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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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14 novembre 2022

Route D936, part one (64)

Et PAF ! ça, c'est dit !
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...


J'aime bien le Béarn. Je ne sais pas trop où il commence, ni où il se termine, mais il y a quelque chose dans l'air, dans les paysages et dans les mœurs qui te fait dire à un m'ment donné : "J'y suis !".
Une carte, peut être, pour être plus précis, pour voir où ça commence et où ça s'arrête...

Carte béarn

Une carte à laquelle le site Béarn online ajoute ces quelques mots d'introduction :
"Le Béarn est une exception. Ancien état indépendant puis détaché de la couronne de France, ce petit État a su à la fois se replier sur lui-même et s'ouvrir sur le monde extérieur, une contradiction qui lui a permis d'assurer son expansion et de se tenir éloigné de presque toutes les guerres." BEARN ONLINE

Que tout cela est tentant, mais demande plus de précisions, mais pas trop.
Située dans les Pyrénées entre le Pays basque et la Bigorre, le Béarn est apparu au début du IXe siècle. Il est devenu une région souveraine au XIVe siècle, puis finalement intégrée au royaume en 1589, à l'occasion de l'accession au trône de France du dernier vicomte, Henri de Navarre. Elle devient province française à partir de 1620, puis, en 1790, le Béarn fait partie du département des Pyrénées-Atlantiques avant de rejoindre le pôle métropolitain Pays de Béarn en 2018.

Eh ouais, ça bouge.

D'ailleurs, y'a-t-il un slogan pour le Béarn ?
J'ai un peu regardé à droite, à gauche et au milieu -puisque politiquement, il y a cela aussi à prendre en compte- et là, j'ai trouvé ceci :

slogan

Bon... OK... Je m'attendais à un truc un peu plus... plus... pêchu, plus drôle, sarcastique, recherché... "Be yourself, be Bearn !"... Même pas français...
Attention, je ne suis pas pro-français ! Il faut parler français à tout prix, tout le temps, mais par exemple, y'a des mots intraduisibles en français, comme parking. Eh ouais, tente de traduire parking en français alors que c'est un mot anglais.

parking

Mais tu peux le faire avec "Hot Dog"...

hot dog

Alors que tout le monde sait que "Hot Dog" veut dire "Chien chaud". Faut pas nous prendre pour des lapins de six semaines.
En foot, on ne peut pas dire pas "corner", mais "coup de pied de coin", selon la loi Toubon de 1994 sur les anglicismes. On ne dit pas "Made in France", mais "Fabriqué en French".
On peut également parler des traductions de titres de films américains en français. Oui ? Non ? Ohh, allez ! Juste un peu.
"Cool runnings" aux Etats-Unis est devenu "Rasta Rockett" en France. "Fun with Dick and Jane" devient "Braqueurs amateurs". "The Bourne identity" devient "La mémoire dans la peau". Et "Very Bad Trip" devient "The Hangcover", ou l'inverse c'est à dire "Très mauvais trip" devient "Gueule de bois".

rasta_rockett   braqueurs amateurs  la_memoire_dans_la_peau  very_bad_trip

 

BON BERF ! BREF !
ON VA AVANCER UN PEU !


L'autre jour, alors que je regardais depuis la Croix de Mouguerre le soleil se coucher d'automne sur l'océan invisible au loin, je me suis dit : "Tiens, et si j'allais faire un tour dans le Béarn. Ou du moins, dans une partie du Béarn." Car le Béarn, c'est tout de même une superficie de 4677 km2, soit 68 fois la Tour Eiffel... Hein ? Qu'est-ce que j'raconte ?

REGARDONS LE COUCHER DE SOLEIL
Mouguerre,la Croix, coucher de soleil, octobre 2022

Mouguerre,la Croix, coucher de soleil, octobre 2022       Mouguerre,la Croix, coucher de soleil, octobre 2022

Mouguerre,la Croix, coucher de soleil, octobre 2022


OK, d'accord, demain, allons dans le Béarn. Mais ça commence où le Béarn quand on part de Mouguerre, pays basque ?

J'ai fait mon sac de bonne heure matinale sous un ciel jaune cette fois-ci.

Mouguerre, lever de soleil (64)

Mouguerre, lever de soleil        Mouguerre, lever de soleil

Bon, on ne voit pas très bien, mais le ciel est jaune. Incroyables couleurs d'automne avec une température de 20° à 7 heures du mat'. C'est comme ça, il fait chaud, on va tous crever.
Le ciel se dégage pour laisser place à un beau bleu sur lequel viennent se greffer des dizaines de grues cherchant le chemin du sud.

Mouguerre, passage des grues, novembre 2022 (64)Mouguerre, passage des grues, novembre 2022        

Cette fois-ci, il va peut être enfin faire froid.
Je fais mon sac. Je quitte l'appartement. Je monte dans la voiture. Direction plein Est ! Fuir l'océan au niveau qui monte et qui fait s'écrouler quelques falaises de la côte basque. C'est le réchauffement climatique, on va tous crever.

D'après la carte, l'entrée du Béarn par l'Ouest se fait de Salies-de-Béarn au col de la Pierre-Saint-Martin.

Salies-de-Béarn, le Saleys et balcons (64)         La Pierre-Saint-Martin, bord de route

En musique de fond, je mets le dernier album de Stupeflip, Stup forever.


La première idée est de rejoindre la Départementale 936. Celle-ci s'étend sur 92 kilomètres, de Saint-Pierre-d'Irube à Oloron-Sainte-Marie.
J'aime bien cette "technique" de voyage : suivre une route.
En 1936, beaucoup suivaient la Nationale 7, tracé de Paris à Menton pour un voyage de 996 kilomètres à travers une multitude de paysages variés.
Je me souviens également de ce documentaire de Robert Kramer, "Route one/USA", réalisé en 1989, et qu'il était venu nous présenter à Aix-en-Provence quand j'étais étudiant en cinéma.

 

Route-One-DVD-Zone-2-876850312_ML

"La route numéro 1 qui longe la côte atlantique, de la frontière canadienne, dans l'état du Maine, à Key West en Floride, était jusqu'en 1936 la route la plus fréquentée des États-Unis. Aujourd'hui, un tiers de la population des États-Unis vit le long de cette ancienne voie de 5 000 kilomètres. Parcourir cette fine bande de macadam que les autoroutes immenses ont reléguée au second plan, c'est s'offrir un voyage en plein cœur de l'Amérique." FILM DOC

 

Bon, aujourd'hui, il y a moins de kilomètres à parcourir avec la D936, mais le trajet parait sympathique aussi.

D936


La D936 part de Saint-Pierre d'Irube, et plus précisément de ce rond-point avec des dinosaures dessus.
            Saint-Pierre d'Irube, rond point (64)

Je traverse les villages et communes de Briscous, Bardos... Tiens, un banc et un panneau sur le côté de la route...

Bardos, bord de route (64)

À Bardos, la route s'élève. Après avoir traversé la commune, on atteint une crète avec un beau panorama sur les monts basques au sud et la vallée de l'Adour au nord. Un panorama que l'on peut découvrir depuis le sommet de ce qui ressemblerait à un château d'eau de prime abord. Ce lieu panoramique est installé sur la butte Miremont.

 

BARDOS
Bardos, butte de Miremont (64)

Bardos, butte de Miremont, escaliers (64)          Bardos, butte de Miremont

Une vue unique à 360° s'offre à nous : au sud les Pyrénées qui s'étirent de la baie de Saint Sébastien aux pics du Béarn et de Bigorre, à l'ouest la côte et l'océan, au nord la vaste forêt des pins des Landes de Gascogne et à l'est les collines béarnaises.
Bon, ce matin là, il y avait un peu de brume sur les sommets pyrénéens.

Bardos, butte de Miremont, vue sur Bardos (64)

Bardos, butte de Miremont, vue sur la Rhune (64)      Bardos, butte de Miremont, vue sur les Landes (64)

Bardos, butte de Miremont, vue sur Bardos

Bardos, butte de Miremont, vue sur les monts basques (64)     Bardos, butte de Miremont, vue sur Bayonne (64)

Bardos, butte de Miremont, vue sur les monts basques

Comme souvent, dans ce genre d'endroit, on découvre aussi des tags, des déclarations d'amour...
ou presque...
     Bardos, butte de Miremont, tags (64)

Ce panorama et cette situation géographique confirment le côté ville-carrefour de Bardos avec ses zones d'Indication géographique protégée (IGP) : kiwi de l'Adour, fromage d'Ossau-Iraty, Tomme des Pyrénées, volailles de Gascogne, volailles du Béarn, jambon de Bayonne et canard à foie gras du sud-ouest.
Telle une vitrine de cette situation IGPiste, quand on traverse le bourg, on ne peut louper l'imposante vitrine du boucher-charcutier-traiteur Marca. Un dicton local gascon reprend ce lien de Bardos avec la gastronomie :

Que vas entà Bidaishe ? Pòt de graisha.
Que vas entà Bardòs ? Shuca aqueth òs.
A Bardòs que minjan la carna e que daishan los òs.

Tu vas à Bidache ? Pot de graisse.
Tu vas à Bardos ? Suce l'os.
À Bardos, on mange la viande et laisse les os.

On pourrait également dire que Bardos est la ville natale du grand-père paternel d'André Dassary (de son vrai nom Marie André Camille Deyherassary), mais bon, continuons.

Et c'est en continuant de suivre la D936 que l'on arrive justement à Bidache. Avant d'entrer dans la commune, une silhouette retient l'attention, là bas, au loin, un peu excentrée au nord.

Bidache, vue sur le château (64)

Il s'agit du château de Gramont.

 

BIDACHE
Bidache, château de Gramont (64)

Construit au XIVème siècle, il est aujourd'hui en ruine. mais de belles ruines, propres, restaurées, qui se visitent en prenant rendez-vous avec l'office du tourisme.
Ce château fut incendié en 1523 par les troupes de Charles Quint. Vite reconstruit et transformé en château d’apparat par la famille de Gramont, son style Renaissance et sa splendeur seront réputés dans tout le royaume. Mais au XVIIIème siècle, un second incendie le laissera ruiné.

Bidache, château de Gramont, cours (64)       Bidache, château de Gramont, façade (64)

Bidache, château de Gramont


Du château, vue sur Bidache et son église sous les nuages.

Bidache, château de Gramont, vue sur ville (64)

Bidache a trois noms : Bidache en français, Bidaxune en basque et Bidaishe en gascon. Ses habitants sont appelés les Bidachots ou Bidaxundar en basque.
"De la fin du XVIème siècle à la Révolution française, Bidache constitue une petite principauté qui se proclame « souveraine », sous la souveraineté de la famille de Gramont, prétention généralement considérée avec sérieux par les historiens.
Cela signifie concrètement que la justice y est rendue en dernier ressort, sous l'autorité du chef de la maison de Gramont, prince de Bidache, sans qu'on ne puisse en appeler aux parlements de France ou de Navarre. Ainsi la petite ville est un havre pour ceux qui veulent y trouver asile. Elle sert de refuge à des contrebandiers, ainsi qu'à des Juifs chassés d'Espagne à la suite de l'Inquisition.
Entre les XVIème et XVIIIème siècles, une communauté juive s'y développe, de même qu'à Bayonne et à Guiche, sous la protection des ducs de Gramont, souverains de Bidache, vice-rois de Navarre et gouverneurs du Béarn." WIKIPEDIA

Témoin de cette présence juive, Bidache possède deux cimetière israélites. Quant à l'ancienne synagogue datant du XVIIème siècle, elle est devenue la maison Capdevielle. Rien à voir avec le chanteur de "40 à l'ombre" ou "Quand t'es dans le désert" qui a arrêté sa carrière musicale en 2018 pour ne se consacrer qu'à la peinture. 

 

Je reprends la route. Toujours la D936. Qui s'enfonce dans un vallon creusé par la rivière Lihoury, affluent de la Bidouze.
De l'autre côté du Lihouryu, après avoir passé un pont étroit le surplombant, j'arrive à Cames. Un grand panneau sur le bord de la route nous rappelle que...

Came, panneau (64)


Une belle occasion pour faire un selfy.
Jénorme est à Came (64)
TOUT LE MONDE DEBOUT
POUR FETER LA CHAISE !!!

Mais pourquoi-comment Came est-elle devenue "pays de la chaise" ? Oui, pourquoi Came est-elle devenue pays ?
En fait, c'est depuis le XIXème siècle que plusieurs ateliers de fabrication de chaises se sont installés ici. Il y a notamment l'atelier de la famille Lataillade, installé ici depuis 1860. Jean-Jacques Lataillade a même ouvert un petit musée de la chaise ici même, à côté de son atelier. On y découvre l'évolution des outils et le savoir-faire transmis sur plusieurs générations (cf : Musée de la chaise).

La chaise, un savoir-faire. Je connaissais Hagetmau, dans les Landes
(à 70 kilomètres au nord de Came)...
       Hagetmau, chaise sur rond point (40)
.
..avec son rond-point et ses multiples entreprises de fabrication
qui en ont fait "la capitale européenne du siège"
depuis la fin de la Première Guerre Mondiale.

 Autre question : sais-tu comment sont appelés les habitants de Came ? Hein ? Hein ? Non, pas les Camés ! Oh ! Non, les habitants de Came sont appelés les Akamartars. Ça pète, hein ?! Akamartars ! Cela provient du nom basque de Came qui est Akamarre. Quand y'en a marre, y'a Akamarre !

Rien à voir. 

En traversant le bourg, je me suis demandé si il y avait un bar où boire une petite bière. Google map m'indiquait un lieu, un peu étrange de prime abord, avec pour seule photo illustrative un panneau 'cédez le passage'. Celle-ci était accompagnée d'un avis émis par un certain Julien passé par là en juin dernier.
"De passage dans le coin, nous avons vu de la lumière vers 21h, alors nous nous somme arrêtés.apres quelques échanges avec le tenancier, on nous pris les clés du véhicule, faute de quoi on ne nous sert pas (sécurité oblige). Après quelques verres dont seul le propriétaire connait la composition, nous sentiment nos âmes fusionner, et les premières expériences de transmigration des âmes apparurent. Il était alors 21h22...le lieu se transforme en discothèque, nous enchaînons les bières et les jeux d'argent à une vitesse que seule la lumière connait. Nous avons perdu beaucoup ce soir là.nos économies, de l'espérance de vie, mais nous avons gagner une solide amitié, des rires figés dans les murs et des moments inoubliables. Le triage est un savant mélange entre un tripot et un garage, le choix de whisky est incroyable et le propriétaire est incollable. Amis aventurier, peine de coeur et fan de Lego, poussez la porte et osez l'aventure, vous ne le regretterez pas.a refaire sans hésiter, mon adresse favorite."

Bizarre. Je n'ai jamais trouvé ce lieu.
J'ai un peu erré dans le centre bourg où trône la petite église bien proprette...
   Came, église (64)

Un chat se dandine non chat-lamment dans l'une des rares rues, nommée rue des gagots (= femmes et hommes ayant été victimes d’une ségrégation puis d’une discrimination au cours d’une période qui s’étale du XIIIème au XIXème siècle). Un autre chat bronze sur le toit d'une voiture pendant qu'un autre le regarde stoïque.
Je prends la direction du port, mais, une fois en bas, l'accès est interdit aux véhicules. Je cherche une place pour m'y rendre à pied. Je n'en trouve pas. Je repars.

Je suis retourné sur la D936.
La départementale quitte le vallon creusé par la Bidouze pour atteindre des horizons de champs agricoles. Ligne droite. Ligne discontinue.

D936 (64)

La D936 change de nom l'espace de 500 mètres pour devenir l'avenue de la Chaise. Décidément.

Un peu plus loin, sur la gauche,
un panneau m'indique la direction de Saint-Dos.
Saint-Dos, panneau (64)
Peut être la ville du Dos.

Je continue tout droit.

J'arrive à Labastide-Villefranche qui, comme son nom l'indique, est une bastide. certes, mais c'est quoi une bastide ?
"1. En Provence, ferme ou maison de campagne.
2. Ouvrage provisoire construit pour renforcer la défense ou les travaux de siège d'une place.
3. Petite ville fortifiée et à plan régulier, créée de toutes pièces au Moyen Âge dans le sud-ouest de la France." LE PETIT LAROUSSE

L'arrivée par l'ouest à l'entrée de la commune est étrange.
Sur la gauche, il y a un grand parc au milieu duquel semble trôner une sorte de château abandonné, là, au milieu des hautes herbes, gardées par deux, trois ânes.

 

LABASTIDE-VILLEFRANCHE
Labastide-Villefranche, chateau Bijou (64)

Oui, je sais, on ne le voit pas bien sur cette photo prise depuis un fossé en équilibre sur une jambe sur un muret dominé par une grille en fer... Ouais ben, t'as qu'y aller toi ?!
BREF : ce parc dominé par les herbes et un ânes a été créé par Jules Vacherot, héritier de la culture et du savoir-faire des grands jardiniers-paysagistes qui ont remodelé Paris à la fin du XIXème siècle siècle. Quant à la demeure qui se trouve au milieu de ses 17 hectares de verdure... d'herbe, il s'agit du château Bijou. Quel joli nom !

Ce fut la propriété de l'excentrique Charlotte Combes-Saint-Macary qui en a hérité en 1907. C'était alors une gentilhommière, une simple bastide bourgeoise carrée. Très vite, la nouvelle propriétaire veut étendre son terrain "de jeu". Elle fait même déplacer la route du village de Labastide-Villefranche pour acquérir plus d'espace dans les années 1900 en faisant reconstruire la route juste à côté, à ses frais. Le domaine s'étend alors 24 hectares.
A l'origine, le château Bijou est donc une ancienne maison bourgeoise du XVIIIème siècle. Elle fut remaniée-sculptée-remodelée-travaillée-magnifiée de 1913 à 1924 par l'architecte Regin. Les influences italianisantes se mêlent aux influences néo-grecques et art-déco avec des touches baroques et mauresques. Une luxuriante végétation, des bassins et une chapelle harmonisaient le lieu avec, entre autres, une reproduction de la grotte de Lourdes et des essences naturelles venues des quatre coins du monde.  
L'achat d'œuvres et d'éléments anciens par la propriétaire, entraîna la rénovation par Régin d'un cloître roman espagnol du XIIème siècle, rebâti pierre par pierre.
Dans le parc, une grande allée descend vers un lac privé où fut édifié un embarcadère à colonnes.

Mais alors ? Est-il habité ou non ? De la route, je vois qu'il semble ouvert aux quatre vents avec quelques marques noires, comme celles provoquées par un incendie.
En fait, après la guerre, le château-villa fut dépecé et incendié, le parc laissé à l'abandon. Les intérieurs sont ruinés, les couvertures ont disparu, les façades à l'abandon, affaissements, infiltrations, humidité,..

Labastide-Villefranche, château Joli, grille (64)      Labastide-Villefranche, château Joli

Après le décès de Charlotte Combes-Saint Macary, au tout début des années 70, la propriété fut vendue à l'église Adventiste.
Puis la Mutuelle de la Police se rendit acquéreur dans les années 1980 et y organisa un lieu de vacances avec un restaurant et 24 bungalows dans le prolongement du parc, à proximité du lac privé.
L'ensemble est racheté en 2009 par l'actuel propriétaire, M. Vidalinc. De là, les choses s'accélèrent pour sauver ce lieu.

Labastide-Villefranche, château Joli (64)        Labastide-Villefranche, château Joli, tour (64)

En avril 2008, le parc et le château sont classés au titre des Monuments Historiques. En août 2022, il est sélection par la Mission Patrimoine. Du printemps 2023 au printemps 2024, les travaux seront mises en œuvre pour restaurer parc et château-villa afin de rendre à ce site sa gloire d'antan. Le site aura vocation à être un lieu de vie et non un musée. L'association « Les amis du château Bijou » est impliquée sur le projet et propose de rares visites lors des Journées du Patrimoine.
Pour voir l'état du site, tu peux aller consulter l'article de Sud-Ouest : Balade dans les ruines du château Bijou.

Je garde en mémoire ces mots trouvés sur le site Sanguineproduction pour tenter d'évoquer le pourquoi de cette réalisation majestueuse et monumentale :
"Dans la mémoire du village, il n'y a que peu de trace sur la personnalité profonde de Charlotte Combes Saint Macary, sur son projet de vie quand elle fait construire ce château avec tant de références culturelles, ce parc où des dizaines d'espèces rares de tout continents ont été implantées, ces serres où les jardiniers cultivaient potager et arbres fruitiers. Ce sont les aspects "somptuaires" des réalisations qui ont imprégnés les imaginations et marquent le souvenir.
Mais qui était-elle vraiment ? Ce château, ce parc ne révèlent pas simplement du caprice, même s'il fallait une immense fortune, mais bien du besoin vital de se recréer un espace de vie, de rêve. Un refuge ?"

Et n'est-ce pas à cela, passé un certain âge, que tout le monde aspire ? Se créer un lieu, un espace, plus ou moins grand, mais personnel afin d'y vivre des jours heureux et, peut être, éloigné de tout les "buits" alentours, qu'ils soient politiques, économiques, médiatiques et autres.
C'set peut être pour ce al que j'aime autant faire la route. M'enfermer dans cette bulle de métal, roulant parmi les paysages qui défilent aux sons de la musique que j'ai choisi ou simplement des sons de la campagne quand je traverse celle-ci. Ouais, je sais : ça pollue, ça consomme, c'est pas bien. Mais, de toute façon, quand je marche dans la montagne, on va me dire que c'est pas bien non plus parce que je marche sur la flore et je fais peur à la faune.

Dans son dernier livre, "Blanc",  Sylvain Tesson nous raconte sa traversée des Alpes à ski pendant 84 jours, de Menton à Trieste en passant par l'Italie, la Suisse, l'Autriche et la Slovénie.

Blanc

"Le blanc, la neige. Cela annule tout : le temps, l'espace, le relief. Un monde sans contours mais dans lequel on glisse dans l'inconscient, c'est à dire dans le bonheur. (...)
La transposition, c'est ce que j'aime faire avec le voyage ; c'set à dire que je vis dans des voyages de quelques jours, ou quelques mois, c'est à dire des tranches de vie et même de leçons de vie. Et là, en traversant les Alpes, c'est le seul moment de mon existence où j'ai enfin résolu cette question banale, mais qui nous traverse tous : comment essayer de résoudre ce problème du temps et de l'espace et de faire en sorte qu'on est moins angoissé par la fuite du temps. C'est l'un des grands défis de la vie. En avançant dans un espace de neige où il n'y a plus de reliefs, où tous les contours s'annulent, on oublie l'avenir, le passé. On n'a plus de remords, plus d'ambitions. On se tient à la pointe de l'instant avec le seul impératif d'avancer. (...)
Pour moi, il y a mille fois plus de luxe dans la cessation d'une privation, même très simple, plutôt que dans la surenchère de sophistications. Il y a des gens qui préfèrent manger des antennes d'écrevisses du Vanuatu dans des jacuzzis de champagne en marbre, moi, c'est la cessation de l'effort et me retrouver dans un refuge devant un poêle, une soupe et un bon livre." SYLVAIN TESSON

Puisque nous parlons de plaisirs simples et non démesurés, juste en face du château et de son parc, une autre maison attire également mon attention.

Labastide-Villefranche, maison (64)

Belle et grande avec ces colombages typiques à la région basque (eh ouais, on n'est pas encore dans le Béarn), c'est la maison Petit Bijou

Labastide-Villefranche, maison          Labastide-Villefranche, maison

Bon, là, par contre, je n'ai pas trouvé d'informations.

Je reprends la route, toujours la D936, pour traverser Labastide-Villefranche. La D936 devient très étroite, cernée par les hauts murs du bourg.
La Bastide-Villefranche fut fondée en 1292 par Marguerite, vicomtesse de Béarn.
"Réplique à la création des bastides d’Hastingues et de Sorde par les Anglais, la bastide s’insère dans le dispositif défensif pour protéger la capitale, Orthez. Une tour de guet permet une surveillance et peut prévenir Orthez par signaux optiques via des relais.
Un marché fut fondé en 1392, permettant les échanges d’animaux et de céréales provenant des alentours." BASTIDES64

Labastide-Villefranche, tour de guet (64)             Labastide-Villefranche, tour de guet

Tu remarqueras qu'un des murs de la tour de guet sert maintenant de fronton.

A cette époque, la bastide compte 1000 habitants. Mais le marché hebdomadaire est abandonné et, très vite, la population diminue, passant de 1000 à 300 habitants. La Tour Carrée, la maison Lasalle, l'église Saint-Sauveur et la maison dite "Jeanne d'Albret" sont les monuments présents dans le bourg. Bon, pour la maison dite "Jeanne d'Albret", cette dernière n'y dormit qu'une nuit avec son fils Henri IV en 1564. C'est dans cette même maison que, quelques années plus tard, le malfaiteur Pilate fut torturé à des fins d'aveux lors de la révolte contre la gabelle. Mais, bon, on a préféré garder le nom de Jeanne d'Albret plutôt que de Pilate.
Moins visibles puisque situés en contrebas de la bastide, ce sont les cinq lacs... qui sont inventoriés comme étant trois. Plusieurs légendes courent autour de ces étendues d'eau mystérieuses, mais où il fait bon pêcher.

Allez, je quitte La Bastide-Villefranche pour descendre un peu dans un étroit vallon creusé par une petite rivière sans nom qui va se jeter dans un lac homonyme. La D936 remonte...

Tiens,
y'a des lamas dans un champs.
Escos, lamas et route (64)        Escos, lamas (64)

J'arrive à un stop. Carrefour qui va donner à la D28 venant des Landes le chiffre de D936. Ouais, trop forte cette D936.
Elle devient plus large. Ah non. Pour traverser le village d'Escos, elle se rétrécit sévèrement, contrariée dans ses projets de grande route par la présence dominante de l'église.

ESCOS
Escos, église

Une fois passée l'église, c'est un épais mur de maison particulière qui réduit encore d'avantage la voie routière.
Juste en face de ce mur, un beau terrain de pétanque avec quelques joueurs, encouragés par des dames bien assises sur le banc faisant face au terrain sous les tilleuls.

Escos, terrain de pétanque (64)

Il ne faut toutefois pas trop s'attarder sur cette scène car un virage à 90° s'annonce.

Je sors du village.
Là, maintenant, la D936 est large, grande, droite, belle. Elle suit les méandres du gave d'Oloron que l'on ne voit pas, mais que l'on devine seulement sur la gauche, bordé par des arbres.
Par contre, à partir du village d'Abitain, une étonnante pratique apparait au-dessus de la route...

Abitain, chaussures sur fil

Tu as vu ? Là, au-dessus... sur les fils électriques...
Cette vision se reproduit à plusieurs reprises entre Abitain et Autevielle-Saint-Lartin-Bideren.

Abitain, chaussures sur fil (64)

Abitain, chaussures sur fil

Ce  n'est pas moins de six paires de chaussures sur fils électriques que je croise sur cette distance de cinq kilomètres.
Je sens que le Béarn insolite approche. Il n'en reste pas moins que je me demande à quoi correspond cet acte qui est, peut être ici, une coutume. Est-ce pour éloigner le mauvais sort ? Est-ce une façon originale de se débarrasser... de recycler ces vieilles chaussures ? Est-ce une discipline régionale sportive ? Est-ce que c'est fait pour te faire parler ? Combien de temps faut-il pour parvenir à accrocher la paire de chaussures sur le fil ? Au bout de combien de lancer ? Y'a-t-il des records ?

Eh bien, écoutes : cette discipline n'est pas l'apanache... non, l'apanage... à chaque fois je me gourre... oui, donc, cette discipline n'est pas l'apanage de cette région de France puisque cela existe un peu partout dans le monde. On appelle cela le Shoes tossing. Yeah ! L'épreuve consiste à nouer des baskets ensemble et de les lancer sur un câble électrique pour qu’elles restent suspendues. Ce phénomène, dont on ignore la réelle origine, trouverait tout de même sa source aux Etats-Unis. Elle s'est ensuite rapidement étendu aux pays d'Europe, à la Nouvelle-Zélande, ainsi qu'à la péninsule ibérique.
Dans les grandes villes, certains prétendent que suspendre des chaussures à un fil électrique est fait pour signaler un point de vente de stupéfiants. Aux Etats-Unis, des chaussures suspendues à un fil signalent l'entrée dans un quartier-territoire.
Mais le shoes tossing a également d'autres interprétations : fêter la fin de l'année universitaire ou encore, chez les marines, jeter et suspendre ses rangers sur un fil est signe d'un retour à la vie civile. Pour d'autres, c'est tout simplement un geste artistique, un art de rue... ou de route dans l'exemple présent.

Un court documentaire australien d'un quart d'heure, he Mystery of Flying Kicks (Le mystère des pompes volantes), s'est penché sur la question.

Personnellement, quand je vois ce genre de scène, je ne peux m'empêcher de penser au film de Tim Burton, Big Fish, réalisé en 2003.

"Edward Bloom est un conteur. Un homme aux histoires aussi extraordinaires qu’incroyables. Ces contes et anecdotes qu’il ne cesse de raconter forment l’histoire de sa vie. Mais aujourd’hui, Edward Bloom est mourant, et son fils, William, revient à son foyer où il lui demande de lui raconter la vérité cachée derrière toutes ces histoires abracadabrantes.
Mais Edward Bloom n’en démord pas.
Tout a commencé le jour où il a pêché un énorme poisson…"

DVgcensXkAEnLlx

Petite anecdote sur le film, la ville de Spectre (où chaque habitant a lancé sa paire de chaussures en entrant) a été construite spécialement pour le film. Elle se trouve aux Etats-Unis, sur l'île de de Jackson Lake, entre Montgomery et Millbrook. Abandonnée, puis entretenue, la ville de Big Fish est aujourd'hui une balade pour Américains ou touristes qui viennent y camper ou pêcher pour la journée. L'entrée du site est de 3 dollars, surveillé par un gardien. Ici, tout est polystyrène et cartons, arbres, chapelle, maisons. Seules les façades des maisons et de l'église ont été utilisées. derrière, il n'y a rien. La chapelle tient à peine, quant à la maison de Jenny la sorcière, elle a été détruite complètement pour des raisons de sécurité (cf : Lost in the USA)..

Ces chaussures suspendues au-dessus de D936 marquent également  -approximativement-  l'entrée dans le Béarn. 
Eh oui, quelques kilomètres plus tard, nous arrivons à Sauveterre-de-Béarn qui, comme son nom semble l'indiquer, se trouve... dans le Béarn. Ben ouais, si c'était dans le Morvan, ça s'appellerait Sauveterre-de-Morvan ; un peu comme Saint-Hilaire-en-Morvan, Saint-André-en-Morvan ou Quarré-les-Tombes... Ah  non, merde, là, ça ne marche pas. 

Sauveterre-en Bearn, nous en avons déjà parlé plusieurs fois sur ce blog.
Pas plus tard qu'au mois de juin dernier où nous nous étions rendus, avec Siensienne, sur l'île de la Glère : Zen attitude et Zentone.

siensienne à Sauveterre-de-Béarn

Ehla, qu'elle était fière ! Ehla, qu'elle était contente de se vautrer dans le Gave, dans les herbes, la truffe au vent, la fêêêêête !!!
L'île de la Glère...
A ne pas confondre avec le refuge de la Glère qui,
lui, se trouve dans les Hautes-Pyrénées, loin du Béarn.
Jénorme est au refuge de la Glère (65)
            (Cf : Lac et refuge de la Glère)

Donc, oui, alors, ne pas confondre le refuge de la Glère avec l'île de la Glère car ce n'est pas du tout au même endroit.
L'île de la Glère se trouve en bas de Sauveterre-de-Béarn, sur un méandre du Gave d'Oloron. Une belle petite balade nous permet de découvrir de nombreuses espèces végétales protégées dans un cadre calme et verdoyant. On y croise également ici et là des petits poèmes.

Un peu avant, c'était avec Siensienne Nisca, en avril 2019, que nous étions allés sur l'île de la Glère pour Sauveterre-de-Béarn, Le sentier des poètes.

Nisca au sentier de spoètes, Sauveterre de béarn

Oui, bon, là, elle pose moins bien que Siensienne, mais c'est bien Nisca. C'est même son chemin de balade préféré.
Et à bien d'autres moments lorsque nous nous sommes rendus à La Pierre-Saint-Martin, ou pour rallier l'océan à la montagne, ou pour aller visiter la deuxième plus grande gare d'Europe,...
Oui, Sauveterre-de-Béarn est belle...

SAUVETERRE-DE-BEARN
Sauveterre-De-Béarn, apéro depuis la Terrasse du Gave (64)      Sauveterre-de-Béarn, île de la Glère, sentier poétique, Gave et église Saint-André (64)Sauveterre-De-Béarn, pont de la Légende (64)      Sauveterre-en-Béarn, rue des Innocents (64)

Mais la D936 n'y passe pas vraiment. Elle la contourne presque subrepticement. Et là, tu te dis : "Ouais OK, d'accord, mais que veut dire 'subrepticement' ?" Alors, tu vas voir la définition dans Le Petit Larousse et là, tu découvres :
SUBREPTICEMENT : De manière subreptice.

Et là, tu te dis : "Ah ouais, d'accord, je comprends mieux."

BREF : passons Sauveterre-de-Béarn puisque nous n'y passerons pas ou juste peu pour découvrir deux ronds-points successifs qui, malheureusement, ne sont pas arborés comme ceux que nous verrons plus loin...

 

DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE

Mais de quel ronds-points Jénorme veut-il nous parler ? Et jusqu'où va-t-il suivre cette incroyable et surprenante D936 ? Et que va-t-il découvrir encore ?
Tu le sauras dans le prochain épisode "D936, le défi".

 

 

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