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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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18 novembre 2016

NEVERS par la Ligne Bleue. Visite 4 (58)

Dans nos précédents épisodes, nous avions fait connaissance avec cette façon originale de découvrir la préfecture nivernaise en suivant ce qui est appelé le Fil Bleu ou Ligne Bleue. Après avoir croisé la Maison de la Culture, le Pub, la faïencerie Georges, le Pub, l'ancienne Nationale 7, le Pub, les petites rues casse-gueule, des maisons anciennes. Après avoir perdu, puis retrouvé, puis reperdu, puis reretrouvé la ligne bleue, nous avons pu poursuivre notre visite en découvrant d'autres lieux incontournables de la cité ducale, tels que la rue Marguerite Duras et... le Palais Ducal ; d'où le nom de "cité ducale" parce que bon c'est le... et... donc...
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

C'est vrai qu'elle n'est pas toujours facile à suivre c'te fil de Ligne Bleue !

Tiens,
encore un exemple
avec la Rue Marguerite Duras :
DSCN6751
Hop :
disparisssssiionne de la Ligne Bleue !

Mais bon, grâce au plan fourni par l'office du tourisme...
plan Nevers Ligne Bleue

...on arrive à se démerder quand même !

 

Et puis pourquoi ils n'ont pas plutôt choisi un fil vert puisque Nevers-Noeud vert-vert ?


bon, on va pas se plaindre non plus, eh oh, c'est ça aussi l'aventure urbaine, hein, non ? Mais oui bien sûr !

Alors, où que je suis là ?
Ah oui, face à moi, au sortir du Palais Ducal  -premier château de Loire, rappelons-le-  j'arrive à présent devant l'imposant vaisseau de pierre qu'est la cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte.

 

CATHÉDRALE
SAINT-CYR-ET-SAINTE-JULITTE

Tellement imposante que j'ai oublié de prendre une photo de l'ensemble ! Attends, si, j'ai peut être celle-ci prise depuis les bords de Loire, de l'autre côté du pont.

Nevers, pont de Loire (58)

Ouais, c'est pas mal, mais un peu loin.
Sinon, j'ai celle-ci aussi, prise depuis la place du Palais.
Nevers, cathédrale, tour Bohier (58)
    Mais bon, on ne voit que la Tour Bohier.

Sinon j'ai aussi celle-ci prise depuis la rue des Jacobins.
Nevers, cathédrale, extérieurs (58)
      
Mais on voit surtout la partie romane extérieure.       


Tant pis !

Deux choses interpellent en premier lieu : le nom de l'édifice (qui est très long) et sa position stratégique.

CATHÉDRALE SAINT-CYR-SAINTE-JULITTE, ORIGINE DU NOM
Cela n'aurait pas pu être soit Saint-Cyr, soit Sainte-Julitte ? Eh bien non. Mais qui sont-ils ces saints ?
Saint-Cyr, ou encore Cyr de Tarse, ou encore Cyr d'Antioche naquit de sa mère Julitte, ou Juliette de Cesarée ou Sainte-Juliette. Martyr en 304 à l'âge de trois ou cinq ans avec sa mère sainte Julitte, Cyr de Tarse était un très jeune garçon qui habitait Antioche, vers la fin du IIIème siècle, sous le règne de Dioclétien. Vers l'âge de cinq ans, alors qu'il assiste à un procès contre des chrétiens, il réussit à se glisser furtivement sur la tribune d'un juge nommé Alexandre et lui crie dans l'oreille : « Moi aussi, je suis Chrétien ». Fou de rage, le magistrat attrape le jeune enfant par une jambe et le lance contre la muraille où il va se fracasser la tête et mourir.Après avoir vu son enfant martyrisé sous ses propres yeux, Julitte se vit prête à affronter le martyre elle aussi. Elle fut conduite au lieu d'exécutions et eut la tête tranchée le 16 juin de l'An 304.
Leurs cultes se répandirent en Gaule, mais surtout à Nevers et à Versailles. Jérôme, évêque de Nevers de 795 à 815, place son action pastorale et la restauration de son diocèse sous le patronage de saint Cyr et va chercher des reliques de celui-ci et de sa mère à Auxerre et dans le Poitou ; les reliques sont accueillies à Nevers dans la liesse générale. La cathédrale de Nevers leur est officiellement consacrée au début du IXème siècle. (...) En 1793, le reliquaire est caché à Nolay pour échapper à la destruction par les révolutionnaires. Conservées alors dans une boite modeste, les reliques sont en 1861 placées dans un magnifique reliquaire néobyzantin inauguré en grande pompe le 16 juin 1861, jour de la Saint-Cyr. Ce reliquaire est placé en 1872 dans le ciborium du nouvel autel de la cathédrale à la suite d'un voeu de Monseigneur Fourcade, évêque de Nevers à l'époque. Le reliquaire a disparu dans le bombardement du 16 juillet 1944.

Martyrs jusqu'au bout !

POSITION STRATÉGIQUE ET CONSTRUCTION DE L'ÉDIFICE
"La butte de Nevers a été très tôt un site religieux. Les vestiges d’un temple gallo-romain dédié à Janus ont été découverts vers 1904, lors de fouilles archéologiques au pied de l’édifice. Le diocèse est établi à Nevers au VIème siècle avec la construction d’un premier édifice dédié à saint Gervais et saint Protais. L’édifice a été orienté le chœur à l’ouest. Cette disposition particulière peut s’expliquer par la nécessité primordiale de s’implanter sur le site païen, sans pour autant tourner le dos à la ville.
Par la suite, l'édifice tomba peu à peu en ruines jusqu'à cette vision inconsciente de Charlemagne à la fin du VIIIème siècle.
En effet, La légende raconte que Charlemagne aurait rêvé être poursuivi en forêt par un sanglier furieux et qu’en implorant l’aide céleste, un enfant à demi-nu aurait promis de le sauver s’il lui donnait un vêtement. Le monarque acceptant, l’enfant s’en serait allé, à califourchon sur le sanglier. À son réveil, Charlemagne aurait convoqué ses conseillers et leur aurait raconté ce rêve. Parmi eux, Jénorme euh... Jérôme, évêque de Nevers, expliqua au roi que l’enfant qu’il avait vu était saint Cyr, que le voile demandé représentait la restitution des biens confisqués de l'Église ainsi que la restauration de la cathédrale qui, dès lors, est consacrée à saint Cyr et à sa mère sainte Julitte. Charlemagne, touché, versa argent et biens au diocèse de Nevers. L’édifice fut reconstruit."  WIKIPEDIA

Bon, d'accord, ça n'explique pas tout, mais continuons à avancer.
La Ligne Bleue qui me fait passer sous les troublantes gargouilles de la cathédrale.

Nevers, cathédrale, gargouilles B (58)
Nevers, cathédrale, gargouille A (58)
              Nevers, cathédrale, gargouilles A (58)

Nevers, cathédrale, gargouille B (58)

Nevers, cathédrale, gargouilles C (58)Nevers, cathédrale, gargouilles D (58)

Nerveuses, furieuses, défiantes ! Je n'ose pas imaginer les jours où il pleut ce qu'elles doivent cracher commee eau de leurs gueules grandes ouvertes.
C'est peut être le moment rêvé de se demander, premièrement une, qui a eu l'idée de sculpter et poser des gargouilles sur les différentes façades de cathédrales et, secondo deux, quelles est l'origine et la signification de celles-ci.

NAISSANCE DES PREMIÈRES GARGOUILLES SUR LES ÉDIFICES RELIGIEUX
Comme nous le savons tous ici, une gargouille est destinée à évacuer les eaux de pluie telle que le ferait une gouttière. Ok, tout ceci est bien joli, mais alors dans ce cas, pourquoi ne pas avoir mis des gouttières sur les toitures d'édifices religieux ?
C'est une bonne question et je me remercie de me l'avoir posée.
Tout d'abord, sachons que les premières gargouilles sont apparues sur les édifices religieux vers 1220 sur certaines parties de la cathédrale de Laon. Elles se multiplieront au cours du XIIIème siècle afin de fournir un maximum d'évacuation pour les eaux de pluie en devenant plus fines et plus longues.

OK, c'est bien, mais ça ne répond pas à la question. Pas de soucis, penchons-nous sur Wikipédia puisque la bibliothèque municipale de Nevers est fermée le dimanche, nous empêchant du même coup d'aller chercher quelques informations plus précises et régionales.

ORIGINES DES GARGOUILLES SUR LES ÉDIFICES RELIGIEUX
"Frappantes par leur expressivité mais mal renseignées par les textes, les gargouilles ont fait l'objet de très nombreuses interprétations. Ainsi au XIXème siècle, on a pu en proposer plusieurs aujourd'hui dépassées ; Charles-Auguste Aubert les donne pour des diables vaincus, tandis que selon Joris-Karl Huysmans elles ont pour fonction de vomir les vices hors de l'église, enfin pour Emile Mâle elles ne sont que des fantaisies de sculpteurs, reflet d'une culture populaire. (...)
Aujourd'hui on s'accorde sur leur efficacité symboliques ; elles sont apotropaïques, elles repoussent le mal, et sont en quelque sorte les gardiens de l'édifice, contre les démons mais aussi contre les pêcheurs. Plusieurs textes médiévaux nous permettent de le penser, ainsi le récit par le prédicateur Étienne de Bourbon de la mort d'un usurier, métier réprouvé par le christianisme, tué par la chute d'une bourse de pierre que portait une gargouille. La présence récurrente d'animaux effrayants tels que le lion, le dragon, ou encore le chien alimente cette interprétation de gargouilles gardiennes." WIKIPEDIA

Sur le thème, Sylvain Tesson écrit dans son livre "Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages" qu'elles sont chargées de surveiller les hommes.

Voilà. On a bien avancé là.

Suivons encore la Ligne Bleue qui nous amène à présent à l'intérieur de la cathédrale Saint-Cyr-Sainte-Julitte.

Nevers, cathédrale, choeur gothique (58)          Nevers, cathédrale, vitraux, reflets (58)

Nevers, cathédrale, vierge et reflets (58)

Comme dans toutes cathédrale, l'ambiance est au silence et au recueillement. Oui, normal. On n'est pas là pour chanter du Patrick Sébastien ou pour faire un atelier-cuisine à base de quinoa. Mais autres particularités de la cathédrale Saint-Cyr-Sainte-Julitte de Nevers :
1) Elle possède deux choeurs, l'un roman à l'Ouest, l'autre gothique, à l'Est.
2) Elle possède des vitraux contemporains parfois déstabilisants.

1) DEUX CHOEURS

ROMAN                                                   GOTHIQUE
Nevers, cathédrale, abside
          Nevers, cathédrale, choeur gothique

Nevers, cathédrale, abside (58)            Nevers, cathédrale, choeur gothique, vitraux, détails 3(58)

Nevers, cathédrale, lumière (58)            Nevers, cathédrale, choeur gothique, vue de la crypte romane (58)

La question que l'on peut alors se poser est : mais pourquoi y'a-t-il deux choeurs différents ? Réponse.
La cathédrale a une histoire mouvementée. Construite sur des fondations carolingiennes, elle a été plusieurs fois reconstruite entre le VIème et le XIème siècle. La cathédrale romane fut construite au XIème siècle.
La grande abside du choeur roman avec arcatures est édifiée au début du XIème siècle. Elle est décorée par une grande fresque du Christ en majesté, remontant au XIIème siècle (récemment restaurée). Sous le choeur roman,on découvre la crypte romane dans laquelle repose notamment une mise au tombeau du XVème siècle... et des chaises plus contemporaines.

Nevers, cathédrale, mise au tombeau (58)

Le transept ouest possède également de larges arcades romanes beaucoup plus anciennes.
Des incendies en 1211 et 1308 vont modifier l'apparence de la cathédrale, détruisant de larges portions de l'édifice. Seuls le choeur et le transept romans, moins atteints, sont conservés. Ces incendies obligent à reconstruire une nef et un chœur "nouveaux", orientés gothiques. L'édifice est alors complété au XVe siècle par les chapelles latérales de style gothique flamboyant, puis au XVIe siècle par la tour Bohier.
"Dans la nuit du 15 au 16 juillet 1944, des bombes alliées frappent accidentellement le centre ancien de Nevers au lieu des dépôts ferroviaires initialement visés. Deux bombes tombent sur le chœur gothique. Les vitraux sont soufflés (selon Maître Lechat dans l'ouvrage "Nevers pas à pas" des débris auraient été projetés jusqu'à la place Carnot, située à deux cents mètres des impacts), les voûtes du chœur s’effondrent, le mobilier en dessous réduit en poussière. Le sous-sol est remué : une quinzaine de sépulture d’évêques sont ainsi profanées. Les stalles sont violemment touchées et l’orgue de Cavaillé-Coll, dont le buffet sculpté était terminé depuis à peine 15 ans est détruit. Les travaux de reconstruction se déroulent de 1946 à 1966 pour le gros-œuvre. La restauration du mobilier et la création des nouveaux vitraux s’est étalée jusqu’à nos jours." WIKIPEDIA

Et justement puisque nous les évoquons, parlons-en plus en détail de ces vitraux originaux.

 

2) DES VITRAUX CONTEMPORAINS

Nevers, cathédrale, choeur gothique, vitraux, détails 1(58)

Soufflés lors dues bombardements des 15 et 16 juillet 1944, les vitraux de la cathédrale ont progressivement été remplacés.
"Le projet a commencé sous le ministère d’André Malraux. La restitution des vitraux disparus n'était pas concevable hormis ceux illustrant la vie de sainte Bernadette, isolés dans leur petite chapelle. En 1960, Jean Bazaine et Alfred Manessier, peintres d’avant-garde, élaborent un projet qui trouvera une concrétisation partielle, à travers les vitraux abstraits de Raoul Ubac dans le chœur roman. Dans les années 1980, le projet repart sous l’influence de François Mitterrand, Président de la République.
La trame finalement retenue a consisté à répartir la création de nouveaux vitraux entre plusieurs artistes contemporains reconnus aidés de maîtres verriers. Toutefois, cette démarche a été quelque peu handicapée par la durée du chantier, un peu plus de trente ans (de 1976 à 2009), par son importance : 130 baies à couvrir soit 1 052 m2 de verrières et, enfin, par la démission de Markus Lüpertz initialement prévu pour les baies des chapelles du chœur gothique et remplacé au pied levé par l’artiste déjà responsable du transept roman : Jean-Michel Alberola.
Les artistes qui ont travaillé dans la cathédrale se rattachent tous, plus ou moins, au courant non-figuratif qui s’est développé dans les années 1950. Dans cette conception de l’art, seule l’abstraction pouvait transcender le désastre de la guerre et la condition de l’homme."  WIKIPEDIA

Nevers, cathédrale, choeur gothique, vitraux, détails 4(58)             Nevers, cathédrale, vitraux et fresques (58)

Nevers, cathédrale, vitraux et statue             Nevers, cathédrale, abside

Nevers, cathédrale, vitraux et statue

 

Il faut savoir qu'il est également possible de faire une visite plus aérienne de la cathédrale Saint-Cyr-Sainte-Julitte. Au programme : les combles avec cette très longue et belle charpente de sous-bassement (reconstruite après les bombardements des 15 et 16 juillet 1944), les triforiums, les passages hauts, les terrasses et la tour Bohier qui, en s'élevant à plus de 52 mètres de hauteur, offre une vue à 360° sur Nevers (CF : Poimaventure)

Mais là, quand j'y suis allé, c'était fermé DONC pas de visite, pas de photos.
Bon, on a bien fait le tour là. Maaaaaaaiiiiissss c'est pas fini puisque je vais finir ma visite en divulguant deux petits secrets qui n'en sont peut être pas.


LES PETITS SECRETS DE LA CATHÉDRALE

qui n'en sont peut être pas !

1) LE GISANT DE YOLANDE DE BOURGOGNE
Nevers, cathédrale, gisant de Yolande de Bourgogne (58)

Née en décembre 1247, elle fut comtesse de Nevers. Soupçonnée d'avoir empoisonné son beau-fils, elle aurait été assassinée par son époux le 2 juin 1280. Même si un recueil daté de 1649 mentionnait "un magnifique tombeau de la comtesse Yolande couchée, en beau marbre noir", ce n'est qu'en 1679 lors de travaux place des Reines de Pologne qu'ont été mis à jour les débris du tombeau. Ces derniers étaient utilisés pour murer une fenêtre. (cf : Mediéval.Mrugala)

Sur ce monument funéraire, on peut lire en latin "Elle fut juste, ferme et de bon conseil, douce, honnête, compatissante, humble, sage, dévouée, modeste..." Pourtant, Yolande de Bourgogne, comtesse de Nevers entre 1262 et 1280, ne fut pas une sainte. En 1265, elle se marie avec Jean Tristan de France, fils de Saint-Louis, qui meurt pendant la huitième croisade. Puis elle épouse Robert de Béthune, dont elle empoissonne l'un de ses fils. Les raisons d'un tel crime sont restées mystérieuses. Apprenant la nouvelle au retour d'une expédition, en juin 1280, le seigneur se venge en frappant sa femme d'un coup de mors de cheval. Un geste fatal. (d'après L'Express)

 

 

2) LE VISAGE DE FRANÇOIS MITTERRAND
DANS UN DES VITRAUX

Nevers, cathédrale, vierge et reflets (58)

Non, tu ne rêves pas : j'ai déjà déposé cette photo au début de ce billet. Mais as-tu remarqué un détail dans l'un des vitraux situé derrière la Vierge illuminée ?
Non... regardons d'un peu plus près...
Nevers, cathédrale, vierge et reflets (58) B


Nevers, cathédrale, vierge et reflets (58) aToujours pas ?
Regardons encore plus près.

 

 

 

 

 

 

 


Nevers, cathédrale, vierge et reflets (58) CHein ? Hein ? Hein ? Non ?

Regardons encore plus près !

 

 

 

Alors ? Hein ? C'est évident !
Le personnage à droite avec les mains jointes !!!
Mittoche b
Nevers, cathédrale, vierge et reflets (58) D

Mais oui, c'est François Mitterrand ! Député de la Nièvre de 1946 à 1981 ! Sénateur de la Nièvre de 1959 à 1962 ! Président du Conseil général de la Nièvre de 1964 à 1981 ! Maire de Château-Chinon de 1959 à 1981 ! Et Président de la République française de 1981 à 1995 !
Mais oui, bien sûr ! C'est la même expression de visage ! Le même nez ! Le même regard ! Presque la même coiffure !
Certains disent même que c'est Napoléon qui est à ses côtés, complètement à gauche, tenant un... une canne là... je sais pas comment ça s'appelle !
Pour être sûr de la présence dans ce vitrail de ces deux hommes politiques relativement opposés, le mieux est de poser la question à l'artiste qui a confectionné ce vitrail. Il s'agit de Jean-Michel Alberola.
Bon... Ben... Je n'arrive pas à l'avoir... Pas un mot sur internet... Allez, je sors de la cathédrale.

PREMIER RÉFLEXE : retrouver la Ligne Bleue qui, tel le fil d'Ariane, doit, non pas me permettre de sortir d'un labyrinthe, mais de continuer la visite de la ville de Nevers.
Je contourne la cathédrale Saint-Cyr-Sainte-Julitte par son versant Ouest. Et que ne vois-je pas là, posé sur un rebord extérieur au choeur roman ?

Eh bien ceci :
Nevers, cathédrale, extérieurs, détail

Mais non, ce n'est pas le visage de François Mitterrand ! Pas à chaque fois non plus, oh !

Plus près !
Nevers, cathédrale, extérieurs, détail (58)

Étonnant, non ? Je ne sais pas ce que c'est, mais ça fout les boules. Et ce n'est pas une gargouille ! Certains prétendent que... mais chut, pas un mot !

Je passe mon chemin, mais toujours en suivant la Ligne Bleue qui semble m'amener je-ne-sais-pas-où, mais pas dans des lieux très intéressants. Mais je me trompe peut être. Toutefois, je m'en éloigne un peu. Je la laisse continuer de son côté alors que, personnellement, je commence à descendre la butte pour, peut être, rejoindre la Loire. Ce petit vagabondage m'amène à passer devant de belles devantures de boutiques "anciennes" en empruntant les rues de la Cathédrale et de Loire.

RUE DE LA CATHÉDRALE
RUE DE LOIRE

DSCN6591                  DSCN6612

DSCN6621                DSCN6622

Parfois, je me laisse aller à faire quelques petites embardées dans des ruelles pavés, perpendiculaires à ces deux rues principales.

DSCN6593         Nevers, rue du Quai (58)

Non, je ne ferai pas la traditionnelle contrepétrie avec la "Rue du Quai" !
J'arrive Place Mossé.

 

PLACE MOSSÉ

Plusieurs "petites" choses à découvrir aussi ici.
Tout d'abord, quelques plaques en mémoire d'hommes célèbres de passage à Nevers.a

1) JOHAN BARTOLD JONGKIND
Nevers, place Mossé, Jongkind (58)

Jongkind"Originaire de Latrop, dans la région de Rotterdam, le peintre Johan Jongkind est né le 03 juin 1819. Il s'installe à Paris, séjourne à Honfleur, rencontre Baudelaire et Monet. En 1863, il participe avec Manet, Whistler et Fantin-Latour au Salon des Refusés. Il découvre Nevers et le Nivernais grâce à son "bon ange", Joséphine Fesser dont l'époux travaille dans différentes maisons du pays en qualité de cuisinier. Durant plus d'une dizaine d'années, de 1861 à 1875, il fréquente la région pour des séjours plus ou moins longs. A Nevers, sa présence reste attachée à l'Hôtel Saint-Louis, place Mossé, où il a résidé et où l'on conserve toujours son souvenir. Cet instinctif est inspiré par la qualité des paysages nivernais : richesse et pureté de la nature sont transcrits, à partir des nombreux dessins tirés de ses carnets, sur des toiles mettant en valeur des scènes de campagne, des routes paisibles, des villages. De Nevers, il a peint les monuments, la vue de la ville depuis le fleuve, la rue Creuse avec la tour de guet de l'hôtel de Maumigny. Avec le temps, sa perception des choses, ses sensations s'affinent : il les traduira dans un art sensible et frémissant qui influencera les impressionnistes de son époque. Émile Zola qui le rencontre dans son atelier parisien écrira de lui : « Il voit un paysage d'un coup, dans la réalité de son ensemble et le traduit à sa façon, en en conservant la vérité et en lui communiquant l'émotion profonde qu'il a ressentie... Un peintre de cette conscience et de cette originalité est un maître ». VILLE DE NEVERS

Nevers, place Mossé, Jongkind, place (58)         Jongkind, Nevers, 1870
Peinture : Nevers, 26 septembre 1870 Aquarelle, Galerie Drouot

 

2) BONAPARTE
Nevers, place Mossé, Napoléon (58)

Quand on me parle de Napoléon à Nevers  -et ça n'arrive pas si souvent que ça... On peut même sire jamais !
BREF : si on me parlait un peu plus souvent de Napoléon à Nevers, je penserai automatiquement à ce dessin de Mix et Remix...

 

Mix et remix
Dessin : Mix et Remix

 

Mais là n'est pas le sujet puisque nous parlons de Napoléon, et non de César. Mais bon, c'étaient tous les deux des empereurs et... et... BREF !

Nevers, place Mossé, Napoléon"Au coin de ces deux rues se trouvait l'Hôtel du Grand-Monarque (pendant la Révolution Hôtel du Grand-Cerf) avec son enseigne suspendue à une potence et représentant le buste de Louis XIV. Bonaparte descendit dans cet hôtel le 23 vendémiaire an VIII (15 octobre 1799) à son retour d'Égypte et y séjourna deux heures. La maison porte aujourd'hui le n° 16. Le Syndicat d'initiative y a fait placer, le 14 juillet 1910, une plaque commémorative du passage de Bonaparte."  GENIEVRE58

 

Aujourd'hui, l'hôtel est à l'abandon ; et même quasiment en ruine. Il est interdit de s'en approcher ou d'en visiter les intérieurs.En même temps, il n'y a passé que deux heures. est-ce que ça valait une plaque ?
La Place Mossé, c'est aussi une belle vue sur le Pont de Loire (ou encore Pont Neuf), édifié de 1767 à 1832.

Pour l'apprécier d'"avantage, je descends par un grand escalier de pierre afin de rejoindre les bords du fleuve. Comme le rappelle le guide touristique, Nevers, ville de Loire, présente une trame urbaine essentiellement alignée le long de la rive droite du fleuve et de sa rivière affluente, la Nièvre.

 

LE PONT DE LOIRE
(ou Pont Neuf)
Nevers, place Mossé, vue sur le pont de Loire (58)

Avant la construction du pont unique de grès rouge, trois ponts successifs appuyés sur les îles enjambaient le fleuve en direction du plateau de la Bonne-Dame (qui se trouve un peu après le bassin de la Jonction).
"Le nouveau pont de Nevers est construit en 1767. La Loire formait devant Nevers deux bras séparés par une grande île. trois ponts étaient nécessaires pour franchir la Loire. Le projet établi en 1763 considérait que le pont principal était en état suffisant pour ne pas nécessiter une reconstruction. La construction du pont de pierres de Nevers par Louis de Régemortes et Abraham Mossé débute en 1767. Il s’écroule en 1790. Le remplacement se fait par un pont provisoire en bois qui dura jusqu’en 1832, époque où furent terminées les 7 nouvelles arches, identiques aux précédentes."  ÉTUDES EGRIAN

Attention Anecdote :
En raison de la qualité des pierres du pont, "un grand nombre de citoyens de la ville et du dehors" avaient pris l'habitude de venir y aiguiser leurs outils.
Il fallut un arrêté préfectoral (7 février 1833) pour mettre fin à cette pratique.

Un peu plus loin, un autre pont métallique enjambe la Loire. Celui-ci est emprunté par les trains ; des trains de marchandises ou de voyageurs reliant la cité ducale à la fantomatique gare de Saincaize... avant de partir sur Saint-Germain-des-Fossés, puis Clermont-Ferrand ou Lyon.

Nevers, coucher de soleil sur la Loire, décembre (58)
Photo prise un autre jour... ou plutôt une autre nuit.

Ce viaduc de fer marque également la fin d'une histoire économique neversoise liée à la Loire et à ses activités.
"En 1850, avec la construction du viaduc, le chemin de fer franchit également le fleuve. Il porte dès lors une concurrence fatale à la marine de la Loire qui assurait jusque là l'essentiel du trafic marchand et voyageur de la ville." OFFICE DU TOURISME NEVERS

 

QUAI DES MARINIERS

Cette construction 'suivait' la grande crue de 1846. Dans la nuit du 18 au 19 octobre 1846, vers 3 heures du matin, la Loire se mit à gonfler et à se répandre, fleuve sauvage, dans la partie basse de Nevers ; sur ce quai des Mariniers si vivant et bruyant à l'époque.
La crue d'octobre 1846 ne concerne qu'une partie de la Loire et de ses affluents dont le principal d'entre eux, l'Allier. Elle résulte d'une succession d'orages de type cévenol dont la particularité est de lâcher énormément de pluie en quelques heures.
"Un chroniqueur de presse en donnera la description suivante: «Semblable à une marée montante, elle s'élève d'un mètre par heure et assaille toute la partie basse de la ville de Nevers où elle provoque des dégâts importants tant sur le plan de l'habitat que sur le plan économique...» L'Allier et ses affluents ont monté au même rythme que la Loire provoquant des morts et des destructions. Après le confluent de l'Allier et de la Loire, plusieurs levées cèdent et la ruée des flots provoque de gros dégâts dans le département du Cher. A Pouilly-sur-Loire, l'eau pénètre dans les celliers et quelques 1.700 pièces de vin sont entraînées par le torrent !" 
L'HUMANITE

Je continue un peu à longer la Loire. 1006 kilomètres de long, prenant sa source au Mont Gerbier-de-Jonc (Massif Central) pour terminer sa course dans l'océan Atlantique, non loin de Saint-Nazaire. C'est également ici sur ces bords de Loire nivernais qu'au mois d'octobre 1837, le premier bateau à vapeur, venant d'Orléans, arriva sur le quai des Mariniers où fut installé un service de navigation qui rendit de grands services au pays.

Et puis PAF, allez : je traverse !
Je quitte l'allée d'Avila pour rejoindre la partie habitable du quai des Mariniers... ou du moins ce qu'il en reste.
Une plaque de faïence reflète sur les murs gris des dernières demeures encore debout, faisant face à la Loire.

Nevers, quai des Mariniers, plaque Garby (58)Il ne s'agit pas d'une plaque en hommage aux anciens mariniers ou au poète Jean-Baptiste Gresset, mais de rappeler l'hypotique présence d'ancien coureur cycliste en ces lieux. Peut être... Je ne sais pas, rien n'est précisé, hormis cette plaque sommaire.
En 1924, Jean Garby est le premier Nivernais à participer au Tour de France cycliste durant lequel il finit 39ème.

 

 

 

J'approche d'une ruelle étroite, perçant en plein centre les façades des maisons du quai. C'est la rue Grelu.

 

RUE GRELU
Nevers, quai des Mariniers, rue Grelu

Cette petite ruelle semble bien abandonnée, comme laissée à son sort de passage entre la Loire et la rue Saint-Genest sans que personne ne la regard, ni même l'emprunte. Difficile de savoir qui ou quoi était Grelu, et pourquoi elle porte ce nom. J'entre entre les murs en foulant les pavés intacts, juste entrecoupés de mauvaises herbes et de mousse.

Nevers, quai des Mariniers, rue Grelu (58)

À droite, à gauche, des murs dont les fenêtres et ouvertures ont été parpainisées. Sur ces parpaings, des phrases, des tags, des mots...

Nevers, quai des Mariniers, rue Grelu, tag 1 (58)

Nevers, quai des Mariniers, rue Grelu, tag 1  Nevers, quai des Mariniers, rue Grelu, tag 2 (58)

Cette errance dans le gris donne envie d'écouter "L'indécision" de Da Silva ; auteur-compositeur-interprète, né à Nevers en 1976.

Nevers, quai des Mariniers, rue Grelu, tag 3 (58)  

Nevers, rue du Singe, tag 2 (58)

Nevers, rue du singe, tag 3, insta (58)

Bon, c'est un peu glauque ou poétique selon l'idée et la forme que l'on ressent à ce moment précis. Je tente de trouver des informatons sur ce "quartier" ou cette rue, mais elles sont rares.
"Avec le déclin de la marine de la Loire disparaît également toute une population liée au fleuve dont les quais bruissaient de l'activité particulière et à laquelle est attaché la figure de "Ver-Vert, perroquet de Nevers", personnage principal du poème badin écrit en 1733 par Jean-Baptiste Gresset." OFFICE DU TOURISME NEVERS

Eh bien pusique nous parlions de poésie, pourquoi alors ne pas se remémorer en ces lieux  ce poème de Jean-Baptiste Gresset... ou du moins son récit.

VER-VERT, LE PERROQUET DE NEVERS
VerVertPremière œuvre écrite en 1734 par ce jeune homme, ce "poème spirituel et malicieux", à Ver-Vert histoire d'un perroquet de Nevers connut un succès retentissant pour son siècle par sa conception originale.
"Ce charmant volatile vivait dans le couvent des Visitandine de Nevers et son langage particulièrement recherché, fait l'admiration de tous. Sa réputation dépasse les limites du Nivernais et les Visitandines de Nantes veulent en faire la connaissance. Le merveilleux animal est envoyé à Nantes par la Loire et apprend au fil des jours le grossier langage des mariniers, car « dragons et mariniers race assez peu dévote ne parlait là que langage de gargotte ». A son arrivée il horrifie les religieuses par la verdeur de ses propos. Il est renvoyé à Nevers où il est condamné au cachot et pain sec. Cependant, cantiques et prières lui reviennent en mémoire et les Visitandines fêtent son retour en grâce mais « Du sein des maux d' une longue diète, passant trop tôt dans des flots de douceurs, bourré de sucre, et brûlé de liqueurs, Ver-Vert tombant sur un tas de dragées, en noirs cyprès vit ses roses changées »." NEVERS.FR

Poème que tu peux retrouver dans son intégralité en te rendant à cette adresse IP : VER-VERT, OU LE VOYAGE DU PERROQUET DE NEVERS.

 

La rue Grelu doit bien faire une vingtaine de mètres avant d'aboutir à l'angle des rues Saint-Genest et du Singe. Là aussi, sur ce qui semble l'ancienne entrée des cuisines de l'ancien Hôtel du Grand-Monarque (ou hôtel du Grand-Cerf), je découvre une porte rouillée, fermée et taguée.

Nevers, rue du singe, appart (58)

Nevers, rue du Singe, tag 1

Ce bâtiment abandonné fait face à l'ancienne faïencerie de l'Autruche qui, elle, est très bien entretenue. Il faut dire que c'est un haut lieu historique de la ville puisque c'est ici qu'en 1619, Pierre Blanchet, 'maître potier en vaisselle de fayence', dressa le premier four dans l'ancienne auberge à l'enseigne de l'Autruche. C'est là qu'il commencera la transformation des lieux en manufacture de faïence. En 1637, elle deviendra la plus importante manufacture de Nevers.

Tout ceci est bien joli, mais cela ne me dit pas où est passée la Ligne Bleue ? Putain, ça fait un bout de temps que je n'ai pas eu de ses nouvelles.

Rue Saint Genest, par JongkindD'après le dépliant  touristique, il serait de bon ton que je continue ma visite en suivant la Rue Saint-Genest car elle est apparemment la rue incontournable pour comprendre, connaître et s'instruire sur la fameuse faïence de Nevers. Musée de la Faïence, vestiges de la faïencerie de l'Autruche (la plus importante de la ville) avec son four conservé. Cette rue a l'air très très propre. Aussi propre qu'un tableau de Jongkind peint en 1875. Trop propre !

 

 

Je me lance dans une des rues perpendico-parallèle, nommée "Rue du Singe".

RUE DU SINGE

Mais pourquoi la rue du Singe s'appelle-t-elle ainsi ?
Eh bien, tout simplement parce qu'il y a encore une dizaine d'années, la sculpture d'un singe se tenant en hauteur, au coin des rues du Singe et de Saint-Genest.
Voilà.
Mais pourquoi y'avait-il une sculpture de singe ici, et pas plutôt celle d'un perroquet vert ou un sanglier de Charlemagne ?
Eh bien, j'ai envie de te dire que ce serait un peu trop facile. Mais la seule réponse que je peux te donner est : je n'en sais rien.
Je peux juste te dire que dans ses dernières années, la sculpture était sévèrement abîmée par le temps ; un peu comme ces statues bretonnes que l'on voit en bord de falaise, bouffées par le sel et le temps.

Le dépliant touristique me conseille d'aller voir la Tour Goguin, et non Gauguin. Rien à voir avec le peintre puisque, déjà, cela ne s'écrit pas de la même façon, hein, alors, eh oh ! Qu'est-ce que tu veux qu'il vienne peindre des tournesols à Nevers Gauguin ?! Ah merde non, je me plante, c'était Van Gogh.

 

LA TOUR GOGUIN
Nevers, quai des Mariniers, Tour Gauguin

Nevers, quai des Mariniers, Tour Gauguin (58)"Cette tour marque l'angle de l'enceinte médiévale face au fleuve. Sa forme actuelle, plutôt insolite pour une tour de fortification élevée au XIIème siècle et réaménagée en 1419, est due à sa transformation en moulin à vent au cours du XVIIème ou du XVIIIème siècle.
Son nom est celui du propriétaire qui l'a vendue en 1906. Par sa position et l'activité développée autrefois sur les quais (lignes blancs étendus à sécher par les lavandières, embarcadère pour les voyageurs qui empruntaient les inexplosibles -bateaux à vapeur de Loire), elle appartient intimement à l'image de la vilel associée au fleuve."
OFFICE DU TOURISME

 

Quand j'étais enfant, j'appelais la Tour Goguin la Tour Coquin. Rien à voir avec le peintre... Ah non, merde, c'était Gauguin... et il ne peignait pas de corbeaux au milieu des champs... Par contre, il pratiquait déjà le selfie en peinture. Si, si, si ! Bah, tiens ! Une preuve ? Fastoche !

Pour cela, rendons-nous à Pont-Aven, en 1889, année où Paul Gauguin réalise son "Autoportrait au christ jaune". Puis rendons-nous quelques décennies plus tard à Pont-Aven sans pinceau ni peinture. Juste avec un téléphone portable qui fait aussi des photos.

COMPARONS !
Christ jaune
                 Jénorme pose devant le Christ Jaune de Pont-Aven (29)
Peinture : Histoire d'art                                                                               Photo : I-phone 4


Voilà, ça c'est dit et on a bien avancé, non ? Hein ? Mais oui, bien sûr !

Bon, de quoi on parlait au départ déjà ?
Ah oui : Nevers ! Et puis ? La Ligne Bleue ! Ok. Mais encore ? Le quai des Mariniers ! Oui, et alors ? La Tour Goguin !
AH OUAIS, ça y est, j'y suis !
Quand j'étais enfant et que j'habitais encore à Nevers -ville natale-, j'appelais cette Tour Goguin, la tour Coquin. Eh ouais... Voilà voilà... Bien, bien, bien... Eh oui, eh oui... Tout ça tout ça... Je pourrais arrêter là l'anecdote, mais attends, c'est pas fini.
Il faut savoir que non loin de la Tour Goguin se tenait l'une des rares maisons closes de la ville. Hein ? Hein ? Hein ? Tu comprends comment fonctionne le subconscient là ? Coquin - maison close ? Hein Hein ? Tiens, cela me rappelle une histoire à base de bordel et de perroquet. Symbiose neversoise.

ET MAINTENANT :
UNE BONNE GROSSE BLAGUE !

C'est l'histoire d'une femme qui décide d'acheter un perroquet à ses filles. Elle se rend donc au magasin d'animaux le plus près. Arrivée là, elle voit une aubaine pas croyable : 200 euros pour un magnifique perroquet parlant. Étonnée, elle va voir le vendeur.
- Monsieur, pourquoi un perroquet d'une aussi grande valeur est si peu cher ?
- Et bien ma petite madame c'est qu'il vient d'un bordel et son langage n'est pas correct du tout.
- Mais mon bon monsieur, ce n'est pas grave, cela se corrige, je vous le prend.
Le vendeur lui offre une cage et lui vend le perroquet. Arrivée chez elle, la cage est installée dans le salon. Le perroquet dit alors :
- Nouvelle maison, nouveau Bordel.
La femme se dit que ce n'est pas grave et qu'il va se corriger. Les deux petites filles arrivent donc au salon et le perroquet de dire ;
-. Nouvelle maison, nouveau bordel, nouvelles p'tites putes.
La mère, toute confuse explique à ses filles que le perroquet vient d'un bordel et que son langage va se corriger au jour le jour. Sur ce, Robert, le mari et l'homme de la maison arrive et le perroquet de lancer à tue-tête :
-. Nouvelle maison, nouveau bordel, nouvelles p'tites putes, mais toujours ce bon vieux Robert !

FIN DE LA BONNE GROSSE BLAGUE



Bon, bref !

Je n'ai pas connu cette période. Le mieux pour se souvenir et comprendre ce quartier est de se reporter à l'article de Jean-Christophe Henriet pour le Journal du Centre.

"Rue Aublanc, haut lieu de débauche à Nevers au XIXe siècle : pas une maison qui n’hébergeait une ou plusieurs prostituées. Tolérance. (...)
Dans un ouvrage d’une grande exhaustivité pour l’époque, le chirurgien Armand Després a livré, en 1883, des indications précieuses sur ce qu’était la prostitution en tout lieu de France, Nièvre comprise. On y apprend que Nevers compte onze maisons closes, Cosne une, Decize une également, mais qu’il n’y a pas de prostitution à Clamecy. La maison close de Decize compte quatre pensionnaires, celle de Cosne six, les onze de Nevers 38. Il faut aussi comptabiliser 21 filles, dites “en carte”, qui travaillent chez elles, et quarante irrégulières dites “libres”. Au total : 109 prostituées recensées dans la Nièvre.
On doit à la marotte du Neversois René Renaud (qui a fait don de ses recherches aux Archives départementales) pour la prostitution un inventaire d’une grande précision des maisons closes à Nevers. Représentons-nous toutes les maisons de la rue Aublanc, décrite par François Lechat dans Nevers pas à pas, « tortueuse, mal bâtie, mal fréquentée à cause des gros numéros » comme autant de bordels officiels. Un seul exemple : en 1876, 14 filles au seul numéro 63 de la rue Aublanc. Il y en avait aussi aux numéros 64, 65, 66, et 67. La rue de la Boullerie (un seul l à l’époque) n’était pas en reste avec quatre filles au numéro 28 et huit filles au numéro 3.
Rue Aublanc, le Cristal Palace fut même le théâtre d’un meurtre retentissant, en 1936, où l’amour s’égara.
Une des conséquences de la loi Marthe Richard fut l’augmentation phénoménale du nombre de bordels clandestins. Depuis que les députés ont décrété au début du mois la pénalisation du client, les hôteliers se frottent les mains. (...)"
JEAN-CHRISTOPHE HENRIET pour LE JDC

 

Nevers, ancienne maison close (58)
Ancienne maison close, juillet 2000

 

J'ai vu ce bâtiment qui tronait là, au fond de la rue tel un fantôme un peu honteux, il y a encore uine dizaine d'années. Désaffecté depuis 1946, j'ai le souvenir de sa façade rose incontournable. Secrète, mais visible tout de même. Délavée certes, mais présente. Cette couleur criarde de façade était utilisée pour éviter toute équivoque sur les activités internes de l'endroit. il y avait également une petite enseigne en fer forgé rouillé, percée de trois étoiles. Parait-il qu'elle s'illuminait la nuit pour guider au plus court les carrosses dans la ruelle du Singe en venant de la grand rue Saint-Genest. Ces derniers pénétraient par une porte charretière qui s'ouvrait sur un jardin dont l'entrée dans la maison se faisait juste sur la gauche pour les piétons. Tu peux retrouver un bel article sur le travail des prostituées de l'époque à cette adresse : Le Livre de Meslon.
Tout ceci a disparu. Le bordel a laissé place à des appartements neufs.
Et la sculpture du singe qui se trouvait à l'angle de la rue Saint-Genest ? Disparue elle aussi pour laisser place à une résidence grise et austère. Où se trouve la statue à présent ? D'après les rumeurs, au musée de la Faïence. Mais rien n'est moins sûr.

Je continue à suivre la Rue du Singe
qui se transforme en rue Saint-Reverien.

J'ai perdu la Ligne Bleue
qui s'est séparée en deux Traits jaunes.

      Nevers, rue du singe, ligne jaune (58)

Passer de la rue du Singe à la rue qui ne rêve à rien. Je décide de suivre la flèche blanche sur fond bleu, histoire de rester dans le ton. J'en oublie de regarder le Four de l'Autruche qui, apparemment, se trouvait dans cette rue, sur ma gauche.
J'avance en remontant la Rue Saint-Genest. Propre, neuve, refaite. Je passe devant l'ancienne église Saint-Genest.

ÉGLISE SAINT GENEST
église saint genest

Photo : Google Map

Pareil. Je l'ai connue presqu'en ruine et abandonnée. Aujourd'hui, elle apparaît fraîche et pimpante.
"Désaffectée à la Révolution, puis transformée en brasserie et mutilée par l'élargissement de la route, cet édifice ressemblait bien peu à une église jusqu'aux récentes restaurations qui ont permis de découvrir à nouveau d'étonnants chapiteaux romans sculptés et la transformation d'une voûte d'ogives gothique. Paroisse des faïenciers, cette église se signalait parmi les nombreux clochers de la ville par des tuiles vernissées de plusieurs couleurs." OFFICE DU TOURISME

Un peu plus haut, c'est le Musée de la Faïence. Récent, propre, neuf. Je passe et continue à monter jusqu'à tomber nez à nez avec...

 

 

DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE

Ah oui, je sais, c'est un peu brutal comme fin de billet, mais c'est pour mieux parler de ma nouvelle rencontre dans les rues de Nevers.

 

 

 

 

 

 

 

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