DU PAYS BASQUE À LA NIÈVRE...

Aller du Pays Basque à la Nièvre, c'est faire entre 650 et 750 kilomètres ; ce qui permet de traverser quelques régions et des paysages différents.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Ah oui, là, j'avais pas trop envie de passer du temps sur l'introduction. Allons direct au fait, veux tu !

Regardons la carte et les itinéraires
que Google Maps nous a calculés :

Carte : Google maps

Plusieurs choix sont possibles dès que tu atteins Bordeaux :
      - soit tu t'aventures dans le Nord de la Dordogne avant de rejoindre le Massif Central.
      - soit tu traverses le Limousin d'Ouest en Est avant de rejoindre l'Indre.
      - soit tu longes la côte charentaise pour retrouver la Touraine.
Trois itinéraires officiels différents, mais tu fais comme tu veux, hein ! Si tu veux passer par les Alpes ou par Lille, c'est toi qui vois.
En ce qui me concerne, je n'ai pas trop le temps car il faudrait que je sois dans la Nièvre vers 18h14 afin de ne pas louper l'apéro et le Haka des All Blacks qui jouent le soir même contre les Français en quart de finale de cette coupe du Monde de rugby 2015.
Le Haka m'impressionne. Pourtant, il y a encore quelques années, ça n'avait pas grand chose avec celui que nous livrent les joueurs Néo-Zélandais.

Souvenons-nous du Haka en 1973...

Ah ben ouais, c'était différent. Autre époque, autre tenue, autre style et autres sponsors.

ALLEZ, C'EST PARTI !

Tout d'abord en premier lieu et pour commencer au début, quittons le Pays Basque (ou Euskal Herria)...
Mais pourquoi quitter le Pays Basque (ou Euskal Herria) ? On y est bien pourtant ! Y'a l'océan, la montagne, la nature, le rugby... ah non, pas le rugby..., le surf, le piment, les cochons à tête noire, la piperade, la pelote, du jambon, des bérets, de la cerise noire, du fromage de brebis, de la force, les tapas, le Patxaran, des chipirons, des taloas, du gâteau, des chants et de la Manazana !

Tout cela sans parler de l'accueil et de la qualité de l'hébergement
pour les touristes voulant découvrir cette éclectique région !

       

Je quitte donc le Pays Basque pour rejoindre l'A64, surnommée l'Autoroute de Saint-Jacques-de-Compostelle !

Pas beaucoup de pèlerins, mais énormément de camions venant de tous pays : Portugal, Espagne, Danemark, Roumanie, Lituanie, Pologne, République Tchèque et j'en passe car on n'a pas l'temps ! Mais déjà, quel voyage !

Je roule, je roule et je roule !

Paysages monotones, mais emprunts de nature, l'A64 traverse allègrement le Parc Naturel régional des Landes de Gascogne. Depuis l'autoroute, c'est surtout une répétition d'éléments que l'on aperçoit : pins, bitume, glissières de sécurité, pins, lignes axiales, pins, asphalte, ponts, péages, pins, enrobé !
Les pensées et l'esprit divaguent et s'en vont réfléchir à la vie, l'existence, tout ça.
Je repense ainsi à la mise en place du réseau autoroutier en Allemagne voulu par Hitler en 1933 après son accession au pouvoir. Appelée l'Organisation Todt, plus de 100 000 personnes furent mobilisées dans le pays pour la construction et l'élaboration de ce réseau autoroutier. Non seulement elle procurait des emplois, mais elle améliorait également  l'infrastructure nécessaire pour les efforts de rétablissement économique en renforçant également le centralisme et l'unité nationale.

À une vingtaine de kilomètres de l'entrée de Bordeaux,
pour changer des pins et du bitume,
je pense au fait que :

Sur la gauche,                                                            Sur la droite,
il y a la dune du Pilat                                                c'est Langoiran,
et le bassin d'Arcachon.                                            ville natale d'Alain Giresse.
               

Et puis, des voitures, plein ! Des camions, des fourgonnettes, des motos ! C'est la rocade !

BORDEAUX
Lampadaire de la rocade !

Visage extra-terrestre !

Je ne prends pas l'Itinéraire 1 proposé par Google maps et qui me ferait passer par Périgueux, Brive, l'Auvergne et Toulon-sur-Allier. C'est pourtant le trajet le plus court. C'est aussi le plus onéreux. Essence + péage = 123,70 euros.

Je contourne Bordeaux pour passer à proximité de Saint-André-de-Cubzac,
ville où est enterré le Commandant Cousteau.
         

Et puisque nous parlons de cimetière et de tombes,
prenons des nouvelles d'Ami60545 qui s'est rendu, pour sa part, à Bagneux...

Je prends la direction d'Angoulême, soit l'Itinéraire 2, plutôt que les directions de Saintes, Niort, Poitiers, Tours, Pruniers-en-Sologne, Vierzon et Bourges qui composent l'Itinéraire 3.
Traversée de la Charente par la Nationale 10 en longeant quelques vignes de Cognac et de Pineau avant de passer par Baignes, petite commune située non loin du gargantuesque resto-route "Le casse-croute charentais" ; ce dernier posé non loin d'Angoulême !!

    
Photo : Le Casse-croûte charentais

Tiens, je ne vais pas passer par Confolens et Bellac, mais plutôt par La Péruse et Chabanais. Des panneaux indiquent la proximité du village martyr d'Oradour-sur-Glane, où je me suis rendu plusieurs fois il y a quelques années. Je n'irai pas cette fois-ci, faute de temps, mais pensées...

ORADOUR-SUR-GLANE
        
"La troupe Waffen SS, Das Reich, arrive devant le bourg
qu’elle encercle le 10 juin 1944. à 13h45.
Elle rassemble la population. Elle sépare les hommes, des femmes et des enfants.
Elle exécute les hommes dans des locaux repérés.
Elle tue au hasard des rues et des maisons pour qu’il n’y ait pas de témoin.
Elle pille puis elle incendie.
Elle massacre femmes et enfants dans l’église qu’elle tente de détruire avec des explosifs.
Puis elle procède systématiquement à l’élimination des cadavres
par le feu et la fosse commune pour empêcher leur identification.
642 victimes, une dizaine de survivants." ORADOUR

La route défile. Sur les grandes chaînes radio que sont RTL et Europe 1, c'est page de publicités de quatre minutes toutes les dix minutes. Insoutenable ! Entendre en boucle des publicités pour Carrefour et des tronçonneuses, c'est du bourrage de crâne !
L'association "Oradour-sur-Glane et publicités répétitives" m'amène à penser inconsciemment au "parc d'attractions" créé par Banksy, il y a quelques mois à Weston-Super-Mare (Angleterre), "Dismaland".

Visite guidée de "Dismaland", le "parc d... par lemondefr

Depuis, le parc éphémère de Banksy a fermé ses portes fin septembre, mais des matériaux issus de l'anti-parc d'attractions ont été utilisés pour la construction de cabanes dans le camp de réfugiés près de Calais, où "vivent" entre 4 000 et 6 000 migrants.
Une équipe de mystérieuses personnes à "l’accent britannique" est venue sur place trois jours plus tôt. Elle y a construit des "structures solides" en bois aggloméré, isolées par des bâches en plastique à l’extérieur. De meilleure qualité que les abris de fortunes construits sur place, des familles avec enfants y ont été installées.
Le panneau Dismaland a été également placé à l'entrée du camp, détourné pour l’occasion en "Dismal-Aid" (Aide lamentable).
Depuis, on a appris que le camp se trouverait exposé à des risques «moyennement» et «faiblement» élevés de contaminations, dus à la proximité des usines chimiques de Synthemix et Interor, deux usines classées «Seveso AS - seuil haut» depuis respectivement 1999 et 2005.

Je contourne Limoges par la Nationale 520 pour récupérer l'Autoroute A20 fonçant plein Nord !
J'éteins la radio et je sors de l'A20 à hauteur d'Éguzon-Chantôme, petite ville de l'Indre recommandée comme "ville étape" par les panneaux autoroutiers.
Finie la grande route ! Voici les petites routes alternant les passages dans les départements de la Creuse et de l'Indre. Les arbres ont revêtu des couleurs automnales vives marrons, orangées et rouges. Passage rapide à Éguzon pour suivre ensuite la direction du barrage. Petit arrêt au panorama.

BARRAGE D'ÉGUZON

"Le barrage est de type poids curviligne, constitué de dix plots dont huit centraux de 30 m de largeur.
Il est prolongé en rive gauche par un mur poids venant se refermer contre la pile rive droite du déversoir.
Les matériaux utilisés pour la construction sont du béton cyclopéen composé de blocs de pierre et de moellons noyés
dans un béton de laitier au dosage de 350 kg-m3, puis une couche d'adhérence au sol de 50 cm d'épaisseur au minimum
exécutée en maçonnerie ordinaire au mortier de ciment dosé à 400 kg-m3 de sable. Les parements amont et aval
sont en maçonnerie de moellons ordinaires réalisés à l'avancement." WIKIPEDIA

Voici cette rivière La Creuse qui sépare ces deux départements que sont l'Indre et La Creuse. D'un côté, il y a possibilité de suivre soit un itinéraire creusois dit des peintres en passant par Crozant et Fresselines ; soit un itinéraire indienne indou indresque indrienne... Oui, voilà : une route indrienne ! Rien à voir avec les cowboys ou avec la femme de Rocky Balboa ! Les habitants, les routes, les choses de l'Indre se prénomment les Indriennes et les Indriens.
QU'EST-CE QUE JE DISAIS ????
Ah oui : deux itinéraires possibles et le choix est difficile.

Soit je m'en vais naviguer sur les traces des peintres creusois,
tels que Guillaumin à Crozant ou Monet à Fresselines.
       
Divers panneaux de reproductions de tableaux

Soit je choisis la Route George Sand
en passant par les petits villages de Gargilesse, Pouligny, Crevant, Boussac,...
      
Gargilesse et maison de George Sand

J'ai déjà suivi ces deux chemins touristiques il y a quelques années. Je décide donc de suivre un trajet quelconque, mêlant peut être un peu des deux itinéraires.

Après avoir passé le lieu dit...

...je remarque le long des routes départementales plusieurs affiches
qui annoncent une fête de la sorcellerie dans un village nommé...

BONNU

Très étrange petite commune, dont je ne parviens pas à savoir s'il s'agit d'une ville, d'un village ou d'un lieu-dit.
En tout cas, ce hameau semble de prime abord perdu dans la forêt, isolé tel un village gaulois. Mais ça, c'est avant que je me rendes compte que Bonnu a également sa route de la plage qui mène, figure-toi, à une plage. Eh oui, c'est bien foutu tout ça ! Ça semble évident dit comme ça, mais à Bonnu, il y a également une Route du bureau de tabac alors qu'il n'y a pas de bureau de tabac ! Ah, ah, ah ! Ben oui, des fois, faut faire gaffe quand même !
Ici, pas d'océan, pas de mer, pas de surf, certes ; mais cette plage de Bonnu, située au bord du lac d'Éguzon, l'un des plus grands lacs de la région Centre, propose diverses activités nautiques, telles que la pêche, la baignade, le ski nautique, la voile, le flyboard et le waterball.
Mais Bonnu, ce n'est pas qu'une plage !

Ce sont aussi de belles maisons en pierres,
des fleurs d'automne odorantes dans les jardins
et un château semblant sortir d'un autre temps.
       

À l'origine, Bonnu était une tour de signaux qui servait de relais entre les châteaux des environs: Crozant, Châteaubrun, la Prune au Pot, Éguzon, qui formaient au Moyen Âge une ceinture de défense. On sait très peu de chose sur les propriétaires de cette petite forteresse édifiée aux XIIIe et XIVe siècles. (CF : Châteaux de France)
L'autre particularité de ce hameau d'apparence tranquille se tient chaque troisième dimanche du mois d'octobre, et ce depuis 20 ans. L'idée originale vient d'une bande d'amis qui ne voulait pas voir leur beau hameau finir à l'abandon. En vingt éditions, la fête de la sorcellerie s'est affinée et a vu un public toujours plus nombreux venir assister aux différentes manifestations, le temps d'une journée. 5 à 6000 personnes se promènent dans la rue centrale parmi les comédiens, les défilés, les spectacles de rue, les musiciens, les stands divers et les habitants déguisés. La nuit venue, on amène la sorcière au bûcher ; puis tout le monde se retrouve sous les tentes de restauration pour déguster le breuvages des sorciers, le boudin noir et terminer la soirée au bal musette gratuit.

Seulement là, on est samedi et la fête, c'est demain ! Je ne vois donc que l'installation des multiples tentes et de la fête foraine.

Je reprends la route !
Direction Orsennes, puis Cluis où, à l'entrée Ouest du village, je croise une étrange station-essence-bar-à-fromages...

Signalons, au passage, comme ça pour rien, que...

Cluis fait partie de l’ensemble paysager de la Vallée Noire
décrit par George Sand avec ses collines et ses haies typiques.

Je ne sais plus trop si je suis dans la Creuse ou dans l'Indre, mais toujours est-il que dans la région, les rumeurs vont train quant au tournage du prochain épisode de la saga Star Wars qui doit se tenir dans les parages d'ici quelques jours. Après "Star Wars : le réveil de la force", dont la bande annonce vient de sortir alors que le film sera dans les cinémas le 16 décembre 2015, la Creuse s'enorgueillit déjà de pouvoir diffuser l'affiche du prochain épisode de Star Wars, prévu pour août 2017...

Après Le réveil de la force...



Selon les premières rumeurs, on y verra Ian Solo faire du canoë sur l'Avouèze
pendant que Chewbacca tentera de racheter un salon de coiffure à Guéret.

Je rejoins Neuvy-Saint-Sépulchre. Non, ce n'est pas une faute d'orthographe ou de frappe. C'est bien Neuvy-Saint-Sépulchre. Ce nom provient de la basilique qui occupe le centre de la ville. La construction a été exigée par le seigneur de Déols à son retour de Terre Sainte. Il s'agit une des rares copies qui nous soient parvenues du Saint Sépulcre de Jérusalem. Le h au Sépulcre de Neuvy a été ajouté par les clercs médiévaux pour souligner la splendeur des lieux. En effet, ce  "Sépulchre" est la concaténation des mots sépulcre et de l'adjectif latin pulcher qui signifie beau.

Il y a aussi ce Christ attendant le bus
à l'arrêt de ramassage scolaire de la région.

Un Christ de belle facture
qui n'est pas sans nous rappeler
celui qui attend qu'on lui donne la main
pour passer sur les clous à Soustons.

La Départementale 927 m'amène à La Châtre, connue pour sa statue George Sand, son musée George Sand, son collège George Sand, son lycée George Sand, son laboratoire d'analyses médicales George Sand,...
Pour aller au plus court, Google maps me conseille d'aller en direction de Thevet-Saint-Julien, mais je préfère partir vers Nohant.

Et Nohant, tout le monde sait...
mais si, tout le monde le sait...
c'est ici que se trouve la dernière demeure
de l'écrivain George Sand.

C'est également là que
le compositeur Frédéric Chopin venait lui rendre visite
lorsqu'ils étaient amants de 1836 à 1847.

C'est une période heureuse pour Chopin qui y compose quelques-unes de ses plus belles œuvres :
la Polonaise héroïque, op. 53, la 4ème Ballade, la Barcarolle, op. 60 et les dernières Valses…

Nous en avons déjà parlé ici lors d'un précédent billet : NEVERS-DAX-PAU, Novembre 2007.

BREF : ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est de retourner voir les sublimes fresques de l'église de Vic, située à deux kilomètres au nord de Nohant.

VIC
ÉGLISE SAINT-MARTIN

Elle est toute mignonne choupinou cette petite église. Elle ne semble pas payer de mine, comme ça, vue de l'extérieur. Pourtant, à l'intérieur, il y a...

LES FRESQUES

Construite au XIème siècle, elle est donnée à l'abbaye de Déols entre 1092 et 1099. Elle ne comprend alors qu'une nef et un choeur rectangulaire. L'abside et la chapelle en sud seront construites plus tard, au début du XIIème siècle. La petite église est ensuite transformée en grange à la Révolution, puis abandonnée.
Ce n'est qu'en 1849 que l’abbé Jacob découvre des traces de peinture sur les murs. À la fin 1849, le nouvel abbé Jean-Baptiste Périgaud entreprend de grands travaux de dégagement. Après En grattant les enduits, il dégage une première fresque. Il continue, et va enlever jusqu'à cinq couches d'enduits qui dissimulent les fresques. En un peu moins d'un mois, un ensemble de peintures important est mis au jour.

       
Le mur de la nef à lire de gauche à droite et de haut en bas :
Christ en majesté au centre et ses Apôtres
Arrivée et adoration des mages, accusation de la Vierge et annonciation
Présentation de la Croix, déposition de la Croix

Remarquablement conservées, elles illustrent des scènes de la vie du Christ, ainsi que des épisodes de la vie de saint Martin.

Il semble que l’édifice avait été recouvert de fresques dans sa totalité. Celles-ci montrent le raffinement de la culture savante des moines de Déols ; une culture rendue accessible toutefois aux paysans de ce village berrichon. Décoratives, les fresques avaient également pour but l’enseignement religieux. Elles représentent donc différentes scènes religieuses : la naissance du Christ, enfance avec les mages, les scènes de la Passion, la Cène, l’entrée de Jésus dans Jérusalem, la Crucifixion de Saint Pierre, la Visitation, l’enlèvement du corps de Saint Martin...

Ces fresques sont l'oeuvre d'un unique artiste. Pour chaque surface murale, les compositions s'ordonnent suivant un quadrillage régulier. Le peintre suit cette trame en accentuant les diagonales et les courbes. La répétition des visages ronds à peu près identiques avec leurs joues fardés de taches rouges, et leurs sourcils en accolade, le traitement toujours identique des plis des vêtements, en bourrelets concentriques ou en éventail, renforcent l'unité de l'ensemble de l’œuvre.

      
Un séraphin et Christ en majesté

George Sand, en châtelaine voisine, vient visiter les lieux le soir avec ses invités du moment. Les efforts conjugués de l'abbé Périgaud et de George Sand aboutiront à un classement de l’église et des ses fresques. Dès le 6 février 1850, la Commission des monuments historiques donne un avis favorable au classement.

Fresques du mur nord du choeur
Vol du corps de Saint-Martin, Enlèvement du corps
Lavement des pieds, arrestation du Christ et baiser de Juda
Simon le Cyrénéen porte la croix

 
Fresques de l'abside :
Crucifiment de Saint-Pierre, la visitation et un ange au coin d'une fenêtre

Émile Mâle, spécialiste de l'art chrétien médiéval (1862-1954), écrit :
"Le peintre de Vic a une passion du mouvement, une fougue tout à fait extraordinaire pour le XIIème siècle. Les apôtres assis aux côtés du Christ ne se résignent pas à rester immobiles: ils causent entre eux et gesticulent. rien de plus tumultueux comme le baiser de Judas. Judas se rue sur Jésus-Christ, pendant que les autres soldats l'entraînent brutalement."
La palette de couleurs est composée de quatre pigments minéraux: noir de charbon de bois, blanc de chaux, ocre-rouge et ocre-jaune. Par des combinaisons de ces pigments, en mélangeant, superposant ou juxtaposant ces couleurs, le peintre réussit à diversifier les effets, à créer des ombres et des lumières, à suggérer des volumes. L'étude des couches d'enduit montre que le peintre opérait de haut en bas et de droite à gauche. Ceci montre que le programme d'ensemble était défini préalablement.

    
La Cène et l'entrée du Christ à Jérusalem

On peut retrouver des copies grandeur nature de certaines parties de ces fresques, à Paris à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine et à Naruto au Japon, au Musée Otsuka.
(CF : Fresques de l'église Saint-Martin, Wikipedia
          Art roman.net)

Et là, tu me dis :
TU : "- Ouais d'accord, c'est bien beau ces fresques, mais à part ça, il y a autre chose à voir dans cette église ?"

Et là, je te réponds :
JÉNORME : "- Ben tiens !"

       
Quelques bouquets de fleurs artificielles                                Une croix devant un vitrail

        
   Une rosace perchée                        Un schéma pour brancher un ampli

Je repars !
Emprunt de cette atmosphère ecclésiastico-mystique et bien que pris par le temps, je décide tout de même de faire sept kilomètres de plus en dehors de mon itinéraire pour aller m'aventurer quelques minutes dans le bois de Chanteloube, en direction de Mers-sur-Indre. C'est par ici, au milieu de la nature que se trouve l'énigmatique "mare au Diable"...

L'origine de la mare reste obscure : s'agit-il d'une mardelle (un affaissement naturel) comme on en trouve beaucoup dans cette région à sous-sol calcaire ; ou bien d'un trou qui aurait été creusé artificiellement pour abreuver les grands animaux ?
Quoiqu'il en soit, cette mare est ancienne et, au temps de George Sand, elle couvrait près de 100 m2. Son appellation "Mare au Diable" vient d'ailleurs de son roman éponyme dans lequel elle laisse planer une atmosphère mystérieuse.
Dédié à Chopin et publié en 1846, ce bref roman champêtre est l'une des oeuvres les plus connues du grand public.
C'est l'histoire d'un jeune laboureur veuf, Germain, qui, songeant à se remarier, préfère la douce mais pauvre Marie à une veuve vaniteuse et coquette. Malgré la minceur de l'intrigue, George Sand fait part de beaucoup d'imagination, de psychologie et de finesse.
Une des scènes les plus touchantes de cette idylle dépeint les jeunes gens faisant une halte nocturne auprès de la mare. L'enfant s'endort devant le feu pendant que les deux héros dialoguent à voix basse, dans la sérénité étoilée de la nuit berrichonne.

        

"Enfin, vers Minuit, le brouillard se dissipa et Germain put voir les étoiles briller à travers les arbres. La lune se dégagea des vapeurs qui la couvraient et commença à semer des diamants sur la mousse humide. Le tronc des chênes restait dans une majestueuse obscurité ; mais, un peu plus loin, les tiges des bouleaux semblaient une rangée de fantômes dans leurs suaires. Le feu se reflétait dans la mare ; et les grenouilles, commençant à s'y habituer, hasardaient quelques notes de grêles et timides, les branches anguleuses des vieux arbres, hérissées de pâles lichens, s'étendaient et s'entre-croisaient comme de grands bras décharnés sur la tête de nos voyageurs. C'était un bel endroit, mais si désert et si triste, que Germain, las d'y souffrir, se mit à chanter et à jeter des pierres dans l'eau pour s'étourdir sur l'ennui effrayant de la solitude. Il désirait aussi éveiller la petite Marie ; et lorsqu'il vit qu'elle se levait et regardait le temps, il lui proposa de se remettre en route."
LA MARE AU DIABLE, George Sand, chapitre X

OUI, EN ROUTE !
Je fais demi-tour pour repasser par Nohant-Vic puis, un peu plus loin, je prends sur la gauche pour...

Passer devant le château de Saint-Chartier
où George Sand situe l'action

Puis passer devant la maison du Docteur Pestel,
dernier médecin de l'écrivain,
qui l'assista sur son lit de mort.

Quelques kilomètres plus tard,
passage à Verneuil-sur-Igneraie et son Petit Coudray...

...une belle demeure où George Sand, alors Aurore Dudevant,
rencontra son mari, Jules Sandeau qui l'amena à devenir écrivain.

Retrouvaille avec une route plus large pour passer à Thevet-Saint-Julien avant de franchir la frontière séparant l'Indre et le Cher et rejoindre Lignières, puis Saint-Amand-Montrond où se trouve, entre autre, l'imposante cité de l'or.

Ensuite, ce sont quelques villes aux noms variés qui défilent, comme...

   

Et la ville la plus ronde de France :

Voilà, après plus de 663 kilomètres, j'arrive dans la Nièvre...