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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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23 juin 2019

Penas d'Itsusi (Espagne-64)

Pas facile de se lancer dans la montagne en ce moment avec cette météo changeante. Ça pleut, fait beau, y'a du vent, trop chaud, tornade, du vent, la grêle, il neige... En juin bordel, il neige !!! Mais où va le monde, hein ?! Mais j'te l'demande ?! Hein ? Alors ?
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Avec cette météo changeante et instable, plusieurs possibilités s'offrent à toi.
1) Tu décides de ne rien faire et de regarder en replay tous les matches de la coupe du monde de foot féminin.
2) Tu exploites à fond les multiples possibilités des applications de ton smartphone.
Par exemple, moi, j'ai passé un bon moment sur Instagram avec une seule photo. Et voilà le résultat.

Photo 1, original flou
(ouais parce que je me la pète en donnant des noms vachement chiadés
aux trucs que je fais sans faire exprès, mais qui ressemblent à de l'art après)
Photo flou 1, insta

Dégression de la multiplication tout ça x9
(ouais bon là, j'étais moins inspiré au niveau du titre
mais le résultat est là)
Photo flou 2, insta
      Photo flou 3, instaPhoto flou 4, insta       Photo flou 5, insta

Et l'oeuvre ultime :
Dégradation de photo flou en 9 x4 x9 x9 x9.
(ouais, c'est bien de foutre des chiffres et que l'on ne comprenne pas tout)

Photo flou 6, insta

Eh ouais. Et voilà. Qu'est-ce que tu veux que j'te dise ?! On dirait une nappe vichy un peu c'te photo multipliée par 9 x4 x9 x9 x9. Mais d'où ça vient d'ailleurs la nappe dite Vichy ?

NAPPE VICHY, POURQUOI ?
nappe vichy"Le vichy est un motif de tissu toilé en coton à carreaux tissés. Il s'agit d'un tissé teint car les fils sont déjà teints avant le tissage. Les dimensions des carreaux varient, mais sont fréquemment de 8 à 15 mm.
Le motif est très ancien et se retrouve dans de nombreux pays européens, notamment en Bavière, en Belgique, aux Pays-Bas en Italie du Nord, au Royaume-Uni en Suède, mais également en dehors de l'Europe. L'origine du motif du tissu n'a pu être établie avec précision." WIKIPEDIA

 

 


Ah d'accord. Eh ben, on se foule pas trop, là.
Mais pourquoi ça s'appelle Vichy, et pas Vesoul, ou Vierzon, ou Arnac-la-Poste, ou Saligos ?
                                   saligos

Eh bien tout simplement parce que c'est bel et bien à Vichy, ville connue pour ses pastilles et son régime, qu'un énorme atelier de confection de tissus fut remarqué par Napoléon III en 1863. C'est à cette période, après sa visite que le nom de "tissu de Vichy" apparaît. Mais les motifs sont alors des rayures sur robe de couleurs lilas et blanc ou rose et jonquille. Donc rien à voir avec le motif carreau connu aujourd'hui et célèbre dans le monde entier depuis que Brigitte Bardot ait décidé, dans les années 1950, d'apparaitre habillée d'une robe en vichy rose pour une couverture du magazine Elle. En clair, et pour en finir avec cette historique qui ne mène nulle part, personne ne sait quand est apparu le motif à carreaux rouges et blancs appelé Vichy. Merci.

MAIS DE QUOI ON PARLAIT
AU DÉPART ?


Ah oui, que faire quand on ne sait pas quel temps il va faire ?
C'est uen bonen question qui, peut être, sera posée au bac de philosophie 2019... Non, en fait, j'ai eu accès au sujet et je peux te les donner de suite, en avant-première. Les voici.

SUJETS DE PHILOSOPHIE, BACCALAURÉAT 2019
1) José Priva a déclaré "Vive l'accordéon". Et vous ?
2) La liberté est-ce de pouvoir faire du patin à glace avec un pitt-bull ?
3) Quand le verre est à moitié vide, es-tu à moitié plein ?
4) Commenter cette phrase de Primo Levi dans "Si c'est un homme" : "Quoi ? Y'a plus de frites ? Bon, ben la prochaine fois, je viendrai plus tôt."
Vous avez 4 heures.

MAIS DE QUOI ON PARLAIT
AU DÉPART ?


Ah oui, que faire quand on ne sait pas quel temps il va faire ?
On reprend.
1) Tu regardes en replay tous les matches de la coupe du monde de foot féminin.
2) Tu exploites à fond les multiples possibilités des applications de ton smartphone.
3) Tu fais du ménage chez toi. Ouais, mais c'est chiant, donc non.
4) Écouter en boucle "Rendez-vous sous la pluie", la chanson de Jean Sablon accompagné par le redoutable Django Reinhardt.

5) Tu décides quand même de partir en randonnée parce que toute la semaine tu es enfermé.

Et voilà : optons pour la dernière proposition. Qu'on en finisse avec cette introduction !
Maaaaaaaiiiissss attention, avec cette météo changeante et instable, il est très important de ne pas se lancer n'importe où.
Ici, par exemple, j'habite dans le pays basque DONC je vais rester dans le pays basque et ne pas me lancer dans les hautes montagnes pyrénéennes à la recherche d'un lac oublié ou d'un cromlech d'altitude... ou l'inverse.

Et c'est ainsi que j'ai décidé de dissoudre l'assemblée. Hein ? Non, qu'est-ce que je raconte ?!
Et c'est ainsi que j'ai décidé de me lancer pour une bonne vieille randonnée de 16,26 kilomètres pour plus de six heures de marche... Ben oui... Quand même...

On va pas non plus faire le tour du rond-point de Mouguerre
et rentrer.
Mouguerre, rond-point (64)
Surtout qu'apparemment,
il y a un petit problème de montage de panneaux.

Non : je vais rester dans le Pays Basque, certes, mais ne pas dépasser les 1000 mètres d'altitude.
Le choix s'est porté donc non pas sur l'Iparla puisque je l'ai déjà faite il y a un mois et que le sommet culmine à plus de 1000 mètres (1044 m très précisément)... Il ne s'est pas porté non plus sur la Rhune et ses 905 mètres d'altitude ; bien que l'envie de courir dans les fougères était tentante. Pas de Tourmalet en vue non plus puisque ce col mythique se trouve dans les Hautes-Pyrénées et non dans le Pays Basque ; et qu'apparemment ces habitants du moment ont du mal à se fixer à un endroit précis avec cette météo désorientée.

 

Alors où aller ? Que faire ? Comment, quoi, pourquoi ? Oh que tout ça est long !!!!
Eh bien, c'est encore en direction du village de Bidarray que je me suis dirigé. Mais cette fois-ci, point de départ depuis le centre du village, mais plus haut, bien plus haut, au niveau de la ferme Arouchia.

A) Bidarray, départ, ferme Arouchia (64)

Eh ouais, eh voilà !
Et là, tu me dis : "Quoi ? Tu vas passer ta journée à acheter du fromage dans cette belle demeure typiquement basque ?"
Et là, je te réponds : "Premièrement une, non, car cette ferme élève des chevaux et qu'il est très difficile de faire du fromage à partir de lait de cheval. Et que, deuxièmement deux, c'est une ferme privée et fermée."
En clair, la ferme Arouchia, c'est la fin d'une route sans nom sur laquelle tu t'es aventuré en connaissance de cause. Si tu es là, tu sais très bien pourquoi, et ne fais pas semblant.
Il faut à présent garer la voiture sur le bas-côté sans déranger la circulation qui est plutôt inexistante par ici. Et puis, et puis... et puis. Il faut maintenant trouver le sentier de randonnée du jour. Il se trouve ici, juste un peu plus bas que la ferme Arouchia.

A) Bidarray, départ, ferme Arouchia

Mine de rien, cette petite ouverture d'apparence anodine et quelconque va nous permettre de rejoindre le mythique GR10. Oui, tu as bien lu : LE GR10 ! Celui-là même qui traverse les Pyrénées d'Est en Ouest (ou l'inverse suivant d'où on part, bien sûr), repérable à ses deux rayures blanche et rouge.

Ceci étant dit, il est grand temps maintenant de faire le point sur la randonnée du jour.
Où allons-nous ? Que faisons-nous ? Qu'allons-nous voir ? Combien de temps de marche ? Quel dénivelé ? Et pourquoi ?

Eh bien, aujourd'hui : nous partons de la ferme Arouchia pour rejoindre la GR10 qui nous conduira jusqu'au sommet d'une de ces montagnes mythiques du pays basque : Artzamendi, dont le nom signifie en basque "montagne de l'ours" (hartza mendi). Sommet que nous prendrons soin d'éviter pour nous diriger vers un autre lieu mythique du pays basque et un peu plus méconnu : Les penas d'Itxusi ou Penas d'Itsusi. Et puis, après les Penas, ce sera une petite errance le long des crêtes avant de redescendre dans la vallée du Bastan pour tenter de trouver le village abandonné d'Aritzacun.
Vaste et beau programme qui, d'après Visiorando, devrait nous promener pendant plus de 6h30 sur une distance de 16,26km avec un dénivelé de 730 mètres dans des lieux reculés et magiques du pays basque.

Tout de suite,
un coup d'oeil sur la carte-rando.
Carte 1

Alors, le chemin à suivre est en vert. On peut tenter de chercher une forme, ou une apparition pour donner une signification inconsciente à cette randonnée, mais nous n'avons plus le temps DONC c'est parti.

Cela fait quelques années que j'entends parler ici et là  -surtout là d'ailleurs-  du village abandonné d'Aritzacun.Et quand on parle de "village abandonné", les gens pensent de suite à "Village people". Si, si, si. Ben oui... Alors, bon, qu'est-ce qu'on fait ? Très vite, on parle d'autre chose ou on cherche à savoir qui était vraiment Village People. Eh bien, optons pour la seconde proposition.

Village People est un groupe de musique disco américain, certes, mais produit par deux Français. Connu pour quelques grands tubes tels que "In the navy", "Macho Man" et "YMCA", le groupe a également parodié avec humour les stéréotypes homosexuels de l'époque. Voyons ce qu'en dit "Nostalgie" :
"Il était une fois... un quartier animé new-yorkais, celui de Greenwich Village, qui abritait un danseur de rue, pour le moins "gai", habillé en indien. Son nom, Felipe Rose Intéressé par le spectacle pour le moins original et zélé, Jacques Morali, soucieux d'attirer la communauté gay, décide alors de réunir tous les clichés américains. C'est chose faite en 1977, le producteur français réunit autour de Felipe Rose notre "Bison futé" du début, Victor Willis, le policier (qui sera remplacé à partir de 1980 par Ray Simpson), qui lui-même ramène Alex Briley, le GI.
Pour "égayer" l'histoire, Jacques Morali, associé à Henri Belolo, organise des auditions pour compléter la formation qui s'enrichit finalement de David "scar" Hodo, l'ouvrier en bâtiment, Randy Jones, le cow boy, et Glenn Hughes, le motard (Eric Anzalone prendra sa suite en 1995). Enfin Phil Hurtt et Peter Whitehead prennent, eux, en charge les compositions ainsi que les costumes... (...)" NOSTALGIE

Mais revenons plutôt à ce village abandonné qu'est "Aritzacun". Ou plutôt non. Commençons cette randonnée vers les Penas d'Itsusi et nous parlerons d'Aritzacun lorsque nous y serons.

Alors, bon : j'emprunte le petit sentier discret. De suite, ça monte sec le long d'un muret. Très vite, on prend de l'altitude avec une belle vue sur l’Irubelakaskoa, reconnaissable à son pic bien vert en cette saison.

A) Bidarray, départ, ferme Arouchia, vue sur les penas (64)             A) Bidarray, départ, ferme Arouchia, vue sur la ferme (64)

Et puis,
la vallée du Bastan se dessine pour devenir vallée d'Aritzacun.
A) Bidarray, vue sur la vallée (64)

Très vite aussi  -c'est à dire 30 minutes environ après le départ de la ferme Arouchia- j'arrive à hauteur de l'entrée de la grotte du Saint-qui-sue ; la grotte d'Harpékosaïndoa en basque.
Nous sommes à 351 mètres d'altitude et on respire encore très bien. Pour un peu, je serai passé devant la grotte sans m'arrêter car aucun panneau ne confirme sa présence. Elle semble laissée un peu à l'abandon.

B) Grotte du Saint-qui-sue, entrée (64)

J'emprunte le petit escalier sommaire pour atteindre l'entrée de la grotte.

B) Grotte du Saint-qui-sue, entrée          B) Grotte du Saint-qui-sue, entrée

Pas un bruit. Lieu mythique et secret. Réservé. J'avance dans l'obscurité pour aller au plus près de ce "saint basque" dont voici l'histoire.
"La légende nous parle d'une jeune fille disparue. Un jour, une vive rafale a pénétré dans la grotte au pied du mont Zelaiburu, où elle a réapparu pétrifiée sous la forme d'une longue stalagmite avec le torse d'une femme."

Une bergère se perdit dans la montagne.

On ne retrouva que sa tête.

Pendant plusieurs années, on entendait des voix dans la nuit.

Attends! Attends! Criait quelqu'un dans la montagne.

Une fois, à minuit, on vit entrer une lumière dans cette grotte...

Certains en virent même douze...

Les habitants alentour se rendirent à la grotte et trouvèrent la statue de la "Sainte"...

Depuis ce jour, on n'entendit plus aucune voix...


Bon, jusque là, ça va je comprends, pourquoi pas, une femme disparaît, puis réapparaît sous la forme d'une pierre. OK, pas de problème. C'est après que j'ai un peu de mal à suivre les propos du site Mendikat.fr.
"D'une manière ou d'une autre, la stalagmite a été convertie au père Noël, mais il ne s'agit pas d'une vierge, mais d'un type de divinité, probablement après la christianisation. Des croix de bâton, des médaillons, des perles de chapelet et des chapelets entiers, des croix et des images, remplissent la tanière du père Noël. L'eau qui exhale la stalagmite lui confère des propriétés curatives." MENDIKAT.FR

Cela doit provenir de mon traducteur. Si on se réfère au site Pays Basque 1900, c'est plus clair.
"Certains ethnologues estiment que ce personnage aux dons surnaturels n'est autre que Mari, divinité du Pays basque de sexe féminin, vivant dans les cavernes et honorée par les pasteurs du néolithique." PAYS BASQUE 1900

Quelques centimètres de marche plus loin, j'attends que mes yeux s'habituent à l'obscurité. Et puis, soudain, il apparaît...

B) Grotte du Saint-qui-sue, le saint au fond (64)

B) Grotte du Saint-qui-sue, le saint          B) Grotte du Saint-qui-sue, le saint (64)

Saint qui sue, peut être, mais qui n'a pas d'odeur.
Le Saint-qui-sue est donc bel et bien une stalagmite ; ce qui en fait un lieu de culte animiste (qui attribue une âme aux phénomènes et objets naturels). Selon la tradition, la grotte avait le pouvoir de guérir les maladies de peau. Le saint-qui-sue mesure 1,10 mètre de haut.

Je sors de la grotte pour rejoindre le GR10 qui continue son ascension dans la montagne, le long de cette belle falaise de Zelaiburu. Quelques marques d'écobuage sont encore présent le long du sentier, couleur ocre, traversant tout de même une végétation bien verte.

C) GR10, évolution A, couleurs (64)

C) GR10, évolution A (64)            C) GR10, évolution A, écobuage (64)

C) GR10, évolution A, arbre qui sue (64)           C) GR10, évolution A, rochers (64)

C) GR10, évolution A, vert (64)

C) GR10, évolution B (64)          C) GR10, évolution B

C) GR10, évolution C (64)          C) GR10, évolution C

 

Et maintenant, un petit jeu !
Sauras-tu retrouver où se cache une petite chèvre blanche
sur les flancs Est des Penas d'Itxusi...
C) GR10, où est la chèvre 1 (64)

C) GR10, où est la chèvre 2 (64)           C) GR10, où est la chèvre 3 (64)

GAGNÉ !
C) GR10, où est la chèvre 4 (64)

Quelques minutes plus tard  -soit environ 1h22 après le départ de la ferme d'Arouchia, j'arrive sur les hauteurs de Zelhaiburu, composé par un vaste plateau herbeux, intermédiaire entre la vallée de Bastan et le sommet d'Artxamendi.

D) Zelaiburu, Artzamendi et fougères (64)

En errant un peu sur les falaises abruptes de Zelhaiburu, je redécouvre la vallée du Bastan et un vide impressionnant. À l'Est, on distingue les premiers sommets pyrénéens encore enneigés avec la la pointe de La Pierre-Saint-Martin.

D) Zelaiburu, falaise (64)           D) Zelaiburu, falaise et herbe (64)

Juste en face, plein sud, ce sont les pentes de l'Iparla.

D) Zelaiburu, falaise, vallée de Bastan et Iparla (64)

Quelques animaux ont élu domicile ici, comme ces chèvres sur une butte ou encore quelques vautours curieux planant au-dessus de ma tête.

D) Zeléaiburu, montagne aux chèvres (64)               D) Zelaiburu, vautour en vol (64)

Je quitte le GR10 sans trop comprendre vers où il se dirige. Moi non plus d'ailleurs, je ne sais pas trop où je vais en me rapprochant des falaises. Je poursuis mon évolution en errant un peu sur le plateau, puis je passe une borne frontière.

E) Penas d'Itxusi, borne frontière (64)

Là, t'es en France. Là, t'es en Espagne. Là, t'es en France. Là, t'es en Espagne... Oui bon, on va pas faire ça pendant deux heures non plus. D'autant plus que derrière moi, mon manège de passage de frontière semble tracasser un animal solitaire qui ne me lâche plus du regard.

E) Penas d'Itxusi, coucou toi (64)

Est-elle seule ? Cherche-t-elle ses confrères ? A-t-elle une âme solitaire ? Est-elle en repérages pour son troupeau quant à trouver le meilleur herbage de la région ? Ooooh que non, toutes ces copines sont juste un peu plus bas, au repos.

E) Penas d'Itxusi, pause troupeau brebis (64)

Pas de doute possible, c'est un signe ! Le signe qu'il est l'heure de boire l'apéro après 1h46 de marche.

E) Penas d'Itxusi, pause troupeau brebis

Je ne sais pas pourquoi, mais je sans déjà que je ne suis pas prêt d'arriver à Aritzacun qui, d'après la carte de Visiorando, se trouve encore à quelques 4h30 de marche... et il est déjà 13h00. Bon... On va pas se speeder non plus, merde. On est en week-end ! Je bois tranquillement ma bière locale, accompagnée de quelques chips pas locales du tout. Puis, quand tout est terminé, comme par magie inconsciente, les brebis se mettent à bouger...

 

Oui, pour elle aussi, il est grand temps de reprendre le chemin des montagnes. Pour un peu, j'ai presque envie de le compter, mais j'ai peur de m'endormir. Une brebis s'est un peu répandue dans le sommeil de la sieste et a mis du temps à rejoindre ses copines, mais elle aussi est partie.

Allez, bon,
où qu'on va ?

Eh bien, on va suivre ce petit sentier  -qui ressemble d'avantage à une sente-  pour suivre les falaises. Je passe à hauteur d'un arbre mort posé à côté des ruines d'une ancienne bergerie, Marticoenea.

F) Penas d'Itxusi, crète de Bagamendi

De là, on a une magnifique vue sur Zelhaiburu avec derrière elle le Baigura, le Laina et Halzamendi.

E) Penas d'Itxusi, vue sur Zelaiburu et crète de Zarkambidé (64)

Avec, au pied de la falaise, le GR10 par lequel je suis monté.
E) Penas d'Itxusi, vue sur Zelaiburu

Je poursuis mon chemin en direction du sud-ouest avec, de temps à autre, un vautour passant au-dessus de ma tête pour voir si, peut être, je suis encore en vie.

F) Penas d'Itxusi, crète de Bagamendi, arbre (64)         F) Penas d'Itxusi, crète et chemin pour Iparla (64)

E) Penas d'Itxusi, vautour en vol (64)

F) Penas d'Itxusi, pointe (64)         F) Penas d'Itxusi, succession de crètes (64)

F) Penas d'Itxusi, vautour en vol

F) Penas d'Itxusi, vertige (64)          F) Penas d'Itxusi, ruisseau et fougères (64)

Je retrouve un petit sentier d'ocre qui, cette fois-ci, descend vers un vallon dominé par une sorte de pic chaotique.

G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, ensemble (64)

Quelque chose m'intrigue, mais je ne parviens pas de suite à savoir quoi. Il y a quelque chose ici, sur cet amas rocheux comme en suspension dans le vide, au dessus de la vallée d'Aritzacun.
Je descends. Je me rapproche. Il y a de plus en plus de vautours planant dans le ciel au-dessus de ma tête et du vide de la vallée. Je me pose. Je regarde.

G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, profil

 
ILS SONT LÀÀÀÀÀÀ !!!!
G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, profil

Hein ? Mais si, enfin !
REGARDE !!!!
G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, vautours au loin (64)

Tu les vois ? Non ?
Mais enfin : LÀÀÀÀÀÀ !!!!!
G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, vautours, profil (64)

 

Ils sont peinards, tranquilles, sur leur petite plateforme dominant la vallée d'Aritzacun, attendant peut être le cadavre, la chute d'une brebis ou d'une chèvre quelque part dans les montagnes... Il y a plusieurs espèces de vautour. 28 très précisément. Allez, on y va, on n'a pas peur, on va prendre le temps de les citer toutes. Si, si, si. Alors, nous avons le Vautour fauve, le Vautour moine, le Vautour percnoptère, le Vautour de Rüppel, le Vautour à tête blanche, le Vautour palmiste, le Vautour oricou, le Vautour africain, le Vautour charognard, le Vautour chassefiente, le Vautour de l'Himalaya, le Vautour chaugoun, le Vautour royal, le Vautour à bec grèle, le Vautour indien, le Sarcoramphe roi, l'Urubu à tête rouge, l'Urubu à tête jaune, l'Urubu noir et enfin le Grand Urubu. Voilà, pour retrouver toutes ces espèces, rendez-vous sur le site VAUTOURS.INFO.
J'espère que tu as bien retenu tous les noms parce qu'il y aura interro après.
Bon, tout ça, c'(est bien gentil, mais ici, dans le pays basque, sur cette plateforme naturel rocheuse des Penas d'Itsusi, quel vautour évolue ?
Eh bien, le gagnant est.... Le vautour fourbe. Ouaaaais. C'est vrai : on ne l'a pas cité dans la liste plus haut. Le vautour fourbe est en fait une espèce à part car il fait comme si il n'était pas un vautour afin de mieux se mêler aux différents troupeaux de brebis et de chèvres de la région. Il arrive peinard, "Salut ça va ? Je suis comme vous même si on ne se ressemble pas vraiment." Il s'adapte à la vie du troupeau et quand ce dernier prend confiance en lui, le vautour fourbe dit aux animaux qui compose le troupeau : "Tiens, ça vous dirait pas d'aller faire un tour au bord des falaises histoire de voir si l'herbe est plus grasse." Et le troupeau, alors en pleine confiance, dit "Pourquoi pas, tu es si gentil, bien que tu ne sois pas comme nous." Et ce qui devait arriver arriva, c'est à dire que le vautour fourbe profite d'un moment d'inattention du troupeau pour pousser quelques éléments dans le vide. Ensuite, il n'a plus qu'à avouer sa vraie personnalité aux membres encore en vie : "Je vous ai bien eu, je ne suis pas une brebis, je suis un vautour fourbe." Et il s'envole pour aller bouffer les carcasses des cadavres tombés plus bas. Voilà. Hein ? Comment ?
Ah, on me signale que j'ai mal compris le nom de l'espèce de vautour qui plane dans le ciel basque. C'est quoi alors ? Un vautour fauve ? Fauve, pas fourbe. OK. Bon, le mieux, c'est d'aller lire ce que le site Les vautours dit du vautour fauve, bien connu aussi sous le nom de Gyps Fulvus.

G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, vautours

"C’est l’un des plus grands rapaces de France, son envergure varie de 2,35 m à 2,65 m pour un poids de 7 à 11 kg. Il est caractérisé par ses couleurs brune et crème, sa tête fine au front plat et son long cou, garni d’un duvet blanc et ras, qui émerge d’une collerette de plumes blanches duveteuses.
Au vol, le vautour fauve se reconnaît à sa très grande taille, à ses ailes longues, larges, arrondies à l’arrière, aux extrémités digitées et relevées vers le haut. Sa queue est très courte.
Le vautour fauve niche en colonies, dans des falaises abruptes ou de grands rochers escarpés. Dans les Grands Causses, les nids sont le plus souvent situés dans des gorges.
Ce rapace se reproduit pour la première fois à l’âge de 4 ou 5 ans.
Les couples sont souvent unis pour la vie. Les vols nuptiaux sont effectués à proximité des sites de reproduction et des dortoirs.
Le couple vole de façon synchrone le long des parois rocheuses, l’un des partenaires légèrement au-dessus de l’autre. Les accouplements ont lieu sur le nid ou à proximité de celui-ci, dès le mois de décembre.Le vautour fauve niche très tôt : l’unique œuf est pondu entre la fin décembre et la mi-mars. Le nid est construit d’un amas sommaire de branches, deux à trois semaines avant la ponte. Les deux adultes participent à la construction de celui-ci, à l’incubation et à l’élevage du jeune. L’incubation dure environ 54 jours. Le poussin, qui pèse 170 à 210 g à sa naissance est nourri par régurgitation.
Le séjour du jeune au nid est d'environ 120 jours. Après l’envol, il reste encore plusieurs semaines avec ses parents dont il est dépendant pour l’alimentation." LES VAUTOURS

G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, vautours

On a appris des trucs certes, mais il manque des choses.
Pourquoi le vautour nous fascine ? Pourquoi est-il si craint ? Depuis quand existe-t-il ?
"La collerette change d’aspect au fil des ans. Elle s’étoffe, s’épaissit et s’éclaircit. Elle sera blanche et touffue chez les plus âgés. Sa queue est courte et bien arrondie
On peut observer deux taches rosâtres à la base de la collerette disposées de chaque côté. Ces zones de peaux dénudées apparaissent quand le vautour est dans un état d’excitation extrême. C’est un signal destiné à ces congénères lors des parades nuptiales ou lors des violentes disputes autour d’un cadavre."  VAUTOURS.INFO

Ah : "cadavre", le mot est lancé.
"C’est un charognard. Il est spécialisé dans les chairs molles (viscères, muscles). Son cou dénudé lui permet d’aller très profondément dans le cadavre pour trouver à manger.
Il préfère les mammifères de taille moyenne à grande comme les ovidés, bovidés ou caprins. Il est capable d’avaler un kilogramme de viande en un seul repas. Ce réflexe de manger plus qu’il ne peut et de le stocker dans son jabot lui permet de s’alimenter s’il ne trouve pas de cadavre dans les semaines qui suivent sa dernière curée.
Les batailles autour d’un cadavre lors des curées sont régulières pour les vautours. Il n’y a aucune hiérarchie comme chez d’autres animaux. C’est le plus affamé qui l’emporte." VAUTOURS.INFO

G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, vautours, promontoir (64)

G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, face, moyen (64)            G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, vautours, proches (64)

Alors, tout ça est très sympa, mais depuis quand existe le vautour ? Ne s'attaque-t-il qu'aux cadavres ? Euh, avançons.
"Les vautours dits « de l'ancien monde » étaient présents aussi bien dans l'ancien monde qu'aux Amériques pendant la préhistoire. L'origine des Gypaetinae, famille qui regroupe les genres actuels Neophron, Gypaetus et Gypohierax, peut être remontée jusqu'au miocène supérieur de Chine, où a été découvert le fossile de Mioneophron longirostris. (...)
Les vautours se nourrissent exclusivement de carcasses d'animaux morts. Ils chassent en volant haut dans le ciel pour repérer les animaux morts ou proches de la mort. Une grosse proie telle qu'une vache ou un dromadaire est souvent partagée par plusieurs oiseaux.
Ces habitudes alimentaires amènent les vautours à participer activement à l'élimination naturelle et rapide des cadavres de gros animaux, aussi bien des animaux sauvages dans les régions peu habitées par l'homme que des animaux d'élevage, tels que des moutons ou des vaches.
Le rôle écologique de ces grands rapaces est très important. En nettoyant les carcasses, ils peuvent éviter la transmission d'une maladie épidémique, ou même, près des villages empêcher la puanteur des corps en putréfaction, ou consommer les ordures ménagères." WIKIPEDIA

 G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, vautours           G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, vautours, profil droit (64)

G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, vautours

ET MAINTENANT, si nous parlions un peu Antiquité . Si, si, si.
"Le vautour était l'objet d'un culte dans la Mythologie égyptienne : Mout qui symbolise les valeurs maternelles, et surtout Nekhbet représentant la Haute-Égypte.
Dans l'astrologie aztèque, le Vautour est le seizième signe du zodiaque. Il était réputé être de bonne fortune.
Au cours de l'histoire, plusieurs traditions ont confiée leurs morts aux vautours, lors de rites funéraires. Dès le néolithique, en Anatolie, les représentations psychopompe de vautours ont été découvertes sur le site de Jerf-el-Ahmar. Les représentation de vautours ne sont cependant pas toujours attachées à un rite funéraire, cela ne semble pas avoir été le cas à çatal Hoyuk. Les Celtibères, présents en Espagne et en Provence (France), auraient eux aussi confié leurs morts aux vautours, selon Silius Italicus (Punica, III, v. 340-343, 2ème moitié du 1er siècle après J.C.). Ils jouaient aussi un rôle dans le zoroastrisme, en Iran et en Inde, lors des Dakhma, rites funéraires ou dans certaines tribus amérindiennes.
Ainsi, aujourd'hui encore, dans le parsisme, on confie les défunts aux vautours plutôt que de les enterrer ou de les brûler (la terre et le feu étant des éléments sacrés). Dans le film "Kundun", des funérailles célestes sont filmés, dans les contreforts de l'Himalaya." WIKIPEDIA

G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, vautours

G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, pause (64)        G) Penas d'Itxusi, falaise des vautours, vautours en vol (64)

J'ai un peu de mal à décrocher mon regard de la plateforme sur laquelle les vautours vont et viennent. Ils prennent un peu le soleil, puis, tout à coup, l'un d'eux se lance dans le vide pour se laisser porter par les vents ascendants encadrant les falaises. Ce ballet est silencieux.

Après une bonne heure passée à les regarder, je décide de tourner la tête pour aller voir un peu plus loin si je n'y suis pas.
A l'ouest, je vois un petit enclos dominé par une petite ferme, peut être, juste au-dessus d'autres falaises morcelées.

H) Penas d'Itxusi, vue sur la falaise d'en face (64)           H) Penas d'Itxusi, vue sur la falaise d'en face

A l'ouest, la montagne basque fait éclater ses belles couleurs vertes sur fond de ciel bleu.

H) Penas d'Itxasi, fougères et ciel

H) Penas d'Itxasi, fougères et ciel (64)          H) Penas d'Itxasi, fougères, montagnes et ciel (64)

Des randonneurs au milieu des fougères...
H) Penas d'Itxasi, fougères et randonneurs (64)
...qui se dirigent vers la belle cascade
provoquée par la chute du ruisseau Meatseko.
H) Penas d'Itxusi, fougères, cascade, sentier et Artzamendi (64)

Je décide de m'y rendre.
Après quelques minutes de marche sur le petit sentier ocre traversant les belles fougères d'un vert vif, j'arrive en haut de la cascade.

H) Penas d'Itxusi, cascade (64)          J) Penas d'Itxasi, sentier de retour et fougères

Bien blottie dans son écrin de verdure, un peu isolée du sentier, la petite pré-cascade se jette dans une mini-vasque au bord de laquelle une mini-plage de gravier s'est formée avant qu'elle n'entame sa vertigineuse juste dans la vallée d'Aritzacun.

I) Penas d'Itxusi, cascade Regata de Itsusi et vasque (64)

I) Penas d'Itxusi, cascade Regata de Itsusi et vasque            I) Penas d'Itxusi, cascade Regata de Itsusi et vallée d'Aritzakun(64)

I) Penas d'Itxusi, cascade Regata de Itsusi et vallée d'Aritzakun (64)

Ce petit bruit de ruisseau qui coule. Cette verdure environnante. Cet endroit de calme en pleine nature. Quelques vautours planant au loin. Personne. Je te le dis comme je le pense, mais c'est un peu l'endroit idéal pour se boire un petit verre de rosé ou/une bonne bière.

Jénorme fait une pause rosé, Penas d'Itsasi (64)           Jénorme se boit unebonen bière à la cascade d'Itsasi (64)

Aaaah oui, on est bien là. Il est déjà pas loin de 16h30 et j'ai du mal à décoller de cet endroit. Je pense que je n'irai pas jusqu'à Aritzacun aujourd'hui.
Je fais un point carte-itinéraire pour voir ce qu'il me resterait de chemin à parcourir pour rejoindre le village abandonné.

Carte A

Ah oui d'accord. En fait, j'ai fait à peine un quart de la randonnée prévue. Bon, ben tant pis.
Je vais tranquillement terminer ma petite bière avec modération et faire demi tour pour rentrer.

En attendant de se retrouver pour de nouvelles aventures inachevées, voici un court résumé vidéo de cette randonnée écourtée.

 

 

 

 

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