LA HAYE-FOUASSIERE et son rond-point (44)

Eeeeeh oui, je l'avoue bien haut : je suis fan de rond-point ! Y'en a ce sont les timbres, ou les fèves, ou les pin's, ou les pièces de 2 euros. Eh ben moi, ce sont les ronds-points. Mais il n'est pas facile de les ramener chez soi. Je me contente alors de les prendre en photo. Et cette fois-ci, je me suis rendu en Loire-Atlantique pour découvrir un des plus beaux spécimens de rond-point français.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

C'est vrai : ce n'est pas facile de collectionner les ronds-points. Imagine un énorme jardin de 18 000 hectares avec que des ronds-points décorés. hein ? Hein ? Mais non.
A l'origine, le rond-point, -ou à carrefour à sens giratoire-, a une fonction : fluidifier le trafic routier et sécuriser un carrefour où se rencontrent plusieurs voies routières.
Certains disent que l'origine du rond-point remonte à François Ier pour permettre aux spectateurs de voir à plusieurs reprises les cavaliers et équipiers lors des parties de chasse.
Maaaaaaaaiiiisss le véritable inventeur, l'unique et le seul inventeur du carrefour giratoire est l'architecte Eugène Hénard, né en 1849 et décédé en 1943. C'est en 1906 qu'il met au point le système de régulation des carrefours à giration afin de permettre aux voitures de tourner dans le même sens afin de réduire les accidents. Et le premier rond-point créé en France est celui de l'Etoile, à Paris, en 1906. Il en fera de même pour la place de la Nation quelques mois plus tard. Eugène Hénard fut aussi un grand partisan de la multiplication des espaces verts dans les villes.

Allez : un peu de chiffres maintenant ! 
La France détient le record du monde de ronds-points !
Il y en a entre 70 000 et 160 000. Je ne sais pas si on parle des chiffres des organisateurs ou de la police, ni même si c'est en rond-point ressenti ou rond-point effectif.
Il s’en construit 500 chaque année. Ce qui représenterait la moitié des carrefours giratoires au monde.
Selon le blog Beyondthemaps , c’est en Loire-Atlantique que l’on en trouvait le plus en 2018 (3075) mais rapporté au nombre d’habitants, leur nombre est plus important en Vendée (1617 ; 2,43 pour 1000 habitants). Quant à la ville qui en compte le plus, c'est Toulouse avec 499 carrefours à sens giratoire, pendant que Paris, la précurseuse, n'en compte que... 8.

Dans un sketch intitulé le Plaisir des sens, l'humoriste Raymond Devos raconte comment il s'est engagé dans un carrefour giratoire dont il n'a pu sortir, les quatre voies étant des sens interdits.

Le rond-point  -ou carrefour à sens giratoire-  peut également être support d'art populaire. Chaque commune peut utiliser le centre du rond-point comme "manifestation" d'un artiste, d'un savoir-faire, d'une tradition, d'un produit local. Des artistes aux jardiniers, chacun peut exprimer son talent. 

Et c'est là, vois-tu, qu'intervient ma passion.
Eh oui !
Je sais, c'est une passion pas banale. Une collection étrange, peut être. Mais pas plus étrange que ceux qui collectionnent... euh... euh... collectionner les Monopoly, ou les agrafes retirées de documents, ou les canards en plastique, ou ls cailloux en forme de lettre,... Si, si, ça existe !
Tu peux retrouver tous ces collectionneurs sur ce site : HITEK, COLLECTIONS INSOLITES.

Moi, ce sont les photos de ronds-points. Mais pour faire des photos de ronds-points originales, il faut faire des recherches, puis faire de la route. Se rendre sur les lieux, choisir le bon angle.
Oui, j'en ai traversé des villes et des villages, parcouru des routes pour aller à la rencontre de certaines de ces œuvres routières.
Des exemples ? Fastoche.

Ah oui, ça fait une belle collection. Bon, là, il n'y en a qu'une partie. De Navarrenx avec son pêcheur de saumon géant à Goldorak en passant par le kiwi de Peyrehorade, le dauphin de Saint-André-de-Cubzac, la chaise géante d'Hagetmau, le télésiège de Combloux,...
De prime abord, cela peut paraitre surréaliste, et pourtant, pourtant, pourtant... comme disait Vanessa Paradis sans sa belle chanson "Pourtant"... il y a très souvent une explication.
J'ai souvent cherché à la trouver au cours de mes périples (cf : Tournée de ronds-points). C'est vrai quoi : on ne peut pas passer devant un rond-point avec un grand Goldorak à Thiers ou autour d'un carrefour giratoire avec une grande statue de Darrigade sans chercher à comprendre pourquoi...

De même que l'on ne peut pas passer à Lorignac, petite commune de Charente-Maritime, sans se rendre au rond-point des cagouillards, conçu et réalisé par un architecte des ronds-points, Jean-Luc Pié.

 
Fantastiques, surprenants, instructifs, déstabilisants, gigantesques, incompréhensibles, monumental, envoûtant,... et plein d'autres mots encore ! Voilà ma passion pour les ronds-points !

Cette fois-ci, c'est en Bretagne que nous nous rendons.

Comme vu lors du précédent billet qui retraçait la fin de notre périple en Bretagne avec Mélanie (cf : De Quimperlé à Saint-Goustan), il était hors de question que je ne passe par par une certaine commune avant de quitter la Bretagne. Et cette commune était La Haye-Fouassière, en Loire-Atlantique, et qui se fait appeler  -on verra pourquoi dans quelques instants-  "commune intraterrestre".
Certes, cela faisait un détour de 50 kilomètres par rapport à notre trajet pour retourner dans le Béarn, mais quand même : La Haye-Fouassière. Comme disait Michel Serrault à Eddy Mitchell dans "Le bonheur est dans le pré" : "C'est quoi la première étape ? Roanne. Les Troisgros, ça peut pas se louper.". Eh bien, ici, à La Haye-Fouassière, il ne s'agit pas de restaurant trois étoiles, mais bel et bien d'un rond-point à sens giratoire.

Pour te mettre dans le contexte, saches que celui-ci a été élu cinquième rond-point le plus moche de France.
Après quelques kilomètres passés à contourner Nantes et sa circulation, nous arrivons au lieu tant convoité... au lieu que je convoitais sans trop en avoir parlé à Mélanie auparavant.

Ah ben ouais.
Approchons-nous plus près pour en remarquer tous les détails.

 

Aaaah,
ça vaut bien un selfy...

Ainsi qu'une petite vidéo.

On passera sur le fait que Mélanie m'a engueulé en disant : "Quoi ????? Tu nous as fait faire un détour de 60 bornes alors qu'on a déjà 700 km à se taper pour rentrer afin de voir çaaaaaaaaaa ????????!!!!!"
Oui bon, eh, c'est pas méchant. Elle ferait mieux de se poser une autre question qui est LA bonne question : Mais pourquoi des extraterrestres et un OVNI sur un rond-point, ici, à La Haye-Fouassière ?"
Hein ? Hein ? Hein ? Ah oui, ça, c'est une bonne question ! Plutôt que de gueuler, là ! C'est même pas elle qui conduit !!!!

Tu veux connaitre la réponse à cette géniale question ?
D'abord, ce n'est pas un poulailler géant (en référence à celui construit par Ellen et Brett dans l'Idaho).
Ensuite, non, il n'y a pas de base spatial dans le coin.
Et non, les autorités locales n'ont remarqué aucune activité surnaturelle dans les parages.
Alors ?

Eh bien, replaçons-nous dans le contexte géographique du lieu.
Le Giratoire de l'Espace (comme il a été décidé de le nommer) se trouve en Loire-Atlantique, à une vingtaine de kilomètres de Nantes. Et quand on dit "Nantes", à quoi pense-t-on de suite ?
Hein ? Mais non, pas aux Canaries et à Jean-Claude Suaudeau ! Mais non, pas aux Ducs de Bretagne ! Mais non plus, pas aux prisons de Nantes lan di bi li bi li lan, lan di, lan di, lan di bi li bi li lan.
Quand on pense à Nantes, on pense au Petit Beurre. Mais oui, bien sûr ! Le Petit Beurre de Lu. Mais si !
Eh bien, saches qu'en 1986, l'entreprise LU s'est implantée ici ; ce qui a nécessité la construction d un rond-point afin de faciliter la circulation des poids-lourds venant approvisionner ou exporter les marchandises de l'usine. La Direction Départementale a laissé à la commune le choix de "décorer" le rond-point. C'est ce à quoi s'est attelé en 1993 Jean-Claude Imbach, l'architecte de l'usine LU, en proposant ce décor futuriste pour la modique somme de 2 700 000 francs.
C'est alors que nous allons remarquer très subtilement qu'il ne s'agit pas d'extraterrestres, mais de spationautes. Ce n'est pas un OVNI, mais bel et bien une soucoupe volante. Eh oui, ça change tout. De plus, ces spationautes ne sont pas deux, mais trois. Il y en a un qui est caché derrière. Chacun de ces spationautes tient quelque chose dans l'une de ses mains. Ah, ah, ah...

ZOOMONS !
    

Eh oui, tuas remarqué : dans la main du premier spationautes, on remarque un Petit Beurre... au bout d'une pique. Dans la main du second, - tu ne rêves pas-  il s'agit bien d'un bouteille de vin. Mais pas n'importe quel vin puisqu'ici, en Loire-Atlantique, nous sommes dans la région du Muscadet. Enfin, dans la main du troisième spationaute  -que l'on ne voit pas sur les photos-  il y a une fouace ; cette autre pâtisserie nantaise en forme d'étoile à six branches à base de farine, de beurre, de lait et de sucre, parfois parfumée à l'eau-de-vie.
Et là, tu me dis : "Ouais OK. Bon. T'es content ?"
Et je te réponds : "Mais oui, c'est génial !"

En fait, le propos est simple : si des spationautes atterrissent ici à La Haye-Fouassière, ils amèneront avec eux les trois grandes spécialités locales, c'est à dire un Petit Beurre, une bouteille de Muscadet et une fouace. Et si les extraterrestres arrivent à La Haye-Fouassière, on leur proposera un Petit Beurre, une bouteille de Muscadet et une fouace. Ou encore l'histoire veut que les occupants de cet engin spatial fassent leurs provisions de produits locaux avant de quitter la Terre pour un voyage galactique.

Lors de son inauguration en décembre 1993 se tient une manifestation dénonçant un gaspillage d'argent public, sachant que la moitié de la somme pour lé réalisation de ce spectacle a été prise en compte par la société Lu...
Très souvent raillé, il a aussi ses admirateurs, comme Jean Carmet, Jean Girault ou encore Philippe Katerine qui y tourne le clip de sa chanson "T'es Ok" en 2012.

 
Quelques chiffres : la maquette de cette soucoupe volante en aluminium mesure 12 mètres de diamètre. Quant aux trois spationautes, ils mesurent chacun deux mètres de hauteur.
Malgré leur grande taille, ils ont été kidnappés plusieurs fois (cf :La lettre à Lulu). La soucoupe a été également vandalisée à plusieurs reprises ; ce qui a amené la municipalité a creusé autour du rond-point un fossé entouré de barbelés et placé des caméras de surveillance. 

Enfin, autre particularité, la soucoupe s'illumine de différents couleurs à la tombée de la nuit. Mais ça, malheureusement, nous ne le verrons pas car Mélanie est déjà pressée de repartir.

Dommage.
Nous ne ferons pas non plus de détours en Charente et en Charente-Maritime pour aller admirer les différents ronds-points conçus par Jean-Luc Pié.

Mais il est sûr que pour d'autres périples, je retrouverai de ces constructions en certains endroits insoupçonnés.

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