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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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23 mars 2016

NEVERS par la Ligne Bleue. Visite 3 (58)

Après avoir parcouru la partie Ouest du centre de Nevers, Jénorme en était venu à se poser la question : "Est-il possible de suivre la Ligne bleue sans se retrouver au Pub toutes les dix minutes ?" Peut être que cette troisième entame de visite allait lui démontrer que oui.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Je ne sais pas qui est l'auteur de cette phrase à la con "Tous les chemins mènent à Rome" ? Hein ? Oui d'accord, je vais aller faire quelques recherches à la bibliothèque de mon quartier.
Ah, tiens, parlons-en des recherches à la bibliothèque ! Je ne sais pas toi, mais à mon époque, quand j'étais au lycée... putain je parle comme un vieux ?! Bon, c'est comme ça...
BREF : je ne sais pas toi, mais moi, quand j'avais un devoir d'histoire ou de géographie ou d'économie à rendre lorsque j'étais au lycée, eh bien je devais aller à la bibliothèque. Et à Nevers, celle-ci s'appelle Bibliothèque-médiathèque Jean Jaurès. Elle se trouve non loin de l'ancienne Nationale 7 et à deux pas de la dynamique salle de concert underground de la ville, le Café Charbon.
Le Café Charbon, ce sont des expositions, une salle de concerts, des animations culturelles diverses, théâtre, festival et bar ! Depuis 1997 avec une association qui n'a cessé d'évoluer et de proposer ! C'est la seconde scène du département après la Maison de la Culture ! Programmation éclectique : du rock, du métal, du reggae, du Dub, jazz, musiques du monde, urban, rap, folk, régional, de tout ! Pour pas cher, pour découvrir, pour tous ! C'est ici que j'ai vu, entre autres, les concerts de dEUS, Lo'Jo, Les Thugs, Pigalle, The Young Gods, Asian Dub Foundation, Kid Pharaon, Transglobal Underground, Bumcello, 22 Pistepirkko, Electric Fresco, les Wampas qui ont chanté, notamment, "Nevers était si bleu"...

Mais le groupe neversois par excellence que nous connaissons tous à Nevers et qui a bercé nos années 1980 pleines de désinvoltures, c'étaient les Shredded Ermines. Nos gloires locales qui ont fait les premières parties de Noir Désir, entre autres, avec Tonio au chant.


Shredded Ermines 1       Shredded Ermines

Bon, c'est pas le meilleur morceau, mais je n'arrive pas à trouver de vidéos avec les chansons phare du groupe.
BREF : qu'est-ce qu'on disait ? "Tous les chemins mènent à Rome", bibliothèque, recherches, lycée, Café Charbon, Ok !
DONC, de mon temps, comme y disent les vieux, eh ben on avait pas internet pour faire nos dissertes et nos devoirs d'histoire, de géo, d'éco, tout ça ! Il fallait qu'on prenne nos jambes (ou nos 103 SP) pour qu'elles nous amènent à la bibliothèque !
Eh oui ! On y passait des matinées et des après-midi à lire et à chercher des trucs et des machins sur des détails et des moments de la vie française et internationale. C'était pas facile. On était en groupe, on se dispatchait les tâches, genre "Toi tu t'occuperas de la partie sur la chevelure de Louis XIV ! Toi sur la couleur de son cheval ! Toi, tu t'occupes de trouver où il faisait ses courses." Et on cherchait, et on lisait, et on questionnait le bibliothécaire, et on buvait du café lyophilisé, et on draguait, et on repartait en soirée avec très peu d'infos finalement, excepté, peut être, le fait d'avoir trouvé une utilité à la face bleue des gommes bicolore. Nous sortions alors de la bibliothèque en nous disant : "Boh, c'est pas grave, il nous reste une semaine pour rendre ce putain de devoir ! Hein ? Ah, c'est demain qu'il faut le rendre ?! Ouais ben !!!!!"
À ce moment précis, tu me dis : "D'accord, c'est bien joli tes histoires, mais à quoi ressemble la bibliothèque de Nevers ?"
Ah : bonne question, très judicieuse, très pertinente, comme dirait Brad Pitt dans "L'armée des douze singes" de Terry Guilliam lorsque Bruce Willis lui demande comment on peut s'évader de l'asile psychiatrique. Eh bien, la bibliothèque-médiathèque Jean Jaurès de Nevers ressemble à ceci :

bibliothèque Nevers
Photo : Cypris

Oui, tu as raison : il s'agit bien d'un ancien couvent au milieu duquel semblent s'être immobilisées les couleurs bleutées d'un glacier immobile. Hein ? Hein ? Hein ? Ok, bon.
BREF : qu'est-ce qu'on disait déjà ? "Tous les chemins mènent à Rome", bibliothèque, recherches, lycée, Café Charbon, armée des 12 singes, glacier.
Ah oui. Qui est l'auteur de cette phrase à la con qu'est "Tous les chemins mènent à Rome" ? Pour le savoir, pas besoin d'aller à la médiathèque-bibliothèque Jean Jaurès de Nevers puisque j'ai Internet chez moi et que je peux y trouver suffisamment d'informations pour répondre à cette question de prime abord pas vraiment essentielle. Voyons :

"TOUS LES CHEMINS MÈNENT À ROME : Cette expression est inspirée des fameuses voies romaines qui étaient construites en étoile autour de Rome, pour que toutes les marchandises et autres richesses puissent arriver dans la ville. Ces voies étaient assez larges pour permettre à deux chars de se croiser, et on avait également construit des trottoirs sur lesquels les piétons pouvaient circuler sans danger. Tous les douze kilomètres environ, on trouvait de quoi manger et dormir. En quelque sorte, on peut dire que tout convergeait vers Rome. C'est pourquoi on dit que "tous les chemins mènent à Rome", pour figurer qu'il n'y a pas une façon unique d'atteindre un objectif, même si les autres moyens peuvent être plus longs et complexes."  L'INTERNAUTE

Soulignons tout de même que cette prétention et ces travaux colossaux ont également amené la ville à sa perte puisque les routes furent ainsi empruntées par les envahisseurs barbares qui ont précipité la chute de l’empire et l’avènement du Moyen Âge.
Bon, Ok. En tout cas, cela semble plus cohérent de dire "Tous les chemins mènent à Rome" plutôt que "Tous les chemins mènent au parc d'activités de Lahonce" surtout quand on voit ceci :

zone d'activités de Lahonce

Remarquons une fois de plus l'utilité du passage piéton dans ce cas précis.

BREF ! Ohlalala, on a bien avancé là, non ? Mais oui !
Eh oh, de quoi on parle là ? Hein ? De Nevers ! Eh oui.
Je quitte donc une nouvelle fois le Pub pour poursuivre ma visite de la préfecture nivernaise tout en suivant le Fil bleu, encore appelé Ligne Bleue.
Je suis à présent dans la rue François Mitterrand.
À ma droite, le petit square Jongkind. À l'entrée nord, un panneau touristique domine l'ensemble en nous rappelant que c'est dans cette rue que fut tournée une des nombreuses scènes du film d'Alain Resnay "Hiroshima mon amour" (1959), d'après le scénario de Marguerite Duras.
À ma gauche, plusieurs commerces, dont une ancienne boutique de produits basques qui a fermé pour se reconvertir dans la vente de poulets qui a fermé aussi il y a peu. Je lève les yeux au ciel, comme ça pour rien, et je vois à l'angle des rues Mitterrand et Ferdinand Gambon un immeuble en haut duquel on peut distinguer les restes d'une publicité ancienne peinte.

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Mais pas de catastrophisme comme dans le reportage diffusé sur France 2. Tout n'est pas fermé, tout n'est pas foutu, tout n'est pas fini à Nevers ! Non.
Mais je prends quand même la rue qui est à ma gauche et qui s'en va re-grimper sur les hauteurs de la ville. Il s'agit de la rue de l'Oratoire, étroite, en sens unique, bordée de hauts immeubles en pierres apparentes. Je croise l'ancienne chambre des comptes et la Chapelle des Oratoriens. C'est dans cette rue que se trouvait notre disquaire fabuleux avec sa boutique intimiste nommée "Quoi d'neuf ?" On s'y retrouvait entre potes pour que Didier, le tenancier, nous fasse écouter quelques musiques que nous entendions pas ailleurs. Nous arrivions pour acheter un disque de Faith No More ou autres, et Didier nous disait alors : "Ah, attends, si tu aimes Faith No More, je vais te faire écouter un truc !" Et voilà comment nous approfondissions notre culture musicale en buvant un café, ou une bière.
Aujourd'hui, c'est Xavier Warnant qui a repris les lieux pour utiliser la vitrine afin d'exposer quelques-unes de ses belles pièces originales d'artisan-tapissier. Cela met un peu de lumière dans cette rue sombre, étroite et abrupte.
Et puisque nous en parlions, je repense aux images du film de Resnay.
La rue de l'Oratoire me mène à un croisement. Si je vais à gauche, je me retrouve devant la maison de Maître Adam devant laquelle je suis passé tout à l'heure et ce n'est pas le but car, ensuite, je vais redescendre et me retrouver à nouveau devant le Pub.

Si je vais à droite,
j'emprunte la Rue Marguerite Duras...
DSCN6666

...qui débouche sur la grande place de la République
où ont été tournés plusieurs séquences du film.

Profitons-en pour tenter de comprendre en quoi ce film fut révolutionnaire et pourquoi il eut un tel succès critique lors de sa sortie en 1959, au point de "révolutionner" le cinéma d'auteur, film manifeste de la Nouvelle Vague...

 "A l'époque, on l'a oublié, le film heurta aussi parce qu'on y montrait un couple en sueur, après l'amour. La sueur et le sable, les cendres et le salpêtre sont évoqués dans cette suite de fragments poétiques et musicaux, qui disent l'union et la désagré­gation, la joie et le chagrin."  JACQUES MORICE

Le mieux est peut être de chercher à comprendre en relisant certaines analyses de l'époque et d'aujourd'hui. Premier long métrage d'Alain Resnay. Premier scénario de Marguerite Duras.

Hiroshima mon amour afficheUne actrice se rend à Hiroshima pour tourner un film sur la paix. Elle y rencontre un Japonais qui devient son amant, mais aussi son confident. Il lui parle de sa vie. Elle lui parle de son adolescence à Nevers pendant la seconde guerre mondiale, de son amour pour un soldat allemand et de l’humiliation qu’elle a subie à la Libération.

"(...) De la Shoah, on ne parlait alors pas, sauf Resnais qui, avec Nuit et brouillard, avait entamé en 1956 son saut dans une mémoire cachée, enfouie. C’est en revoyant ses premiers films que l’on comprend à quel point, justement, Resnais aime les choses enfouies, non pour le simple plaisir de les déterrer, ou le simple devoir de les dénoncer. Son intérêt se porte sur les effets de la mémoire, sur ses multiples strates, qu’il adapte à l’écran en superposant différentes couches temporelles, mettant en évidence l’impossibilité de la renaissance sans la mort, l’impossibilité de l’oubli sans la mémoire. Hiroshima mon amour est pourtant avant tout un film sur le présent, tout comme Resnais est un réalisateur du présent : il s’entoure alors de Marguerite Duras au scénario, fleuron de la nouvelle littérature française, ayant grandi en Indochine et dont la style ressassant, vif, cru, correspondait parfaitement aux désirs d’Alain Resnais.(...)
La fulgurance détruit la narration classique pour recréer celle de l’esprit, plus diffuse, plus opaque. L’idée de l’apparition se développe donc progressivement, au fil des sons -la musique change parfois du tout au tout en une seconde-, et des répétitions, des martèlements qui scellent l’emprunte des lieux, des mots, des mélopées sur les personnages. (...)" Lire CRITIKAT

 

Je me trouve à présent sur la Place de la République, toute en pelouse vert tendre, finement tondue et entretenue. C'est également ici qu'ont été tournées quelques séquences du film "Rosalie Blum" de Julien Rappeneau, qui sort aujourd'hui sur les écrans.

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Il y a quelques années, pour l'extraordinaire Festival De Nevers à l'aube, nous avions installer ici, sur la Place de la République, la tartapulte, tout droit venue de Belgique.

Quéque c'est ?
Eh bien, c'était ceci :

Aujourd'hui, c'est plus calme. Même le petit théâtre, dont nous avions investi les lieux, est fermé. Laissé quelque peu à l'abandon depuis plusieurs années malgré son prestige et son intérieur magnifique, ses portes sont désormais infranchissables.


LE PETIT THÉÂTRE

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Nevers, théâtre
Photo : Nevers ça m'botte !

La construction de ce petit établissement néoclassique dura de 1809 à 1823 et répondait aux souhaits de la population d'avoir une salle de spectacles conforme au goût moderne. L'inauguration de la salle eut lieu le 6 janvier 1824 avec la représentation de la pièce "Barberousse et Barbe Noire".
"La salle de spectacle, en fer à cheval, est composée d'un parterre et de trois balcons équipés de loges. Comme tous les théâtres de ce type, le foyer est situé au niveau intermédiaire entre le premier te le second balcon. Cette organisation décrit bien ce qu'était la vie du théâtre au XIXème siècle. Le peuple au parterre, et sans accès au foyer, et la noblesse au premier et au deuxième balcon en accès direct à cet espace de luxure et de paraître."  NEVERS.FR

Emile Vernon, artiste peintre de Tours,
peindra le plafond de la salle en 1899.
Nevers, théâtre 1
         Nevers, théâtre
Photos : Lionel Brugger pour le JDC

Endommagé par le bombardement du 16 juillet 1944, le théâtre fermera en 1971 pour des raisons de sécurité. Il rouvrira en 1980 après d'importants travaux de rénovation, puis refermera ses portes début 2010. Il est prévu qu'il réouvre en 2017 après la réalisation d'importants travaux sur la toiture qui fuit, sur les murs de la salle qui tombent en lambeaux, les fauteuils qu'il faut démonter pour les réparer, retirer le carrelage blanc du sol, réaménager la scène pour l'adapter aux besoins scénographiques actuelles, refaire toute l'installation électrique qui n'est absolument pas aux normes, réadapter le troisième étage de la salle appelé "le paradis" ou "Le poulailler",... Bon... Y'a du boulot, mais les professionnels qui ont fréquenté ce lieu sont tous d'accord pour dire que cette salle est magnifique et possède une qualité acoustique exceptionnelle.
Mais ce n'est pas parce que nous ne pouvons pas y entrer que nous ne pouvons pas réviser les superstitions et autres mots interdits par les professions théâtrales (acteurs, techniciens, directeur).
Tout d'abord, il est vivement conseiller de fermer les théâtres au moins une fois par semaine (jour de relâche) afin de permettre aux fantômes de jouer dans leur propre pièce.
Il ne faut donc jamais prononcer les mots corde, vendredi, Bonne chance, rideau. De plus, il est formellement interdit de siffler sur scène et en coulisse ; de même que si on amène des bougies sur scène, il est primordial de ne jamais prononcer le chiffre 3 en même temps !!!  Faire plaisir à une actrice, c'est sympa, mais il ne faut jamais, ô grand jamais, lui offrir d'oeillets car ce sont les fleurs que le directeur de théâtre offrait à une actrice qui était renvoyée.
Il existe également de grandes superstitions vis à vis des couleurs à porter. Le jaune est réputée maléfique en Espagne, en Italie, c'est le violet et au Royaume-Uni, on dénigre le bleu. Quant à la France, il est vivement conseillé de ne jamais porter de vert. Cette superstition aurait pour origine les dispositifs d'éclairage au XIXème siècle qui ne mettaient pas en valeur les tons verts. On rapproche aussi cette couleur du mélange de l'oxyde de cuivre ou du cyanure, utilisés pour colorer les vêtements jadis mais à proscrire en raison de sa toxicité. Une autre approche du côté maléfique de la présence de cette couleur sur une scène théâtrale provient du fait que Molière aurait porté un costume de couleur verte lorsqu'il joua pour la dernière fois "Le malade imaginaire", le 16 février 1673 avant de mourir quelques heures plus tard chez lui, et non sur scène comme le veut la légende.

Bon, bref : on ne peut pas entrer dans le théâtre. Le mieux est donc de traverser cette grande étendue sableuse qui ne ressemble en rien à une plage, mais à un parvis. C'est le parvis du Palais Ducal.

 

LE PALAIS DUCAL
Nevers, Palais Ducal (58)

Considéré comme le premier des châteaux de la Loire, il fut construit à la fin du XVème siècle dans le but de devenir la résidence des comtes, puis des Ducs de Nevers. Il a toujours été le coeur de la cité par sa situation géographique privilégiée, sur cette butte qui regroupait alors les pouvoirs politiques et religieux. Trois époques de construction expliquent l'aspect actuel du Palais.

"En 1464, Jean de Clamecy, fils de Philippe de Bourgogne, hérite du comté du Nivernais. Il entreprend alors la construction d'un "hostel neuf" à proximité de l'ancien château du XIIIème siècle, aujourd'hui disparu. Si le bâtiment est achevé à sa mort en 1491, la façade qui évoque la Renaissance semble plus tardive. Les Clèves, ses successeurs, élevés au rang de ducs et pairs du Royaume en 1538, ont sans doute souhaité parachever l'habillage du château en lui offrant une parure au goût du jour et à la mesure de leur rang. De 1565 à 1595, Louis de Gonzague en poursuivra l'embellissement. (...)
En 1850, la municipalité s'installe dans le nouvel Hôtel de ville et laisse le château au département alors réhabilité pour y installer le Palais de Justice ; c'est ce qui lui vaudra son appellation de 'Palais Ducal'. (...)
A la fin des années 1980, la municipalité souhaite se réapproprier ce monument historique. Le Palais de Justice est alors transféré dans l'ancien palais épiscopal. L'entrée est percée à l'ouest au niveau du sous-sol auquel on accède par un hall sous dalle. Ce dernier est aménagé pour recevoir l'office du Tourisme ainsi qu'un espace d'expostion." 
OFFICE DU TOURISME DE NEVERS

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Restauré sur ordre de Pierre Bérégovoy dans les années 1980, le palais abrite aujourd'hui l'hôtel de ville (dont le bureau du maire et la salle des conseils), une partie de l'office de tourisme, des salles d'expositions et de réception, ainsi qu'une exposition permanente sur l'histoire et les atouts de la ville, ainsi qu'un aquarium de poissons ligériens.
C'est ici, sur le parvis du Palais Ducal, que François Mitterrand, Président de la République, prononcera le 4 mai 1993 l'éloge funèbre de l'ancien maire de Nevers et Premier Ministre, qui s'était suicidé sur les bords du Canal latéral à la Loire le 1er mai. Un discours resté célèbre pour cette phrase : "Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu'on ait pu livrer aux chiens l'honneur d'un homme et finalement sa vie au prix d'un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République : celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d'entre-nous ".

DSCN6754Je traverse le parvis en regardant la façade du Palais, riche en sculptures, en lucarnes, en fenêtres, en moulures, tourelles, blasons, emblèmes, devises,... Tiens, par exemple, nous pouvons lire les devises de la famille Gonzagues : "Nec retrogradior, nec devio" ("Je ne recule, ni ne dévie"), "Olumpos Fides" (?) ou encore ces vers de Virgile, "Igneus est Ollis vigor et celestis origo." ("Ils ont une force de flamme et une origine céleste.").

 

 

J'entre à présent sous le Palais par le hall où se tient le bureau d'accueil de l'Office du tourisme.
Très bon accueil. Sourire et propositions de visite. Je me fournis en brochures diverses pour me lancer ensuite dans les couloirs sombres de l'exposition qui se tient au sous-sol.

Nevers, Palais Ducal, exposition 1L'habillement à l'époque
du Duc de Gonzague,
XVIème siècle

 

 

 

 

 

Nevers, Palais Ducal, exposition 2La faïence de Nevers
avec, ici,
les oeuvres de
la Faïencerie Georges.

 

 

 

Nevers, Palais Ducal, exposition 5Divers objets provenant
de la manufacture Kosta Boda,
située à Lund, ville suédoise
avec laquelle Nevers est jumelée,
et proche d'Orrefors,
capitale suédoise du cristal.

 

 

Et soudain, je découvre qu'au XIIIème siècle,
ils faisaient déjà du vélo !
Nevers, Palais Ducal, exposition 3
Et pas n'importe quel vélo !!!!

Oui non bon, bien sûr, le panneau présent ne se rapporte pas au sublime VTT qui trône ici dans les sous-sols du Palais. Le panneau se rapporte aux murs cernant le lieu et qui faisaient partie de l'ancien château du XIIIème siècle sur lequel a été construit le Palais Ducal en 1491.

Nevers, Palais Ducal, exposition 4

Mais il est bon de s'arrêter un peu sur la présence de ces vélos, ici, à Nevers, dans le sous-sol du Palais Ducal qui, rappelons-le, expose quelques-uns des fleurons neversois.

Nevers, palais Ducal, Look

Alors, comment commencer pour expliquer la présence de ces vélos dans cette exposition ducalière... ducaloise... ducalée... du... Ouais ben !
Il y a quelques années de cela, je travaillais dans une entreprise qui s'appelle Time. Basée à Varennes-Vauzelles, elle aussi concevait des équipements cyclistes haut de gamme, en concurrence avec Look. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi deux des plus grands équipementiers cyclistes se trouvaient presque dans la même ville ; l'une à Nevers et l'autre à Varennes-Vauzelles. La propriétaire des lieux, c'est à dire de Time, m'expliquait que dans le milieu des années 1980, un important homme d'affaires sans vergogne, racheta la société Look alors en difficulté. Par la même occasion, il pria les gens qui avaient créé, entretenu et fait vivre cette société "d'aller voir ailleurs". Cet homme, c'était Bernard Tapie. Cette femme de caractère, c'est Mme Beyl, épouse de Jean Beyl, inventeur des fixations automatiques pour ski et des pédales automatiques pour cycles.

PETIT RAPPEL HISTORIQUE DE LA MARQUE LOOK
Dans les années 1940, Le Caoutchouc manufacturé est une petite entreprise familiale implantée à Nevers, fabriquant, entre autres, des vessies de ballons. Son patron s'appelle Jean Beyl. Ce dernier est passionné de ski et il ne manque pas une occasion pour se rendre sur les pistes des Alpes pour se livrer à quelques descentes effrénées.

jean beylMais, en 1948,  Jean Beyl, se casse deux fois la jambe, le même hiver. Il le sait : ses fractures proviennent du fait que pendant les chutes, les fixations empêchent les jambes de bouger. Sur son lit d'hopital, il dessine, croquétise, met au point un procédé révolutionnaire. A cette époque, la chaussure est encore fixée sur le ski par un lacet. Jean Beyl invente alors la première fixation à plaque pouvant pivoter sur 360°. Il la baptise "Antifracture". De là, il créé une nouvelle société : Look, nom emprunté à un magazine de photos américains devenu célèbre après la guerre.
D'année en année, ce nouveau système va évoluer avec des noms différents, comme celui de Nevada, équipant les plus grands skieurs de l'époque. C'est là qu'est l'os. Contrairement à Salomon, Look a du mal à mettre au point un système qui ne fasse pas "peur" aux amateurs et skieurs "ordinaires".

Ce manque de produits adaptés à la grande distribution ainsi que des erreurs de gestion vont malheureusement amener Look à la faillite. La firme nivernaise est alors récupérée en 1983 par Bernard Tapie, le fort-en-gueule, le M. Rachat des entreprises françaises en difficulté, le sauveur,...

Mme Beyl et Tapie, LookMême si Look est mondialement connu, l'homme d'affaires rachète l'entreprise pour un franc symbolique en 1983. Dans les années 1970, Jean Beyl avait eu l'idée d'adapter le même modèle de fixation de ski mais pour les cycles en créant la première pédale à fixation, remplaçant du même coup les lanières en cuir. Mais il n'avait pas les fonds suffisant pour développer cette initiative ingénieuse. Bernard Tapie a alors vent de cette idée et décide de développer le projet. En achetant 66% des parts de la société à la famille Beyl, il laisse à cette dernière un tout petit budget pour qu'elle puisse finaliser la conception de ces pédales. Mais il fallait ensuite pouvoir les vendre et en faire un produit phare. Un jour, en 1984, alors qu'il entendit Bernard Hinault à la radio parler du projet de monter une nouvelle équipe cycliste, Bernard Tapie appela de suite le champion pour lui proposer de devenir sponsor de cette équipe avec sa nouvelle chaîne de magasin qu'il avait acquis en 1980 (La vie claire... pour un franc symbolique aussi). L'accord est officialisé en septembre 1983. Bernard Hinault devient ainsi consultant technique pour développer la pédale automatique tout en restant coureur sans savoir s'il pourrait revenir à son meilleur niveau à cause d'une douleur persistante au genou.

lemondhinault1986Après une année 1984 difficile pour le champion, Bernard Hinault prend le départ du Tour avec une solide équipe, dont Greg Lemond recruté pour la modique somme d'un million de dollars. Une première dans le monde du cyclisme ! L'autre particularité : Hinault est équipé chaussures de vélo insolites avec des cales sous la semelles, se clipsant dans les pédales automatiques Look PP65. Tout d'abord prises comme un objet farfelu d'un autre monde, les pédales connaissent un franc succès, soutenues par Hinault. Look vient de créer un nouveau marché. Lasser de travailler avec le maigre budget que lui alloue Tapie, Jean Beyl, détenteur des brevets, décide de quitter la société pour rejoindre "Time Sport International" en 1987 où il améliorera encore le mécanisme, le confort et la sécurité de l'objet.
Quelques mois plus tard, autre révolution, Look lance le premier cadre de vélo en carbone avec lequel Greg Lemond remporte le Tour de France en 1986. En 1988, Bernard Tapie revend Look trois ans et empoche 260 millions de francs ! En six ans, il en a fait le leader français dans les vélos haut de gamme et de compétition.

Pour plus de détails, je te conseille de lire "Vélos de course, concepteurs de génie, machines de légende" de R. Moore et D. Benson
Photos : Lookbindings, Le Journal du Centre

 

Bon eh bien eh oh ! En venant dans les sous-sols du Palais Ducal, je ne m'attendais à prendre connaissance de telles histoires, relevant du sport, de la technologie inovante et de la politique. Ben oui parce que, bon, eh, ça ne se fait pas comme ça non plus... Surtout qu'en 1983, Pierre Bérégovoy, maire de Nevers, est aussi Ministre des Affaires sociales, puis Ministre de l'Economie et des Finances. Bon, bref ! Toujours est-il que Time a été obligé d'aller s'implanter ailleurs qu'à Nevers DONC à Varennes-Vauzelles.

Continuons la visite de cet édifice plein de surprises.
Je monte au premier étage, encore appelé premier niveau, où, d'après le guide, se trouvent la salle Fernand Chalandre et la salle de mariage. Une porte fermée est dominée par une aquarelle de Jean Georges, réalisée en 1933 et montrant Nevers avant que Pierre de Courtnay, comte de Nevers, ne décide de l'entourer d'une vaste enceinte.

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Au premier plan, on voit la butte marquée par la cathédrale et le château avec, tout autour, les quartiers Saint-Genest, Saint-Arigle et Saint-Etienne.

Comme il n'est pas possible d'entrer dans ces salles hors des visites guidées, je continue mon ascension pour atteindre le... le... second niveau. Ben oui ! Après le premier, il y a le second, enfin ! Oh, alors, eh, hein !

Ici, les portes sont ouvertes et, ô magie,
qui ne retrouve-je donc pas dans la salle...

Ouais : la Ligne-fil bleu !!!! Enfin, un truc qui y ressemble. Disons plutôt un ruban bleu. Mais c'est toujours ça de pris.

Elle est flippante cette salle !!!
DSCN6766

Pour le coup, y'a plus d'infos, y'a plus d'objets, y'a plus rin, comme on dit ici !
On a l'impression que les habitants sont partis en urgence et ont tout foutu dans la cave en attendant les déménageurs !Il s'agit des salles Henriette de Clèves et Mazarin.
"A l'origine, c'était une second salle d'aparat du château. Lors des restaurations de 1850, une nouvelle distribution est mise en place afin d'adapter le lieu à sa fonction de Palais de Justice.(...) Ces espaces sont ornés de boiseries néogothiques. Les consoles de support des poutres présentent des écussons figurant les armes des villes nivernaises." 
OFFICE DU TOURISME DE NEVERS

Je me promène un peu, au hasard, dans l'enceinte. Je prends un autre escalier sans savoir si j'ai le droit d'être là ou pas.

Fenêtres en vitraux !
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Je les ouvre !
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Belle vue !

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Je continue ma progression par la hauteur. Après le second niveau, j'arrive au... au...Troisième niveau !
Ouais ! C'est là que se trouve la salle du Conseil municipal et le foyer Pierre Bérégovoy.

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Étonnante mise en place. Cette salle se trouve directement sous les combles et semble être basse de plafond avec toutes ces grosses poutres et cette charpente apparente en carène de bateau. Depruis 1980, c'est le lieu et place de la salle du Conseil Municipal, précédée du foyer Pierre Bérégovoy et d'une salle de presse. Le Foyer est orné d'une toile du peintre serbe Dragan Martinovic ayant pour titre "Le gage de l'amitié" (2006), scellant les liens entre les villes de Sremska Mitrovica (Serbie) et de Nevers.

Je quitte la salle du Conseil pour rejoindre le grand escalier, puis redescendre au sous-sol et me retrouver dans la rue Sabatier. Retour de la Ligne Bleue qui semble vouloir m'emmener vers cet autre grand édifice neversois qu'est la cathédrale.

 

DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE

Dis don', ça fait longtemps que je ne suis pas passé par le Pub...

 

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