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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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27 mai 2020

LES GORGES DE KAKUETTA (64)

Allez, on prend un peu l'air avec cette petite virée faite en septembre dernier avec Flavie dans les gorges de Kakuetta.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...


DONC fin août-début septembre, ma nièce Flavie était venue me rendre une petite visite dans le pays basque. Nous sommes allés visiter les classiques de la région, avec les plages d'Anglet, Biarritz, la côte à Guéthary, les falaises de la corniche, les petit-moyen-grand Bayonne, le port de Saint-Jean-de-Luz, quelques ventas de la frontière espagnole ou encore la Villa Arnaga (cf : CAMBO-LES-BAINS : Villa Arnaga). Nous aurions également pu nous rendre à San Sebastian ou escalader la Rhune, mais le temps était compté ; et Flavie, avant de partir, voulait aller marcher un peu dans les Gorges de Kakuetta.
Très bonne idée ! C'est là un des hauts lieux du tourisme basque, un incontournable ; tellement incontournable que je n'y suis jamais allé en onze de présence ici.

C'EST PARTI !

Au départ de Bayonne pour rejoindre l'entrée des gorges de Kakuetta, il y a quelques bornes en bagnole à faire et ça, Flavie ne l'avait pas prévu.
Reprenons l'itinéraire... Ah ouais, ça, j'aime bien faire des itinéraires. D'autant plus que je trouvais plus sympa de passer par la campagne basque que par l'autoroute. Et voici donc deux itinéraires, mais tu peux en concevoir d'avantage hein, faut pas avoir peur !

ITINÉRAIRE LE PLUS SIMPLE :

BAYONNE → A64 → D430 → SALIES-DE-BEARN → SAUVETERRE-DE-BEARN → CHARRE → MAULEON → TARDETS → Les gorges   122km / 1h44

ITINÉRAIRE MOINS SIMPLE
BAYONNE → SAINT-PIERRE-D'IRUBE → D22 → HASPARREN → BONLOC → HELETTE → IRRISSARRY→ D422 → LACARRE → D933 → D918 → SAINT-JUST-IBARRE → MUSCULDY → ORDIARP → D147 → MENDITTE → D918 → TARDETS → Les gorges       114km / 2h12


On traverse ainsi les trois territoires du Pays Basque français
que sont le Labourd, la Basse Navarre et la Soule.
   carte pays basque français
                          Carte : Guide du Pays Basque

Et non, on ne peut pas aller en avion de Bayonne (ou de Biarritz) aux Gorges de Kakuetta afin d'éviter les multiples montées-descentes-virages de l'itinéraire séparant les deux lieux. De toute façon, à cette époque (parce que là, au mois de mai 2020, c'est plutôt calme), il y avait trop d'avions en vol !

Regarde cette carte avec les vols en cours
le 6 mars 2020 !

carte avions
Capture : Flightaware

C'est beau hein ? Ouais ben, ça pollue à mort aussi ! Hein, bon, alors, la planète, faut la sauver tout ça ! Et puis est-ce que tu as besoin de prendre l'avion tout le temps comme ça, pour un oui, pour un non ? Hein ? On n'est pas bien en France ? Hein ? Alors, bon ! Les gorges de Kakuetta ! Hein ? Là, voilà, alors !

Dans un premier temps  -avant de voir la beauté des lieux, on peut se demander quelle est l'origine de ce nom : Kakuetta !

Non, le nom ne vient pas
de l'expression "partir en cacahuète" !
Partir en cachuète

 

C'est étrange d'ailleurs comme expression ça : "Partir en cacahuète" ! D'où cela vient-il ?
Eh bien, nous n'en savons rien ; tout comme pour l'expression "Partir en sucette". On peut chercher un rapport avec la forme de la cacahuète ou de la sucette, mais est-ce bien utile ? Hein ? Non, mais je te pose la question.
Par contre, nous avons une explication pour l'expression "Bourrer le mou".

BOURRER LE MOU
"Il est vrai que quand, dans une situation où il faut montrer beaucoup d'énergie ou d'initiative, on a en face de soi quelqu'un de complètement amorphe, on a envie de "bourrer le mou" de coups pour qu'il daigne se bouger un peu.
Mais ce n'est pas de ce mou-là dont nous allons causer aujourd'hui ; ni du mou dont le chat se régale, d'ailleurs.
Vous connaissez probablement l'expression argotique "bourrer le crâne" qui a exactement le même sens.
Il se trouve que notre expression, qui semble dater de la première guerre mondiale, n'en est qu'une copie, le 'mou' étant un mot d'argot désignant le cerveau (entre autres), chose molle s'il en est.
On trouve aussi la forme "gonfler le mou", tant il est vrai que celui qui cherche à nous bourrer le mou nous pompe l'air.
Et de cette expression, Céline en 1936 a tiré "c'est du mou" pour dire "c'est un mensonge"." EXPRESSIO.FR

Oui, c'est vrai : ça n'a pas grand chose à voir avec "Partir en cacahuète", mais c'est dit. Et d'ailleurs, d'où vient le nom "Kakuetta" puisque c'était notre question originelle ? Eh bien, j'en sais rien. Voilà, merci.


Allez, reprenons !


C'est après plus de deux heures de route sinueuses, montantes et descendantes que nous arrivons à Tardets... Ah ben ouais, avant Kakuetta, il y a Tardets ; et plus précisément Tardets-Sorholus. Saches que le nom des habitants de cette commune sont les Atharraztar. Eh ouais, comme ça. Et si tu te demandes pourquoi il y a autant de différence entre les deux noms, c'est tout simplement parce que Tardets-Sorholus en basque se dit Atharratze-Sorholüze.
On pourrait parler des différents atouts touristiques de Tardets, ancienne bastide construite au XIIIème siècle autour d'une place à arcades rénovée au XVIIIème siècle où, pendant longtemps, le linge basque fut fabriqué dans les manufactures de la commune qui bordaient le fleuve de Tardets, encore aujourd'hui traversée par de nombreux petits cours d'eau ; mais on n'a pas le temps.
Aujourd'hui, mon regard s'est simplement arrêté sur ce tag dans un virage à la sortie du village.

Tardets, sur la route

J'imagine la tête du gars qui a écrit cela ; les mollets dans les orties.

Bon, bref : quelques kilomètres après Tardets  -16 très précisément-  nous arrivons à notre ultime destination : les gorges de Kakuetta.
Si nous avions continué, un peu plus loin, nous serions arrivés à Saint-Engrâce, charmant petit village niché dans la vallée et dominé par sa belle église romane du XIème siècle.

Sainte-Engrace, église romane et cimetière (64)

Sainte-Engrace, vue de la montée du col de la Pierre              Sainte-Engrace, vue de la montée du col de la Pierre

J'y suis passé quelques mois plus tard en revenant de La Pierre-Saint-Martin pour aller à la passerelle d'Holzarté, autre grand lieu touristique du pays basque (cf : Balade en voiture en Haute Soule).

MAIS LÀ, on s'arrête à hauteur de l'entrée des gorges de Kakuetta ! Facile à trouver et à reconnaître, elle est cernée par les parkings ; c'est le seul endroit un peu "large" de la petite Départementale 113, connue également sous le nom de Col du Soudet.
I
l y en a partout des parkings ! À droite, à gauche ! Pas de doute possible, c'est le signe que cet endroit est très prisé des touristes. Les sites internet l'affirment carrément : "Site des plus sauvages et prestigieux d'Europe !".
Nous avons de la chance : aujourd'hui, il n'y pas beaucoup de véhicules sur les différents parkings DONC pas beaucoup de monde ; à moins que les gens ne soient venus à pied.
Une fois la voiture garée, nous descendons une petite route en sens interdit pour rejoindre le bar-restaurant "La cascade". Il faut entrer dans l'établissement pour acheter les billets permettant de se rendre ensuite dans les gorges.
Le billet pour adulte est à 6 euros ; pour les enfants, 4,50 euros. Gratuit pour les enfants de moins de 7 ans. Les chiens sont autorisés à condition d'être tenus en laisse. La baignade est interdite.
De plus, le site est ouvert du 15 mars au 15 novembre, sans interruption, tous les jours, de 8 heures à la tombée de la nuit. Mais il peut fermer en cas de mauvaise météo ou d'épidémie, comme en ce moment.
La promenade se développe sur 2 km ; soit 4 km aller-retour sans aucune difficulté. Certains passages sont glissants, il est donc préférable de ne pas s'y rendre en talons ou en petites chaussures ou en échasses landaises. Pas de temps imparti : le trajet peut se faire en deux heures comme en cinq.  Prendre le temps de s'arrêter, regarder, rêver, sentir la nature, et écouter les petits oiseaux et l'eau ruisselante.
Le petit prospectus à disposition nous rappelle quelques points culturels et géographiques :
"Sur cette terre de collines brisées, il faut suivre les anciens sentiers, loin du confort des pistes pastorales, ceux qui se faufilent parmi les herbes géantes des canyons, ceux qui flirtent avec le vide de ces entailles comme Kakuetta. Les troupeaux descendent des pâturages immenses au-dessus de cette faille profonde et étroite où l'air est frais et humide. ici, on parle le souletin, dialecte basque le plus oriental, le plus étrange. La Haute Soule, en basque "Basabürüa", c'est l'extrémité sauvage. Sainte-Engrâce est un "bout-du-monde", débordant de végétation luxuriante, marqué de falaises vertigineuses et refuge de superbes rapaces".

Allez, les billets sont pris. Nous n'avons plus qu'à nous diriger vers la petite cabane en bois qui sépare le restaurant des gorges pour pénétrer dans ce que l'on appelle ici "la petite Amazonie" ; une Amazonie différente de celle parcourue dans les Landes en empruntant le courant d'Huchet (Le courant d'Huchet en galupe).
Dès les premiers mètres, nous avons une vue panoramique sur un petit lac aux eaux turquoises.

Gorges de Kakuetta, départ, vue sur étang (64)

C'est là que le gave de Saint-Engrâce commence sa course avant de rejoindre le Gave de Larrau pour former le Saison, un peu avant Licq-Athérey.
La couleur de l'eau surprend par sa clarté et sa couleur. Et là, on peut se poser la question : pourquoi les eaux de certains lacs sont-elles bleues ?

couleur des lacs

Faisant face à ce premier panorama, un abris en bois héberge des casques mis à disposition des visiteurs.

Gorges de Kakuetta, départ, vue sur casques (64)

Les gorges étant étroites et parfois basses, ces casques permettent à certains de ne pas se cogner la tête dans les roches basses.

Une fois l'abris passé, la balade peut commencer en prenant le temps de lire les différents panneaux retraçant l'histoire et la géologie du lieu, ainsi que les différentes rencontres que l'on peut faire sur les deux kilomètres de nature dans lesquels nous allons évoluer.

Gorges de Kakuetta, départ, panneau (64)        Gorges de Kakuetta, départ, panneau

Gorges de Kakuetta, départ, panneau

"À quelques kilomètres de la frontière espagnole, la plus occidentale des provinces basques, la Haute Soule, présente un relief accidenté où les cours d'eau ont taillé dans le calcaire des gorges profondes. Non loin du pic d'orhy (2017m), où culmine cette partie pyrénéenne du Pays Basque, les gorges de Kakouetta -Kakueta en basque-  forment un canyon étroit de deux kilomètres de long.
Malgré une altitude relativement faible (entre 1000 et 2000m), les montagnes basques présentent des reliefs surprenants et des dénivellations brutales. Les gorges de Kakueta cisaillent brutalement le massif calcaire. Au-dessus des eaux du torrent, ses flancs abrupts se couvrent d'une végétation dense, parfois appelée Petite Amazonie. Le microclimat presque tropical qui y règne, fait de mousses, lichens et fougères, apporte le sentiment de plonger dans autre monde où la nature a sensiblement gardé la main sur l'homme." ÉDITIONS ATLAS

Il n'y a vraiment plus qu'en France que l'Amazonie existe quand on sait ce qu'il se passe actuellement dans la vraie Amazonie.
Un peu de géologie.

"La partie occidentale des Pyrénées, granitique, est couverte de nombreuses couches calcaires. C'est au secondaire que les terres de la Haute Soule se sont plissées pour former les gouffres, les gorges et les canyons qui forment l'étrange paysage karstique de cette partie du massif.
D'une altitude de 630 mètres et d'un dénivelé de 540 mètres, les Gorges de Kakuetta sont longues de 2 kilomètres avec une profondeur qui peut varier de 30 à 350 mètres suivant les endroits.
Elles ont été explorées la première fois en 1906 par Edouard-Alfred Martel. Elles ont été ouvertes au public en 1957 et réaménagées par la commune de Sainte-Engrâce en 1994."
ÉDITIONS ATLAS


Gorges de Kakuetta, départ, sentier (64)
Nous quittons l'abri à casques pour emprunter un petit sentier en pente
où ceux qui descendent sont prioritaires.

 

 

 

 

 

 

Gorges de Kakuetta, départ, vue sur étang, reflet

Le sentier passe sur une passerelle métallique d'où l'on peut observer une belle vue sur le bar-restaurant La cascade se mirant dans les eaux bleues turquoises du mini lac. Cela lui confère des petits airs fantomatiques, n'est-ce pas...

 

 

 

 

 

 

 

 Nous attaquons à présent un belle petite pente qui nous sépare définitivement des bruits de la route. La nature est là. Encadré par l'homme certes, mais elle est là.
Nous redescendons aussi brutalement que nous étions montés pour rejoindre un sentier transformé en large chemin, longeant le torrent. Sur notre droite, les premières gorges apparaissent...

Gorges de Kakuetta, premières gorges (64)      Gorges de Kakuetta, premières gorges

Gorges de Kakuetta, premières gorges

Gorges de Kakuetta, premières gorges       Gorges de Kakuetta, premières gorges


Et l'eau est d'un clair,
mais d'un clair !!!!
Gorges de Kakuetta, premières gorges, eau claire (64)

Nous quittons le large sentier pour entamer une petite montée vers un tunnel creusé dans la roche. Ce tunnel marque le début des gorges dites du "Grand étroit".

Gorges de Kakuetta, les passerelles, tunnel d'entrée (64)

Nous évoluons à présent sur une longue passerelle accolée à la roche calcaire, au-dessus du torrent.

Gorges de Kakuetta, les passerelles

Gorges de Kakuetta, les passerelles            Gorges de Kakuetta, les passerelles

"(...)Situé dans l’un des plus grands karsts d’Europe ou plus communément dans l’un des plus grands massifs calcaires, les Gorges de Kakuetta sont le résultat de l’eau, résurgente et omniprésente.
À travers les millénaires, celle-ci a creusé son dessin géologique jusqu’au socle primaire formées de roches calcaires beaucoup plus dure et datées de près de 480 millions. A l’époque, alors que les Pyrénées n’existaient pas encore, c’est la mer qui s’y trouvait, une mer aux eaux chaudes et peu profonde.
Il y a 15000 ans, un réchauffement climatique accélère la fonte des glaciers formant ainsi des gorges encaissées.(...)" GUIRIDEN VACANCES

Gorges de Kakuetta, les passerelles       Gorges de Kakuetta, les passerelles       Gorges de Kakuetta, les passerelles

Gorges de Kakuetta, les passerelles          

Ce splendide et périlleux canyon est large seulement de 3 à 10 mètres et profond de plus de 200 mètres. Sur cette partie du parcours, de petits panneaux et figurines ont été placés ici et là pour nous rappeler quels animaux y vivent.

Gorges de Kakuetta, les passerelles, grenouille                Gorges de Kakuetta, les passerelles, salamandre (64)
grenouille                                                                                Salamandre

Un mammifère un peu moins connu hante ce lieu magique. il s'agit du Desman des Pyrénées.

Gorges de Kakuetta, les passerelles, desman 64)

Bon, là, c'est vrai : on ne le voit pas très bien. Mais cela ne nous empêche pas de nous intéresser à ce petit animal, véritable emblème des gorges de Kakuetta. Au départ de la visite, un panneau nous informait...

"Depuis quelques années une véritable dynamique s'est mise en place autour de la préservation de ce petit mammifère. Le Desman des Pyrénées, de même que ses sites de repos et de reproduction, sont protégés à l'échelle française et européenne.(...)"

Alors pourquoi le Desman des Pyrénées apprécie-t-il le Saison, cette rivière que l'on retrouve un peu plus au nord des gorges ?
"Le Saison est un des principaux affluents du Gave d'Oloron. Son réseau hydrographique s'étage de 2000 m à 20 m d'altitude et s'étend donc de la moyenne montagne basco-béarnaise à la plaine sur une longueur atteignant plus de 70 km du col d'Iratzabaleta (Larrau) à sa confluence.
Dans les Pyrénées-Atlantiques, le cours d'eau du Saison, notamment ses affluents amont, abrite encore des Desmans en nombre assez important. Entre 2011 et 2013, dans le cadre du plan national d'action en faveur du Desman, les prospections de fèces couplées à des analyses génétiques ont confirmé la présence de l'espèce sur de nombreuses sections du cours d'eau du Gave de Larrau. Le Desman fait partie des 79 espèces animales répertoriées comme vulnérables." (...)

Bon, OK, mais qui est-il ce Desman des Pyrénées ?
C'est un mammifère qui mesure entre 24 et 27cm dont plus de la moitié pour la queue. Il possède une petite trompe de 1,5cm environ qui lui vaut le surnom de rat à trompette et a des pattes palmées. Son poids varie de 50 à 60 grammes pour les adultes et sa durée de vie est de 2 à 4 ans. Il a été découvert tardivement, vers 1811.
Il ne vit que dans les Pyrénées, dans le nord de l'Espagne et au Portugal et se nourrit exclusivement de larves aquatiques sensibles à la pollution.

Autre particularité de cette longue fissure naturelle, sa végétation luxuriante préservée des fortes chaleurs durant l'été. L'eau jaillit de partout, le long des hautes parois rocheuses sous la forme de petits filets d'eau silencieuse.

Gorges de Kakuetta, sentier de suite, verdure et cascade (64)            Gorges de Kakuetta, sentier de suite, verdure et cascade

Mousses, fougères, saxifrages et scolopendres et arbustes couvrent les parois abruptes
tandis que les feuillus colonisent les hauteurs.

Gorges de Kakuetta, sentier de suite, verdure (64)

Le taux d'humidité avoisine ici les 95%. Comme nous en avons déjà parlé plus haut, cetet humidité provient de l'infiltration des eaux dans le plateau calcaire karstique de La Pierre-Saint-Martin situé plus à l'Est. Toutes les précipitations qui tombent sur ce plateau de 140km2 s'infiltrent directement dans le sol pour rejoindre un réseau complexe de rivières souterraines. 80% d'entre elles ressortent ici même dans les Gorges de Kakuetta.
Cumulées, les eaux superficielles et souterraines peuvent alors provoquer des crues torrentielles emportant tout sur leur passage.
En 1992, avec essentiellement le ruissellement des eaux superficielles, la partie supérieure des gorges a vu le niveau de l'eau remonter de huit mètres sur un kilomètre de long en quelques minutes...

Gorges de Kakuetta, les passerelles, cascade (64)           Gorges de Kakuetta, les passerelles, fin

 

Au bout de la longue passerelle à flanc de roche, nous retrouvons la terre ferme.

Gorges de Kakuetta, les passerelles, fin

Gorges de Kakuetta, les passerelles, fin

 Mais les gorges restent étroites et impressionnantes.
Gorges de Kakuetta, sentier de suite (64)

Le sentier est agréable et il n'y a pas de dénivelé. Nous sommes au fond des gorges. Intéressant de se souvenir qu'ici, divers activités ont eu lieu.
Autrefois, avant leur exploration par Édouard-Alfred Martel en 1906, seuls les contrebandiers et les fermiers utilisaient ce chemin. Les premiers pour leur commerce entre la France et l'Espagne, les autres pour descendre le blé depuis les hautes falaises jusqu'au moulin à eau installé à l'entrée des gorges. Ce dernier a été emporté par les crues de 1937.  Ensuite ces fermiers remontaient par le même chemin les lourds sacs de farine.
Plus tard, pendant la seconde guerre mondiale, ce passage montagneux entre la France et l'Espagne devint vite synonyme de liberté pour de nombreuses personnes souhaitant fuir la zone occupée. Les bergers basques, qui connaissaient parfaitement les escarpements rocheux, se transformaient alors en passeurs, bravant les patrouilles allemandes au péril de leur vie.
"En journée, les clandestins restaient cachés dans les granges environnantes, puis, de nuit, traversaient la frontière jusqu'en Espagne… Et cela, grâce à ces passeurs de l'ombre…
Une famille de Sainte-Engrâce a retrouvé des courriers datés de 1945, adressés à leur grand-père, par des hommes qu'il avait aidé à rejoindre l'Espagne… Dans la lettre de l'un d'eux, on peut lire : "Je suis passé chez vous avec 3 de mes camarades. Nous avons laissé tous nos papiers d'identité dans votre grange à la hauteur du toit, sous la première pierre à côté de l'entrée". Le grand-père leur racontait avoir retrouvé les papiers et avoir revu deux de ces hommes..." SAINT ENGRACE.COM

Après la guerre, les communes avoisinant les gorges ont commencé à voir l’intérêt de celles-ci "tout comme le Chemin de Fer du Midi qui voulut rapidement créer des barrages hydro-électriques dans la région. Le tout premier fut réalisé à Sainte Engrâce et le rehaussement de celui-ci engendra la création du petit lac situé à l'entrée des gorges qui furent très vite aménagées puis ouvertes au public dès 1966." (GUIRIDEN VACANCES)


MAIS REVENONS À NOTRE BALADE !

Nous évoluons à présent sur des pierres. La rivière se faufile entre les rochers et laisse apparaître parfois de belles vasques aux eaux limpides et attirantes.

Gorges de Kakuetta, les vasques (64)

Gorges de Kakuetta, les vasques

 

SOUDAIN...

Au-dessus de nos têtes passe un volatile, qui s'en va se poser sur un point dominant des gorges !

 

Sauras-tu le retrouver
sur la photo ci-dessous ?
Gorges de Kakuetta, les vasques

 

 

 

 

 

 

 

 

ALORS ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Eh bien oui,
il est effectivement ici !
Gorges de Kakuetta, les vasques

 

Rapprochons-nous un peu pour voir de qui il s'agit.

Gorges de Kakuetta, les vasques, vautour

Gorges de Kakuetta, les vasques, vautour

Eh oui, c'est bel et bien un vautour. À l'entrée des gorges, un panneau signale sa présence et, surtout, avertit les randonneurs qu'il ne faut pas l'approcher ni le déranger. Il faut dire qu'il semble avoir le regard bien alerte.

Toujours est-il qu'il a choisi un bien bel endroit pour se poser. Nous sommes ici dans une sorte de lieu transitoire, entre rivière, vasque et végétation luxuriante ; le tout rythmé par une jolie petite cascade naturelle.

Gorges de Kakuetta, les vasques, cascade (64)          Gorges de Kakuetta, les vasques, cascade

Gorges de Kakuetta, sentier de suite, verdure et cascade

L'eau claire lance les reflets du soleil sur les roches aux différentes couleurs.
"C’est la marque de deux chaînes de montagnes l’une sur l’autre. La première, avec ses roches dans les tons de rouges-orangés est la trace d’une ancienne montagne :  la chaîne hercynienne, résultat d’une collision entre deux continents. L'épaisseur supérieur forme les Pyrénées actuelles." GUIRIDEN VACANCES


Et c'est après avoir fait quelques pas de plus que nous arrivons à la grande cascade des Gorges de Kakuetta. Formée par une résurgence des eaux de la Pierre-Saint-Martin, elle est haute de 20 mètres.

Gorges de Kakuetta, la cascade (64)

Ce genre de résurgence sont des réapparitions en surface d'eaux souterraines ou infiltrées. Elles sont typiques des reliefs karstiques. L'eau s'introduit dans la roche en amont, près du col de La Pierre-Saint-Martin, situé 5 kilomètres à l'Est. On nomme "points d'absorption" les innombrables fissures où s'engouffrent les rivières.

Gorges de Kakuetta, la cascade            Gorges de Kakuetta, la cascadeGorges de Kakuetta, la cascade


Il est également possible de passer derrière les eaux chutantes de la cascade.
      Gorges de Kakuetta, la cascade, chute arrivée (64)    Gorges de Kakuetta, la cascade, de dos (64)

Enchaînement de beautés naturelles ohlalalalalala !
Après la petite cascade du vautour  -on va l'appeler comme ça vu qu'il y avait un vautour au-dessus-  et après la résurgence des eaux de La Pierre-Saint-Martin, nous arrivons à la fin de cette belle petite randonnée. Et cette fin est appelée La Grotte aux Lacs.

Gorges de Kakuetta, la grotte aux lacs, entrée


Mais qu'est-ce donc que cela ? Une grotte avec plein de lacs ? Eh ben non ! Pas la queue d'un lac dans cette cavité naturelle, mais plein de stalactites et stalagmites.
La Grotte aux lacs aurait donc très bien pu s'appeler la grotte aux stalactites et aux stalagmites, mais peut être était-ce trop long à faire tenir sur le panneau.
Bon bref : nous empruntons une petite passerelle et un petit sentier étroit afin de pénétrer dans cette grotte bien mystérieuse.

Gorges de Kakuetta, la grotte aux lacs, entrée

Nous avons de la chance : il n'y a pas beaucoup de visiteurs aujourd'hui; je n'ose pas imaginer les difficultés de circulation à cette endroit lors des grandes affluences.
La lumière se fait de lus en plus rare. Nous avançons à tâtons. Puis le regard s'habitue à la faible lumière et des formes étranges apparaissent au-dessus et autour de nous.

Gorges de Kakuetta, la grotte aux lacs, arrivée         Gorges de Kakuetta, la grotte aux lacs, entrée, stalagtites (64)

Gorges de Kakuetta, la grotte aux lacs, entrée, Flavie (64)        Gorges de Kakuetta, la grotte aux lacs, étrange (64)

Cette Grotte aux Lacs a été parcourue la première fois en 1934 par le spéléologue Max Cosyns et son équipe.
Depuis plus de 50 ans, l'exploration des cavités souterraines s'est intensifiée. En 1949, se franchissait le premier siphon... Aujourd'hui, les spéléologues sont arrêtés au 5ème siphon... En 1954, on ne connaissait que cinq kilomètres de galeries... Aujourd'hui, plus de 370 kilomètres sont cartographiés. Toutefois, toutes les cavités n'ont pas encore été découvertes et parcourues.

Gorges de Kakuetta, la grotte aux lacs, entrée, stalagtites      Gorges de Kakuetta, la grotte aux lacs, étrange

Très impressionnant. Le parcours est rapide, mais surprenant.

Gorges de Kakuetta, la grotte aux lacs, arrivée 64)        Gorges de Kakuetta, la grotte aux lacs, vue de dos 64)

Et c'est ici que se termine la mini randonnée des gorges de Kakueta. Là, au fond de cette grotte... bon, en fait, maintenant, il faut faire demi-tour et effectuer le même chemin en sens inverse. Peut être avec un regard et un angle différents...


Il existe une autre façon de découvrir les gorges de Kakuetta en prenant un peu de hauteur et en en faisant le tour. Cette randonnée fait 18 kilomètres par un dénivelé de 1400 mètres, environ 7 heures de marche. Elle débute au Pont d'Enfer en suivant le balisage du GR10, puis en suivant une piste qui amène à longer une crête. Vastes pâturages à flanc de montagne, vue plongeante sur les Gorges de Kakuetta, passage devant le cirque de Zarday et traversée de la rivière du même nom sont au programme.

 

 

 

Commentaires
L
Wouaouh!!!C'est magnifiquement sauvage!!! Espérons que les humains respecterons longtemps ce paysage superbe!!Bisous Fan
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