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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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19 février 2022

Nièvre et lavoirs, part 6 (58)

Dans les épisodes précédents, nous suivions Jénorme parcourant les routes nivernaises à la recherche d'un endroit frais et original pour boire une bière artisanale loin de la canicule ambiante en ce mois de juillet 2020 car oui, Madame, Monsieur, c'était en 2020.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas... 

 
Bon, on ne va pas se perdre dans des résumés pour expliquer ceci cela. Saches que les précédents épisodes de ce périple de prime abord quelconque a quelque peu dégénéré au fur et à mesure que les kilomètres s'enfilaient au hasard des routes, des communes, des bourgs, des paysages et autres rencontres que la route parsème sur ton chemin aléatoire. Et comme disait Marc Gendron : "Toute route qui mène quelque part est mensongère". Voilà aussi comment on pourrait résumer cette divagation asphaltique parmi les paysages nivernais.
"Toute route qui mène quelque part est mensongère"... quand on veut lui accorder un but unique.
Bon... Allez... On reprend !

Je quitte la belle ville de La Charité-sur-Loire, ses boutiques, ses librairies, son prieuré, ses rues étroites, ses remparts, ses toits multiples qui ne furent pas tous soufflés par la tornade soudaine d'août 1986. Certains de ces toits et de ces habitats touchés n'ont jamais été réparés. Même si on ne voit plus de bâches bleues recouvrant les toitures aujourd'hui, on sent que le quartier du bas de La Charité, en bordure de la Loire et de l'ancienne Nationale 7, a encore du mal à se reconstruire.


ALLEZ !
Après avoir visité rapidement la charmante ville de La Charité-sur-Loire dominée par son imposant prieuré Notre-Dame, je retrouve la voiture pour... pour... pour poursuivre ma quête : trouver un endroit frais et sympathique pour boire une bière bien fraiche que j'ai dans la petite poche thermos à mes côtés depuis maintenant quatre heures !


Je vais suivre la Loire un moment en direction du Nord. C'est un peu n'importe quoi cet itinéraire aléatoire, mais cela s'explique. Tout s'explique, comme...

Pâques Nogent


En fait, si je prends la direction du Nord depuis La Charité-sur-Loire, c'est pour suivre la Loire, certes, peut être pour trouver une petite plage abandonnée et sauvage. Mais c'est aussi pour rejoindre la ville et sous-préfecture de la Nièvre Cosne-Cours-sur-Loire.
Et pourquoi cette envie de rejoindre Cosne-Cours-sur-Loire ?

Eh bien, peut être pour refaire un petit tour de vélorail...
Cosne-Sur-Loire, cyclo-rail, terminus (58)
Non. Déjà fait. Souvenons-nous, c'était en août 2018.
Découvrons la France autrement grâce au cyclorail (58).

 

Peut être pour se poser devant le magnifique cinéma de la ville, L'Eden.
Cinéma Eden Cosne google map
                   Photo : Google maps

 

Ou encore le Musée de la Loire qui propose de découvrir la Loire (géographie, géologie, métiers,...)
et une collection beaux-Arts.
musée de la loire cosne


Eh bien, rien de tout cela ; même si cela a l'air très intéressant.
Non, si je me dirige à Cosne-Cours-sur-Loire, c'est pour voir autre chose.
Un indice ? Ok !

Voilà ce que j'ai lu dans la presse tout à l'heure
avant de partir.
Titanic un jour
Eh ouais.

Quel rapport peut-il y avoir entre cette info et la sous-préfecture nivernaise ?
Pas facile. Mais le mot Iceberg peut faire penser à un coin de fraicheur pour boire une bonne bière... Même si cet iceberg que les visiteurs du musée se sont pris sur la tête était faux. Et je pose la question, oui je n'ai pas peur de l'écrire, je pose la question : était-il possible de ramener l'iceberg qui a coulé le Titanic pour l'exposer dans un musée ? Hein ? Non mais ! On installe bien des pistes de ski au milieu du désert donc pourquoi pas ramener un iceberg dans un musée américain ?!
 


Prenons la route pour le découvrir. Il n'y a que 30 kilomètres qui séparent les deux communes.


LA CHARITÉ-SUR-LOIRE → MESVES-SUR-LOIRE → POUILLY-SUR-LOIRE → TRACY-SUR-LOIRE → COSNE-COURS-SUR-LOIRE
Mesves-sur-Loire, monument 10 octobre 1870 (58)Pouilly-sur-Loire, ancien resto Les 200 bornesPouilly-sur-Loire, commerce, insta (58)Pouilly-sur-Loire, vignes en février (58)

 

 Et j'arrive à Cosne-Cours-sur-Loire, ville natale d'Elodie Frégé, Cindy Fabre et de Roger Bricoux.
Alors là, tu me dis : "Bon Ok, Elodie Frégé, je vois qui c'est, elle a gagné la Star Academy en 2003. Cindy Fabre aussi, c'est elle qui a été élue Miss France en 2005. Mais Roger Bricoux ???"

Eh bien voilà pourquoi je suis venu à Cosne aujourd'hui, pour faire un peu plus connaissance avec Roger Bricoux. Enfin... Faire connaissance, c'est pas la bonne expression... Disons, pour se rappeler... car, hélas, Roger Bricoux est décédé... ou plutôt disparu en mer... dans la nuit du 14 au 15 avril 1912...
Et là, tu te redis : "Ah... Mais... ça en fait beaucoup de points de suspension tout ça !?... Nuit du 14 au 15 avril 1912, ça me dit quelque chose..."

Eh bien oui, si tu repenses à l'article que j'ai laissé plus haut...
Titanic un jour
...tu peux te dire qu'il y a un rapport car, effectivement,
le Titanic a coulé dans la nuit du... 14 au 15 avril 1912.
Oh suspense ! y'aurait-il un rapport entre Cosne, Roger Bricoux et le Titanic ?
La réponse est oui. Mais voyons plutôt.

Eh bien voici :
Jénorme est à Cosne-sur-Loire (58)

Alors, bon, déjà, première une, je ne sais pas si c'est très intelligent de faire un selfy devant une plaque commémorative. Une sorte de plaquefy. Donc reprenons.

Cosne-sur-Loire, cimetière, plaque Roger Bricoux (58)

Voilà.
Deuxième chose : ce n'est bien sûr pas devant cette plaque que je vais boire une petite bière. Il y a quand même des choses à respecter ; surtout que celle-ci se trouve sur le mur d'un cimetière. Mais attention, à Cosne, il y a deux cimetières et, bien entendu, je ne me sus pas rendu au "bon" la première fois.
Le lieu où se trouve cette plaque commémorative émouvante est apposée sur le mur du cimetière de Saint-Agnan ; et non à celui de Plantenoix.

Ceci étant dit, parlons un peu de Roger Bricoux avec l'aide du Journal du Centre (cf : Le seul musicien français du Titanic)

roger-bricoux-H

"Âgé de 20 ans seulement, Roger Bricoux était le seul Français de l’orchestre du "Titanic". Le natif de Cosne compte parmi les 1.500 victimes du naufrage.
L’orchestre a achevé son dernier morceau trois minutes seulement avant le naufrage. Le 15 avril 1912, il est 2 h 20 du matin, lorsque le Titanic, coupé en deux, sombre dans les eaux froides de l’atlantique Nord, au large de Terre-Neuve.
Ce drame représente l’une des plus importantes catastrophes maritimes en temps de paix. Avec seulement 700 rescapés pour 1.500 morts, le bilan est effroyable.
L’histoire est tristement célèbre. Ce que l’on sait moins, c’est que le violoncelliste de l’orchestre du Titanic, Roger Bricoux était né à Cosne-sur-Loire en 1891. Âgé de 20 ans seulement, il est le seul Français de cet ensemble, mais aussi le plus jeune." JDC

Roger Bricoux est né le 1er juin 1891, rue de Donzy, à Cosne-sur-Loire. Fils de Léon Félix Bricoux, artiste musicien demeurant à ce moment-là à Monaco, et de Marie Rose Dherbier, alors âgée de vingt-huit ans, demeurant à Cosne-sur-Loire.
Malgré sa naissance en terre nivernaise, Roger passe son enfance et son adolescence dans la Principauté.

"Il commence ses études musicales avec son père et les musiciens de l’orchestre de Monte-Carlo, puis les poursuit à l’académie musicale de Bologne en Italie, où il décroche un premier prix. Il les achève au Conservatoire de Paris, avant de revenir à Monaco.
Comme font tous les jeunes musiciens, il effectue des remplacements dans les orchestres de la Côte d’Azur qui se produisent durant l’hiver. Les saisons d’été se passent ailleurs. Roger se produit ainsi à l’Hôtel central de Leeds en Angleterre, en 1910, ou au Grand Hôtel du lion d’or, à Lille, en 1911." JDC

Roger jouera également comme violoncelliste professionnel sur le Carpathia, grand transatlantique de la Cunard. Ironie du sort, le Carpathia sera l'un des bateaux qui se porteront au secours du Titanic quelques mois plus tard.

"Au début de l’année 1912, Roger est engagé sur le Titanic en signant avec la Black Talent Agency, qui a le monopole des orchestres de paquebots.
À bord du Titanic, les musiciens ne chôment pas. L’orchestre joue en plusieurs lieux : le Café parisien, la salle de réception de première classe à l’heure du thé, la grande salle pour le dîner. Il se produit également au sommet du grand escalier en fin de matinée et trois fois par jour dans l’escalier principal de deuxième classe."  JDC

titanic musiciens                 titanic

Et puis vint la nuit du drame.
Le 10 avril 1912, le Titanic quitte le port de Southampton en Angleterre pour l'Amérique. Quatre jours plus tard, le 14 avril, à 23h40, le Titanic heurte un iceberg par tribord. 
La suite appartient à l'histoire : huit musiciens interprétant en livrée l'hymne "Plus près de toi mon Dieu" plus de deux heures après que le Titanic eut heurté un iceberg de 30 m de hauteur. Aucun d'eux ne survécut. Le Titanic coule le 15 avril 1912 à h 20 au large de Terre-Neuve. Entre 1 490 et 1 520 personnes trouvent la mort. La dépouille de Roger Bricoux ne sera jamais retrouvée.

"Ironie de l’histoire, après sa mort, les autorités américaines n’ont pas envoyé son certificat de décès et il est déclaré insoumis par l’armée française le 4 janvier 1913. Considéré comme déserteur lors de la mobilisation générale de la Première Guerre mondiale, il est finalement rayé des contrôles de l’insoumission le 1er février 1917, une fois l’avis de décès parvenu à cette date." JDC

Il faudra attendre l'an 2000 pour que la mort de Roger Bricoux soit reconnue. C'est le 2 novembre 2000 qu'une plaque commémorative est apposée dans le cimetière de Cosne-Cours-sur-Loire par la ville et l'association française du Titanic (AFT).

En 1998, James Cameron reconstituera le drame dans son film "Titanic".


Bien sûr, hors de question de boire une petite bière ici, sous cette plaque commémorative.
Je reprends donc encore la route, toujours direction le Nord. Oui parce qu'au Nord, il fait peut être moins chaud qu'au Sud. 

De Cosne-Cours-sur-Loire, j'emprunte toujours l'ancienne Nationale 7, appelée maintenant D907. Il subsiste tout de même quelques vestiges de cette ancienne voie mythique que l'on nommait chaleureusement la Route Bleue ou encore Route des vacances dans les années 1950 avec l'augmentation du nombre de jours de congés payés.

Comme ici, à Myennes,
où l'on retrouve une de ces anciennes bornes monumentales.Myennes, ancienne borne Nationale 7

Myennes, ancienne borne Nationale 7 (58)

Aaaaah La Nationale 7 !
Quand j'allais voir mes amis aixois, je prenais souvent un de ses nombreux bouts de route restants ici et là plutôt que d'emprunter ces autoroutes sans vues et sans âmes. De Valence à Aix-en-Provence en passant par Orange, Avignon, Lambesc, Saint-Cannat. Je croisais des anciens resto route, fermés, à l'abandon, cassés en pensant à leurs heures de gloire passées. Des vacanciers par milliers, faisant que pause pour quelques frites, des glaces et autres boissons.
Quand j'allais à Paris depuis Nevers, j'empruntais également la Route Bleue plutôt que l'Autoroute de l'Arbre et l'A6. Montargis et son Mammouth, Nemours, Fontainebleau et puis des petits détours par Barbizon, Milly-la-Forêt, Danemois afin d'éviter le trop d'urbanisation parisien et soudain.

 

Mais revenons à Myennes où je me trouve ce jour. Myennes, ce n'est pas que cette magnifique borne Nationale 7.
Occupée depuis l’Antiquité romaine, la ville dégage une intense activité, grâce à son port où l’on charge du bois, du charbon, des carreaux et des briques fabriqués sur place. Myennes est également renommée pour sa terre et l’on dénombre, en 1883, 12 briqueteries et tuileries employant 108 ouvriers.
C'est aussi ici que l'on peut visiter le Musée de la Chirurgie Professeur Christian Cabrol. Eh oui. On peut y voir, entre autre, le cœur artificiel de Domingo Liotta datant de 1980 utilisé par le professeur Cabrol à l'hôpital de la Salpêtrière en 1985.
Myennes, c'est aussi des balades en bord de Loire au domaine des Brocs avec deux sentiers pour découvrir la Loire : La Loire et l'Homme et La Loire et ses milieux naturels.

Myennes, sentier du castor (58)

 

Je continue.. L'ancienne Nationale 7 me fait traverser le village de La Celle-sur-Loire. Ici est conservée une portion de la voie romaine dite "Vieille route impériale", l'origine de la Nationale 7. On peut également se rendre au cabaret transformiste La Belle étoile
"Votre repas sera servi par nos artistes et animé par notre meneuse de Revue dans une ambiance unique. Il comprend l'apéritif, l'entrée, le plat, le fromage et sa salade, le dessert, le café et la boisson.
Unique dans votre région, vous serez surpris par les ressemblances évoquées par nos artistes : Sylvie Vartan, Edith Piaf, Chantal Goya, Shakira, Dalida, Céline Dion, Lady Gaga, Liza Minelli et bien d'autres !! Un spectacle où se mêle féérie, nostalgie, humour, dérision."

Bon. Il y a quelques années, La Celle-sur-Loire était également l'arrêt incontournable des vacanciers. Lieu légendaire, "L'Auberge nivernaise" était à la fois une station essence, le téléphone public, l'épicerie, les journaux, les vins et le repas. Celle-ci était tenue par le grand cuisinier Henri Trotier. Enfin je dis "grand", je n'arrive pas à trouver d'informations sur cet homme.
Aujourd'hui, L'Auberge nivernaise est devenue l'Auberge du Castor ; toujours située au bord de la Nationale 7.

 

La Celle-sur-Loire, comme son nom l'indique, ce sont aussi des sentiers de randonnée au bord de... de... la Loire ! Ouais !
Continuons encore un peu. Sept kilomètres pour arriver à la frontière des départements de la Nièvre et du Loiret, et plus précisément à Neuvy-sur-Loire.

À l'entrée de la commune, une mignonne petite gare discrète est posée là, sur le bord de la route.

Gare
Photo : Google maps

Complètement fermée. Quelques tags sur les murs. Je me gare pour aller voir d'un peu plus près.

Neuvy-sur-Loire, gare désaffectée (58)


D'extérieur, elle semble très bien entretenue. Impossible d'entrer. En même temps, pourquoi faire ? La gare s'est arrêtée. Plus aucun train ne s'arrête sur cette ligne reliant Paris à Clermont-Ferrand.
En 1944, la gare de Neuvy-sur-Loire fut épargnée par les bombardements qui anéantirent la ville.
Désaffectée à la fin du XXème siècle, cette gare est célèbre pour avoir servi de modèle pour la maquette de la gare du train miniature de la marque Jouef.

Neuvy-sur-Loire, gare désaffectée

gare jouef
Photo : Twistnbroc


L'autre "célébrité" de la ville se trouve... au cimetière.

Neuvy-sur-Loire, tombe de Violette Nozière (58)

Oui, bon, je sais : c'est un peu glauque de prendre des tombes en photo.
Le caveau en question, comme il est écrit, est celui de Violette Nozières. Et là, tu me dis : "Oh, quel joli prénom Violette !"
Mais qui était Violette Nozière pour que je vienne jusqu'ici voir sa tombe ?

Pour le savoir, revenons sur sa vie, son procès et autres avec Vanity Fair et Wikipedia.


VIOLETTE NOZIERE
Violette Nozière
"Née à Neuvy sur Loire le 11 janvier 1915, Violette Nozière grandit à Paris. Ce n’est pas pour autant qu’elle mène la grande vie. Fille de Baptiste et Germaine Nozière, tous deux mécaniciens, elle rêve de liberté. Adolescente, elle tente par tous les moyens d’insuffler un peu de folie dans son quotidien – elle pose nue pour un magazine et se prostitue occasionnellement pour gagner de l’argent." VANITY FAIR

La jeune fille paraît plus que son âge ; elle découvre les premiers émois amoureux, a recourt à ses premiers mensonges et va acquérir la réputation d'être une 'petite coureuse'.
Au mois d'avril 1932, après plusieurs consultations, Violette apprend qu'elle est syphilitique. Désœuvrée, Violette passe la majeure partie de son temps dans les cinémas et les brasseries des grands boulevards du Vème arrondissement. Ses préférés sont le bar de la Sorbonne ou le Palais du Café au 31 boulevard Saint-Michel et cet établissement devient son 'quartier général'. La fréquentation du monde étudiant, cette classe sociale aisée, amène aussi Violette à mentir sur ses origines, son milieu.
Elle s'en éloigne de plus en plus. Elle confie à ses camarades ses tourments : que son père « oubliait qu'il était son père », ou « sa conduite trop particulière envers elle »15 et qu'il était jaloux de ses amis. Le 14 décembre 1932, Violette dérobe un dictionnaire dans une librairie. À la suite de ce méfait, une dispute éclate entre le père et la fille. Le lendemain de l'incident, les parents découvrent un mot de Violette qui leur fait part de son intention de se jeter dans la Seine. Aussitôt, les commissariats voisins sont alertés. 
La maladie de Violette s'aggrave, au début du mois de mars 1933, et elle n'a plus d'autre choix que d'informer ses parents de son état de santé. Elle amène le docteur Henri Déron à rédiger un faux certificat de virginité. De cette façon, elle rend ses parents responsables de cette maladie contagieuse, l'hérédosyphilis.
À son retour, le père informe son épouse de cette maladie 'héréditaire', dont souffrirait Violette. En résulte une nouvelle dispute entre les parents et leur fille mais, pour Violette, ce sera une dispute de trop.
Elle pense à sa tentative de suicide du mois de décembre et décide d'entraîner sa famille dans la mort. Le 23 mars 1933, Violette achète un tube de Soménal, un somnifère, en pharmacie. Elle persuade ses parents de prendre ce médicament, que le docteur Déron aurait prescrit afin de les protéger d'une éventuelle contagion. Il s'agit de la première tentative d'empoisonnement. La dose administrée est faible. Tout le monde "survivra" malgré l'incendie de l'appartement le même soir.
Malgré ces évènements, le quotidien reprend son cours normal

Violette Nozière rencontre le 30 juin 1933 un étudiant en droit, Jean Dabin, nouvel amant, mais amant de coeur. Endetté, il vit aux crochets de la jeune femme. Mais racolages et emprunts à des amis ne suffisent plus aux deux amants.
Parallèlement, au début de l'été 1933, la situation financière du père de Violette s'améliore. Jean Dabin doit partir en Bretagne où Violette souhaite le retrouver et prolonger ensuite les vacances avec lui jusqu'aux Sables-d'Olonne, mais en automobile. Ils rêvent de partir en Bugatti. Rien que ça. Mais il leur faut trouver la somme d'argent. Violette Nozière sait que ses parents cache une importante somme d'argent dans l'appartement parisien.
Le 21 août 1933, Violette renouvelle sa tentative du 23 mars, mais avec une dose beaucoup plus forte de Soménal, répartis dans deux sachets identiques.
Pendant ce temps, les parents ne sont pas au bout de leurs surprises. Ils découvrent que de l'argent a disparu et, en cherchant dans les affaires de leur fille, trouvent une lettre de Jean Dabin.

À son retour à la maison, au n°9 de la rue de Madagascar à Paris, une dispute éclate. Le climat finit par s'apaiser. Le soir après le dîner, Violette absorbe le contenu du sachet identifié par une croix, correspondant à un dépuratif inoffensif. Le père avale la totalité du sachet mélangé à un verre de vin rouge alors que sa mère, en raison du goût amer, jette la moitié du verre, ce qui lui sauvera la vie.
Violette vole l'argent qui se trouve sur sa mère et prend la paie de son père, en tout 3 000 francs. Elle quitte l'appartement pour y revenir le 23 août à une heure du matin. Violette ouvre le gaz, afin de faire croire que ses parents ont tenté de se suicider par ce moyen et alerte ses voisins.
L'enquête de la police révèle deux faits importants : l'absence des dépenses inscrites quotidiennement dans un registre tenu par madame Nozière pour la journée du 22 août, et le compteur à gaz dont le relevé démontre que la quantité échappée était insuffisante pour asphyxier le couple.

"Violette Nozière devient très vite la suspecte numéro une.
Convoquée au commissariat, où elle doit être confrontée à sa mère, elle panique et s’enfuie. Un aveu de culpabilité pour la police qui voulait déjà la mettre derrière les barreaux. Sa cavale dure une semaine, avant qu’elle soit repérée à la terrasse d’un café huppé de Paris – oui, à la vue de tous. Elle est finalement écrouée." VANITY FAIR

Pour l'époque, l'affaire devient un véritable feuilleton médiatique. Très suivi dans la France entière, elle fait la une de tous les journaux. Les rédactions envoient leurs équipes de journalistes, qui mènent leurs propres investigations sur le lieu du drame, au 36 quai des Orfèvres, dans les laboratoires d'analyse, dans les hopitaux où se trouvent le corps de Baptiste Nozière et où se trouve admise la mère de Violette. Certains se rendent même dans la Nièvre pour comprendre de quelconques origines au mal. Les chansonniers prennent le relais. L'opinion publique se divise en deux camps et s'enflamme pour l'affaire Violette Nozière.

L'enquête est confiée à un commissaire de renom : Marcel Guillaume qui est bien connu pour s'être occupé des crimes de la bande à Bonnot, Landru et l'assassinat du président de la République Paul Doumer.
Violette aura pour avocat Maitre Henri Géraud, un ténor du barreau, qui a défendu Raoul Villain, l'assassin de Jean Jaurès et Paul Gorgulov, le meurtrier du président de la République Paul Doumer. 

 "Le 10 octobre 1934 début le procès de Violette Nozière – qui ressemble davantage à un modèle de Picasso période bleue qu’à une criminelle. Pour défendre son acte, elle accuse son père de viol. Elle l’aurait tué pour se libérer de son emprise. On la traite alors de mythomane. Sa mère, qui la disait coupable quelques mois plus tôt, est appelée à la barre. Retournement de situation : elle la défend, demande sa libération et clame son innocence.

Violette Nozière procès

Dès le début du procès, la presse ne parle que de ça. Il en faut peu pour que Violette Nozière devienne une véritable star. Auteurs – Louis Aragon à Marcel Aimé, ou encore Paul Éluard – et politiques s'emparent de l'affaire. D’un côté, la gauche, qui voit en elle le « symbole de la lutte contre les dérives de la société bourgeoise », comme le décrit Stéphane Bourgouin. De l’autre, la droite, qui dénonce une « jeunesse dévoyée qui transgresse l’ordre moral. » Tout le monde a un avis et personne ne semble vouloir se taire.

Le 12 octobre 1934, au terme du procès, elle est condamnée à la peine capitale – soit la peine de mort. On la surnomme alors « l’empoisonneuse du siècle ». La guillotine étant alors réservée aux hommes, elle écope de travaux forcés à perpétuité. (...)" LA VERITABLE HISTOIRE DE VIOLETTE NOZIERE 


Le 6 août 1942, le maréchal Pétain réduit la sentence à 12 ans. Puis, le 29 août 1945, Violette Nozière est finalement libérée, puis graciée par le Général De Gaulle le 17 novembre de la même année. La cour d'appel de Rouen rend un jugement exceptionnel dans les annales de la justice française concernant l'auteur d'un crime de droit commun qui a été condamné à la peine capitale, en prononçant la réhabilitation de Violette Nozière le 13 mars 1963.

Violette Nozière reviendra à Neuvy-sur-Loire pour s'y marier avec Pierre Garnier le 16 décembre 1946.
"Violette découvre un Neuvy-sur-Loire complètement différent de celui qu'elle a connu dans son enfance. Une commune martyrisée, ravagée par trois bombardements américains en ces journées funestes du lundi 17 juillet, mercredi 2 et lundi 7 août 1944. Les forteresses volantes déversent leurs bombes à plus de 5 000 mètres d'altitude sur des objectifs ferroviaires, mais sans les atteindre. Les Alliés ont semé mort et destruction. Les pertes humaines s'élèvent à près de 130 morts et plus de 180 blessés. Soixante-dix immeubles de Neuvy-sur-Loire sont détruits et 97 % des maisons sont plus ou moins sinistrées. Les monuments historiques, excepté les édifices religieux, sont anéantis. La mairie a disparu et c'est dans une ancienne école que la cérémonie du mariage est accomplie." WIKIPEDIA

Le couple retournera ensuite en région parisienne, puis à L'Aigle, puis à La Bouille, vers Rouen. Violette aura cinq enfants auxquels elle ne parlera jamais de son passé.
Elle meurt le 26 novembre 1966 à son domicile de Petit-Quevilly.
Elle repose dans le caveau familial à Neuvy-sur-Loire, aux côtés de son mari, de sa mère et de son père.
Son secret disparaît avec elle : "Qui était donc Violette Nozière, inconnue endeuillée pour la vie, qui s'est réfugiée dans le silence, sans jamais délivrer son mystère ?" (Jacques Vergès).

Plusieurs documentaires, films, téléfilms, enquêtes, émissions radio, complaintes, études, bandes dessinées et livres sont consacrés à cette affaire. Citons, par exemple, le film de Claude Chabrol, réalisé en 1977, avec Isabelle Huppert dans le rôle titre.

 

Bon eh oh ! Quittons le cimetière pour revenir à notre but initial : boire une bière bien fraiche dans un endroit au frais.
Je reprends la route pour me diriger vers les bords de Loire où je découvre une magnifique vue sur... la centrale nucléaire de Belleville. "Où sont mes racines: Nashville ou Belleville ?", comme le chantait Eddy Mitchell qui évoquait plutôt dans sa chanson le quartier populaire du XIXème et XXème arrondissements de Paris.

Neuvy-sur-Loire, sculpture et centrale nucléaire (58)

 

Ce n'est pas le plus bel endroit pour passer quelques jours en confinement, comme le dessine Gros.
                    Vacances 2021


À côté de la statue de la Petite Sirène en hommage aux mariniers disparus en Loire, un panneau touristique nous explique les activités passées du port de Neuvy-sur-Loire.

Neuvy-sur-Loire, panneau (58)NEUVY LES POTS
Marchandises les plus transportées depuis Neuvy, les poteries provenaient de la Puisaye voisine. Les productions locales pouvaient transiter jusqu'à Nantes et même paris via le canal de Briare.
D'autres marchandises comme les ocres ou le charbon descendaient la Loire mais les échanges se pratiquaient également 'à la remonte' avec Nevers ou Decize.
Au XIXème siècle, les terres blanches de Neuvy étaient également exploitées pour la faïence de Gien. Sur le port s'est ainsi développée une production très locale avec des poteries fines à la confluence de la Vrille et de la Loire.

Le fleuve, voie de navigation, permettaient aux mariniers de traverser la France au prix d'un périple long et dangereux où beaucoup laissaient la vie. En basses eaux, le "fleuve de sable" pouvait laisser à quai les équipages pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois !
Les mariniers ne manquaient pas, avant chaque départ, de demander la protection de Saint Nicolas, leur saint patron. Une simple pièce faisait office de lieu de culte dans un bâtiment situé à l'angle de la ruelle Saint Nicolas. Cela évitait aux habitants du port de devoir se rendre à l'église de Neuvy, peu accessible à cause de la Vrille.

Les mariniers, hommes fiers et libres, étaient des nomades dans l'âme... Ils se préféraient sur l'eau, mais cultivaient souvent leur lopin par nécessité et parfois par dépit quand le fleuve n'était pas favorable à la navigation. Avec leur liberté de ton, leur gouaille, ils n'hésitaient donc pas à se qualifier eux-mêmes de "chi dans l'eau" à contrario des "cul terreux"... cela se passera de traduction ! Passeurs, pêcheurs, vignerons, marchands, constructeurs/réparateurs de bateaux, Bellevillois venant faire leur marché... tout ce monde se retrouvait sur les quais, faisant les affaires des cafetiers et aubergistes. La vie des quais était aussi largement animée par les femmes qui passaient beaucoup de temps à laver le linge directement dans le fleuve à l'aide du "cabasson" et du battoir. La tâche était longue et pénible mais également très propice aux échanges, souvent même aux "cancans".

L'identité très forte de ce Port a perduré bien après le déclin de la marine de Loire fin XIXème siècle à tel point que certains l'ont proclamée "Commune libre" en 1948-49.

 

Lieu d'histoire et bord de Loire, c'est presque un endroit idéal pour boire une bière fraiche, mais il n'y a pas assez d'ombre et la vue sur la centrale de Belleville me gène un peu.
Je repars donc en direction du sud en prenant l'A77, dite Autoroute de l'Arbre. J'ai passé depuis longtemps l'heure de l'apéro. Il ne s'agit plus de rigoler. Il faut trouver cet endroit !
Après une heure ee route et quelques 54 kilomètres, j'arrive à...

Gimouille, arrêt de bus (58)

Petite commune située pratiquement sur la frontière de la Nièvre et de l'Allier, son nom inspire la fraicheur... Hein ? Mais si ! Gimouille. Gi Mouille... Pas de déduction ni de rapprochement obscène s'il te plait ! Gimouille, cela fait penser à de l'eau DONC un endroit au frais et c'set de cela que nous avons besoin en cette période de canicule nivernaise.
En fait, après quelques recherches, je découvre que le nom de Gimouille provient de Gimolliis en 1287, du nom du vétéran Gemollus à qui César donna le territoire.
BREF ! J'arrive à Gimouille. Je pose la voiture sur un petit parking qui n'en est pas vraiment un et je prends la direction non pas de la Loire qui se trouve à 1,5 km d'ici ; non pas de l'Allier, rivière qui se jette dans la Loire à deux kilomètres... mais bel et bien du canal latéral à la Loire. Pou cela, je passe par...

Gimouille, une rue (58)

 Ah ben ouais. La route de la grâce ! Rien que ça. 
Je passe devant une étrange sculpture.

Gimouille, sculpture

Ce n'est pas une Petite Sirène. Ce n'est pas un hommage à Roger Bricoux. Non. Mais c'est très intéressant.
Derrière cette apparence chromée pouvant faire penser à une sculpture de... de... Jeff Koons se cache une proposition originale.
En effet, depuis Novembre 2018, la commune de Gimouille s'est doté du premier monument aux morts connecté de Bourgogne Franche-Comté. Il permet aux visiteurs d'accéder via un QR code à des informations numériques illustrant l'histoire des principaux conflits de 1900 à nos jours. De plus, le monument offre une connexion wifi jusqu'à 100 mètres autour de l'édifice. Ce signe infini en position verticale met en avant la pérennité de la vie et de la liberté tout en faisant référence aux morts de la Guerre.
Tu peux lire sur le socle de cette sculpture les mots en latin "Memento, viator, filios nostros ; Vitam pro patriae libertate dederunt" qui signifie "Souvenez-vous, voyageurs, de nos enfants. Ils ont abandonné leur vie pour la liberté de leur pays.".

Je passe la sculpture pour arriver à hauteur des rives du canal latéral à la Loire ; à ne pas confondre avec la canal du Nivernais.

Gimouille, bord de canal

Gimouille, bord de canal           Gimouille, bord de canal

Bon, les photos sont un peu floues parce qu'en fait ce sont des coupes de vidéos car j'ai oublié de prendre des photos tellement que j'en avais marre de chercher un endroit pour boire une bière et qu'il était tard et que ça va bien !

D'ailleurs, en parlant de vidéo, voici la suite et la fin de ce périple "A la recherche d'un endroit frais dans la Nièvre pour boire une bière bien fraiche".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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