Biarritz, lumières de mars (64)
Mars comme le mois, hein, pas comme la planète.
Aaaah, avec ces infos redondantes, ce froid, l'inflation, les ovnis, ces anniversaires d'amis, j'ai constaté que je n'avais pas encore vu l'océan depuis le début de cette nouvelle année 2023.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
L'autre jour, quelqu'un me demandait : "Mais Jénorme enfin, pourquoi termines-tu toujours tes intros de billet de blog par "Quand soudain, ne voilà-t-il pas..." ?"
Je ne sais pas si c'est une bonne question, mais je vais y répondre de ce pas.
En fait, cette expression vient d'une des nombreuses planches dessinées d'Edika. Je ne sais plus laquelle, mais c'est resté.
Tu vois qui est Edika ?
Non. C'est vrai qu'il est un peu secret et que ce n'est pas évident d'en parler.
"Il y a un mystère Edika. Il n′y a guère de travaux érudits sur lui. Les étudiants ne se précipitent pas sur son œuvre, que d′ailleurs leurs professeurs ne leur proposent jamais. Les critiques survolent ses albums en lignes convenues, quand ils n′en recopient pas bêtement le dossier de presse, lui-même minimal. Son site, fait par un autre, ne nous dit rien. Sa fiche Wikipédia est stupide. Il ne donne presque jamais d′interviews, ne passe pas à la télé. Les réseaux sociaux ne l′injurient pas. Il ne couche pas avec des stars de cinéma ou alors il ne me l′a pas dit. Angoulême a plusieurs fois cité son nom pour le Grand prix, sans jamais le lui attribuer. Sera-t-il comme F′Murrr, génie parti sans cette récompense mille fois méritée ? La raison est que nul ne sait quoi dire sur Edika.(...)" LE MONDE
De son vrai nom Edouard Karali, Edika est né le 17 décembre 1940 à Héliopolis, Royaume d'Egypte. Une fois en France, il a dessiné pour Pilote, Charlie Mensuel, Psykopat et, bien sûr, Fluide glacial. Il y développe un humour absurde avec des chutes parfois... parfois... parfois.
Quelques titres d'albums ? Fastoche !
Yeah !, Tshaw !, Concertos pour omoplates, Bluk-bluk zogotounga ou encore Destins yaourt. 37 albums au total, dessinés entre 1981 et 2018.
Une petite planche ? Allez.
Voilà !
Qu'est-ce qu'on disait ?
Ah oui : "Pourquoi utiliser l'expression "quand soudain, ne voilà-t-il pas..." ?"
OK, ça, c'est fait.
Puisque nous en sommes à parler d'expressions, j'en ai profité pour me pencher sur l'origine d'une formulation souvent usité par les djeunes en ces temps contemporains. Et cette expression est : "avoir le seum".
Alors, bon, bien sûr, il faut s'interroger. On ne peut pas laisser un mot, une expression apparaitre ainsi sans se demander pourquoi, comment, où, parce que.
Tout d'abord, "avoir le seum" veut dire en langage ado "Etre dégouté, en colère, avoir la haine". Perso, je croyais que cela voulait dire que l'on était déprimé, tu vois, quand tu es "au bout de ta vie", tu vois.
Ensuite, le mot "seum" trouve son origine dans la langue arabe et se traduit par "venin, poison".
Voilà.
Il y a d'autres mots d'origine arabe comme ça qui ponctuent les discussions de jeunes avec "Belek" (=fais gaffe), "miskine" (=pauvre),...
Quand j'entends ces mots, j'ai envie d'écouter un peu d'Acid Arab.
Pour en finir avec les expressions -tu peux également lire le livre de Nathalie Gendrot et Guillaume Meurice, "Le fin mot de l'histoire",- quand on écoute les gens, on a vraiment l'impression que le vocabulaire se réduit. Je ne parlerai pas des "wesh" et autres "Trop stylé" qui sont placées à toutes les sauces dès qu'il y a un oiseau qui vole dans le ciel ou un film avec Brad Pitt qui sort au cinéma, ou un sandwich avec de la salade dedans. Non, je pense plutôt à cette autre expression extra usitée et qui est "Du coup".
Regardons ce tableau de comparaison.
Hein ? Hein ? T'avais remarqué ?
Bon. Voilà.
Qu'est-ce qu'on disait au départ ?
Ah oui : océan pas vu, anniversaires d'amis, tout ça.
Ah ben oui, que se passe-t-il là ?
Cela fait plus de 14 ans que j'habite le Pays Basque et c'est la première année où je ne vais pas voir l'océan en plus de deux mois ?! Tout fout l'camps.
Il est vrai que ces dernières semaines, j'ai plutôt privilégié les terres basques et béarnaises.
Je me suis ainsi promené du côté de Navarrenx. J'ai senti les odeurs hivernales sous une lumière hivernale dans un paysage hivernal le long d'un Gave d'Oloron hivernal. Je m'émeus de ces branches d'arbres dénudés qui rappellent de longs doigts crochus cherchant au loin une chaleur encore peu présente ces dernières semaines.
Je cherche quelques fleurs encore inexistantes...
Et même si le temps va changer et le climat se réchauffer dans peu de temps, c'est pas dit qu'il y ait des fleurs dans le jardin de la petite maison, vu que Nisca passe son temps à se vautrer dans les futures pousses.
La météo aléatoire, variant entre pluie et soleil, froid et chaud, amène souvent à changer les emplois du temps de loisirs.
L'autre jour, il pleuvait. Que faire quand on est du côté de Viellenave-de-Navarrenx ?
Eh bien, tout d'abord, aller au restaurant pour passer un bon moment à table à se faire servir de bons plats traditionnels afin de célébrer les 50 ans de Maître Arnaud. Un demi siècle ! PAF, dans la tronche !
Pour célébrer cet évènement, nous nous sommes rendus à la chaleureuse Auberge Claverie, à Audaux.
Un vrai restaurant familial, tant par l'accueil que par la tenue. Cela fait plus de 100 ans que la famille Claverie tient cette auberge dans ce petit village isolé. C'est la troisième génération de Claverie qui tient le restaurant aujourd'hui.
Madame Claverie est là, en salle, à sa table, à faire des mots croisés et des sodokus, tout en regardant si tout se passe bien au service. En cuisine, ce sont ses deux fils, Sébastien et Alexandre, qui officient.
Un cadre.
Des plats.
Saumon fumé par nos soins, Tournedos Rossini, Omelette norvégienne
En octobre 2019, l'Auberge Claverie avait l'intention de participer à cette initiative nationale "1000 cafés en zone rurale" afin de retrouver et créer du lien social dans les petits villages. malheureusement, la Covid est arrivée et le projet a été plus ou moins abandonné.
Et quand on a fini de manger et qu'il pleut toujours, que peut-on faire ?
Une sieste. Oui, d'accord, certes, mais ce n'est pas très photogénique et on n'apprend pas grand chose.
Sinon, on peut demander à Gérard, ancien maire du village, de nous ouvrir la petite église de Viellenave-de-Navarrenx pour visiter.
L'église Saint-Pierre de Viellenave-de-Navarrenx est fermée au public. Il y a parfois des offices pour un mariage, un baptême. Par contre, les cloches continuent de sonner, parfois à des moments inattendus et avec un nombre de fois pas toujours en corrélation avec l'heure présente. Fendues pour avoir trop sonné à la Libération de 1945, elles furent remplacées et eurent pour marraines, Eulalie, dont le mari avait été tué le jour de l'Armistice et leur fille Anne-Marie.
La petite église paroissiale se distingue par son clocher trinitaire, son porche au sol de galets et sa porte fortifiée qui servait de halte aux pèlerins de Saint-Jacques ; du temps où le chemin de pèlerinage passait par Viellenave-de-Navarrenx. Celui-ci a été dévié il y a quelques années afin de passer plus facilement à Navarrenx, de l'autre côté du Gave.
Entrons.
La nef et son chevet du XIIIème ou XIVème siècle. Le bas-côté vouté en étoiles, une chapelle dédiée à la Vierge. L'église Saint-Pierre est une remarquable miniature de l'architecture intérieure de l'église Saint-Germain de Navarrenx.
Le retable, avec son tabernacle, son maitre-autel et le tableau qu'il met en scène (le Christ remettant les clés à Saint-Pierre, signé Bernard Montaut, peintre oloronais en 1818) fut inscrit à l'inventaire des monuments historiques en 1977.
Une fois cette charmante visite terminée, s'il pleut toujours, on peut se rendre au bar associatif le Roots 64, chez Hélène et Claude, pour boire un café ou une petite bière, ou un verre de vin, ou manger un bout.
LE LENDEMAIN
Il ne pleut pas. Il fait même soleil. Mais ça caille.
Que faire alors quand on est encore à Viellenave-de-Navarrenx et qu'il caille en faisant soleil ?
On peut aller voir les travaux du futur pont qui va servir à contourner le centre-village de Viellenave-de-Navarrenx.
Et ensuite ?
Pour se réchauffer,
on peut boire une bonne poire classée.
Mais c'est pas le mieux
si on veut prendre le volant après.
Alors : prendre la volant sans avoir bu de poire pour aller où ?
On peut aller visiter Navarrenx ; initiative que nous avions prise il y a quelques semaines (cf : UN P'TIT TOUR A NAVARRENX).
On peut aller marcher un peu à Sauveterre-de-Béarn, sur l'île de la Glère (cf : LE SENTIER DES POETES).
On peut se promener dans les rues de la principauté de Làas (cf : ET SI ON PASSAIT PAR LAAS).
On peut également aller faire le plein d'essence au petit village de Bergouey-Viellenave, situé à quelques kilomètres de Viellenave-de-Navarrenx.
Mais...
il faut prévoir d'amener des francs, et non des euros.
Tu peux également te rendre à Géronce où a lieu chaque année l'un des plus beaux carnaval du sud-ouest.
Seulement, il faut bien vérifier les dates et en pas se planter de week-end... Sinon, tu peux, après coup, aller voir quelques chars exposés pendant une semaine sur les bords de l'incroyable route départementale RD936 (cf : ROUTE RD936, part One).
Et puis, puisqu'on est fou, on peut continuer de rouler sur cette incroyable départementale pour dépasser Oloron-Sainte-Marie et pénétrer dans la magnifique vallée d'Aspe avec ses montagnes, ses estives et ses cours d'eau.
Malheureusement, en cette saison, il y a un peu de fumée... C'est la période de l'écobuage, ce qui diffuse un peu partout une odeur nauséabonde et une fumée irritante pour les yeux.
Entre deux feux, on peut apercevoir quelques cimes enneigées.
Ici, Accous et les pics de Bergon, de Peyrmayou, de la Gentiane et autres montagnon d'Iseye où s'est blotti le lac du Montagnon (cf : A la recherche du lac du Montagnon).
Ces cimes me donnent envie d'aller voir celles dominant le cirque de Lescun.
Quelques kilomètres et virages plus tard, j'arrive à 900 mètres d'altitude. Il n'y a plus de neige. Je me pose un peu pour faire quelques photos des montagnes en contre-jour.
Et puis ce nouveau panneau croisé dans le centre du village.
Et c'est à ce moment précis que je me rends compte que je suis très loin de l'océan.
DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE
Jénorme parviendra-t-il à quitter Lescun pour rejoindre la côte Atlantique et, enfin, voir l'océan ?