lumière dans la yourte, l'opération se fait à la lampe frontale ; ce qui ne facilite pas les échanges verbaux puisqu'à chaque fois que l'on veut se parler, on se fout la lumière dans la gueule. De plus, cela ne rend pas plus facile non plus le fait de jouer à des jeux improvisés ou de répondre à des questionnaires variés, comme...

img 214

 

LE LENDEMAIN
Il n 'y a plus de bois ni de feu dans le poêle. On a pourtant tenu le relais pendant un bon bout de temps toute la nuit, mais force est de reconnaître qu'à un moment, on a tous lâché et personne ne s'est relevé pour entretenir le feu. Pas même le couple qui était dans la même yourte que nous. Du coup, le réveil est un peu brutal.

DSCN2218

Dehors, c'est la neige !

50 porte de yourte et tipi

 Nous aurions du faire la randonnée en...à...sur raquettes, mais apparemment, nous nous sommes levés un peu tard et ça va nous foutre dans le brun pour ce dernier jour de voyage surprise. Tout de même, nous allons prendre un petit déjeuner dans le seul immeuble du plateau et qui regroupe tous les commerces (restaurant, brasserie, boutique de souvenirs, journaux, de locations de matériels de ski).
Et puis c'est le départ. Nous saluons les accompagnateurs pour ensuite rejoindre la voiture. Apparemment, il n'y a pas d'évènement prévu avant 17 heures. Nous pouvons donc nous laisser aller à errer dans la région.
Dans un premier temps, nous redescendons du plateau de Beille pour rejoindre la vallée dans laquelle coule l'Ariège, du côté d'Aston. Pas grand chose à dire sur ce petit village qui, en ce dimanche de mars pluvieux, possède un petit marché sympathique, mêlant fruits-légumes du terroir avec bouffe chinoise.
Nous prenons ensuite la direction de Luzenac, bien connu pour ses mines de talc et son équipe de foot qui est, à l'époque, dirigée par Fabien Barthez. Nous faisons finalement demi-tour pour repasser à Garanou, puis à Tarascon-sur-Ariège. C'est ici le point de départ de la route des grottes : grotte de Niaux, grotte de la Vache,  grotte de Bédeilhac ou bien encore la grotte de Lombrives. Mais nous n'en visiterons aucune car ce n'est pas la saison.
Nous avons donc roulé un peu au hasard, sur les routes enneigées ariégoises. Sans but, juste comme ça, pour passer un moment tous ensemble à raconter des anecdotes, des conneries, des projets en regardant au dehors les paysages défiler.
Et puis, 13h32 arrivant, nous décidons de faire une pause bouffe dans le prochain village que nous verrons. Il y a eu Saurat... qui saura, qui saura, qui sauraaaaaaaa...., comme le disait si bien Mike Brant.
Il y a eu beaucoup de virages, puis Boussenac dont je ne me souviens plus de grand chose.
Puis Massat, où France Inter consacrera une de ses émissions "Il existe un endroit" à ce village par ces mots :

«Cela se passe en France, au beau milieu des Pyrénées, dans un département méconnu voire oublié, où sont tentés des modèles de vie bien singuliers : l'Ariège. Impossibles à mécaniser, les montagnes ariégeoises, après avoir été désertées par les paysans dans les années 60, ont laissé la place à de nombreux migrants en quête d'une autre manière de vivre, loin du consumérisme et du matérialisme, depuis les hippies des années 70 jusqu'aux néo-ruraux d'aujourd'hui. On croise dans ces montagnes qui semblent parfois coupées du monde moderne, des milliers de familles qui inventent des modes de vie surprenants : habitations-cabane, vie en autoproduction, enfants qui font l'école à la maison. Les habitants n'ont pas toujours internet, et vivent parfois à plusieurs heures de marches dans la montagne. C'est aussi au Maxil que nous nous installerons, le bar-restaurant devenu le QG de la vallée de Massat, pour les croiser, et pour découvrir avec eux, leur pays si fascinant et si méconnu.» FRANCE INTER


En fait, il faut cliquer ICI !

Il y a aussi ce beau tableau d'un enfant massatois,
peinte au XIXème siècle par Elisabeth Whitney Moffat :
enfant massatois, Moffat XIXème sicle

Et... oh bon, il est tard là : Biert ! Oui : Biert. Nous aimons bien ce nom DONC nous nous arrêtons à Biert, comme ça s'prononce. Situé ans une partie encaissée d'une de ces nombreuses vallées dont je ne connais pas le nom, la devise de ce village est "Toutis amasso, ja i arribaram." L'autre particularité du village repose sur le fait qu'il est dominé par le le Pic des Trois Seigneurs (2 199 m) qui domine le bassin massatois et qui marque la frontière entre le monde atlantique et le monde méditerranéen.
Tout ça, c'est bien gentil, mais nous, on veut bouffer. Notre choix se porte sur une des rares auberges du coin : l'Auberge du Gypaète Barbu, situé au pied de l'église.
Alors, bien sûr, quand on évoque les mots "Gypaète barbu", on pense de suite au philosophe Éschyle. Mais ici, en plein emontagne pyrénéenne, il faut penser aussi Auberge !
Passé l'extérieur normal du bâtiment, nous entrons ensuite dans un lieu plus personnel. Un beau et grand bar t'accueille avec un comptoir faisant face à des canapés où il semble faire bon se poser pour écouter les discussions. Puis on nous emmène dans la grande salle de restauration. Au fond, à peine dissimulée derrière un rideau rose et noir, faisant penser à un des ces films de David Lynch, nous faisons face à une petite estrade sur laquelle reposent quelques instruments. Tout ceci laisse à penser que des concerts doivent être donnés ici, de façon impromptus, avec des groupes locaux ou de passage. Pierres apparentes, nappes rouges et chaises noires. Tout est simple et bien pensé. Le patron te tutoie d'emblée... si tu le souhaites... et il t'amène les plats et la boisson avec entrain, anecdotes et curiosité non excessive. Nous prenons un menu tout simple, mais efficace, agrémenté d'un peu de vin rouge, puis arrosé pour finir d'un petit Armagnac ou Cognac ou je-sais-plus.

DSCN2229
Au menu du Gypaète Barbu

Au moment de payer, je vais faire un petit tour au comptoir pour tenter de discuter avec le propriétaire des lieux. Sympathique, il me dit qu'il a racheté ce lieu il y a quelques années, que certains motards aiment venir s'y retrouver, que quelques concerts ont lieu de façon impromptue et qu'il est aussi plus ou moins agriculteur.
Je serai bien resté plus longtemps à discuter, mais Nathalie, Grégo, Nick Canon et Maître Arnaud me pressent pour partir. Apparemment, il est 15h30 et nous avons pris du retard pour la suite du programme qui vient juste de se ré-enclencher.

HOP :
RETOUR DANS LA BAGNOLE
POUR FAIRE DE LA BORNE !!!!
DSCN2228
        DSCN2227

Biert, Lacourt,  Eycheil, Saint-Girons, dont Georges Eugène Haussman fut le sous-préfet en 1940-1941 après avoir mené à bien les transformations de Paris.   Lorp-Sentaraille, His, Mane, Touille... C'est marrant ces trois noms de village mis à la suite.
Lestelle-de-Saint-Martory, A64, La-Barthe-de-Neste. Nous entrons dans la vallée de la Neste.
Hèches, Beyrède-Jumet, connue pour sa carrière de marbre utilisé à l'époque de Louis XIV et Louis XV, pour construire plusieurs cheminées du château de Versailles.

versailles cheminée versailles cheminée 1 versailles cheminée 2  versailles cheminée 4
Photos : 720plan

Arreau, ville natale de la grand-mère du Maréchal Foch...

Arreau, plaque grand mère Maréchal Foch (65)

Nous entrons dans la magnifique vallée du Louron.
Bordères-Louron, Vielle-Louron, Loudenvielle. STOP ! Nous sommes arrivés.
Alors, nous le savons, vous le savez, ils le sachent : à Loudenvielle, il y a une église, des ronds-points, une mairie, une école et un blason.

La preuve :
Loudenvielle blason

 La vache : il pète leur blason !
Voyons un peu à quoi ressemblaient les blasons
des autres villages que nous avons traversés...

Beyrède-Jumet   Biert   Bordères-Louron

Hèches   La-Barthe-de-Neste  Lestelle-de-Saint-Martory
Images : Wikipedia

Ok, il y a tout cela, mais il y a aussi Nathalie, comme le chantait Philippe Swan dans son tube "Dans ma rue"...

 C'est pas ça que je voulais dire !
OK MAIS
il y a aussi Balnéa !
Ben oui ! En venant dans ses parages, je croyais que l'on allait visiter le musée du cinéma L'Arixo, un lieu pas banal, logé dans une ancienne ferme restaurée, mêlant espace cinématographique et muséographique. Mais non !
Nous allons au Balnéa pour terminer ce rude week-end chargé en émotions, aventure, rencontres et découvertes.

Le Balnéa, c'est trois espaces bains différents : bains améridiens, bains romains et bains japonais. C'est d'ailleurs dans ces derniers que nous sommes allés d'emblée.
Situés à l'extérieur du complexe, ils sont inspirés des stations thermales japonaises. L'espace comprend trois bassins, des Onsens. L'aventure commence par un passage dans un couloir d'eau à 33°. Des jets massent les chevilles, mollets, jambes et cuisses. Puis un parterre de galets permet de masser en douceur la voute plantaire. Ensuite, chacun s'achemine à son rythme vers les trois bassins panoramiques : le 1er dans une eau à remous à 33° assis sur une banquette avec massage des lombaires et des mollets, le second dans une eau à 37° et le 3ème à 40°. Puis, le retour se fait directement par le Pavillon Japonais depuis le bain à 40° ou en refaisant le chemin inverse.
Nous sommes dehors, il doit faire 0°, mais nous ne sentons rien ; pas même la neige qui tombe sur nos cranes et nos épaules.

DSCN2230        DSCN2231

DSCN2236         DSCN2239

Une heure plus tard, nous ressortons du complexe, complètement... complètement... complètement... comment dire ? Détendus, oui, c'est ça : détendus. Nous ne savons plus qui nous sommes, nous ne savons plus où nous allons, d'où nous venons et que faire.
Mais heureusement, Grego veille au grain. Alors que la nuit tombe doucement sur la vallée d'Aure ou de la Neste ou du Loron... je sais plus, il nous invite à remonter en voiture afin de regagner la côte Atlantique.
Route de nuit, échanges d'anecdotes sur ce fabuleux week-end, nous rentrons....

 

LE BRIEF :
Si nous analysons, mais pas trop ce billet, nous pouvons aisément remarquer que nous sommes partis de la côte Atlantique où nous avons pu voir la magnifique exposition de Camille Masson-Talansier qui nous a emmené, entre autres, sur les mers du globe. Puis ce fut les sommets pyrénéens avec le plateau de Beille, découvert de jour depuis un traîneau tiré par des chiens. Puis de nuit, en raquette, à la lumière de quelques flambeaux avant que nous allions nous recueillir dans une yourte pour boire quelques bières belges. Puis ce fut les bains japonais, dans une eau à 42° face aux montagnes enneigées.
Franchement, pourquoi aller au bout du monde quand on peut être dépaysé à ce point sur une distance de 300km ?

 

 

 

 

 

Commentaires
C
Tous simplement magnifique, c'est un réel plaisir de vous suivre.
Répondre
C
Tous simplement magnifique, c'est un réel plaisir de vous suivre.
Répondre