De Biarritz à Bayonne, paysages urbains, partie 1 (64)

Quittons un peu campagne et montagnes pour errer hasardement dans les rues des villes.
Aujourd'hui, Biarritz et Bayonne, mais en se concentrant sur des figurations artistiques... J'me comprends.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Ah beeeeeeennnn : la météo est fin folle c't'année !
Inondations, canicule, vent, neige !!!! Tout en même temps, hein ?!
Et la politique ? Eulaaaa, l'travail ?!
Et la situation économico-politico-culturo-sociale ? C'te bordel ?!!!
Bon... Et Noël qui approche ! Et le Beaujolais Nouveau qui est arrivé !

Les deux évènements rapprochés,
cela donne ceci.

Et puisque Noël approche, les villes commencent à se parer de mille feux pour illuminer les prochaines nuits de décembre.
C'est pour cela que j'ai décidé d'aller faire une petite balade le long de l'océan à Biarritz... en plein jour...
Oui, je sais : pas évident d'apprécier les illuminations de Noël en plein jour. Maaaaaaaaiiiisssss il y a autre chose à voir.
Et comme le disait si bien Ritchie Cunningham dans le 185ème épisode de la série "Happy Days" :

ALLONS-Y !
ALLONS-ZA !
ALLONS-ZO !

Ah ben oui, faut pas croire, mais j'ai des références.
Tu te souviens de "Happy days" avec Ralph Malph, Potsie, Al... et... et Fonzie !

Ah, ah, ah. Voilà, voilà. Si tout va bien, tu devrais avoir cette chanson dans la tête toute la journée.

BREF !

C'est par un beau dimanche un peu venteux que je prends la voiture pour me diriger à Biarritz, et plus précisément avenue de l'Impératrice, à hauteur de cette villa appelée "Villa Roche-Ronde".

Elle est étonnante cette villa biarrote, non ? Un "château" en centre-ville.
Construit en 1884, ce manoir néogothique est l'œuvre de l'architecte Alphonse Bertrand à qui l'on doit également l'Hôtel du Palais (ravagé par un incendie en 1903, puis reconstruit), l'établissement des bains de mer, l'hôtel Bellevue (ravagé par un incendie en 1886, puis reconstruit), la villa Belza, le quartier Boufflers à Bayonne ou encore les bains-casino d'Hendaye.

La villa Roche-ronde tire son nom du rocher émergeant de l'océan situé en contre-bas, à hauteur de la plage Miramar. 

Machicoulis, créneaux, échauguettes et cheminées en fût de canon, cette étonnante architecture détonne dans le paysage urbain de Biarritz pourtant bien fourni à cet endroit de villas excentriques à l'architecture très variée.

Edifiée pour Paul Bernain  -descendant du premier maitre lithographe de Bayonne-, la Villa Roche-Ronde eut beaucoup de propriétaires par la suite. Elle fut même abandonnée pendant quelque temps avant restauration. Des hôtes de marque y séjournèrent, tels que Mata Hari ou la reine Fabiola de Belgique.

J'emprunte un escalier reliant le manoir à la plage Miramar ; là où s'échoua le 20 novembre 1996 le Frank Hals, chalutier-usine ukrainien de 103 mètres.
Bien sûr, depuis le temps, la plage est redevenue propre.

Eh oui, tu le remarques sur le côté de la façade du bâtiment
Il s'agit d'une mosaïque réalisée par l'artiste de rue et mosaïste français Invader.
En deux nuits (les 7 et 8 novembre), il en a "posé" 25 dans la ville, ainsi qu'à Bayonne et à Anglet.

En parcourant les rues, ruelles et passages biarrots, j'en découvre quelques-unes : villa Belza, Hôtel du Palais, Vieux-port, les 100 marches, l'aquarium,...

"Avec Bansky, Invader est l'un des street artist les plus connus dans le monde.
C'est à la fin des années 1990 que le mystérieux artiste a commencé à décorer les murs de Paris de personnages de jeux vidéos.
depuis, le phénomène est devenu mondial.
Les 7 et 8 novembre, Invader a notamment 'sévi' à Bayonne, Anglet et Biarritz, intrigant les badauds et attirant les collectionneurs.
L'artiste a en effet développé une application ludique "FlashInvaders" dont le principe est de photographier les œuvres dénichées et d'obtenir en contrepartie des points. Les utilisateurs sont des centaines de milliers à travers le monde." BAYONNE MA VILLE

 
A ce jour, Invader  -dont on n'a jamais vu le visage mais dont on sait qu'il est né en 1969 et qu'il s'appelle Franck Slama-  compte 4219 références dans 193 villes à travers le monde.

Je continue ma balade par l'allée Winston Churchill, reliant l'Hôtel du Palais au casino art-déco en longeant la Grande Plage faisant face à cet étonnant immeuble à base de mélanges d'architectures.

L'entrée de la piscine municipale -coincée entre l'école de surf et un magasin de vêtements et souvenirs-  attire mon attention par la phrase écrite au dessus de la porte.

 
C'est une initiative de "Biarritz poésie". Cette citation est de l'actrice française Sarah Bernhardt (1844-1923).
On peut se demander pourquoi une telle citation ici, et pourquoi Sarah Bernhardt  -pour qui Jean Cocteau "inventa" la qualification de "monstre sacré" alors que Victor Hugo la surnommait "la voix d'or".
On peut rapprocher ces deux 'présences' par le fait que le casino municipal et le casino Bellevue de Biarritz ont accueilli à plusieurs reprises Sarah Bernhardt après qu'elle ait monté sa propre compagnie en 1880.
A ces occasions, elle y fréquente des personnalités locales, comme le poète et dramaturge Edmond Rostand qui écrira pour elle L'Aiglon en 1900, une pièce où elle n'hésitera pas à se travestir pour interpréter le rôle de Napoléon II.
Cette citation qui figure au-dessus de la porte d'entrée de la piscine municipale est extraite de ses mémoires, "Ma double vie", publiées en 1907 :
"La vie est courte, même pour ceux qui vivent longtemps. Il faut vivre pour quelques-uns qui vous connaissent, vous apprécient, vous jugent et vous absolvent, et pour lesquels on a même tendresse et indulgence. Le reste est la 'foulitude' joyeuse ou triste, loyale ou perverse, de laquelle on n'a rien à attendre que des émotions passagères, bonnes ou mauvaises, mais qui ne laissent aucune trace."

Je continue. Toujours en longeant l'océan. Je monte sur le rocher du Basta séparé du continent par une passerelle métallique enrobée de ciment.

Jadis, la tour de la Humade s'élevait sur ce rocher. On y signalait l'approche des baleines en brûlant de la paille mouillée.

   
Au sommet du rocher  -qui se trouve à 60 mètres au-dessus du niveau de la mer quand même-, un beau panorama apparait sur la côte biarrote.

Au sud, du phare à la Grande plage...

Au nord, de l'église Sainte-Eugénie au rocher de l'Atalaye
en passant par le port des Pêcheurs.

Tiens, c'est d'ailleurs là où je me rends maintenant : le port des Pêcheurs ; à ne pas confondre avec le Port-Vieux.
J'aime bien cet endroit de Biarritz, blotti telle une crique, en contrebas du plateau de l'Atalaye.
A l'origine, le port de Biarritz se trouvait à l'emplacement de la plage actuelle du Port-Vieux, appelé jusqu'en 1750 "Port dou Hart".

En observant le blason de la ville de Biarritz, on retrouve ce lien entre ville et océan avec la baleine et les pêcheurs. Les premiers écrits sur la pratique de la pêche à la baleine datent du XIIème siècle, attestant de la présence du cétacé dans le Golfe de Gascogne en hiver.
C'est sur les rives de la plage du Port-Vieux que les équipes, composés d'une dizaine de personnes, ramenaient l'animal.
C'est à partir de 1780 que le Port-Vieux fut "délaissé" pour "s'installer" de l'autre côté du plateau de l'Atalaye, au pied de l'église Sainte-Eugénie.
Il ne comptait alors qu'une cale pavée entretenue par les marins. La première digue de sept mètres de long fut construite en 1837, puis une seconde de trente mètres en 1858. Des travaux plus importants sont menés sous l'impulsion de Napoléon III avec une succession de bassins clos par des môles. Mais le projet d'extension globale ne put jamais être mené à bien car l'océan détruisit la plupart des autres ouvrages entrepris.
Le port fut inauguré en juin 1865 en même temps que la statue de la Vierge sur le rocher de Cucurlon appelé aujourd'hui Rocher de la Vierge.

Ah ?! Invader est passé par ici aussi.
J'aime bien flâner dans cet endroit, au milieu des crampottes.
Les crampottes, ce sont ces petites "maisons-cabanes" de pêcheurs.

C'est au début du XXème siècle que les marins biarrots obtiennent l'autorisation d'installer ces petites maisons colorées. Ils entreposent ici leur matériel de pêche et y pratiquent la salaison des sardines.
Ce sont alors 300 pêcheurs qui travaillent ici. Dans les années 1950, il n'en restait plus que 50. Aujourd'hui, c'est la navigation de plaisance, le tourisme et la restauration qui dominent.
Les crampottes sont la propriété de Biarritz et sont attribuées aux propriétaires de bateaux qui mouillent dans les bassins du port.
Je traine un peu pour m'arrêter devant les façades colorées et décorées de matériel de pêche. Des noms de rue originaux, des céramiques, des compositions...

Toutes ces couleurs et réalisations me rappellent que fin octobre s'était tenu à Bayonne le 8ème festival Street art Points de vue.
Bon, certes, le fil conducteur n'était pas la couleur, mais le noir et blanc. Je vais quand même aller jeter un oeil ou deux.

Je retourne à la voiture en passant à hauteur du rocher de la Vierge où j'attarde mon regard sur les étonnants sculptures créées par l'océan sur cette roche particulière composée de bancs calcaro-gréseux du Sannoisien, ancien nom de la base de l'Oligocène inférieur. Voilà, voilà.

C'est ici qu'ont été dispersées les cendres de l'actrice Maria Schneider, surtout connue pour son rôle face à Marlon Brando dans le film de Bernardo Bertolucci "Dernier tango à Paris". 

Je quitte l'océan pour remonter vers le centre-ville en croisant quelques grafs et autres installations de Noël.

Ainsi que quelques vitrines de souvenirs locaux...

DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE   

Nous nous rendrons à Bayonne pour admirer les créations réalisées lors du dernier Festival Street art Points de vue.

Comments

[Françoise Grandin]

Kikou JENORME, super post que j'ai survolé mais je reviendrai car j'aime lire les explications et l'histoire de ce que tu nous montres!!Bisous Fan