De Erquy à Brignogan-plages (22-29)

C'était à l'été 2021, Mélanie et Jénorme avaient décidé de se rendre en Bretagne, et plus précisément à Brignogan-Plages, et plus précisément dans un hôtel qu'ils avaient découvert lors d'une errance bretonne aléatoire en octobre 2017. Ohlalala, ça nous rajeunit pas tout ça dis don' ?!
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Le matin se lève sur Erquy, charmant petit port breton des Côtes d'Armor.
Côtes d'Armor depuis 1990. Avant, ce département était nommé "Côtes du Nord" qui avait été créé à la Révolution française, le 4 mars 1790. Le département fut touché par la chouannerie dès 1793 ; cette guerre civile qui opposa Républicains et Royalistes dans l'ouest de la France, en Bretagne, dans le Maine, l'Anjou et la Normandie, lors de la Révolution française.

Après une petite balade matinale sur le Cap d'Erquy 
-mais pas jusqu'au bout car pas le temps-...

...je regagne l'hôtel afin de récupérer les bagages et Mélanie.
Hein ? Ça ne se dit pas ?! Ah bon.
Continuons.

L'idée du jour  -ou plutôt le périple du jour-  est de rejoindre Brignogan-Plages et l'Hôtel de la mer où nous avons réservé une chambre pour deux nuits.
Pourquoi l'Hôtel de la Mer à Brigognan-Plages plutôt que l'hôtel Castel Clara à Belle-Île-en-Mer, ou le Grand Hôtel des Thermes à Saint-Malo, ou le Castelbrac à Dinard, ou encore carrément aller passer une nuit dans le seul phare de France habitable à Port Louis, au phare de Kerbel ?
Bonne question et pour y répondre, il te faudra replonger dans la lecture de ce billet écrit en novembre 2017 pour évoquer un périple breton effectué en octobre 2016 (cf : La Bretagne : de Carantec à Brignogan-plages).
Je te résume la situation.

C'ETAIT EN OCTOBRE 2016...
Avec Mélanie, nous avions décidé de faire le tour de la Bretagne de façon un peu aléatoire ; c'est à dire que nous avions un itinéraire de base que l'on suivait plus ou moins au grés des routes et des rencontres. Un jour, alors qu'il n'était pas loin de midi, nous longions la baie de Goulven. En octobre, il était difficile de trouver un restaurant ouvert. Notre recherche semblait vaine. De routes en villes, de rues en impasses, nous arrivions finalement à Brignogan-Plages en nous supposant qu'ici, ville plus grande, il y aurait peut être quelque chose. Mais non. Rien. Le centre-ville était fermé. Bars, restaurants volets tirés. Nous avancions au hasard, fantomatiques, sans but à présent. Et puis, un panneau indiquant la présence d'un hôtel-restaurant de bord de mer. Nous suivons la direction indiquée pour passer devant le menhir de Men Marz pour finalement échouer dans une impasse. Mais une impasse au bout de laquelle se trouvait cet hôtel, l'Hôtel de la Mer. Majestueux et discret, il était posé là, en bord de mer, scrutant le sable blanc et les rochers gris des plages alentours.
Nous entrons dans le hall ouvert, lumineux. On nous accueille avec le sourire.
"- Nous voudrions manger des huitres. C'est possible ?
"- Bien sûr. Nous avons deux salles : la salle restaurant ou la salle comptoir-bar. Laquelle préférez-vous ?"
Nous choisissons la salle restaurant. Très belle salle avec vue imprenable sur les côtes. Un très bel endroit pour manger des huitres en buvant un litre de blanc sec. On nous amène la carte. Magnifique carte ! Rien que les entrées, elles font toutes envie, et à des prix très abordables !
          
Bien sûr, nous prenons les huitres, et puis nous nous laissons tenter par les autres entrées, comme l'oeuf bio 64 degrés et le tartare de lieu.          
Alors, bien sûr, après un tel déjeuner improvisé dans un tel lieu, il est difficile de repartir. Et pourquoi repartir si nous sommes bien ici ?
Nous prolongeons alors le moment en allant boire un café et un petit Cognac sur la terrasse aménagée au pied de l'hôtel-restaurant.      
Et puis une petite marche aller-retour sur la côte jusqu'au phare de Pontusval. Et puis... nous sommes repartis alors que cet hôtel proposait également un excellent menu du soir et des chambres tout confort avec spa et autres soins.
Pourquoi sommes-nous partis alors que nous nous étions dits que nous nous arrêterions suivant les lieux où on se sentait bien ?
Va savoir. Toujours est-il que nous nous étions promis de revenir ici, un jour.
Et ce jour, c'est maintenant.

DE NOS JOURS, MAIS PAS TOUT A FAIT
Nous quittons Air qui... Erquy. Un coup d'oeil sur la carte pour voir comment rejoindre Brignogan-Plages et l'Hôtel de la Mer sans trop se presser, mais sans trainer non plus. Entre les deux, quoi.

Carte : Google maps

Regardons d'un peu plus près les villes à traverser et les villes que nous pourrions traverser sans trop nous éloigner des 176 kilomètres à parcourir.

ERQUY → SAINT-BRIEUC → ...
Bon, là, déjà, soit on va direct sur Guingamp en restant sur la Nationale 12, soit on dérive un peu en suivant la côte par Binic, Saint-Quay-Portrieux, Plouha, Plouézec, Paimpol, île de Bréhat, Tréguier, Plougrescant, Perros-Guirec, Ploumanac'h, Trégastel, Lannion, Saint-Michel-en-Grève, Locquirec, Plougasnou, Locquénolé... et on retrouve la Nationale 12 à Morlaix.
Tout cela est très encourageant et intéressant, mais ça va être un peu long. de plus, nous avions déjà longé cette partie de la côte bretonne en 2016.

LA BRETAGNE : De Nevers à Binic
LA BRETAGNE : île de Bréhat

Donc nous allons éviter et plutôt faire ceci :

ERQUY  → SAINT BRIEUC → N12 → GUINGAMP → PLOUNERIN → PLOIGNEAU → LANMEUR → PLOUGASNOU → LOCQUENOLE → MORLAIX

Nous suivons donc une partie de cette nationale 12, l'une des deux voies rapides de Bretagne, reliant Jouy-en-Josas à Brest. Soient 562 kilomètres. Ah oui, elle part de loin.
En fait, si nous avons quitté la Nationale 12 à hauteur de Plouigneau, c'est parce que nous voulions tout de même voir un peu de côte bretonne avant l'arrivée à Brignogan-Plages.
Tiens, hop, comme ça au passage, comment appelle-t-on les habitants de Plouigneau ?
Ah ah, pas facile, hein ! Les Plouigneautais ? Les plouignatois ? Les Plouignivains ?
Eh ben non, on les appelle les Ignaciens et les Ignaciennes. Comme quoi, des fois, hein, la vie, tout ça, nous réserve bien des surprises.

BREF : pour rejoindre la côte nord de la Bretagne, nous passons par la ville de Lanmeur où se trouve une stèle rendant hommage à Jack Kerouac.

Alors, bon, on a déjà parlé de cette présence dans un précédent billet, mais on peut à nouveau s'interroger : quel rapport entre Lanmeur et l'écrivain américain Jack Kerouac ?

Et bien tout simplement parce que l'écrivain américain de la Beat Generation avait des origines bretonnes. Ceci fut révélé par la généalogiste Patricia Dagier et le journaliste Hervé Quéméner dans leurs livres "Jack Kerouac au bout de la route" et "Jack Kerouac, le breton d'Amérique".
"Un véritable jeu de pistes, faussé par un changement d'identité. À la suite d'une procédure criminelle, et un refus de paternité, M.Le Bihan de Kerouac, qui résidait à Huelgoat (29), s'est expatrié au Canada, modifiant en vol son patronyme en Le Bris de Kerouac. Le noeud de l'histoire ainsi dénoué, elle a réussi à reconstituer le puzzle." LE TÉLÉGRAMME
C’est en quête de ses ancêtres qu’il revient en France en 1965, à Paris, puis en Bretagne qu'il traversa en train avant de s'arrêter rue du Siam à Brest.
"J’essayais de découvrir quelque chose sur mon ancienne famille, j’étais le premier Le Bris de Kervoac à remettre les pieds en France, au bout de deux cent dix ans, pour essayer d’y voir clair et j’avais prévu de me rendre en Bretagne puis ensuite en Cornouaille anglaise." JACK KEROUAC, Satori à Paris.

Pour plus de précisions, tu peux lire l'article "Kerouac" sur le site de "Vivre à Lanmeur" ou encore sur le site Kultur Bretagne avec "Kerouac, l'obsession bretonne".

"Les seuls gens vrais pour moi sont les fous, ceux qui sont fous d’envie de vivre,
 fous d’envie de parler, d’être sauvés, fous de désir 
pour tout à la fois, ceux qui ne baillent jamais et qui ne disent jamais de banalités, 
mais qui brûlent, brûlent 
comme des feux d’artifice extraordinaires, qui explosent comme des araignées 
dans les étoiles et en leur centre on peut voir la lueur bleue qui éclate et tout le monde fait « Waou » !"
JACK KEROUAC, Sur la route, 1957

Lanmeur est également posé sur une zone de cultures maraichères.
Une légende tenace y situe une ville ancienne, ravagée par les invasions normandes : Kerfeunten. Vaste cité, si l'on en juge par le nombre de hameaux encore baptisés, au XVIIème siècle, "Rue" suivi d'un nom... Hélas, l'histoire a été purement inventée, en 1627, par un prêtre en quête de gloire pour sa paroisse. "Rue" signifie en réalité "butte" en breton... Reste que Lanmeur possède deux rares témoignages de l'art roman en Bretagne : la chapelle de Kernitron (XIIème siècle) aux fresques remarquables, et la crypte de l'église Saint Mélar (XIème siècle), dont la voute soutenue par huit gros piliers monolithiques abrite une fontaine miraculeuse.

Quelques kilomètres au nord plus tard, nous arrivons sur la côte bretonne, à hauteur du village de Plougasnou. Prononce "Plouganou". Faut pas dire le S sinon on te lapide sur la place publique. C'est pas facile à suivre quand tu viens des Landes où on prononce toutes les lettres, comme "Il y en a moins" se dit "Il y en a moinsse". L'avantage que nous avons, c'est que nous ne connaissons aucun habitant de Plougasnou, donc au niveau des bises à faire, on ne se prendra pas la tête s'il faut en faire 3 ou 4 ou 2 ou 5. De toute façon, vu que nous sommes en période de pandémie de covid, il est interdit de se faire la bise.
Mais, tiens, au fait, comment appelle-t-on les habitants de Plougasnou ? Hein ? Hein ?
Les Plougasnouitins ? Les Plougasnois ? Les Plougasnains ? Les Ignaciens ? Ah non, c'est pas ça.
Eh bien, on les appelle les... les... Plouganistes. Voilà.

Plougasnou, c'est mignon comme nom, mais si nous sommes ici, c'est pour une autre raison. Il y a là, quelque part, dans le village, une fresque étonnante. Pas n'importe quelle fresque puisque celle-ci est considérée comme l'une des plus belle de France.

Aaah, tu me connais, tu connais ce blog  -ou pas-  mais, tu sais mec, j'en ai vu des fresques dans ma chienne de vie. Oooooh oui ! Notamment à Bayonne où se tient chaque année au mois d'octobre le Festival Points de vue (Cf: Bayonne, Festival Points de vue 2019)...

Mais là, parait-il que celle de Plougasnou, réalisée par l'artiste hollandais Leon Keer, est vraiment très originale.

Nous arrivons dans la petite commune, au demeurant bien tranquille. De lourds nuages gris dominent les lieux. De prime abord, ce n'est pas si près de la Manche que cela. En fait, il y a le Plougasnou de la ville et le Plougasnou de la Manche.

Après avoir trainé dans le centre-ville pour la trouver et après avoir arpenter le petit marché local où nous avons acheté toute sorte de sachets de sel, nous décidons finalement de demander le chemin de la fresque à un policier.
"-Bonjour. Vous sauriez nous dire où se trouve l'étonnante fresque de Plougasnou, s'il vous plait ?
"-Ah ? La fresque ! Euh... Ah oui : la fresque ! Elle se trouve sur le bord de mer."

Ok, rien à voir, tout faux.
Nous reprenons la voiture pour aller vraiment au plus près de la côte. On traine, on roule, on cherche et... on ne trouve pas. Pourtant, l'article du Télégramme semblait très clair.
"Un kit de jouets en plastique géants, accroché à une façade route de la plage de Primel, à Plougasnou ? Vous n’avez pas la berlue ! Il s’agit du nouveau graff en trompe l’œil de l’artiste hollandais Leon Keer, dans la cadre du Mx Arts Tour 2021.
Pour le plus grand plaisir des esthètes et amateurs morlaisiens de street art de haute volée, Leon Keer, le « Hollandais graffant » est revenu. Après le Morlaix Graff Tour, en 2020, celui qui élève l’illusion d’optique au rang d’art majeur tenait à participer au Mx Arts Tour 2021.
On rappellera que celui qui a orné, l’an dernier, un immeuble de la Vierge Noire d’un superbe emballage cadeau en trompe-l’œil s’est fait une spécialité de l’anamorphose, en d’autres termes une technique basée sur l’illusion d’optique et la déformation des images. (...)

Cette année, il a été accueilli dans la commune de Plougasnou, pour une première sortie après des mois de travail en studio, covid oblige. Là, Leon Keer s’est approprié le pignon d’un bâtiment de la rue du Grand-Large, vers la grande plage de Primel.(...)" LE TELEGRAMME

Eh ben non ! Pas trouvé ! On n'est pas doué.
Nous avons roulé le long de l'anse de Primel sans la voir. C'est marée basse, apparemment.

       

              

Une chose est sûre : la fresque n'est pas sur la route de bord de mer. Et si tout cela n'était qu'une légende.
Parait-il qu'ici, à Plougasnou, il y en a beaucoup. Elles sont même répertoriées et racontées dans un article de la "Revue des traditions populaires" publié en 1899. On y évoque la légende de l'évêque de Saint-Brieuc changé en chien, celle de maisons hantées comme le manoir de Cosquer ou encore de la messe du revenant.
On raconte aussi qu'une sirène maléfique attirait les navires vers les récifs de Plougasnou. Elle les dévalisait et allait cacher son butin sur la côte. Saint Primel résista à ses charmes et réussit à la chasser. La sirène a disparu, mais personne n'a encore trouvé son trésor.
Selon l'écrivain-historien Jacques Gambry (1749-1807), "Il existe encore dans les environs de Plougasnou un genre de divination ; des sorciers interprètent les mouvements de la mer, des flots mourans sur les rivages, et vous prédisent l'avenir.".

Quelle bien intrigante commune et faire face à ces paysages de marée basse laissant apparaitre de multiples rochers aux formes tortueuses nous laisse circonspects.
Parait-il qu'ils ont tous un nom : le chapeau de Napoléon, le crapaud, le sphinx, l'oiseau de la tempête, le lapin, les deux fesses,... (cf : Baie de Morlaix).
Des rochers oui, mais pas de fresque !

Ce n'est finalement que bien plus tard, en fin de journée, une fois l'Hôtel de la Mer atteint, que je trouverais la position de la fresque...
  
Nous n'étions pas loin. Mais, après tout, comme l'écrivait Kerouac, n'est-ce pas cela la route ? Hein ? Un objectif jamais atteint pour en atteindre un autre peut être qui ne s'en avouera pas un. Hein ? Non, il n'a pas écrit cela ? Ah. Mais il aurait pu.

BREF : en tout cas, nous, à force de longer la côte, nous ne savons plus très bien où nous sommes, mais là où nous errons, il y a des petits restaurants de bord de mer. C'est pas plus mal parce que nous avons faim. Apparemment, nous nous trouvons à la pointe de Térénez.
Après une bonne gamelle de moules et un litre de blanc sec au restaurant le Radeau, nous allons marcher un peu, à la découverte de cet endroit inattendu.

Il y a le bord de Manche,
côté Nord.

        

Au loin, nous pouvons apercevoir la petite île Stérec, reposant sur une assise granitique. Elle présente une végétation dense et du granit blanc qui aurait servi à l'édification du cairn de Barnenez. Elle est aujourd'hui "désaffectée, envahie par la végétation". Mais...
"Avec son unique demeure  -un chalet en bois avec un toit d'ardoise-, cette île est un havre de paix bien préservé. L'ensemble fortifié, construit sous l'occupation, était composé à l'Ouest d'un grand corps de garde aujourd'hui ruiné, revêtu de tôle. On y trouvait outre l'imposante cheminée, un emplacement pour un canon mobile ou une mitrailleuse lourde. Un tunnel de 88 mètres de long traverse l'île de part en part. Il dessert trois soutes de 10 mètres par 5. L'une d'entre elle, la plus à l'Ouest est en partie détruite ; elle conserve de nombreux vestiges de guerres : culasses d'obus, débris de caisses de munitions... Un canon de 76,2 mm d'origine Russe pouvait être mis en batterie sur la plateforme au devant de l'entrée Ouest du tunnel. Une petite plateforme, sans doute pour un projecteur, est visible au Sud. Deux Tobrouk (au Nord et au Sud) assurent la défense rapprochée de l'île tandis qu'un emplacement situé au sommet de l'île permet d'assurer le guet. Deux cales, l'une à l'Est, l'autre à l'Ouest (la plus grande) permettaient d'approvisionner l'île. La rampe en béton servant au levage est visible au dessus de cette dernière. L'île Stérec était ceinturée par un vaste réseau de mines flottantes (l'une d'entre elle explosée, gît sur l'estran) et d'obstructions de plage." PLOUEZOC'H

L'île Stérec est accessible à marée basse, mais on ne peut s'y promener car elle est privée.
Quand on regarde sa forme sur une carte, je trouve qu'elle ressemble
à E.T. l'extraterrestre qui nous montre du doigt sa maison.

Si, si.
Bon, bref, continuons de la regarder depuis la côte.

        

Une promenade avec des panneaux nous explique le lien entre la Résistance lors de la Seconde Guerre Mondiale et Plougasnou.
"Plougasnou fait partie des premières communes bretonnes à avoir répondu à l'appel du 18-Juin du général de Gaulle. Dès le 19 juin 1940, le jour même de l'arrivée des troupes allemandes dans la région de Morlaix, l'Oiseau des tempêtes, un bateau de pêche, quitte le port de Primel avec huit hommes à bord. Ce ne fut que le premier des nombreux bateaux qui assurèrent par la suite le passage en Angleterre de plus de 350 patriotes (par exemple Jacques Jouniaux), certains d'entre eux à plusieurs reprises, en particulier le Primel, qui transporta à lui seul 230 personnes. Le 5 juin 1942 par exemple, le sloop Yolande quitte la baie de Térénez avec trois hommes à bord, dont A. Saladin, âgé de 15 ans et demi, de Plouezoc'h, et Tudel, 16 ans, de Plougasnou.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Plougasnou est utilisée comme base du réseau « Var » animé par Peter Deman du SOE qui assure des liaisons avec la Cornouailles. Ce réseau permet le retour de François Mitterrand, alors chef du mouvement de résistance RNPRG, qui débarque près de Plougasnou en février 1944.
La commune a été décorée de la médaille de la Résistance. Un monument à la mémoire des Bretons des Forces françaises libres est dressé sur un îlot dans le port du Diben. Il a été inauguré en 1955 et comporte 288 noms de morts ou disparus. La commune de Plougasnou a vu partir 50 de ses enfants dont 20 ne devaient pas revenir." WIKIPEDIA

Cette promenade de bord de mer avec ces panneaux revient sur l'histoire de ces deux bateaux qui ont traversé la Manche pour rejoindre l'Angleterre après l'appel du 18 juin 1940.

        

Il y a le bord de Manche,
côté Sud.

         

Une vue qui ne peut nous empêcher de nous interroger sur le climat, le réchauffement climatique, et tout ça..

Térénez est en fait un village de la commune de Plougasnou en bordure de la baie de Morlaix avec la plage versant Nord et le port versant Sud.

Sur la pointe, scrutant les deux versants,
une belle maison.

Après ce bon bol d'air marin aux senteurs d'iode et d'algues séchées, nous reprenons la route.
Nous longeons la baie de Morlaix en traversant les communes de Plouezoc'h pour passer ensuite sur le pont de Dourduff-en-Mer. Nous longeons ensuite cette longue langue que forme la rivière de Morlaix pour ensuite remonter vers Locquénolé.

Après l'île de Sein et l'île Molène, Locquénolé est la troisième plus petite commune du département du Finistère. Car oui, nous sommes à présent dans le Finistère. Finistère, fin de terre. Le bout du bout. Bout de la France. Bout de l'Europe occidentale.
Et il ne nous faut faire que quinze kilomètres pour arriver à Saint-Pol-de-Léon. Pourquoi sommes-nous là alors que nous nous y étions déjà arrêtés en 2016 ?
Eh bien... j'en sais rien. Toujours est-il que je n'ai pas pu m'empêcher de retourner dans la cathédrale Saint-Paul-Aurélien pour revoir la statue de Sainte Apolline avec sa paire de tenaille à la main.

Rappelons-le : Sainte Apolline est la patronne des Dentistes.
Petite statue d'applique en bois polychrome, un mignon petit panneau situé juste à côté nous rappelle brièvement son supplice :
"À Alexandrie, Apolline appartenait à un groupe de vierges consacrées. Après lui avoir brisé la mâchoire et arraché toutes les dents, ils la mirent devant un bûcher, menaçant de l'y jeter, si elle ne répétait pas des injures au Christ après eux. Elle s'excusa de ne pouvoir leur donner satisfaction ; puis, profitant de leur distraction, elle courut se jeter dans les flammes."

Voilà, voilà. Mais il y a d'autres choses à voir dans cette belle et grande cathédrale, comme la cloche de Saint-Paul.

Comme nous le rappelle un autre panneau situé à côté de cet objet de culte, il s'agit de la réplique de la cloche celtique de saint Paul-Aurélien, baptisée Hir-Glaz, date de l’époque carolingienne. Elle est l’une des plus anciennes de Bretagne. D'après la légende, elle aurait été apportée par un poisson. Imposée sur la tête des fidèles, elle était censée les protéger ou les guérir des maux de tête et de la surdité. La cloche originale a été mise en lieu sûr et n'est plus présentée au public que lors des grandes processions.
"Haute de 22 cm, faite de bronze fondu avec des traces d'argent, la cloche du saint patron du Léon, portée par une anse en forme de poisson, était tenue en grande vénération. «An hirglas» (la longue fauve), ainsi que la surnomme la ferveur populaire, aurait rendu la vie à un mort, selon le moine Wormonoc qui a rédigé la vie du saint au IX e siècle et guéri aussi plusieurs personnes de la surdité et de maux de tête. Son tintement fait reconnaître aux initiés une sonorité très proche du si bémol. Ces cloches très anciennes ne servaient pas seulement à indiquer le temps de l'Eglise mais bien plutôt à signaler l'espace qu'elle contrôlait. La Bretagne était la terre des saints : chaque saint celtique faisait usage de sa cloche pour prendre le contrôle du territoire dans le rayon duquel l'instrument se faisait entendre." LE TELEGRAMME

Je continue à marcher dans la cathédrale en passant devant le bruloir...

...puis en rejoignant le chœur de la cathédrale où se trouvent les 66 stalles de bois taillées au XVIème siècle, réparties en deux rangées de 17 et 16 stalles d'un côté et de l'autre. Elles sont toutes différentes, sculptées dans le chêne par des artisans locaux.

          

"L'ensemble présente un programme iconographique riche, qui comprend des éléments du bestiaire, y compris des animaux fabuleux, des décors végétaux, mais aussi des représentations de saints, comme la Vierge à l'Enfant, les saints Jean Baptiste, Jean, Pierre, Marguerite, Roch ou Paul Aurélien, ainsi que des images des métiers de la Renaissance : apothicaire, paysan, marchand, moine, diacre, évêque..." WIKIPEDIA

Pour plus de détails et d'informations, tu peux te reporter sur ces deux sites : Le blog de Jacques-Yves Cordier et Patrimoine région Bretagne.

Par contre, je ne suis pas parvenu à trouver l'autre curiosité de la cathédrale : "L'enfeu des crânes" ou "étagères de la nuit". Il s'agit de 35 boites reliquaires contenant les crânes recueillis par les familles des défunts.

Après cette petite visite non exhaustive, nous reprenons la voiture pour parcourir les derniers 30 kilomètres qui nous séparent de Brignogan-Plages.
Saint-Pol-de-Léon se trouve sur la Ceinture dorée, une région au sous-sol riche en limon et au climat doux. Ces deux facteurs favorisent la culture des légumes, et tout particulièrement celle des artichauts.
Dans les champs alentours de Saint-Pol-de-Léon que nous traversons à présent en empruntant la départementale 10, on aperçoit de longues rangées de ces "gros chardons" dont on déguste les têtes en vinaigrette.
On les cueille à la main de mai à juillet pour les plants les plus anciens, et d'août à octobre pour les plus jeunes. La France est des rares pays à être amateur de ce légume. Pourtant, l'artichaud est un antioxydant, ultra vitaminé et riche en fibres.

SAINT-POL-DE-LEON → SIBIRIL → CLEDER → PLOUESCAT → GOULVEN → BRIGNOGAN-PLAGES

Après avoir traversé Cléder et Plouescat, nous retrouvons les plages de la Manche. 
Nous passons à proximité des dunes de Keremma qui se déploient sur une longueur de 5 kilomètres et sur une superficie d'environ 200 hectares. Ce cordon de sable possède une mosaïque infinie de milieux qui sont autant de repaires pour une multitude d'espèces végétales et d'oiseaux migrateurs.

Nous passons Goulven, petite commune située au fond de son anse de sable, dominée par la haute tour clocher Renaissance (1593). de l'église Saint-Goulven qui s'élève tel un phare au dessus des toits des maisons.

Et puis, dernière ligne droite pour rejoindre Brignogan-Plages et l'Hôtel de la Mer.

DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE

Mélanie et Jénorme atteindront-ils leur objectif et que vont-ils y trouver ?