HENDAYE, petite visite (64)

J'ai déjà parlé plusieurs fois d'Hendaye sur ce blog, mais quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Oh dis don', c'est l'introduction la plus courte du monde, ça ?!

Alors oui, j'ai parlé d'Hendaye ici,
sur ce blog, à plusieurs reprises.

Soit pour constater que c'était la ville où
on pouvait prendre le topo pour se rendre à San Sebastian.

                 Le sud-Ouest en partie

Soit pour nous rendre au marché brocante
après avoir assisté à l'étrange carnaval de Vera/Bera...

                Carnaval à Vera/Bera de Bidassoa

Soit pour faire un concours de selfies
avec Bibiche et McFly.

                             Saint-Selfie

Soit lors de l'ascension des Trois Couronnes
pour apprécier le panorama sur la baie...

                    Les Trois Couronnes           

Ou encore lors du premier confinement
quand on ne pouvait pas se déplacer à plus de 10 kilomètres...

...pour constater que les pauvres Hendayais ne pouvaient pas beaucoup bouger
entre l'océan et l'Espagne.

Alors, après cet inventaire-constat un peu sommaire, je me suis dit : "Et si on parlait d'Hendaye de façon un peu plus approfondie ?"
Allez, c'est parti !

Oui, ben voilà quoi, fallait la faire.
Mais comme tu peux le remarquer sur la photo ci haut, la première chose que l'on apprend, c'est qu'Hendaye fait partie des communes hors TAFTA. Et ça, vois-tu, je ne sais pas ce que cela veut dire.
"Pour être simple, sachez que Tafta (Trans Atlantic free trade agreement, soit Accord de libre-échange transatlantique), c’est un traité négocié en toute opacité depuis juin 2013 entre les États-Unis et l’Union européenne dans le but de libéraliser au maximum les échanges commerciaux dans cette immense zone de 820 millions de consommateurs. Or, un tel traité s’avère très dangereux pour nous, citoyens ! Comme il n’y aura plus aucune barrière, ni droits de douane, ni protectionnismes nationaux – d’où, par exemple, l’entrée massive des OGM américains… -, que les normes seront les mêmes des deux côtés de l’Atlantique, il permettra aussi toutes les privatisations des services publics, la santé, l’éducation, la culture, etc. Sans la moindre possibilité pour un gouvernement de s’y opposer. Ce sera la toute-puissance des multinationales !" Pierre Darmanté, maire d'Arjuzanx

Ok, ça, c'est dit.
Une fois que tu as passé le panneau Hendaye, que remarque-t-on ?
Déjà, cela dépend dans quel sens tu le dépasses.
Par exemple, si tu sors de la ville par le nord, tu arrives au domaine d'Abbadia...

Mais ceci, nous en reparlerons plus tard.

Maintenant, si tu sors de la ville par le nord, attention, tu te retrouves à la frontière espagnole, du côté de Béhobie/Béhobia. Car oui, il faut le dire, Hendaye est la dernière ville française avant l'Espagne... bien que certains aiment à dire que la ville ne se trouve ni en France, ni en Espagne ; mais bel et bien dans le Pays Basque.
Et on sait très bien pourquoi, toi le Français, tu vas là. Tout simplement parce que l'essence, les clops et l'alcool sont moins chers qu'en France car détaxés.
Mais bon, eh, oh, c'est pas très beau Béhobie/Béhobia, hein ?

Regarde.
            

              

Pas un musée, pas une église... Ah si, il y en a une juste à côté du Burger King... Mais on ne peut pas rester là. Repassons la frontière marquée par le fleuve Bidassoa.

Et là, en voyant la carte de la ville, on remarque qu'il y a plusieurs Hendaye : un Hendaye de centre-ville, un Hendaye bord de Bidassoa et un Hendaye de bord d'océan ; sans oublier un Hendaye de port aussi.

ALLEZ, UN PEU D'HISTOIRE RAPIDE.

À l'origine, Hendaye n'était qu'un tout petit "quartier" d'Urrugne, une des paroisses les plus anciennes du Labourd.
Lors de la guerre franco-espagnole, la ville fut prise en septembre 1636 par les Espagnols. Il faudra attendre avril ou mai 1854 pour qu'Hendaye se détache de la commune d'Urrugne sous le nom d'Andaye. Tout ceci après que le petit "quartier" ait eu l'autorisation de construire sa propre église... en 1598.
Suite au Traité des Pyrénées signés par le roi d'Espagne et Louis XIV sur l'Île des Faisans en 1659, Urrugne restituera à Hendaye 762 hectares concédés par Louis XIV... en 1867.
Longueurs, attente, dénouement.
Le blason de la ville voit le jour après 1860 et reprend quelques-uns de ces faits importants.

On retrouve le H et le E qui débutent et terminent le nom d'Hendaye. 
La couronne royale reprend le souvenir du passage de Louis XIV sur le territoire d’Hendaye lorsqu'il accorda à la ville son érection en communauté indépendante en 1654. C'est également sur l'île des Faisans que le contrat de mariage de Louis XIV et l’infante Marie-Thérèse fut signé.
Trois harpons surmontent une baleine grise, rappelant que les Basques sont des marins et que la chasse à la baleine, longtemps pratiquée ici, fut à l'origine de la fortune et de la gloire de la cité.

Du XVIème au XVIIIème siècle, Hendaye fut souvent en guerre avec sa voisine espagnole Fontarrabie pour des questions de propriété de territoire maritime (circulation et pêche). Les Espagnols revendiquant l’exclusivité de la pêche et de la navigation sur la Bidassoa au prétexte que, descendant de la Navarre, le fleuve leur appartenait. 
En 1793, la ville est complètement détruite. Il faudra un certain temps pour qu'Hendaye soit reconstruite et que ses habitants reviennent y vivre.
Avec l'arrivée du chemin de fer en 1864, Hendaye connait un nouvel essor avec le développement du trafic commercial avec l'Espagne ; et ce malgré la différence de l’écartement des rails (1,67 m en Espagne et 1,44 en Europe). En 1925, une gare est construite non loin de la plage, permettant ainsi de développer le tourisme.

Allez, roulons, marchons dans la ville.
Commençons par le Hendaye de centre-ville. J'aurais pu commencer en parlant d'autre chose, comme, par exemple, l'île des Faisans (ou île de la Conférence), mais j'en ai déjà parlé dans un précédent billet (cf : Une éclaircie).

Passons devant la gare récemment rénovée et d'où on peut, notamment, prendre le Topo pour San Sebastian. Mais ça, nous en avons déjà parlé.

LA GARE

La gare d'Hendaye, c'est une gare. Il n'y a pas trop de spécificité ou d'originalité, contrairement à la gare de Canfranc, ou de Limoges, ou de Metz, ou de Kanazawa.
Située à 9 mètres d'altitude (ah oui quand même), elle est un arrêt obligatoire pour les trains du fait de la différence d'écartement des rails entre les réseaux français (1435 mm) et espagnol (1668 mm). Les trains marquent ainsi un arrêt dans le complexe frontalier pour changer les essieux des wagons.
Depuis peu, elle reçoit à nouveau l'intercité de nuit reliant Paris-Austerlitz à Hendaye. À ne pas confondre avec la gare d'Hendaye-plage.

C'est ici, dans cette gare, qu'Hitler rencontra le Général Franco, le 23 Octobre 1940. Ce jour-là, malgré ses affinités politiques avec le nazisme, Franco réaffirma le non-engagement de son pays dans la deuxième guerre mondiale. Le seul résultat concret fut la signature d'un accord secret en vertu duquel Franco s'engageait à entrer en guerre à une date de son choix, et Hitler ne donna que de vagues garanties que l'Espagne recevrait des "territoires en Afrique". Le lendemain, le 24 octobre 1940, c'est dans une autre gare que le Führer se rend, à Montoire-sur-le-Loir, afin de rencontrer le maréchal Pétain pour lui faire accepter le principe de la collaboration. 
(Photo : Clio Histoire)

Nous aurions également pu éviter de passer devant la gare en privilégiant le haut d'Hendaye pour emprunter, entre autres, la rue Santiago où se trouve la piscine Irandatz, appelée piscine tournesol. 

PISCINE TOURNESOL IRANDATZ

                  

C'est beau, hein. Enfin, c'est beau ; disons que c'est... ça... ça interpelle. On dirait une soucoupe volante qui se serait posée là, comme ça. Mais qui a décidé cette architecture, pourquoi, comment et quand ?
Eh bien, tout commence dans les années 1970 suite à plusieurs faits divers et sportifs.
En effet, suite aux mauvais résultats des nageurs français lors des Jeux olympiques d'été de 1968 et après deux graves accidents survenus en 1969 (noyade dans la Loire de 19 enfants d'un centre aéré à Juigné-sur-Loire et noyade de 24 personnes dont 14 fillettes dans le naufrage du bateau-promenade La Fraidieu sur le lac Léman ), le secrétariat d'État chargé de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs lance un programme appelé ""1000 piscines" dans le but d'apprendre à nager à un maximum de Françaises/Français. Ainsi, entre 600 et 700 piscines sortent de terre pour proposer leurs eaux. Elles s'appellent  Iris, Plein-Ciel, Plein-Soleil, Caneton et Tournesol.
La piscine Tournesol est l'oeuvre de l'architecte Bernard Schoeller, assisté de l'ingénieur Thémis Constantinidis pour la structure, et de la société Matra pour les matériaux. Deux modèles voient le jour.
"La plus grande coupole, de 50 mètres de diamètre, est prévue pour s’ouvrir de moitié. Chaque quart de la couverture est conçu pour pivoter sur (ou sous) son voisin,  afin que l’ouverture suive la course du soleil au fil de la journée. C’est cette ingénieuse conception héliotrope qui donnera son nom à la piscine Tournesol. La plus petite, de 35 mètres de diamètre, s’ouvre quant à elle sur un quart seulement. Cette ouverture fixe, évidemment placée au sud, sera portée à un tiers de la structure lors des études techniques  préfigurant la fabrication du projet. Le premier projet n’ayant jamais été construit pour des raisons de coût, seule la petite coupole se verra nommée Tournesol,  même si la conception de son enveloppe ne permet pas de suivre le soleil." VIE ET MORT DES PISCINES TOURNESOL

Sur les 250 exemplaires prévus, seuls 180 seront construits. Car malgré ces "révolutions", la piscine Tournesol a ses défauts. Peu évolutive et globalement sous-dimensionnée, l'entreprise Durafour cesse de la fabriquer, cinq ans après sa conception. Elle s'avère être vétuste et obsolète de par les matières plastiques qui vieillissent prématurément et par son manque d'isolation qui en fait une vraie passoire thermique.
Une centaine sont encore en activité aujourd'hui. Les autres ont été détruites. Pour l'anecdote, des champions de natation comme Alain Bernard, Laure et Florent Manaudou ont appris à nager dans ces piscines.

Une fois la gare passée, pourquoi ne pas prendre la direction de l'église Saint-Vincent-Diacre ? Hein ? Non, mais pourquoi pas ?
Quand on arrive à ses côtés, on est face à un bâtiment d'apparence extérieure assez simple, dominé par un grand clocher carré à l'avant.
Mais entrons.

EGLISE SAINT-VINCENT-DIACRE

La couleur rouge vif des murs autour de l'autel interpelle.
Inscrite au titre des monuments historiques, l'église Saint-Vincent-Diacre a été reconstruite en 1598, rénovée plusieurs fois entre 1793 et 1813, en partie à cause des dommages causés pendant les guerres entre la France et l'Espagne. Elle fut complètement reprise de 1867 à 1874. Elle a été agrandie en 1902 et elle possède trois niveaux de tribunes ainsi que des verrières de Jules Maumézean datant de 1881.

On découvre également plusieurs "objets" religieux.

          
Fontaine de pierre                                                              Christ en croix

Et d'autres un peu moins...

Mais c'est sympa de proposer.

Un petit coup d'œil sur les vitraux.

Je me dirige derrière l'autel où se trouve une petite salle de prière assez lumineuse, dominée par la statue de la Vierge.

Je m'approche de la porte qui se trouve derrière la statue
car je remarque qu'il y a un petit écrit...

                Notre-Dame-du-chauffage

Après cette petite visite de l'intérieur de l'église, je me dirige vers la sortie.
L'entrée, et donc la sortie, de l'église se font par une petite porte sur le côté au-dessus de laquelle se trouve une plaque gravée en pierre pour commémorer la signature du Traité des Pyrénées - qui a assuré la paix entre la France et l'Espagne et a établi Hendaye comme étant à la frontière entre les deux pays. 

Juste à côté de cette porte, à l'extérieur toujours, on découvre également une croix. Datant du 13ème siècle, la base de la croix présente des signes astraux. Il s'agit de la mystérieuse croix de Fulcanelli.

LA CROIX DE FULCANELLI

Bon, comme ça, de prime abord, c'est une croix. OK. Mais en observant les gravures sur le socle, cela devient intrigant.
Quelle est donc la particularité de cette croix ?
"Son origine est inconnue mais elle date probablement des années 1600. (...) Les symboles étranges sur sa base - une étoile, la lune et le soleil avec un visage - sont identiques à ceux que l'on trouve sur les cartes de tarot. 
La théorie qui s'est répandue est que la grande croix d'Hendaye nous avertit d'une catastrophe future d'une ampleur apocalyptique.

Le visage du soleil montre
une expression de choc et d'horreur.

La partie supérieure, ou le crucifix actuel, porte une inscription en latin
qui se lit comme suit :
"O crux Ave Spes unica" ; ce qui signifie
"salut à la croix, notre seul espoir"." Adam L. Maloney pour ITINARI

On s'interroge alors. Ici, à Hendaye, dans ce petit coin extérieur anodin, face à une croix de 3,7 mètres de hauteur, comment se fait-il que semble être représentée la fin du monde ?

"C'est là que l'histoire devient incroyablement étrange et compliquée. La personne responsable est un homme dont nous ne connaîtrons peut-être jamais la véritable identité. Il était connu sous le nom de Fulcanelli et on dit qu'il a vécu les deux guerres mondiales jusqu'aux années 1950. Ce que nous savons, c'est qu'il a publié des livres dans les années 1920 sur l'alchimie et les cathédrales gothiques. De plus, un certain nombre d'écrivains et de physiciens qui étaient encore en vie à l'époque affirmaient l'avoir rencontré et avoir appris de lui. C'est ce qu'il a écrit dans un de ses livres en particulier qui a donné naissance à cette théorie sur la croix d'Hendaye.
Fulcanelli était l'alchimiste le plus célèbre du XXe siècle. (...) En 1926, il publie un livre intitulé "Le Mystère des Cathédrales". Le livre indiquait que les cathédrales gothiques d'Europe affichaient des messages cachés révélant les secrets de l'alchimie. En 1957, le livre a été réédité avec un mystérieux chapitre supplémentaire appelé "La croix cyclique de Hendaye". Dans ce chapitre, il explique en détail le sens de la croix ; que le monde attend une énorme catastrophe ; que la fin pourrait être proche. (...)
Qui que soit Fulcanelli, il a certainement attiré l'attention sur la croix d'Hendaye, un petit monument bizarre et curieux que la plupart des gens n'auraient jamais remarqué." Adam L. Maloney pour ITINARI

Etrange, non ? Ça fout les booouuuullllesss !!!
Allez, sauvons-nous de là. Prenons la direction de l'océan, et plus précisément du port de Caneta.
Pour le rejoindre depuis l'église Saint-Vincent, j'emprunte la rue Pierre Loti qui porte ce nom tout simplement parce que l'écrivain Pierre Loti y avait une maison, Bakhar Etxea,  dans laquelle il décéda en juin 1923 après y avoir séjourné plus de 32 ans.

RUE PIERRE LOTI

"Aujourd'hui... tandis que je suis seul, à ce poiint extrême où finit la France, assis sur ma terrasse qui regarde l'Espagne, l'âme du Pays Basque pour la première fois m'apparait." PIERRE LOTI

Il est partout ce Pierre Loti ! Tu vas à Socoa, il y a une statue de lui. À Saint-Jean-de-Luz, un bateau de sauvetage porte son nom. À Rochefort  -sa ville natale-, il a son mémorial et son musée. Sur l'île d'Oléron, il est enterré dans le jardin d'une maison qui ne se visite pas.
OK. Mais qui était Pierre Loti ? Ou plutôt Louis Marie Julien Viaud.

PIERRE LOTI
Ecrivain français qui a mené parallèlement une carrière d'officier de marine, Louis Marie Julien Viaud nait à Rochefort le 14 janvier 1850. À 17 ans, il entre à l'Ecole navale de Brest.
"Puis, en 1870, année du décès de son père, il prend la mer comme aspirant de première classe et participe sur une corvette de la marine à la guerre contre l'Allemagne. Il exerce cette fonction pendant quarante ans et voyage ainsi à travers le monde. De Tahiti à l'Extrême-Orient, en passant par l'Afrique du Nord, le Pays basque et la Turquie - le pays adoré, les pays traversés servent de cadres à ses intrigues romanesques.
Il est élu à l'Académie française au fauteuil 13, le 21 mai 1891 . Il est Grand-Croix de la Légion d'honneur. Loti s'affirme comme "le plus grand écrivain exotique". Il est l'auteur entre autres de : Aziyadé et Pêcheur d'Islande.
Chacun de ses romans correspond à un pays différent. C'est une étude sur chaque pays. Il s'immerge dans la culture où il voyage. Il a une vision de l'altérité qui n'est pas intellectuelle mais sensible (sensations éprouvées). Selon lui, il n'y a plus rien à faire chez nous ; c'est ainsi qu'il part à l'étranger pour trouver de quoi s'exalter (vision nihiliste du monde). (...) L'exotisme de Loti n'est pas un dialogue avec l'autre : il se fond plutôt avec l'autre, il ne s'agit donc pas de tolérance.
Atteint d'hémiplégie en 1921, il meurt à Hendaye, à l'âge de 73 ans." BABELIO

Ses livres les plus connus sont devenus des "classiques" de la littérature de voyage. Citons Aziyadé (1878), Mon frère Yves (1883), Pêcheur d'Islande (1886) ou Ramuntcho (1897).

Mais attention : Pierre Loti n'est pas le seul Hendayais connu. Ah que non. En plus, il n'était même pas Hendayais !
Voyons, voyons. Nés à Hendaye... Eh bien, Martin Guerre. Oui, oui, oui : Martin Guerre est né à Hendaye vers 1524. Connais-tu l'histoire de cet homme qui fut incarné au cinéma par Gérard Depardieu en 1982, sous la direction de Daniel Vigne.

Paysan français du XVIème siècle, Martin Guerre quitta sa famille. Plusieurs années après, un imposteur, Arnaud du Tih, prit sa place et vécut avec sa femme et son fils. Après un procès, durant lequel le vrai Martin Guerre réapparut, l'imposteur fut démasqué et exécuté.
Hendaye est également la ville natale du plus célèbre corsaire du Labourd, Joannis de Suhigaraychipy, ainsi que du dernier corsaire français connu, Etienne Pellot, surnommé le Renard basque. Chaque année, au mois de janvier, Hendaye rend hommage à Saint Vincent de Xaintes, patron de la ville, lors de la fête de Bixintxo. À cette occasion, les enfants, déguisés en corsaires, ouvrent les festivités en célébrant le retour d'Étienne Pellot par un défilé dans les rues de la ville. 

Je longe le mur protégeant la maison de Pierre Loti en empruntant la rue des Pêcheurs.
Un peu plus bas, voisine de la maison de Pierre Loti, c'est la Villa mauresque. Pas assez de recul pour apprécier l'architecture de cet édifice.

On peut se contenter de regarder au-dessus du petit portail noir en fer forgé pour entrapercevoir un bout de jardin de la villa.

Mais on ne peut pas simplement se contenter de cela quand on sait que ce lieu est inscrit aux monuments historiques de la ville depuis 2010.

Alors, qu'est-ce que quoi la Villa Mauresque ?
Située sur les anciens remparts de la ville, à côté du "vieux fort" ou "gaztelu zahar" construits par Vauban après les multiples attaques espagnoles, la Villa mauresque fait face à la baie de Chingoudy. Le fort fut détruit par les Espagnols en 1793, l’Espagne étant entrée en guerre contre la Révolution française. Hendaye-Andaye, à l'état de ruine, ne se relèvera qu'à la fin du XIXème siècle avec l'arrivée du chemin de fer ; comme nous en avons déjà parlé plus haut.
C'est à la même époque, en 1865, que le comte Jules de Polignac obtient de la ville la vente d’une parcelle du glacis du fort et le droit d’y construire un petit fortin de style mauresque, en récupérant les pierres des ruines du fort. Très endetté, le comte de Polignac fut obligé de revendre son bien. Le docteur Camino -futur maire d'Hendaye-  s'en porte acquéreur, y fait des travaux importants (deux étages d'habitation ajoutés, un patio recouvert par une verrière). Mais dans les années 1950, la villa change encore de mains. La fille du docteur Camino, mariée au riche armateur Louis Légasse, la transforme en villa d’été en lui donnant son aspect actuel avec le patio à ciel ouvert.
Dans l'histoire du Pays Basque, bien sûr, le nom de Légasse n'est pas inconnu. Marc Légasse, fils de Louis, est notamment le fondateur du mouvement autonomiste au Pays basque français après la Seconde Guerre mondiale en défendant l'idée de la création d’un département Pays basque. 
Dans ce jardin, on peut voir un canon, le canon de Txingudi, un canon de marine, récupéré au fond de la mer, souvenir de la bataille des Cardinaux (1759) au cours de laquelle les navires français en difficulté sabordèrent leurs canons pour ne pas les livrer aux Anglais.
Un air d'exotisme se dégage de cette maigre vue sur le jardin de la Villa Mauresque. Ce lieu est, en fait, une palmeraie naturelle posée sur les restes des fortifications d’Hendaye.

Je continue à évoluer dans la rue des Pêcheurs et, bien sûr, en suivant la rue des Pêcheurs, il fallait s'en douter un peu, qu'est-ce qu'il se passe au bout ? Hein ? Hein ?Réponse 1 : il y a des pêcheurs.
Réponse 2 : il y a à nouveau la rue Pierre Loti.
Réponse 3 : il y a un port
Réponse 4 : la réponse 4

Suspense... Attente... Ta réponse !
Eeeeeeh oui, c'est gagné : au bout de la rue des Pêcheurs, il y a bel et bien un port. Et plus précisément la rue du Port qui, comme son nom ne l'indique pas, se termine en impasse.

PORT DE CANETA

Alors bon, eh, c'est tranquille. C'est pas un port avec des gros bateaux, des paquebots, des chalutiers tout ça. On n'est pas à Venise là ! C'est un lieu historique, situé au bord de la Bidassoa qui sépare toujours la France de l'Espagne, à la jonction d’une zone de Flysch d’âge campanien intérieur.

Ce quartier abrite encore  les vestiges des remparts de Vauban.

"Au XIXème siècle, c’était un endroit stratégique : pêche à la sardine, lieu de passage vers l’Espagne grâce aux bateliers. Les intérêts commerciaux des riverains étaient défendus par la marine nationale. La construction successive de 4 ponts facilita les échanges transfrontaliers. Avec l’arrivée du train et la construction de la gare en 1864 un premier pont de chemin de fer fut construit et début 20e siècle un 2e pont actuellement dédié au Topo. (...)
Le petit port de Caneta est aujourd’hui consacré aux loisirs mais la sardine est toujours fêtée en été grâce aux Sardinades de l’association des riverains du port de Caneta." HENDAYE TOURISME

Le port de Caneta était aussi un lieu de passage, entre la France et l'Espagne, entre Hendaye et Fontarrabie/Hondarribia, qui se trouve juste en face.

C'est cette vue que Pierre Loti avait depuis sa maison...
"Dans son roman 'Ramuntcho', l’auteur décrit des scènes de contrebande, la nuit, dans le bassin de la Bidassoa, avec son héros et la participation de passeurs patentés. De sa maison, il regardait 'ces marins et contrebandiers qui montent des barques d’allure lente, traînant avec elles de longues rides alanguies, dérangeant par place les images renversées de Fontarabie et des montagnes'.
Chaque soir de Noël, seul ou avec des amis, il louait les services d’un batelier qui, après un quart d’heure de traversée, lui faisait aborder le rivage espagnol afin d’assister à la messe de minuit, dans le couvent des moines capucins. Certains passeurs étaient détournés de leur activité professionnelle. Ainsi, le légendaire Pépé Camino, sur son bateau « L’hirondelle », transportait, régulièrement, une Nord-américaine tout près des rochers Les deux jumeaux. Elle plongeait et nageait, ensuite, jusqu’à l’embouchure de la Bidassoa, le batelier, ramant à ses côtés pour assurer la sécurité. (...)" HISTOIRE D'HENDAYE

Je m'étais rendu à Fontarrabia/Hondarrabie/Hondarrabia/Fuenterrabía en décembre 2019 (cf : Une éclairicie...encore !).

Du port de Caneta, nous avons également une vue surprenante sur la piste d'atterrissage de l'aéroport de Donostiako où il semble que les avions vont se poser dans la Bidasssoa.

La promenade du littoral passe également par le port de Caneta et permet d'apprécier de belles vues sur la Bidassoa, Fontarrabie/Hondarribia/Fuenterrabía.

Port de Caneta et Hendaye

              
               Hondarribia                                                      Mont Jaizkibel

              
La Bidassoa                                                           bateaux et Marina au loin

Ou encore sur la récente passerelle du littoral...

Depuis le mois d'avril, une passerelle, dite Passerelle du littorale, part du port de Caneta pour passer sous la villa Mauresque et sous la maison de Pierre Loti... au grand dam de certains conservateurs de paysages et du littoral.

            
Entrée de la maison de Pierre Loti

              
La passerelle devient ensuite sentier poursuivant son itinéraire autour de la baie...

Je quitte le sentier du littoral avant d'atteindre le stade Bixente Lizzarazu et le parc de Belcenia pour emprunter des escaliers me faisant passer par un petit jardin où, une fois encore, un hommage à Pierre Loti est rendu sous forme de sculptures-médaillons.

              

Un peu plus haut encore, jouxtant la D912 qui traverse le centre-ville d'Hendaye, je passe devant le monument rendant hommage aux Hendayais morts au combat lors de la Première et Seconde Guerres Mondiales.

             

Je rejoins ensuite la rue des pêcheurs, puis le port de Caneta où je suis garé. 
Je quitte à présent cette partie de la ville d'Hendaye pour prendre la direction du bord d'océan.

Autre ambiance.
Tout d'abord grâce à cette immense plage de sable fin de plus de 3,5 kilomètres de long.

LA GRANDE PLAGE

Bon, là, on ne voit pas bien parce qu'il faut porter le masque, mais la grande plage d'Hendaye est vraiment impressionnante de... de... longueur. C'est pas compliqué : c'est la plus grande plage du Pays Basque que tu peux découvrir en empruntant le long Boulevard de la Mer où passe également la Vélodyssée reliant de Roscoff à Hendaye sur 1 256 kilomètres.

Elle s'étend des mythiques Deux jumeaux à la Marina,
le port de plaisance. 

Le port de plaisance d'Hendaye est le seul de la Côte Aquitaine restant accessible par tous temps et à toute heure grâce à sa situation géographique, abrité dans la baie de Txingudi.

On peut apprécier sa longueur sur place ou encore
lorsque l'on monte jusqu'au sommet du mont Jaizkibel.

C'est un endroit magnifique et reposant à la tombée du jour.

Mais il n'y a pas que la plage.
Il y a aussi la promenade le long de la plage.

Et celle-ci nous permet de découvrir quelques 70 façades de maisons néo-basques classées. La plupart ont été construites entre 1900 et 1930 par l'architecte hendayais Edmond Durandeau.

Cette promenade nous amène également à croiser divers bâtiments

Ou encore, un peu plus éloignée de la plage, la mythique Maison Rouge, construite elle aussi par l'architecte Edmond Durandeau en 1911, située dans la rue des Citronniers, entre le bord de mer et le port de plaisance.

        

Mais restons sur le Boulevard de la Mer pour observer l'étonnante façade de l'ancien casino devenu une résidence.

ANCIEN CASINO

              

Il fut bati, lui aussi, dans le style mauresque. Eh oui, encore ! Alors, posons-nous la question : qu'est-ce que le style mauresque ?
"La mauresque (Mauresco en provençal) est un cocktail courant dans le sud de la France. Il est réalisé à base de pastis et de sirop d'orgeat." WIKIPEDIA

OK, mais force est de constater que quand on regarde l'architecture de l'ancien casino et qu'on lit la définition de ce qu'est le style mauresque, on ne voit pas très bien le rapport. À moins que l'architecte qui a créé ce style  -et ce casino-  avait bu de la mauresque avant. Peut être que tous les ouvrages de style mauresque ont été conçus par des architectes, puis des ouvriers, qui étaient sous état de boisson mauresquienne.
La Mauresque fut créée à l'origine par les soldats français servant dans le bataillon d'Afrique au cours de la campagne d'Algérie des années 1830 et 1840. Son nom proviendrait, par analogie de couleur, des mauresques qui étaient habillées de blanc.

Ah ! Et c'est quoi alors des mauresques ?
"Les Maures désignent à l'origine et durant l'Antiquité les populations berbères d'Afrique du Nord, tout particulièrement celles vivant le plus à l'ouest. Ils ne furent clairement distingués des Numides que lorsque les Romains eurent connaissance de l'existence de royaumes berbères à l'extrême-ouest. Peuples vivant dans les deux provinces de Maurétanie sous l'Empire romain, la Maurétanie Tingitane et la Maurétanie Césarienne. Pline l'Ancien écrit que, parmi les tribus de Maurétanie Tingitane, la plus célèbre était jadis celle des Mauri.
Après la conquête musulmane du Maghreb, au VIIIème siècle, les armées du califat omeyyade, sous le commandement du général Tariq ibn Ziyad, conquièrent la péninsule Ibérique, sous le nom d'Al-Andalus. C'est le début de l'Ibérie musulmane. À partir de cette époque, le terme « maure » va désigner les « musulmans », plus particulièrement ceux vivant en Al-Andalus, qu'ils soient d'origine berbère ou non. Ces populations s'installeront essentiellement en Tunisie, au Maroc et en Algérie après l' expulsion de tous les musulmans ordonnée par la monarchie catholique espagnole au XVIème siècle, à la suite de la Reconquista." WIKIPEDIA

OK. Donc on peut dire que le style mauresque est un style architectural et ornemental élaboré en Europe à partir du XVIIIème siècle, mais surtout au XIXème, par imitation de celui des anciens Maures d'Espagne, créateurs de l'art hispano-mauresque, ou à partir de connaissances éparses des différentes architectures islamiques et des arts de l'Islam.

L'ancien casino est devenu une résidence et héberge également quelques commerces, comme, par exemple, des vendeurs de masques ; choses que l'on ne voyait pas les autres années.

                  

Juste en face de l'ancien casino, on retrouve la D912. Eh oui, cette grande et longue route qui traverse tout Hendaye et longe la baie après être partie de la frontière frranco-espagnole pour venir "se jeter" dans l'océan.

C'set également ici que l'on peut voir le point de départ ou d'arrivée du fameux GR10.

Aaaaaaaah, le GR10 ! Quel voyage !
Pour les non-initiés, répétons-le : le GR10 est le sentier de randonnée qui traverse la chaine des Pyrénées d'Est en Ouest, ou d'Ouest en Est suivant d'où tu pars. Il relie Hendaye à Banyuls-sur-Mer en passant par les montagnes sur 908 kilomètres.

Carte : Pyreneanway

Pour ce blog, nous avons croisé à plusieurs reprises ce sentier mythique ; que ce soit à Iparla, au refuge des Oulettes de Gaube, aux Pena d'Itsusi, aux Trois lacs, la passerelle d'Holzarte, le cirque de Lescun, les lacs d'Ayous, le cirque de Gavarnie, la réserve naturelle du Néouvielle,...

AAAAAAh, toutes ces montagnes, tous ces lacs d'altitude, ce silence, le plaisir de croiser quelques animaux, des panoramas extraordinaires,...

Je quitte Hendaye pour de nouvelles contrées plus natures au son du dernier titre de Rakoon.