Les vacances : que faire ? Histoire
Nous sommes toujours dans un mobil-home du côté de Ronce-Les-Bains. Aujourd'hui, c'est décidé : on casse la routine piscine-plage-resto.
Debout 8 heures. Ah moi, je suis comme ça !
Je vais en ville chercher le journal
qui annonce une bien belle info.

Je passe à la boulangerie pour placer une baguette sous mon bras, comme tout bon touriste-français qui se respecte. Je te ramène le tout au mobil-home et là, ô surprise, je fais un terrible constat : le pain de La Tremblade est très étrange. Il se fout tout le temps à l'envers. Cela doit être une spécialité de la région.
C'est incroyable quand même ! On est en vacances ; tout ce que l'on demande, c'est d'être peinard ! On a travaillé toute l'année pour se payer des vacances bien méritées et voilà qu'il y a des boulangers qui se lèvent à 4 heures du mat', exprès pour faire du pain qui se fout à l'envers sur la table.
Mais, au fait, pourquoi mettre le pain à l'envers porterait-il malheur ? Explications.
"Il faut remonter au Moyen-Âge pour comprendre cette superstition. A l'époque, le bourreau était une personne crainte dans son village et les exécutions avaient souvent lieu à midi. Ainsi, certaines choses lui étaient réservées sur la table, telles que le pain. Pour être sûr qu'il n'en manquerait pas, le boulanger le retournait. Chacun savait donc que ce pain appartenait au bourreau. Donc, aujourd'hui, si le pain est retourné, cela suppose que le bourreau n est pas loin et qu'il y a de l'exécution dans l'air..." POURQUOI.COM
D'autres superstitions sous-entendent que poser du pain à l'envers ferait pleurer la Vierge, ou ferait souffrir les âmes au purgatoire, ou provoquerait des naufrages, ou...
C'est sur ces bonnes paroles que me vient l'idée d'aller à l'aquarium de La Rochelle. C'est à une cinquantaine de bornes de Ronce-les-Bains. Les mots "Moyen-Âge" m'amènent inconsciemment à passer par Brouage ; petite cité de caractère, paumée en plein marais et cernée de remparts remplis d'histoires et d'Histoire.
15 kilomètres plus tard, j'arrive à proximité de Brouage, que l'on appelle aussi Hiers-Brouage.
Ma première vision de la cité est celle-ci :
Ben ouais !
Ehla, ça fout un peu les boules. Ammmbbiiiiaaaannce !!! Ici, les cigognes ont remplacé les vautours.
J'arrive à l'entrée des remparts,
annoncée par ce panneau aux mots prévenants.
Bon ben, plongeons-nous dans l'Histoire de Brouage.
HIERS-BROUAGE
Derrière les vaches, Brouage et ses remparts
"Voici plus de deux mille ans, un vaste golfe occupait la région de Marennes-Oléron, et l'océan pénétrait à 15 km dans l'intérieur des terres. Brouage était alors situé dans une zone de marais salants, exploités depuis le VIème siècle. Véritable 'or blanc' à partir du Moyen Âge, puisqu'il constituait le seul moyen de conserver les aliments, le sel était une denrée précieuse : le bourg devint le 'grenier à sel' de l'Europe.
Si, aujourd'hui, la mer s'est retirée loin de Brouage, ce n'est pas le cas en 1555. Jacques de Pons, baron de Mirambeau, décide de faire construire une cité sur le bras de mer qui sépare l'île d'Oléron, site d'expédition du sel, de la côte. Un amoncellement de cailloux, pierres et rocs va servir aux fondations de la nouvelle cité, lesquelles reposent aussi sur un plancher de chêne couvert de dalles de pierre. Baptisée d'abord Jacopolis, la ville présente un plan carré de 400 m de côté et est lotie en parcelles rectangulaires de 30 m sur 8 m. Sa population croit rapidement : on dénombre 4000 habitants au XVIIème siècle.
Dès 1575, au temps des guerres de Religion, Brouage est fortifié. En 1585, son gouverneur repousse le prince de Condé venu l'assiéger. Ce dernier se venge en coulant à l'entrée du port vingt navires de sable et de cailloux : Brouage ne s'en remettra jamais. Les travaux entrepris à l'initiative du cardinal de Richelieu, gouverneur de la ville à partir de 1622, et poursuivis par Vauban en 1685 ont beau moderniser Brouage, le port n'en finit pas de s'ensabler. La fondation d'un grand arsenal à Rochefort signe l'arrêt de mort de la petite cité fortifiée, qui tombe progressivement dans l'oubli..
Elle aurait été rayée de la carte sans les efforts déployés dans les années 1980 pour la restaurer en lui rendant son visage du XVIIème siècle."
ÉDITIONS ATLAS
Voici pour la Grande Histoire ! Mais d'autres faits apportent un certain charme à ses murs.
Saches, ô toi passant qui passe, que Brouage est la ville natale de Samuel de Champlain.
Et là, tu me dis : "Qui c'est çui là ?".
Eh bien, voilà :
"Né à Brouage vers 1570, cartographe et colonisateur de renommée mondiale, Champlain leva l'ancre de Honfleur en mars 1603 lors de la première d'une vingtaine de traversées entre la France et le Canada. Cinq ans après avoir levé l'ancre, il fondait Québec jetant ainsi les fondements de l'empire français en Amérique du Nord.
Explorateur intrépide, il parcourut l'intérieur du continent et pénétra jusqu'au coeur du territoire devenu maintenant l'Ontario. Les récits de ses voyages fournissent la première description d'une région qui fut deux siècles durant, la principale route commerciale vers l'ouest canadien. Bâtisseur, administrateur et défenseur de la colonie, son énergie indomptable lui valut le titre de 'Père de la nouvelle France'. Il décéda le 25 décembre 1635 à Québec où il fut inhumé."
Dans la cité, quelques traces de cet homme perdurent.
Sa maison natale
Légèrement retapée !
À l'entrée de l'église 
Pas un bruit, Champlain a prié ici !
Dans l'église
Sous forme de vitrail !
Je trouve intéressant que cette petite cité isolée fasse ressurgir l'histoire de cet homme qui se lança à l'autre bout de la planète pour découvrir de nouvelles terres.
C'est vrai, quoi : t'es là, au milieu des marais...

...et en revenant sur la vie de cet homme,
tu te retrouves à Québec.

Pour en savoir d'avantage sur ses explorations et ses voyages, tu peux aller sur ce site : GRANDQUEBEC.COM.
Autre histoire que Brouage se plait à mettre en exergue et qui concerne...
L'escalier Mancini et son panneau romantique
"En 1659, Louis XIV aime Marie Mancini, la nièce de Mazarin. Ils ont 20 ans et veulent se marier. Mais le cardinal désire sceller la paix avec l'Espagne par un mariage du roi et de l'infante Marie-Thérèse. C'est à La Rochelle que Marie apprend l'entente du mariage espagnol de Louis.
Du 4 septembre au 30 décembre, elle vient cacher son chagrin à Brouage, dont son oncle est gouverneur. Louis épouse l'infante à Saint-Jean-de-Luz. Sur le chemin du retour, il fausse compagnie au cortège et gagne Brouage. Il s'installe dans l'ancienne chambre de Marie et arpente le rempart et les grèves, en soupirant après sa fiancée perdue.
Racine s'est inspiré de cette histoire dans sa tragédie Bérénice." Le Guide Vert Michelin
Une autre version de cet idylle est relatée de façon beaucoup plus tortueuse et moins romantique sur le site Au 17ème siècle...
Reste à savoir qui a raison et jusqu'où peut-on modifier l'Histoire afin de conquérir les touristes et les amener à venir visiter un lieu, une ville ou une région ?
Allez hop !
Je quitte Brouage et...
Ses anciennes toilettes publiques 
... pour prendre la direction la Rochelle
parce que c'est quand même là
que je devais aller au départ !
° °
Dans notre prochaine partie, nous prendrons la direction de La Rochelle parce que c'est quand même là qu'on devait aller au départ.




