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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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29 septembre 2020

ALLER DANS LE VEXIN, MAIS EN CHANSONS..., part 2 (91)

Souvenons-nous : dans l'épisode précédent, Jénorme décidait d'aller dans un village du Vexin dont il souhaitait taire le nom. Mais, comme à chaque fois, ce ne fut pas le chemin le plus court entre deux points qui fut décidé. De Nevers à ce village inconnu du Vexin, Jénorme décidait d'emprunter quelques routes de traverse.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Bon, alors, ça va ? Bien ? OK, on y retourne !
Comme je l'ai écrit dans le billet précédent, l'objectif du jour est de rallier Nevers à un village du Vexin (qui est peut être une ville), situé non loin des belles et grandes cheminées de la centrale thermique de Porcheville. Ouuuuaaaaaaahhhh, que des images arrivent alors à nos yeux ébahis !!!!
L'itinéraire (n') est (pas) simple.
Pour aller de Nevers aux environs de Porcheville, il faut :

NEVERS → A77, Autoroute de l'Arbre → A6, Autoroute du Soleil → A86, super périphérique parisien → A13, Autoroute de l'Ouest → PORCHEVILLE  285 km

 

Maaaaaiiisss, comme tu peux le voir, cet itinéraire ne comprend que de l'autoroute, et ça, j'aime pas.
Donc je fais vite fait un autre itinéraire perso.

NEVERS → A77 Autoroute de l'Arbre → LA CHARITE-SUR-LOIRE → COSNE-SUR-LOIRE → BRIARE → MONTARGIS → DORDIVES → A6 → DANNEMOIS → VIDELLES → MONDEVILLE → BAULNE → ITTEVILLE → LARDY → TORFOU → Nationale 20 → BRIIS-SOUS-FORGE... 

Eh oui. Lors du précédent billet, nous avons ainsi vu la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire, la tombe de Claude François et le panneau de la ville de Baulne. Le tout en chansons !

 


MAINTENANT, DE NOS JOURS
Je suis à présent quelque part dans le département de l'Essonne, entre Torfou à l'Est, Etréchy au Sud, Souzy-la-Briche à l'Ouest et Boissy-sous-Saint-Yon au Nord. Tout un programme.
Je roule à présent sur la Nationale 20, également appelée Route de... euh... ben... Ah non, elle est simplement appelée Nationale 20 ; contrairement à la Nationale 7 qui, elle, porte-portait aussi le nom de Route Bleue et Route des Vacances.
L'idée est de passer à hauteur d'Arpajon, puis se rendre non pas à Brice-de-Nice, mais à Briis-sous-Forge.

Seulement voilà : au moment de quitter de la Nationale 20 pour rejoindre cette commune essonnaise, ne voilà-t-il pas que je découvre que la sortie routière est fermée ! Merde, pas de bol ! Je dis "Pas de bol" car, en région parisienne, quand tu loupes une sortie routière ou quand celle-ci est fermée, c’est la merde ! Aucune déviation mise en place, le GPS ne sait plus où donner de la tête car il y a trop de communes au mètre carré et toi, au volant, de ton côté, tu ne comprends plus rien à la carte. Une seule solution : continuer et prendre la prochaine sortie... qui se trouve à trois kilomètres. Ouaip, ok, d'accord.
Seulement, en région parisienne, quand tu sors à une autre sortie, c’est également une autre vie qui t'attend. En clair  -et pour faire bref parce qu'on n'a pas que ça à foutre-  j'ai pris la prochaine sortie et je me suis perdu. Enfin "perdu", disons égaré. Disons que je ne pouvais plus rattraper le super itinéraire que j'avais prévu et qui, après Briis-sous-Forges, devait m'amener à Limours, puis Cernay-la-Ville, Les Essarts-le-Roi, Montfort l'Amaury... EH BEN NON !
Je me retrouve à tourner en rond dans un bled dont j'ignore le nom ! Le GPS de la voiture est allé pisser et ne veut pas non plus me dire où je suis. J'ai d'ailleurs l'impression qu'il ne sait même plus où se trouvent le nord, le sud, l'ouest, l'est !!!
Je roule dans des rues urbaines quelconques. Brétigny-sur-Orges ? Le Plessis-Pâté ? J'en sais rien ! Je voulais éviter les autoroutes pour privilégier la nature, je me retrouve en pleine urbanisation à outrance ! Des feux, des ronds-points même pas décorés ! Je fixe finalement mon regard et un nouvel objectif sur un panneau m'indiquant la direction de Sainte-Geneviève-des-Bois.
J'ai souvenir que cette ville essonnaise... Ah oui, je suis encore et toujours dans l'Essonne... possède un cimetière russe. Ah, ah : pas banal ça !

Bon, pendant que je suis perdu ici, autant y aller voir.


SAINTE-GENEVIÈVE-DES-BOIS
Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe (91)

Alors, bien sûr, en voyant cette photo illustrative de Sainte-Geneviève-des-Bois, tu peux te dire : "Oh non, encore un cimetière ! Mais c'est "Aller dans le Vexin par les cimetières", son truc là ?!"
Ben ouais, un peu, mais bon eh, c'est pas facile non plus. Je te rappelle que je suis perdu. Et moi quand je suis perdu, de suite, j'adopte les bonnes résolutions pour pouvoir survivre. Je suis un peu le Mike Horn  -sauf que je n'irai jamais escaladé un iceberg-  urbain. Je m'explique.
Nichole  -la mère de Bouinou-  me disait souvent : "Si tu as besoin d'eau, vas dans les cimetières. Il y a toujours de l'eau dans les cimetières pour arroser les fleurs et nettoyer les tombes."
Sachant que le corps humain est composé à plus de 60% d'eau, je mets donc toutes mes chances pour survivre en me rendant dans un cimetière.
Oui, de prime abord, cela peut paraitre paradoxal, mais vu que je ne sais pas quand je vais retrouver le chemin du Vexin, je préfère de suite assurer ma santé.
Cette anecdote me rappelle ce dialogue entre deux gars.
GARS 1 : "- Bonjour monsieur. Pourriez-vous me dire où se trouve le cimetière s'il vous plait ?
GARS 2 : "- Ah lalala. C'est très compliqué à vous expliquer et pourtant, je pourrais y aller les yeux fermés."
Eh, t'as compris ? Cimetière, yeux fermés ? Hein ? Hein ? Hein ? Putain, qu'est-ce qu'on s'marre !

Bon, allez, ok, on a bien avancé là. Maintenant, entrons par une des nombreuses entrées dans le plus grand cimetière russe hors de Russie où reposent plus de 15000 Russes et Français d'origine russe dans 5220 tombes sur plus de cinq hectares.
Mais pourquoi y'a -t-il un tel cimetière ici, à Sainte-Geneviève-des-Bois ? Pourquoi pas à Paris ? Ou à Vierzon ? Ou à Baulne ?

"Dorothy Paget et Elena Kirilovna Orlova créent La Maison russe dans les bâtiments du château de la Cossonnerie. La Maison russe est une une maison de retraite pour les plus âgés des émigrés russes qui avaient fui la Russie révolutionnaire et trouvé refuge en France. La princesse Vera Mechtcherskaïa, sœur aînée d'Elena Orlova, les rejoint en tant que directrice de la Maison. En 1927, la première pensionnaire de la Maison russe est inhumée dans ce qu’on appellera désormais le "cimetière russe".
Avec les premiers décès de pensionnaires se pose la question du lieu de leur inhumation. La solution fut évidente, le cimetière communal se trouvait à proximité immédiate de la maison de retraite. Un carré particulier se constitua ainsi dans le plus pur style russe.
Au fil des années, on enterrait au cimetière non seulement les pensionnaires de la maison de retraite mais tous les émigrés russes décédés à Paris ou ailleurs en France. Le cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois devint ainsi la plus grande nécropole russe à l’étranger.
Véritable site de mémoire, environ 15 000 Russes ou Français d’origine russe venus en France à la suite de la révolution bolchevique de 1917 y sont inhumés dans près de 5 000 tombes." OPENEDITION

 

À l'entrée sud du cimetière, il y a deux plans afin de repérer les points d'eau, la position de l'église et les emplacements des tombes des célébrités inhumés ici.

Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, plan

Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, plan (91)

En 2015, on remarquait beaucoup de petits panneaux blancs sur les tombes avec ces deux mots "concession échue", signifiant que la concession allait être détruite. Ce fut le cas pour la tombe de Boris Zaïtsev (un écrivain russe, traducteur d'Anton Tchekhov, mort en 1972). Mais la Russie prolongera la plupart de ces concessions.
Sur quelque 5 220 sépultures recensées, qui s'étendent à perte de vue, un petit millier serait d'intérêt historique : opposants au régime communiste, nobles ayant fui la révolution russe d'octobre 1917, artistes, religieux, militaires et même des descendants des Romanov, l'ancienne famille régnante de Russie.

Après avoir "repéré" quelques noms sur les plans, je pars "déambuler" dans les allées. Il se dégage de ce lieu une grande sérénité. Je ne sais pas si l'on peut dire cela d'un cimetière, mais pourtant, son aménagement à la russe (petits bancs, cadre pastoral, avec des abiétacées, des pins, et des grands bouleaux) rend le lieu très calme, serein.
On distingue plusieurs "architectures" de tombes autour d'agencement différents.
"Les tombes françaises et russes sont généralement situées dans des endroits distincts qui ont chacun leur propre caractère. Du côté français, il y a des tombes massives et austères qui ne se différencient pas considérablement les unes des autres : deux plaques, l’une relativement basse, placée à la verticale, l’autre large, placée à l’horizontale, portant une ou plusieurs plaques commémoratives. Les zones où sont situées les tombes françaises ne contiennent pas d’arbres. Elles donnent l’impression d’une horizontalité proche de la terre, attachée au sol.

Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, tombes (91)                 Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, tombes

Le côté russe est tout autre. Là il y a une architecture beaucoup plus verticale. Les tombes russes s’élèvent vers le ciel avec leurs croix à huit branches et cette verticalité est renforcée par les nombreux arbres qui sont plantées à côté ou parfois sur les tombes mêmes. En plus, le côté russe semble à un véritable jardin : on y trouve des arbres, des pins, des bouleaux et des sapins, des buissons et des fleurs de tout genre.
Dans le cadre de cette flore abondante, les tombes russes présentent une diversité étonnante : des croix orthodoxes en marbre, en pierre ou en bois sculpté avec ou sans toiture, de petites chapelles, des stèles avec des coupoles en forme de bulbe bleues ou dorées, des dalles creuses avec des fleurs ou de simples tertres, des carrés militaires et même des tombes – jardins clôturés par des grilles abritant de petits bancs destinés à la contemplation."
OPENEDITION

Je marche dans la grande, large et longue avenue des Épicéas en passant tour à tour devant quelques sépultures où reposent des célébrités, ou fils de :
  - Alexandre Petrovitch Fabergé (1877–1952), troisième fils du célèbre joaillier du tsar, Pierre-Karl Fabergé à qui l'on doit, entre autre, les célèbres œufs en métaux précieux ou pierres dures décorées. Sur les 54 réalisés, 6 ont été perdus...
   - Constentin Korovine (1861-1939), peintre post-impressionniste et décorateur de théâtre. Après plusieurs voyages en France en 1886, 1892 et 1893, influencé par l'impressionnisme, il rompt avec le style sévère et réaliste des Ambulants. En 1900, il décore le Pavillon russe de l'Exposition universelle de Paris et à cette occasion reçoit une Médaille d'or. Après la Révolution d'Octobre, il se dévoue activement à la conservation des œuvres d'art du patrimoine menacées par les événements et sauve de la destruction des tableaux de peintres emprisonnés, organise des ventes de toiles et des expositions en faveur de prisonniers politiques, tout en continuant à travailler pour le théâtre.
  - Le grand-duc Andreï Vladimirovitch (1879-1956) avec son épouse la princesse Marie Félixovna Romanovsky-Krassinsky (1872-1971), plus connue sous son nom de ballerine, Mathilde Kschessinska, et leur fils Vladimir. En mars 1917, l'hôtel particulier de Mathilde Kschessinska fut réquisitionné par les bolcheviks pour en faire leur QG. Tout l'été, du haut de son balcon, Lénine, leur chef, y harangua ses troupes. À la Révolution russe, Mathilde Kschessinska est contrainte de quitter le pays et s'installe à Paris en 1920 où elle épousera le grand Duc Andreï après avoir eu plusieurs amants parmi les membres de la famille impériale de Russie.
  - Serge Lifar (1905-1986), danseur, chorégraphe et pédagogue ukrainien naturalisé français. Souvent décrit comme un danseur d'une grande beauté physique et doté d'une présence rayonnante, Serge Lifar est considéré comme un réformateur du mouvement et de la technique de la danse, à laquelle il ajouta deux positions de pied. Il fut ainsi l'un des créateurs qui imposèrent le style néo-classique. Toutefois cependant, il ne faut pas oublier que malgré tout son talent, lorsque la France signa l'armistice en 1940, Serge Lifar fit le choix de la collaboration avec les forces de l'occupation et le parti nazi. Il devint l'une des 'vedettes' de la vie culturelle et mondaine parisienne, où officiers allemands et collaborateurs se côtoyaient. Anticommuniste et antisémite, il entra en correspondance avec Joseph Goebbels, fit des tournées en Allemagne et vécut avec l'une des 'comtesses' de la Gestapo, Marie Olinska (de son vrai nom Sonia Irène Blache), espionne de la Gestapo. Inévitablement, à la Libération, il fut sans autre forme de procès licencié de l'Opéra et "rayé à vie des scènes nationales". Afin de se faire oublier, Lifar se fit engager comme directeur des Ballets de Monte-Carlo, mais pas pour longtemps, car dès 1947, il retrouvait son poste de maître des ballets de l'Opéra…

J'arrive alors à l'intersection de l'avenue des Épicéas et de l'allée des Marronniers où se trouve l'un des tombeaux les plus célèbres du cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois : le tombeau de Rudolf Noureïev, danseur classique, chorégraphe et directeur de ballet d'origine tatare, né le 17 mars 1938 à Irkoutsk (Union soviétique) et mort le le 6 janvier1993 à Levallois-Perret (France).

RUDOLF NOUREEV
Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, tombe de Nourrev

Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, tombe de Nourrev (91)           Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, tombe de Nourrev

Alors, je ne sais pas si tu te souviens, mais Rudolf Noureïev, nous en avions déjà parlé ici lorsque nous étions allés visiter le Musée du Centre National du Costume de Scène et de la Scénographie (CNCS, ça ira plus vite) à Moulins, dans l'Allier (cf : Moulins, visite du CNCS).
Si ce tombeau attire les touristes, c'est, certes, par son originalité. Entièrement revêtu de mosaïque, il se présente sous la forme d'un kilim (somptueux tapis qui retombe de chaque côté de la pierre en plis chatoyants) recouvrant les malles de l'errance. Il est l'œuvre d'Ezio Frigerio, décorateur qui a souvent collaboré avec Noureev. De plus, il s'agit d'une des rares tombes non orthodoxes du cimetière russe.
Mais cela ne doit en rien faire oublier la carrière de cet artiste influent du XXème siècle, surnommé "Le seigneur de la danse".
Bon, perso, je n'ai jamais été très fan de danse classique, mais chacun ces goûts.

"Né à bord du Transsibérien, non loin du Lac Baïkal, Rudolf Noureev (1938-1993) a d’abord été initié à la danse folklorique à Oufa (Bachkirie). Il verra son premier ballet à l’âge de sept ans à l’Opéra d’Oufa, mais ne commencera une formation de danseur qu’à l’âge de quinze ans. Deux ans plus tard, il poursuivra ses études au sein de l’École Vaganova de Leningrad avec le maître Alexandre Pouchkine de 1955 à 1958. Il est admis l’année suivante dans le Corps de ballet du Kirov et devient soliste. A l’occasion d’une tournée, Noureev fait sa première apparition sur la scène du Palais Garnier le 15 mai 1961, lors d’une répétition générale de La Belle au bois dormant. Il fera également sensation dans l’Acte des Ombres de La Bayadère trois jours après avoir demandé l’asile politique auprès des douaniers français à l’aéroport du Bourget le 16 mai 1961. La direction du Kirov avait en effet décidé de le renvoyer à Moscou sans le laisser poursuivre la tournée du Ballet à Londres. Paris restera ainsi une ville symbole pour lui. Il prendra la Direction du Ballet de l’Opéra national de Paris de 1983 à 1989 après avoir dansé pour de nombreuses compagnies... (...)" OPÉRA DE PARIS

"Noureev rêve d’ailleurs, aspire à d’autres scènes, d’autres spectateurs... Et alors que s'achève la série de représentations du Kirov à Paris, le jeune homme n'est pas du voyage retour. Conseillé et soutenu par quelques récentes rencontres parisiennes, il demande l’asile politique et échappe à l’emprise du régime soviétique. Si la presse française l’érige aussitôt en symbole de liberté, lui reste avant tout guidé par son ambition, son irrésistible envie de danser.
A Paris, Londres ou New York, Rudolf Noureev fait sensation. Et pourtant il ne possède pas le physique traditionnel d’un danseur de ballet : Rudolf est plus petit, plus tassé que ses homologues. Mais la fulgurance de ses sauts possède des effets magnétiques. Il semble élastique, possédé, interprétant avec la même fougue chacun des rôles qui lui est confié. (...)
Mais le cas Noureev divise autant qu’il fascine. Si ses plus féroces détracteurs reconnaissent sa présence scénique, son insoumission dérange. Noureev se permet mille et une variations dans les chorégraphies, il modifie les costumes, les entrées en scène, fait des caprices ou des colères… Dans cet univers empli de codes et de traditions qu’est la danse classique, ce comportement dérange. Et pourtant le Noureev indomptable nouera quelques alliances, entrera parfois en parfaite symbiose avec d’autres artistes tels que la danseuse britannique Margot Fonteyn, qui sera sa partenaire de scène pendant près de 20 ans.
Sur scène, Noureev s’autorise tout, y compris la sensualité et la douceur d’ordinaire réservées aux interprètes féminines. C’est l’une des caractéristiques de son style, et l’une des principales évolutions qu’il apportera au monde de la danse : encourager les danseurs (masculins) à s’épanouir dans l’expressivité, proposer aux femmes de faire usage de leur force pour, finalement, confondre les genres. (...)" FRANCE MUSIQUE
Rudolf Noureïev meurt du sida le 6 janvier 1993, à 54 ans.

Je remonte l'allée des Marronniers, puis l'allée des Cèdres en passant devant les sépultures de l'écrivain Gaïto Gazdanov, du peintre et poète Serge Charchoune, du dramaturge, poète et auteur-compositeur-interprète Alexandre Galitch, du décorateur et scénographe français André Bakst. Je remonte ensuite l'allée des Châtaigniers pour me poser devant la tombe du cinéaste-réalisateur Andreï Tarkovski (1932-1986), aménagée comme un petit jardin avec un banc en marbre. Elle est également surmontée d'un monument funéraire en marbre du sculpteur Ernst Neizvestny qui évoque le Golgotha et comporte sept étages, symbolisant les sept films de Tarkovski. au-dessus de celui-ci, une croix orthodoxe réalisée à partir des croquis du réalisateur lui-même.


ANDREÏ TARKOVSKI
Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, tombe de Tarkovski (91)

Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, tombe de Tarkovski              Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, tombe de Tarkovski

"Considéré comme un des plus grands réalisateurs soviétiques, il a réalisé sept longs-métrages qui le placent parmi les maîtres du septième art. Son premier film, L'Enfance d'Ivan, est vu comme le signe d'un renouveau du cinéma soviétique. Mais Tarkovski s'éloigne dès le film suivant de toute considération politique pro-soviétique, ce qui le fera se confronter à la censure avec ses quatre films suivants. Il choisit à la fin des années 1970 de quitter l'URSS pour réaliser ses deux derniers films à l'étranger, car les organes soviétiques de cinéma ne lui permettent plus de financer ses films.
Il est récompensé dès son premier long-métrage du Lion d'or à la Mostra de Venise 1962. À leur sortie, ses films sont des succès critiques mais peinent à trouver leur public. Ils rencontrent néanmoins le succès lorsqu'ils sont de nouveau autorisés en URSS lors de la perestroïka mais aussi en France à partir de 1986 avec son grand prix du jury pour Le Sacrifice.
Exigeante et empreinte de mysticisme, son œuvre compte parmi les plus importantes de l'histoire du cinéma." WIKIPEDIA

Le cinéma de Tarkovski est profondément lié à la terre. La première scène de L'Enfance d'Ivan ainsi que la dernière du Sacrifice montrent un enfant au pied d'un arbre. Les films de Tarkovski frappent également par leur caractère concret, de nombreux objets quotidiens imprégnant l'image.
"Empreintes d'une pensée orthodoxe slave et de panthéisme, ses œuvres explorent le basculement de l'Homme vers la folie ou tentent de franchir la frontière ténue séparant l'imaginaire du rationnel, créant une imagerie hypnotique et visionnaire où s'entrelacent tout un réseau de symboles d'origine païenne ou chrétienne et une série de figures poétiques alliant le profane et le sacré. La spiritualité, la présence de la terre et son union prophétique avec les trois autres éléments de la vie (eau, feu et air), la solitude des êtres, leurs rêves, leurs fantasmes, leur imagination et leurs tourments existentiels sont des thèmes chers à Tarkovski." WIKIPEDIA

Bon, maintenant, commençons à nous diriger doucement vers la sortie. Je redescends l'allée des Châtaigniers, puis je tourne à droite pour emprunter l'allée des Sequoïas afin de rejoindre l'avenue des Bouleaux. Après bien avoir regardé à droite et à gauche, je traverse l'avenue des bouleaux. De toute façon, il n'y a pas de voiture, nous sommes dans un cimetière. Mais ce serait dommage de se faire écraser ici quand même. Je passe devant la sépulture du peintre russe symboliste Nicolas Millioti (1874-1962), puis devant la tombe de Constantin NikolaIevitch Davydoff, puis devant celle du sculpteur Antoine Borisovitch Pevsner (1884-1962) qui fut membre fondateur du mouvement artistique Abstraction-Création. Et puis j'arrive à l'emplacement n°23 sur le plan du cimetière... enfin je crois... je cherche... je ne trouve pas... Merde... C'est où cet emplacement n°23 ?... Je tourne, je cherche, je furte. Je n'aime pas trop ça, ça fait touriste. Mais c'est vrai : je suis un touriste dans un cimetière qui cherche la tombe d'une célébrité que je n'ai jamais rencontrée. Attention : je reste silencieux et discret en espérant ne pas croiser quelqu'un venu ici pour se recueillir sur la tombe d'un proche. Je repense à Ami60545, dont voici quelques vidéos...

 

 


Lui aussi, avec sa femme ou sa compagne, s'était rendu sur la tombe de Claude François à Dannemois. Bon, la vidéo n'est pas très intéressante, mais les commentaire faits par les internautes sur la vidéo sont assez nombreux et variés, comme "C'est Serge Lama ?", "Il est né en février comme moi, mais c'est pas le même parcours", "Moi mon père quand il était jeune ressembler bcp a claude françois un peu prêt meme coiffure et blond", "J'ai connu la dame qui a offert la statue elle était grossiste en bonbons !", "Adieu cloud clo", "dans ce", "Lui il avait du fric que Samantha Fox s fini ds la galère", "Pour Elvis, il n'y était pas depuis 2 jours de les gens ont voulu ouvrir sa tombe pour récupérer un.... Ben, je sais pas ? Pas un bout de lui j'espère....", "La meuf, elle a toujours le meme jeans je l ais remarquer sur une autre video mdr", "Que font les morts dans leur tombes....? Comment ils passent leur temps, que l qu'un sait la réponde", "Ils jouent aux cartes je crois", "Et les Claudettes, elles sont enterrées avec Cloclo ?", "Même en statue qu'es qu'il est moche il avait rien pour lui", "Il était nettement plus doué comme chanteur que comme électricien",...

 

BREF !
Ah, ça y est : j'ai trouvé la tombe que je cherchais...

Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, tombe de Patrick Topaloff (91)           Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, tombe de Patrick Topaloff

Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, tombe de Patrick Topaloff

C'est la tombe de Patrick Topaloff. Eh oui. Une vie pas banale Patrick Topaloff !

 

PATRICK TOPALOFF
Topaloff à la coquePersonnalité à multiples casquettes, il fut tour à tour marin, concierge, manutentionnaire, animateur, chanteur et acteur, né en 1944 et décédé en 2010.
En 1966, il se présente à un concours sur RMC qui recherche des animateurs. Il est sélectionné en compagnie d'un autre débutant, Jean-Pierre Foucault, qui deviendra son meilleur ami. En janvier 1967, il entre à Europe 1 où il devient rapidement une vedette des ondes. Ses émissions s'appellent Service de nuit, Tais-toi, tais-toi tu m'affoles !, Topaloff en liberté et À la soupe, à la soupe ! dont les « calembourdingues » sont très appréciés des écoliers.

Invité au moulin de Dannemois en 1971 par Claude François (décidément, c'est le fil rouge de ce périple pour le Vexin !!!), ce dernier lui propose de produire une chanson qui connaitra un certain succès : "Qu'i m'énerv' ". Viendront ensuite les tournées en première partie avec le "chanteur populaire", puis quelques titres bien connus comme "J'ai bien mangé, j'ai bien bu", "Ali be good", "Topaloff à la coque", "Allô ... Lola ... c'est Lolo", "Fin de saison pour un plagiste"... et... et... en 1978, le duo inoubliable qu'"il forme avec Sim donne naissance au tube "Où est ma ch'mise grise ?", librement adaptée-parodiée de You're the One That I Want, extraite de la bande originale du film Grease.

La chanson fut fut disque d'or en France en 1979 avec 574 000 exemplaires vendus. Et bing ! Mais elle ne bat pas sa version de "Johnny be goode" (parodiée sous le titre "Ali be good") qui se sera vendue à 800 000 exemplaires. Et bang !
En parallèle, il joue dans quelques films, comme "La brigade en folie" (1973), "Le plumard en folie" (1974), "Le führer en folie" (1974), "Trop c'est trop" (1975)...
Début des années 1980, Patrick Topaloff a toujours le vent en poupe. Il multiplie les galas, les émissions de télévision à forte audience, comme "Les jeux de 20h" et "L'académie des neuf (à la coque)" animée par son ami Jean-Pierre Foucault. Mais le vent tourne !
Milieu des années 1980, les deux émissions disparaissent. Patrick divorce de sa femme, productrice qui gérait sa carrière.
En 1987, il sort une chanson plus sérieuse, Il est venu pour les vacances inspirée par la séparation d'avec son fils. Il tente également un duo avec Charlotte Julian, Va te faire cuire un œuf (à la coque), mais le succès n'est pas au rendez-vous. Les années suivantes sont très difficiles. Ruiné par une pension alimentaire indexée sur les revenus du temps de sa gloire, il devient SDF.
Pris en main par l'association La roue tourne en 1990 (une association qui vient en aide aux artistes sans ressources), il trouve aide et conseils. Condamné à un an de prison en 1995 pour non-paiement de pension alimentaire, il est finalement libéré au bout de quatre mois grâce à son avocate qui devient sa nouvelle compagne.
Suite à ces "mésaventures", revigoré, il remonte sur scène pour jouer dans une pièce théâtrale à succès : "Chérie noire". Tout de suite, le pitch :
"L'histoire ressemble à un conte de fées: un écrivain de talent mais fauché et surtout sans réelle inspiration vit depuis de nombreux mois une liaison orageuse avec une femme autoritaire qui refuse une existence au jour le jour. De plus, leur bonne vient de les quitter. Le bureau de remplacement leur envoie une perle des îles, une jeune femme drôle, radieuse, à l'esprit tendre et déterminé qui va bouleverser leur vie..."
Il écrit ses mémoires en 2001, organise des concerts au profit du Téléthon à Savy-Berlette dès 2002, et participe dès 2007 à la tournée de "Âge tendre et gueule de bois et tête de bois".
Il meurt subitement le 7 mars 2010 des suites d'une crise cardiaque à l'âge de 66 ans après avoir donné la veille un concert pour cette même tournée.

Je quitte la tombe de Patrick Topaloff pour prendre la direction de la sortie du cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois. Je passe devant l'église de Notre-Dame-de-la-Dormition.

Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, église Notre-Dame-de-la-Dormition (91)            Sainte-Geneviève-des-Bois, cimetière russe, église Notre-Dame-de-la-Dormition

Bien que situé dans le cimetière, elle ne se visite pas librement. Présente pour célébrer les funérailles et les offices paroissiaux, sa construction date de 1938 et elle fut consacrée en avril 1939. Le toit peint en vert symbolise la terre, il est surmonté d'un clocher à bulbe peint en bleu symbolisant le ciel.
C'est une sensation étrange de voir ce monument ici. On pourrait se croire en Russie, ailleurs, loin. Mais faut pas exagérer non plus ! On n'est pas à Kaliningrad !

Je sors du cimetière pour retrouver la voiture.
Certains diront que pour ce billet, j'ai accordé plus d'importance à Patrick Topaloff qu'à Andreï Tarkovski et à Rudolf Noureev. C'est pas faux, mais je ne m'attendais pas à retrouver le nom de cet artiste ici, dans le cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois. Et, quelque part, les cimetières sont aussi des lieux de mémoire, d'histoires, d'Histoire et autres qui, parfois, au hasard ou non, nous rappellent à notre bon souvenir des personnes et des personnalités que nous avions oubliées.
Hein ? J'en fais trop ?
Bon, OK. J'arrête pour aujourd'hui ce périple en direction du Vexin.

 

 

DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE

On ne peut s'empêcher maintenant de se poser la question : Mais est-ce que Jénorme arrivera un jour dans le Vexin qui était sa destination première ? Atteindra-t-il son objectif ou se laissera-t-il guider par les hasards de la route, allant le mener, peut être, de cimetière en cimetière ? Mais jusqu'où ? Et jusqu'à quand ? Et pourquoi ?

 

 

 

 

 

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