les grands voyageurs

C'est dimanche.
Une ambition incertaine vint heurter mon esprit : "Et si on tentait de faire apparaitre le visage du Christ sur une part de flanc ?!"
Pour réaliser cette opération, rien de compliqué !

Tu prends une part de flan,
comme ceci :

Tu te saisis d'un flacon de nappage caramel,
comme cela :

Et tu verses...

Et tu verses...

Et tu verses...

Et tu verses !

Soudain...
Une forme apparait !

Mais, bon...
Peut être Jésus de profil...
Mouais...
Allez va !

 Du coup, une seconde ambition démesurée vint attaquer directement mes neurones abusés par quelques Pina Colada bien tassées de la veille : "Et si j'allais voir dehors un peu des trucs là...".

En errant à 500 mètres de cette fausse apparition flantesque, je découvre qu'une statue de la Vierge domine un rond-point des plus banals.   

Il s'agit de Notre-Dame-des-Voyageurs.

De suite, une chanson de ce bon vieux Bashung, décédé quelques heures plus tôt, me vient en tête en regardant la sculpture sous toutes ses coutures...

                                                LES GRANDS VOYAGEURS
Les grands voyageurs
laissent dans le cœur des ardoises
les grands voyageurs
laissent les tuiles aux tuileries
cherchent des amuse-gueule
au buffet de la gare
trouvent des femmes seules
pour hommes affamés
à quatre pattes
à quatre pattes
intacts
      

Les grands voyageurs
se posent sur le ventre
d'une âme sœur
ne respectent pas les consignes
ne font pas de cadeau
sinon des solitaires
à des égéries en souffrance

Les grands voyageurs
vous donnent la migraine
avec des récits captivants
à quatre pattes
à quatre pattes
intacts

Sur cette dernière photo prise de face, les yeux hallucinés et les bras surdimensionnés de la vierge interpellent mon attention.

Mais la présence de Notre-Dame-des-Voyageurs m'amène surtout à poser la question : la petite ville de Tercis-les-Bains a-t-elle un rapport avec le voyage en exhibant une telle idole ?
C'est en allant sur le site internet Patrimoine d'Aquitaine que j'ai trouvé une réponse à cette présence chrétienne.
"L'abbé Romain, ancien curé de Tercis, fondateur des Amis de Rome et auteur d'un Mémorial de Rome dédié à l’œuvre française dans la cité des papes, organisa dans les années 1920-1930 des pèlerinages annuels pour ses ouailles landaises. Le 17 septembre 1934, l'un de ces groupes de pèlerins tercisiens parti pour la Ville Éternelle fut victime d'un accident ferroviaire, dont tous réchappèrent sans blessures graves après avoir invoqué la protection de la Vierge. En 1937, en remerciement de cette grâce supposée et à l'initiative de l'abbé Romain, fut érigé un monument commémoratif dans un carrefour à l'entrée du village, nommé depuis lors "carrefour de la Vierge". De cette époque datent le socle monumental avec ses volées d'escalier et les plate-bandes latérales. La statue d'origine a été remplacée en 1989 par une œuvre du sculpteur Jacques Lasserre, né à Dax en 1947, formé à Bayonne, au Havre puis à l’École nationale des beaux-arts de Paris dans la classe de Louis Leygue." PATRIMOINE D'AQUITAINE

Fort de cet enseignement, je décidais de me rendre dans le centre-ville de Tercis-les-Bains afin de récolter d'autres informations sur cette ancienne ville thermale. Non loin du quartier dit thermal, il y a là un panneau communal avec plein d'informations historiques.

TERCIS-LES-BAINS

"Connue depuis l’antiquité, baptisée avec ses eaux thermales par les Romains qui lui donnent son nom de Tercis (terciis leuciis > à trois lieues de Dax), notre commune est d’abord un village, entre Adour et Luy, bâti dans une forêt de chênes, sur des terres peu fertiles, se composant de vastes communaux et de landes couverts de genêts et de bruyères.
Au moyen-Age, elle est regroupée le long de la partie inondable « les Barthes », autour d’un château dit Peyrous, d’une église au lieu-dit Benedit, premier archiprêtré de Dax depuis 1280, et des thermes qui, transformés en léproserie, soignent alors les nombreuses maladies de peau ramenées par les guerriers de retour des croisades. Son quartier le Vimport est déjà un passage obligé, par bac, sur l’Adour, entre Dax et Labenne, et sert d’escale aux gabarres qui circulent entre Bayonne et Dax ou Mont de Marsan.
En 1663, le seigneur de Tercis, Messire Jean du Val, obtient du roi Louis XIV des lettres patentes pour l’établissement d’un marché à Tercis tous les mardis de chaque semaine.
La terre de Tercis est érigée en marquisat en 1685 et voit sa renommée grandir avec la venue aux Bains de la reine douairière d’Espagne, Marie-Anne de Neubourg, l’amiral comte de Chaffault ou le corsaire basque Etienne Pellot.

Mais le vieux château Peyrous tombe en ruine, la vieille église également, bâtie trop près du Luy et trop souvent détériorée par les inondations. Le village se transforme : la déforestation, le défrichage des terres incultes, les assainissements et les amendements de sols, les ensemencements et les plantations vont le transformer en village agricole florissant. Le cœur de celui-ci va se déplacer au nord des thermes, hors d’atteinte des crues du Luy, lui faisant prendre son visage actuel.
La nouvelle église, dédiée à Saint-Pierre, bâtie à partir des matériaux réutilisables de l’ancienne, est ouverte au culte en 1830. En 1885, Paul de Corta, peintre de genre et maire de la commune, fait bâtir un nouveau château, dit Lartigue, en face des coteaux de Pey, Saint-Lon et des lointaines Pyrénées. C’est l’époque où vient se soigner aux Bains le comte d’Orx, fils naturel de Napoléon III.

En 1937, est érigée « Notre Dame des Voyageurs », au carrefour de la Vierge, pour avoir protégé un groupe de Tercisiens en pèlerinage, dont le train dérailla en allant à Rome… Cette même année Tercis s’appelle désormais Tercis les Bains. Dans l’après guerre viennent se soigner Pierre Benoît, Simone Berriau. Les premiers lotissements voient le jour après les travaux d’adduction de l’eau (1973) et de la station d’épuration (1983). Le village s’embellit avec la création d’une nouvelle mairie (1977), une salle de sports (1981) et un nouveau pont sur l’Adour (1989). La population atteint le millier d’habitant en 1990..." 
Jean-Philippe Lathière, Tercis-les-Bains, histoire d 'un village

Aaaaah,
il y a une belle histoire
avec un patrimoine, une ambition,
tout ça !

De plus, toutes ces informations sont regroupées fièrement pour être exposées sur un grand panneau dans l'artère principale de la ville...

Je retrouve l'établissement thermal dans lequel Pierre Benoit et Simone Berriau auraient suivi quelques cures...

Maaaaaaaiiiiissssss,
en ce 15 mars 2009,
quelque chose ne va pas !

En dépassant les apparences des évidentes façades, quelque chose d'autre apparaissait... un peu comme une caravane abandonnée...

       L'entrée du complexe
  fermée par une grille rouillée

L'entrée du restaurant
et ses volets clos et dépeints

L'entrée de l'hôtel
effacée derrière des murs 
perdant de leur blancheur

Les anciennes thermes,
portes ouvertes
aux odeurs de souffre,
Mais infranchissables

Le  vaste jardin non entretenu...

... et ses arbres aux fruits étranges

Un local avec un panneau prévenant
que la piscine est réservée
aux clients de l'hôtel

La piscine entourée de grillage
avec une eau impénétrable
dans laquelle, peut être, se cache...

Les thermes de Tercis-les-Bains ont cessé de briller depuis 2001.
Après avoir exploité les eaux souterraines à caractère sulfureux pour le traitement de certaines affections, le complexe fut contraint de fermer.
Pour quelles raisons ?
Pour le savoir, il faut lire l'article de La Dépêche.
"(...)L'établissement thermal de cette commune de 1100 habitants, située à 6 kilomètres de Dax, est fermé depuis un an, juste après d'importants travaux de rénovation, chiffrés à 915.000 euros. Les 2.000 curistes qui le fréquentaient chaque année sont donc allés ailleurs, désertant du même coup hôtels, campings, restaurants, et tous les commerces. Certains ont déjà dû baisser le rideau, ou licencier du personnel. A l'origine de cette fermeture catastrophique, un arrêté préfectoral, sur recommandation de la DDASS, après la découverte en faible quantité de bactéries légionelles dans le réseau des eaux thermales. Les germes découverts portent efectivement un nom inquiétant: Legionella Species et Pseudomonas Aeruginosa.
« Ils n'ont pourtant rien à voir avec Legionella pseudophila, responsable de la tristement célèbre légionellose », précise la propriétaire Marie-Pierre Lathière. Ils sont même autorisés dans les hôpitaux, et on ne les recherche dans les eaux thermales que depuis la nouvelle réglementation de juin 2000. Paradoxalement, ce sont peut-être les travaux de rénovation qui ont provoqué la contamination, en remuant le sous-sol." LA DÉPÊCHE DU MIDI

Comments

[Evelyn Dead]

Ah, ce Bashung... Je crois que ces paroles-là sont parmi mes préférées... Quel billet, une nouvelle fois, quelle ambiance... Je crois que la nana dans le clip est la chanteuse guitariste de feux les Max Valentin (un groupe aixois) et qu'elle s'appelle en réalité Edith Fambuena, mais je n'en suis pas sûr sûr !...

[Jénorme]

marco < C 'était une nevie spontannée après avoir parlé de ce que tu avais écrit sur ton blog au sujet des Victoires de la musique.
Nick Sébi < Par contre, Florent Pagny est encore bien vivant.

[nICK cANON]

ET OUAIS...
CHER SEBI, JE CROIS QU'ELLE SE PRENOME Azucena, ANCIEN MANNEQUIN ET ACTUELLE EPOUSE DE FLORENT PAGNY;
ET OUAIS...

[Sébi]

En parlant de Bashung, comment s'appelle la fille qui joue de la gratte dans son clip de Osez Joséphine ?

[Marco]

Etrange quand même qu'on l'ait chanté autant dans la nuit qui précédait..