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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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22 avril 2025

PARIS, voyage au cimetière du Montparnasse, épisode 2 (75)

Alors  si il y a un épisode 2, c'est qu'il y a eu un épisode 1.
Ben  oui.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

    

  

Bon ben... Le Pape est mort... 
"Encore !", diront certains.
Ben oui, mais ce n'est pas le même pape à chaque fois sinon cela voudrait dire que le Pape est immortel, un peu comme... comme... non, pas Jésus. Non, pas Michel Drucker... mais... comme... le personnage de Christophe Lambert dans Highlander ! Hein, bon, voilà. On n'en parle pas souvent de ce film, hein, bon, voilà.

  

En tout cas, les messages de soutient, d'hommage n'en finissent pas d'affluer sur la toile... je ne comprends pas pourquoi on appelle les écrans d'ordinateur la toile, mais bon je suis vieux...
 

Petit florilège de Pâques

 

 

 

 

 

 

 

Le journal Charlie Hebdo en a profité pour lui rendre un petit hommage avec ses meilleurs dessins...

 

Bon alors, vu que l'on parle de décès, mon inconscient m'a rappelé à l'ordre pour me dire : "Eh dis don' ! T'avais pas commencé une visite du cimetière de Montparnasse l'autre jour ?"
Ah oui !

Souviens-toi : lors d'un court séjour à Paris en août dernier, je m'étais rendu au musée d'Orsay (cf : Le voyage de Jénorme au musée d'Orsay), puis au cimetière du Montparnasse (cf : Voyage au cimetière du Montparnasse, épisode 1).
Lors de ce premier épisode, nous avions "visité" les sépultures d'actrices, d'acteurs, poètes, réalisatrices, réalisateurs, artistes.
Aujourd'hui, seconde partie où nous allons continuer de vagabonder dans les allées en marquant quelques arrêts sur les tombes de musiciennes/ciens et de sculptrices/teurs.

   

Je marche. Un peu au hasard. Quelques fois, je consulte mon téléphone pour me reporter au plan du cimetière avec les "emplacements" des différentes personnalités "présentes" ici, dans ces 19 hectares de recueillement, créé en 1824 et comportant aujourd'hui plus de 35 000 concessions.
"Personnalités présentes" ? Quelle expression étrange pour parcourir un cimetière ?!
C'est comme si on venait à un spectacle où tu es seul vivant parmi les morts.
Vagabonder dans un cimetière. est-ce impoli, irrespectueux ou seulement, simplement, venir rendre hommage à des personnalités publiques qui ont touché, marqué notre "existence" ?
Ou alors, est-ce du voyeurisme ? Hein ? Et pourquoi pas ? Tu viens ici pour voir si leur tombe est à l'image de leur vie, de leur œuvre ? Pourquoi ? Et qu'est-ce que tu feras si tu es déçu ? Ou si tu ne trouves pas la sépulture ?

Plein d'interrogations en venant ici, à pas feutré, en tentant de rester le plus discret possible pour venir "chercher-trouver" quelques tombes sous lesquelles reposent quelques personnalités qui ont marqué les arts, la politique, la vie, l'Histoire.
 

ALORS
CE PLAN ! 

   

 

 

On peut également penser que c'est un peu glauque de se promener dans un cimetière comme ça, au milieu des corps reposant sous du marbre. Il n'empêche que les cimetières parisiens (Père Lachaise, Montmartre, Passy, Picpus,...) sont des lieux fermés et végétalisés qui semblent loin du bruit, de la cohue et des éternels mouvements de la capitale.
Lors de mon vagabondage à Montparnasse, j'ai croisé des touristes avec des cartes à la recherche des sépultures, mais aussi des jeunes venus s'asseoir sur un banc pour discuter ou encore des gens venus avec leur Tupperware pour manger entre midi et 13h.
Attention toutefois à l'usage de Tupperware ! Depuis quelque temps  -et après des années de domination au niveau de la conservation des aliments-  on se rend compte que ce n'est pas bien de conserver les aliments dans ces boites en plastique.
"Pas bien" ? Mais dans quel sens ?!!!"
Ah ben écoute, si on te dit que c'est pas bien, c'est que cela peut être dangereux pour ta santé. et si c'est dangereux pour ta santé, cela veut dire que tu pourrais venir plus tôt que tu le penses arpenter les allées d'un cimetière, mais en tant que visiteur...
Ahlalalala, chaque époque a son poison, son cancer ! On trouve une solution pour conserver les aliments ; et 30 ans plus tard, on te dit : "Oh pardon, on 'est planté ! Faut tout changer ! Vite !"

   

Bon allez, pendant que je suis encore en vie, je vais continuer à vagabonder dans les allées de ce cimetière parisien qu'est Montparnasse.
Je traverse à présent la division 18. J'y croise les sépultures d'Aristide Boucicaut (pionnier du commerce moderne et créateur des magasins "Au bon marché"), de Constantin Brancusi (sculpteur), d'Alphonse Boudard (romancier et scénariste), de Maurice Couve de Murville (politique), de la famille Flammarion (éditeur) et, peut être plus connue, d'Yves Mourousi.

Célèbre journaliste télé et radio des années 1970-80, Yves Mourousi est notamment célèbre pour son "Bonjour" quotidien qu'il adressait aux spectateurs lors de l'ouverture du journal de 13 heures de TF1, de 1975 à 1988.

Oui alors fais gaffe, parce que la vidéo ci-haut dure 10 heures DONC 10 heures de "Bonjour !" répétés. Mais sinon, Yves Mourousi, brièvement, c'était qui et pourquoi a-t-il (ou aurait-il) marqué les esprits ?
Petite biographie rapide.

 

"Né de père inconnu le 20 juillet 1942 à Suresnes, il est à l'origine d'un changement de style et d'innovations dans la présentation des informations télévisées en France. Il fut élevé par sa grand-mère et s'inventa une mère parfaite. En réalité, sa mère était la princesse Euphrosine Mourousi, émigrée russe désargentée, intrigante, collaboratrice des Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale (considérée comme faisant partie des "comtesses de la Gestapo"). Pour gagner sa vie durant l'Occupation, cette trentenaire toxicomane profita du trafic de cigarettes et dénonca des familles juives et d'immigrés russes. D'après l'historien Cyril Eder, elle aurait fait de la prison pour avoir escroqué les nazis et en serait sortie pour accoucher d'Yves Mourousi en juillet 1942.
Après des études secondaires au lycée Lakanal de Sceaux, puis à la faculté de droit de Paris et à l'Ecole des langues orientales, il devient journaliste radio à l'ORTF en 1966, il réalise son premier reportage lors d'un important séisme à Arette, dans le Béarn, en 1967. Durant quatre jours, il rapportera l'évènement en direct, marquant le début de sa reconnaissance journalistique.
En 1968, il réalise sa première interview télévisée en interrogeant Alain Peyrefitte lors des évènements de mai, puis, en novembre, il présente pour la première fois le journal de 13 heures de France Inter.(...)
En 1975, avec Félix Lévitan (codirecteur du Tour de France cycliste), il suggère l'idée d'une arrivée finale sur l'avenue des Champs-Elysées ; ce qui sera autorisé par le Président Giscard d'Estaing.
Du 6 janvier 1975, premier jour marquant la naissance de TF1 en remplacement de l'ORTF et jusqu'en 1981, Yves Mourousi est le présentateur et rédacteur en chef du journal IT1 13 heures, puis devient présentateur de TF1 actualités 13 heures avec à ses côtés successivement Claude Pierrard, Michel Denisot, Jean-Pierre Pernaud. A partir de 1981, il présente le journal de 13 heures de TF1 avec Marie-Laure Augry à ses côtés.
Il est alors le premier à faire sortir régulièrement le journal de son studio avec au minimum un direct en extérieur chaque semaine ; de la place rouge à Moscou à l'intérieur d'un sous-marin en plongée en passant par un bloc opératoire ou une centrale nucléaire. Il réalise également des interviews en direct.

Il présente son dernier JT le 18 février 1988 en compagnie de Marie-Laure Augry.
En parallèle, il aura eu d'autres activités, comme créer la fête du Livre aux Tuileries, présentateur de l'émission "Aventures inattendues", directeur des opérations spéciales de TF1, conseiller d'Hervé Bourges sur RMC, propriétaire d'un bar "Le Look" à Paris ou encore "chanteur" (avec le titre "19"), président d'honneur du "Monde festif en France",...
En 1995, on lui confie l'organisation du 1er sommet des géants du sport, plus grand évènement sportif jamais organisé en France, hors compétitions.
De 1996 à 1998, il est nommé responsable de la mission Paris 2000 de la mairie de Paris chargée d'organiser les festivités de l'an 2000 alors qu'en 1997, il annonce vouloir poser sa candidature à la mairie de Cannes aux élections municipales de 2001. Mais il ne pourra mener ses deux projets à bout. Il meurt le 7 avril 1998 des suites d'un malaise cardiaque."
Sources WIKIPEDIA

Personnalité médiatique opportuniste et créatrice, Yves Mourousi marqua les années 1980 par ses prises d'antennes et sa vie privée. De l'interview accordée à François Mitterrand en s'asseyant sur le bureau à sa vie nocturne homosexuelle teintée d'alcool, il échappe également à un attentat à son domicile en 1978. Attentat qui ne le visait pas.


Son mariage avec Véronique en septembre 1985 convoqua également les railleries de certains, comme le faux mariage parodique de Coluche et Le Luron quelques jours avant la cérémonie.

Avant-gardiste, trop star, incontrôlable, il fut à la fois journaliste novateur et icône des gazettes style Paris-Match. Electron libre, il n'avait que faire de sa hiérarchie et de la neutralité requise.

    

    

 

Je reprends ma déambulation, composée d'Histoire, d'histoires et de souvenirs.
Division 6. Juste à côté de la sépulture remarquable d'Henri Langlois (dont nous avons parlé dans le précédent billet sur Montparnasse), c'est la tombe de Gus qui interpelle.

Gustave Erlich, dit Gus, est né le 17 décembre 1911 à Lublin, Pologne.
Dessinateur humoristique, illustrateur, caricaturiste et écrivain, Gus se lança dans le dessin de presse dès 1940 dans Le cri de Paris et le journal Toujours. Puis il s'orienta vers le dessin humoristique en illustrant l'actualité quotidienne dans la presse écrite et à la télévision.
L'épitaphe interpelle... 

   

    

Un peu plus haut dans le cimetière, je passe à proximité de la discrète sépulture de Tristan Tzara. Située derrière un petit arbre, entre les tombes de Lobo et Zadkine.

De son vrai nom Samuel Rosenstock, Tristan Tzara est un auteur, poète et essayiste de langue roumaine et française, né le 16 avril 1896 à Moinesti, Roumanie.

Il passe son enfance et son adolescence en Roumanie où il fait partie de cette communauté juive exclue de la citoyenneté roumaine par des lois discriminatoires. Après des études à l'université de Bucarest, il quitte la Roumanie pour la Suisse en 1915 où il s'inscrit à l'université en classe de philosophie. Mais il s'ennuie.
Le 5 février 1916, il participe à la fondation du Cabaret Voltaire à Zurich, un cabaret ouvert à toutes les dissidences que souhaitent créer Hugo Ball (anarchiste allemand) et sa femme Emmy Hennings, danseuse. Son ami, le peintre, Marcel Janco décore le lieu, Hans Arp les rejoint. Le succès est immédiat, l'ambiance est festive et débridée. Le cabaret propose des expositions d'Art nouveau, où le futurisme et l'abstraction se mêlent, des soirées dansantes au rythme de percussions africaines, des spectacles improvisés. Richard Huelsenbeck, militant de l'avant-garde ayant fui l'Allemagne, rejoint le groupe le 26 février.
C'est ce groupe qui "fonde" le mouvement dada le même mois.

"Nihiliste, provocateur, Dada érige l'absurde en maitre-mot contre l'infamie d'un conflit mondial dévastateur. Il dérange l'ordre bourgeois qui a rendu la guerre possible. S'il fut de courte durée, Dada essaima son esprit de contradiction à travers le monde, et constitue l'un des ferments de la pensée surréaliste, elle aussi très politisée." BEAUX-ARTS

   
Tristan Tzara écrit les premiers textes Dada. Fin juillet 1916, le Cabaret-Voltaire doit fermer ses portes pour tapage nocturne et tapage moral.
Plusieurs personnalités s'intéressent au mouvement. André Breton, Philippe Soupault et Louis Aragon sont enchantés par les poèmes de Tzara. Le peintre Francis Picabia se rend en Suisse pour soigner une dépression nerveuse et rencontre Tzara ainsi qu'Emile Melespine.
C'est en 1920 que Tristan Tzara débarque à Paris. Avec Breton, Soupault et Aragon, ils se lancent tous ensemble dans une grande variété d'activités destinées à choquer le public et à détruire les structures traditionnelles du langage. Tzara ne participera pas aux débuts du surréalisme, mais rejoindra le groupe plus tard. Mais, à partir de 1922, Breton s'opposera à Tzara.
Après s'être marié, Tzara se rapproche à nouveau des surréalistes en 1929 ; période où le groupe cherche à exclure Aragon tout en subissant la dissidence des jeunes écrivains. En 1931 parait "L'Homme approximatif", oeuvre fondamentale. Mais Tzara s'éloigne à nouveau des surréalistes à partir de 1934.
Il s'engage dans le mouvement antifasciste et est favorablement impressionné par la jeunesse communiste. Il adhèrera au parti en 1947, mais rejette l'idée d'une poésie au service d'un idéal révolutionnaire.
Dès 1936, il s'intéresse au sort de l'Espagne et participe à l'organisation d'une commission de solidarité avec le peuple espagnol.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, il est poursuivi par le régime de Vichy et la gestapo. Il fuit dans le sud de la France. Recherché, dénoncé, il renforce ses liens avec la Résistance et décide de se battre avec ses mots d'écrivain en participant aux différents périodiques de la Résistance.
Après la guerre, il adhère au parti communiste. Ses positions sont critiquées par l'extrême-gauche et les anarchistes.
En 1956, il fait un voyage à Budapest et découvre le caractère mensonger des reportages du journal L'Humanité. A son retour, il est convoqué par le parti où il reçoit "probablement" l'ordre de se taire et de rentrer dans le rang.
Dès lors, Tzara est marginalisé dans le milieu des intellectuels communistes et se retire petit à petit de la vie publique.
Il meurt le 24 décembre 1963 à Paris.

Pour faire un poème dadaïste
Prenez un journal
Prenez des ciseaux
Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème.
Découpez l'article.
Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac.
Agitez doucement.
Sortez ensuite chaque coupure l'une après l'autre dans l'ordre où elles ont quitté le sac.
Copiez consciencieusement.
Le poème vous ressemblera.
Et vous voici un écrivain infiniment original et d'une sensibilité charmante, encore qu'incomprise du vulgaire.

 

   

 

 

Je reprends ma marche dans les nombreuses allées et contre-allées pour rejoindre un rond-point.
Tout autour, le plan du cimetière annonce les présences des sépultures d'Alexandre Desenne (peintre et dessinateur), Louis Deseine (sculpteur), Mallat de Bassilan (poète), Mathieu Orfila (médecin et chimiste), Robert Thibier (décorateur et designer), Henri Troyat (écrivain), Frank César (organiste et compositeur) et... Jacques Chirac.

  

Haut fonctionnaire et homme d'Etat français, Jacques Chirac fut Premier ministre de 1974 à 1976, ainsi que de 1986 à 1988, puis Président de la République du 17 mai 1995 au 16 mai 2007 ; sans oublier qu'il fut maire de Paris de 1977 à 1995.
Durant son parcours politique, il s'est montré changeant du point de vue idéologique. Engagé à gauche dans sa jeunesse, il est généralement considéré comme gaulliste et classé à droite de l'échiquier politique, bien que certains observateurs qualifient sa pratique du pouvoir de radicale-socialiste.
Mis en cause dans de nombreuses affaires judiciaires pendant sa carrière, il a bénéficié de son immunité présidentielle mais reste, après son départ de l'Elysée, poursuivi dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris pour laquelle il fut condamné à deux ans d'emprisonnement avec sursis en 2011, ce qui fait de lui le premier chef de l'Etat français à être condamné en justice ("Une histoire abracadabrantesque").
Mais ce que les gens retiennent surtout de Jacques Chirac, c'est son côté bon vivant, amateur de bonne chère, gouailleur, ripailleur, amoureux des arts premiers, séducteur et jamais avare d'un bon mot.
France Inter a relevé quelques anecdotes truculentes sur l'ancien Président de la République.

"A l'invitation de la fille de Jean-Louis Debré, Jacques Chirac se rend dans un restaurant bio. "Est-ce que c'est dangereux ?", demande-t-il avant d'avaler du quinoa pour la première fois de sa vie accompagné de quatre bières !(...)
En 1992, à l'occasion d'un diner à l'Hôtel de Ville de Paris, Jacques Chirac présente son chien à Michel Denisot. Nom de l'animal ?
"Ducon, c'est Giscard qui me l'a offert", plaisante le maire de Paris. (...)"
FRANCE INTER

   

Et maintenant,
un peu de musique...

   

A quelques pas de la sépulture de Jacques Chirac, on reste dans la musique, mais on change complètement de domaine et de personnage. Lui aussi aimait la bonne chère... Enfin... Bon...
Je me trouve à présent devant la tombe de Serge Gainsbourg.

Une autre forte personnalité ! Et quelle vie ! Quelle oeuvre ! Difficile d'en parler sans oublier d'évoquer certains moments.
Rapide biographie de ce chanteur-compositeur-réalisateur-peintre-scénariste-écrivain-acteur avec des infos prises sur le site WIKIPEDIA, entre autres.

  

"Lucien Ginsburg est né le 2 avril 1928 à Paris dans une famille d'artistes puisque son père, Joseph, est pianiste et sa mère, Brucha Goda surnommée Olga, est chanteuse mezzo-soprano. Lucien a une soeur ainée, Jacqueline, et une soeur jumelle, Liliane. La famille Ginsburg obtient la nationalité française le 9 juin 1932. Elle vit dans les quartiers populaires de Paris. Lucien apprend le piano par son père qui l'initie également à la peinture. Il le suit dans ses concerts où il joue dans des stations balnéaires huppées comme Arcachon, Deauville, Cabourg et Le Touquet.
En 1940, Lucien est inscrit à l'Ecole normale de musique de Paris. Il a 12 ans et doit porter l'étoile jaune. Les métiers artistiques étant interdits aux juifs durant la guerre, plus personne ne veut engager Joseph qui passe en zone libre en 1942 pour travailler et échapper à la misère. Toute la famille le rejoint en 1944 à Limoges, puis ils vont se réfugier dans un hameau sur la commune de Saint-Cyr avec de faux papiers. Lucien est caché dans un collège public à Saint-Léonard-de-Noblat. Un soir, la gestapo fait une descente dans l'établissement pour vérifier qu'aucun enfant juif ne s'y dissimule. Avertis, les responsables du pensionnat l'envoient se cacher seul dans la forêt, muni d'une hache pour se défendre, où il passe la nuit entière avec la peur d'être pris et tué. Il vivra par la suite avec le sentiment d'être un rescapé.
La famille revient sur Paris après la Libération. Elle s'installe dans le XVIème arrondissement. En échec scolaire, Lucien abandonne le lycée pour s'inscrire aux Beaux-Arts et fréquenter l'Académie de Montmartre. C'est là qu'en mars 1947, il rencontre sa future première femme, Elisabeth Levitsky, qu'il épousera en novembre 1951.
L'année 1948 est une année importante pour Lucien. Il fait son service militaire, mais est souvent envoyé au "trou" pour insoumission. Privé de permission, il s'enivre de vin avec ses camarades de régiment. C'est son premier contact avec l'alcool. Durant cette période, il apprend également à jouer de la guitare.
  

Jusqu'en 1958, Lucien vit de petits métiers : professeur de dessin, de chant, surveillant,... Mais son activité principale reste la peinture, inspiré par le dadaïsme -notamment par Francis Picabia et son Jésus-Christ Rastaquouèr.
Après avoir emménagé dans une chambre rue Saint-Jacques   -meublée d'un piano en piteux état que Lucien Réparera pour pouvoir en jouer-, le couple découvre en rangeant leurs vêtements au fond d'un placard une porte donnant sur une salle de concert où des groupes américains de jazz viennent enregistrer leurs disques. Lucien observe, fasciné, prend des notes et délaisse petit à petit la peinture pour devenir, en 1954, crooner de piano-bar dans les casinos de villes côtières comme Le Touquet ou Deauville, ainsi que dans des cabarets parisiens.
Dès cette année là, il dépose des titres à la SACEM sous son nom et sous le pseudonyme de Julien Gris, devenant Julien Grix, avant de prendre définitivement le nom de Serge Gainsbourg en avril 1957.
Il expliquera que le prénom de Serge évoque la Russie et que les voyelles A et O ajoutées à son nom sont une réponse aux enseignants qui écorchent son patronyme, pour lui rappeler ses origines judéo-russes. D'après Jane Birkin, il aurait surtout pris ce pseudonyme en référence au peintre anglais Gainsborough qu'il admirait.

 
Au cabaret Milord l'Arsouille, il a une révélation en voyant Boris Vian qui écrit et interprète des textes provocateurs, drôles et cyniques, loin des répertoires des vedettes du moment. En 1955, il est engagé comme pianiste d'ambiance dans ce cabaret pour jouer des standards de jazz.

C'est ici, sur scène et en solo, qu'il interprète pour la première fois Le poinçonneur des Lilas après que Francis Claude, directeur artistique du cabaret, ait découvert ses compositions. Un titre qui marque la carrière et la mémoire des gens. On retrouve d'ailleurs toujours des tickets de métro sur sa tombe.



Francis Claude le fait passer dans son émission sur France Inter, puis le présente à Jacques Canetti, directeur du théâtre des Trois Baudets et des disques Philips. Jacques Canetti prend alors en main la carrière naissante de Serge Gainsbourg en lui proposant de chanter aux Trois Baudets et dans les tournées qu'il organise avec Jacques Brel, Guy Béart et Raymond Devos.
Serge compose alors de nombreuses chansons et même une revue musicale. Il décide d'abandonner la peinture pour se consacrer uniquement à la musique. Il détruit la quasi-totalité de ses toiles au grand dam de son épouse qui ne lui pardonnera jamais. Ils divorcent en 1957. Serge se lance alors dans une cour effrénée auprès des femmes qu'il séduit en grand nombre.

Son premier album, Du chant à la une!..., sort en 1958. C'est un échec commercial. Mais il est remarqué et apprécié par Marcel Aymé et Boris Vian.
Les albums suivants (N°2 en 1959, L'étonnant Serge Gainsbourg en 1961 et N°4 en 1962) rencontrent le même destin. Mais il rencontre son premier succès commercial avec une chanson écrite pour un film : L'eau à la bouche, en 1960.
Nous sommes en pleine époque yéyés ; une tendance avec laquelle il n'est pas très à l'aise. Il passe en première partie de Jacques Brel ou de Juliette Gréco pour qui il écrit La javanaise en 1962.
Cependant, il reste la risée du public et des critiques qui se moquent de ses grandes oreilles et de son nez proéminent.
Il compose et sort deux autres albums : Gainsbourg confidentiel ("Chez les yé-yé", "Elaeudanla Téitéia") en 1963, puis Gainsbourg percussions ("Pauvre Lola", "New York USA", "Couleur café") en 1964. Derniers albums personnels et hors mode. Gainsbourg va maintenant s'orienter vers des rythmes, des compositions et des chansons plus pop.

Il écrit pour Juliette Gréco, Petula Clark ("La gadoue"), Françoise Hardy ("Comment te dire adieu") et France Gall ("Laisse tomber les filles") ; ce qui lui permet de séduire un public jeune. En 1965, France Gall remporte le grand prix de l'Eurovision de la chanson avec le titre "Poupée de cire, poupée de son", écrit et composé par Serge, et devient un tube international. L'année suivante, il écrit "Les sucettes" pour la même France Gall. Le double sens de la chanson provoquera un premier scandale. La chanteuse de 18 ans dira :

"J'ai enregistré la chanson très, très innocemment. Contrairement à ce qu'on a pu dire. Je suis partie au Japon pendant que le disque sortait à Paris. Les programmateurs de radio ont hurlé : "Elle est complètement folle, elle va se ridiculiser". Moi, je n'en savais rien. Et quand je suis revenue, je n'osais plus sortir de chez moi. Je n'osais plus faire de radio, plus de télé."

  

Finalement, Serge Gainsbourg fait partie des "yé-yé" avec les titres "Qui est in, qui est out" en 1966, puis "Comic Strip" en 1967. En 1966 également, il figure également sur la photo du siècle regroupant 46 vedettes françaises du mouvement "yé-yé". La même année, il compose la bande originale de la comédie musicale Anna pour laquelle il signe notamment la chanson Sous le soleil exactement.
Mais Serge Gainsbourg, ce sont aussi des rencontres amoureuses qui vont inspirer sa musique.

 


A la fin de 1967, il vit une passion courte, mais intense avec Brigitte Bardot pour qui il écrira Initials B.B., Harley Davidson, Bonnie and Clyde et Je t'aime... moi non plus. Cette dernière chanson enregistrée en décembre 1967 ne sortira qu'en 1986, réenregistrée en duo avec Jane Birkin.
Jane Birkin, autre muse et amour. C'est en 1968 sur le tournage du film Slogan qu'il se rencontrent. Il lui fait chanter Je t'aime... moi non plus et 69 année érotique et lui composera plusieurs albums, dont de nombreuses chansons seront des succès commerciaux : Ex-fan des sixties, Di Doo Dah, Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve, Baby alone in Babylone, Les dessous chics, Quoi...
Leurs duos sont souvent provocants (69 année érotique, La décadanse). De leur union naitra Charlotte le 21 juillet 1971 à Londres. 

 

Le couple s'affiche souvent dans les médias, coutumier de rumeurs et provocations sulfureuses. Ils se séparent en septembre 1980.
Les années 1970 marquées par cette vie de couple tumultueuse sont également des années riches en composition avec cinq albums importants : Histoire de Melody Nelson (1971), Vu de l'extérieur (1973), Rock around the bunker (1975), L'homme à tête de chou (1976) et Aux armes et caetera (1979). Peu de succès commercial, mais une reconnaissance artistique. En parallèle, il compose aussi des titres plus légers, comme L'ami Caouette ou Sea, sex and sun pour le film Les bronzés. Il réalise également son premier film en 1976, "Je t'aime moi non plus".
Mais la santé de Serge Gainsbourg se détériore également. En 1973, il est victime d'une première crise cardiaque. Depuis son lit d'hôpital, il annonce qu'il va réagir en "augmentant sa consommation d'alcool et de cigarettes".

  

Après la polémique autour de sa Marseillaise reprise en reggae, Serge Gainsbourg entre dans les années 1980 avec l'esprit de provocation. Il se sent artiste incompris et se réfugie dans la vie des milieux noctambules et interlopes, consommant d'avantage d'alcool et de tabac, délaissant la vie de famille.

Cette période est marquée par la fréquentation des boites de nuit, des beuveries, du noctambulisme, de la décrépitude physique. "Gainsbourg" devient souvent "Gainsbarre" avec des apparitions télévisées plus ou moins alcoolisées. Il fortifie ainsi sa légende de poète maudit, mal rasé et ivre. Une allure apparait : jean élimé, chemise en jean, Repetto blanches, visage bouffi caché par des lunettes noires, Gitanes au bec ; alternant admiration et dégoût.
Après sa séparation avec Jane Birkin, il rencontre bambou, un mannequin. Il lui compose quelques titres qui ne rencontreront pas la ferveur du public. En 1983, il réalise son deuxième film, Equateur, qui ne rencontre pas de bonnes critiques.
Le 11 mai 1984, il marque les consciences en brulant les 3/4 d'un billet de 500 francs en direct dans l'émission 7 sur 7 en dénonçant le "racket fiscal" qui le taxe à 74%.
Il part ensuite pour New York où il enregistrera ses deux derniers albums Love on the beat (1984) et You're under arrest (1987). Après le reggae, il se frotte au hip-hop et au funk. Témoignages de la curiosité de l'artiste et de son envie de toujours se renouveler.
C'est là ce qui me fascine le plus chez Gainsbourg : un immense compositeur, un provocateur, mais aussi un homme à fleur de peau.

  

Après l'album You're under arrest, Serge Gainsbourg donne des concerts (Casino de Paris, le Zénith, Printemps de Bourges). Il continue d'écrire pour d'autres : White and black blues pour Joelle Ursull présenté à l'Eurovision 1990, un album pour Vanessa Paradis (Variations sur le même t'aime) et pour Jane Birkin (Amour des feintes) la même année.
En parallèle, les effets du tabac, de l'alcool et une greffe du foie l'amènent à être hospitalisé plusieurs fois entre 1989 et 1991.
Il passe les six derniers mois de sa vie assez isolé, à Saint-Père-sous-Vézelay, dans l'Yonne, dans l'hôtel-restaurant triplement étoilé "La Renaissance", chez Marc Meneau. Il rentre sur Paris en janvier 1991 lors de la fermeture annuelle du restaurant. (Cf :
SERGE GAINSBOURG ET VEZELAY)
Serge Gainsbourg meurt le 2 mars 1991 à l'âge de 62 ans, au 5bis rue de Verneuil, dans le 7ème arrondissement, à la suite de sa cinquième crise cardiaque. 
Ce lieu est aujourd'hui devenu musée, rendant hommage à l'artiste qu'il était, exposant des objets et les lieux où il a vécu. Je suis passé juste devant après le cimetière.

 

La sépulture de Jane Birkin se trouve à quelques mètres de celle de Serge Gainsbourg, non loin de celle de Mireille Darc, dans la XIème division. Elle repose avec sa fille Kate Barry.

   

Je quitte le rond-point en consultant le plan du cimetière sur mon smartphone.
Je voudrais voir la tombe d'un autre chanteur français. Il s'appelait Daniel Belivacqua. Plus connu sous son pseudonyme d'artiste en un prénom : Christophe.

Sa tombe se trouve non loin de celle de Man Ray, au milieu de la 7ème division.
Alors bon, Christophe, ce sont des chansons inoubliables, comme Aline, Les paradis perdus, Les mots bleus, Senorita, La dolce vita, Succès fou, Ne raccroche pas, ou encore Les marionnettes.

 

Une voix particulière, une poésie décalée, un dandy en santiags qui collectionne les jukebox, passionné de vitesse et de belles voitures, mais qui se déplace en vélo électrique car il n'avait plus son permis.
Personnalité à part dans l'histoire de la musique française, il a traversé plusieurs époques et a apporté sa pierre à l'édifice des créations originales, parfois tourmentées, mais souvent envoutantes.

 

"Né le 13 octobre 1945, Daniel Belivacqua descend d'immigrés italiens originaires du Frioul.
Vers l'âge de 8 ans, ses premières idoles sont Edith Piaf et Gilbert Bécaud, puis il découvre le blues avec Robert Johnson et John Lee Hooker. il est très vite fasciné par l'Amérique, par le cinéma, la musique et les objets.
Il apprend la guitare et l'harmonica, puis choisit "Christophe" comme nom de scène en hommage à la médaille de Saint-Christophe qu'il avait reçue de sa grand-mère.
Il fonde son premier groupe, "Danny Baby et les Hooligans" en 1961, mais, en 1963, il commence une carrière solo. Son premier 45 tours, Reviens Sophie, est un échec. C'est en 1965 que sa carrière décolle avec la chanson Aline qui devient n°1 en France, en Espagne, en Belgique, en Israel, en Turquie et au Brésil. Les Marionnettes suivent et deviennent n°1 en France et en Belgique.
Tout comme Gainsbourg, il figure sur la photo d'avril 1966 avec les 46 vedettes françaises du yéyé.
En 1967 et 1968, il met sa carrière de chanteur entre parenthèses pour participer à des courses automobiles. Il affectionne également les grosses voitures américaines, collectionne les belles voitures ainsi que divers objets, comme les synthétiseurs vintage, les bobines de films, les juke-box,...
Il change de look au début des années 1970 en arborant un style latin lover avec une moustache et une longue chevelure blonde.
En 1973, Christophe travaille avec Jean-Michel Jarre, promu parolier, avec qui il compose l'album Les paradis perdus, puis Les mots bleus en 1974.

 

Suivent Samouraï en 1976 avec Boris Bergman, puis Le beau bizarre en 1978 qui ne remporte pas le succès des précédents albums, mais qui lui vaut la reconnaissance de la critique, classé par Libération parmi les 100 meilleurs albums de l'histoire du rock. En 1983 sort son troisième plus gros succès en simple, Succès fou, qui achève de le cataloguer comme chanteur pour midinettes.
 

Il ralentit ensuite son rythme de travail. Il compose quelques titres pour d'autres (Boule de flipper pour Corinne Charby), publie un album d'adaptations de standards anglo-saxons, des 45 tours (Ne raccroche pas en 1985), mais ne fait plus de scène préférant se consacrer à ses collections de juke-box, de disques rares et de grands films.
Mais Christophe reste un grand musicien et un grand compositeur, se tenant toujours au courant des dernières nouveautés. de plus, il est ultra perfectionniste et peut passer un an à travailler sur le son d'une partie de batterie.
Avec son album Bevilacqua (1996), il surprend par sa modernité, délaissant le dandy crooner des années 1970. Il travaille chez lui pendant plusieurs mois. En 2001, Comm'si la terre penchait est un album d'avant-garde. Pour son retour sur scène, il fait appel à des éclairagistes du théâtre et de la danse pour mettre en valeur son spectacle dans lequel il chante assis sur un tabouret.

Le 30 juin 2008 sort Aimer ce que nous sommes sur lequel il a travaillé pendant quatre ans. Magnifique album, très personnel.
Je me souviens de ces mots d'un site internet à propos de ses compositions personnelles particulières :
"Avant d'aimer la musique ou le chant, c'est d'abord le son qui l'intéressait. Il aimait tester les différentes sonorités et résonnances. Par exemple, il criait par la fenêtre de chez lui ou même dans le métro, voire enregistrait des sons dans sa salle de bain, dont il trouvait l'acoustique particulière. Il écoutait aussi ronronner la lessiveuse. Ainsi, il ne se définit pas comme un chanteur, mais comme un passionné des sons, des échos et des vibrations."

   

J'ai eu la chance d'aller le voir en concert à Bordeaux pour la sortie de cet album. Un concert durant le quel il a interprété les morceaux de cet album avant de se retirer un quart d'heure en loge pour revenir interpréter ses plus grands succès ensuite pour un concert de plus de deux heures. Un beau moment emprunt de nostalgie et de modernité où, entre chaque morceau, il nous a livré quelques histoires et anecdotes.

Suivent concerts, tournées, participations à d'autres albums, duos à la télé et en studio.
Il sort son ultime album Les vestiges du chaos en avril 2016. Celui-ci reçoit un excellent accueil critique. il donne son dernier concert le 15 février 2020 à La-Teste-de-Buch, puis fait une dernière apparition publique le 21 février lors de l'enregistrement de Taratata avec Laetitia Casta.
Il décède le 16 avril 2020 des suites d'un emphysème pulmonaire aggravé par une forme sévère de Covid-19.

 

 

Non loin de la tombe de Christophe, la sépulture de Joëlle, la chanteuse du groupe "Il était une fois".

De son vrai nom, Joëlle Mogensen est née le 3 février 1953 à Long Island, dans l'Etat de New York, fille d'un diplomate danois de l'Unicef et d'une mère française née en Syrie.
Je dis ça pour l'éclectisme culturel.
Elle vit aux Etats-Unis jusqu'à l'âge de 9 ans, puis jusqu'à 16 ans à Copenhague. Elle fait des études catholiques où son talent pour le chant est remarqué très tôt, en même temps que des prédispositions pour la natation et le volley-ball. Je dis ça pour le côté éclectique de la personne.
En 1969, elle suit ses parents en France, à Grimaud, où elle s'inscrit à l'Ecole des Beaux-Arts de Marseille.
Cette même année, à une terrasse de café à Saint-Tropez, alors qu'elle chante dans les discothèques pendant les vacances, elle fait la connaissance de deux musiciens de Michel Polnareff, Serge Koolen et Richard Dewitte. Joelle tombe amoureuse de Serge. Séparation, retrouvailles six mois plus tard dans un petit appartement à Colombes.
Plus tard, et à la suite d'une dépression de Michel Polnareff en 1970, que les deux musiciens se retrouvent au chômage. Les trois "mais" se retrouvent, travaillent dans une boite de nuit et sortent en 1971 un premier single "Sonne, carillonne", qui restera confidentiel.

Puis, en novembre 1971, les trois amis créent le groupe "Il était une fois" avec trois autres musiciens. Après avoir gagné un concours de chant en 1972, Joëlle et le groupe voient les portes du monde du spectacle s'ouvrir à eux. 
Premier album : "Rien qu'un ciel" quelques mois plus tard, puis une émission de télé avec Sacha Distel, puis un Olympia en première partie de Salvatore Adamo.
Bon bref ! Je ne savais pas que le groupe Il était une fois avait sorti quatre albums entre 1972 et 1978. Peut être parce que la seule chanson que l'on nous ressort quand on parle de Joëlle et de ce groupe est... est... "J'ai encore rêvé d'elle" (1975). Bon après, pour les un peu plus puristes, il y a aussi "Viens faire un tour sous la pluie", la même année.
Très demandée et icone du groupe  -elle rejoint même l'équipe à Jojo de Joe Dassin et figure souvent dans ls émissions de Maritie et Gilbert Carpentier, tous les regards se portent sur elle au détriment des autres membres du groupe. Elle se coupe peu à peu de ces derniers. Ses absences aux répétitions se multiplient, elle se braque devant les décisions du groupe, elle est devenue capricieuse, le succès lui est monté à la tête. Dewitte quitte le groupe. Fin de "Il était une fois". Joelle tombe en dépression.
Fin 1979, elle signe seule un contrat avec Barclay. Un album solo sort en 1980, Joëlle tout court". Mais la critique est féroce. Elle tente ensuite une carrière d'animatrice télé. Mais là aussi, échec.
Le 15 mai 1982, après avoir passé la nuit chez des amis, elle est retrouvée morte, victime d'un œdème aigu du poumon ; même si les causes de sa mort restent controversées. Toutefois, d'après les dernières expertises, sa mort serait due à une malformation cardiaque. Elle avait 29 ans.

 

Bon nombre de chanteuse, chanteur, musiciennes et musiciens reposent ici au cimetière du Montparnasse.
Citons sans nous rendre sur leurs sépultures : Mireille Berl, Juliette Gréco, Zizi Jeanmaire, Serge Reggiani, César Frank,...
Et des écrivains, tels que Guy de Maupassant, Marguerite Duras, Ionesco, Susan Sontag, Joseph Kessel, Robert Desnos, Henri Troyat, Charles Sainte-Beuve, professeur Choron,...
Un ex-président de la République Paul Deschanel dont on se souviendra surtout de son état anxio-dépressif qui le fit chuter d'un train nocturne en mai 1920, puis le poussera à la démission sept mois après son investiture.
Mais aussi un collabo des plus agressif, personnalité la plus importante du régime de Vichy avec le Maréchal Pétain et maitre d'oeuvre de la politique de collaboration avec l'Allemagne nazie en la personne de 
Pierre Laval, figure centrale de la collaboration durant l'occupation de la France par l'Allemagne nazie, condamné à mort le 9 octobre 1945 pour haute trahison et complot contre la sûreté intérieure de l'Etat.

 

  

Mais, revenons à l'art pour clore cette visite rapide de ce lieu d'histoires et d'Histoire avec la présence des sépultures de sculptrices et sculpteurs.
Quand on j'entends ces mots "sculptrice-sculpteur", je pense de suite à Camille Claudel, Auguste Rodin, Giacometti, Botero, Michel-Ange, Bourdin, Henry Moore,... mais ils ne reposent pas à Montparnasse.
Par contre, tu peux trouver les sépultures de Bartholdi (oui, oui, la statue de la Liberté, c'est lui), de Bourdelle (Héraklès Archer), Jules Dalou (Désespérée), Antoine Etex, Charles Garnier (plus architecte que sculpteur), Jean-Antoine Houdon, Henri Laurens (Guitare), Oscar Roty (plus graveur que sculpteur), François Ryde (L'arc de Triomphe, c'est lui), Ossip Zadkine (Jeune fille aux mains repliées),...

Et aussi, et aussi... Celle de Crestinu avec cette conception originale au niveau de la pierre tombale supérieure qui semble inviter la personne de passage à emprunter une petite porte ouverte donnant sur un escalier menant on ne sait où...

 

 

   


 

 

 

 

 

 

Un peu plus haut, tu peux croiser la tombe de Paul Belmondo.

Sobre et élégante. Simple. Ce jour là, une rose rouge posée sur le marbre immaculée.
Quelques années plus tôt, lors du décès de son fils Jean-Paul, beaucoup était venu déposer fleurs, gerbes, poèmes et mots d'hommage en pensant que les cendres de l'acteur avaient été déposées dans le tombeau de son père. Plus tard, d'autres penseront que les cendres avaient été déposées dans le tombeau de la fille de Jean-Paul, Patricia, reposant dans la 4ème division du cimetière.
Il n'en est rien. Les cendres de Jean-Paul Belmondo, acteur populaire et aimé du public français, ont été dispersées dans sa maison d'enfance à Piriac-sur-Mer, en Loire-Atlantique.

Mais bon, cessons de parler de Jean-Paul puisque nous sommes face à la tombe de son père.

Paul Belmondo était sculpteur. Né en Algérie française dans une famille modeste d'origine italienne le 8 août 1898, il se passionne très vite pour le dessin et la sculpture, mais ses études sont interrompues par la Première Guerre Mondiale. Il reprendra ensuite ses études à l'école des Beaux-Arts de Paris, obtient des prix, se marie, a trois enfants et monte son atelier. Il reçoit beaucoup de commandes de l'Etat, obtient des prix.
Puis intervient la Seconde Guerre Mondiale durant laquelle il sera membre du Groupe Collaboration, section arts et dont il fut le vice-président de section de 1941 à 1945 et familier des diners de l'ambassade d'Allemagne pendant la guerre.
Toutefois, après interdiction d'exposition, de ventes et de publication pendant un an à partir de septembre 1944, il deviendra professeur à l'Ecole supérieure des beaux-arts de Paris en 1956, puis élu à l'académie des beaux-arts en 1960.
Il meurt le 1er janvier 1982. Jean-Paul Belmondo reprochera à Jack Lang, alors ministre de la culture, de ne pas avoir rendu hommage à la mémoire de son père défunt.
Il est dit également que c'est parce que Jean-Paul Belmondo a boycotté la cérémonie des César pendant 40 ans parce que l'académie avait préféré attribuer la conception du trophée au sculpteur marseillais César plutôt qu'à son père.

   

Et tiens, puisque nous parlons de César, rendons-nous sur sa tombe qui se trouve également au cimetière du Montparnasse, dans la division 3, la division jouxtant celle où repose Paul Belmondo.

De prime abord, ce qui interpelle, c'est la présence de cette sculpture pas banale sur la pierre tombale sous laquelle repose le corps du sculpteur, célèbre pour ses compressions : César Baldaccini.
Il s'agit en fait d'une version compressée... réduite, en bronze, de son célèbre centaure en bronze installé près de la station de métro parisien Sèvres-Babylone. Ici composé d'objets hétéroclites, cette créature hybride fut créée à l'origine en hommage à Pablo Picasso.

Né le 1er janvier 1921 à Marseille, il était célèbre pour son association avec le mouvement Nouveau Réalisme.
Son père était barman, sa mère couturière. très vite, il étudia à l'Ecole des Beaux-Arts de Marseille, puis monta à Paris toujours pour étudier à l'école nationale supérieure des Beaux-Arts.
Il commença sa carrière de sculpteur en travaillant le métal, puis, à partir de 1950, expérimenta l'association de différents matériaux et techniques. On le connait pour ses compressions ; méthode consistant  à compresser des voitures et d'autres matériaux métalliques à l'aide d'une presse hydraulique. Sorte de critique de la société de consommation.
Il fut signataire du manifeste du Nouveau Réalisme qui cherchait,  -avec d'autres artistes comme Jean Tinguely et Yves Klein par exemple-, à remettre en question les conventions esthétiques traditionnelles et à intégrer des objets du quotidien dans l'art.
Outre les compressions, César réalisa également des expansions, des sculptures faites avec de la résine polyuréthane expansées. Il réinterprétait ainsi les matériaux ordinaires en œuvres d'art visuellement percutantes... ou pas.
on retrouve d'ailleurs une de ses approches-œuvres sur un rond-point de Clamecy, dans la Nièvre, sous le nom de "L'homme du futur" (1985-1987).

Cette sculpture fut inaugurée par le président François Mitterrand en juillet 1987. Très féru d'arts  -entres autres-, François Mitterrand a également importé dans le département de la Nièvre une autre sculpture monumentale et originale : la fontaine de Niki de Saint-Phalle, à Château-Chinon (1987-1988).

  

Mais pourquoi Jénorme nous parle-t-il tout à coup de la Nièvre, de Château-Chinon et de Niki de Saint-Phalle ?
Bon. Tout d'abord, pour prendre un peu l'air en dehors du cimetière de Montparnasse, et puis pare que j'aime bien parler-caser mon département natal à un moment donné, comme ça, hop, sur le pouce, comme disait César.

Le pouce, César, 1965, Coblence

 

Mais ensuite, c'est aussi parce que nous retrouvons quelques œuvres de l'artiste suisse plasticienne, peintre, graveuse, sculptrice et réalisatrice de films dans quelques endroits du cimetière.
A commencer par la sépulture de Jean-Jacques Goetzmann...

Titrée "L'oiseau" par Niki de Saint-Phalle,  elle réalisa cette œuvre pour son ami Jean-Jacques Goetzmann, "Un oiseau qui s'est envolé trop tôt".
Dès le début des années 1980, Niki de Saint Phalle s'est très vite engagée dans la lutte contre le sida. Nombre de ses amis disparaissent de cette maladie autour d'elle. Grand ami de Niki de Saint-Phalle, Geoffrey Humphrey lui présente Jean-Jacques Goetzmann, son colocataire. Ils partagent un appartement dans une résidence qui accueille les malades séropositifs. Philip Mathews, fils de Niki de Saint-Phalle prend soin de Jean-Jacques jusqu'à la fin. Il décède en 1992. L'artiste décide alors de réaliser un oiseau fantastique, destiné à orner sa tombe. Une structure de métal composée d'éléments prélevés dans la réserve de Jean Tinguely, son compagnon, et de tessons de miroir.

  

Nous passons de la division 18 pou remonter vers la division 6 où une autre sculpture de Niki de Saint-Phalle orne une autre sépulture ; celle de Ricardo Menon.

En 1989, Ricardo Menon, assistant et ami de Niki de Saint-Phalle, décède du sida à l'âge de 37 ans. Il l'aura notamment aidé à la conception et à la réalisation du Jardin des tarot, jardin de sculptures développé entre 1979 et 1993, à Garavicchio de Pescia Fiorentina, dans la commune de Capalbio en Toscane.
Pour rendre hommage à son ami, Niki de Saint-Phalle a réalisé  cette grande sculpture d'un chat d'environ 1,50 mètre de hauteur en céramique décoré de mosaïques polychromes  pour "orner" la tombe de son ami.
L'épitaphe a été rédigé par Niki de Saint-Phalle : "A notre ami Ricardo qui est mort trop tôt, beau, jeune et aimé".

    Et là, tu me poses la question : "Mais Niki de Saint-Phalle, elle est enterrée au cimetière de Montparnasse aussi ?"
Eh bien, non. Crématisée, ses cendres ont été jetées dans l'océan.

 

Terminons cette "balade cimetériste" en errant dans les dédales des allées et des ruelles, des carrés et des divisions. Laissons notre regard s'arrêter sur quelques sculptures funéraires étonnantes...
 

 

Ou encore ce poisson flottant qui me fait penser à celui qui ouvre et ferme le film d'Emir Kusturica, "Arizona Dream" (1993).

Ce "poisson-sirène" orne la tombe d'Alex Berdal (1945-2010), peintre sculpteur, prix de Rome. Au dos de cette sculpture, on peut lire une phrase énigmatique : "Il fait son choix d'anchois et dîne d'une sardine".
  

Pour finir cette "balade" dans le cimetière du Montparnasse, je voudrais parler d'une sculpture précisément.
Une sépulture et une pierre tombale qui font polémique. Il s'agit de la pierre tombale sculptée par Constantin Brancusi qui a pour titre "Le baiser" et qui se trouve sur la tombe de Tania Rachevskaïa dans la division 22.
  

Autrefois,
on pouvait le voir comme ceci.

  
Aujourd'hui,
On peut voir ceci.

Photo : les Montparnos

Depuis 2018, la sculpture de Brancusi est recouverte d'un coffrage.
Pourquoi ? Histoire.
Ce baiser, daté de 1909, est le troisième d'une série réalisée par Brancusi de 1907 à 1940. Il orne la tombe de Tania Rachevskaïa, une étudiante russe qui 'est suicidée en 1910 par amour pour le docteur Marbais, ami et compatriote de Brancusi.
A l'époque, les œuvres de Brancusi ne sont pas cotées. Mais en 2005, un marbre intitulé Oiseau dans l'espace est vendu pour 27,5 millions de dollars chez Christie's. Il devient ainsi le deuxième sculpteur le plus cher sur le marché de l'art après Giacometti. La même année, six personnes font valoir auprès de la ville de Paris leurs droits de propriété sur la tombe de Tatiana Rachevskaïa. Deux camps s'opposent ainsi depuis plus de 20 ans : l'Etat qui veut que le baiser reste sur la tombe où il trône depuis plus d'un siècle et les héritiers de la défunte qui veulent récupérer la sculpture pour le revendre aux enchères.
Pour l'instant, les héritiers russes ont perdu toutes les procédures judicaires mais ne sont pas décidés à abandonner.
Pour l'heure, la statue est protégée par un caisson de bois relié à une alarme et surveillée par trois caméras.

 

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Je sors du cimetière la tête pleine d'histoires et d'hommages. Je m'en vais retrouver ma voiture garée à quelques mètres d'ici pour ensuite prendre la direction du XIIIème arrondissement pour arpenter les rues de ce lieu baptisé "Boulevard 13" et qui expose plusieurs dizaines de fresques monumentales.

Un exemple ?
Fastoche !

      

Allez, à plus.

   

    

   

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