Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
Visiteurs
Depuis la création 1 073 290
Archives
5 avril 2024

LES GRANDES MARéES (64)

    

Non, ce n'est pas le titre de la future grande série-saga télé de l'été en 10 épisodes.
Ici, présentement, il s'agit plutôt de revenir vite fait sur les grandes marées qui ont lieu le 12 mars dernier.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

   

.

 

On parle de grande marée lorsque le coefficient (de marée) dépasse les 90. Et ce jour là  -c'est à dire le 12 mars dernier-  ce dernier était de... de... 116 ! ET PAF ! C'est le plus gros coeff de l'année, de la décennie, et peut être même du siècle, qu'y disaient. La marée d'équinoxe ; qui veut dire que le jour et la nuit ont exactement la même durée.
Alors, je peux te dire que quand y'a un coefficient comme ça, je te prends la voiture et direct je vais voir l'océan !

Mais attention : il ne faut pas se tromper et bien regarder les heures de basse et de haute marées.
Pour le coup, en ce jour du 12 mars, journée mondiale contre la censure sur Internet et où l'on fête les Justine, je constate que, dans la région de Boucau-Biarritz-Bayonne, la marée (très très) basse a lieu à 11h52 et la marée (très très) haute se tient à 18h11.

   

Une fois que ça c'est dit, où aller ?
Pour la marée basse, je décide de me rendre à Guéthary.
Pourquoi ?
Eh bien, parce que j'ai souvenir que quand l'océan se retire, on peut remarquer une côte morcelé avec des blocs rocheux étonnament superposés ; ce qui s'explique géologiquement et historiquement.

   

Allez,
c'est parti !

    

     

    .

    .

Quelques minutes plus tard, j'arrive à Guéthary.

Alors bon, Guéthary, on en a déjà beaucoup parlé ici sur ce blog DONC on ne va pas répéter la messe et aller directement à l'essentiel en empruntant un petit bout du Sentier du Littoral pour rejoindre la plage Harotzen Costa, encore appelée "Les Alcyons".
Sur cette partie de la côte basque, lorsque l'océan se retire, on voit des bassins d'eau salée apparaitre dans les plissements rocheux.

  

   

    

 

   

Ah oui, c'est impressionnant cet océan de pierres et de rochers, de flysch et de plissements.
Mais pourquoi un tel paysage ?
Explications.

    

"Les roches de la plage de Guéthary (appelées flysch calcaires à silex) se sont déposées il y a environ 88 millions d'années dans une mer profonde de plus de 1000 mètres par succession d'avalanches sous-marines. Ces couches initialement horizontales ont été déformées il y a environ 40 millions d'années lors de la collision entre les plaques continentales ibérique et européenne qui a conduit à l'identification de la chaine des Pyrénées. Des plis se sont formés alors que la roche était déjà indurée et enfouie. La surrection des Pyrénées a ensuite permis la mise à l'affleurement de ces roches plissées que l'on peut observer ici, sur la côte basque.(...)

Le plissement de la roche indurée induit la formation de fissures ouvertes sur la partie externe de la voute du pli. Le calcite se dissout dans les zones de plus fortes pressions et se recristallise dans les zones de plus faibles pressions."  GUETHARY.FR

   

 

     

 

J'avance sur la plage de cailloux. Certaines personnes se risquent à partir dans les vagues rocheuses statiques pour ramasser quelques coquillages et autres mollusques. En se retirant aussi loin, l'océan laisse l'estran à découvert. L'estran, c'est cette zone de balancement des marées, encore appelée zone de marnage ou zone intertidale, dans laquelle se constitue un biotope spécifique qui peut abriter de nombreux sous-habitats naturels. Ici, à Guéthary, pas de sable, mais des récifs dans lesquels on peut trouver crabes, étrilles, oursins, bulots, bigorneaux, crevettes, coques,...

    

 

    

Je quitte la plage d'Harotzen Costa pour marcher un temps sur la route de la jetée des Alcyons. De là, nous avons une magnifique vue sur la côte nord basque avec Bidart et Biarritz en fond.

   

     

J'emprunte la jetée pour marcher, non pas sur l'eau comme Jesus, mais entre sable et rochers.

   

     

Au  bout de la jetée, l'Ikurrina (drapeau basque) en haut d'un mat sans vent.

    

     

Derrière et au bout de la jetée, une vue panoramique sur un fond d'océan non retiré, emprisonné dans les récifs. Juste derrière, la plage de Parlementia et les falaises de Bidart.

    

   

Et sur les récifs, il n'y a pas que des mollusques et autres algues variées.

   

Eeeeeh oui, une petite Mimine, bien peinarde, tente de capter quelques rayons de soleil entre deux nuages ; là, posée sur les rochers à marée très basse.

   

    

  

Je quitte la jetée des Alcyons pour traverser le petit port aujourd'hui vidé de ses habituelles embarcations colorées.

   

   

Inclinaison, largeur. C'est ici que l'on débarquait les baleines en d'autres temps.
Selon les sources, la chasse à la baleine remonterait au XIème siècle, voire au VIIème siècle. Les Basques furent les précurseurs de cette pêche dans un but commercial -contrairement aux peuples indigènes qui la pratiquaient pour se sustenter.

 

"La capture d'une baleine est une aubaine économique considérable : la chair est une nourriture précieuse, la graisse sert à fabriquer de l'huile d'éclairage et du savon, le squelette est utilisé pour les clôtures, les charpentes et les sièges de maison, les fanons deviennent des "baleines" de parapluie ou de corset. La langue, tendre et délicieuse, est réservée aux personnalités." GUETHARY.FR

  

Les Basques dominèrent le marché et le commerce de la baleine pendant cinq siècles, allant pêcher de plus en plus loin de par la raréfaction du mammifère sur les côtes européennes. C'est ainsi que les bateaux et leurs marins-pêcheurs se lancent jusque dans les eaux canadiennes et de Terre-Neuve.
La pêche à la baleine par les Basques atteint son apogée à la fin du XVIème siècle, puis déclina un siècle plus tard. La baleine franche était en voie de quasi-extinction et la baleine boréale décimée. Les marins basques développent alors la pêche côtière. Thons, sardines, langoustes abondent et le port de Guethary connait son apogée dans les années 1920.

  

Le blason de la commune rappelle fièrement la tradition que fut la pêche à la baleine. On retrouve un guetteur sur un promontoire ainsi qu'une chaloupe de chasseurs en train d'harponner une baleine. Une représentation que l'on retrouve également sur les balises du sentier des baleines qui longe la côte.

   

   .

   

Je longe la plage de Parlementia, réputée pour ses vagues et ses surfeurs. 
Bon, aujourd'hui, pour le moment, point de vagues et de surfs en vue.

  

 

     

Mais habituellement, cela donne plutôt ceci.

 

 

Ah ben oui. Pas pareil.

  

Cette plage porte le nom de Parlementia en relation avec sa position géographique puisque elle se divise en deux. Une partie se trouve à Guéthary et une autre à Bidart. Au temps de la chasse à la baleine, les pêcheurs de Bidart et de Guéthary se disputaient ces eaux. Pour régler les différents, les référents de chacun des deux villages se trouvaient sur la colline séparant Guéthary et Bidart pour parlementer. D'où le nom "Parlementia".

Aujourd'hui, le mot Parlementia se rapporte certes à cette colline "parlementaire et à la plage, mais aussi à une vague.

   

En effet, haut lieu du surf mondial, Guéthary propose deux vagues mythiques.
La "Parlementia" est une "droite" somptueuse qui se forme à Guéthary pour aller s'échouer à Bidart. Elle a un déroulé parfait, sa grosseur et sa dangerosité en font la réputation. Il est difficile d'évaluer sa taille car elle se situe au large des côtes basques, mais elle peut atteindre facilement 5 mètres de haut.
"Avalanche" est, elle, une vague "gauche" rare qui se forme face à la jetée des Alcyons, au bout du port de Guéthary. C'est un long spot de gros qui n'apparait que sous certaines conditions météorologiques avec un mélange complexe de vent, de marées et de houle. Vague réservée aux experts, elle caresse les rochers invisibles à l'oeil nu.

         

J'aurais bien pu un coup dans un bar de bord d'océan, mais à cette époque de l'année, ils sont encore fermés. 

Je quitte le bord de mer en grimpant sur la falaise aménagée.

  

 

En haut de la falaise, le sémaphore, également appelé Phare de Koskenia.

    

     

Ancien poste d'observation, c'est ici que se plaçait le guetteur de baleine qui, lorsqu'il apercevait une baleine au large, donnait l'alerte en sonnant la cloche. Les pêcheurs descendaient alors leurs traînières de la cale et se lançaient à la poursuite du cétacé.

  

J'emprunte le Chemin du phare encadré par de hauts murs blancs de propriétés privées. Je rejoins ainsi la terrasse panoramique, puis je passe devant l'imposant immeuble de la résidence Guetharia.

   

    

On doit la conception de cet immeuble de style art déco à l'architecte basque Joseph Hiriart. Construit en 1926, il accueillait dans une première vie un hôtel, puis fut reconverti en copropriété d'appartements.

    

Je rejoins ensuite la voiture qui était garée sur la route du chemin des falaises.

    

     

    

La haute marée est annoncée pour 18h11 avec un coefficient de 116.
Pour assister à ce phénomène, j'ai décidé de me rendre à Biarritz où les vagues sont souvent impressionnantes lorsqu'elles viennent se heurter aux rochers de l'Atalaye et de la pointe de Biarritz.

   

Je me gare un peu plus loin, sur l'avenue de l'Impératrice, à hauteur de la Villa Roche Ronde, facilement reconnaissable à son architecture.

  

    

Elle doit son nom au rocher qui émerge de l'océan un peu plus bas, sur la plage de Miramar. C'est un manoir néo-gothique, construit en 1884 par l'architecte Alphonse Bertrand pour la famille Bernain ; famille qui donna son nom à la plage et à la falaise situées au pied du phare de Biarritz, au nord de la plage Miramar.

  

    

   

Cartes postales : PAYS BASQUE 1900

   

On se croirait face à un château fort avec ses créneaux, ses échauguettes, ses machicoulis, ses pseudos meurtrières,... à la différence que la villa est aujourd'hui cernée par les autres villas et immeubles biarrots.

 

    

La Villa eut plusieurs propriétaires et hébergea également plusieurs personnalités, telles que Mata Hari et la reine Fabiola de Belgique.
La villa fut abandonnée pendant plusieurs années, puis sauvée par des restaurations récentes.

   

La descente de l'Océan est fermée. Impossible de rejoindre la plage de Miramar par ici pour des raisons de sécurité. Je tourne un peu dans le quartier et découvre un escalier art déco descendant vers l'océan, entre deux immeubles.

   

   

Je marche le long de la côte avant de remonter vers l'avenue pour contourner l'Hôtel du Palais que je retrouve un peu plus tard. Sa façade est baignée par le soleil.

   

   

   

Il est aux environs de 17h22... Oui, je sais, si je donne une heure aussi précise, ce n'est pas environ, mais bon...
Il n'est pas loin de 17h22 quand je me retrouve à marcher sur la promenade de la Grande Plage.

   

   

L'océan est haut, certes, mais il n'y a pas de vent DONC pas de vagues DONC pas de risques de submersion.
Tout avait été prévu au cas où...

   

   

Renversant, non ?

   

Je continue mon petit périple en suivant la promenade le long du Boulevard du Général de Gaulle, puis du Maréchal Leclerc.
Je passe à proximité du rocher de Basta, inaccessible également par grandes marées.

   

   

Pas d'écume, pas de vague. C'est calme. Les rochers de Biarritz sont caressés par les mouvements lents de l'océan.
Cette promenade de bord d'océan permet de voir différents rochers : les rochers de Biarritz. Ils ont tous un nom : la Frégate, la roche ronde, la roche percée, le rocher des enfants, l'artillerie, le Chanin, le Gamaritz, Lou Couloum,...

   

Je passe au dessus de l'étonnant port des pêcheurs, bien blotti dans sa anse artificielle construite à base de plusieurs digues de béton. Tous les bateaux sont hors d'eau, garés sur le parking du restaurant "Chez Albert".
Le port des pêcheurs -et ses crampottes- est dominé par l'église Sainte-Eugénie dont la façade sert chaque fin d'année d'écran aux projections animées et musicales de "Biarritz en lumière" (cf : Biarritz en lumière 2023 : Essentia).

   

Je continue mon petit périple en attaquant la montée de l'Atalaye.
Une fois sur le plateau, le constat est sans appel : on est en pleine haute marée et il n'y a pas de vagues.

   

   

Je traverse le plateau pour rejoindre le rocher de la Vierge ; là où par grand vent et haute marée, les vagues sont les plus impressionnantes.
L'océan vient se heurter aux rochers creusés par les fortes vagues dans un bruit assourdissants.
Mais là, non.

   

   

C'est calme. C'est pas grave, hein, mais c'est calme.
Je m'attendais à voir de hautes vagues déferler sur des rochers battus par les vents. Mais non.
Je descends à hauteur du musée de la Mer qui fait face au rocher de la Vierge, interdit d'accès ce jour.

    

   

Les mouettes et autres goélands peuvent tranquillement profiter des derniers rayons de soleil de la journée en bullant sur la côte rocheuse à proximité de l'océan.

   

    

Un petit coup d'oeil sur la Villa Belza...

   

   

Au risque de me répéter, il faut bien le dire : c'est calme.
Pas d'agitation au niveau du "Trou du Diable" ; ce gouffre où les vagues passent sous la route lors de fortes tempêtes.
On peut parler un peu de cette villa posé sur la falaise face à l'horizon ouest.
Eh bien, comme pour la Villa Roche Ronde, elle a été conçue par l'architecte basque Alphonse Bertrand entre 1880 et 1895 dans un style néo-médiéval.

   

Je reste un peu. Puis... demi tour... Je retourne à la voiture sous la lumière du soleil disparaissant.

   

   

   

   

    

Commentaires