HENDAYE, le domaine d'Abbadia (64)

Il y en a des endroits, des lieux, des choses et des machins à visiter au Pays Basque. Et aujourd'hui, nous allons nous rendre au domaine d'Abbadia afin de prendre l'air, et le reste, le long de la côte sud du pays basque français. Oui parce qu'il y a le pays basque français et le pays basque espagnol réunis sous un seul pays basque qui...
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Le Pays Basque a le vent en poupe depuis le confinement-déconfinement-reconfinement-redéconfinement-rereconfinement-reredéconfinement.
La raison première tient au fait que beaucoup de gens -qui étaient habitués à passer leurs vacances à l'étranger- ont trouvé plus sécurisant de rester en France. Beaucoup ont ainsi découvert des contrées non lointaines où les autochtones parlaient la même langue qu'eux.
En France, il y avait donc moyen d'être dépaysé en voyant ces vagues océaniques, ces montagnes peuplées de pottoks, ces habitants parlant une langue composée de X, de Z, de RRRRRR et qui s'appelle la langue basque.
Euskal Herria, Egun on, Ongi Etorri, Milesker, Egarri naiz, asto oilarra...
Un dépaysement complet où les Z se prononcent Ç, les U deviennent OU, et les X sont des CH. Oui, en basque, on ne parle pas de films X, mais de films CH.
Oui, ça dépayse, mais il ne faut pas prendre cette langue et cette culture à la légère. Comme toutes les autres cultures d'ailleurs.

"L'Euskara est une langue ancienne qui ne ressemble à aucune autre, dont l'origine est encore méconnue. Certains linguistes font remonter la langue basque à la préhistoire. On remarque par ailleurs d'étonnantes similitudes avec des dialectes d'anciennes tribus d'Amérique du Sud et certaines régions du Caucase.
Au lendemain de la Révolution française en 1789, il était mal vu, voire interdit, de parler basque. Mais c'était sans compter l'attachement des Basques à leur langue ! En 1969, la première Ikastola (école en langue basque) ouvre ses portes. Depuis, le nombre de bascophones ne cesse de croître. Aujourd'hui, on estime à environ 700 000 le nombre de locuteurs (25 % de la population totale), dont 150 000 dans les provinces françaises du nord." PARLER BASQUE

Il y a l'océan, les, plages, la culture, le rouge et blanc, la gastronomie ; mais aussi quelque chose de je-ne-sais-quoi qui a fait que certains se sont sentis loin de chez eux ; sans faire 18 heures d'avion.
Les différents lieux touristiques (culturels, géographiques, bars, restaurants,...) ont ainsi été pris d'assaut par cette nouvelle population pas toujours enclin à comprendre qu'il fallait se calmer, éviter de se répandre et d'imposer un rythme que l'on n'est pas toujours prêt à accepter ici ; et à raison.
La question se pose alors : faut-il encore parler-évoquer certains de ces lieux régionaux méconnus sur internet au risque de voir tout le monde s'y précipiter et ruiner le silence qui y règne ?
La réponse est j'en-sais-rien.

Il y a quelques semaines, pour ne pas dire quelques mois -puisque c'était en juin-,  nous nous étions rendus à Hendaye pour vagabonder au hasard de ses rues, de ses ports et de sa plage (cf : HENDAYE, petite visite).

Si tout se passe bien, tu devrais avoir ce refrain dans la tête toute la journée. C'est comme ça, des fois, on n'y peut rien, on se souvient de choses que l'on avait oubliées à un moment complètement inopportun, comme parfois aussi, nous avons dans la tête des refrains de chansons que nous n'apprécions pas forcément, mais qui reste là, dans la tête, dans l'esprit. On ne sait pas toujours pourquoi ni comment. C'est entêtant. On se demande comment cet air, cette chanson sont venus se graver là, ce jour là, dans notre inconscient au point de ne plus nous lâcher. Alors on sifflote, on entonne, on chante même parfois... mais on ne sait pas pourquoi.

BREF : Aujourd'hui, nous allons nous rendre au nord d'Hendaye, le long de la célèbre route de la Corniche partant de Socoa, pour nous arrêter sur un parking rénové permettant de garer sa voiture pour aller marcher au domaine d'Abbadia.

Il fait beau ce matin là.
Je me dirige vers la voiture quand...
               
...je constate que Tai chi de Combat
(oui, c'est bien son nom !)
a squatté le capot du véhicule.

Ce n'est pas un lion que j'ai dans le moteur, mais bel et bien un chat sur le capot.
Etonnantes vies que ces vies félines.

De son côté, Siensienne, elle, a passé la nuit sous le camion, comme souvent.
Et là, tu me demandes : "Et Kiki, y'fait quoi Kiki le coq ?"

Eh bien, voyons.

Ah oui, Kiki, il bosse. Tout se met en place.

Tai Chi de Combat a quitté le capot, peut être encore chaud de la petite virée rapide que nous avions faite hier du côté de Mauléon-Licharre.
Pour cela, nous sommes passés par...

                  SOURAIDE

"C'est ici que la chaine des Pyrénées, avant de rencontrer l'Océan Atlantique, laisse place sur son versant français à cet amoncellement de collines qui rend les paysages basques si caractéristiques."  EDITIONS ATLAS

CAMBO-LES-BAINS                     

"Joseph Apesteguy (1881 - 1950), plus connu sous le nom de Chiquito de Cambo, le "petit de Cambo" est le plus connu des joueurs de pelote basque. Il obtient sa gloire à 17 ans en battant le champion du monde en titre, Arrué. Il fut champion du monde de 1900 à 1914 puis de 1919 à 1923. Durant la guerre 1914-18, il se fait remarquer comme lanceur de grenade dans les tranchées, où la légende veut qu'il utilise sa chistera pour lancer ses grenades. Il livra sa dernière partie de pelote à Cambo à 66 ans, en 1946, au fronton de Paris face à Urruty." PHOTO PIGANL

                   MUSCULDY

 GARINDEIN

        

Et enfin, Mauléon-Licharre, connue pour être la capitale de l'espadrille.

MAULEON-LICHARRE
             

Voilà !
Si ces coins là n'étaient pas encore connus, j'en ai parlé.

Mais pourquoi je parlais de ça moi ?
Ah oui, parce que le capot de la voiture était peut être encore chaud de cette virée à Mauléon et que c'était peut être pour ça que Tai Chi de Combat s'était posée dessus. Mais maintenant que le capot est libre, je peux partir pour Hendaye et le domaine d'Abbadia.

Bonne nouvelle : contrairement à hier, aujourd'hui, il fait beau. La preuve.

Mais si, il fait beau ! Ah ben, eh oh, c'est le Pays Basque ! Pourquoi crois-tu que les champs sont verts, que l'herbe est grasse !!! C'est pas parce qu'il y a 300 jours de soleil par an comme à Embrun, dans les Hautes-Alpes.

La route de la Corniche est toujours aussi belle, même si depuis quelques mois, certains passages du sentier du littoral sont coupés car les falaises sont victimes de l'érosion et s'écroulent.

"Rompant avec la monotonie du littoral sablonneux des Landes, le sud de la façade atlantique accuse un brusque changement au niveau de la côte basque. Entre Socoa et Hendaye, au sud de cette côte, joliment baptisée Côte d'Argent, les Pyrénées viennent confronter leurs magnifiques plissements à l'océan : c'est la Corniche basque, préservée de l'urbanisation."  EDITIONS ATLAS

              

 "Déchiquetées, creusées de rides profondes, les falaises muraillent la Corniche Basque et plongent dans une eau turquoise crêpée d'écume. De Socoa à Hendaye, soit sur près de 12 km, la côte a été merveilleusement préservée et domine l'océan de près de 80 mètres de haut.

   

Les étonnants plis de roches que l'on observe à la surface sont une illustration parfaite des mouvements tectoniques. À voir les angles pris par les différentes couches géologiques, on devine sans mal les contraintes que le sous-sol a subi au cours de la formation des Pyrénées. La formation de ce massif résulte de la collision de la plaque Ibérie et de la plaque Eurasie, ou pour simplifier de l'Espagne et de la France, il y a environ 65 millions d'années."  EDITIONS ATLAS

La fragilité de ces pans feuilletés formés au tertiaire provient de l'infiltration des eaux dans les parties tendres de la roche. Si l'orientation en oblique des strates participe à la force du paysage, elle confère également sa fragilité au site. Aussi la descente des falaises s'avère-t-elle souvent périlleuse. Les pans striés et horizontaux que l'on découvre au pied des parois témoignent du lent recul des falaises : ceux-ci correspondent à l'ancienne avancée de la corniche, érodée et rabotée par les courants.

J'arrive au parking récemment aménagé non loin d'un rond-point tout neuf, mais quelconque. Pas une statue, pas une sculpture de piment ou de jambon dessus !
Je sors de la voiture  -c'est mieux pour aller marcher- et je prends la direction de panneaux indicatifs quant à la balade-randonnée du jour prévue.

Le nom de la maison de la Corniche est amusant (Asporotsttipi), mais je reste sur mon objectif premier qui est  -rappelons-le-  de se rendre au domaine d'Abbadia... qui n'a rien à voir avec le groupe Abba.
J'emprunte le petit sentier qui longe la route de la Corniche.
Un peu plus loin, un second panneau me rappelle que...

OK, d'accord. Je continue pour arriver à un embranchement. C'est là que le petit sentier longeant la route va définitivement quitté le bruit urbain pour aller se perdre dans la forêt et sur les chemins côtiers. Un grand panneau nous montre un plan de ce domaine de 65 hectares de nature préservée avec des sentiers à suivre.
Le domaine d'Abbadia est la propriété du Conservatoire du Littoral. Comme je ne l'ai pas pris en photo, je te propose cette vue aérienne de la carte du lieu proposée par l'IGN :

Mais sinon,
c'est plutôt cela :

La balade commence par la traversée d'une petite forêt aux arbres et plantes très variées. Parfois même exotiques.

 

"Sur un espace restreint, le domaine d’Abbadia accueille une grande diversité de formations végétales. La nature des sols, une pluviométrie importante (comprise entre 1.500 et 2.000 mm /an), des vents forts et l’occupation humaine ont combiné leurs influences. Falaises, landes océaniques, boisements humides et prairies confèrent au domaine sa très grande valeur écologique."  PAYS BASQUE

                  

C'est là une première approche de l'extrême richesse et variété de la flore présente sur le domaine.
Après quelques mètres à marcher dans cette belle forêt accompagné par les sifflements des oiseaux, j'arrive à une autre intersection de sentier, laissant apparaitre un beau panorama sur l'océan et la corniche.

                 

Une eau bleue magnifique qui vient rencontrer le vert de la flore et le blanc de la côte de flysch.
Le sentiers se faufilent à travers bois, landes à ajoncs et bruyères, et débouchent sur des plissements caractéristiques.
Nous allons à présent passer à proximité de criques que l'on ne peut rejoindre pour des raisons de sécurité installées depuis quelques années. Nous resterons donc sur les promontoires pour admirer ces paysages variés et ces falaises aux replis présentant des formes et des couleurs variées. Bousculée par de petits séismes, la roche s'est érodée et s'érode encore, puis se plisse, se tasse et se sculpte à longueur de siècles. D'où son extrême fragilité.

J'entre à nouveau dans un petit bois. Le sentier descend assez rapidement, mais il a été aménagé avec des planches en bois.

             

Au sortir de ce petit passage boisé, quelle n'est pas ma surprise... ohla, ça fait un peu pompeux ça ! Je reprends.
Au sortir de ce petit bois humide, ne voilà-t-il pas que je me retrouve à longer un petit champ dans lequel pâturent quelques brebis.

Je poursuis ma route en longeant ce champ par le petit sentier, entre terre et océan.

Plusieurs petits chemins permettaient avant de se rendre dans les belles criques de la baie de Lohia. Terminé ! Tout est obstrué par des barrières en bois.

AVANT
On pouvait voir ceci
et se rendre là.

          
Maintenant, 
C'EST DANGER !

Au bout de cet étroit sentier coincé entre champ et arbustes, j'arrive à une autre intersection.
Tout droit, je vais en direction du château d'Abbadia.
À gauche, je continue de longer côte et falaises.
J'opte pour la seconde proposition.

Au loin, j'aperçois les côtes espagnoles et la ville de Fontarrabie, nommée Fuenterrabía en espagnol et Hondarribia en basque.
Souviens-toi, on s'y était rendu un peu avant le premier confinement (cf : Une éclaircie).

Un peu plus loin, le sentier se rapproche de la côte et des falaises. On peut ainsi s'arrêter et profiter de quelques points de vue, notamment sur l'île-presqu'île-îlot (suivant les marées) d'Andagorria. 

C'est beau, c'est frais, c'est calme. Quelques oiseaux curieux passent au dessus de moi.

J'entre à présent dans une sorte de couloir végétal...

...qui n'est pas sans me rappeler cette séquence
dans le film "Shining" de Stanley Kubrick. 

Hein ? Ouais, bon, ben, un peu de culture quoi !

Au sortir de ce petit couloir végétal, j'arrive au bout de la Pointe Sainte Anne qui doit son nom à la patronne des pêcheurs d'Hendaye.
Plus loin, c'est l'océan, le large. Ce bout du bout se prénomme également la Pointe Kapelu.
Impossible de s'approcher du bord des falaises pour des raisons de sécurité.

En décembre 2019, un mouvement de terrain s'est produit ici, entrainant localement un recul du trait de côte de plus d’une dizaine de mètres et l’effondrement d’un sentier parcourant le Domaine d’Abbadia. De fortes pluies ajoutées aux fortes vagues ont favorisé ces mouvements en fragilisant le pied de versant de la falaise.

Pour apprécier une belle vue sur ces falaises aux couleurs rosés qui s'effritent, il faut monter sur les restes d'un blockhaus.

Alors, je le sens d'ici : certains se disent : "Oh mais ça ressemble aux falaises d'Etretat avec ce que l'on appelle l'éléphant !"
Attention : je suis allé à Etretat il y a quelques années, j'ai fait des photos de cet éléphant de mer.

Hein ? Eh oh ! Rien à voir !
Ici, dans le Pays Basque, l'éléphant est rose et il est vautré !

Toujours est-il que, puisque nous parlons d'éléphant, ici, à la Ponte Kapelu, c'est également un bel endroit pour boire une bonne bière dans la pure tradition de nos épisodes "Un lac, une bière" sauf que là, c'est plutôt "Un blockhaus, une bière" ou "Un océan, une bière".

Et la bière du jour est
LA BARBE.

À modérer avec consommation... à consommer avec modération bien sûr. Mais d'où vient cette bière et pourquoi un tel nom ?
Pour le savoir, il faut lire la petite note écrite sur l'étiquette au dos de la canette.

"UNE HISTOIRE DE BARBE
Touché par un hiver plus rude que les autres, un jeune vigneron barbu vit tout son raisin décimé par les gelées. Plus le moindre petit grain de raisin à récolter.
Triste et fatigué, il s'en allat trouver réconfort chez son ami le brasseur. Attablés autour d'un verre, nos deux compères échangèrent sur l'amour de leur métier et de leur belle région : le Sud-Ouest.
Une idée germa alors dans leurs têtes : 'Poils de barbe ! Mais c'est bien sûr ! Blonde, blanche ou Ambrée... Toujours elles poussent... Pourquoi ne pas réunir nos talents pour ravir les gens ?'
'La barbe ! Nous aurions du y penser avant ! Plus de temps à perdre, allons brasser maintenant !'"

Résultat : une bonne bière bio de 6,5%, provenant de Cunèges, en Dordogne. 
Et bien sûr, tu me connais, je n'ai pu m'empêcher de faire des recherches sur cette ville ou ce village de Cunèges, mais là, nous n'avons plus le temps d'ne parler.

Je reste un peu sur le toit du blockhaus, écoutant les cris des mouettes et le son des vagues incessantes ; parfois entrecoupés par le passage d'un avion allant atterrir sur la piste de l'aéroport de Fontarrabie.

              

Allez : continuons notre petit tour en suivant le sentier faisant le tour de la pointe Sainte Anne avec l'incontournable passage devant les Jumeaux.
Ah ?! Qu'est-ce donc que c'est que cela ? Y'a-t-il un rapport avec l'"excellent" film "Jumeaux" d'Ivan Reitman, avec Arnold Schwarzenegger et Danny De Vito ?

Non, non, rien à voir !

Les Jumeaux d'Hendaye, ce sont deux imposantes mégalithes, détachées de la falaise sous l'effet de la mer et du vent.

Egalement appelé "Dunbarriak" (les "tombeaux"), les deux Jumeaux sont composés de calcaires rosés du Danien (calcaires fins, blancs ou d'un beau rose saumon), comme toute la pointe Sainte Anne. Le travail de l'érosion différentielle a suivi modelé ce paysage découpé suivant la résistance des couches.

Et là, je sens déjà les jusqu'aux-boutistes-physionomistes dire : "Eh mais... tu te fous de notre gueule ?! Ils ne se ressemblent pas du tout tes deux cailloux là ?!"
À cela, je te répondrais par cette merveilleuse légende contée par "Terres de légende".

"Ces deux colonnes seraient le résultat d’un exploit manqué du redoutable chevalier Roland. Eh oui, le neveu de Charlemagne, celui-là même qui périt plus tard au col de Roncevaux. 
Accompagnant son oncle et empereur dans sa reconquête du sud de la France face aux sarrasins venus du proche orient, ses troupes se retrouvaient bloquées devant les murs de Bayonne.
Afin de s’ouvrir un passage au plus vite et d’éviter ainsi le classique siège long et usant de la cité, le robuste guerrier conçut alors un stratagème étonnant. Depuis les hauteurs du massif des trois Couronnes où se trouvait son campement, on allait lancer à main nue un énorme rocher pour écraser les remparts de la ville basque. 
Pas bête, mais pas évident, lui seul Roland étant capable d’une telle prouesse. Cela dit tout le mérite lui en reviendrait ce qui n’était pas pour lui déplaire. Donc, passant à l’acte, confiant dans sa force, il s’empare d’un bout de montagne et recule de quelques pas avant de s’élancer. Vas-y mon Roland tu peux le faire ! Et c’est parti !
Est-ce que ce fut à cause du sol glissant des pentes pyrénéennes ou d’un lacet défait ? D’une brusque bourrasque ou d’un cri d’oiseau intempestif qui l’aurait fait sursauter ? Qui sait ? Toujours est-il que la jambe d’appui du puissant chevalier ripa malencontreusement au moment de l’envoi. Patatras ! Roland se retrouva le nez dans la bruyère et le projectile déviant de sa trajectoire s’envola ad patres avant de rouler le long de la pente jusqu’à la mer où il se brisa en deux à l’atterrissage. Dommage, dommage. S’il avait atteint son but, les troubadours et colporteurs du moyen âge auraient assurément célébré cette incroyable démonstration à grand renfort d’odes et de chansons de geste. Raté !"  TERRES DE LEGENDE

Je continue d'évoluer sur la Pointe Sainte Anne avec de petits coins panoramique aménagés, comme ici pour dominer la crique Erdica Ura.

             

Il faut encore marcher un peu pour approcher la pointe Eliza Zilio, puis la contourner afin d'apprécier une belle vue sur la plage d'Hendaye, Fontarrabia et le mont Jaizkibel.

Je traverse à présent une zone herbeuse en direction du château d'Abbadia, dominant sa colline et son domaine. Une belle herbe bien verte et bien grasse. Au loin vue sur le massif des Trois Couronnes, que j'ai du mal à reconnaitre sous cet angle.

 
Je traverse un petit bois pour arriver face au château.

Alors, voici venu le temps  -non pas des rires et des chants-  mais de se poser la question : pourquoi le château d'Abbadia. Pour le comprendre, revenons tout d'abord sur l'origine de son nom.
Ce nom provient de l'explorateur château... Rien à voir avec Laurence Badie.
Ethnologue, géographe, homme de sciences, Antoine d'Abbadie (1810-1897) est né à Dublin et a exploré de nombreux pays. Son père gagna l'Irlande à lépoque de la Révolution française et y eut plusieurs enfants dont Antoine.
En France, à partir de 1820, le jeune d'Abbadie rencontre le savant Arago qui l'envoie au Brésil. Après un premier court séjour aux confins du Béarn, Antoine d’Abbadie s’installe à Urrugne en 1849 et continue de voyager pour ses recherches en Norvège, Espagne, Algérie, etc. En dépit de tous ses déplacements à l’Académie des Sciences et à l’étranger, Antoine d’Abbadie, très attaché à la culture basque comme l'illustrent les inscriptions et les archives du château, poursuit ses travaux sur la langue basque. Il crée également à Urrugne des fêtes basques et lance des concours (poésie, pelote, irrintzina, bétail…) à partir de 1851. Cet investissement pour la culture basque lui vaudra le surnom de Euskaldunen Aita ("Père des Basques").
Les voyages et les recherches continuent avec la Palestine, la Norvège, l'Egypte et surtout l'Ethiopie où il vit plus de dix ans en suivant les coutumes locales.

Tout ceci a t-il un rapport avec l'architecture originale du château ?

Eh bien oui, bien sûr, allons !
De retour en France, d'Abbadie se marie et se fait construire une demeure étonnante. Oriental, gothique, byzantin, les architectes Eugène Viollet-Leduc et Edmont Duthoit y ont mêlé de multiples influences lors de sa construction de 1864 à 1879.
A l'intérieur, on peut découvrir des fresques exotiques somptueuses et de superbes meubles témoignant des voyages d'Abbadie, notamment dans la salle éthiopienne. Les riches collections scientifiques, d'archives et de mobiliers sont d'origine et représentent un considérable patrimoine culturel représentatif du XIXème siècle.

Est-ce que le château se visite ?
Oui, bien sûr ! Mais ce jour là, je n'avais plus le temps. saches que la visite t'en coutera 9,90 euros si tu es un adulte sans famille, 7,50 euros si tu as entre 14 et 18 ans, et 4,50 euros si tu as entre 6 et 13 ans.

Au delà du lieu qui est magnifique par ses paysages et son environnement, nous sommes aussi ici dans un lieu où vécut l'un des grands défenseurs de la culture basque, Antoine d'Abbadie.

Je quitte la Pointe Sainte Anne pour repasser devant le champs aux brebis manex à tête rousse avant de m'engouffrer à nouveau dans la petite forêt tropicale et retomber à ce croisement où je vois ce panneau.

"Asporotsttipi" !
 Ils ont beau dire qu'il s'agit de la Maison de la Corniche basque, cela m'intrigue tout de même ce nom. plutôt que de retourner à la voiture et au parking par le même chemin, je décide d'emprunter ce petit sentier de traverse pour rejoindre Astro... aspro... Asporotsttipi.
C'est un petit sentier étroit très agréable d'où l'on a pas vu sur l'océan, mais où l'on navigue entre forêt et champs dégagés jusqu'à une barrière séparant la maison de la Corniche basque (et la route) du domaine d'Abbadia.

 
Une fois la barrière passée, j'arrive devant Asporotsttipi. Il est un peu tard donc elle est fermée.
"La ferme Asporotsttipi a retrouvé son apparence de la ferme basque typique qu’elle était avant ses années disco du temps où elle s’appelait "le Boléro" et se nomme maintenant Maison de la Corniche basque. Son espace muséographique, sa salle de conférence et d’exposition temporaire accueillent désormais des publics variés."

À l'extérieur, des brebis paitrent tranquillement dans le champs voisin sous une belle lumière de fin de journée.

               

              

Et voilà, c'est sur ces belles images que je vous laisse à vos moutons... à vos brebis.
On se quitte avec la vidéo qui reprend ce périple depuis le début.

KAIXO !

Comments

[Xumolia]

J’ai voyagé en vous lisant. J’ai déjà été à Hendaye et j’ai aimé votre humour. Merci.