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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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1 février 2017

En route pour le Cantal (15)

L'été dernier, je suis allé passer quelques jours dans le département du Cantal. Je n'avais encore jamais visité ce département. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir y découvrir, y voir, y manger, y boire ?
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Chaque année pour les vacances d'été, nous nous retrouvons une semaine en famille dans un endroit de France. Après la Bretagne il y a deux ans, cette année, le choix s'est porté sur le Cantal.
Eh ouais : on n'y pense pas assez au Cantal. On parle de Normandie, d'Annecy, de pays Basque, de Saint-Tropez, de Varadero, des Maldives, d'Hawaï, mais très rarement du Cantal. Eh bien, ça va changer !!!
Personnellement, dès que j'entends le mot "Cantal", je pense de suite, non pas à Cantal Goya, non pas à Cantal Nobel, non pas Cantal Gallia... Oh putain, tu te souviens de Cantal Gallia ? Non ?

Regarde alors ceci,
jeune amnésique !

Et là, tu te demandes : "Mais qu'est devenue Cantal Gallia ?"
Et je te réponds tout de go : "Elle a arrêté sa carrière au début des années 1990 après avoir eu une fille."
Ça, c'est réglé !

Bon qu'est-ce qu'on disait ?
Dès que j'entends le mot "Cantal", je pense de suite, non pas à Cantal Goya, non pas à Cantal Nobel, non pas Cantal Gallia ; mais bel et bien aux Gipsys Kings et à leur chanson  Volare ; sauf que je remplace "Volare" (prononce Volaré) par "Cantalré". Ben oui ! C'est comme ça ! Je ne sais pas pourquoi, ni comment ! Quelle est l'origine de cette association ? Gipsys-Cantal, Volaré-Cantal ? Par quelle détonation psychologique soudaine ces deux mots sont subitement associés dans mon cerveau. Ce qui est insoutenable, c'est lorsque que j'ai des discussions avec des amis et qu'ils se mettent à parler du Cantal. À chaque fois, je ne peux pas m'empêcher de me lever et de chanter haut et fort : "CANTALRÉ !!! OH OH !!!" Heureusement, cela n'arrive pas souvent.
Toujours est-il... tiens, je ne sais pas pourquoi je commence cette phrase par ces mots...
BREF : une première évidence percute l'esprit de tous, toi, moi et les autres qui ne lisent pas ces mots mais y pensent très fort tout de même  : "On croit connaître le Cantal, mais pas tant que ça finalement !" 
Et il est grand temps que ça change !

MAIS
CELA NE SE FAIT PAS
COMME ÇA !!!


Oh que non !

Pour connaître d'avantage le Cantal, il faut y aller. Et pour y aller, il faut quitter la région, le département, la ville où l'on se trouve.
En ce qui me concerne, je dois quitter le Pays Basque et Bayonne pour effectuer quelques heures de route afin rejoindre parents, soeur et beau-frère qui, eux, quittent leur Nièvre natale.
Notre point de rendez-vous est fixé : il se situe non loin de Mauriac où mon père a loué un gite pour une semaine. Il faut y être vers 18h30 ; une heure parfaite pour boire l'apéro. Car oui, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, dans le Cantal aussi, on boit pas l'apéro ! Eh oui ! On n'est pas en Iran ou au Koweit lààààà, hein ! On a le droit de se détendre un peu en buvant un ou deux verres de Porto ou autre liqueur locale sans avoir l'impression d'offenser Dieu, ou Mahomet, ou Allah, ou je-sais-pas-qui encore !

ALLEZ EH OH !

ON Y VA !


Je fais ma valise qui s'avère être un grand sac de sport. En même temps, vu que je ne fais plus de sport, il faut bien qu'il serve à quelque chose. Quant à la valise, vu que je ne lis plus, j'y ai mis tous mes livres. Quant à la bibliothèque où je mettais tous les livres que je ne lisais plus, j'y ai mis... J'y ai mis... Attends, je me retourne... Ah oui ! Mais je ne te le dirai pas car c'est super secret et ça va, sans aucun doute, changer le monde dès que j'aurais fini d'en étudier toutes les spécificités.

Je dresse un itinéraire sommaire
reliant Bayonne à la sous-préfecture du Cantal.
Carte a
Carte : Google maps

Mais, en fait, c'est pas possible de tirer un trait comme ça, et pis de prendre la voiture et de suivre le trait. Non, non. Il y a des routes, des montagnes, des maisons, des supermarchés, des trucs et des machins qui font que, exceptionnellement, le plus court chemin entre deux points que seraient 1 : Bayonne et 2 : Mauriac, n'est pas la ligne droite. Eh oui, on fait pas toujours ce que l'on veut ! C'est comme ça, c'est ainsi, on n'y peut rien. La vie est cruelle parfois et amène avec elle son flot de désillusions et d'espoirs contrariés qui pourraient, dans un premier temps, te faire dire : "Oh pis merde, puisque c'est comme ça, j'y vais pas dans le Cantal Gallia !" Mais non, il faut être fort, parfois, il faut s'accrocher, il faut lutter et surmonter les épreuves que le destin nous tend comme un copain qui dirait "Eh hein, tu vas te bouger le cul un peu plutôt que de regarder les émissions de Top chef en replay tous les soirs ?"

J'ai donc pris mon courage à deux mains accompagné d'une petite bière belge pour échafauder un itinéraire possible entre Bayonne et Mauriacavec, tout de même, quelques idées maliennes dans la tête, comme...

le plus court chemin

Après plusieurs débats et diverses confrontations, l'itinéraire naquit. Il y aura 500 kilomètres à parcourir pour 7h30 de voiture non stop. Il y aura des surprises, des découvertes, peut être des rencontres, sûrement un ou deux arrêts pipi, un club-sandwich-triangle au menu et une bière à la tequila pour faire passer le tout.

 

LE LENDEMAIN
"C'est le grand départ", comme le chantaient si bien les VRP dans leur chanson "Je pars". Mais, pour l'occasion, c'est mon voisin Jean-Paul qui m'acceuille au sortir de l'appartement alors que je me rendais à ma voiture, bien concentré. Nous échangeons quelques mots rapidement ; mots qui se mettent à composer des phrases ; petites au débuts, puis de plus en plus longues. Je lui raconte mes recherches de la veille quant à composer un itinéraire allant de Bayonne au Mauriac avec ce besoin qu'il faut avoir de s'accrocher pour obtenir quelque chose que l'on veut vraiment ; quitte à se faire mal ou à tout perdre. Puis les phrases sont devenues moins longues, les silences prirent la place de certains mots et nous nous quittâmes sur cette citation que Jean-Paul fit en reprenant ces mots de Nichte... Nitche... Nietwzswchte... putain, comment ça s'écrit ce nom ?... Bon bref : comme me disait Jean-Paul : "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ! Et moi, je vais boire l'apéro !" "Moi aussi !", lui répondis-je, "Mais dans le Cantal !"

Je me rends à la voiture avec sacs et affaires diverses. Je plonge le tout dans l'habitacle car le coffre est déjà plein d'autres trucs, comme une tente, un sac de couchage, un matelas, des dizaines de gobelet "eco-cup" ramassés lors de concerts et festivals, des bottes en caoutchouc pour aller visiter la grotte de la Verna, un KWay, etc. Je monte dans la voiture, je démarre la voiture, je passe la marche arrière, puis la marche avant. C'est parti !

CHANTE !!!!!

 

Les paysages et villes défilent à tour de rôle.
Bayonne, Orthez, Hagetmau, Mont-de-Marsan, Saint-Justin, Estigarde, Lubbon, Houeillès et ses restos de bord de route...

Lubbon, restaurant routier Chez Mamy           Houeillès, café national (33)

Lubbon, restaurant routier Le Tremblant (40)                Lubbon, restaurant routier Au bon coin (40)

Ces restaurants marquent aussi la frontière entre le département des Landes et celui du Lot-et-Garonne.

Damazan, Aiguillon, Le Temple-sur-Lot, Sainte-Livrade-sur-Lot, Villeneuve-Sur-Lot, Trentels, Saint-Vite, Fumel...

STOP !

On peut quand même faire un brin de tourisme quand même oh ! Et justement, du côté de Fumel, il y a un château que j'aimerai bien voir ; et ce depuis plusieurs années pour ne pas dire plusieurs décennies car je ne suis pas si vieux que ça non plus faut pas exagérer eh oh, je te prends au jokari quand tu veux, faut pas déconner, j'ai la pêche ! Tiens, hier encore, je me suis surpris à me lever à 3 heures du matin avec la folle envie de faire un bon footing de 25 km avant d'aller à la piscine faire trois heures de nage papillon sans m'arrêter !
Pour se rendre à ce château, c'est pas compliqué : tu passes Fumel direction Gourdon en évitant de longer la rivière du Lot ; même si elle est magnifiquement tortueuse par ici. Huit kilomètres plus tard, je l'aperçois, je le vois ; là-bas au loin, perché sur sa petite butte, dominant le petit village de Saint-Front-sur-Lémance.


CHÂTEAU DE BONAGUIL

Fumel, château de Bonaguil

Étrange édifice bine posé là sur son mince éperon rocheux dominant d'une trentaine de mètres le confluent de deux étroites vallées. Il est également situé pile poil sur la frontière départementale séparant le Lot du Lot-et-Garonne.
Il en impose, majestueux, très bien conservé. On dirait un énorme château se sable tellement ses parois semblent lissées et propres. Cette belle allure ne suffit pourtant pas à faire oublier cet étrange mystère qui règne en ses murs...

Le mystère de la Dame Blanche !!!!

Mythe ou réalité ? Réalité ou illusion ? Satisfait ou remboursé ? Ah, ah, ah... Ce château ferait pourtant partie des lieux les plus hantés de France... Ah, ah, ah !!!! Tu flippes un peu ta race là, hein ? T'es pas tranquille ? Tu te demandes ce qu'il se passe !!! Qui peut bien être cette Dame Blanche ? Non, ce n'est pas qu'un dessert, composé de glace à la vanille arrosée de chocolat noir fondu et, parfois agrémentée de chantilly sur laquelle on a délicatement déposé quelques copeaux de chocolat frais.
Non, la Dame blanche, cela peut être aussi... un fantôme. Oui : un fantôme !

Nous en reparlons de suite après une petite page de pub
pour une bagnole dans laquelle il fait bon rouler.


Alors... ça va ? Parfait ! On continue.
Nous parlions donc de Dame Blanche, et plus précisément de fantôme, et plus précisément de Marguerite de Fumel.
Eh oui, Marguerite de Fumel car, parait-il, ce serait elel qui hanterait les lieux du château de Bonaguil.
Écoute son histoire, ah, ah, ah !!!!! Et tremble, tremble, TREEEEMBLLLLEEEEEEE !

"Béranger de Roquefeuil homme cruel et redouté dans la région, prenait un malin plaisir à faire pendre les partisans de la rébellion paysanne. Sa fille, Marguerite ne pouvant plus supporter les délires tyranniques de son père, espérait partir avec son amant afin de ne plus assister à ces crimes odieux et surtout à s’enfuir de son emprise.
Mais le seigneur Béranger avait d’autres plans pour sa fille : un mariage avec un vieux comte très riche, afin de renforcer les liens et les biens familiaux. Rebelle, Marguerite s’enfuit du château en larmes.
L’histoire nous raconte qu’on ne vit plus jamais la jeune femme. D’autres ont raconté qu’elle ne serait jamais sortie de l’enceinte du château. Ainsi on peut voir, chaque soir de novembre, son fantôme, tout de blanc vêtue, arpenté le château en pleurant."  SUD OUEST

Apparemment, elle ne viendrait hanter les lieux qu'au mois de novembre.Ben oui, c'est comme ça. Peut être que le reste de l'année, elle est à la plage ou au ski.

MAAAIIIISS
il existe d'autres phénomènes étranges et inexpliqués, inexplicables.


grafitisComme ces grafitis retrouvés sur certains murs de l'édifice.
Cette inscription en latin peut se lire aussi bien verticalement qu’horizontalement.
Ce carré "magique" appelé aussi carré Sator signifie "le semeur tient avec soin ses roues".

 

 

 

Ou encore ce visage de spectre dans la pierre...apparition...que l'érudit local Max Pons a observé au moment du développement d'une photo de son mariage au château de Bonaguil en 1964 !!!

 

 

 

Revenons à la véritable histoire du château.
Tout d'abord, sur le point de vue géographique, on constate que le château de Bonaguil présente la particularité de ne pas être sur une position stratégique. En effet, il ne défend pas une ville, ni le passage d'un fleuve, ni une vallée importante ou une route commerciale.
Une première question se pose alors : mais pourquoi qu'il est là alors ?

Fumel, château de Bonaguil (47)           Fumel, château de Bonaguil, tours (47)

D'un point de vue historique maintenant.
Au XVème siècle, entre Agen et Toulouse, Français et Anglais s'affrontent pour le contrôle du Sud-Ouest. La Guerre des 100 ans marque profondément l'architecture des châteaux du Lot-et-Garonne. Les frontières se déplacent d'un édifice à un autre au grès des batailles. En 1475, la paix marque la fin des campagnes de fortifications. C'set le moment que choisit le Baron Bérenger de Roquefeuil, l'un des plus puissant seigneur du Midi, pour faire ériger à Bonaguil le château de ses rêves.

Fumel, château de Bonaguil, entrée (47)La construction du château a débuté au début du XIIIème siècle.avant d'être entièrement reprise à la fin du XVème siècle et au début du XVIème siècle par le Baron Bérenger de Roquefeuil qui lui ajoute tous les perfectionnements défensifs du Moyen Âge finissant. À son achèvement vers 1510, il apparaît cependant obsolète. En effet, à cette époque du début de la Renaissance, les grandes familles nobles ainsi que le roi et ses proches commencent à construire les premiers châteaux de la Loire et, dans tout le royaume, de nombreuses forteresses médiévales de la petite et moyenne aristocratie, même si elles conservent quelques dispositifs défensifs, sont peu à peu transformées en résidences d'agrément par abattage d'une partie des tours et des courtines afin de les ouvrir sur la lumière et la campagne.
Une seconde question se pose alors : pourquoi l'a-t-on construit alors ?

Fumel, château de Bonaguil, village(47)

Après être passé de mains en mains, il devient propriété de la commune de Fumel en 1860 et est classé Monument Historique en 1862. Il est considéré comme le plus bel ouvrage médiéval de France. Il possède deux enceintes, sept pont-levis et treize tours.
Jamais attaqué malgré ses nombreuses ingéniosités architecturales défensives, le château de Bonaguil est transformé en château de plaisance. Jusqu'au XVIIème siècle, ses propriétaires y donneront de grandes fêtes galantes. Après être passé de mains en mains, il devient propriété de la commune de Fumel en 1860 et est classé Monument Historique en 1862. Il est considéré comme le plus bel ouvrage médiéval de France. Thomas Edward Lawrence, dit Laurewce d'Arabie, y restera un mois et deux jours en tant qu'archéologue, entre 1907 et 1908. Ce dernier a ainsi écrit une monographie sur le lieu.
Magnifiquement restauré et entretenu, il impose sa belle silhouette de pierres sur le paysage. Il a servi de décor, non pas à un film ayant le Moyen Âge comme temps d'action, mais pour "Le vieux fusil" de Robert Enrico en 1975... essentiellement dans ses souterrains puisque uen grande partie de l'action du film se déroule plutôt au château de Bruniquel.

Aujourd'hui, le château de Bonaguil est toujours bien entretenu, mais  -il ne faut pas se le cacher-  l'endroit est dominé par le tourisme avec ses restaurants-bars, ses marchands de souvenirs et autres artisans. On peut visiter le château pour 8 euros. De nombreuses animations sont proposées aux petits et aux grands toute l'année, comme des chasses aux trésors, des nocturnes contées, un festival de théâtre,...
De mon côté, je ne suis pas allé visiter le château par manque de temps, mais j'ai tout de même tenu à ramener un souvenir.


Nous sommes le 25 juin 2016 ; jour où les Anglais ont voté pour que le Royaume-Uni sorte de la CEE : le Brexit.

 

Je reprends la route.
J'ai bien envie de suivre un peu les méandres du Lot en passant par Soturac, Duravel et Prayssac mais ce petit détour risque de me faire arriver très tard dans le Cantal. J'emprunte la petite route de Feuille qui me permet d'avoir une dernière très belle vue sur le château de Bonaguil...

Fumel, château de Bonaguil, vue de haut (47)

Puis je rejoins la D673.
Saint-Martin-le-Redon, Montcabrier, Cassagnes, Frayssinet-le-Gelat... Une imposante fresque présente sur un mur m'interpelle.

FRAYSSINET-LE-GELAT
Frayssinet-le-Gélat, mémorial (46)

"Souviens-toi et n'oublie pas"... Que s'est-il donc passé ici ?

Le 21 mai 1944, la tristement célèbre et barbare 2ème division SS Das Reich - qui allait perpétrer les tueries de Tulle et d'Oradour-sur-Glane - investit le village de Frayssinet-le-Gélat soupçonné d’abriter un important groupe de résistance. Trois femmes sont pendues, une autre abattue d'un coup de revolver et onze hommes fusillés, dont un instituteur qui s’était proposé d’être pris en otage en échange des autres.
"
Le 21 mai 1944, vers 17 heures, deux colonnes allemandes venant de Villefranche-du-Périgord et La Thèze traversent Frayssinet et vont s'arrêter sur la route de Cahors à quelques centaines de mètres du bourg. A 18 h 30, une troisième colonne arrive de Fumel, où à Lacapelle, à Lassalle, ils avaient déjà semé la terreur. Les camions à peine arrêtés, des soldats sautent et se précipitent dans les maisons qu'ils fouillent méticuleusement. Le tambour passe, intimant aux hommes l'ordre de se rendre sur la place, sans délai. La ligne téléphonique est immédiatement coupée, les poteaux renversés par les automitrailleuses, les isolateurs descendus à coups de mousqueton. Les hommes du village, bras en l'air, sont fouillés, certains brutalement battus. Les briquets, les couteaux sont confisqués. Puis commence la vérification des identités. A ce moment, un coup de feu retentit. Il est parti de la maison Lugan, dans laquelle un groupe de soldats allemands essaie de pénétrer. Un soldat tombe. S'agit-il d'une mise en scène ou est-il réellement touché ? Aussitôt, les allemands se ruent dans les maisons. Femmes, enfants, vieillards vont rejoindre les hommes. Les maisons sont pillées (postes, vélos sont chargés sur les camions. C'est à ce moment que la maison Lugan, complètement vidée, est incendiée). Les mitrailleuses sont braquées sur la population qui est gardée sur la place par des centaines de soldats allemands, l'arme au poing. Les civilisateurs de Pétain suspendent une corde à la console électrique de la maison Delord, en face le Monument aux Morts. Cette corde est' passée au cou de Mme Agathe Pail­hès, une femme de 80 ans !
Les enfants sont conduits dans l'église.
Le porte-parole des brutes nazis s'écrie : «Une femme a tué un Allemand. Si, dans dix minutes, la coupable n'est pas dénoncée, vous êtes tous morts.»
Personne ne savait. Tout le monde se taisait... (...)"  
RÉSISTANCE EN QUERCY

En face de cette immense fresque se trouve la place sur laquelle les victimes ont été lâchement assassinées. Une stèle leur rend hommage.

Je continue. Je sors du village.

Sur la gauche de la route,
une petite publicité peinte sur une façade.
Frayssinet-le-Gélat, publicité (46)

Elle m'intrigue parce qu'elle semble hors du temps, hors d'âge ; un peu comme ces publicités pour les huiles Antar, le chocolat Poulain, de l'eau gazeuse Vichy ou des apéritifs, tels que l'Ambassadeur, le Byrrh et autres.
Elle m'intrigue aussi parce que "Le petit journal" d'après mes souvenirs, n'était pas un journal à proprement parlé "Résistant" à une certaine époque. Alors, ce reste de publicité ici, dans ce village martyr, m'amène à faire un petit historique de ce quotidien parisien républicain et conservateur qui vit le jour en 1863 Petit Journal... Et non : cela n'a rien à voir avec cette émission qui passe sur Canal Plus !!!

LE PETIT JOURNAL, UNE HISTOIRE
Fondé par Moïse Polydore Millaud, Le petit Journal tira à un million d'exemplaires ses heures de gloire, en 1890, en pleine crise boulangiste. Son "succès" venait de son prix réduit, de son format commode, d'un contenu distrayant comprenant fait divers, feuilletons, horoscopes et chroniques, en parallèle au traitement l'information nationale et internationale ; et de sa vente par des crieurs à la sortie des usines et des ateliers. Ses tirages et ses lecteurs augmenteront considérablement lorsqu'Alphonse Millaud, patron du Petit Journal, décida de couvrir abondamment l'affaire Troppmann en septembre 1869. Et qu'est-ce que l'affaire Troppmann, me demanderas-tu ? Eh bien, je te laisse aller chercher par toi-même. Toujours est-il que c'est par le traitement de ce genre de fait divers extraordinaire que "Le petit Journal" fera parler de lui. Une sorte de "Nouveau détective" avant l'heure...
Mais, après 1900, les tirages commenceront à stagner puis à décroître. Placé du côté des antidreyfusards et de cause nationaliste, les lecteurs sont déconcertés et choqués par l'engagement du journal. En 1937, "Le petit Journal" devient l'organe du Parti social français (P.S.F.) dont la devise, "Travail, Famille, Patrie", empruntée aux Croix-de-Feu  -, et qui sera ensuite reprise sans leur accord en 1940, par l'État français -, figure sous le titre du quotidien.
En juin 1940, "Le petit Journal" se replie d'ailleurs à Clermont-Ferrand. Il y vit médiocrement, jusqu'en 1944 où il disparaît complètement. Mais durant cette période, il a reçu chaque mois une subvention du gouvernement de Vichy ; son conseil d'administration était alors présidé par le colonel de La Rocque, ex-président des Croix-de-Feu de 1932 à 1936.
Personnalité de prime abord ambiguë, François de La Rocque, dit le Colonel, fut un résistant de la première heure. Il a très tôt rejeté les deux régimes, le "joug hitlérien et la tyrannie moscovite", en rédigeant plusieurs articles pour "Le petit Journal". Le 16 juin 1940, il signe même un éditorial "Résistance", dénonçant la collaboration avec l'Allemagne.Son parti, le P.S.F., est alors transformé en organisation sociale par le régime, qui pense plus commode de lui donner une place au Conseil National de Vichy afin de calmer ses 'ardeurs'. Un poste dont il démissionnera en août 1941 avant que son parti ne soit complètement dissout par le général de la SS en 1942. Le Colonel de La Rocque a toujours été traité avec ambiguïté par ses positions qui ne suivaient pas complètement ni celles du Régime de Vichy, ni celles de la résistance officielle avec notamment une volonté ferme de libérer la France du joug allemand sans pour autant faire alliance avec l'Angleterre. Mais la réalité de l'activité résistante de La Rocque n'est plus contestée, comme l'ont démontré Robert Paxton ("La France de Vichy"), la biographie de Jean Moulin par Jean-Pierre Azéma et la monographie de Olivier Wievork sur la Résistance.
"François de La Rocque sera arrêté par la police allemande le 9 mars 1943 après avoir rencontré à trois reprises le Maréchal Pétain afin de "l'éclairer sur les égarements dans lesquels l'entraînait son entourage." (Jacques Nobécourt). Il est interné dans la prison du Cherche-Midi, puis de Fresnes avant d'être déporté en Tchécoslovaquie à Eisenberg, puis en Autriche au château d'Itter, où il a la surprise de retrouver Édouard Daladier, Paul Reynaud, Jean Borotra, Léon Jouhaux. Après une oération chirurgicale, le colonel de La Rocque entre en contact avec des parachutistes américains. C'est la 103ème division américaine qui le libérera, ainsi que les personnalités détenues à Itter, le 7 mai 1945. Place en internement administratif jusqu'au 31 décembre 1945 afin de l'éloigner des affaires politiques, il décédera quelques mois plus tard après sa libération en avril." D'après WIKIPEDIA

En fait, dans les années 1930, pour l'opinion de gauche, François de la Rocque était devenu le symbole du fasciste français, notamment parce qu'il avait été le président des Croix-de-Feu, parti très nationaliste, mais que de la Rocque "débarrassera progressivement" de leurs éléments extrêmes.

C'est un peu plus clair pour moi à présent et je comprends mieux pourquoi cette publicité pour "Le petit journal" n'a pas été effacée complètement... Ou alors, c'est un oubli.

 

Je continue ma route.
Cazals, Salviac, Gourdon, Le Vigan, Saint-Projet, Couzou, Rocamadour...

Ah ! Je ne peux passer par Rocamadour sans m'y arrêter deux secondes quand même ?! Hein ?! C'est pas possible ! Allez...

ROCAMADOUR
Rocamadour, vue générale

Dans un premier temps, je décide juste de m'arrêter faire une photo du village perché de profil. Faut pas trop que je traîne quand même.
Vue étonnante de la cité mariale accrochée à sa puissante falaise dominant de 150 mètres la vallée de l'Alzou.

Rocamadour, le château, sanctuaires, falaise (46)

Sur cette photo, on peut voir la rue principale en bas, puis l'esplanade des sanctuaires, composée de la basilique Saint-Sauveur, la crypte Saint-Amadour, les chapelles Sainte-Anne, Saint-Blaise, Saint-Jean-Baptiste, Notre-Dame (dans laquelle se trouve la Vierge Noire), Saint-Louis et saint-Michel. Derrière cet ensemble se trouve le palais des Évêques de Tulle, puis, en haut, le château de Rocamadour dominant le tout depuis un belvédère. Un escalier monumental de 216 marches permet de rejoindre l'esplanade des sanctuaires et le château depuis la ville du bas ; escalier que les pèlerins gravissaient (et gravissent parfois encore) à genoux. La cité religieuse dénombre sept églises ; douze autres édifices n'ont pu être révéler par les restaurations du XIXème siècle.

Bon, pour ma part, je n'ai pas trop le temps de monter cet escalier ni à pieds, ni à genoux, ni sur la tête. Il est déjà 17 heures et il me reste bien deux heures de route... Mais... oh, allez ! Je vais garer la voiture dans un des nombreux parking jouxtant le château. J'entre ensuite dans l'enceinte pour traverser les jardins et atteindre les murs de fortification.

Rocamadour, le château, jardin (46)

Tout comme au château de Bonaguil, mais dans un autre registre, une légende parcourt également les lieux. Elle est étroitement liée avec l'épée Durandal ayant appartenu au chevalier Roland (736-778), personnage de la littérature médiévale et de la Renaissance, neveu de Charlemagne.
"Afin de lutter contre les Sarrasins en Navarre, Roland commande l'arrière-garde qu'attaquent les Sarrasins au col de Roncevaux. Roland et ses hommes résistent jusqu'au dernier. Blessé à mort, il sonne enfin dans son olifant, appelant Charlemagne à son secours. La légende veut que Roland ait tenté de casser sur un rocher son épée Durandal pour qu'elle ne tombe pas aux mains des Sarrasins, mais c'est le rocher qui se brisa, ouvrant la brèche de Roland. Roland eut alors appelé l'archange Michel à l'aide, puis lancé son épée vers la vallée. Celle-ci traversa alors miraculeusement plusieurs centaines de kilomètres avant de se ficher dans le rocher de Notre-Dame de Rocamadour."  WIKIPEDIA

L'épée avait déjà bien compris que le plus court chemin entre deux points était la ligne droite. On y revient à cette histoire de ligne droite. Saches qu'aujourd'hui, l'épée qui est plantée dans la roche de Rocamadour n'est pas celle de Roland. Du coup, je ne suis pas allé la voir.

Rocamadour, le château (46)         Rocamadour, le château et tourelle (46)

Je monte sur les murs de la promenade des remparts. La vue y est magnifique sur Rocamadour et ses environs.

Rocamadour, panorama, rue et escalier (46)

Autre légende du site du village de Rocamadour : la Vierge Noire. Son origine reste inconnue.

"Une légende veut que Zachée (St Luc 19,1-10)  serait venu se retirer à Rocamadour  dans une grotte. Dans sa solitude il aurait sculpté dans un tronc d'arbre une statue de la vierge. Une autre légende veut que le Saint homme ait ramené avec lui, d'Orient, une statue de couleur noire sculptée par St Luc l'évangéliste lui-même.
Il est attesté que dès le douzième siècle les pèlerins venaient à Rocamadour pour honorer la vierge noire. La statue est nécessairement plus ancienne puisque  la bulle du pape Pascal II mentionne déjà en 1105 le culte à "La Bienheureuse Vierge Noire de Rocamadour".
Il s'agit d'une vierge en majesté d'environ 70 cm de haut. De couleur sombre elle aurait eu les mains et le visage recouverts de plaques d'argent. Le bois serait du chêne ou du Noyer. La statue apparaît en même temps que l'époque de la découverte du corps de Saint Amadour.
Le succès de Rocamadour vient surtout des miracles attribués non à Saint Amadour mais à la Vierge Noire. Depuis des siècle des millions de pèlerins vinrent tout au long de l’année.  En 1172, les bénédictins qui régentent la vie du sanctuaire rédigent le premier livre des miracles et y authentifient 126 guérisons attribuées à la Vierge."  ROCAMADOUR.BIZ


Très intrigant, mais une fois de plus, je  n'aurais pas le temps de me rendre dans la chapelle où est exposée la statuette. Je continue donc mon évolution sur les remparts.

C'est marrant cette sorte de plongeoir, hein ! On aurait presque envie de prendre de l'élan et d'aller se jeter dans le vide. Un vide empli d'une vue magnifique sur la rue principale de Rocamadour.

Rocamadour, panorama

Je continue ma progression le long des remparts, mais il faut aller très vite car le temps passe et je risque d'arriver très tard à Mauriac alors que l'on s'était donné rendez-vous pour l'apéro ! Allez, petite accélération pour aller de l'autre côté des remparts du château...

Voilà, c'est beau, c'est vertigineux, c'est intrigant, mais il faut repartir ! Vite !

Un rapide panoramique du regard sur les environs...

Rocamadour, panorama, rue (46)

Rocamadour, panorama, terrasse (46)

Et c'est reparti !

Je monte dans la voiture. Je démarre. Marche arrière, puis marche avant. Je sors du parking.

Je roule......avec, bien évidemment, dans la tête,
la chanson de Gérard Blanchard !

 

Je trace.
Rocamadour, Alvignac, Carennac...
J'ai l'impression que j'arrive dans le département où les noms de villes finissent tous en AC ! Liuourdes... Ah mince... Mon père multiplie les SMS pour savoir où je suis. Il est 18h30.

Beaulieu-sur-Dordogne, Argentat, Saint-Privat, Saint-Julien-aux-Bois...

J'ai l'impression que je ne suis pas encore arrivé dans le département où les noms de villes finissent tous en AC ! Mon père s'impatiente gravement et m'envoie des MMS avec des photos de la table prête pour boire l'apéro.

Pleaux, Ally et... et... Mauriac.

Bien, bien, bien. D'après l'adresse que mon père m'a donné pour trouver le gite, je dois me rendre à Jaleyrac.
Je sors de Mauriac, direction Nord. Une montée, une descente. Une très grande descente. Je vois Jaleyrac sur ma gauche. Cette fois, mon père appelle pour me demander où je suis et ce que je fabrique ! Je lui réponds que je suis à Jaleyrac et que je cherche le gite ; ce à quoi il me répond : "Mais non : c'est pas à Jaleyrac !!! C'est l'autre gîte que l'on a choisi !!! Pas celui de Jaleyrac !!!! Ohlalalalalalala !!!"
Ca coupe. Ici, pas de tunnel, mais une profonde vallée étroite où les ondes ont oublié de venir.
Ben merde : si c'est pas le gîte de Jaleyrac, c'est lequel où il faut que j'ailles ? Est-ce que je suis dans la bonne région au moins ? Est-ce que cette année la famille n'a pas choisi l'Alsace ? Et si c'est le cas, à quelle heure vais-je arriver ?
Je quitte l'étroite vallée pour regagner une butte afin de récupérer du réseau pour pouvoir rappeler mon père. Quelques minutes plus tard, c'est fait.
MON PÈRE : "- Le gîte est à La Beyssere !
JÉNORME : "- Ouais mais encore ?
MON PÈRE : "- C'est un peu plus loin, en face de là où tu te trouves !
JÉNORME : "- Aaaah ben ça va alors !!!! Moi, je croyais que je m'étais complètement planté de lieu, de ville, de département, de région !!!!"

Finalement, c'est avec quelques deux heures de retard que j'arrive au gîte pour retrouver la famille. Nous sommes en pleine campagne, loin de la ville. C'est calme, c'est bien et mon beau-frère a amené six litres de sangria.

 

DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE

Nous tenterons de découvrir le Cantal après avoir bu quatre litres de sangria.

 

 

 

 

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