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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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31 janvier 2023

DE QUIMPERLé à SAINT-GOUSTAN (29-44)

Souvenons-nous : il y a un an et demi (ehla que le temps passe vite !), nous avions entrepris une sorte de petit tour de Bretagne avec Mélanie. Ce tour nous a amené à Erquy, puis à Brignogan-Plages, puis à Pont Aven, puis à Quimperlé. C'est là que nous sommes stationnés au moment même où nous allons reprendre la route maintenant.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

 

Ah j'aime bien les cartes moi ! C'est mon truc, ça. Pas que les cartes postales, hein. Non, les cartes de trajets, de routes, de régions, de départements, des cartes, des cartes, des cartes !!!!
Tiens, d'ailleurs, l'autre jour, je me posais une question avec la suppression du timbre : que vont devenir les cartes postales ?

fin du timbre        fin du timbre

Bon, donc, c'est toujours possible d'envoyer des cartes postales. Par contre, on ne sait pas qui va l'apporter car La Poste supprime de plus en plus d'emplois de facteur. Peut être nous faudra-t-il avoir recours aux bouteilles ?

message dans la bouteille  message dans la bouteille  message dans la bouteille  message dans la bouteille

Encore faut-il qu'il y ait la mer ou un cours d'eau à proximité de notre habitation et de celle du destinataire. Eh oui, il faut y penser : si tu jettes une bouteille en verre sur la route, elle ne va pas aller très loin.
En même temps, quand on voit ce que l'on trouve dans nos boites aux lettres depuis que le timbre rouge  n'existe plus...

vous avez du courier

BON EH OH : puisque nous parlons de "mer" et de "route", revenons à la Bretagne.
Lors du précédent billet sur la Bretagne, nous avions effectué le trajet aléatoire entre les plages de sable fin de Brignogan-Plages et les rivières unies de Quimperlé.

Nous sommes donc à Quimperlé... qui est assez éloigné de la mer et de l'océan finalement, comme le montre la carte.

quimperlé


Une autre petite carte - ah je t'ai pas menti : j'adore les cartes !!!-  pour montrer le périple que nous avons effectué pour arriver jusqu'ici, à Quimperlé.

La carte

Si on se concentre sur ce trait bleu qui représente notre trajet, on peut voir un chien qui aboie... Si !
Pour se remémorer les différentes étapes précédentes, tu peux aller lire les précédents billets :
- D'ERQUY à BRIGNOGAN-PLAGES
- BRIGNOGAN-PLAGES
- DE BRIGNOGAN-PLAGES à QUIMPERLé

BélonBrignogan Plage HôtelBrignogan Plage, couleursBrignogan Plage, phare de PontusvalBrignogan Plage, phare de PontusvalBrignogan Plage, rocherBrignogan PlageErquy, panoramaîle de Seinpointe de Térénezpointe de TérénezPont AvenPortsallSaint pol de Léon


Voilà, ça, c'est dit. Reprenons le fil.
Quimperlé. Nous sommes le 27 août 2021. 8h04. 8+4=12. Parfait. Il fait beau, pas trop chaud.

Tout de suite, dès le réveil, un petit LE SAVAIS-TU ?
"Le nom de Kemperle vient du mot breton kember qui veut dire confluent et de la rivière Ellé. Effectivement l'Ellé et l'Isole convergent à la hauteur de Quimperlé pour donner naissance à la Laïta, un aber long d'une quinzaine de kilomètres soumis à la marée, qui fut navigable et permit à Quimperlé d'être un port de mer."
Quimperlé est également la ville natale de Soizic Corne. Je dis ça parce que ce nom et ce prénom ont bercé ma jeunesse avec les émissions "Les visiteurs du mercredi" et "Les visiteurs de Noël", accompagnée des marionnettes Brok et Chnock.

Souvenons-nous.

 

Eh oui.
Cela fait partie des choses à savoir,
comme...
test

 

Revenons au mois d'août.
Après un bon petit déjeuner dans l'hôtel Le Vintage avec ses propriétaires très accueillants et sympathiques, nous reprenons notre route plus ou moins aléatoire en direction des côtes sud bretonnes.
L'idée est tout d'abord de rejoindre Lorient afin d'acheter un sac de couchage pour Maitre Arnaud et des baskets pour moi. Génial, non ? On aurait pu visiter la base des sous-marins de Keroman, l'abri de défense passive (qui a permis d'abriter la population du centre-ville lors des bombardements de janvier et février 1943 qui réduisirent l'intra-muros à l'état de ruines), l'église Notre-Dame-de-la-Victoire, l'enclos du port, ou aller manger au restaurant étoilé "Gare aux goûts",... mais non. Nous, on va aller chez Intersport.
Une fois que cela est fait, nous dépassons Lorient pour franchir par le pont Saint-Christophe le fleuve Scorff, dont le nom breton signifie "décharge d'un étang". Ben ouais. Nous sommes maintenant à Lanester qui, mine de rien, est la troisième commune la plus peuplée du Morbihan, et la huitième de Bretagne.
C'est au bout du Scorff, sur la rive droite du Blavet que nous nous dirigeons pour la première visite de la journée.

Et cette première visite, c'est le cimetière de bateaux, le cimetière de bateaux de Kerhervy.

C'est sous un ciel mi-bleu, mi-laiteux que nous arrivons à bon port... enfin, façon de parler parce qu'ici, sur les rives éloignées du Blavet, point de bateaux en état de naviguer ohé ohé.

Lanester, cimetière de bateaux, carcasse

Cimetière de bateaux, "décharge d'un étang", dis don', elle commence dans la joie et l'allégresse cette matinée découverte.
C'est un lieu plus ou moins aménagé où viennent finir leurs jours d'aventure en mer quelques thoniers, sardiniers et autres canots. Le cimetière de Kerhervy est l'un des onze derniers cimetières de bateaux existant en France. Il y a une trentaines d'épaves que l'on a parfois du mal à discerner. Des carcasses, des entrailles de bois qui feraient presque penser à des corps de baleines entrouverts.

Lanester, cimetière de bateaux, carcasse (56)       Lanester, cimetière de bateaux, carcasse(56)

Lanester, cimetière de bateaux, détail (56)


Pourquoi ici et pas ailleurs. La réponse de Claude Le Colleter, historien local.
"Le site se présente sous la forme d’une anse très profonde, perpétuellement envasée sans courant ni vagues. Les carcasses ainsi déposées, loin du chenal, s’enfonçaient, étaient donc stabilisées et ne pouvaient être déplacées même en cas de forte tempête, ce qui laissait les bateaux circuler librement sur le cours du Blavet."

Lanester, cimetière de bateaux, panorama


Les premières épaves  -des thoniers Dundees de l'île de Groix-  ont été déposées en 1923.
D'autres bateaux ont été déposés ici pendant la Seconde Guerre Mondiale par leurs propriétaires avant de partir au combat. Le but était de les protéger et, surtout, d'éviter que les Allemands ne les réquisitionnent. Certains de ces thoniers sont restés envasés, abimés par les bombardements ou restés là après que leurs propriétaires soient morts au front.
On peut observer la présence de la vedette transrade qui effectuait les trajets entre Port-Louis et Lorient. Le dernier bateau déposé ici fut le chalutier de 14 mètres, L'Ouragan, en 2001.

Lanester, cimetière de bateaux, détails (56)

"Le patron du bateau a profité d’un plan de sortie de flotte pour mettre son bateau à la casse. Il a été désarmé et remorqué jusqu’à Kerhervy. Ils n’ont pas réussi à percer la coque pour le faire couler et ont fait remplir les cales d’eau et le bateau s’est enfoncé… Depuis, il n’a pas bougé. Éric Le Goff, l’ancien patron du chalutier, jette un œil quand il va à Lorient : « Il est entouré d’épaves de bateaux que je connais. Ils reposent en paix. Ce n’est pas triste. »." BOUGER-VOYAGER

Lanester, cimetière de bateaux, détails         Lanester, cimetière de bateaux, panorama

Aujourd'hui, les bateaux sont démolis et démontés à terre. L'immersion de navire est formellement interdite.

Pierre Schoendoerffer y a tourné quelques scènes de son film en 1976, "Le crabe-tambour", avec les quatre grands acteurs qu'étaient Claude Rich, Jacques Dufilho, Jacques Perrin et Jean Rochefort. Dans ce film, on retrouve également un extrait musical d'une chanson que j'adore (et qui avait été composée pour le film de Bertrand Tavernier, "Les enfants gâtés") : "Paris jadis", interprétée par Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort.

Ce lieu sert également de théâtre en plein air. Au début des années 80, Jean Le Scouarnec, metteur en scène, y a fait jouer "Le Cid" de Pierre Corneille. Quarante ans plus tard, l'aventure théâtrale continue de fin juin à mi-juillet avec, également, des spectacles de danse et de chants.

 

Après cette petite visite matinale "fantomatique" qui met bien entrain pour découvrir plein d'autres lieux, nous prenons la direction de la côte... Mais vraiment la côte-côte. Non, rien à voir avec la poule...Oh tiens, tu as vu ce magnifique poulailler qu'ont construit ce couple d'Américains, Ellen et Brett, dans l'Idaho...


poulailler ovni 2      poulailler ovni a

Passionnés de poules et de vie extraterrestre, ce couple a recyclé deux antennes paraboliques et un support de trampoline pour construire ce magnifique poulailler. 

Oh mais eh, tiens dis don' aussi, comme on parle de poule et d'animaux, tu as vu qu'en Chine, pour le Nouvel an chinois, ils sont passés non pas du coq à l'âne, mais du lapin au tigre. Et ça a failli mal tournée au zoo de Lifen...

nouvel an chinois 1   nouvel an chinois 2

Bon bref ! Nous nous dirigeons vers la côte-côte ; c'set à dire longer la côte sud bretonne au plus près.
Pour cela, il nous faut d'abord contourner cette langue formée par l'estuaire du fleuve le Blavet afin d'atteindre Port-Louis.

Allez hop,
une petite carte.
Ça faisait longtemps.
carte

C'est Minouche qui nous a dit que c'était chouette Port-Louis et qu'elle y passait ses vacances d'été.
Bon... Nous avons suivi la D781, puis nous sommes arrivés au bout de cette portion de terre sur laquelle est venue se poser cette commune morbihannaise, bien connue pour sa citadelle, commencée en 1628 et achevée en 1642. Bien plus tard, elle servit de de prison, de centre de torture et de lieu d'exécution de résistants d'avril à juillet 1944. 69 furent condamnés à mort et exécutés, puis jetés dans un charnier découvert seulement en mai 1945.

Bon...C'est pas trop notre tasse de thé ou de café le côté citadelle d'une ville. Des murs, des enceintes, de la pierre qui bouchent la vue du large... Mais il y a aussi un beau et grand port avec plein de bateaux (encore en activité cette fois-ci) et quelques restaurants. Autrefois port maritime dont l'activité principale était la pêche à la sardine, le port de Port-Louis est devenu port de plaisance depuis l'entre deux guerres, suite à la concurrence avec celui de Lorient.

Port-Louis, le port (56)

Port-Louis, le port et église (56)

En fait, Port-Louis est une presqu'île aux conditions géographiques particulières puisqu'elle est située sur un éperon granitique séparant la côte sableuse de la petite mer de Gâvres de la côte vaseuse de la rade de Lorient. A l'approche de Port-Louis par la mer, ce sont donc des rochers à fleur d'eau et de la vase qu'il faut affronter. D'où le vieil adage à l'approche de la commune : "Au hâvre du Blavet, bien fol est qui s'y met !".
Par la route, ça va. Nous tournons un peu à la recherche d'un -je-ne-sais-quoi. Une curiosité, un monument, un lieu original, inattendu. Mais il faut le dire : dans une cité fortifiée, ce n'est pas facile.
Nous sortons de la ville, direction plein Est, mais toujours en suivant les côtes. Sur le GPS de la voiture, un lieu m'intrigue par sa situation géographique. Et ce lieu, c'est Gâvres qui veut dire "chèvre" en breton..

Tout de suite une carte
pour bien voir où cela se trouve.
Carte Gâvres

Cela ressemblerait à une sorte de "petit bout du monde", isolé, loin de la civilisation, là-bas à l'extrémité de son bout de sa langue de terre, tenter de s'évader dans le Golfe de Gascogne, puis l'Atlantique. Sept kilomètres de cordon dunaire.

Cette géographie, proche d'un isthme, me fait penser à cet objectif que nous nous étions fixés avec Maitre Arnaud il y a quelques années : rouler sur l'Isthme de Courlande.
Tu connais ? Non ? Ah, rien de mieux qu'une petite carte pour te montrer où ça se trouve.

Courlande

Eh oui, nous sommes ici en Mer Baltique, entre l'enclave russe de Kaliningrad et la Lituanie.
Voilà où nous nous étions rendus avec Maitre Arnaud après un beau voyage de plusieurs jours. Cela s'était décidé au bar Le Communal de Borce autour de quelques bières belges. Nous regardions une carte européen et nos yeux avaient bloqué sur cette langue de terre lointaine.
Pour la suite de l'aventure, tu peux la retrouver dans différents billets, comme celui ci : KALININGRAD TOUR, de Zelenogradsk à Klaipeda.

Revenons en Bretagne et intéressons-nous à cette belle langue de terre finissant elle (contrairement à l'isthme de Courlande) dans une impasse.

La presqu'île de Gâvres... Voilà, je cherchais le mot : "presqu'île" mais pas tout à fait. De par sa situation, la presqu'île de Gâvres offre trois façades maritimes très diverses avec sa longue plage de sable fin orientée plein sud, la petite mer de Gâvres protégée au nord et le panorama sur les remparts et l’île de Groix au large. Cette Petite mer de Gâvres est une lagune de 350 hectares, une zone traditionnelle de pêche à pied de palourdes et coques. C'est le plan d'eau idéal pour la pratique de la planche à voile ou du kitesurf et de la pêche amateur en barque. 

Oui, ce que l'on remarque de suite lorsque l'on se rend à Gâvres, c'est son environnement naturel et ce calme, cette tranquillité ambiante. Cet environnement naturel a été conservé par la présence d’un établissement militaire qui a permis de préserver dans son intégralité le cordon dunaire et son tombolo. Par contre, cette zone militaire occupe 128 hectares contre 34 hectares pour la zone urbanisée.

Gâvres, capitainerie (56)

Gâvres, port (56)

La commune de Gâvres s'est posée à l'extrémité de la presqu'île avec deux pôles anciens : Ban Gâvres au nord qui abrite le port faisant face à Port-Louis et les hameaux de Porh-Guerh et Léno au sud avec l'église.
La presqu'île possède également plusieurs vestiges gallo-romains. Certains ont été recouverts par la mer, sans cesse évoluante, modifiant le paysage. On découvre également le tumulus de Goëren, datant de la préhistoire et se présentant sous la forme d'un dolmen recouvert par un cairn.

Nous décidons de manger ici. Voilà ! Notre choix se porte sur une petite crêperie bretonne avec une terrasse très ensoleillée, la crêperie du Men Gwen. 
Au menu, bien évidemment, galette de blé noire avec cidre.

Gâvres, galette (56)

Je n'ai pas vu de cartes postales de la commune. On pourrait très  bien en créer une de ce genre, par exemple.

carte

Hein ? Hein ? Hein ? Non ? Bon.
Après ce modeste, mais succulent déjeuner, nous reprenons la route et le cordon dunaire de sept kilomètres, également appelé tombolo, rappelons-le.
Nous rattrapons la Départementale 781 à hauteur de Plouhinec, ville où la résistante Germaine Tillon a fait construire sa maison dans les années 1970. C'est également ici qu'est née la célèbre empoisonneuse du XIXème siècle, Hélène Jégado.
Etrange personne que cette Hélène Jégado, la plus grande serial killeuse de l'histoire de France...

Hélène

HELENE JEGADO
"Le parcours d’Hélène Jegado, c’est Cendrillon qui se transforme en serial-killer… Née en 1803 à Plouhinec, dans le Morbihan, Hélène que sa maman surnomme « Fleur de Tonnerre », est orpheline très tôt et connaît une enfance difficile. Après avoir empoisonné sa mère, elle quitte sa modeste famille de cultivateurs pour être confiée à ses tantes et devenir domestique. Cuisinière, employée dans des familles bourgeoises, elle va se mettre à semer la mort en empoisonnant ses maîtres. Des crimes incompréhensibles commis par une jeune fille pourtant très pieuse.
Pendant 18 ans, « partout où elle passe, ses hôtes trépassent ». L’arme du crime, l’arsenic sous forme de mort-aux-rats, ne laisse pas de traces et c’est pourquoi elle a pu impunément assassiner plusieurs dizaines de personnes, sans jamais être inquiétée… De plus, à cette époque, le choléra ravage les campagnes et "dissimule" les meurtres de la Jégado. D’autant qu’en apprenant les décès, elle fond en larmes, perd son emploi et se met en quête d’une nouvelle maison. Même si les employeurs suivants ont connaissance des drames, elle n’est pas encore soupçonnée. Et de toute manière, ceux qui ont des griefs contre elle ne vivent pas très longtemps. Quand à la pratique de l’autopsie, en ces temps d’épidémie, elle n’est franchement pas d’actualité.(...)
En juillet 1851, les enquêteurs arrivent chez le nouvel employeur d’Hélène Jégado, l’avocat Bidard de la Noë. La servante jure qu’elle est innocente, alors qu’on ne lui a encore rien demandé. C’est le début de la fin pour la tueuse en série. La première autopsie d’une des victimes rennaises conclut rapidement à l’empoisonnement par arsenic. D’autres corps sont exhumés et, chose étonnante, ils sont encore parfaitement conservés après des mois passés en terre, signe d’une intoxication par un produit chimique.
Le procès s’ouvre aux assises d’Ille-et-Vilaine en décembre 1851.(...) On ne sait pas combien de personnes ont été tuées au total par Hélène Jegado. Accusée d’avoir attenté à la vie de 37 personnes, dont 25 ont succombé, elle n’est jugée que pour 5 empoisonnements, 5 autres tentatives et des vols. Elle est donc condamnée uniquement pour ses méfaits rennais, les crimes du Morbihan étant prescrits. En prison elle avouera avoir commis deux fois plus d’empoisonnements… Entre 30 et 60 victimes au total, on ne pourra jamais faire le décompte macabre, même si les objets liés aux défunts qu’elle conservait donnent quelques indices sur l’ampleur de ses crimes. (...)
Le 26 février 1852, elle est guillotinée sur le Champs de Mars à Rennes. Clap de fin pour « La Jégado »."
DESTINATION RENNES

 


Bon, eh oh, détendons-nous.
Une fois le pont Lorois passé, nous suivons un moment la rivière d'Etel pour arriver face à un des paysages de carte postale dont la Bretagne a le secret. Ici, c'est Cado ; c'est même Saint-Cado.

Saint-Cado (56)

Saint-Cado, maison (56)

Saint-Cado, maison

 

Posée là sur la Ria d'Etel, la ,maison aux volets bleues demeure sur son îlot rocheux isolé et mystérieux de Nichtarguer. Elle était autrefois la demeure d’un gardien de parcs ostréicoles et de sa famille. Aujourd'hui, elle reste inhabitée et invite à la rêverie. Imagine-toi habiter ici, au milieu de l'eau...
Nous errons un temps dans ce lieu-dit, au hasard. Entrons dans la chapelle de Saint-Cado.

 Saint-Cado, mer et croix (56)

Saint-Cado, église, intérieur (56)        Saint-Cado, église, intérieur

Je m'arrête un temps sur ces écrits au mur du côté de la nef : "Aux pirates pervers en ce lieu l'assaillant il dit, je suis sans biens solitaire céans. Oratoire mon œuvre adieu dit-il en pleurant Belz, t'oublierais-je ? Non, il cyngla de ceans." Mais je ne comprends pas bien de quoi il retourne.
Des ex-Voto, des colonnettes à chapiteaux, une piéta, des statues, un autel en granit, des vitraux datant de 1960,... Par contre, nous n'avons pas trouvé le "lit de Saint Cado". Il s'agit d'un autel fait de blocs de pierres ornés de croix de consécration. Le saint avait la réputation de guérir de la surdité. Ainsi, le malade introduisait sa tête dans une cavité ménagée à sa base pour voir le mal disparaitre. Cela rappelle le fameux Débredinoir de Saint-Menoux.

Allez, on repart. Tranquilles.
Après avoir navigué entre Ria d'Etel et rivière tortueuse de la Fontaine de Kervoine, nous rejoignons à nouveau la D781. Passons Erdeven, puis Plouharnel, sans nous rendre sur la presqu'île de Quiberon. On ne peut pas aller partout, on ne peut pas tout voir.

Par contre, nous faisons un petit arrêt souvenirs au magasin Stop andouilles.

Plouharnel, stop andouilles (56)

Ben oui, il y a quand même des priorités dans la vie.
Par contre, de suite après, c'est Carnac, bien connu pour ses alignements, ses menhirs, son Tumulus Saint-Michel, ses cercles de pierre, son Super U. On passe. Trop de choses à voir. On trace la route pour passer à La Trinité-sur-Mer, ville natale d'Alain Barrière... ♫ "Elle était si jolie"♫ ... ♫ "Tu t'en vas !!!!!"♫ ... ♫ "Maaaaaaaaa viiiiieeeeee !!!!" ... C'est aussi ici qu'Olivier de Kersauson a fait ses débuts de marin. Ses parents avait une maison familiale la Pointe Kerhino. Adolescent, il barre notamment le Cambronne, voilier de Jean-Marie Le Pen. Aïe, ben ouais, merde. Les Le Pen sont un peu incontournables à La Trinité-sur-Mer. Perso, je préfère me rappeler cette citation du navigateur-Grosse tête-écrivain :

"Le jour où je vais disparaître, j'aurai été poli avec la vie car je l'aurai bien aimée et beaucoup respectée. Je n'ai jamais considéré comme chose négligeable l'odeur des lilas, le bruit du vent dans les feuilles, le bruit du ressac sur le sable lorsque la mer est calme, le clapotis. Tous ces moments que nous donne la nature, je les ai aimés, chéris, choyés. Je suis poli, voilà. Ils font partie de mes promenades et de mes étonnements heureux sans cesse renouvelés. Le passé c'est bien, mais l'exaltation du présent, c'est une façon de se tenir, un devoir.
Dans notre civilisation, on maltraite le présent, on est sans cesse tendu vers ce que l'on voudrait avoir, on ne s'émerveille plus de ce que l'on a. On se plaint de ce que l'on voudrait avoir. Drôle de mentalité! Se contenter, ce n'est pas péjoratif. Revenir au bonheur de ce que l'on a, c'est un savoir vivre." OLIVIER DE KERSAUSON

Trop de monde à La Trinité-sur-Mer. Beau port, mais trop de monde. On se demande même comment les bateaux ont réussi à tous se parquer ici. Et quel bien étrange nom que ce Trinité, non ?

TRINITé : Dans le christianisme, la Trinité (ou Sainte Trinité) est le Dieu unique en trois personnes distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, égaux, ayant la même substance divine. La foi en la Trinité est le principe fondateur commun aux principales confessions chrétiennes : catholicisme,  orthodoxie et protestantisme.


On passe.
Une fois le pont de Kerisper arpenté, nous suivons la route de la corniche de Saint-Philibert, bordant la rivière Crac'h. Ils ont de ces noms ces villes et villages bretons quand même ?!

Crac'h, panneau (56)

Aucun rapport ici avec un quelconque krach boursier.
Aucun rapport non plus avec le fait que ce lieu fut une place forte pour l'échange de cette drogue appelée crack.
Non. En breton, "Crac'h, selon toute vraisemblance, est une variante de "Kreac'h, kreh" qui signifie : butte, colline. Le bourg s'est établi, en effet, au sommet d'une éminence que certains prétendent en partie artificielle." (VILLE DE CRAC'H)

Au bout de la corniche Saint-Philibert, c'est la plage de Kernevest. Mais nous continuons notre route. Justement par Saint-Philibert la bien nommée. On y trouve l'église Notre-Dame-de-la-Nativité, encore appelée chapelle de Saint-Philibert, mais dite aussi Chapelle Notre-Dame-du-Flux-et-du-Reflux, ou bien Notre-Dame-du-Ster. Rien que ça ! Toujours est-il que cette église ou chapelle possède un magnifique retable du XVIIIème siècle que nous n'avons pas pu voir car l'église Notre-Dame-de-la-Nativité, encore appelée chapelle de Saint-Philibert, mais dite aussi Chapelle Notre-Dame-du-Flux-et-du-Reflux, ou bien Notre-Dame-du-Ster était fermée.

Après avoir passé Saint-Philibert, nous arrivons à ce rond-point, mais également lieu-dit appelé "Le chat noir"...

Le chat noir

Bon... Alors... Tu le sais, il le sache, vous le sachiez, nous le sachions : je suis accro aux ronds-points, mais aussi aux panneaux, sans oublier les noms de villes ou de lieux-dits un peu chelou-rigolos. Alors, ce chat noir, quelle est son origine ? On appelle un lieu "Chat noir" comme ça sans raison. Et puis, d'abord, d'où vient cette malédiction ou superstition qu'un chat noir porte malheur ? Hein ?

LA SUPERSTITION DU CHAT NOIR
Bouinou"Les superstitions autour du chat débutent au temps de l’Egypte ancienne. Les yeux de l’animal reflétant la lumière étaient le symbole du pouvoir du dieu du soleil, Râ. Mais paradoxalement, même si le chat était une idole, les Egyptiens considéraient le chat noir comme un Ethiopien noir à l’image du Diable. (...) Tout au long du Moyen-âge, les chats noirs notamment seront traqués et tués sans relâche, jusqu’au jour où avec l’apparition des rats vers le XVIIème siècle, ils deviendront indispensables pour leur talent de chasseur.
Les chats noirs ont aussi très souvent été associés à la sorcellerie. Il se racontait que les sorcières avaient une troisième mamelle qui leur permettait de nourrir leur animal. Elles partageaient avec ces félins les pouvoirs diaboliques qui leur sont attribués. Au Moyen-âge, la légende dit que ces femmes maléfiques avaient la possibilité de se transformer en chat noir. (...) Comme les sorcières ne pouvaient se transformer en chat que neuf fois, c’est de là que vient la légende des neuf vies.
Dans beaucoup de traditions et de civilisations, le chat noir ne représente pas toujours un symbole néfaste. On lui prête même quelques vertus thérapeutiques. Au XIIème siècle, le cœur de cet animal était une puissante anesthésie contre la douleur lorsqu’il était placé au bras gauche du malade. Consommer des testicules du félin avec du sel permettait aussi de lutter contre les démons.
En Angleterre et notamment en Ecosse, rencontrer un chat noir était signe de bonheur. De même, en Bretagne, un poil blanc retrouvé sur cet animal pouvait être utilisé comme un talisman. Il suffisait de l’arracher et de le garder sur soi." 
 LE MAG DU CHAT

 

C'est pas très clair tout ça. Mais cela a-t-il un rapport avec le fait que cet endroit précis, entre Saint-Philibert et Locmariaquer, dans le Morbihan, en Bretagne, s'appelle ainsi ?
pour le savoir, il faut se reporter à un article du Le Télégramme (pas Telegram, le machin de propagande russe, là !), journal local breton, du 23 septembre 2016.
"Au départ, il y avait un carrefour. Et un café. Certains racontent qu'il y avait un chat noir devant. Les copains se disaient « On se retrouve au Chat Noir pour boire un coup ». De là le nom... « Mais non ! », lance un riverain « Quand M. Demay a acheté le café il a eu l'idée de mettre un chat noir sur la maison ». Les histoires commencent. Au début des années 60, les Américains sont en garnison à Kernevest. Un soir de bordée, ils montent sur le toit pour décrocher le chat. Le propriétaire remet un autre chat, volé à son tour. Il parait qu'il serait parti Outre-Atlantique. Après une première transformation du carrefour, le rond-point est créé en 1995. Au centre, une stèle sur laquelle trône un chat noir en granit, sculpté par Emile Germain. C'est le début d'une longue série de déguisements, travestissements, changements de couleurs et vols. Car le chat attire les convoitises.(...)"

Pour connaitre la suite, c'est ici : SAINT PHILIBERT : légendes, histoires et réalité.


BREF : nous redescendons vers la côte, et plus précisément à Locmariaquer, et plus précisément à la pointe de Kerpenhir, où cette fois-ci, nous faisons un vrai arrêt.

Locmariaquer, pointe de Kerpenhir, Statue de Notre-Dame de Kerdro (56)

C'est marée basse.
Reconnaissable à cette statue en granit de 2,70 mètres de haut représentant Notre-Dame-de Kerdro (Bon retour), la pointe de Kerpenhir (Ker = village, Pen = Tête, Hir = long) marque l'entrée dans le magnifique Golfe du Morbihan. Elle fait face à Port-Navalo et son phare, autre point d'entrée du golfe.

Locmariaquer, pointe de Kerpenhir, Statue de Notre-Dame de Kerdro          Locmariaquer, pointe de Kerpenhir, statue et Port Navalo (56)

On dit que la Vierge serait apparue à cet endroit aux marins d’un bateau de pêche. La vierge leur indique alors de rentrer au port. Et ces derniers suivent ses conseils. Peu de temps après leur retour, une énorme tempête débuta et emporta avec elle plusieurs navires.

Locmariaquer, pointe de Kerpenhir, Statue de Notre-Dame de Kerdro

La statue originelle fut détruite. Celle que nous voyons aujourd'hui a été sculptée en 1962 par Jules-Charles Le Bozec.

Après cette petite pause pendant laquelle nous avons marché les multiples roches peuplées de petites crabes de marée basse, nous longeons un temps les rives tranquilles du Golfe du Morbihan.

Locmariaquer, pointe de Kerpenhir, entrée du Golfe du Morbihan (56)

Locmariaquer, golf du Morbihan (56)

Quelques kilomètres plus tard, nous arrivons à Auray, le bout du bout du Golfe en terre.
De triste mémoire, Auray fut l'un des premiers foyers de coronavirus en France avec quatre personnes testées positives le 1er mars 2020.
Mais bon, eh oh... Hein... On n'en parle plus trop du coronavirus. Apparu, disparu ?
Nous, si nous sommes ici, c'est pour nous rendre dans un lieu précis d'Auray, recommandé par Maitre Arnaud. Et ce lieu est le port de Saint-Goustan.

Auray, port Saint Goustan

Reprenant le nom du saint patron des marins et des pêcheurs, le Port Saint-Goustan est à l'origine de la ville.
Il est situé sur la rivière d'Auray, au point le plus en amont que peuvent atteindre les navires de mer avec l'aide de la marée. Il reçoit des navires de haute mer jusqu'au XIXème siècle. C'est aussi un port de cabotage très actif en direction de l'Espagne et de la Grande-Bretagne. Il jouit pleinement de ses atouts du XVème au XVIIème siècles.
C'est ici que Benjamin Franklin, écrivain, inventeur et homme politique américain, a débarqué le 3 décembre 1776 au début de la guerre d'indépendance des États-Unis pour demander l'aide militaire de la France à Louis XVI.
Ah Benjamin Franklin. Quel homme !
Bien sûr, il a participé à la rédaction de la déclaration d'indépendance des États-Unis de 1776 (ce qui en fait l'un des pères fondateurs). Mais Benjamin Franklin, c'est aussi la fondation des premiers sapeurs pompiers volontaires à Philadelphie, la première bibliothèque de prêt des États-Unis, l'invention du poêle à bois à combustion contrôlée, des lunettes à double foyer, du glassharmonica (instrument à clavier composé de verres frottés) ainsi que l'invention du paratonnerre, qui parvint à écarter le danger que représentait jusqu'alors la foudre. Pour cela, il prit avec son fils les risques d'envoyer un cerf-volant dans des nuages orageux. Il sera également le premier à cartographier le courant marin du Gulf Stream qui longe la côte Est américaine, puis à élaborer des théories concernant le caractère contagieux d'un rhume sans oublier le fait qu'il fut u fervent défenseur de l'abolition de l'esclavage.

Le déclin de Saint-Goustan comme port de commerce commence avec l'arrivée du chemin de fer en 1862, ainsi que la construction du port de Lorient. Aujourd'hui, le port de Saint-Goustan est devenu port de plaisance ainsi qu'une escale du circuit touristique du tour du golfe du Morbihan.

Un endroit où il fait bon boire une petite "Triple buse" en regardant les quelques bateaux de plaisance et autres pédalos voguer sur la rivière en contrebas, le cul posé dans une chaise longue qui n'est pas de Jean Royère, décorateur, autre personnalité ayant transité par Auray.

Auray, pause bière sur le port de Saint Goustan (56)

Saint-Goustan, ce sont des commerces divers, des restaurants à foison, des brocanteurs, sa grande place Saint-Sauveur ensoleillée en fin de journée, des maisons en pans-de-bois, une église du XVIème siècle et un pont de pierre du XVIIème siècle qui mettent ce lieu dans un autre temps. Tout ceci à voir de haut depuis le panorama de la rive gauche.

Auray, port Saint Goustan (56)

Auray, port Saint Goustan et pont (56)


Ce sera là notre dernière halte en pays breton. Nous passerons la nuit ici avant de reprendre la route, demain, pour le Béarn.

700 kilomètres nous séparaient alors d'Auray, Bretagne, d'Ozenx, Béarn.
Malgré la distance, il était hors de question pour moi de ne pas se rendre à La Haye-Fouassière.
Aaaaaaah ouais ! Hors de question ! C'était pas vraiment la route, mais ça valait bien un petit détour de 50 bornes quand même !
Si, si, si.

Mais ça, nous en parlerons dans un prochain billet car celui-là est vraiment déjà beaucoup trop long.

 

 

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