UN DIMANCHE RECONFINÉ, le midi (64)

Dans l'épisode précédent, Jénorme confiné voyageait de la salle de bain à la cuisine pour finalement se poser dans le salon avant de passer par son bureau.
En clair, par ces courts mouvements migratoires, il nous expliquait ce que l'on pouvait faire en restant chez soi un dimanche matin de confinement pendant lequel, pourtant, il aurait pu aller faire du sport jusqu'à 20 kilomètres de chez lui pendant trois heures.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Alors, faisons un premier bilan de ces premières heures de dimanche reconfiné.
A) La revue de presse quotidienne, c'est fait.
B) Le classement de quelques photos faites il y plusieurs semaines (quand on n'était pas confinés), c'est fait.
C) En profiter pour se cultiver et parler d'Histoire, c'est un peu fait.

Et maintenant ?
Eh ben, eh, oh, maintenant, il est 11h32 ! Et qu'est-ce qu'on fait à 11h32 un dimanche ? Hein ? Non, c'est pas jour de mariage, tu confonds avec une chanson. Le dimanche à 11h32, c'est l'heure de l'apéro.
Aaaah, effort de la journée : je quitte le bureau et l'ordinateur pour prendre la direction de la cuisine et du frigo. J'en profite pour enlever la petite case du jour sur mon calendrier de l'Avent. L'autre jour, c'était...

Et jour 5, c'est le comédien Robert Castel qui nous a quitté.
Et puisque nous sommes dimanche, et que le dimanche, on aime bien joué à la pétanque... si, si, si... Eh bien, dimanche, pétanque, Robert Castel, ce la me fait penser à cet extrait du film "Je suis timide, mais je me soigne" (1978) de Pierre Richard.

Oui, c'est ça le confinement : on ne fait pas grand chose, mais quand on se lance dans UNE expédition de proximité, plein de choses nous viennent en tête.

J'arrive au frigo. Je récupère une petite bière et je prends à présent la direction du balcon ! Mais quelle folie ! Tout ce chemin en si peu de temps ! Ooooohhh doucement !
La bière choisie aujourd'hui pour cet apéro-balcon   -un balcon, une bière-  est la Kipett.

Brassée dans une micro-brasserie artisanale à Briscous depuis 2016, c'est une excellente bière que l'on ne trouve pour le moment que dans les petits commerces du Pays Basque.
Et là, tu te poses deux questions essentielles :
1) Pourquoi elle s'appelle la Kipett ?
2) C'est où Briscous ?

Bien, bravo, excellentes questions et je m'en vais y répondre de suite.
1) J'en sais rien. Le mieux est de laisser Erwann Portais, le brasseur de la Kipett, nous répondre :
"“C’est une question que l’on me pose souvent ! Mais la réponse est très simple, c’est un des surnoms de mon chat, qui reste fidèle à mes côtés tous les jours à la brasserie.” D’où les illustrations du chat présent sur chaque bouteille." (cf : LOCAL.64)
2) Briscous se trouve entre Mouguerre et La Bastide-Clairence, ou entre Urcuit et Hasparren. Et pour ceux qui ne connaissent pas le Pays Basque, disons plus clairement que Briscous se situe entre Bayonne et Pau. Voilà. Mais une fois que l'on a dit cela, est-ce que l'on ne peut aller plus loin et parler encore d'avantage de Briscous ? Hein ? Hein ? Hein ?
Mais oui, bien sûr que l'on peut. On peut dire que ce charmant village posé sur une crête possède également une charmante église, un lavoir, des anciennes salines, d'anciennes fermes. Après la Seconde Guerre Mondiale, la commune a tenu à participer à l'effort de solidarité nationale en construisant un aérium pour les enfants de santé fragile. Saches enfin que le gentilé est Beskoiztar. Voilà.

Bon, il se met à pleuvoir sur le balcon où je bois cette bonne bière artisanale. Je décide de rentrer. Un petit regard sur la télé qui diffuse de nouvelles informations, comme...

Marrante cette histoire. Et puis ça change des infos sur la Covid19.
Cela me rappelle ce monolithe que j'avais croisé du côté de Camou, dans le Béarn, non loin de Tardets.

Parait-il qu'à une époque, pas si lointaine, on pouvait entrer dedans et entrer en communication avec d'autres personnes qui n'étaient pas du tout au même endroit que toi.
Avec cette nouvelle info, tout le monde y est allé de sa petite anecdote, de la plus quotidienne à la plus extra(vagante)terrestre.

                

BREF : direction la cuisine, mais en passant par le salon (histoire de faire une boucle pour ne pas prendre le même chemin), afin d'atteindre à nouveau le frigo afin de récupérer les huitres achetées le matin même au marché de la Ferme Elizaldia, à Saint-Pierre d'Irube.
La Ferme Elizaldia, c'est un commerce qui regroupe les produits de plus de 80 producteurs et artisans locaux : viande, fromages, fruits et légumes, confiture, jus de fruits, vin, poisson et bien d'autres encore, sans oublier des produits d'artisans locaux tels que la bière ou le chocolat. Le tout en circuit-court. Chaque jour, il y a même un cuisinier pour faire des plats traiteurs.
Bon, en ce qui concerne les huitres, il n'y en a pas beaucoup dans le Pays Basque ; et même pas du tout. C'est donc un ostréiculteur du Bassin d'Arcachon qui plante son barnum devant la "ferme" pour vendre différents calibres d'huitre.
Voilà pour l'entrée que j'accompagnerai d'un petit Pouilly fumé de chez Gaudry. Car ne voilà-t-il pas qu'il est à présent l'heure de passer à table.
Pour le plat, ce sera tournedos de canard accompagné de poivrons basques. Puis un bon morceau de vache sera servi en guise de fromage avant de passer au dessert qui ne sera pas un gâteau basque, mais une mousse mangue-passion accompagnée de sa farandole de quartiers de clémentine corse.

       
       

C'est beau, c'est bon. Et puis de toute façon, qu'est-ce que tu veux faire d'autre ? Il pleut dehors, les restaurants sont fermés.
D'ailleurs, on s'ennuie un peu tellement (comme le chante Alain Souchon dans sa chanson "La vie Théodore") que l'on peut se lancer dans des sortes d'élucubrations.
Par exemple, avant d'éplucher la clémentine corse du dessert du jour, j'ai fait une petite vidéo afin de saluer l'inscription du breakdance aux prochains Jeux Olympiques.

Eh oui, que veux-tu : on en eput plus se faire servir dans les restaurants, on est obligé de se faire à manger nous-mêmes donc on est un peu perdu.

Tiens, en parlant de resto -et puisque ce blog se prénomme Le voyage de Jénorme- , voyageons jusqu'à la Nièvre et Donzy.
Lors de mes dernières vacances cet été, ma mère, mon père et moi-même nous étions rendus, fin août, dans cette charmante bourgade du nord de la Nièvre pour aller manger dans un des bons restaurants de la région... à l'époque où les pauvres restaurateurs étaient encore ouverts.

DONZY

Tout d'abord ce que l'on peut dire, c'est que Donzy n'est pas une commune si connue que ça. Pourtant, elle possède un certain charme, voire même un charme certain. Tout d'abord, comme on peut le voir sur la photo ci haut, les rues de cette petite ville sont parsemées de quelques belles et imposantes maisons à colombages.
Mais quoi d'autre encore ?
Allons-y.

Donzy est une charmante commune située dans le nord du département de la Nièvre. Située au confluent de deux rivières (le Nohain et la Talvanne), elle est la commune la plus étendue du département avec une superficie de 6318 hectares.
La présence de plusieurs cours d'eau dans la ville lui vaut le surnom de... de... de... Petite Venise ! Bien sûr !
Aaaah, ça, il y en a des Petites et des Grandes Venise en France : la Venise du Gatinais, la Petite Venise de Colmar, d'Audemer, Port-Grimaud, Sète, Annecy, Martigues, Ornans, Amiens,... et donc Donzy !
Bien sûr, attention, on est bien d'accord : la charmante localité nivernaise n'est pas appelée Petite Venise parce que, comme dans la vraie Venise, il y a des pigeons et des gros paquebots qui traversent la ville.

           

Il n'y a pas non plus d'embouteillages de gondoles
sur les rivières qui traversent la ville,
comme j'avais pu en voir quand je m'étais rendu
dans la sérénissime en août 2010..

Soyons d'accord, il y a des endroits plus tranquilles à Venise que les grandes artères menant de l'entrée de la cité lacustre à la place San-Marco.

La preuve.
      

    

     

En fait, je n'ai eu aucun mérite à trouver des rues et des ruelles tranquilles dans Venise. J'ai tout simplement chercher à éviter les grandes artères. Ce qui a fait que je me suis perdu. Impossible de retrouver la sortie ! J'ai tourné pendant plus de deux heures pour retrouver ce putain de parking situé à l'extérieur de la cité lacustre.
Mais pendant cette errance hasardeuse imprévue, j'ai notamment croisé ce magasin de masques.

Et cette petite aventure au fil des eaux et des ruelles désertées venisiennes rappellent en moi les mots d'Henry de Monfreid :
"N'ayez jamais peur de la vie, n'ayez jamais peur de l'aventure, faites confiance au hasard, à la chance, à la destinée. Partez, allez conquérir d'autres espaces, d'autres espérances. Le reste vous sera donné de surcroît."

Mais revenons à Donzy, la petite Venise nivernaise, et plus précisément à hauteur de la maison du Moulin qui est un peu le centre névralgique de la Petite Venise donzizoise... donzoise... donzienne... comment on dit ? Donziais. Ah d'accord.
Reprenons.

Mais revenons à Donzy, la petite Venise nivernaise, et plus précisément à hauteur de la maison du Moulin qui est un peu le centre névralgique de la Petite Venise donziaise.

Un panneau localo-touristique nous propose de nous expliquer l'histoire de ce lieu de prime abord bucolique.
"Cette maison est située à l'emplacement de la maison du gardien du bief du moulin de l'Ile.
Il existait autrefois, à proximité, une forge qui fut convertie en huilerie au XIXème siècle. Cette maison témoigne de l'activité prospère des propriétaires de l'époque.
Le bief du moulin a été réalisé par un système d'empellement séparant le Nohain en deux bras :
 - un bras artificiel alimentant les forges de l'Eminence, en aval.
 - un bras naturel du Nohain.
Ces forges dès leur construction ont affiné la production de fonte des forges de Champdoux, de Sainte Colombe.
Ces forges transformaient les gueuses (lingot de fer de première fusion) de la forge de Champdoux. Sa production était de 250 tonnes par an. Ces forges ont même participé à la réalisation des bateaux de Louis XIV."

Hein, bon, voilà, tu le sais maintenant. Mais Donzy, ce n'est pas que ça. Donzy, ce sont aussi des boutiques aux devantures d'un autre temps.

     

      

En nous promenant dans les rues, nous découvrons d'autres maisons à colombages...

           

...ainsi que l'intérieur de l'église Saint-Caradeuc.

C'est la statue de cet ermite anglais qui donna son nom à l'église que nous retrouvons ici.

"Véritable chef d’œuvre de l'art roman, les habitants sont attachés à ces vieilles pierres, émouvantes et mystérieuses, témoins de l'époque des moines bâtisseurs qui fondèrent l'église primitive au XIIème siècle.
L'édifice se compose d'un clocher-porche, de trois nefs flanquées de chapelles et d'un chœur à trois pans, modèle de grâce et d'équilibre. La porte latérale est ornée de pinacles et de marmousets grimaçants. Le fronton porte la devise "Liberté, égalité, fraternité", inscription rarissime sur les murs d'une église. La devise républicaine fut gravée en 1881 après une longue querelle entre le maire et le clergé de l'époque."  ÉDITIONS ATLAS

                     

Donzy, c'est aussi une légende. On raconte qu'une nuit, le curé de Donzy rencontra au bord du Nohain l'une de ses ouailles avec un groupe de sorcières dansant le sabbat. Le prêtre fit un signe de croix, et les sorcières disparurent...
Terre de catholicisme, le pays de Donzy était également réputé, il y a encore un siècle, pour ses jeteurs de sorts et autres rebouteux.
Dans les années 1860, c’est en creusant sous les fondations de cette église Saint-Caradeuc que l'on découvrit un atelier d'alchimiste, avec le fourneau qui servait à préparer les mixtures et un alambic en forme de tête de mort...

On pourrait également parler de la coulée verte, - une ancienne voie ferrée devenue sentier -, du moulin de Maupertuis, des vestiges de l'église Notre-Dame-du-Pré, des anciens lavoirs,... mais c'est surtout pour le restaurant Le grand Monarque que nous étions venus. Et plus précisément pour manger au Grand Monarque !

              
Oeufs meurettes                                                Filet mignon

Voilà, bon, eh, de quoi on parlait au départ déjà ?
Le Grand Monarque, Donzy, Venise, Kipett, Briscous, manger. OK.

Et une fois que l'on a fini de manger, qu'est-ce que l'on peut faire lorsque l'on est confiné dans le Pays Basque et que l'on ne peut se déplacer que pendant trois heures à 20 km de chez soi ?
Eh bien, oui : on peut aller voir l'océan.
Et pour voir l'océan, je me dirige à la plage des Dunes, du côté d'Anglet.
Normalement, on est censé pratiquer une activité sportive si on se rend à 20 kilomètres de chez soi, mais bon... ça dépend ce que l'on appelle activité sportive.

Des vagues, une fin de journée. Le soleil s'en va disparaitre doucement derrière l'horizon.

Une fois de plus, c'est un coucher de soleil loupé puisque les nuages sont apparus avant que l'astre solaire ne disparaisse sous la ligne d'horizon.
Je quitte donc la plage des Dunes pour retrouver ma voiture.
Route inverse. Boulevard des Plages. Je passe devant la forêt de Chiberta qui garde encore de profondes et tristes séquelles de l'incendie dont elle a été victime en juillet dernier.

Juste après la forêt de Chiberta, je longe le port de plaisance de Bayonne. Il y a une belle lumière de fin de journée. Le ciel s'assombrit lentement alors que la lune est pleine. En face, le port de commerce de Bayonne est silencieux avec les silhouettes de ses grues dominantes.

Et cette Adour venue des montagnes pyrénéennes après plus de 300 kilomètres qui vient finir sa course là-bas, au niveau de la Barre, dans l'océan.

En face, ce sont les grues du port de commerce de Tarnos qui exposent leurs grues dominantes.

                

Et voilà que ce dimanche reconfiné se termine.
Il ne me reste plus qu'à rejoindre l'appartement.