Nostalgie en Nièvre et Morvan (58-71)

Aaaah la nostalgie... Mais qu'est-ce donc vraiment ?
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Après avoir quitté le Pays Basque pour quelques jours et avant de me rendre en Bretagne pour une semaine, je me suis dit : "Ben tiens, si j'allais faire un tour dans le Morvan voir ma grand-mère et le festival de la Vielle à Anost ?!"
Oui, j'ai bien écrit "vielle", pas "vieille". De même, j'ai bien écrit "...aller voir ma grand-mère et le festival de la Vielle...", et non  "...aller voir ma grand-mère au festival de la vieille...". Hein ? Alors ! Bon !

Mais avant de me rendre dans le Morvan, puis en Bretagne, j'ai fait un peu de vélo à Nevers, préfecture de la Nièvre. Un peu de vélo, oui, mais sur le chemin des souvenirs et des rencontres impromptues.
N'y voyons là aucune allusion à une guerre mondiale ou autre fait dramatique, mais plutôt une recherche hasardeuse des endroits presque mythiques de la ville autrefois.

C'est ainsi que j'ai pris, dans un premier temps, la direction du canal là où il est appelé "embranchement de Nevers", permettant de relier le bassin de la Jonction au canal latéral à la Loire.
Mais un peu avant le bassin de la Jonction qui serte également de port de plaisance à bon nombre de bateaux et péniches qui s'aventurent sur les différents canaux du département et de la région, je passe à hauteur d'un endroit mythique de Nevers : la piscine de la Jonction.

Alors, avant, la piscine de la Jonction,
c'était ceci :

Oui, une belle et grande piscine en plein air avec pas moins de cinq bassins, dont un à vagues, et un grand toboggan. La piscine de la Jonction, c'était un bar, des pavés autobloquants brûlants, des chips, des glaces, des cris, des rires, des bastons aussi, des plongeons interdits...
Elle n'ouvrait que huit à dix semaines par an. Selon la météo, c'étaient entre 12.000 et 50.000 entrées par été. Succès populaire. Vacances d'été à proximité pour ceux qui ne pouvaient partir ailleurs.

Et puis en 2009, le couperet tombe. Il est décidé de la fermer. Complètement, simplement, sans trop d'explications. La piscine de la Jonction restera à l'état de friche pendant plus de dix ans.

Yann Moix en parlera avec ses mots :
"Ma grand-mère habite ici. Je viens régulièrement. J’ai passé trois semaines l’été dernier pour préparer la rentrée. Je marchais beaucoup. Je regrette que la piscine de la Jonction soit fermée. J’ai trois choses qui m’ont fait beaucoup de mal à Nevers je dois vous dire. La première, c’est la fermeture de la piscine de la Jonction, que j’ai vécue comme un traumatisme. J’ai essayé de m’engager un peu, mais on m’a fait comprendre que comme j’avais écrit un livre qui s’appelait Partouze, valait mieux que je me taise. la Jonction savait remplacer l’océan. Sans se faire mousser. C’était une piscine très humble. C’est pour ça qu’on l’aimait. On était chez nous. L’eau y était toujours bonne. Les filles toujours jolies. Notre jeunesse est encore dedans !"

Mais aujourd'hui, en 2021... qu'est-elle devenue ?

Eh bien ceci !

Une fois ce nouveau complexe, appelé complexe aqualudique, passé, je poursuis ma route en suivant les quais de la Jonction...

...pour arriver à hauteur d'une autre nouveauté, typiquement neversoise : l'eTree.

Qu'est-ce don' que cela, l'eTree ?
Eh bien, il s'agit d'un "arbre" dont le feuillage photovoltaïque permet de recharger son téléphone portable, surfer en wifi sur internet ou se protéger du soleil. Inspiré de l'acacia du désert israélien, plusieurs eTree ont été installés en Europe, mais, en Europe, c'est à Nevers que le premier fut "planté" en mai 2017, place Carnot. Cette "arbre" distribue également de l'eau fraiche.

J'en profite pour faire une pause à l'ombre de ces feuilles artificielles.
Et c'est là que je me suis mis à repenser aux propos que j'avais lu je-ne-sais-plus-où écris par je-ne-sais-plus-qui.

"LE VELO EST LA MORT LENTE DE LA PLANETE .
Un banquier a fait penser à des économistes quand il a déclaré : "Un cycliste est une catastrophe pour l'économie du pays : il n'achète pas de voitures et n'emprunte pas d'argent pour acheter. Il ne paie pas les polices d'assurance. N' achète pas de carburant, ne paie pas pour prendre la voiture pour la révision et les réparations nécessaires. N ' utilise pas de parking payant. Cela ne provoque pas d'accidents majeurs. Ne nécessite pas d'autoroutes multiples. Il ne devient pas obèse
Les gens en bonne santé ne sont pas nécessaires ou utiles à l'économie. Ils n'achètent pas de médicaments, ils ne vont pas dans les hôpitaux ou les médecins, ils n'ajoutent rien au PIB du pays.
Au contraire, chaque nouveau magasin McDonald' s crée au moins 30 emplois, en fait 10 cardiologues, 10 dentistes, 10 experts en régime alimentaire et nutritionnistes, évidemment ainsi que les personnes qui travaillent dans le magasin lui-même ".
Choisissez avec attention : un vélo ou un Mc Donald ? Ça vaut la peine d'y penser
PS : marcher c'est encore pire, les piétons n'achètent même pas de vélo !"

Eh, franchement, c'est pas plus con que ce milliardaire qui est content d'envoyer quatre couillons dans l'espace pour qu'ils aillent jouer du ukulélé en orbite parce que c'est rigolo alors que l'on nous parle de faire des efforts pour consommer moins d'énergies dévastatrices pour l'environnement.

Ceci étant dit, continuons notre progression, non pas dans l'espace, mais sur terre.

Je quitte le bassin et le port de la Jonction pour longer l'embranchement de Nevers, une partie d'eau canalisée qui rejoint le canal latéral à la Loire, qui va de Digoin à Briare sur 196 kilomètres.
Toujours aussi agréable cette petite balade ombragée de trois kilomètres, au frais le le long de l'eau.

On y fait ainsi de belles rencontres ; voire même des rencontres impromptues !

J'arrive à hauteur de l'écluse. Je passe sur le petit pont pour prendre la direction de Plagny, situé à quelques trois kilomètres également.

Une fois à Plagny, je découvre le petit port de plaisance où sont stationnées, entre autres, quelques bateaux en location.

Mais c'est juste derrière cette façade marine que mon regarde se porte. Je vois là un bâtiment que j'ai pas trop fréquenté étant jeune, mais qui était très couru par les Neversoises/sois dans les années 1980-90.

L'Everest Club qui s'est également appelé le Jimmy's, puis L'Oasis, pui le New Drag. C'était un peu la mode de changer de nom tous les quatre ans. 

             

Eh oui, les temps ont changé.
Dans les années 1980-90, il y avait dans la Nièvre plus d'une vingtaine de boites de nuit. Beaucoup d'entre elles,  -pour ne pas dire toutes-  ont disparu. Pourquoi ? Y'a -t-il toujours autant de monde pour fréquenter ces lieux ou est-ce passé de mode ? Cela proviendrait-il de l'époque et de la musique actuelle ? Quels sont les nouveaux lieux dansants alors s'ils en existent ?
L'un de ceux qui a travaillé ici, Roger Amiot, raconte au site C'est la vie ! :
"J’étais notamment chargé de toute l’animation. On faisait venir des chanteurs du Top 50 et j’organisais aussi des défilés de mode, avec les commerçants de Nevers. Tous les samedis il y avait un spectacle. C’était vraiment les belles années pour les boites, après la mode du Disco. Cela a duré jusqu’au début des années 2000. Après, je suis parti travailler à Saint-Tropez l’été, au Papagayo, puis aux Caves du Roy et à La Romana. Ainsi qu’à Courchevel, l’hiver, où je suis toujours actuellement".

Je quitte la devanture abandonnée de L'Everest-Club pour rejoindre la piste cyclable longeant le canal latéral à la Loire. Je retourne sur Nevers.
Arrivé à la partie "embranchement de Nevers", je marque une pause au bar-restaurant qui s'est ouvert il y a quelques années : la Promenade.

Un bel endroit. Tous les vendredis, c'est moules-frites. Mais attention : ils proposent aussi une belle carte avec de la tête de veau maison, du foie gras, des œufs meurettes,... Lieu d'animations variées également avec des concerts, la diffusion des matchs de rugby de l'USON.

Il était grand temps à présent de prendre la direction du Morvan.

Et puisque nous parlions de cyclisme, remarquons que le Tour de France cycliste 2021 est passé cette année par Château-Chinon. Entre autres. Sur les bords de route ou dans la ville, on peut encore trouver quelques vestiges du passage de cet évènement sportif populaire.

Euh, pour la dernière photo, j'ai des doutes quant au rapport avec le Tour de France cycliste. C'est peut être plus un hommage au passage du Paris Dakar dans la ville en... je ne sais plus quelle année.

Un parfum de nostalgie se dégage de certaines de ces compositions. Faisons un petit tour dans Château-Chinon à la recherche d'autres lieux, d'autres objets évoquant le passé.

          
Interdit au public                                           Grosse ambiance

         
Notre-Dame-de-la-Rouille                                       Panorama depuis Saint-Hilaire-en-Morvan

Un peu d'humour aussi, ici et là...

            Nouveau nom pour l'ancien hôtel du Lion d'Or

Tablettes de chocolat, fabriquées à Quarré-les-Tombes                      

Et c'est à ce moment précis... ouais bon, pas vraiment à ce moment précis là, mais presque... que je me suis dit : "Tiens, et si j'allais à la Fête de la Vielle" à Anost... ou en Anost... Je ne sais pas comment on dit... Avignon, en Avignon... Anost... En Anost... Ouais bon, allons-y !

Sur la route, entre Château-Chinon et Anost, un petit arrêt au bar-resto la Cornemuse à Arleuf... Rapide.

Il faut ensuite quitter la route D978 pour emprunter la petite route sinueuse D177, descendant vers la commune d'Anost, bien blottie entre forêts et champs, et pourtant située à 550 mètres d'altitude. Vallée encaissée
Une fois le panneau passé, le son de la vielle se fait déjà entendre un peu partout.

             

Sympathique village morvandiau, Anost a vu naitre, entre autres, l'ingénieur-critique de cinéma-acteur-parolier- journaliste Henri Contet, le 8 mai 1904. On lui doit plus de 1000 chansons, notamment pour Edith Piaf (Padam, padam,...), Yves Montand, Mireille Mathieu, Ute Lemper, Richard Anthony, Régine, Georgette Lemaire,...

Mais aujourd'hui, c'est la vielle qui est à l'honneur, comme chaque année à la même époque. C'est la 44ème édition de la Fête de la Vielle. Et chaque année, c'est un vrai succès populaire.
Mais qu'est-ce que la vielle ?

Tout d'abord, lorsque l'on voit une vielle à roue pour la première fois... oui parce que là, on va plutôt parler de la vielle à roue..., on est séduit par l'instrument à plus d'un titre : par sa forme, ssa complexité et ses sonorités.

Carte blanche à Aline Pilon

C'est un instrument à cordes frottées, mais à la différence d'un violon ou d'un violoncelle, ici, c'est une roue activée par une manivelle qui qui remplace l'archet. C'est également un instrument à clavier puisque c'est en appuyant sur les touches que la mélodie va naitre.
Il y a trois sortes de cordes :
- les bourdons sont des notes graves qui jouent pendant toute la durée du morceau, et qui ne changent pas de hauteur.
- les chanterelles sont des cordes plus aigues qui servent la mélodie.
- les "sympathiques" sont des cordes libres, non frottées et qui vibrent par résonnance. Elles ne sont pas présentes sur toutes les vielles.

Ce mélange de cordes et d'instrumentalisation provoque ainsi un son à part, riche avec des sonorités variées.

Tout de suite, un peu de vielle et d'accordéon avec le duo Meunier-Buteau en pleine répétitions pour le bal de ce soir.

Mais quand, comment, où est née la vielle ? Hein ? Non, mais c'est une bonne question.

Son origine remonte au Moyen Age, dès le IXème siècle. À l'époque, c'est un imposant instrument pouvant mesurer jusqu'à 1,50 m de long. Elle est appelée organistrum et il faut être deux pour en jouer.
Au XIIIème siècle, elle devient un peu plus petite et prend la forme d'une boite rectangulaire. On dit de la vielle à la roue qu'elle est née au XIIème siècle dans une abbaye bénédictine allemande au Centre de l'Europe. D'abord instrument de cour pour qui Bâton et Vivaldi ont écrit quelques pages, la vielle est détrônée par le piano-forte et son usage est plutôt réservé aux musiciens de rue. Elle est alors appelé chiffonie, concurrencé par l'orgue.

Petit à petit, au fil des siècles, l'instrument prend une forme arrondie. C'est à la fin du XVIIème siècle qu'un luthier de Versailles commence à monter des mécanismes de vielle sur des corps de guitare ou de luth.
"(...) En France, au début du 18ème siècle, la vielle à roue est le dernier chic ! Un grand nombre de compositeurs écrivent pour l’instrument qui acquiert ses lettres de noblesse en faisant son entrée à la cour du Roi. Les instruments sont alors décorés avec grand soin.
À partir de la révolution et jusqu’au dernier tiers du 19ème siècle, la vielle tombe progressivement en désuétude. C’est dans le Berry qu’elle renaîtra à la fin du 19ème et surtout au cours du 20ème siècle. Avec l’essor des groupes « folks » ou « trad », elle connaît un succès croissant. (...)" LA MUSIQUE ET VOUS

La vielle est aujourd'hui utilisée de différentes façons et par des artistes variés, de la tradition au rock.

Eh oui !
Ce jour là, quand je me suis rendu à Anost, c'était le jour d'ouverture des fêtes. Vendredi. C'est dans la petite église du village qu'avait lieu le premier concert : "Carte blanche à Aline Pilon".

            

         

Pris par le temps, je ne pourrai finalement par rester longtemps, mais dès 17h30, l'ambiance commençait à monter au festival.

Allez, de mon côté, je vais me préparer pour aller en Bretagne.