Nièvre et lavoirs, part 4 (58)
Allez, souvenons-nous : l'année dernière, pour les vacances d'été, Jénorme s'était rendu dans la Nièvre (du samedi soir... oui, je sais, je la fais à chaque fois, mais ça me rassure). Afin de vagabonder dans ce beau département rempli de campagne et en découvrir quelques attraits touristiques sortis des sentiers battus, il s'était alors fixé un objectif : trouver un coin au frais pour boire une bière. D'aucun diront que tous les prétextes sont bons pour siffler une binche et ils n'auront pas tort. Mais il faut bien reconnaitre que cette année là, dans la Nièvre, il faisait très chaud.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Oui, il faisait chaud...
Et pas seulement du côté d'Arthel !
Il faisait chaud aussi à Arzembouy, aux Gobets, à Saint Bonnot, à Metz-le-Comte, à Moussy, à Nolay, à Vilaine...
Il faisait chaud partout ! C'était le temps où on se plaignait qu'il faisait trop chaud ! Et cette année, on se plaint que l'été 2021 est pourri. C'est ainsi.
Lors du précédent billet -Nièvre et lavoirs, part 3-... la vache : Nièvre et lavoirs... ça fait penser à cette chanson d'Herbert Léonard, "Puissance et gloire", pour la série française Chateauvallon diffusée en 1985...
♫ Nièvre et lavoirs ♫
♫ Dans l'eau trouble d'un regard...♫
Ouais, ça marche aussi !
Alors, ici, là maintenant, nous sommes quittés lors du précédent épisode "Nièvre et lavoirs, part 3"
alors que nous étions dans le charmant village de Saint Bonnot avec son bucolique lavoir bibliothèque.
Je me dirige vers le sud de la Nièvre en empruntant la D115, également appelée La Rigotine. Pourquoi ? Eh ben, je sais pas. Toujours est-il qu'elle m'amène à traverser la petite ville de Prémery.
PREMERY
Il y a quelques années, Prémery était facilement reconnaissable à l'usine Lambiotte qui couvrait une bonne partie du panorama sur la ville
Pendant 116 ans, cette usine a dominé l'économie de la ville.
C'est en 1886 que les frères Lambiotte, belges d'origine, sont venus installer ici leur usine de charbon de bois, devenant très vite l'un des plus gros producteurs français de charbon de bois et de produits chimiques dérivés du bois. Mais cette activité était très polluante et ne put faire face aux nouvelles énergies. Le site ferme en 2003, puis est entièrement détruit en 2016.
Aujourd'hui, il n'y a plus cette forme imposante à l'entrée sud de la ville.
Mon regard s'arrête alors sur le bord de la route où se trouve un beau lavoir.
Il s'agit du lavoir de la fontaine du Bouillon.
Bâti en 1850, son architecture est remarquable avec des arcatures en plein cintre. Il est construit autour d'un bassin rectangulaire et alimenté par la source dite de la Fontaine du Bouillon et par les eaux de pluie. (cf : Les Bertranges)
Mais c'est l'autre lavoir de la ville que je voulais voir : le lavoir de la Source, situé un peu plus haut en ville. On m'en avait beaucoup parlé comme étant le plus beau lavoir de la Nièvre, également construit en 1850.
À cette époque, les femmes s'y retrouvaient pour laver le linge.
"Les conditions de travail y étaient fort pénibles, les intempéries, les mains des femmes, plongées dans l’eau fraîche et parfois, glacée l’hiver, en ressortaient souvent meurtries, gercées et crevassées. Elles faisaient une grande consommation de pommade pour pouvoir continuer leur dur labeur. Le lavoir était réputé autrefois, pour être un lieu de médisance, mais il permettait de rompre l’isolement des femmes, la solidarité des dames était bien présente, ne serait-ce que pour tordre le linge à deux en sens inverse." WEBCROQUEUR
Malheureusement, difficile de se rendre compte de la beauté du lieu puisque tout est fermé. C'est juste en passant l'appareil photo sous la grande métallique que nous pouvons avoir un semblant de ce qu'est l'intérieur de ce lavoir.
J'avais également lu une légende sur ce lieu, mais je n'ai pas retrouvé la source.
Prémery a également accueilli des personnalités, tels que Nicolas Appeleine (le bon saint de la ville né vers 1405 qui consacra sa vie à Dieu et aux miséreux), le sculpteur-peintre Alix Marquet.

Maison natale de Nicolas Appeleine Buste sur la tombe d'Beaumont-la-Ferrière
Je quitte Prémery par l'Ouest. La Départementale 38 devient une longue ligne droite. 10 kilomètres après Prémery, sur la gauche, le nom de Beaumont-La-Ferrière m'interpelle. J'ai déjà entendu ce nom plusieurs fois. Je quitte la D38 pour aller y faire un tour et tenter de retrouver pourquoi ce nom ne m'est pas inconnu.
Et c'est en arrivant sur la place de ce charmant petit village que je retrouve la mémoire devant un monument commémoratif.
BEAUMONT-LA-FERRIERE
Celui-ci a été érigé le 4 septembre 1938 et il est dédié à Achille Millien.
Et là, tu me dis : "Ok, mais c'est qui ?"
Eh bien, allons-y !
ACHILLE MILLIEN
Achille Millien est né le 4 septembre 1838 à Beaumont-La-Ferrière d'un père, Jean Millien, riche propriétaire foncier de Beaumont, qui épousera sa mère, Jeanne Buteau, alors domestique à la propriété, quatre ans après sa naissance. Enfance choyée, il part faire des grandes études à Nevers entre autre pour suivre la carrière notariale de son père. Mais à la mort de ce dernier en 1859, il sort de cette voie toute tracée, abandonne le notariat pour se consacrer à une carrière littéraire et devenir poète.
Il publiera ainsi une vingtaine de volumes de poésies, de 1860 à 1924, inspiré avant tout par son Nivernais natal.
« Nivernais, mon berceau, je ne t’ai pas quitté
Tant d’autres s’en allaient gaîment : je suis resté...
Je t’ai sacrifié plus d’un bien qu’on envie
Et t’ai fait l’abandon du meilleur de ma vie. »
Extrait du recueil Chez nous (1896), "Au pays natal".
En 1860 parait son recueil de poèmes La moisson. Cet ouvrage connait un beau succès, notamment chez le mouvement littéraire parnassien. Il devient ainsi chef de file de la poésie dite rustique, puis, après la Première Guerre mondiale, il est considéré comme l’un des pères de la littérature régionaliste, puisant son inspiration dans les paysages nivernais et le répertoire folklorique.
À partir de 1877, accompagné de son ami Jean-Grégoire Pénavaire, musicien et compositeur, Achille Millien collecte contes et chansons dans les environs immédiats de Beaumont-la-Ferrière, puis, à partir de 1883, étend ses investigations à toute l’ancienne province du Nivernais, puis dans le Morvan.
"(...)Ses enquêtes connaissent un ralentissement vers 1890, pour cesser en 1895. Le résultat est impressionnant, pas moins de 900 variantes de contes, des centaines de légendes, des proverbes, plus de 2600 chansons (paroles et mélodies), des notations sur les blasons, les coutumes (les noces), les pratiques (médecine), les croyances (sorcellerie), la flore et la faune populaires. Dès les années 1880, Achille Millien étend en effet ses enquêtes à l’ensemble des traditions populaires, car il avait l’ambition de faire paraître une "Encyclopédie du Nivernais Traditionnel" qui ne verra jamais le jour.(...)" ACHILLE MILLIEN ET LE FOLKLORE NIVERNAIS
Fatigué et malade, Achille Millien arrête ses investigations en 1895 et regagne Beaumont-La-Ferrière. De là, en 1896, il fonde La Revue du Nivernais, composée de poésies, de nouvelles, de contes, de critiques littéraires, d'études historiques, voire économiques et scientifiques. Mais problèmes financiers et hémiplégie de l'auteur mettront un terme à la revue en 1910.
La guerre de 1914-18 fait malheureusement le "vide' autour du poète qui connait également de lourds problèmes financiers. Toutefois, en 1921, le 3 avril, est organisée une cérémonie à la gloire du poète Achille Millien, promu chevalier de la Légion d’honneur.
Il meurt pourtant dans un relatif anonymat à Beaumont le 12 janvier 1927, laissant derrière lui une œuvre régionale impressionnante, considérée comme la plus importante jamais faite en France.
"Bien que décédé au début du siècle dernier, Achille Millien se lit encore partout. Une rue porte son nom. Un monument traduisant l'attachement de l'homme à sa terre natale a été érigé à son effigie sur la place du village. La sépulture dans laquelle il a été inhumé en 1927 reste fermement ancrée au cimetière voisin. Les archives de la mairie, aux murs tapissés de cartes postales réalisées par le folkloriste, regorgent de trésors lui ayant appartenu. À l'image des trois tomes de son herbier sommairement rangés dans des boites noires. À la fin du XIXème siècle, dans un souci permanent de conserver la richesse du moment, Achille Millien a soigneusement classé par familles, les espèces végétales de la région. (...)
Il ne reste plus grand chose du patrimoine du poète, dilapidé à la fin de sa vie pour payer ses dettes. Seules quelques natures mortes subsistent sur les portes des placards de l'ancienne salle à manger de sa maison natale.(...)" LE JOURNAL DU CENTRE
Beaumont-La-Ferrière est un charmant petit village nivernais cerné par les bois et les forêts. Malgré cette tranquillité géographique apparente, la commune a pourtant été victime d'une tempête en novembre 1982, d'inondations en décembre 1999 et de mouvements de terrain en 2003.
C'est en 1881 que Beaumont-La-Ferrière connait sa plus forte densité de population avec 517 habitants. À l'époque, la commune compte un instituteur, un desservant (curé), une sage-femme, un notaire, un percepteur, un receveur des postes, un facteur, trois aubergistes, deux épicières, un boulanger, un boucher. Les artisans ne sont pas en reste : huit maçons, six menuisiers, cinq sabotiers, quatre cordonniers, quatre maréchaux, trois jardiniers, deux meuniers. Une cinquantaine de professions différentes sont ainsi représentées alors ; rien que dans la commune. C'est à cette même époque qu'est décidée l’ouverture d’une école de filles.
En 2017, cette dernière ferme définitivement ses portes. Beaumont-la-Ferrière compte aujourd'hui une centaine d'habitants, appelés les les Beaumontoises et les Beaumontois.
Je quitte ce bel endroit.
Plusieurs choix : soit je pars vers le sud en direction de...
LE SAVAIS-TU ?
L'origine du mot sauvage vient du latin classique silvaticus (dérivé de silva "forêt") "qui est fait pour le bois" ; puis à l'époque impériale "sauvage" en parlant d'une plante, qui survit dans le roum.
Et là, tu me dis : "Ouais, très bien, très chouette ! Mais c'est quoi le roum ?"
LE SAVAIS-TU ?
Alors, le roum était le nom autrefois donné par les musulmans pour désigner l'Empire Romain d'Orient. Mais le Roum est également un village situé à 68 kilomètres de Beyrouth dans le Liban sud, à une altitude de 900 mètres.
Et là, de toi à moi, je ne suis absolument pas convaincu par cette définition en rapport avec le mot sauvage.
DONC :
Soit je pars en direction du sud ensuivant le panneau Sauvage...
Soit je pars vers le Nord en direction de Dompierre-sur-Nièvre par la D117.
J'opte pour le second choix qui me permet de suivre le cours d'eau qui a donné naissance au nom du même département.
La Départementale 117 me fait passer par le petit village de La Celle-sur-Nièvre qui doit son nom au fait que... Non, pas la selle, la Celle !... qui doit son nom au fait qu'il est traversé par la rivière de la Nièvre.
La Nièvre traverse le département du nord-nord-est vers le sud-sud-ouest. Elle prend source près du hameau de Bourras-la-Grange, à 327 mètres d'altitude, pour parcourir près de 50 kilomètres afin d'aller se jeter dans la Loire à hauteur de Nevers, entre le palais de justice et la maison de la culture.
Quelques kilomètres plus tard, j'arrive à Dompiuerre-sur-Nièvre qui doit son nom à... ouaiiiissss... le fait que le village soit traversé par la Nièvre également.
Il y a là un beau lavoir où prendre un peu de fraicheur.
DOMPIERRE-SUR-NIEVRE
Charmant petit village, sans commerce. Le journal L'Ouest-Eclair du 16 mai 1939 relatait un bien étrange fait divers survenu ici....
"Le 15 mai 1939, un fermier, nettoyant son hangar, y découvre un sac de toile contenant 22 000 francs de valeurs ; après enquête, il s’avère que cette petite fortune appartient à un vagabond de 75 ans, ayant couché quelque temps plus tôt dans le hangar."
Dompierre-sur-Nièvre est également le village natal du coureur cycliste Julien Maitron, qui participa plusieurs fois au Tour de France cycliste entre 1904 et 1912.
ALLEZ, ON CONTINUE !
De Dompierre-sur-Nièvre, direction le Nord-Ouest -toujours dans l'idée d'aller se rapprocher de la Loire pour se poser dans un endroit fraicheur.
En suivant la D140, j'arrive à Chateauneuf-Val-de-Bargis. Eh ben, y'avait pas plus simple comme nom ?!
CHATEAUNEUF-VAL-DE-BARGIS
Et qu'est-ce qu 'on apprend quand on arrive à Chateauneuf-Val-de-Barigis ?
Eh bien, on apprend que c'est le village du trèfle à quatre feuilles.
Eh ouais ! C'est intrigant, non ? Comment un village peut-il être le village du trèfle à quatre feuilles ? Moi qui croyais que le trèfle à quatre feuilles était une plante aléatoire, une plante essentiellement de feuilles composées à trois folioles. Moi qui croyais qu'il était très rare de tomber sur une trèfle à quatre feuilles et que quand c'était le cas, c'était signe de chance et de bonheur.
En fait, quand on se penche sur l'historique de cette plante, on découvre plusieurs interprétations suivant les siècles.
Pour Sophocle, ce trèfle renfermait un venin terrible alors que, pour le Romain Pline, elle était un antidote à la morsure de serpent (théorie des signatures). On s’en servait pour créer des philtres d’amour. Les druides croyaient que le détenteur de ce trèfle avait le don de percevoir la présence des démons.
Selon une tradition chrétienne chaque feuille du trèfle, porté par Ève chassée de l'Éden, et de forme rappelant la Croix, représente une des vertus théologales. La première feuille est pour l'espérance, la seconde est pour la foi et la troisième est pour la charité ; la quatrième feuille serait donc pour la chance.
Selon une autre légende, la première apporterait la renommée, la deuxième la richesse, la troisième l'amour et la quatrième la santé.
Dès le Moyen-Age, le trèfle à quatre feuilles, il symbolisa la vitalité (en raison de sa vigueur), la séparation, la renaissance : il orna ainsi les sépultures.
Selon la littérature courtoise, il est un gage d'amour.
Mais là, ici, à Chateauneuf-Val-de-Bargis, que se passe-t-il avec le trèfle à quatre feuilles ?
Eh bien voilà que j'apprends que le trèfle à quatre feuilles, ici, se cultive. C'est même la spécialité, la spécificité de Patrick Guillouard, créateur de Carré de trèfles, petite entreprise nivernaise qui créé des bijoux avec des trèfles à quatre feuilles.
"Patrick Gouillard, fait pousser des trèfles à quatre feuilles qu'il exporte sous forme d'objets divers dans le monde entier, jusqu'au Japon et bientôt au MOMA de New York. Il en fait des bijoux fantaisie, porte-clefs, marque-page, accessoires de mode et divers autres objets de décoration.(...)
L'entreprise communique sur le soin et l'attention qu'elle met à produire elle même ses trèfles à quatre feuilles, dans des serres froides, par semis ou par bouturage. Récoltées à la main, traitées pour leur conservation, puis séchées." FRANCE 3
Mais ce n'est pas tout ! Ce village de quelques 500 habitants -appelés les Castelneuviens- possède une dizaine de lavoirs, éparpillés dans le bourg et les hameaux avoisinants, et que l'on peut découvrir par un circuit appelé "le circuit des lavoirs". D'autres circuits-promenades-tourisme -tels que le circuit de Geocaching- existent également grâce à l'association locale "Atoutrefle". Ces circuits permettent de découvrir des curiosités locales, parfois insolites, telles que la motte féodale, une pompe du XIXème siècle, un pigeonnier, un portail de l’ancienne Chartreuse en pleine forêt, des stèles, un accident de chariot,...
C'est également un lieu de passage pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, partis de Vézelay.
Enfin, c'est dans le cimetière de la commune que repose l'acteur et metteur en scène Jacques Seiler. Il a joué dans six films avec les Charlots, dont la série des bidasses où il interprétait le rôle du sergent Bellec. Dans les années 1970, il était très populaire et considéré comme une vedette, de telle sorte qu'il était régulièrement invité dans des émissions de variétés, dont celles de Jean-Christophe Averty. Il attendait un premier rôle dans une comédie au cinéma, mais il n'arrivera jamais, et par la suite, il sera le plus souvent cantonné à des seconds rôles, ou de petits rôles. En revanche, il était beaucoup plus à l'aise au théâtre, surtout dans les pièces écrites par Raymond Queneau.
Beaucoup se demandait à l'époque pourquoi il avait le crane rasé. La réponse était simple : parce qu'il faisait beaucoup de plongée sous-marine.
Par contre, pourquoi est-il inhumé à Chateauneuf-Val-de-Bargis après son décès à Paris le 1er avril 2004 ?
Eh ben dis don', ça n'a pas pris une ride.
Je traverse Chateauneuf-Val-de-Bargis pour aller poser les roues de la voiture sur la Nationale 151 qui relie Déols à Auxerre. Je passe à Nannay. Oui, Nannay, pas Nanny, Super Nanny. Non : Nannay. Et à Nannay, sur le bord de l'asphalte, la façade d'un bâtiment m'interpelle.
NANNAY
Il s'agit de La Forge des Affranchis, lieu culturel et atelier de sculptures de Julien Rommel. Lieu créé en 2017, Julien Rommel fabrique des sculptures, des objets alternatifs, et autres créations, en utilisant le bois, la pierre, mais surtout métal et aciers divers, provenant uniquement de récupération de déchets.
Toujours à Nannay, deux fois par an sont organisées les Opens Forge dans ce local. Ce sont de petits événements ou s'échangent divers savoir-faire entre artistes et artisans ou simples spectateurs. Des jeux sont organisés pour les familles et plusieurs dj's interviennent pour y passer de la musique électronique non commerciale.
C'est également qu'ici qu'a lieu tous les ans au mois d'août -et ce depuis 2001- le Festival "Les Conviviales de Nannay, Art, Cinéma, ruralité" ; un très grand festival pour une si petite commune.
"Portée par les habitants, les Conviviales de Nannay démontrent que même dans un petit village on peut prendre la parole dans le champ culturel et social, lutter contre les idées reçues qui veulent que les campagnes soient réduites à des zones sans vie où ne régnerait que l'ennui; et qui ne sauraient être à la hauteur de ce qui peut être proposé dans le contexte citadin." ICI NANNAY
Fort de cette activité culturelle et artistique, le village s'est doté de plusieurs sculptures à découvrir lors d'une petite balade au hasard des rues, des ruelles et des sentiers de la campagne environnante (cf : Nannay, l'exposition permanente).

L'homme à la traine, Fiona Peterson, 2018

La Vénus de Nannay, Marc Limousin, 2016

La Sphère, Pierre Gallais, 2005 L'enfumoir, Thierry Husson, 2016

Loup-foque, Thierry Chollat, 2014

Mémoires en terroir, 2018, Bruno Marion Obscura Redeviva, 2019, Erwan Sito
Je quitte Nannay pour suivre encore la direction sud-ouest. Quelques dix kilomètres plus loin, un panneau m'interpelle : "Passy-les-Tours".
Avec un tel nom de ville ou de village, c'est qu'il doit y avoir des tours... Mmh, mmh... Pas con. Et si nous allions voir, éventuellement, ressemble ces hypothétiques tours.
PASSY-LES-TOURS
Des tours de belle facture. Bien conservées. Cernées par les ronces et les hautes herbes. Un sentier un peu éloigné de l'ouvrage propose d'en faire le tour.
Il s'agit des ruines d'un château datant probablement du XIVème siècle. Celles-ci sont classées Monument Historique depuis juillet 2018 grâce au travail de l'association Les Tours de Passy.
"Passées dans l’oubli depuis plus de quatre siècles, elles furent au cœur des tourmentes de la Guerre de Cent Ans grâce au célèbre routier et capitaine Perrinet Gressart qui en fit un bastion avancé de la défense de la Charité sur Loire. C'est lui qui tiendra tête à Jeanne d'Arc lors du siège de La Charité-sur-Loire en 1429.
Ayant subi les outrages du temps, mais aussi et surtout des hommes, il ne reste aujourd’hui de l’ancien château-fort que la façade principale avec son donjon, cachés et menacés par une abondante végétation." PASSY-LES-TOURS
Édifié sur un plan barlong d'environ 50 m de côté flanqué aux angles de quatre tours rondes, le château, construit à la fin du XIVème siècle par Jean de Chevenon, alors conseiller de Charles VI de France, était pourvu d'un donjon de 25 mètres de hauteur qui dominait la voûte d'entrée.
À l'origine, il possédait quatre tours d'angle, seule reste le tour sud-est avec des murs d'un mètre soixante dix d'épaisseur dont la base comporte une pièce voûtée. Elle forme un angle avec le corps de logis, dans lequel se trouvent les vestiges d'une tourelle en surplomb. Le donjon fait 25 mètres de hauteur. L'entrée est encadrée par deux tourelles sur contrefort.
Son architecture est inspirée du château de Vincennes et ses tours imposantes donnent leur nom au village.
Plusieurs fois dans l'année, des fêtes ou évènements sont organisés au pied du château afin de poursuivre cet élan de conservation et de rendre curieux les gens qui ne voient en lui qu'un tas de pierres. Du festival médiéval (qui n'aura pas encore lieu cette année cause covid) à des pique-niques originaux.
Non loin de ces magnifiques ruines, un lavoir vient me rappeler que ma mission du jour est tout de même de trouver un coin fraicheur pour boire une petite bière... qui commence à se réchauffer doucement dans le mini sac-glaciaire que j'ai pris avec moi.
Je me rappelle d'un endroit où je me rendais quand j'étais plus jeune et à mobylette. Avec les amis, on quittait Nevers et sa banlieue pour aller chercher un peu de frais et de verdure... mais aussi pour aller voir quelques filles charmantes. Et ces filles charmantes.... ces coins de verdure, de forêt et de maigres rivières se trouvaient non loin du petit village de Raveau.
Raveau est à une trentaine de kilomètres de Nevers. Ah ben oui, ça fait beaucoup de kilomètres en mobylette, mais quand on avait chaud, on était prêt à aller très loin pour aller se poser auprès de charmantes jeunes filles... de paisibles coins de verdure.
Par contre, depuis les tours de Passy, c'est cinq kilomètres. Je décide, une fois de plus, à l'instinct, au hasard, de m'y rendre.
Je quitte Passy-les-Tours. Je passe par...
Je coupe la Nationale 151 pour rejoindre la D138.
Quelques kilomètres plus tard, j'entre dans Raveau. Raveau -là où ravine l'eau. En devers de la forêt domaniale des Bertranges, des bocages nivernais et du massif du Morvan, nombreuses sources, étangs, ruisseaux, puits, lavoirs. Le village est notamment traversé par La Vache. Oui, La Vache, c'est le nom du ruisseau.
"Mais pourquoi la Vache ?", me demanderas-tu.
"Tu es bien curieux !", te répondrais-je.
Mais allez, parce que c'est toi, interrogeons-nous afin de comprendre pourquoi ici, à Raveau, le ruisseau fut appelé La Vache, plutôt que le Putois ou le Koala, ou le Pangolin.
""La Vache" est une traduction vernaculaire qui fut donnée à la source située en Forêt domaniale des Bertranges, puis par extension à l'ensemble du Domaine situé en aval."
Voilà, merci.
Pour plus d'informations, tu peux également aller voir pourquoi le Plateau des mille vaches, dans le Limousin, se prénomme ainsi.
"L'étymologie du terme local vacca lui attribue des origines celtes ou encore de langues germaniques : batz, qui voudrait dire « source », pour former le nom mille vacca, «mille sources», qui aurait donné par extension « Millevaches »." WIKIPEDIA
Raveau est une petite commune de quelques 600 habitants, appelés les Ravellonois... et Ravellonoises. Il y avait là une usine, exploitée par le fils Dequenne, reconnue pour la qualité de son acier. Il y avait là une activité sidérurgique très active, notamment grâce à l'apport des Forges Royales de Guérigny, situées à 17 kilomètres. Mais tout s'arrêta bruquement sous le Second Empire.
L'ancien site sidérurugique des forges de la Vache est aujourd'hui devenu un lieu d’hébergement touristique, également consacré à la culture. Et c'est justement à côté de ce complexe que je me rends pour me rappeler à mes bons souvenirs ces moelntsq ue nous passions sous les bras, le long de la rivière, à l'e,droit appelé La Fontaine de La Vache.
Oui, comme ça, ça donne pas vraiment envie. On a l'impression d'être face à une flaque de bout surmontée d'un arbre penché prêt à te tomber sur la gueule au moindre coup de vent. Mais OH EH : un peu de romantisme, là, bordel de merde à la cul de con de chiotte ! Je te ferais dire que juste à côté de cette fontaine, il y a un chêne de plus de 250 ans ! Alors ?!
Il faut se laisser imprégner par le lieu, et puis, se rappeler la légende qui y plane...
Eh oui, on aurait trouvé un trésor celtique en ces lieux. Mais à quelle époque ? Et qui ? Parait-il que ce trésor daté de 256 après JC aurait été trouvé en 1956...
ALLEZ, JE REPRENDS LA ROUTE !
Pas de lavoir, pas de lac, pas de fontaine, pas de source ! Cette fois, c'est décidé : je vais vraiment aller voir la Loire.
Tout à l'heure, je me souviens qu'à Passy-les-Tours, nous avons parlé de Jeanne d'Arc et de La Charité-sur-Loire.
Eh ben, tiens : on y va !
DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE
Jénorme continuera son périple sur les belles routes nivernaises au hasard des rencontres, des lieux insolites, des... Mais quand va-t-il parvenir à boire sa bière presque bien fraiche ? Et va-t-il seulement y arriver ?



























