BAYONNE, 5ème édition du Festival Points de vue (64)

Ouais, je sais, j'ai un peu de retard. Le festival avait lieu au mois d'octobre, mais bon.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Alors, bon, ok.

L'autre jour, au mois d'octobre, j'étais à la plage, du côté de la Chambre d'Amour à Anglet.
Pour une fin octobre, il faisait beau, il faisait bon et le coucher de soleil exposait de belles couleurs de fin de journée.

          

Oui, de très belles couleurs dans le ciel.
Un peu plus tard, au mois de novembre, je me suis dit : "Et si j'allais dans la campagne basque voir les couleurs automnales terriennes."

Je me suis rendu à Saint-Palais. Ben oui, comme ça. J'ai pris la route depuis la côte pour m'aventurer dans les terres en espérant voir la couleur des arbres changer.

         

Et puis,
j'ai un peu vagabondé dans la ville...

      

Certains détails rappellent que Saint-Palais est situé sur la voie du Puy du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
J'ai également croisé quelques fresques ici et là...

       

Celles-ci ont été réalisées en 2021 par l'artiste madrilène Taquen pour le Festival Points de vue. A plusieurs endroits de la ville, on retrouve cette même palombe avec différentes phases de vol. Six palombes sont ainsi dispersées dans la ville.
Cette année là, le festival avait décidé de s'exposer également dans d'autres villes et villages basques.
C'set alors que je me suis rappelé qu'en cette année 2022, une fresque a été réalisée dans le petit village d'Isturits.

Je quitte Saint-Palais pour rejoindre Isturits par de charmantes routes traversant les beaux paysages basques, composés de champs colorés et de fermes.
La fresque en question est immanquable. Elle se trouve à l'entrée du village, derrière le mur du fronton.

Cette fresque a été réalisée par l'américain John Wentz.
Village de 500 habitants (les Izturiztar) situé à un peu moins d'une heure de Bayonne, la fresque de John Wentz arbore l'image d'une danseuse traditionnelle régionale.

"Quand je suis arrivé, les habitants m'ont beaucoup parlé de l'histoire du Pays basque et des traditions. Ça me paraissait égoïste de coller une idée personnelle sur ce mur, alors j'ai repensé le projet. J'avais envie de faire ça depuis deux ans, depuis le jour où j'ai pris un train pour aller en Allemagne. En regardant la campagne dehors, je me suis dit que j'avais envie de peindre dans ce genre de paysage." JOHN WENTZ

De l'autre côté de la fresque, la place du fronton et le restaurant Haramboure qui,
malheureusement, est définitivement fermé.

On y servait une cuisine traditionnelle, composée de produits locaux.
Pas étonnant quand on voit que le village est entouré de nombreuses fermes et éleveurs.
A quelques pas de là, on peut également visiter et découvrir les grottes d'Isturits et d'Oxocelhaya. Pas de fresques dans ces grottes, mais des concrétions de calcite ainsi que plusieurs salles et galeries parfois traversées par une petite rivière.

Je reprends la route pour me rendre dans un autre village-ville basque où le festival a laissé son empreinte en 2019 : La Bastide-Clairence.

Cette fresque, appelée "La tradicion", a été réalisée par le colectivo Licuado.
"Cette réalisation s’intègre dans le projet culturel mené par le maire, Francis Dagorret, en étroite collaboration avec Alban Morlot, chargé de mission à la Communauté d’agglomération du Pays basque (CAPB), et les associations Clarenza et Esperantza.
L’idée de départ vient de Cathy Etcheveste et de ses danseurs, qui souhaitaient agrémenter la façade du bâtiment communal qui leur sert de rangement pour tous leurs costumes.
Dans un second temps, cette concrétisation s’est inscrite dans une action menée par la commune et l’association Clarenza, dans le cadre des traditions locales, avec Camilo Núñez et Florencia Durán, qui depuis huit ans forment le Colectivo licuado.
Ces artistes, en résidence depuis huit jours à La Bastide-Clairence, ont participé au développement du Street Art en Uruguay et ont pu exprimer par cette fresque toute leur créativité et leur savoir-faire, dotés d’une esthétique très réaliste."  SUD OUEST

La Bastide-Clairence est également connu pour la distinction "plus beaux villages de France", comme Sare, Ainhoa et Saint-Jean-Pied-de-Port. La rue Notre-Dame et la place des Arceaux exposent de belles façades vertes et blanches, rouges et blanches. Deux styles : maisons labourdines et navarraises.

Je reprends la route pour me rendre cette fois-ci à Ustaritz, autre lieu de décentralisation du Festival Points de vue 2022.
Là encore, je prends des petites routes  -notamment la route napoléonienne-  traversant les beaux paysages du pays basque avec de belles vues sur les monts et pics basques, comme le mont Ursuya et Artzamendi.
25 kilomètres plus tard, j'arrive à Ustaritz. La ville s'est développée les rives de la  Nive (à la limite du cours navigable) et sur la route napoléonienne, reliant Bayonne à Hasparren par les crêtes.
Ustaritz a conservé une activité agricole importante, mais la proximité de Bayonne et l'essor de l'urbanisation dans le pays basque a sévèrement modifié le paysage. 

La fresque à découvrir se trouve au 240 route de l'église, mais dans un des cinq quartiers de la ville, le quartier d'Arrauntz. C'est carrément en dehors d'Ustaritz. De plus, il n'y a pas d'église sur la route de l'église.
Après avoir tourné un peu autour de l'église Saint-Vincent, je me raccroche finalement au GPS qui m'indique la direction nord de la ville.
Cinq kilomètres plus loin, j'arrive dans le quartier d'Arrauntz où se trouve la fresque de Yann Chatelin alias POZE.

C'est sur les murs de la salle municipale Anttonittoeneberria d’Arrauntz que l'artiste a conçu sa fresque du 3 au 15 octobre derniers.
"Je trouve ça super important. Je suis tout à fait fan de ce genre de projets dans les campagnes, car on amène l’art dans un coin où les gens y ont moins accès.(...) Un dialogue se crée avec les habitants. Je vois les gens tous les jours, je suis à l’endroit où ils se baladent, ils viennent voir l’évolution de la fresque. Ce n’est pas la même démarche qu’en ville, où les gens travaillent et passent plus rapidement." MEDIABASK

La fresque représente un passeur sur une barque. Le titre : "Nora goaz ?" ("Où allons-nous ?") qu'il a trouvé avec les habitants du quartier.
"J’ai voulu parler des restrictions d’eau et pénuries qu’il y a eu cet été dans le Pays Basque. C’est une situation qui commence à être inquiétante. J’ai voulu l’aborder à travers une ancienne tradition, les passeurs. D’une rive à l’autre, ils faisaient passer des paysans entre deux champs, ou permettaient de passer la frontière. J’en parle comme d’une activité qui n’a plus lieu d’être, car, malheureusement, on pourra bientôt traverser la Nive à pied, si ça continue." MEDIABASK

          

"Yann Chatelin alias Poze est un artiste peintre, calligraphe urbain et muraliste amoureux du voyage. Installé aujourd’hui dans le Béarn après une dizaine d’années passées au Maroc, ce spécialiste de la calligraphie arabe prend le lettrage en otage de son dessin pour jouer sur les formes et le sens de ses créations."  FESTIVAL POINTS DE VUE

Je quitte Ustaritz pour rejoindre à présent Bayonne.
Pour cela, j'emprunte la D137 pour passer par Villefranque, puis la belle route des cimes et ce panorama magnifique, une fois de plus, sur les monts basques et alentours. A l'Est, on peut même voir les cimes enneigées pyrénéennes, et notamment la silhouette originale du Pic du Midi d'Ossau.

           

10 kilomètres plus tard, j'arrive à Bayonne, à hauteur des bords d'Adour, avenue du Capitaine Resplandy.
Ça pète comme nom : Resplandy. J'imagine un capitaine surgissant des eaux, sur son bateau brillant de mille feux, sabre en l'air, à l'assaut d'uen quelconque terre... J'ai cherché des informations sur ce capitaine Resplandy, mais je n'ai rien trouvé.

Mais maintenant que nous sommes à Bayonne, petit rappel rapide sur ce qu'est le festival Points de vue.

FESTIVAL POINTS DE VUE

Plus de 80 œuvres ont été réalisées depuis la première édition du festival en 2017  -77 sur Bayonne et une dizaine en dehors de la ville.
Organisé et financé par le Centre d'art Spacejunk, la ville de Bayonne et la Communauté d'Agglomération Pays Basque, le festival a cette idée de faire de Bayonne un "musée à ciel ouvert" avec ces multiples fresques originales et toutes différentes, réalisées par des artistes venus du monde entier. Mais l'idée est aussi de décentraliser cet art de la rue pour l'amener dans les campagnes du Pays Basque intérieur, comme nous venons de le voir plus haut.

Nous avons déjà parlé plusieurs fois de cette géniale manifestation sur ce blog :
- Festival Points de vue 2021
- Festival Points de vue 2019
- Festival Points de vue 2018

Alors, puisque nous sommes sur l'avenue du Capitaine Resplandy, nous pouvons déjà remarquer les fresques réalisées les années précédentes par Mantra et Sismikazot.

         

Pour apercevoir la fresque réalisée cette année sur l'avenue Resplandy par Nelio, il faut regarder derrière le berger de Sare...

Plus près...

Artiste français originaire de Lyon depuis plus de 24 ans, Nelio a réalisé des fresques un peu partout dans le monde (Londres, Paris, New York, Sydney, Toronto, Moscou, en Australie et à Montréal). Absorbé par le travail d’artistes comme Miro, Malevitch et Kandinsky, on retrouve des similitudes entre le travail de ces peintres et le sien avec des compositions fragmentées, l’absence d’éléments figuratifs, et l’utilisation de la couleur.

"Les illustrations abstraites, aérodynamiques et minimalistes de Nelio sont une invitation à l’évasion. Sur des murs de plusieurs mètres de long ou de haut, il s’exprime avec des lignes et des ronds aussi loin qu’il le peut, pour rendre l’espace urbain plus agréable et stimuler l’imagination des passants." POINTS DE VUE

Je suis l'Adour et la piste cyclable bien aménagée pour me rendre vers le centre-ville de Bayonne. Je passe, entre autres, devant le musée du rugby, devenu "usée du rugby"...

Quelques mètres plus loin, après avoir quitté les rives de l'Adour et passer les fortifications bayonnaises, j'arrive sur la place Saint-André (ou place Paul Bert).
Chaque année, une nouvelle fresque apparait ici à la place d'une autre. Après les fresques d'Eva Mena (alias Den XL), puis celle de Piet Rodriguez...

          

...c'est l'artiste française Madame qui s'est "emparée" du mur de la rue des Lisses.

Plus près...

"Puisque même baillonné l'amer ne cesse de fuiter. Autant le tarir plutôt que s'y mouiller."

"Inspirée par sa formation de comédienne et scénographe, Madame propose des saynètes de théâtre à ciel ouvert dans nos paysages urbains. Ses collages présentent une interprétation moderne de l’iconographie ancienne en la faisant dialoguer avec le monde d’aujourd’hui." POINTS DE VUE

Je quitte la petite place bayonnaise où se tient chaque année pendant les fêtes la course de vaches. Direction le quartier Saint Esprit, de l'autre côté de l'Adour.

C'est ici que, cette année, s'est installé le village du festival. Dans la rue Sainte-Catherine, on retrouve toujours le QG du centre d'art associatif Spacejunk, à l'initiative du festival.
Le village Points de vue est un lieu de rencontres avec les artistes, des ateliers, des expositions et des concerts durant les quatre jours de festivités.

Le quartier Saint Esprit est un quartier populaire, éclectique, métissé. C'est également ici que l'on découvre bon nombre de fresques "monumentales" réalisées les années précédentes.

Magnifique balade dans les rues à la recherche de ces couleurs.
Cette année, les nouvelles fresques ont été réalisées vers la gare... entre autres.

Après m'être garé au parking aérien, lorsque je sors de celui-ci, je tombe face à la façade de l'ancien Adour Hôtel, aujourd'hui à l'abandon, après avoir été pourtant rénové en 2015.

              

Je prends ensuite la direction de la gare en empruntant la rue Sainte-Ursule.
On ne peut pas louper la fresque réalisée par Adèle Renault.

Graffiteuse française, Adèle est une des seules à avoir peint uniquement à la bombe et sans acrylique ; ce qui lui a demandé beaucoup de temps pour réaliser cette œuvre jouxtant la gare.

"Avec des parents musiciens au penchant globe-trotteur, Adèle a passé une grande partie de son enfance sur les routes d’Afrique, d’Amérique latine ou encore d’Europe. C’est durant ces longs jours à contempler les paysages des sept merveilles du monde, qu’elle a le déclic. Dans la gare de Prague, elle reste assise plusieurs heures à examiner de manière admirative les historiques trains pragois ornés de graffitis, c’est à ce moment-là que la passion d’une vie s’est déployée. Ainsi, à treize ans, tel Victor Hugo tenant son premier stylo, elle attrape sa toute première bombe aérosol devant les yeux fiers de son père, qui l’emmène par la suite à ses premiers cours de graffiti chaque semaine..." BEWARE MAG

Si Adèle est connue pour ses fresques monumentales de pigeons, elle n'en reste pas moins passionnée par les éléments minimalistes de la nature qu'elle sublime par des grands formats, comme ici, à Bayonne.

Non loin de cette fresque, pratiquement en face et beaucoup plus discrète, nous retrouvons une œuvre de John Wentz... Oui, le même qui a réalisé la fresque d'Isturits.

Il s'agit là aussi d'un portrait. Mais, une fois de plus, avant de réaliser cette fresque, l'artiste américain a beaucoup parlé avec la population et les commerçants environnants ce lieu. Il s'agit d'un mur classé sur lequel subsistent des inscriptions, comme celle que nous voyons sous le corps de cette femme, "Toutes les plaies". John Wentz a tenu à conserver ces mots peints. On peut penser à une sorte d'auréole orange entourant la tête de cette femme qui semble avoir les yeux posés sur la route et le trottoir situés juste en bas du mur.

Je passe devant la belle gare de Bayonne avec sa tour horloge à cadran unique, datant du début du XXème siècle. Je monte la rue Maubec, à présent en sens unique pour les voitures dans le sens de la descente.
C'est au numéro 63, dominant un petit parking peuplé de voitures, que se trouve la fresque de l'artiste espagnol Escif, né en 1980, à Valence.

         

Ah oui, on ne peut pas la louper sauf si on regarde par terre.
"Il aime considérer la peinture comme une réflexion qui peut éduquer les gens, ainsi qu’un exercice qui peut stimuler l’esprit des spectateurs. Son travail est délicat et subversif, mais aussi politique: ses images sont destinées à stimuler et éveiller une prise de conscience. Ces travaux examinent de manière critique la nature du capitalisme, la dynamique économique, les problèmes liés aux mécanismes de la société moderne." WUNDERKAMMERN

Sous les mots "Libres et sauvages", Escif a ajouté la représentation d'un peintre en pleine nature.

Je continue de remonter la rue Maubec pour m'arrêter au  n°101, comme l'annonce le programme des emplacements des fresques. Je ne vois qu'une maison. Pas de mur, pas de couleurs. Il faut en fait contourner le n°101 pour trouver juste derrière un petit parc avec des fils à linge et un lavoir.
C'est dans cet espace secret et caché que Poze a réalisé sa seconde fresque pour le festival  -près celle réalisée à Ustaritz.

       

On retrouve ici ce que nous avions déjà observé à Ustaritz : ce mélange de calligraphie et de figuration. Le fait de réaliser sa fresque juste à côté du lavoir Saint Esprit nous rappelle les propos de l'artiste sur son rapport avec l'eau. De plus, sur cette œuvre, il a écrit en calligraphie arabe-basque-français les mots "Au bout du pont", faisant écho à la fresque réalisée à Ustaritz où est écrit "Où allons-nous ?".
Si la fresque d'Ustaritz montrait un passeur sur la Nive, ici, nous avons un homme avec une maquette de bateau, semblant vouloir poser ce dernier sur des flots mouvementés. 

Je pourrais continuer à suivre la rue Maubec pour rejoindre les Hauts-de-Sainte-Croix et la prochaine fresque 2022. Mais je redescends vers la gare, puis le parking pour récupérer la voiture. Direction le 6bis avenue de Jouandin. Ce lieu se trouve sous un des halls de ces hauts bâtiments bayonnais, conçus par l'architecte Marcel Breuer à la fin des années 1960. Imposant ruban bâti sur les hauteurs de la ville, il est constitué de sept immeubles de 11 niveaux, regroupant 1 100 logements.

Plusieurs fresques monumentales ont été réalisées ici et dans les proches envions.

Je me gare au pied d'un de ces hauts immeubles. Je passe un hall, mais ce n'est pas celui-ci qui servit de lieu de création. De l'autre côté de ce hall et de cet immeuble, j'entre dans un parc, arbres et verdures. Je retrouve au fond de ce parc l'école Malégarie sur les murs de laquelle, en 2019, Etien avait réalisé sa fresque "Le combattant".

Mais cette année, la fresque d'Etien a été recouverte et les murs de l'école repeints en blanc. Des murs blancs sur lesquels est venue se poser une rainette en novembre 2021.

Une fresque encore réalisée par Etien, artiste grenoblois, spécialisé dans les anamorphoses.
"Nous avons imaginé qu’une rainette accompagnait son petit à l’école (l’école Malégarie se trouvant juste derrière). Cela symbolise l’apprentissage et la découverte des connaissances, de notre environnement." ETIEN

Je retourne vers les hauts immeubles. Après quelques vagabondages, je trouve finalement le hall sous lequel a officié cette année Le Module de Zeer.

"À l’aube des années 2000, Mehdi Cibille crée le « Module », un ensemble de lignes noires constituant un motif aux embranchements complexes et faussement répétitif. Volatil, fluide, abstrait, ludique et dynamique, l’artiste installe son module là où la surface l’accueille..." FESTIVAL POINTS DE VUE

Né en 1976 en banlieue parisienne à Sartrouville, Mehdi Cibille vit et travaille à Aix-en-Provence.
"Depuis le début des année 2000, il explore l’élasticité visuelle et graphique d’une forme, quatre sphères reliées les unes aux autres par de petites rotules. Cet objet réticulaire tracé en noir, d’un trait épais qui délimite et contient, est le Module de Zeer. Multipliant, étirant, isolant, condensant, déformant à l’envi cette forme, la mettant à l’épreuve de multiples espaces, supports et échelles." TROMPE L'OEIL

         

Je quitte les Hauts-de-Sainte-Croix pour redescendre vers l'Adour... Et si tu dépasses un peu l'Adour après le pont rouge qui doit son nom au fait... qu'il soit rouge... eh bien, tu atterris très vite ailleurs, et notamment  -pourquoi pas-  dans la rue Georges Bergès... qui, comme son nom l'indique, ne se trouve pas sur les berges de l'Adour.

Ah ben oui, là, ça fait moins les malins !
Quand on parle de Bayonne, beaucoup pensent "Petit Bayonne", chocolat, rouge et blanc, fêtes, jambon, piment d'Espelette, Aviron Bayonnais, chipirons, txuleta et j'en passe... Mais on ne pense pas beaucoup à la rue Georges Bergès.
Et finalement, pourquoi pas. Il y a tellement de rues dans les villes et villages avec des noms qui, parfois-souvent- restent et resteront inconnus. Hein ? Hein ? Hein ? Georges Bergès, c'est une chose, mais qui est-il ? Ou qui était-il ? Que faisait-il ? D'où venait-il ? Et comment ?
Eh bien voilà pourquoi, une nouvelle fois, le festival Points de vue est intéressant :
- parce qu'il t'amène à te rendre dans des rues, des quartiers, des lieux où tu ne serais jamais allé.
- parce qu'il t'amène à te demander qui est cette personne qui a donné son nom à cette rue.

Eh bien, saches que Georges Bergès était un peintre bayonnais, né en 1870 et mort en 1935 à Bayonne. Ouais ! Peintre d'histoire, de genres et de portraits. Elève d' Achille Zo, de Bonnat, et de Maignan. Chevalier de la Légion d'honneur en 1924...  Bon, en même temps, tu me diras : Franky Vincent, lui, a bien été nommé Chevalier des Arts et des Lettres... Mais Georges Bergès a également été nommé conservateur d'un des musées emblématiques de Bayonne, le Musée Bonnat.

BREF... Tiens, je ne l'avais encore pas dit ce mot depuis el début de ce billet... Quelle fresque y'a-t-il à découvrir rue Georges Bergès... une rue qui nous éloigne du folklore basque tant adulé par les touristes ?
Ici, rue Georges Bergès, pas de maisons blanches et rouges, ou de restaurants qui te servent l'omelette aux cèpes avec un vieux verre d'Irouléguy en entonnant des chants basques. Ici, ce sont de hauts immeubles blancs  -moins hauts que ceux des Hauts-de-Sainte-Croix-  où les gens vivent simplement.
Je m' y étais rendu pour le festival en 2018. Landroid y avait réalisé une fresque, ou plutôt une composition personnelle, en ré-illustrant un poste électrique, au pied des immeubles de la rue et du quartier.

             

Cette année, c'est l'artiste LPVDA qui s'y colle.
Dans un premier temps, pas facile à trouver cette fresque. un peu comme pour celle de Poze, rue Maubec. C'est pas que je veux être pénible et tout trouver de suite, mais tourner dans des résidences ou des lotissements, cela doit faire louche pour les habitants des lieux. C'est vrai : ça te plairait toi qu'il y ait un mec que tu n'as jamais vu, avec une veste noire et un appareil photo qui se trimballe en bas de chez toi, à regarder partout, à fouiner, à chercher on-ne-sait-quoi. Pas plaisant, ça, man.

Après avoir tourné, retourné autour de l'immeuble n°9bis, comme indiqué  -une nouvelle fois sur le plan du festival-, je décide d'aller un peu plus loin, du côté du parc à jeux pour enfants.
NOOOOONNNN, ne nous méprenons pas ! Si je suis allé jusque là, c'est que de là, il y avait moyen d'avoir une vue plus globale du lotissement dans l'espoir de trouver la fresque.

Toujours est-il que le parc de jeux en question m'a intrigué par cette sorte de truc blanc étrange. Comment peut-on jouer avec cela ? Avec qui ? Pourquoi ? Comment ? Qui a créé ceci ? Dans quel but ?
Et déjà, je me retournais sans même répondre à toutes ces questions que je découvrais alors face à moi la fresque réalisé pour le festival Points de vue 2022 par l'artiste suisse LPVDA.

Et là, on est face à une œuvre originale. Enfin, elles sont toutes originales, mais LPVDA a une petite particularité en plus. Il n'a pas de pinceau, de bombes acrylique et autres. Non, lui, il compose avec une ponceuse, une meuleuse et un chalumeau. C'est du Street poncing. Qui plus est sur les murs de la crèche du quartier.
Pour réaliser et exposer son œuvre, il lui faut des pans de bois vieillis par le temps sur lesquels il va pouvoir "sculpter" ses conceptions.
Né en 1984 dans la Vallée de Joux en Suisse, à 16 ans, LPVDA commence une formation de bijoutier qui, très vite, le décourage, ne la trouvant pas assez créative. Il commence alors le graf vandale dans les années 1990, tout en s'orientant vers des métiers de paysagistes. Il développe ainsi sa personnalité artistique de façon autodidacte.

"À travers son métier de paysagiste, il a réalisé de nombreuses fresques et peintures mêlant son métier avec son art. Il est ainsi passé par de nombreuses techniques avant d’arriver à son style innovant de dessin par ponçage du bois pour lequel il est reconnu aujourd’hui. Le déclic est arrivé après l’achat d’une vieille ferme dans les Alpes suisses, dans sa région d’origine, qu’il a entièrement retapée. Il a alors eu l’idée de dessiner avec sa ponceuse et a réalisé son premier projet chez un ami d’enfance." SAINT RAPHAEL.FR

LPVDA a également réalisé une fresque à Irouléguy sur la façade de 40 m2 de la recyclerie Lokala (cf : Communauté Pays Basque). Elle est un hommage aux sapeurs-pompiers et aux forêts récemment éprouvés de la région.

Je quitte la rue Georges Bergès pour me rapprocher une dernière fois de l'Adour. Adour qui, après avoir parcouru plus de 308 kilomètres, se prépare à se jeter dans l'océan dans ce bassin réaménagé depuis 1578. Eh oui, car avant cela, l'Adour allait se jeter dans l'océan à hauteur de Capbreton dans les Landes, et... Pardon, ce n'est pas le sujet aujourd'hui.

Me voilà une nouvelle fois sur les bords de l'Adour, à hauteur de ce magnifique bâtiment de l'ère communiste... un peu usé par le temps qu'est la Chambre de Commerce de Bayonne.

 Aaaaah, ils ont foutu une hélice de bateau devant, mais on la voit toujours cette chambre du commerce d'un autre temps.
Architecturalement, je ne saurais te dire de quand ça date, mais par contre, il faut savoir  -ou pas-  que cette chambre de commerce et d'industrie de Bayonne Pays basque est l'une des plus anciennes de France. Sa naissance remonte à 1701, lorsque Louis XIV autorisa leur création dans plusieurs grandes villes du Royaume (Bordeaux, Lyon, Lille, Rouen, Montpellier, Bayonne). Elle entra alors en activité sous Louis XV, en 1726. Sa création s'explique par le dynamisme du port de Bayonne. Sa zone d'influence s'étendait jusqu'à la Navarre espagnole.

Mais ce n'est pas le sujet aujourd'hui !
Si nous sommes ici, à Bayonne, presque devant le bâtiment de la Chambre de Commerce et d'industrie, c'est parce que, juste à côté, au 53 allée Marines, PREF (rien à voir avec Préfecture, même si nous sommes à côté de la Chambre du Commerce et de... putain que c'est long à écrire !).
Et voici la fresque pleine de couleurs et de formes qu'a réalisé cet artiste britannique.

Déstabilisante par ses couleurs, ses formes et son emplacement !
 "Enfant des années 80, Pref grandit dans le monde de  la culture underground : planche de skate sous le bras et hip-hop dans les oreilles. A 11 ans, il découvre le graffiti dans les pages du Spraycan Art. Le magazine lui donne les codes de lecture et de création des lettrages qu’il voit tous les jours à travers les fenêtres de son bus scolaire. 
Dans les années 90, Pref franchit le pas et commence à poser son propre lettrage  dans les rues et sur les trains de Londres. 
Rapidement, il trouve son univers, son identité à travers des illusions d’optique typographiques. Jouant avec les volumes, les formes et les couleurs, les trompes l’œil de Pref font changer la vision du grand public sur le graffiti." MOLITOR PARIS

"Pour autant, l’art de Pref ne s’arrête pas à un graphisme chiadé. Pref joue avec les mots. Il entremêle les lettres, les distord, les vide de leur sens et trompe le spectateur qui ne lit que ce que son cerveau et son degré de concentration l’autorise à lire. Cette lecture alambiquée mais toujours emplie de cohérence offre aux esprits attentifs les délices du décryptage et place Pref en maître du casse-tête." BEWARE MAG

Ici, pour Bayonne, sur ces bords d'Adour, un peu excentrés de la ville, de ses atouts touristiques et autres cérémonies basques, l'artiste ré-interprète les mots Inspire et Expire, qui s’écrivent pareil en français et anglais. Les lettres suivent le rythme et la cadence de la respiration. 

"Le Graffiti est paradoxal : d’un côté, c’est quelque chose de créatif, mais d’un autre côté, il existe des règles prédéfinies qui dictent l’apparence de votre travail. À mon avis, ces règles et ces idées doivent être enfreintes et détournées." PREF

Inspire, expire. Tant que tu peux lectrice, lecteur. Et profites de chaque moments d'oxygène, d'air encore présents pour te ressourcer au grès des villes, villages, montagnes ,paysages divers et variés.

Comments

[jenormeg]

Merci !

Bonne année à toi aussi avec plein de découvertes ! La bise

[LE BLOG DE FANFG]

wouaouh!! UNE GRAND MERCI pour cette découverte de Bayonne et les talents des graffeurs (ses)!! Je pense faire un post sur eux sur mon blog de l'art!!! Je te souhaite une belle année 2023 et la belle santé pour tes nouveaux projets de balades qui sont toujours superbes!!Bisous Fan