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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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22 avril 2016

KALININGRAD TOUR : Gdansk (Pologne)

Mine de rien, cela fait déjà trois ans que nous avons fait ce périple avec Maître Arnaud et nous n'avons toujours pas atteint l'un des buts de ce voyage : aller en Russie, et plus précisément à à Kaliningrad, et plus précisément sur l'Isthme de Courlande, et plus précisément se baigner dans la mer Baltique.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Bon eh oh : comme disait mon grand-père menuisier quand il se trouvait face à une personne qui radotait : "Oui ben tu vas pas nous répéter la messe toute la journée !"
Tout ça pour te dire, chère/cher lectrice/teur que je ne vais pas écrire ici maintenant un résumé des épisodes précédents alors qu'il sera plus simple pour toi d'aller surfer  - ouuuuaaaaiiiss, surf !!!!!-  vers les précédents billets portant le titre révélateur "Kaliningrad Tour". Hein ? Mais oui, c'est beaucoup plus simple.
Toutefois, jetons un petit coup d'oeil sur la carte de notre itinéraire pour mieux comprendre de quoi il retourne.

la carte

Et au moment même où je m'aprête à écrire une nouvelle étape,
nous sommes ici :
la carte 1

C'est à dire à Gdansk, en Pologne ; là où nous avons vu, peut être, la plus grande affiche de concert de Pet Shop Boys du monde !

Jénorme à Gdansk (Pologne)

Génial, non ? Mais est-ce qu'il n'y a que ça à voir dans cette ville ? Non parce que sinon ça fait un peu chier d'avoir fait toutes ces bornes rien que pour ça, vois-tu !

 

UN PEU PLUS TARD, MAIS PAS TELLEMENT, À GDANSK
Il est 18 heures. Nous n'avons fait aucune recherches sur Gdansk et ses intérêts touristiques, culturels, historiques et autres. Nous allons donc errer un peu au hasard.
Aaaah Gdansk ! Surnommée la Perle de la Baltique... C'est étrange : j'ai l'impression que toutes les villes se trouvant au bord de la mer Baltique se nomment "Perle de la Baltique".
Avant de commencer la visite aléatoire, un peu d'histoire rapide.

UN PEU D'HISTOIRE RAPIDEMENT
"Le nom de Gyddanzyc est apparu pour la première fois en 999 dans la biographie de St Adalbert. L’origine de ce mot est étroitement liée aux terrains humides où se trouve la ville actuellement (la racine morphologique « gd » se rapporte à tout ce qui est humide, mouillé). Après la Première Guerre Mondiale, Gdańsk, nommé Dantzig, est devenu une ville libre selon les principes du Traité de Versailles. En 1939, la Seconde Guerre mondiale commence par le bombardement de la garnison polonaise de Westerplatte et, en conséquence, la ville passe aux mains des Allemands. A la fin de la Guerre, Staline, avec le consentement de Churchill et de Roosevelt, cède la ville, rebaptisée Gdańsk, à la Pologne.
C’est à Gdansk également que se sont élevées les premières voix contre le pouvoir communiste en 1970. 10 ans plus tard, Lech Wałęsa, devenu le plus célèbre des ouvriers manifestant, donnait naissance au syndicat Solidarność, qui a ouvert la voie vers la libération de la Pologne en 1989." LE PETIT JOURNAL

 

Tout comme Varsovie, la ville a été réduite en cendres à la fin de la deuxième guerre mondiale, non pas parles nazis mais par l'Armée rouge. La reconstruction fut achevée en 1975.

Allez : nous quittons l'auberge de jeunesse La Guitarra pour rejoindre les berges de la rivière Motlawa (prononcé Motwava), rebaptisées Long Quai en français et Długie Pobrzeże en polonais. Nous aurions pu carrément prendre la direction opposée, plein Nord, pour nous rendre sur la Place des Défenseurs de la Poste Polonaise (Pomnik Obrońców Poczty Polskiej w Gdańsku). C'est sur cette place, face à l'ex-Bureau de Poste n°1 que se trouve une imposante sculpture en acier inoxydable, rendant hommage à la défense héroïque des habitants qui, pendant près de 14 heures le 1er septembre 1939, ont résister face aux assauts des troupes SS, des formations SA et de la police allemande. Ce fut l'une des des premières batailles de l'invasion nazie de la Pologne lors de la seconde Guerre Mondiale. Tous les miliciens résistants, excepté quatre d’entre d’eux qui purent fuir, furent condamnés par une cour martiale allemande le 5 octobre 1939 puis exécutés. (Cf : article sur WIKIPEDIA)
Cet épisode historique est évoqué, à travers le personnage d'Oscar Matzerath, dans le roman Le Tambour de Günter Grass (en 1959) et dans l'adaptation cinématographique de Volker Schlöndorff (en 1979).

Nous n'irons pas non plus à l'intrigante Maison des Tortures, Katownia en polonais, située à l'Ouest de la ville ; c'est en ce lieu que Oskar, le personnage central du Tambour, découvre "son chant vitricide à longue portée".
Rappelons au passage que l'écrivain allemand Günter Grass est né ici, à Gdansk, le 16 octobre 1927 à l’hôpital du quartier Wrzeszcz, situé sur la rue Kliniczna... où nous n'irons pas non plus. Aujourd’hui, le quartier de Wrzeszcz propose une promenade sur les traces de Günter Grass pour découvrir les origines de l’écrivain. On y trouve même le banc où est assis Oskar, l’un des personnages du Tambour. Quartier où nous n'irons pas.
Écrivain des plus marquants du XXIème siècle, Gunter Grass, citoyen d'honneur de Gdansk, jeta le froid en 2006 avec ses propos autobiographiques :
"(...) en septembre 1944, à l'âge de 17 ans, j'ai été enrôlé dans les Waffen-SS, sans que j'aie eu un mot à dire. Bon nombre de gens de ma génération ont partagé un sort semblable. (...) Je voudrais cependant garder le droit de dire que j'ai compris la leçon douloureuse qui m'a été donnée dans ma jeunesse. Mes livres et mon activité politique en témoignent". 

Nous n'irons pas non plus.... Ooooh eh ! Et si on parlait plutôt des endroits où nous avons vadrouillé !!!

Au sortir de l'auberge de jeunesse, nous avons pris plein Sud pour aller vagabonder, dans un premier temps, le long des quais du centre-ville.


LE LONG QUAI

Długie Pobrzeże
Gdansk, le long quai (Pologne)

Bon OK, si tu connais Gdansk... "Alors on Gdansk tut tut tut tut tutut... alors on Gdansk !", comme le martelait si bien Stromae. Je dis n'importe quoi, revenons à nos moutons !
Si tu connais Gdansk... "Et tu Gdansk avec lui, abandonnée heureuse, tu as toute la nuit pour en être amoureuse", comme le chantait si bien C. Jérôme. Oh, on peut aller à l'essentiel, oui ?!
DONC si tu connais Gdansk, tu as de suite remarquer que la photo ci-dessus n'a pas été prise sur le Long Quai, mais bel et bien en face, c'est à dire à hauteur du Musée Maritime de la ville, qui se trouve sur l'autre berge, pile poil en face de cet incontournable lieu de rendez-vous touristique gdanskien... gdanskesque... gdanskois... Je sais pas.
De suite, tu peux me demander alors : "Mais pourquoi tu ne nous montre pas une photo du Long Quai lorsque vous êtes dessus ?"
A cette question, je te répondrais : "Ben écoute, je ne sais pas trop ce qui s'est passé à Gdansk, mais je me suis un peu planté sur les perspectives photographiques permettant de découvrir la ville."

Toutefois cependant pourtant, il y a plusieurs choses à savoir sur Gdansk avant de se lancer dans ses rues.
1) Gdansk n'est pas située au bord de la mer, mais à sept kilomètres environ.
2) Gdansk est la sixième ville de Pologne et la première ville portuaire de Pologne en accueillant plus de 18 millions de tonnes de marchandises par an (35% de pétrole et 30% de charbon).
Avant d'être déplacé dans la seconde moitié du XIXème siècle, le port de Gdansk se trouvait ici. C'est aussi l'aboutissement maritime de la vieille ville car toutes les rues perpendiculaires  du centre historique se terminent par des portes fortifiées donnant sur ces berges. Devant chacune de ces portes, on peut voir des appontements en bois qui permettaient aux bateaux d'accoster.
Avec l'augmentation du trafic maritime, les jetées ont disparu au début du XVIIème siècle et un long quai de bois fut créé. C'est sur celui-ci que nous marchons à présent. Il est bordé de belles maisons colorées et plusieurs cafés, restaurants et boutiques d’ambre. Car c'est là l'autre particularité de Gdansk ! En effet, la ville est également surnommée capitale de l'Ambre et possède un musée dédié à cette oléorésine fossilisée.

L'AMBRE
Ambre
"Il y a plusieurs centaines d'années, les peuples étaient fascinés par les propriétés extraordinaires et inexplicables de cailloux dorés trouvés sur les côtes et dans les forêts côtières. Ces pierres brûlaient si on les jetait dans le feu dégageant une odeur agréable de sapin et une fumée aromatique. Autre magie, lorsque l'on frottait ces pierres, elles pouvaient attirer d'autres petits objets. L'intérieur de ces pierres semblait cacher de petites plantes ou des insectes qui semblaient avoir trouvé le chemin pour entrer également par magie.
L'ambre est une des rares substances sur terre que nous considérons comme une pierre précieuse et qui n'est pas d'origine minérale. Comme le diamant, l'ambre est le résultat de l'action de la nature sur des milliers d'années.
L'ambre, matière plastique organique, a la capacité unique et singulière d'englober et préserver les matières organiques qu'elle rencontre, comme la mouche prise au piège dans le miel. L'ambre baltique a approximativement 40-60 millions d'années et a été considérée comme une pierre précieuse par beaucoup de cultures anciennes, prisée pour ses qualités tant protectrices que décoratives.

UN PEU D'HISTOIRE
Il y a environ 45 millions d'années, le territoire de l'Europe du Nord et d'Europe centrale actuellement connue sous le nom de Finnoscandie était couvert par une épaisse "forêt d'ambre" s'étirant de la côte norvégienne à la Mer Caspienne avant la séparation du bloc continental pour donner ce que nous connaissons comme étant l'Europe d'aujourd'hui. L'ambre n'est pas, comme on le pense en général, de la sève de pin, mais l'ambre est issue de la fossilisation de résines végétales dues à une blessure ou à un changement climatique radical. Les spécialistes ont récemment avancé trois espèces d'arbres proches de ceux qui ont produit ces résines. Ceux-ci sont : l'Agathis (aurakaria, Australie), le Cedrus atlantis (cèdre, l'Atlas, Afrique du Nord) et le Pseudolarix wheri (mélèze, Canada).
Le nom commun utilisé pour ces arbres à l'origine d'ambre est Pinus Succinifera. On suppose que lors du bouleversement climatique, ils ont produit une sécrétion de résine anormalement importante. Cette résine a subi des modifications physiques et chimiques innombrables pendant les milliers d'années, aboutissant finalement à l'ambre (succinite). Des résines d'ambre ont été d'abord emmenées jusqu'à la mer par les rivières d'eau douce des régions montagneuses de la forêt d'ambre, même des troncs entiers très endommagés par la fluctuation de température ont été ainsi transportés jusqu'à la mer.
La qualité de l'ambre est évaluée grâce à la densité de succinite contenue dans l'ambre. L'ambre de la Baltique est celle qui contient le plus haute proportion d'acide succinite, ce qui fait de l'ambre de la Baltique la qualité d'ambre la plus précieuse.(...)" 
PINGTIPONG / Photo : Didier Descouens

 

Une fois passé le musée de l'Ambre, notre regard s'arrête sur l'un des "emblème" de la ville : la grue médiévale.


LA GRANDE GRUE
Żuraw
Gdansk, la grande grue (Pologne)

Oui, oui, tu as raison : la photo est encore prise depuis le quai du Musée Maritime situé en face de l'édifice qui nous intéresse présentement. Sauf que là, j'ai fait un zoom.
Majestueuse silhouette pour les uns, présence sombre sur des quais colorés pour les autres, la grue médiévale de Gdansk, appelée Żuraw, servait autrefois au chargement et déchargement des marchandises. C'était à la fois une porte et une grue qu'actionnaient deux immenses roues muées par des hommes qui marchaient dans sa partie interne. Élevée au milieu du XVème siècle, la Grande grue fut reconstruite en 1744 après un terrible  incendie. La grue supérieure fut ajoute au XVIIème siècle et permettait de soulever jusqu'à deux tonnes de marchandise à la hauteur de 27 m. Elle permettait également l'assemblage des longs mâts sur les bateaux. Elle est encore aujourd"hui la plus grande machine élévatoire portuaire médiévale et la plus ancienne d'Europe. A l'intérieur, on peut retrouver l'impressionnant mécanisme de la grue avec ses deux paires de roues de diamètres différents. C'est ici que quatre ouvriers travaillaient comme des hamsters en marchant de façon continue pour faire tourner les tambours.
L'édifice abrite également le musée maritime, retraçant l'histoire du port de Gdansk et de la navigation sur la Vistule ; nous rapelant par la même occasion la grande prospérité de Gdansk, du XVIème au XVIIIème siècle, alors appelée "le grenier à blé de l'Europe" et port le plus dynamique de la Baltique.

Et PAF, d'un coup, comme ça, pour rien, nous décidons de quitter la promenade classique le long du Long Quai pour s'en aller pénétrer au hasard dans quelques petites rues adjacentes. C'est la Vieille Ville de Gdansk, du moins je crois. Nous empruntons tour à tour la rue Mydlarska, puis la rue Mariacka, puis la rue Dziana, puis la rue Chlebnicka, puis la rue Grzaska... Cette ville est étonnante. Malgré son importance, ses attraits touristiques, économiques, politiques, sociaux et culturels, nous parvenons à trouver de ces petites rues où il n'y a personne, où tu peux déambuler peinardement sans foule. Nous continuons avec la rue Mariacka (?), puis la rue Swietego Ducha, puis la rue Grobla.

RUE GROBLA
Gdansk, basilique Sainte-Marie et Kaplica (Pologne)

Charmante petite rue, située en plein centre de la Vieille Ville. Nous passons devant la fontaine aux jets d'eau (Fontanna Czterech Kwartałów)... qui ne fonctionne pas, laissant ses lions massifs de marbre, la gueule ouverte. Nous remarquons également quelques enseignes en fer forgé, comme ici, le barbier.

Gdansk, fontaine aux jets d'eau, lion (Pologne)         Gdansk, vieille ville, enseigne de barbier (Pologne)

Le grand bâtiment rose-saumon dans un style rococo prononcé, c'est le Kaplica. Construite entre 1678 et 1681, elle a été édifiée comme une chapelle temporaire pour les catholiques à un moment où l'église Sainte-Marie était aux mains des protestants.

Nous poursuivons notre évolution hasardeuse à travers les rues de la Vieille ville. Rue Zveroka, puis rue Zlotnikow, puis rue Swietego Ducha, puis rue Krowia, puis la rue Mariacka (???), puis la rue Klesza, puis la rue Chlebnicka, puis la rue Grzaska, puis la rue Mariacka... Oh mais oh là !!!! On tourne en rond bordel !!!!

Arrêtons-nous un peu ! Et regardons une bonne fois pour toute cette rue Mariacka au charme intimiste.

RUE MARIACKA
de dos
DSCN0685

RUE MARIACKA
de face
Gdansk, rue Kaletnicza, façades (Pologne)

Façades rappelant la Belgique et la Hollande. Méticuleusement reconstituée en 1970. Perrons en pierre faisant penser aux maisons anglaises. Gargouilles d'un autre temps et caniveaux prononcés. Des boutiques de souvenirs anciens et des vitrines où sont exposés de beaux spécimens d'ambre orangés. On se sent bien dans cette rue d'un autre temps. Nicolas Copernic a d'ailleurs vécu au numéro 1 de cette rue charmante, appelé la Maison Gothique (Kamienica Gotyk). Un petit musée lui est consacré dans la chambre qu'il occupait avec Anna Schilling.

CopernicOn y trouve quelques-uns des souvenirs de celui qui, au XVIème siècle, fut le premier à défendre et à développer la théorie de l'héliocentrisme selon laquelle le Soleil se trouve au centre de l'Univers et la Terre tourne autour de lui contre la croyance répandue que cette dernière était centrale et immobile. Ses études et écrits changèrent alors profondément les points de vue scientifique, philosophique et religieux qu'elle impose sont baptisées révolution copernicienne.

 

 

Nous sommes au coeur de la vieille ville de Gdansk. En fond de champ, nous distinguons le clocher de l'église Sainte Marie, ou encore Basilique Notre-Dame, ou encore en polonais Bazylika Mariacka. Nous nous approchons. Elle est très très très haute et très très grande !!!!

 

BAZYLIKA MARIACKA
Jénorme photographie la Bazylicka Mariacka, Gdansk (Pologne)

Non, bon, en fait, c'est derrière la maquette -qui se trouve sur le parvis- qu'il faut regarder.

VOILà !
DSCN0687

La construction de la basilique Notre-Dame-Sainte-Marie a duré plus de 150 ans, commencée en 1343 pour se terminer en 1502... Oui, je sais, ça fait 159 ans, mais on ne va pas chipoter !
C'est le plus grand ensemble religieux en briques d'Europe, avec 105 mètres de long par 66 mètres de large. La hauteur ? Fastoche : 82 mètres depuis la tour quadrangulaire qui offre un panorama imprenable sur Gdansk et ses environs. Tellement imprenable que nous ne nous y sommes pas rendus. Ben oui, il fallait monter 410 marches sans ascenseur. Elle peut contenir 20 000 personnes (la population de Gdansk en 1450) ; ce qui équivaut à un volume de 155 000 m3, la hissant au troisième rang mondiale de la basilique la plus imposante.
A l'intérieur, tout est haut ! Parait-il que la basilique héberge une horloge astronomique datant du XVème siècle, mais nous ne le savions pas à ce moment précis et, du coup, j'ai photographié les orgues (à 46 voix !), les lustres et des fleurs artificielles posées là, au centre.

DSCN0691       DSCN0693
DSCN0688

 Parait-il que la Basilique a également hébergé le célèbre triptyque du peintre belge Hans Memling, "Le jugement dernier"...

Hans Memling, Le jugement dernier
Illustration : Tétramorphe

Aujourd'hui, il est conservé au musée national de la ville après avoir beaucoup voyagé, de Fiesole au musée du Louvre (ramené par Napoléon) en passant par Leningrad.

Nous sortons de la basilique. Rue Chlebnicka, puis rue Kaletnicza.

Toujours ses hautes façades...
Gdansk, rue Kaletnicza, façades (Pologne)...d'où, parfois, émergent, curieuses,
quelques cimes de monuments connus.
Gdansk, rue Kaletnicza, basilique (Pologne)
        Gdansk, rue Kaletnicza, hôtel de ville (Pologne)
Basilique et tour de l'hôtel de Ville

Et soudain, une rue plus large, blanche, aérée, lumineuse. C'est la Voie Royale, une des autres grandes attractivités touristiques de la ville... sans que nous le sachions à ce moment précis. Nous, nous errons au hasard, mais, en même temps, la Vieille Ville est réduite et nous passons très vite d'un endroit à un autre, avec une autre ambiance.

LA VOIE ROYALE
Gdansk, Voie Royale (Pologne)

La Voie Royale de Gdańsk était le plus long axe urbain de l’Europe médiévale. Reliant la Porte haute à la Porte verte perpendiculairement à la rivière Motlawa, elle forme l'artère centrale de la ville, sur laquelle s'effectuait autrefois la parade solennelle des rois de Pologne en visite officielle à Gdansk chaque année. La Voie Royale est également le lieu des évènements importants.
C'est là que semble se retrouver touristes et locaux pour s'épancher aux nombreuses terrasses de café-bar-restaurant de cette très très longue voie. Des passants, des musiciens, des commerces. Et toujours ces façades qui rappellent la Grand Place de Bruxelles et la Belgique. Nous passons également devant quelques-uns des monuments de la ville.

LA FONTAINE NEPTUNE
Gdansk, Voie Royale, fontaine Neptune et tour hôtel de ville (Pologne)
         Gdansk, Voie Royale, fontaine Neptune

Cette statue de Neptune date du XVIème siècle, construitre en bronze. D'après une légende, c'est Neptune qui est à l'origine de la liqueur de Gdansk, en frappant l'eau de la fontaine avec son trident, irité de voir les gens jeter des pièces dans le bassin. Il brisa ainsi l'or des pièces en paillettes, qui se trouvent maintenant dans les bouteilles.
Il existe en fait trois figures de Neptune sur la Voie Royale, encore appelée Long Marché (Długi Targ), mais pour les retrouver, il faut se livrer à un petit jeu de pistes. La première c’est celle de la fontaine, la seconde se trouve sur le portail d’une maison et la troisième est placée sur le toit d’une des nombreuses façades.

Le beffroi de l'hôtel de ville fait sonner son carillon chaque heure. C'est le seul monument de la ville qui ne fut pas détruit ou endommagé par les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale.  La tour, surmontée d'une flèche avec une statue du roi Sigismond II, est située à 82 mètres de haut.

LA TOUR DE L'HOTEL DE VILLE
Gdansk, Voie Royale, tour de l'Hôtel de Ville, contre-jour (Pologne)
         Gdansk, Voie Royale, tour Hôtel de ville (Pologne)

Juste à côté de la Tour de l'Hôtel de Ville se trouve une façade gris-blanche voyante. C'est la Cour d'Artus.

LA COUR ARTUS
Gdansk, Voie Royale, fontaine Neptune (Pologne)

Référence au roi Arthur et aux chevaliers de la table ronde, c'est le siège de la confrérie des marchands. L'intérieur comprend des peintures, des modèles réduits de bateaux, des armures et un poële d'époque renaissance le plus grand du monde, avec plus de 10 m de haut, ornés de carreaux de faïence aux portraits des souverains, blasons, etc ...
Juste à côté de la Cour d'Artus, on peut voir une façade grise.

Gdansk, fontaine Neptune et cour Artus

C'est la maison des échevins, encore nommée le vestibule de Gdansk. Le pignon du 18eme siècle est une attraction chaque jour à 13h. En effet, en haut de la maison, dans la lucarne ovale fermée sur la photo ci-haut, apparaît la Demoiselle de la fenêtre. Cette dernière fait référence au roman écrit par Jadwiga Łuszczewska en 1891, La jeune fille de la fenêtre. Hedwige, jolie blonde du 17eme siècle est emprisonnée par son oncle et observe la place par la lucarne.
Bon, mais là, on ne l'a pas vu puisqu'il était... Mais quelle heure est-il, tiens, au fait ? Oh eh, on a des bières à aller boire dans la maison natale de Klaus Kinski à Sopot, nous là oh ?!

Un peu plus loin, nous passons devant le beau bâtiment du Dlugi Targ qui abritait autrefois le marché et constituait la place d'honneur du vieux Gdansk, à proximité du port. D'autres façades se succèdent...

Gdansk, Voie Royale, façades (Pologne)

Gdansk, Voie Royale, façade        Gdansk, Voie Royale, façade (Pologne)

Gdansk, Voie Royale, façades

Nous quittons la Vieille Ville pour retrouver la rivière Motlawa. Du pont qui l'enjambe, nous avons une belle vue sur le Long Quai.

Gdansk, Long Quai (Pologne)

Le bruit se fait moins présent. moins de monde aussi lorsque nous empruntons la rue Chmielna. Tout à coup, il semble que nous soyons loin de Gdansk la fastueuse et luxuriante cité de l'Ambre, perle de la Baltique.

Gdansk; de l'autre côté de la Motlawa, affiche et ruines (Pologne)         Gdansk; de l'autre côté de la Motlawa (Pologne)
Gdansk; de l'autre côté de la Motlawa, petit port (Pologne)      Gdansk; de l'autre côté de la Motlawa, caravane (Pologne)

Terrains en friche, ruines d'un ancien établissement, une caravane. Ce petit bout de terre situé au milieu de la Motlawa sépare la Vieille Ville de la Marina. Elle héberge également ce grand édifice en ruine exposant l'affiche géante des Pet Shop Boys. Mais d'ici, nous avons également une belle vue sur la Basilique Notre-Dame, encore appelée église Sainte-Marie, encore appelée Bazylika Mariacka ; et sur laquelle, le soleil s'en va jeter ses derniers rayons voilés de la journée...

Gdansk; de l'autre côté de la Motlawa, vue sur la basilique (Pologne)

Nous sommes arrivés à hauteur du Musée maritime de la ville.

Souvenons-nous,
nous avons cette magnifique vue sur le long quai...
Jénorme à Gdansk (Pologne)
...quand il n'y a pas un imbécile qui se met devant !

Que dire sur le Musée Maritime ? Eh bien, qu'à cette heure ci, il est fermé. Voilà ! Mais sinon ?
Eh bien, nous aurions pu voir des collections retraçant la vie fluviale et portuaire de la ville et sur le littoral de la Baltique, des origines à nos jours. Parait-il que le musée possède une intéressante galerie de peintures marines, nommée galerie Morska. Puis, sur le quai, la visite se prolonge avec le vaisseau-musée Soldek, premier bateau polonais sorti des chantiers navals en 1948.
Aaaah, les chantiers navals de Gdansk ! Nous ne pouvions terminer cette rapide visite de la ville polonaise sans parler de ce qu'il se passa au début des années 1980 avec le mouvement "Solidarnosc" (solidarité), mené par Lech Walesa.

SOLIDARNOSC
mug solidarnosc

Oui alors, je te vois venir ! Tu te dis : "Putain, il aurait pu poser une autre photo que celle-ci pour parler de Solidarnosc ?!!!"
Je suis bien d'accord avec toi, mais pour des question de droits photographiques, afin d'illustrer ce mouvement syndical qui fut à l'origine de grands bouleversements politico-culturello-économiques pour la Pologne, j'ai préféré la jouer tranquille et poser ici une photo du mug que j'ai acheté sur la Voie Royale. Oui parce que sur la Voie Royale, il n'y a peut être plus de rois, mais il y a des mugs !
DONC : Solidarnosc.
Déjà, de prime abord, on retient le logo. Celui-ci a été créé par Jerzy Janiszewski.

solidarnosc

Il est formé des 11 lettres de Solidarność soudées entre elles et serrées les unes contre les autres, comme des participants au premier rang d'une manifestation : l'impression recherchée est le sentiment de solidarité, de front commun et de peuple faisant bloc contre le pouvoir. L'une des lettres/manifestants brandit le drapeau polonais.
OK, mais sinon ? Reportons-nous, dans un premier temps, aux propos des Éditions Atlas qui nous rappellent, par la même occasion, la place prépondérante de la ville de Gdansk dans l'activité sociale et politique de la Pologne.

"Ville millénaire qui fut l'objet de multiples convoitises, Gdansk a abrité de nombreux mouvements de libération nationale, ce qui en fait aujourd'hui un symbole de la Pologne libre.
Les origines de Gdansk remontent à plus de mille ans. La vile, convertie au christianisme en 997 par Saint Adalbert, est alors régie par des Princes de Poméranie.

UN FIEF DES TEUTONIQUES
Jusqu'à la fin du XIIIème siècle, la ville se développe sous l'influence des marchands de l'Europe de l'Ouest qui profitent de privilèges commerciaux acquis par Swieltopelk le Grand. L'essor se poursuit avec l'adhésion à la Ligue hanséatique (1361). Depuis 1308, Gdansk est aux mains des chevaliers Teutoniques qui, lors de la Guerre des Treize ans, doivent faire face à la résistance des Polonais. Le conflit s'achève en 1466 (paix de Torun) et consacre le retour de la Poméranie à la Pologne.
Dès 1520, en même temps qu'elle adhère aux idées de la Réforme, Gdansk devient le plus riche territoire de la République, notamment grâce aux exportations de blé vers l'Angleterre et la Hollande. En retour, se développent dans la ville les influences artistiques et architecturales (néérlandaises en particulier) de la Renaissance et du Baroque.

UN FOYER DE LA LIBERTÉ
Gdansk échappe au XVIIIème siècle à diverses tentatives d'annexion, mais devient prussienne en 1815. La ville recouvre son autonomie en 1919 et devient une "ville libre" sous contrôle de la Société des Nations jusqu'à l'annexion par les armées d'Hitler.
Complètement détruite en 1945, la ville est reconstruite quasiment à l'identique. En 1970, les manifestations populaires contre l'augmentation des prix sont réprimées par la force et font de nombreuses victimes. Le soulèvement des chantiers navals de Gdansk, en 1980, marque le début d'une révolution pacifique, menée par Lech Walesa, et le mouvement "Solidarité" grâce à laquelle la Pologne acquiert son autonomie vis-à-vis du régime soviétique."  EDITIONS ATLAS

 

Mais alors, Solidarność ?
Pour mieux comprendre le rôle de cette fédération de syndicats polonais fondée le 31 août 1980, reportons-nous sur le site.

SOLIDARNOSC
"Dans l'après-midi du dimanche 31 août 1980, un homme moustachu apparaît, en direct, sur les écrans de la télévision polonaise. Lech Walesa est désormais connu dans le monde entier, mais des millions de Polonais découvrent son visage. Ils le voient signer, avec un gigantesque stylo à bille qui rend la scène encore plus irréelle, un accord qui, pour la première fois dans l'histoire d'un régime socialiste, donne aux ouvriers le droit de s'organiser librement en syndicats en dehors du contrôle du parti. Avec une étonnant assurance, il célèbre une victoire obtenue " sans la moindre violence ", annonce que ce qui n'a pu être obtenu cette fois-ci le sera bientôt, maintenant que l'essentiel est acquis ( " Ces syndicats libres autogérés sont notre garantie pour l'avenir " ). Sur quoi, en homme qui s'exprime déjà au nom du pays tout entier, il appelle à la reprise du travail pour le lendemain et entonne de concert avec le vice-Premier Ministre, qui a conduit les négociations au nom du Bureau politique du Parti, l'hymne national. Parmi tous ceux qui sont rivés sur l'écran de télévision, il n'y a pas un Polonais qui n'ai les larmes aux yeux. Les accords de Gdansk marque le début de l'histoire de Solidarnosc.

Au terme de plus de deux semaines de tension extrême, où la crainte d'une intervention soviétique se mêlait au souvenir de la sanglante répression des grèves de décembre 1970, ce dénouement paraît proprement invraisemblable. Le tournant est historique: " l'événement le plus important en Europe de l'Est depuis la Seconde Guerre Mondiale ", selon Milovan Djilas. Sous la pression, le gouvernement communiste a reconnu le pluralisme syndical. Contre ces libéralisations, l'URSS envisageait-elle une intervention militaire directe? Il y avait en Pologne des manœuvres militaires du pacte de Varsovie, et les satellites de surveillance américains avaient repéré des mouvements de tanks vers la capitale. Le président Jimmy Carter lança un avertissement à Moscou. Ces menaces expliquent la modération de Walesa et de l'Eglise. Mai la population désespérée et sur les nerfs ne craignait plus rien. Un sentiment national puissant l'emportait chez les officiers supérieurs et chez tous les Polonais."  SOLIDARNOSC


À partir du milieu des années 1980, Solidarność n'a subsisté que comme mouvement clandestin, soutenu par l'Église catholique romaine (voir Jerzy Popieluszko) et la CIA. L'influence de Lech Wałęsa contribuera à lui donner un rôle de pompier social. Mais, à la fin des années 1980, Solidarność est redevenue suffisamment puissante pour contrecarrer la politique de Jaruzelski. Les grèves nationales de 1988 forceront alors le gouvernement à ouvrir le dialogue avec elle et Solidarność est légalisé en avril 1989. Elle peut ainsi participer aux élections. En décembre 1990, Lech Wałęsa quitte son poste à la tête de Solidarność et est élu président de la République.
Solidarność aura ainsi contribué à la fin de "l'influence du bloc soviétique" et à la chute du communisme en Europe.

Mais aujourd'hui ?

 

Nous n'irons pas aux chantiers navals qui se trouvent à quelques kilomètres d'ici.
Nous restons un peu, en dehors de la ville, depuis ce quai. Et puis... Quelle heure est-il ?
Dis don' : faut qu'on aille à Sopot boire quelques bières dans la maison natale de Klaus Kinski lààààà !!!!

 

DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE

Nous prendrons la direction de Sopot pour aller boire une bière ou deux...

 

 

 

 

 

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