Le Mont Ursuya (64)

Nous sommes passés à l'heure d'hiver avec l'arrivée du mois de novembre.
Oui, je sais, nous sommes passés à l'heure d'hiver en octobre, mais c'était pour faire une belle phrase de début d'intro. Bon, c'est loupé. OK.
En ce qui concerne Jénorme, cette période marque la fin de la saison des randonnées.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Eh oui, le mois de novembre est arrivé avec son cortège de feuilles mortes tombant d'arbres pas encore totalement dénudés... Ben oui parce que si ils étaient complètement dénudés, il n'y aurait plus de feuilles DONC pas de feuilles qui tombent.
BREF, le mois de novembre est arrivé avec son cortège de temps pluvieux, de nuages gris, de températures fraiches et de jours écourtés. Au loin, on peut parfois entendre des détonations ; celles des chasseurs chassant quelques oiseaux et gibiers.
Novembre, c'est aussi Francis Cabrel qui sort un nouvel album...alors que la sécheresse et la canicule sont  terminées pour laisser place aux inondations et autres tornades.

Oui, c'est l'automne.
Et en plus, aujourd'hui,
c'est dimanche.

Dimanche, jour de messe. Dimanche, jour de repos. Dimanche, jour de randonnée, de promenade.
Eh non. La saison des randonnées est terminée. On entre en hivernation.
   

Par contre, contrairement aux ours pyrénéens, pas question de ne manger que des fruits secs, des glands et des châtaignes en regardant le mur de la caverne dans laquelle on se trouve.
Nous humains, nous recherchons la chaleur d'un insert ou d'une cheminée, les soirées télé blotti sous une couverture, ou encore le réconfort de quelques bons plats chez soi ou dans un restaurant.
Tiens, par exemple, en ce dimanche de novembre, allons au Bouillon Armand à Bayonne pour parcourir-découvrir sa carte de petits plats simples et chaleureux.

         
Poireaux-Vinaigrette, Tête de veau sauce gribiche, baba au rhum

Depuis deux ans, les Bouillons ont fait leur apparition au Pays Basque ; là où on est d'avantage habitué à manger chipirons (avec du piment d'Espelette), merlu (avec du piment d'Espelette) et txuleta (avec du piment d'Espelette).
Mais qu'est-ce qu'un Bouillon ?
"Créé par le boucher Pierre Duval en 1860, le restaurant populaire désigné sous le nom de bouillon proposait un menu unique, à base de viande bouillie (hochepot ou pot-au-feu)… servie évidemment avec son bol de bouillon, d’où le nom de l’établissement. Si le premier bouillon parisien, situé rue de la Monnaie, a disparu, d’autres fleurons de la fin du XIXe siècle ont toujours pignon sur rue, comme les bouillons Chartier. Face au succès du Bouillon Pigalle, créé fin 2017 et qui remet en avant le rapport qualité/prix de son offre, d’autres ont emboîté le pas ou retrouvé leur ADN d’antan, comme le bouillon Julien, qui fut un bouillon Duval et un restaurant chic, avant de reprendre ses habits d’époque." TELERAMA

Après un bon repas dans un Bouillon, on peut soit aller faire une sieste  -comme certaines-, soit se lancer dans un petit périple abrité puisque la météo n'est pas favorable aux promenades digestives en extérieur.
Tiens, pourquoi ne pas aller à l'aéroport de Biarritz... Y'a des avions, des voyageurs, c'est dépaysant... On regarde d'où viennent les gens, où ils vont... En couple, avec enfants, seul,... Valise ou grand sac à dos... Français, anglais, allemand...
Je me gare sur le parking  -plus grand que l'aéroport lui même. D'ailleurs, on l'appelle "aéroport de Biarritz" alors qu'il est situé à 75% sur le territoire d'Anglet. Il n'y a que l'extrémité ouest de la piste d'atterrissage qui est biarrote.
J'entre dans le hall où des gens sont postés là, debouts, à attendre d'autres gens qui viennent d'ailleurs. Je regarde les panneaux d'affichage ; apparemment le prochain avion arrive de Paris. Bof, pas tellement dépaysant ça.

Je vais au bar. Je prends une bière. Je me pose à une table.

Je regarde autour de moi. J'écoute.

Des mots en anglais. Des gens perdus, qui attendent, qui rient, qui parlent. Des lumières, des mots, des scènes.

    

      

     

    

Ouais bof, c'est pas terrible comme sortie ça.
Tiens, allez, si on allait au cimetière en face de l'aéroport voir la tombe de Daniel Balavoine.

      

Décédé à l'âge de 33 ans le 14 janvier 1986 dans un accident d'hélicoptère au Mali en marge du Paris-Dakar, le chanteur repose au cimetière Ranquine de Biarritz, commune où il résidait régulièrement. 
Le vœu de sa famille fut : "Laissez le libre, et ne mettez ni fleurs ni couronnes sur sa tombe". Un carré d'herbe improvisé à côté de la grande tombe de marbre blanc recueille depuis les épitaphes, les plaques et les fleurs fraîches.

Oui, bon, c'est pas beaucoup plus dynamique que l'aéroport, mais... bon... Nous sommes début novembre et que les cimetières sont bien fleuris suite à la Toussaint, mais bon. C'est un peu glauque, quand même. Au fait, pourquoi fleurit-on les tombes avec des chrysanthèmes pour la Toussaint ?
"L’utilisation privilégiée du chrysanthème à la Toussaint date de 1919. Un an après la fin de la guerre 14-18, Georges Clémenceau appelle les français à fleurir les tombes des soldats tombés au front. Les chrysanthèmes sont donc associés au 11 novembre, date de l’armistice. Petit à petit, la fleur à pompons s’est imposée pour la Toussaint et donc la fête des morts comme fleur emblématique de la période.
Si dans une poignée de pays en Europe la fleur est associée aux cimetières, en Asie de l’Est, le chrysanthème est un symbole très positif, il est devenu l’emblème de la Chine. En Orient, il est le symbole de l’immortalité et de la longévité, et en Australie, c’est la fleur de la fête des mères !" ECOPLUSFUNERAIRE

Puisque l'on parle de couleurs, allons voir les fresques du Festival Points de vue terminées, en restant dans la voiture car la pluie a fait son apparition.

       

Je passe devant l'océan. Un petit arrêt. Mais il y a  beaucoup de vent et il commence à pleuvoir sévère. La chourre, comme on dit ici. Rien à voir avec le verbe "chourrer". La chourre, c'est comme la drache : grosse pluie.

       

Bon. On ne peut pas s'approcher des plages. Normal.
Allez, je rentre.

Je vais en profiter pour me replonger dans l'une des dernières randonnées effectuées avant d'hiberner pour quelques semaines.

Alors, je pourrais parler d'Iparla
avec ces quelques photos...

     

    

     

Mais nous y sommes déjà allés plusieurs fois avec ce blog : IPARLA, C'EST PAR Là ! ou encore LE PIC D'IPARLA, COMME SI TU Y ETAIS.

Voyons, voyons... Une randonnée dont je n'ai jamais parlé sur "Le voyage de Jénorme"... Ah mais oui ! Le mont Ursuya ! Voilà !

Alors, qu'est-ce don' qu'c'est ce mont Ursuya ?! Où qu'c'est qu'ça s'trouve ? Pourquoi c'est pas un pic ?

Moi, quand j'entends ce nom "Ursuya", je ne sais pas ce qu'il se passe, mais cela me fait automatiquement penser au film "Les valseuses" de Bertrand Blier ; et plus précisément ce passage où Depardieu et Dewaere coursent une femme d'un certain âge dans la rue. Et cette femme s'appelle Ursula.

Ursula, Ursuya... Bon... Allez, on va avancer un peu, là.

Le mont Ursuya est un mont basque situé à 671 mètres d'altitude très précisément. Ce sommet est atteignable... c'est moche comme mot, "atteignable"...
Il est possible de rejoindre ce sommet par divers sentiers et chemins de randonnée, partant tour à tour d'Hasparren, de Mendionde, de Louhossoa, de Cambo-les-Bains, d'Urcuray ou de Macaye.

Cartes IGN et Google maps

Le nom de ce mont basque, que l'on attribue à ses nombreuses sources, dérive vraisemblablement d'un ancien Urtzun(a) de ur 'eau'. Les terminaisons -uia, érosion d'un ancien -una, sont fréquentes dans les environs de Hasparren (Zalduia, Haltzuia...).
Toujours est-il que l'on a une très belle vue sur le mont Ursuya depuis la Route Napoléon, allant de Saint-Pierre-d'Irube à Saint-Jean-Pied-de-Port.

En ce qui nous concerne aujourd'hui, nous partirons de Mendionde.
Tout de suite, des chiffres !

Rejoindre le sommet du mont Ursuya, c'est 9 kilomètres de marche pendant quatre heures environ avec un dénivelé de 550 mètres.

C'EST PARTI !

Alors, bon, euh, il ne faut pas trop suivre le tracé que j'ai fait car, en fait, comme nous le verrons, je me suis un peu égaré.
Il y a plusieurs sentiers, ce n'est pas très bien balisé : le balisage jaune officiel et/ou officieux apparait, disparait, réapparait...
Je ne sais pas trop par où je suis passé, ni trop ce que j'ai fait. Apparemment, d'après les indications de randonnée que j'ai pu lire par la suite, il semblerait bien que j'ai fait cette randonnée à contre sens. C'est peut être du au fait que je suis parti vers 15 heures après avoir mangé et bu un ou deux, voire trois digeos.

Nous partons donc de Mendionde, charmant petit village en pleine campagne basque.
Et ce jour là, ce sont les fêtes ! Autrement dit, la calme campagne devient animée le temps d'un week-end.
A cette occasion tous les habitants de toutes les générations se retrouvent pour ces moments festifs et de convivialité. Pendant ces jours de fêtes on retrouve des animations traditionnelles comme les chants, les parties de pelote, les danses... Historiquement, ces fêtes étaient des fêtes religieuses et patronales célébrant le Saint Patron de la paroisse ou des moments religieux. 

       

Effectivement, toutes les générations sont représentées. C'est chouette.
Pour la petite histoire, Mendionde vient du basque Mendiondo signifiant "à côté de la montagne". En l'occurrence, ici, il s'agit du mont Ursuya (678m), située à l'ouest du village - se compose de quatre quartiers séparés : Attisanne (Atezain), Basseboure .(basoita), Gréciette (Gerezieta) et Lekorne. Du coup, les 720 habitants de Mendionde ne s'appellent pas les Mendiondais ou les Mendiondois, mais les Lekondars.

C'est dans la folie mesurée et conviviale des fêtes que je traverse le village pour rejoindre l'église Saint-Cyprien, située à part, en haut de la commune.

D'extérieur, elle semble assez humble, simple. Elle est dédiée à Saint-Cyprien. Datant du XVème siècle, elle est entourée d'une enceinte qui renferme le cimetière du village composé de nombreuses stèles, cruciformes et discoïdales. Elle possède une nef unique surmontée d'un clocher-pignon typique de l'architecture religieuse labourdine.

Je remarque un cadran solaire sur la façade sud
avec la devise "Hiltzeaz orhoit" qui veut dire
"Souviens-toi de la mort".
Ah ouais, d'accord. Bon ben bonne journée quand même.

Je passe sous le porche. Un petit panneau rappelle brièvement l'Histoire de l'édifice.
"Inscrite aux Monuments Historiques depuis 1925, l'Eglise Saint Cyprien (XVème siècle) est remarquable pour les trois galeries superposées en bois caractéristiques de l'architecture basque, et son plafond présentant des fresques qui évoquent les travaux des quatre saisons. Elle recèle aussi des retables, statues et tableaux du XVIème et XVIIème siècles."

J'entre.
Comme pour la plupart des églises basques, ce qui me fascine dans un premier temps, ce sont toutes les boiseries avec ces étages et ces escaliers.

L'autre particularité de ces églises, ce sont les magnifiques retables que l'on peut découvrir derrière l'autel, dans le cœur, fixé au mur de l'abside. Celui de Mendionde est imposant et coloré.

      

Il est dédié à Saint Cyprien. Au centre, on découvre une toile figurant le saint évêque de Carthage, entouré des figures de saint Jean-l’Évangéliste, à droite, et d’une représentation sculptée de saint Cyprien à gauche. Sur les côtés latéraux, des peintures des XVIème et XVIIème siècles s'ajoutent à l'ensemble.

Et sinon, as-tu vu ? Hein ? Sur la dernière photo ci-haut ?... Hein ? Hein ? As-tu vu ?
As-tu vu l'autre particularité de l'église Mendionde. Elle se révèle lorsque l'on  lève les yeux au ciel... ou plutôt au plafond.

       

Mais qu'est-ce don' que cette étrangeté peinte ?
Eh bien, ce sont des fresques... Non pas celles réalisées lors du dernier festival Points de vue Street art de Bayonne, même si celui-ci s'est encore délocalisé cette année jusqu'à Harrispuria et à Bergouey-Viellenave.
Non, ces fresques datent du XXème siècle et reproduisent les travaux "des champs et des villages", au rythme des quatre saisons.
Qui en est l'auteur ? Eh bien, malgré de multiples recherches, je n'ai pas trouvé.

Et voilà que se termine notre randonnée du jour.
Merci et à bientôt pour de nouvelles découvertes.

HEIN ?
Ah oui merde, c'est vrai, on doit monter jusqu'au sommet du mont Ursuya.

Je vais et je viens entre... NON ! 
Je sors et je  m'en vais reprendre le sentier allant en direction du sommet du mont. Peut être...
Au-dessus de l'église, des pigeons s'envolent dans une chorégraphie aléatoire. Je m'éloigne de la ville pour entamer la vraie ascension.

      

Je croise quelques brebis dérangées
par ma présence passagère...

Un peu plus loin et plus haut,
ce bel arbre à la silhouette inquiétante ?
Avenante ? Encourageante ? Dynamique ? Conquérante ?
Magnifique !

Finie la route. Fini le goudron. J'entre maintenant sur un sentier de terre. Est-ce le bon chemin ? J'avance avec le sommet du Mont Ursuya en point de mire... même si, parfois, je doute que ce soit bien lui.
Je cherche des signes, des repères pour évoluer et parvenir au sommet. Je ne vois que les présences naturelles des éléments. Et encore...

     

     

Je quitte le sentier car je trouve que cela ne monte pas assez vite et directement vers le sommet. En fait, j'ai surtout crainte de m'être un peu perdu.
Je coupe par un champ en pente dans lequel butinent quelques pottoks...

...loin des fêtes de Mendionde et de la musique qui est légèrement plus audible ici, bien que l'on soit assez éloigné de la commune.

Maintenant, l'ascension se fait en direct. Genre tu montes direct en plantant les pointes de pied dans la terre pour progresser.
Alors, bien sûr, dans ce genre de démarche, on prend très vite de l'altitude et, derrière moi, un beau panorama se découvre progressivement.

     

 

Et que voit-on d'ici lorsque l'on fait une pause contemplative pour reprendre son souffle ?

Je poursuis ma progression à trav ers champs en retrouvant parfois un maigre sentier finissant sans trace. Les différents personnes qui ont monté l'Ursuya parlent de poteau télécom, de source, de stèle avec une tête de cheval sculptée... Eh bien, je n'ai rien vu de tout cela.
Une heure et demi après mon départ de Mendionde, j'arrive sur une crête bien dégagée, entre fougères, buissons et pierres.

      

      

Une végétation pas tellement variée.

          

Et quelques animaux en attente : pottoks, brebis, vautours fauves et Milan Royal.

      

      

Je reprends mon ascension. Je pense que le sommet n'est plus très loin, mais rien n'est évident. A chaque fois que je franchis une crète ou un mont, un autre chemin avec un autre mont apparait.
La vue sur le sud du mont apparait. En face, je retrouve le mont Baigura ainsi que le village de Macaye situé en contrebas.

      

 

Derrière moi, je remarque le chemin parcouru sur cette crète dégagée.

Après un peu plus de deux heures de marche aléatoire, il semblerait bien que je sois arrivé au sommet du mont Ursuya, à 678 mètres d'altitude.
Je distingue un truc qui bouge, là, bas...

Mais qu'est-ce que c'est donc que ça ?
Rapprochons-nous.

Rapprochons-nous.

Oui, ça y est :
nous sommes au sommet du mont Ursuya,
matérialisé par le drapeau basque, l'Ikurriña.
     

Il y a beaucoup de vent. Il faut dire que le sommet est exposé aux quatre vents.
cela ne nous empêchera pas de faire un petit historique de ce drapeau basque.

Le  drapeau basque a été conçu à la fin du XIXième siècle par les frères Arana Goiri, Sabino et Luis, partisans du projet de nation basque, traditionnelle, culturelle et catholique, à l’opposé de la vague industrielle qui touche la Biscaye dans les années 1880. Sabino Arana Goiri donne également un nouveau nom au Pays Basque : L'Euskadi.
Le drapeau se présente avec un fond rouge représentant le peuple et deux croix qui se superposent. La croix verte de Saint-André (de la même couleur que le chêne de Biscaye) est le symbole de la loi au-dessus du peuple. La croix blanche, elle, symbolise la foi chrétienne. La morale du Christ doit régner sur la loi et sur le peuple.

L'Ikurriña est l’illustration de la devise 'jaungoikoa eta lege zaharra' (Dieu et la loi ancienne), et même un hymne, Euzko Abandaeren Ereserkija. Il est devenu aujourd’hui l’emblème dans lequel tous les Basques se reconnaissent alors qu'à l'origine, il ne devait se destiner qu'à la Biscaye en attendant que les autres provinces basques conçoivent le leur. Mais les provinces renonceront à créer le leur pour adopter l’Ikurriña.
L’Ikurriña fut hissée pour la première fois le samedi 14 juillet 1894 au 22 de la calle del Correo, dans le quartier de Siete Calles, à Bilbao. L’honneur en revient à Ciriaco de Iturri, le doyen de la société Euskeldun Batzokija.

Je m'approche d'un énorme cairn aux côtés duquel
s'est improvosé un banc de fortune
faisant face au panorama sud du mont... 

...où dominent les crètes d'Iparla...
dont on parlait tout à l'heure.

Petit tour d'horizon(s) de ce magnifique point de vue à 360° que propose le Mont Urusya.

À l'Est,
la chaine des Pyrénées
dans une brume d'altitude.

De gauche à droite, on peut distinguer et deviner le Pic du Midi de Bigorre (2872m), le Balitous (3144m), le Pic du Midi d'Ossau (2884m et qui se trouve à 93 km d'ici) et le Pic d'Anie tout à fait à droite avec sa pointe reconnaissable, culminant à 2504 mètres d'altitude

Au sud-Est,
le Baigura (897m)

...et sa campagne environnante.

Au Sud-Ouest,
l'incontournable Rhune
avec son antenne et ses 905m.

 
À l'Ouest,
plus de relief !
La plaine !

Ou plutôt, l'océan et la côte Atlantique.
En zoomant un peu,
on peut reconnaitre Saint-Jean-de-Luz,
Biarritz et Bayonne.

Bon, moi, je ne sais pas ce que j'ai fait avec mon zoom, mais je n'ai pris que Bayonne en photo !

Au Nord, c'étaient les Corons, certes,
mais c'est aussi ce panorama.

Avec cette fumée étrange et inquiétante.

D'après mes calculs, elle viendrait de l'usine Ryam de Tartas, spécialiste de la chimie du bois, qui produit de la cellulose de spécialité et, bientôt, du bioéthanol cellulosique. Alors, t'as qu'à voir.
Quand on s'approche beaucoup plus près, l'usine de Tartas, c'est ceci.

Oui, le fait d'être en pleine nature ne nous empêche pas d'avoir une pensée pour l'urbanisation et bioraffinerie.
Par contre, quelque chose m'intrigue.
Quand on se rend sur l'excellent site de Mariano -Topopyrénées.com-,
ce dernier indique la position de Golfech.

Pourtant, Golfech et ses centrales nucléaires se trouvent à quelques 193,26 kilomètres à vol d'oiseau.
Bon...

Après avoir bu une bonne petite bière belge -comme le veut la coutume-, il faut bien que je pense à redescendre ; surtout qu'en cette fin de mois d'octobre, les jours sont plus courts et la nuit tombe vite. Déjà que je ne sais pas trop par où je suis monté, j'aimerais bien comprendre par où je vais redescendre.

ALLEZ, C'EST PARTI !

Cette fois, je tente de suivre les marques jaunes, censées représenter la balisage officiel de cette randonnée à plusieurs chemins.
Il faut descendre. dans un premier temps, je suis quelques brebis...

Mais celles-ci remontent vers je-ne-sais-quelle hauteur. Je les laisse donc à leur itinéraire en marquant une pause devant ce paysage automnal de fin de journée, à flanc de Mont Ursuya.

Et là, je vois bien le chemin qu'il ne faut pas que je suive.
Je tourne donc sur la droite pour m'enfoncer dans une forêt où je croise quelques bergeries isolées et non occupées.

      

Passé la dernière bergerie, je continue de suivre un large chemin parsemé de coques de marrons. C'est une véritable invasion.

      

Tiens, qu'est-ce que c'est que ça ?

Un chapoteau !
Décidément, cette randonnée commence à me faire peur. D'autant plus que la lumière baisse de plus en plus vite avec l'approche de la fin de journée et de la nuit. Même les arbres s'y mettent pour donner à cette forêt des airs inquiétants...

      

D'autant plus que je ne suis toujours pas sûr de suivre le bon chemin. Je ne sais pas, je doute. où vais-je arriver ? Pour l'instant, l'horizon est bouché. Pas de vue panoramique pour me repérer.
Mais soudain, je sors de la forêt. Un dernier arbre majestueux en lisière.

Un retour de balisage qui m'indique la direction...
du sommet du Mont Ursuya.

Un peu plus bas encore, je découvre un autre panneau qui m'annonce que je suis à Mendionde dans le quartier de Lecorne, zone pastorale.

Effectivement. Un peu plus loin, des brebis non effarouchées m'accueillent par des regards insistants et une position stoïque.

    

Et puis, après quelques minutes, voyant que je n'avais rien à leur apporter,
elles m'ont tourné le dos et sont retournées vaquer à leurs occupations.

Et moi, j'ai repris mon chemin. Le sentier est maintenant bordé d'une terre argileuse rouge, rappelant au passage le Colorado... au moins provençal. Mais la particularité de cette partie de randonnée, c'est cette arbre en suspension.

Etonnante nature.
je continue d'avancer, mais la nuit se fait de plus en plus pressante. Entre chien et loup.
J'entre à nouveau dans un petit bois en suivant un ruisseau qui me mène à un lavoir. Un panneau nous raconte l'histoire de ce lieu et autres légendes associées aux lavoirs du pays basque. Il est également évoqué l'installation réalisée par l'artiste bayonnaise Uxue Arbelbide Lete.

"Murmures
Si les femmes allaient par devoir au lavoir pour laver le linge, se reflétant dans ce miroir d'eau et de cendres, elles y ont certainement vécu quelque chose de plus secret et inspiré. Conversations, mots, chants, larmes, caresses pourraient se révéler aujourd'hui à quiconque oserait tendre son oreille et laisser libre cours à son imagination.
Xuxurlak (Murmures) est une installation en résonnance avec le passé. Les silhouettes des lavandières oscillent dans le bassin, et l'artiste invite les visiteurs à inscrire leurs propres paroles sur un bout de papier, afin que cet espace retrouve les sons qui l'animaient.
Uxue Arbelbide Lete s'intéresse, au travers des arts graphiques, à ces liens tissés à travers les temps, les langues, les situations et leurs sites.
Les œuvres que vous découvrirez sur le parcours artistique Latsagietan irrigant les lavoirs le long du cours d'eau la Joyeuse. Pour cette exposition, quatre artistes investissent quatre anciens lavoirs. Lieu de travail, cet espace constituait également un endroit de sociabilité pour les femmes. Aujourd'hui, les lavoirs, de même que les sources et ruisseaux qui les traversent, sont une inspiration riche de sens et porteuse de visiteurs pour notre société. Les créations sont des installations pensées pour ces édifices patrimoniaux. Elles sont le fruit d'échange avec les habitants et d'explorations des environs."

Belle initiative. Malheureusement, je n'ai rien remarqué de ce qui est dit sur ce panneau. L'œuvre en question a apparemment disparu. Ou peut être n'ai-je pas été assez attentif avec cette nuit venante.
Le panneau relate également de ces légendes basques populaires.
"Parmi les récits légendaires qui ont pour cadre les lavoirs se dégagent ceux qui concernent les Laminak, ces femmes de petite taille avec des pieds de canard et qui ont de nombreux contacts avec les humains. Elles vivent dans les grottes et ne sortent que la nuit pour se rendre près des sources ou sur le bord des ruisseaux pour faire leur toilette, se peigner et laver leur linge. C'est ainsi que les femmes et les hommes peuvent rencontrer les Laminak. Voici un récit qui le raconte :

LES LAMINAK FONT LEUR LESSIVE LA NUIT DANS LES RUISSEAUX
"Les femmes de Camou avaient l'habitude de se rassembler à la source chaude pour faire leur lessive. Un matin, l'une d'elles y trouve un peigne en or et, en cachette des autres, l'emporte chez elle. La nuit même, tout le village pouvait entendre la voix des Lamina disant que, si le peigne n'était pas remis à sa place, elles se fâcheraient. Quiconque l'avait pris devait, pour son bien, le rapporter. La femme ne prêta pas attention à ces propos, elle ne rapporta pas le peigne tant il lui plaisait.
Le lendemain, tandis que les femmes longeaient la prairie pour retourner à la source et laver leur linge, elles découvrirent que le terrain était rempli de pierres sur un mètre de hauteur. Alors, effrayée, la femme remit le peigne là où elle l'avait trouvé la veille. Le jour suivant, comme les femmes revenaient à la source, la prairie était nette comme s'il ne s'était rien passé. Et toutes restèrent surprises.
Mais alors qu'elles frottaient le linge, les Lamina survinrent pour faire leur toilette. Les femmes qui les connaissaient leur demandèrent : "Comment avez-vous fait, d'abord pour amasser les pierres en une nuit et ensuite pour les enlever en une nuit aussi ?"
Les Lamina répondirent : "Oh... nous ne nous sommes pas fatiguées. Il a suffit que chacune porte une seule pierre !"
C'est ainsi que l'on sait que les Lamina sont très nombreuses dans ce pays."
Texte tiré des travaux de PEIO GOITY (1985), légende de Camou-Cihigue

Alors, c'est très marrant parce que j'y suis allé à Camou, il y a quelques années ; mais ce n'était pas pour aller voir le lavoir.
Non. C'était pour me rendre à la fontaine d'eau chaude.

       

Enfin, tout cela pour dire qu'après un peu plus de quatre heures de marche tranquille, j'arrive à nouveau à Mendionde sur le parking d'où je suis parti.
Il fait nuit, les fêtes du village sont finies. Je n'ai plus qu'à rentrer chez moi.

Allez,
résumé de cette randonnée en vidéo.

Comments

[LE BLOG DE FANFG]

SUPERBE POST DE RANDONNEE!! Me suis régalée et apprise des "choses"!!Merci beaucoup!!Amicalement Fan