ARITZAKUN, le village abandonné... ou presque (Espagne)

Allez, petite randonnée tranquille.
Aujourd'hui, nous prenons la direction de la frontière franco-espagnole  -ou espagno-française suivant d'où tu viens-  à hauteur du Pays Basque, non loin de la ville-village de Bidarray.
Direction Aritzakun, le village abandonné.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

C'est par un beau ciel nuageux et coloré que j'ouvre les volets de l'appartement à Mouguerre.

Ah oui, il fait beau.
Mais il faut dire qu'à cette époque.... ooooh que cela me semble loin maintenant... nous étions en janvier.
Oui, lorsque j'ai pris ces photos depuis les hauteurs d'un balcon Mouguertard, nous étions bel et bien en janvier. Oui, oui, oui. Tu ne rêves pas. Il faisait beau à cette époque. Pas de pluie. Pas de ciel gris. Un soleil présent dès les premières lueurs d'un jour qu'il venait parsemé de blabla bla blablabla.
"C'était bien, c'était chouette", comme le chantait Michel Delpech dans cette chanson qui n'avait rien à voir avec la météo.
On pouvait prévoir des trucs, des randonnées, des virées, des sorties, des rencontres...

AAAAAAAH
CRUAUTé MéTéOROLOGIQUE !

Quand tu nous tiens
et que l'on n'y peut rien !
Jusqu'à ce que... Jusqu'à ce que...
L'on se plaigne qu'il fasse trop chaud !

Bon, eh oh ! Qu'est-ce qu'on disait ?
Oui, en ce beau matin de janvier 2024, il faisait beau sur Mouguerre et ses alentours. Une occasion rêvée pour se rendre dans un village abandonné.

Quoi ? Ben si !
Je vais pas y aller quand il pleut ! Déjà que c'est pas très joyeux d'aller dans un lieu abandonné...

A part, peut être,
à Mudurnu, en Turquie...

Hein ? Ouais ! Ben non.
On ne va pas aller jusqu'en Turquie pour le moment ! Et puis les châteaux, les princesses, hein, bon, c'est pas trop mon truc.
Tiens, d'ailleurs, en parlant de princesse, as-tu vu ce qu'il s'est passé dans cette petite ville de Caroline du Nord aux Etats-Unis ?

C'est pas mignon, ça ?! Hein ? Bon, y'aura toujours des végans et des végétariens pour se plaindre, mais tout ceci prouve bien que, même au royaume des princesses, les hotdogs sont reines. Non, c'est pas ça que je voulais dire... Même au royaume des princesse, les... Oh pis merde !

QU'EST-CE QU'ON DISAIT ???

Il fait beau !
Ouais, voilà !

Et parce qu'il faisait beau, j'avais décidé d'aller randonner  -non pas en Turquie ni au royaume des princesse hotdog-  mais en direction d'Aritzakun. C'était la première randonnée de l'année ; une année qui s'annonçait bien d'un point de vue météorologique. Et puis...

OUAIS BEN C'EST BON,
TU VAS PAS NOUS FAIRE C...
AVEC TA METEO PENDANT 107 ANS !!!!

Mais pourquoi 107 ans d'ailleurs ? Hein ? D'où vient cette expression ? Pourquoi 107, et pas 108, ou 12, ou 689 ? Hein ?
Eh bien, tout simplement parce que la construction de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris a duré 107 ans (de 11163 à 1270) ; ce qui a amené toute une ribambelle de personnes à vouloir écourter des discussions trop longues (déjà) à l'époque en reprenant le nombre d'années de construction de l'un des plus beaux édifices parisiens... enfin... bon, là... La cathédrale Notre-Dame-de-Paris a un peu de plomb dans l'aile (sans jeu de mots). Mais le président Macron s'est engagé à ce qu'elle soit rénovée en cinq ans... Mais bon... Apparemment, il serait plus rapide d'aller se baigner dans la Seine plutôt... quoique...

Bon, eh oh : ils se démerdent les Parigots !
Nous, on va à Aritzakun !

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Le dernier village abandonné que nous avions visité pour ce blog était l'étrange village de Courbefy, non loin de Limoges, dans le département de la Haute-Vienne.

Une aventure que tu peux retrouver en cliquant ici : COURBEFY, UNE ETRANGE HISTOIRE.
Que va donc nous proposer Aritzakun ?

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Pour bien commencer cette randonnée et ce nouveau billet, petit cours de linguistique.
Nous sommes dans le Pays Basque, et dans le Pays Basque, certaines lettres et certains mots ne se prononcent pas comme on pourrait le penser de prime abord.
Répétons-le : le X se prononce CHE, le U se prononce OU, par exemple.
DONC : on ne dit pas ARITZAKAIN, mais bel et bien ARITSSAKOUNE.
Voilà, ça, c'est fait.

Une fois que l'on sait cela, on peut se demander : "Mais quelle est cette nouvelle aventure ? Un village abandonné ? C'est de l'urbex ? C'est dangereux ? Cela va-t-il ressembler à ce village que Jénorme avait visiter il y a trois ans non loin de Limoges ?"

Je quitte Mouguerre de bonne heure et de bonne humeur sous un ciel devenu bleu, légèrement chatouillé par les rayons d'un soleil qui existait à cette époque.
Pour rejoindre le départ de la randonnée du jour, il faut aller vers Bidarray.

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MOUGUERRE → VILLEFRANQUE → USTARITZ → CAMBO-LES-BAINS → ITXASSOU → LOUHOSSOA → BIDARRAY   41km

Ah, ah, ah !
Bonne question !
Eh bien pour le savoir,
faut y aller !

Je quitte donc Mouguerre de bonne heure et de bonne humeur sous un ciel devenu bleu, dans lequel seuls quelques nuages vagabonds passent brièvement, illuminés par des rayons solaires bien décidés à s'imposer.

    
Bidarray n'est pas très loin de Mouguerre. Pour s'y rendre, de belles routes s'offrent à nous, tantôt panoramique, tantôt cernées par les monts basques. 
Un peu de musique dans le poste pour accompagner les paysages croisés, avec The Wanton Bishops.
L'album a 11 ans, mais c'est toujours bien pour faire un peu de route.

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Avant d'arriver à Bidarray et lorsque l'on roule sur la D918, il est ici une tradition qui consiste à chercher le radar automatique. si, si, tu vois, un peu comme ce truc là, "Where is Bryan ?". Et très souvent, ben Bryan, il is in the kitchen... ou... quand tu parles mal anglais...

BREF : ici, dans le pays basque, quand tu arrives vers Bidarray, un jeu-devinette s'impose et a pour question : "Mais où est le radar automatique ?"

Parfois, il est dans un fossé, d'autres fois, il est décoré, ou alors il se trouve dans le jardin d'un voisin. Mais il est toujours obsolète.
Alors, aujourd'hui, où est-il le radar de Bidarray... ou plutôt comment est-il ?

EH BIEN COMME CECI !

Attends, on voit pas bien. On va se rapprocher et le prendre en photo de profil, comme on dit en prison.

CECI !

Ah ben, il va marcher beaucoup moins bien, forcément.
Il est tranquillement en train de te flasher les fourmis qui arpentent le bitume.
C'est rigolo !

MAAAAAAAAAAIIISSSSSSSS
ATTENDS !!!!

Quelques jours plus tard, il fera encore plus fort, le radar de Bidarray...

Eh oui, on l'a retrouvé sur les entiers de randonnée pour aller grimper les sommets du Baïgurra à quelques kilomètres de son lieu initial.

Allez, avançons, làààààààà !!!!

J'arrive à Bidarray. Maintenant, il faut encore trouver le point de départ de la randonnée dans le dédale de petites routes situées juste derrière la ville-village, car le départ ne se fait pas de Bidarray même.
Enfin, si tu veux, tu peux, mais ça rajoute quelques 5 kilomètres de marche pas très intéressantes, sauf si tu aimes l'asphalte.

Je tourne un peu, je cherche... Brebis, virages, route étroite, panneaux, chemin, impasse, gorges, demi-tour, tiens je connais ici, c'est le début de la randonnée pour aller à la grotte du saint-qui-sue (Jénorme à la Grotte du saint-qui-sue), demi-tour, virages, descente, montée, à droite, à gauche, ah merde, mais je suis déjà passé par là, demi-tour, virages,...

Après quelques tours et détours, je parviens finalement à trouver le point de départ de la randonnée pour Aritzakun qui se trouve à proximité du parking de Bassassagar (prononce "Bachachagar, en basque). Un joli nom à utiliser au scrabble quand il ne te reste plus que des A et des S. Oui, je sais, c'est un nom, et pas un mot, mais bon !

Mais sinon, qu'est-ce que c'est que cette randonnée ?

Prenons les choses les unes après les autres.

   
1) La voiture est garée sur le parking de Bassassagar (prononce toujours "Bachachagar"), un lieu bien loin de tout.
2) Il faut rejoindre Aritzakun, qui semble encore plus éloigné que ce lieu où nous nous trouvons et qui est déjà bien perdu....

C'est chouette !
Un endroit où il n'y a pas de réseau, ni de gens qui viennent polluer notre univers sonore avec cette nouvelle façon de téléphoner avec leurs smartphones à la con pour distiller leurs discussions insipides inintéressantes pour leurs voisins de passage!!!!!!

Hein ? Oui Ok, je me calme ! Mais quand même, merde !
Tu les vois, les cons là, avec leur téléphone en haut parleur, en train de marcher dans les rues, ou dans les magasins, en hurlant : "Wesh, j'sais pas, j'crois qu'il veut m'ken, mais wesh moi, beleck, lahuiss, il me fait trop bader à zoner dans le tieq !"
C'est beau je comprends rien mais je trouve ça beau, comment qu'y parlent les gamins.

Et je vais te dire que là où on va  -c'est à dire un village abandonné-   c'est pas dit que l'on va apprendre de nouveaux mots et expressions des ados 2024.

Ensuite, des questions : qu'est-ce que Aritzakun ? Pourquoi dit-on que c'est un village abandonné ? Pourquoi est-il abandonné ? Combien de temps pour y aller ? Y'a-t-il un bar ?

Ok, ok, ok !
On va pas répondre à tout, tout de suite, mais... parce que c'est toi...

Tout de suite :
des chiffres !

Pour se rendre à Aritzakun depuis le parking de Bassassagar (que l'on prononce... "Bachachagar" ! Yes !), il te faudra marcher environ 1h34 en parcourant 5,3km pour un dénivelé positif de 267 mètres.

Tout de suite,
la carte !

Autant dire que ça va, hein, eh oh ! C'est pas très dur !
D'autant plus que le sentier à suivre est une piste goudronnée, permettant aux quelques riverains de rejoindre leurs maisons et fermes sans embûches.

Ensuite : pourquoi aller à Aritzakun ?
Parce que c'est un village abandonné.
Wesh frère, Ok, mais y'a du réseau ?
Eh ben non !

    
Mais encore ?
Attention !
On ne va pas à Artizakun pour faire de l'Urbex...

Certes, le village en lui même n'est plus habité, mais il y a quelques habitations éparses autour, habitées, et le village en lui-même est bien entretenu pour des raisons que nous expliciterons plus tard, une fois sur les lieux parce que c'est bon, cette introduction n'a que trop duré !

ON SE CASSE !!!!

Attends !

L'autre envie qui motive à se rendre à Aritzakun, c'est bien sûr le dépaysement, le fait que ce soit une randonnée relativement facile et pas très longue. Elle permet également de croiser quelques animaux en liberté et des arbres aux silhouettes intrigantes, tout en longeant la petite rivière d'Aritzakun avant qu'elle ne devienne le Baztan, qui a creusé cette vallée bien cernée par les pentes obscures des Penas d'Itxusis au nord et les pentes d'Irubelakaskoa au sud ; le tout dans un silence seulement troublé par le vent, le ruissèlement de l'eau et quelques bruits d'ailes de rapaces passant au dessus de ta tête.

Ok ?
Ca donne envie ?

EH BIEN,
C'EST PARTI !

Ehla qu'elle était longue cette intro !

    
Bon, déjà, une fois les chaussures enfilées et le sac à dos endossé, ne pas se tromper de chemin. De toute façon, quelques panneaux bien attentionnés te "conseille" de ne plus suivre la route goudronnée qui t'a amené jusqu'au parking. Un truc du genre "Si vous passez devant notre ferme, il est possible que des chiens ou les propriétaires s'arrangent pour que vous n'y passiez plus jamais."
OK, pas de soucis. Un autre petit sentier a été créé pour éviter ce genre de désagrément. Et je ne doute pas un seul instant qu'il est plus agréable. Très vite, il fait face aux flancs de la Pena d'Itxusi, la célèbre montagne basque des vautours.

Je m'y étais rendu il y a quelques années (PENAS D'ITSUSI). Impressionnant !

Aujourd'hui, les vautours sont loin de moi. Je les vois survoler les montagnes... de loin.

Après une belle descente abrupte, mais tranquille, j'arrive à hauteur de la rivière Urritzate qui deviendra le Baztan lorsqu'elle rencontrera un peu plus loin la rivière Aritzakun. 
Je traverse la rivière en empruntant un large pont de pierre. Je suis maintenant en Espagne, ou plutôt en pays basque espagnol.
Derrière moi, une "musique" attire mon attention.
Un troupeau de brebis vient prendre possession du champ jouxtant l'ancienne venta Xumus (prononce "Choumouche").

Je suis à présent la piste qui, elle même, suit le rio Aritzakun, petite rivière sauvage. On peut emprunter un petit sentier détourné qui permet d'accéder au moulin de Xumus... mais je ne l'ai pas trouvé.

La piste, elle, se déploie entre les Penas d'Itxusi au nord et la pointe pyramidale de l'Irubelakaskoa au sud.
La première chose qui capte mon attention est la présence de ces arbres majestueux aux silhouettes tantôt élancées, tantôt "baroques".

Ce sont des chênes. Majestueux. Impressionnants. Captivants.

Je me souviens à ce sujet des mots de Gilles Kerlorc'h, auteur et illustrateur landais, amoureux de la nature :

"Certains arbres ne sont pas classés car souvent oubliés des hommes et d'un accès particulièrement complexe en milieu montagnard.
Ce sont souvent les trognes qui offrent au regard du promeneur les formes les plus incroyables, troncs massifs, boursoufflés par la cicatrisation de leurs tailles régulières. Fissurés ou ouverts sur des troncs creux, ils deviennent avec le temps des arbres monde, des arbres habités où tout détail de leur écorce suscite l'imagination du rêveur. On peut y voir des profils humains, des formes animales ou féeriques, une paréidolie, mécanisme du cerveau qui pousse à voir un visage dans une forme naturelle.
Les arbres têtards du Pays Basque ont cette capacité de susciter l'imagination, pour peu qu'on se laisse porter sur les chemins au crépuscules. Ce châtaignier anonyme d'un diamètre de près de 8 mètres offre tout cela à la fois. Tourner autour de lui, admirer chacune de ses faces, caresser de la paume ses formes surprenantes permet de mettre un pied dans univers féérique. La mousse devient barbe, un trou issu d'une branche ayant chuté s'ouvre comme une bouche, une plissure du tronc devient un clin d'oeil.
Parfois, il est bon de retrouver le regard de l'enfance permettant de voir le merveilleux que le monde a aujourd'hui oublié."  GILLES KERLORC'H

Etonnants chênes têtards ! On peut voir une main, un visage. Et ces branches élancées qui semblent se déplier pour recevoir le ciel.

Un peu plus d'une heure de marche depuis le parking de Bassassagar, j'arrive maintenant presque à hauteur de la belle et solitaire maison Berekotxea.

Un panneau nous rappelle que...
 

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J'arrive à hauteur de la maison, mais je me sens observé...

EFFECTIVEMENT !

Un troupeau de brebis de quelques dizaines de têtes s'en va rejoindre le champ jouxtant la maison.
Quelques secondes plus tard, après que toutes les brebis soient passées à ma hauteur en vitesse...

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Je me pose un peu devant ce beau paysage, véritable havre de paix.

Parait-il qu'il est possible de la louer auprès de Mme et M. Oxoby.
Juste derrière cette belle maison isolée faisant face aux Penas d'Itxusi, un petit coin de fraicheur avec des arbres majestueux, posés sur les rives de la rivière Aritzakun.

Je poursuis mon chemin.
Autre particularité de cette vallée d'Aritzakun, elle était autrefois appelée "Valle de oro" ("la vallée de l'or") en raison de ses richesses aurifères qui firent d'elle l'El Dorado basque.

"C'est en l'an 200 avant Jésus-Christ que remonterait la première découverte d'or, à l'époque où le général carthaginois Hannibal franchissait les Pyrénées avec son troupeau d'éléphants.
D'après la légende, c'est même lui qui aurait créé dans la vallée l'exploitation d'un gisement de roche aurifère." IMAGES DU PAYS BASQUE

    
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En cours de route, de la végétation, des couleurs.

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Et toujours quelques arbres excentriques !

Je croise également quelques maisons et fermes isolées; ici et là, un peu en retrait de la piste.

Des petites cascades...

Un petit pont de pierres...

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Un champ bien vert après avoir traversé la forêt...

La piste passe à présent à hauteur de plusieurs maisons fermées. De l'autre côté de la rivière, je vois deux grandes maisons devant lesquelles sont stationnées des voitures. Il y a donc des habitants, ici, loin de tout, en plein campagne.

Quelques mètres plus loin encore, toujours de l'autre côté de la rivière, je distingue à travers les feuillages naissant des formes et des batiments que j'ai pu consulter sur les sites de randonnée avant de venir jusqu'ici.

Voici Aritzakun !

Mais comment y aller ? Comment traverser la rivière ?

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Il faut marcher un peu plus, dépasser le village pour trouver un croisement sur la droite. Un petit pont de pierre de fortune permet de traverser le rio.

Une fois la rivière traversé, il ne reste plus qu'à marcher sur un petit sentier pour atteindre le village.

J'aperçois le fameux fronton, signe distinctif et particulier à Aritzakun lorsque l'on prend le village en photo. J'approche.

On y est. Sur l'un des quatre bâtiments présents, ce panneau de bois...

Je marche un peu, regarde à droite, à gauche.

Personne. Pas un bruit. Jusqu'à ce qu'un cheval sauvage n'arrive en courant vers moi...

Un peu perdu et nerveux, je me demande ce qu'il fait là et d'où il vient. En même temps, lui aussi peut être doit se demander ce qu'il fait là... et ce que je fais là.
Il se pose vers la rivière et pousse de forts hennissements.
Je regarde un peu au loin et, effectivement, de l'autre côté de la rivière, sur la piste que j'ai empruntée juste avant, il y a trois, quatre chevaux qui semblent bien décidés à ne pas rejoindre ce beau cheval noir.
Après quelques minutes de hennissements, le cheval noir repart comme il est venu par un petit sentier allant vers le nord-ouest, juste derrière le fronton.

Bon, allez. Je me pose vers ce fronton caractéristique pour boire l'apéro et me plonger dans l'histoire du village fantôme, abandonné d'Aritzakun.

Nous sommes en Espagne, et plus précisément, dans le Pays Basque, et plus précisément en Navarre.
Dans les années 1950, Aritzakun comptait environ 35 habitations occupées.
Un peu d'agriculture, l'élevage des brebis pour fabriquer des fromages et de la contrebande, assuraient la survie des habitants de ce village frontalier perdu dans les montagnes, à 600 mètres d'altitude.

"J'avais quatre ans quand mes parents ont quitté le village pour s'installer comme métayers à Itxassou. C'était en 1952. De nombreuses familles ont suivi, beaucoup choisissant le côté français de la frontière, d'autres le côté espagnol. Beaucoup de villageois ont aussi émigré aux Amériques. Petit à petit, les jeunes sont partis pour travailler ou se marier. Le village s'est dépeuplé, et puis, quelques années plus tard, les parents, trop âgés pour rester loin de tout, ont rejoint leurs enfants." DOMINIQUE AGUERRE, né à Aritzakun pour SUD OUEST

Dans les années 1960, les habitants ont donc commencé à partir. L'école a fermé en 1967. Faute d'accès au village, seulement à pied ou à dos d'âne, les conditions étaient devenues trop difficile pour y vivre. 

"Le village compte une quarantaine de fermes, disséminées et isolées en plein coeur de la Navarre entre Elizondo, côté espagnol, et Bidarray, côté français.
Une centaine de personnes y vivaient encore jusque dans les années 1950, en autarcie comme dans beaucoup de villages ruraux. Mais tous ont du se résoudre à abandonner leurs exploitations pour trouver du travail plus bas, ne plaine. un exode qui entraine le départ de familles entières. (...)
Aritzakun est en fait un quartier d'Erratzu (ou Arizkun, les infos divergent), un village anvarrais situé au sud, mais comme Aritzakun était un lieu enclavé, les habitanst l'ont toujours considéré comme un village à part entière. Leur terrain de jeux : l'école et le fronton, plus que centenaire.
La mémoire du village demeure intacte. La place de l'enfance des anciens habitants raisonne une fois dans l'année, le premier samedi de septembre. Une fête qui rassemble plus d'une centaine de personnes, quelques anciens et leurs familles. Cela commence toujours par une messe en souvenir en hommage aux anciens d'Aritzakun. Et comme un devoir  -par éducation aussi-  la cérémonie est toujours célébrée en basque, la langue qui les réunit car ils vivent à présent soit en France, soit en Espagne. (...)."  FRANCE 3 AQUITAINE

Une native d'Aritzakun : "Cela nous gène beaucoup que l'on parle d'un village abandonné car on ne l'a pas abandonné dans nos coeurs."

Aujourd'hui, le village regroupe autour d'une place herbeuse deux maisons, l'ancienne école, un fronton, les terrasses d'un lavoir au bord de la rivière et un ancien four à chaux qui servait, peut être, à la cuisson du pain.

Je reste encore un peu en ces lieux bien calmes et reposants. je termine ma bière et quelques chips avant de repartir par le même chemin.

Un peu plus d'une heure plus tard, je repasse devant l'ancienne venta Xumus où les brebis se sont mises à l'ombre.

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Allez, place maintenant à la petite vidéo-résumée de cette belle randonnée.

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Comments

[Françoise Grandin]

Superbe balade!!! un historique intéressant!!!Sur une vidéo Youtube, j'ai lu que tous les ans, les anciens habitants venaient et faisaient une messe et une fête pour rendre hommage à ce village abandonné!! Bisous Fan