LA BRETAGNE : île de Bréhat (22)
Dans l'épisode précédent, nous avions vadrouillé dans les rues de Bayonne pour aller, au hasard des rues, contempler fresques et graffitis réalisés pendant le festival Street Art Point de vue
Mais cela n'a rien à voir avec la Bretagne puisque c'est l'épisode précédent à l'épisode précédent qui nous intéresse avant de se lancer dans la lecture de l'épisode qui va suivre dès que j'aurais terminé de rédiger le résumé de l'épisode précédent à l'épisode précédent où nous nous étions arrêtés à la pointe de l'Arcouest pour prendre la bateau en direction de l'île de Bréhat après avoir passé la nuit à Binic. Voilà, voilà.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
La Pointe de l'Arcouest. Oui Madame, oui monsieur ! C'est d'ici que nous allons embarqué pour atteindre l'île de Bréhat. C'est un peu bétonné, mais nous avons tout de même une belle vue sur les côtes déchirées d'où quelques centaines de rochers sculptés par les marées et le vent émergent d'une eau bleue bien calme.
La Pointe de l'Arcouest, c'est un éperon rocheux descendant en pente douce. La Pointe de l'Arcouest, ce sont aussi de belles vues sur la baie de Saint Brieuc, ses îlots et sur Bréhat au loin. Nous y trouvons également un monument à la mémoire de Frédéric et Irène Joliot-Curie qui venaient souvent par ici. Attention : à ne pas confondre avec Pierre et Marie Curie, les chercheurs sur la radioactivité. Non, là, il s'agit de Frédéric et Irène Joliot-Curie, prix Nobel de chimie en 1935 pour la découverte de la radioactivité artificielle.
Oui, bon, tu l'auras compris : Irène Joliot-Curie est la fille des deux physiciens-chimistes. Elle mourra à Paris le 17 mars 1956 d'une leucémie aiguë liée à son exposition au polonium et aux rayons X, la même maladie qui avait emporté sa mère.
Voilà, ça, c'est dit. Par contre, je n'ai aucune photo du monument en question DONC je vais te le décrire. Il se compose de deux blocs de granit rose identiques dont les faces se regardant sont légèrement polies.
Les physiciens Louis Lapicque, Jean Perrin, Pierre Auger, Emile Borel, Georges Gricouroff et Paul Langevin venaient souvent également à la pointe de l'Arcouest, mais il n'y a aucun monument leur rendant hommage. Toujours est-il que l'on peut remarquer que la pointe de l'Arcouest est un peu le repère des personnalités ayant marqué l'histoire du nucléaire français... L'endroit fut d'ailleurs rebaptisé Sorbonne-Plage et Fort-la-Science par les locaux.
Après avoir balayé du regard les côtes en attendant la venue d'un bateau devant nous conduire sur l'île de Bréhat, nous embarquons. 10,30 euros l'aller-retour. L
ALLEZ, ON EMBARQUE !
Le bateau se remplit de passagers. Il doit être 11 heures. Nous quittons lentement la pointe de l'Arcouest pour traverser le chenal du Ferlas qui sépare le continent de l'île de Bréhat également appelée Enez Vriad en breton ou Breiz Coat. Il n'y a pas besoin d'apprendre le dico breton pour demander son chemin et autres politesses,mais j'ai quand même acheté une carte postale avec quelques mots bretons essentiels, ainsi qu'une plaque sur laquelle sont répertoriés les différents types de coiffes féminines bretonnes.
Je ne suis pas sûr que cette seconde carte postale nous soit d'un grand secours en cas de tempête ou de perdition, mais bon... L'île de Bréhat est également baptisée l'île aux Fleurs et île des Corsaires.
Le chenal du Ferlas est d'une largeur de 600 à 700 mètres selon la marée, il faut une dizaine de minutes au bateau pour le traverser.
Nous débarquons sous un magnifique ciel bleu limpide. Pas un nuage, pas de vent, peu de gens.
Première mission : louer des vélos pour découvrir l'île qui est interdite aux voitures et véhicules à moteur. Seul un tracteur bleu tirant un wagon fait en permanence le tour de l'île pour prendre au passage les touristes qui seraient en retard pour le dernier bateau.
Mouais, c'est vrai : cette photo ne donne pas vraiment envie, mais le panneau 12 m'a intrigué. C'est la première fois que j'entrais en un lieu où la vitesse est limité à 12 km/h.
BON : on recommence avec une photo prise il y a quelques années en été.
Eh oui, à cette époque, il y avait des fleurs. Cette fois, en octobre, ce sera plus difficile d'en croiser ; même si le climat est doux. Nous privilégierons donc les pierres. L'île aux Pierres, c'est moins poétique, mais nous n'avons pas le choix.
Une fois les vélos loués, nous partons, plan à main, au hasard des chemins, ne prenant la direction du nord tout en logeant la côte Est.
Nous traversons le port clos et ses commerces pour prendre la direction montante de la plage et de la grève du Guerzido.
CE QU'IL FAUT SAVOIR...OU PAS.
L'île de Bréhat est la seule commune insulaire des Côtes d'Armor. Ses habitants sont appelés les Bréhatines et les Bréhatins. La population annuelle est d'environ 392 habitants pour être multipliée par euh oulalalalala je sais pas combien dès les premiers jours de l'été venus. Bréhat a été le premier site naturel classé en France le 13 juillet 1907.
D'une superficie de 290 hectares, longue de 3,5 kilomètres pour une largeur d'1,5 km, elle s'articule autour de deux îles principales, réunies au XVIIIème siècle par un pont-chaussée, encore appelé pont ar Prat (pont de la prairie) ou Pont Vauban. Au sud, nous trouvons le port Clos, lieu de débarquement, le bourg et son église du 16ème siècle. Au nord, nous découvrirons des paysages sauvages. Elle est entourée de 86 îlots et récifs faisant partie de son territoire, amenant la superficie de ce dernier à 309 hectares.
Bien qu'habitée depuis les temps préhistoriques et occupée plus tard par les Romains, Bréhat entre dans l'Histoire qu'au Vème siècle de notre ère. Son nom breton est Enez Vriad ou encore Breiz Coat ; ce qui veut dire Bretagne des bois. Un nom étrange puisque les arbres sont peu nombreux. Ce surnom aurait été donné par un moine breton, Saint Budoc, qui débarqua sur l'île de Lavrec en 470 pour y construire un monastère. Ce monastère fut pillé et détruit au Xème siècle par les Normands.
Quelques années plus tard, vers 550, c'est un autre moine venu d'Irlande et disciple de Saint Tugdual, qui fonda un monastère sur une île voisine, l'île Sauvage. Il n'en reste aujourd'hui que des ruines et une cellule, la sienne. L'île en question porte maintenant son nom : l'île Maudez qui se trouve bien plus au nord, entre Bréhat et le Sillon de Talbert.
Comme nous l'avons dit tout à l'heure... oui, non... si ? Hein ? Je l'ai dit ou je l'ai pas dit ? Je sais plus. On va faire comme si.
Comme nous l'avons dit tout à l'heure, l'île de Bréhat est aussi surnommée l'île des Corsaires.
Selon une tradition locale, ce serait un capitaine de la région, Coatanlem, qui aurait révélé dès 1484 (soit huit ans avanat sa découverte officielle) l'existence du Nouveau Monde à Christophe Colomb. Il lui aurait indiqué la route qu'empruntaient déjà depuis longtemps les pêcheurs pour atteindre Terre-Neuve.
Mais pour revenir aux Corsaires, ces derniers avaient choisie Bréhat pour ses accès difficiles car l'île est encerclée d'écueils. Elle possède également une situation privilégiée entre Brest et Granville. De là, il pouvaient plus facilement partir pour la Hollande et Terre-Neuve. Depuis l'époque de Louis XIV, les grandes demeures à tourelles des corsaires se dressent fièrement à la pointe sud-est de l'île, les canons tournés vers le large.
Bien avant les corsaires du XIXème siècle, l'île connut quelques évènements liés à l'Histoire. Au Moyen Âge, un château fort a été édifié face à l'Île Lavrec à l'ouest, puis détruit par les Anglais en 1409. Lors de cette action, ces derniers ont pendu des Bréhatins aux ailes du moulin de Crec'h ar Pot au nord. En 1591, pendant les guerres de Religion, le moulin de Crec'h Tarek situé au sud servit également de gibet.
BREF : aujourd'hui, les deux moulins ont disparu et les touristes ont remplacé les Corsaires.
Autre surnom : l'île aux Fleurs.
Si elle est surnommée l'île aux Fleurs, une d'entre elles symbolise plus que les autres le lieu. Il s'agit de l'agapanthe. De juin à septembre, cette fleur bleu violacé s'épanouie au croisement de tous les chemins bréhatins.
Bon, comme je disais plus haut : pour les fleurs, c'est pas la saison. Mais voici une photo des agapanthe que j'avais vues au printemps 2008.
S'il existe de telles fleurs et une végétation rappelant parfois celle de la Méditerranée, c'est parce que l'île est baignée par un microclimat. L'hiver, la température moyenne est de 6° ; ceci en partie du au Gulf Stream. De plus, il pleut moins sur Bréhat que sur le continent.
Dans le sud, nous aurions pu ainsi croiser en une autre saison figuiers, eucalyptus, mimosas, balisiers des Indes, agaves d'Amérique, palmiers, yuccas, bougainvillés, géraniums-lierres, hibiscus, acanthes et autres jardins clos par de vieux murets en pierre exposant d'énormes massifs d'hortensia colorés.
On rapporte également que si l'île est aussi fleurie, c'est aussi du à la tradition des marins bréhartins qui, rentrant de leurs voyages, rapportaient, il y a quelques siècles, les premières graines de ces nombreuses plantes.
Pas étonnant que l'île ait attiré au début du XXème siècle écrivains et peintres célèbres, tels que Joseph Conrad, Ernest Renan, Edmond de Goncourt, Colette (qui habita un temps l'île de Béniguet), Léonard Foujita, Paul Gauguin, Henri Matisse...
Mais nous sommes en octobre DONC pas de fleurs, mais de beaux paysages tout de même en parcourant à vélo les rues, ruelles et chemins pour arriver, dans un premier temps, à Guerzido.
Une belle petite plage de sable fin blanc s'offre à nos yeux. Elle est bordée de gros rochers arrondis. C'est calme.
Nous nous posons un peu pour profiter du soleil. Derrière nous, les anciennes maisons de corsaires dévoilent leurs hautes tourelles.
Un établissement faisant chambres et appartements d'hôte, La potinière, fait face à la plage. Un peu plus au nord, en contournant l'anse, le centre nautique Les Albatros propose à une autre saison différentes activités aquatiques, comme la plongée, la voile et le tour de l'île en kayak.
Nous reprenons les vélos pour poursuivre notre promenade le long de la côte Est.
Très vite finalement, nous entrons dans le bourg. C'est ici que sont concentrés les différents commerces. Restaurants, bars, presse, souvenirs, église, atelier de peinture, boulanger, office du tourisme,... Par contre, nous avons loupé l'atelier de verrerie de Bréhat qui se trouve au sud-ouest dans la citadelle. Installé dans un fort construit sous Napoléon III sur la falaise, cet atelier de verrerie s'est installé en 1998 et propose la visite de différents ateliers, comme celui des souffleurs de verre, ainsi qu'un petit historique instructif sur cet art.
BREF : nous entrons dans le bourg. Il y a du monde et des terrasses. Et puis l'église aussi. Construite au XIIème siècle, remaniée au XVIIème, elle est soudée à la mairie. En son sein, on peut remarquer la maquette d'une frégate du corsaire l'Amiral Cornic qui repose dans le petit cimetière jouxtant l'église. S'y trouvent également les tombes du peintre Seevagen et le sculpteur Vermare.
Nous faisons une pause apéritive sur l'une des terrasses de bar située sur la grande place ombragée.
Pas loin derrière nous, le terrain de boule bretonne est désert, mais arbore un bien fier panneau.
Espace exclusivement réservé à la boule bretonne, interdit à la pétanque.
Et nous repartons. Toujours le long de la côte. Au hasard. Quelques fois, nous roulons pour arriver dans une impasse. D'autres fois, nous parvenons à récupérer un autre petit chemin. C'est comme ça que nous avons loupé la grève de l'église pour finalement atteindre Pen ar Gardeno.
Cet endroit n'est pas signalé comme étant un site incontournable de l'île. D'ailleurs, nous mêmes, nous n'avons pas compris comment nous avions réussi à parvenir jusqu'ici. Est-ce l'effet du vin blanc et de la bière qui nous fait admirer ce lieu ? Marée mi-basse, mi-haute. Une belle anse de cailloux multiformes tournée plein ouest. Et des couleurs...
Le ciel se confondant avec la mer...
Nous posons les vélos de façon aléatoire, juste parce que nous sentons qu'il se passe quelque chose ici qui n'est pas répertorié sur les cartes officielles. Nous entrons dans l'anse. Nous avançons. Un gros rocher atypique domine le tout. Nous posons les vélos pour aller marcher un peu.
Il est impressionnant ce rocher trônant au milieu de la mini-baie.
Bon, après,
suivant le sens dans lequel tu le regardes...
Mais sinon,
on dirait un visage.
Il me fait penser à... je sais pas... Bruce Lee... Non... Victor Hugo peut être. Les cheveux, le profil. Mais c'est à Guernesey que l'écrivain-poète français avait décidé de s'expatrier suite au coup d’état de Louis Napoléon Bonaparte du 2 décembre 1851. Une île située à 50 kilomètres à vol d'oiseau d'ici. La coiffure fait penser à une de ces sommités du XVIIIème siècle qui portait de ces perruques blanches, longues et frisées ; ou courtes attachées en arrière. Un peu comme les hommes de loi des siècles derniers. Robespierre ? L'autoportait de Maurice Quentin de la Tour datant de 1750. Jean-Jacques Rousseau ? Une autre époque pendant laquelle les perruques étaient à la mode. Aujourd'hui, ce sont plutôt les crânes chauves.
Alors à qui ? À qui pouvait-il nous faire penser ? La nature nous amenait à méditer un instant sur cette présence rocheuse. Nous n'étions pas obligé de nous épancher sur des monuments tout fait. ici, à Gardeno, un message nous était lancé pour penser à quelqu'un qui n'était mentionné sur aucun plan, aucune carte.
Alors, nous nous sommes posés, là, sur la grève, au milieu des rochers rongés par la marée. Au-dessus de nous, des oiseaux perdus passent et repassent. C'est à ce moment précis que nous nous sommes lancés un concours de suppositions. Concours de suppositions sur cette question : qui pourrait être ce gros roc de la plage de Gardeno ? Joue avec nous et toi aussi fais des suppositions aux sons de cet extrait du dernier album de Nu...
Tic tac tic tac tic tac,
qui est-il ?
Non, ce n'est pas moi. Nous n'avons pas du tout le même profil. Il me fait penser à Terry Guilliam... simplement pour parler de lui. Mélanie voit quelque chose d'Alain Souchon. N'importe quoi.
Et puis, une évidence : un tableau de cet artiste italien ayant plusieurs noms comme l'île de Bréhat. Pas de composition à base de fleurs, mais avec des végétaux, des animaux et des objets... Giuseppe Arcimboldo. Comparaison.
Et puis d'autres hypothèses, suppositions, propositions suivant l'humeur du moment, suivant les gens, les artistes dont nous avons envie de parler... pour remarquer finalement que les gens dont nous parlons n'ont plus rien à voir avec le portrait naturel rocheux que nous avons face à nous. Juste une envie d'échanger des connaissances ; et tout ceci aux sons de la mer montante.
Après être revenus sur nos pas, nous arrivons au pont-chaussée, ou pont des Prairies, ou pont Ar Prat, ou pont Vauban puisque le grand architecte de Louis XIV qui l'a construit en 1756 alors que la décision de réunir les deux îles par cet édifice fut prise en 1695. Il sépare l'île sud de l'île Nord.
Nous l'avons déjà dit, mais nous n'avons pas peur de nous répéter : le pont Vauban des Prairies chaussée de Prat permet de passer de l'île nord à l'île sud.
Au sud, nous avons erré dans de minuscules hameaux aux maisons de granit avec de multiples fleurs (ah non, c'set pas la saison, mais nous aurions du voir beaucoup de fleurs) et plantes méditerranéennes, ainsi que des commerces divers et variés.
Au Nord, c'était les Corons, la terre c'était le... Ah pardon, je me trompe !
Au Nord, ce sont landes, bruyères, fougères, pinèdes et rochers qui nous attendent. Plus sauvage, moins peuplée, la partie nord présente un relief plus tourmenté battue par les vents et les tempêtes.
Nous ne passons pas par le sémaphore, ni par le phare du Rosédo. C'est un peu plus au nord du phare du Rosédo, sur la côte, que se trouve un rocher baptisé la chaise de Renan. Ce surnom lui ai du à l'hypothèse qu'Ernest Renan, auteur de "L"histoire des origines du christianisme" s'y serait assis. L'écrivain venait souvent méditer face au large sur un gros rocher.
Nous ne passerons pas non plus par la baie de la Corderie, port principal de Bréhat, bordée de magnifiques villas.
Nous n'irons pas non plus à la chapelle Saint-Michel et ses 39 marches qui permettent d'atteindre une tertre de 26 mètres de hauteur servant de repère aux bateaux et qui permet d'avoir une superbe vue sur l'île du Nord, les îlots et les récifs roses du Kerpont.
Voilà, t'es prévenu !
Et maintenant, tu me dis : "Mais qu'est-ce que vous avez vu alors ? Et où êtes-vous allés ?"
Eh bien, nous avons continué, direction plein Nord. L'objectif est d'atteindre le phare du Paon assez rapidement puisque Mélanie a mal au cul et elle a envie de dormir.
On roule, on roule, on roule. Je prends parfois un peu d'avance pour marquer quelques arrêts photographiques.
Un peu avant le phare du Paon, nous croisons les ruines de l'ancienne chapelle Saint-Riom. Autrefois, ce lieu était habité par les lépreux qui tressaient des cordages pour la marine.
La phare du Paon est en approche. Mélanie décide de se poser, s'allonger dans l'herbe grasse pour improviser une petite sieste.
Je continue seul pour m'approcher du phare. Celui-ci se situe à la pointe extrême de l'île, d'où son nom détourné du mot Penn qui signifie extrémité. Détruit en 1944, il a été rebapti en 1949 en porphyre rouge.
De la plate-forme du phare, je domine la côte déchiquetée avec ces multiples îlots et rochers éparses.
La petite crique voisine appelée le Gouffre a longtemps fait l'objet de superstitions. À marée basse, on venait jeter un caillou sur un rocher rond. S'il restait sur le rocher au lieu de tomber, on faisait un voeu.
La nuit au phare, on peut voir les scintillements d'une douzaine de lanternes alentour qui se répondent, signalant aux marins les abords si dangereux de cette côte.
Mais nous n'allons pas attendre la nuit. Nous reprenons les vélos pour retourner rapidement à Port-Clos afin de pouvoir embarquer sur le bateau de 17 heures.
Chose faite. Traversée effectuée. Nous retrouvons la voiture pour quitter la Pointe de l'Arcouest en repassant par Ploubazlanec, petite ville où l'incontournable Pierre Loti habita quelque temps et y écrira son roman "Pêcheur d'Islande" en 1886. Je dis "l'incontournable Pierre Loti" parce que j'ai remarqué sa présence à Ciboure, à Rochefort, à Papeete, à Nagasaki, à Saint-Pierre-d'Oléron, à Hendaye...
L'idée est d'avancer, d'aller un peu plus loin à l'Ouest. Nous évitons la côte de granite rose où nous étions déjà allés il y a quelques années.
Lézardrieux → Tréguier → Lannion → Plestin-les-Grèves → Lanmeur... PAUSE !
Eh oui : une rue Jack Kerouac. Pourquoi ici ? Et bien tout simplement parce que l'écrivain américain de la Beat Generation avait des origines bretonnes. Ceci fut révélé par la généalogiste Patricia Dagier et le journaliste Hervé Quéméner dans leurs livres "Jack Kerouac au bout de la route" et "Jack Kerouac, le breton d'Amérique".
"Un véritable jeu de pistes, faussé par un changement d'identité. À la suite d'une procédure criminelle, et un refus de paternité, M.Le Bihan de Kerouac, qui résidait à Huelgoat (29), s'est expatrié au Canada, modifiant en vol son patronyme en Le Bris de Kerouac. Le noeud de l'histoire ainsi dénoué, elle a réussi à reconstituer le puzzle." LE TÉLÉGRAMME
C’est en quête de ses ancêtres qu’il revient en France en 1965, à Paris, puis en Bretagne qu'il traversa en train avant de s'arrêter rue du Siam à Brest.
"J’essayais de découvrir quelque chose sur mon ancienne famille, j’étais le premier Le Bris de Kervoac à remettre les pieds en France, au bout de deux cent dix ans, pour essayer d’y voir clair et j’avais prévu de me rendre en Bretagne puis ensuite en Cornouaille anglaise." JACK KEROUAC, Satori à Paris.
Nous poursuivons notre route. Ce soir, nous avons décidé de nous arrêter à Carantec. Depuis Orthez, Maître Arnaud nous a trouvé un hôtel apparemment très bien.
Lanmeur → Morlaix → Locquénolé → Carantec.
Très étonnant, après le limpide ciel bleu de l'ïle de Bréhat, nous voici à présent et soudainement dans un brouillard épais. Aucun paysage en vue ! Mais nous trouvons tout de même l'hôtel dans une ambiance londonienne aux heures d'un Jack l'étrangleur.
Fin de journée.