Le 16 septembre dernier, Siensienne-Fifa-Finette nous a quittés.
Après deux AVC, la vie était devenue parfois difficile pour elle avec des pertes d'équilibre, une vue défaillante et des moments d'égarement.
C'est en l'an de grâce 2010 que Siensienne naquit d'une portée de huit chiots dans un lieu reculé du Pays Basque, quelque part dans une fermette en pleine forêt, quelque part entre Dantxaria et Ainhoa.
Son premier maitre, Jakes (pronconce "Yakèèèèche" en basque ; ce qui se traduit par Jean-Jacques en français) appela alors Mélanie pour lui demander si elle ne voulait pas un petit chien ou une petite chienne, de race un peu bâtarde, entre berger des Pyrénées et Griffon.
Mélanie se rend sur place et tombe sous le charme de cette petite boule de poils. Elle décide de l'adopter. Elle s'appellera Fifa car le père de Mélanie se prénomme Fifou. Fifou, Fifa, voilà !
Très dynamique et affectueuse, elle aime bien jouer avec des disques de meuleuse... ?... entre autres... Première passion.
Déjà, elle aime aussi faire de la voiture ; le muse à la fenêtre.
Même si c'est la chienne de Mélanie, je passe beaucoup de temps avec elle, soit pour la garder quand sa maitresse est au travail, soit pour l'emmener se promener avec Siensien-Rip.
Par exemple, ici, nous prenons la direction d'une des rares plages autorisées aux chiens, dans les Landes, à Vielle-Saint-Girons.
Eeeeh oui, Siensienne, c'était aussi la complicité avec Rip le chien, surnommé Siensien. Il a vu arriver cette nouvelle venue sur son terrain de jeu, mais ils se sont de suite très bien entendus ; quitte parfois à se chamailler un peu pour la récupération de qui une pomme de pin, de qui un bâton lors de parties parfois interminables.
Et puis, un jour comme ça, Siensienne s'est mise à ne plus trop aimer faire de la voiture... même pour aller se promener.
Mais cela ne dura pas longtemps ; l'appel de la balade était trop fort.
Et on en a fait des balades, virant parfois à la randonnée : d'Artzamendi à la cascade de Xorroxin en passant par le lac d'Estaens et le calvaire d'Ainhoa.
C'était toujours un plaisir de partir en balade avec Siensienne.
Telle une chienne de berger, elle faisait des allers-retours entre les gens, comme pour voir si tout le monde suivait bien.
Quand nous étions tous les deux, elle marchait juste un peu devant moi, ou s'attardait pour renifler rapidement quelques brins d'herbe, ou encore restait juste derrière moi, dans mes jambes.
Affectueuse, fidèle, gentille, attentionnée, vaillante, discrète, attentive, attachante, bienveillante, unique...
Siensienne avait également une grande passion : la baignade.
Mais pas n'importe quelle baignade.
Elle n'aimait pas les vagues océaniques et privilégiait les étendues aquatiques plus calmes, telles que les flaques d'eau et autres petites rivières.
Un peu plus tard, fin de l'année 2022 lorsque Mélanie acheta une maison non loin du gave d'Oloron, une nouvelle passion naissait dans l'esprit de Siensienne : passion gave. Aller se gaver ! Qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente, qu'il fasse beau, qu'elle soit déjà allée trois fois dans la matinée.
Aaaaah oui : une vraie passion Gave ! Que ce soit à Viellenave-de-Navarrenx ou sur l'île des Poètes à Sauveterre-de-Béarn.
Et quelques fois aussi, lors de la "grande balade" avec d'autres amis siensiens, comme Nisca et sien blanc (alias Flip).
Mais, en grande amoureuse de la nature, Siensienne aimait aussi sauter dans les fougères.
Mais qui dit "baignade" ou "saut dans les fougères", dit "poil qui sent un peu quand même".
Ah ben oui, Siensienne, comme beaucoup d'autres chiens, avait de temps en temps le poil long et "parfumé".
Ne supportant pas les toiletteurs, Mélanie était obligée de l'amener chez le vétérinaire afin que celui-ci l'anesthésie pour ensuite pouvoir lui faire une de ses "coiffures" originales qui donnait à Siensienne le surnom de "L'élégante".
Oui, différentes coupes et coiffures qui l'éloignaient un peu de sa ressemblance avec Hughes Auffray.
Et faisaient ressortir ses petits yeux en amandes.
On peut ainsi ensuite repartir pour une nouvelle balade.
L'une des dernières vidéos que nous avons faite ensemble était pour les "répétitions" de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques à Paris 2024...
Et puis... quelques jours plus tard... Sans prévenir... subitement... après une petite balade au gave... Siensienne est soudainement sortie du petit coin où elle aimait se mettre au frais à Viellenave, sous le récupérateur d'eau. Elle titubait, ne tenait pas debout, semblait chercher où elle était, apeurée, pertes d'équilibre, ne répondant pas quand on l'appelait.
Oui, les chiens aussi peuvent faire des AVC. Tout vivant avec un cerveau peut faire un AVC.
Bien prise en charge par la vétérinaire de Susmiou, elle avait repris de poil de la bête. Mais, quelques semaines plus tard, malheureusement, il y eut re-chute.
Que faire ? La laisser errer telle une âme en peine avec la peur qu'elle ne retrouve pas son chemin ?
La décision fut prise un dimanche.
Je l'ai emmené une dernière fois se gaver dans ce Gave d'Oloron qu'elle aimait tant, en l'aidant à se retrouver, et en la portant parfois quand la pente était trop raide. Avec sa petite tête qui penchait à droite...
Le lendemain matin, lundi 16 septembre 2024, on l'emmena une dernière fois dans le camion. Direction la vétérinaire... et puis...
"Profitons" de l'ouverture de la chasse pour aller faire prudemment un petit tour dans les forêts morvandelles, si possible en nous perdant sans le faire exprès.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Cela ne fait pas deux semaines que la chasse est ouverte, et déjà...
Bon eh, loin de moi l'idée de gueuler sur les chasseurs... encore que... mais... eh oh : faites gaffe les mecs ! Bientôt en vous auto-tirant dessus, vous allez devenir plus rares que l'ours pyrénéen !
Et tiens, je me posais la question : un chasseur qui tue un chasseur, est-ce qu'il le ramène chez lui dans son coffre de jeep et est-ce qu'il le cuisine ensuite ? Et si oui, combien de personnes cela peut-il nourrir ? Et quelle sauce va le mieux avec ? Viande tendre ou nerveuse ? Bouillie ou réchauffer ? Et quel vin choisir pour accompagner cette viande humaine fraichement abattue ?
STOP !
Il en faut des chasseurs. Et tu sais pour quoi ? Parce qu'il y a trop de sangliers !
Voilà !
Le jour où il n'y aura plus de sangliers, eh ben...
Alors, bon, avançons !
C'est l'automne et depuis quelques jours, l'ouverture de la chasse est ouverte... Oui, c'est bien de le préciser deux fois.
Les champs et les bois sont devenus de véritables terrains de "jeux" pour les chasseurs de gibier et les chercheurs de champignons.
MAIS FAITES-Y ATTENTION !!!!
Bon, ce n'est peut être pas le meilleur moment pour aller se perdre... se promener dans les bois, mais bon, eh oh, hein, la forêt est à tout le monde.
Malgré la peur, la crainte et le doute, nous sommes partis pour rejoindre, dans un premier temps et en voiture, un bel endroit de la forêt morvandelle : la chapelle de Faubouloin.
Enfin presque, parce qu'on ne peut pas aller en voiture jusqu'à la chapelle car le chemin-sentier n'est pas praticable.
Pour cette nouvelle randonnée, revue des effectifs avec les participants qui sont ma soeur Karine, mon père Daniel, la chienne Nebbia et moi-même.
Tout de suite,
la carte !
Ah ?
On ne voit pas grand chose.
Tentons avec une carte Google Maps.
Ouais bon bref ! Résumons ce que nous devons -normalement- faire comme trajet randonnesque aujourd'hui.
Comme tu peux le voir, c'est de l'à-peu-près hein. Le tracé n'est pas très beau. On a même l'impression que c'est un môme de 3 mois qui a pris un feutre pour faire des traits aléatoires sur un feuille de brouillon.
MAIS
ON NE SE DISPERSE PAS !!!!
Car tout de suite, ce sont : les chiffres !
Un peu aléatoires.
Euh, ben, normalement, on devrait marcher à peu près 3 heures sur une distance d'à peu près pffffff 8 kilomètres, on va dire, au pif avec un dénivelé de... euh... voyons... 150 mètres parce que j'ai pas ma règle sur moi.
ALLEZ,
C'EST PARTI !!!
Cette randonnée plus ou moins impromptue (dans le sens "improvisée, sans trop de préparation, mais assurément sympathique parce qu'on sera ensemble et que la cohésion, c'est chouette surtout en ces temps où les gens etc.") commence par suivre un large sentier carrossable. Il s'agit du chemin qui mène à la chapelle de Faubouloin qui, autrefois, était un lieu de pèlerinage très important à l'occasion de Pâques et du 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge Marie. De nos jours, il y a encore un pèlerinage -moins important- chaque 15 août, fête de l'Assomption de Marie, avec célébration d'une messe.
Sur les bords de ce chemin, nous croisons beaucoup de bruyères d'été, encore appelées Callune, ou Calluna Vulgaris Hull.
C'est la fleur nationale en Norvège. Pourtant, son langage est associée à la solitude et à l'isolement.
Son nom -Calluna- vient du grec ancien kalluno qui signifie "nettoyer, balayer" (astiquer, kaz la toujou penpan", Zouk Machine, 1989) ; allusion à leurs tiges ligneuses dures et solides autrefois utilisées pour fabriquer des balais rudimentaires.
Importante sources de nourriture pour moutons et chevreuils, elle est également utilisée en apiculture car son nectar contient 24% de sucre. Elle était également utilisée au Moyen Age dans le brassage de la bière avant l'utilisation du houblon. En pharmacopée, elle a des propriétés diurétique, antiseptique urogénital, sternutatoire, dépurative. La plante est notamment utilisée dans des décoctions alcoolisées pour soigner les rhumatismes. Les compresses bouillantes sont utilisées pour soigner les engelures.
Jadis, la callune était considérée comme une plante magique associée à la magie blanche. Dans les landes bretonnes, elle éloignerait les esprits fantomatiques. En Ecosse, si une jeune fille trouve un brin de bruyère blanche, elle est sûre de se marier dans l'année.
Magie, médecine, pouvoirs naturels, guérison supposée... Ne voilà-t-il pas que nous quittons les multiples interprétations de la bruyère callune pour nous trouver face à un premier point de curiosité de cette randonnée morvandelle.
Et ce lieu de curiosité est...
LA FONTAINE SAINTE MARGUERITE
La fontaine Sainte Marguerite est l'une des trois fontaines dites guérisseuses de la butte de Faubouloin.
Comme l'indique le panneau, "elle aurait le pouvoir de guérir les animaux domestiques. Cependant, la dévotion envers cette fontaine serait principalement liée à sa vertu de guérir les bitous et les bavous des enfants.
On ne peut oublier que d'une manière générale, Sainte Marguerite passait pour assurer une heureuse délivrance aux femmes enceintes."
Pour ceux qui ne parleraient pas morvandiau -et pourtant "causer morvandiau, y'o ran d'pu biau !- , il faut revenir sur ces mots "bitous" et "bavous".
Si tu te réfères à internet, tu apprendras que "Bitou" est une ville de la province du Boulgou au Burkina Faso. Ou qu'en argot, Bitou désigne un simple soldat ou encore un camembert (?).
OK, d'accord, très bien. Mais dans le Morvan, les bitous ont encore une autre signification. L'adjectif bitou est en fait le nom régional bourguignon pour la chassie.
Eh ouais ! Ben oui.
Et là, tu me dis : "Mais c'est quoi la chassie ?"
Eh bien, la chassie est une substance gluante qui s'amasse sur le bord des paupières.
Quant au bavou, c'est un peu pareil, mais au niveau de la bouche, au coin des lèvres.
Voilà, bon appétit bien sûr !
Nous reprenons notre marche ne direction de la chapelle de Faubouloin que nous atteignons assez vite.
Isolée et solitaire dans cette belle partie de la forêt morvandelle -appelée forêt des Coues-, elle semble nous attendre avec son "corps" assez massif.
Au risque de "répéter un peu la messe" (comme on dit chez nous), disons que la chapelle de Faubouloin a été bâtie sur un petit plateau à 520 mètres d'altitude. Elle fait face à l'éperon barré du Fou de Verdun et surplombe la confluence des ruisseaux de la Montagne et du Griveau qui forment alors l'Houssière (que nous atteindrons peut être un peu plus tard).
STOP !
Je te sens intrigué par le nom de l'éperon barré... Le Fou de Verdun... N'est-ce pas ? C'est aussi un lieu dit que l'on traverse en empruntant la Départementale n°37, reliant Château-Chinon à Montsauche-les-Settons.
Et de suite, on pense à un ancien combattant de la Première Guerre Mondiale qui serait venue se retranché ici (sans jeux de mots !), mais qui n'avait plus toute sa tête. Du coup, il se livrait à des sortes d'excentricités, comme... je sais pas... euh... repeindre ses chèvres en bleu, ou se promener habillé en kangourou, ou... euh... recouvrir sa maison de balles de fusil, ou....
OUAIS BON ! Pas du tout ! Non, non, non. Une fois de plus, il faut parler morvandiau pour comprendre ce nom intrigant. Décomposons-le !
"Hêtre" en morvandiau se dit "Fou". Et ici, au lieu dit, il y avait un site fortifié nommé Verdun.
En gros, le site du Fou de Verdun doit son nom à la présence, jsuqu'en 1980, d'un hêtre centenaire de plus de 40 mètres de hauteur. Il était planté en bordure de l'ancienne voie romaine, sur ce site fortifié nommé Verdun, car la voie en question permettait de rallier le Morvan à la ville du nord-est.
depuis, l'hêtre a été remplacé plusieurs fois jusqu'à ce qu'un chêne ne soit définitivement planté en 1980.
REVENONS à NOTRE CHAPELLE !
La porte principale de la chapelle arbore la date de 1558, date supposée de sa construction... mais il semblerait que des prémices d'édifice religieux furent entrepris dès le XIème siècle. Le nom de Faubouloin, lui, provient de la conjonction de deux mots : "fau" qui veut dire "hêtre" en morvandiau (comme nous l'avons vu précédemment) ; et "Bouloin" venant de "Belenos", dieu gaulois, souvent associé à l'Apollon du Panthéon greco-romain. Considéré comme le Dieu soleil représentant la lumière et les rayons solaires parvenant jusqu'à la surface de la terre, il est également symbole de jeunesse, du renouveau et, par extension, du printemps.
La chapelle se compose d'un rectangle de 20 mètres de long sur 7 mètres de large, surmonté d'un toit en ardoise avec clocheton dans un style roman.
Mais pourquoi avoir construit un tel édifice religieux ici, précisément ?
Eh bien, plusieurs légendes viennent expliquer le pourquoi du comment de la présence de la chapelle ici et pas ailleurs.
L'une d'elles raconte que des bûcherons ont découvert dans le creux d'un frêne une statuette de la Vierge et qu'ils décidèrent de la porter à l'église de Corancy. S'apercevant le lendemain qu'elle avait disparu, les habitants du village la cherchèrent et la retrouvèrent à l'endroit où elle avait été trouvée la veille. On décida alors de l'emmener solennellement en charrette, mais l'attelage refusa d'avancer. La statue s'adossa finalement d'elle-même contre un rocher sur lequel on construisit la chapelle.
Une autre variante prétend qu'un paysan conduisait ses bêtes à travers la forêt et s'aperçut que l'une d'elles refusait d'avancer et restait immobile devant un frêne. Le paysan découvrit dans celui-ci la statue de Notre-Dame-du-Frêne. On voulut alors la déplacer dans l'église de Corancy, mais à mesure qu'on s'éloignait de l'arbre, la statue devenait si lourde que les bœufs n'ont pas pu continuer à trainer la charrette. On laissa alors la statuette dans la forêt et on construisit une chapelle à cet endroit.
Autres légendes qui courent autour de ce lieu : les fontaines... comme nous l'avons vu tout à l'heure avec la fontaine Sainte Marguerite avant d'arriver à la chapelle.
Autour de ce lieu de pèlerinage, il existe deux autres fontaines, dites "guérisseuses" ; comme celles que l'on rencontre nombreuses dans le nord du département des Landes.
Nous reprenons notre randonnée forestière à la re-découverte de celles-ci.
A quelques 500 mètres de la chapelle de Faubouloin, en cherchant un peu et en s'éloignant de ce lieu rassurant, nous nous aventurons dans la forêt par un large chemin. Un de ces larges chemins forestiers qui permettent aux camions, voitures et machines de s'aventurer ici pour déforester un peu les lieux, dominées par de hauts résineux aux minces troncs.
Je quitte les vues d'ensemble pour m'attarder sur les petits détails de la forêt morvandelle. Beaucoup de mousse ici et là, une mousse d'un vert vif chatoyant, réconfortant, poétique, souple...
L'oeil de la forêt !
Nous quittons le large chemin forestier pour prendre un étroit sentier sur la droite afin de rejoindre -comme le nouveau panneau l'indique- la fontaine du Frêne ; autre lieu légendaire du Morvan.
Petit sentier rejoignant un autre chemin forestier que l'on quitte à nouveau pour trouver un autre petit sentier -toujours en descente- jusqu'à arriver à cette fameuse fontaine.
L'un des plus célèbres ! L'une des plus adulées, notamment par rapport aux légendes qui courent atour d'elles, comme nous en avons parlé plus haut.
Plus en détails, que nous révèle le panneau fraichement posé ici, rappelant les vertus de la fontaine du frêne. "Tout le monde reconnait la prééminence de la fontaine du Frêne, vraisemblablement la plus efficace des trois fontaines, dont le seul nom ramène à l'horizon des croyances celtiques, avec culte de l'eau, de l'arbre et de la pierre. Elle est censée guérir toutes les maladies, y compris celles dédiées aux deux autres fontaines.
Elle garantirait le mariage pour les jeunes filles ; voire la fécondité des femmes. Il suffisait pour cela de boire de l'eau et de planter une épingle ou une feuille de houx, parfois un clou, dans le frêne (celui-ci n'existant plus depuis longtemps, cela se pratique maintenant sur le chêne situé un peu plus bas que la fontaine à gauche)."
.
Décidément, après le "Fou de Verdun", il semblerait que la forêt morvandelle ait un problème avec les hêtres...
Nous nous approchons de la source miraculeuse avec respect et silence.
Je le trouve très solennellement très discret cet endroit où, peut être, quelques personnes se rendent peut être encore avec l'espoir de voir leurs souffrances être assouvies par ce passage à la fontaine.
Ce qui est surprenant -peut être en rapport avec la notoriété de la fontaine- , c'est de trouver tous ces panneaux disséminés ici et là pour t'indiquer les lieux et la bonne marche à suivre pour accomplir tes souhaits.
C'est assez éloquent, non ?!
Boh, eh oh, les légendes tout ça, bon, si t'y crois encore, tu peux toujours aller foutre ton linge sale un peu plus loin...
Nous sommes donc rendus un peu plus loin, là où le panneau nous disait d'aller au cas où... Et nous fûmes surpris de voir que l'engouement, les croyances et la soldanite du lieu étaient toujours respectés et assidus, comme le montraient les nombreux témoignages vus sur place.
Nous faisons demi tour car il n'y a pas de chemin, ni de sentier qui permettent de faire une boucle-randonnée ici. Il faut revenir à la chapelle de Faubouloin, lieu central de ces fontaines et leurs légendes.
Un petit sentier discret, mais une nouvelle fois bien indiqué par des panneaux, nous entraine à aller voir la troisième de ces lieux envoutants. Il s'agit, cette fois, de se rendre à la fontaine Sainte Marie.
Il ne faut faire que quelques mètres entre rochers mousseux et arbres aux feuilles changeant de couleurs pour atteindre le lieu privilégié.
Et au passage, un petit détail laissé là, il y a peut être longtemps, et qui "refleurit" à l'automne.
Et nous arrivons à hauteur de la petite et discrète fontaine Sainte Marie.
Un panneau nous rappelle que...
"Les mères d'enfants malades devaient consulter l'oracle (rituel d'origine païenne) : si un petit vêtement, bonnet ou chemise... jeté à l'eau surnageait, la guérison était proche ; s'il coulait, une mort rapide était certaine.
Une autre vertu attribuée à cette fontaine concernait la protection des animaux domestiques : les femmes devaient faire une modeste offrande, par exemple un gâteau de cire avec miel pour rappeler les abeilles en fuite ou un peu de laine pour guérir les moutons de leurs maux..."
Et c'est après avoir rencontré ces trois fontaines mythiques morvandelles qu'une autre légende intervient : "Cette ultime légende prétend qu'en remplissant une bouteille avec les eaux des trois sources à raison d'un tiers par source, et en faisant ensuite congeler la bouteille, on peut y apercevoir la Vierge Marie."
ET à PARTIR DE Là,
ATTENTiON !!!
Non pas de Vierge Marie en vue ou de statue qui marche toute seule !
Non !
A partir de cet instant
et de ce lieu précis....
Mon père décide de nous faire passer par un autre chemin-sentier-trace-sente afin d'éviter de revenir sur nos pas et de faire un "simple" aller-retour" un peu ennuyeux. certes, on est en pleine nature, pleine forêt, c'est chouette, c'est calme, silencieux, les premiers parfums et couleurs d'automne... mais il est vrai que lorsque nous randonnons, on n'aime pas trop repasser par le même chemin. Si nous pouvons faire une boucle pour rejoindre le point de départ, c'est mieux car nous ne voyons pas les mêmes choses.... C'est sûûûûûrrrr !
TOUTEFOIS CEPENDANT
POURTANT...
Il peut arriver que... bon... ben... Le chemin ou sentier ou trace ou sente ait quelque peu changé.
Et c'est à ce moment là précis que le titre de ce billet prend toute sa légitimité.
Souvenons-nous : "Perdons-nous dans les bois..."
Ah oui, ça te rappelle cette célèbre de comptine qui avait pour refrain entêtant "Promenons-nous dans les bois".
Pour l'histoire et l'anecdote, sachons que cette comptine date du XVIIème siècle et a également pour titre "Loup y es-tu ?".
Voilà. Et en ces temps où on nous dit que le loup n'a jamais été aussi présent sur le territoire français, on peut s'inquiéter.
Mon père étant sûr de lui, ma soeur, Nebbia et moi même le suivons pour entamer une longue, douteuse, mystérieuse, inquiétante et périlleuse descente vers cette rivière discrète qui a creusé la vallée que surplombe la chapelle de Faubouloin, et que l'on appelle l'Oussière.
La végétation est belle, verte foncée, rafraichissante, presque tropicale quand on n'a jamais mis les pieds dans ce genre de région. Dépaysante, on va dire ; même si ma soeur commence vite à "gueuler" et à s'inquiéter quant à l'objectif de cette boucle qui ne semble déjà ne plus en être une...
Faut pas paniquer ! Certes, nous n'avons plus de réseaux pour nous guider avec les smartphones. Certes, nous sommes descendus très bas et il n'y a plus du tout de sentier... Mais... Patience. Regardons le spectacle de la nature en cette saison automnale commençante... et peut être commençons à nous demander ce qui peut être comestible au cas où nous ne retrouvions jamais le chemin de retour...
Bon. Pour l'anecdote qui peut s'avérer décisif et très lucrative si tu te retrouves perdu en forêt depuis plusieurs jours et que tu te dis en tombant sur ces champignons : "Oh ben tiens, si je les bouffais !" (ou "Oh ben tiens, si je les m'zer !", en morvandiau).
Ah ouais, ah ouais, ah ouais... Mais non. Surtout pas, hein !
La première sorte de champignons -que tu peux voir en haut à gauche de ton écran d'ordinateur- est belle, intrigante. Oui, certes, mais : les tramètes versicolores ne sont pas les mets les plus nourrissants. D'après mes recherches -et Dieu sait si je n'y connais rien en champignons-, une étude japonaise aurait permis de mettre en avant un lien entre la consommation de ce champignon et la prévention du cancer de la prostate. Tout ceci n'est que supposé.
Autre chose à savoir sur ce cas : à l'époque où les femmes portaient encore des chapeaux, les modistes de Paris et d'ailleurs faisaient grande consommation de ce champignon unique. Elles utilisaient sa matière veloutée aux chatoyantes couleurs en guise de garniture.
OK, ben écoute : cool ! Autrement dit, si nous nous perdons et que nous ne retrouvons jamais le chemin de retour, nous pourrons toujours manger quelques-uns de ces champignons pour éviter le cancer de la prostate (ce qui ne conforte pas trop ma soeur) et utiliser le reste pour nous faire des chapeaux qui ne sont plus à la mode. Parfait !
En ce qui concerne le champignon que tu peux voir sur la photo de droite plus haut, il s'agit du "Formes" ("aliment du feu" en latin), amadouvier en français.
Et là, attention : pas comestible du tout ! Ne pense même pas à te faire un chapeau avec, comme le rappelle Fiouvens Biodiversité : "L'amadouvier n'est pas comestible. Connu depuis le Vème siècle avant J.C., il a servi en médecine pour ses vertus cicatrisantes et hémostatiques. Il était cueilli autrefois pour la fabrication de liqueurs amères.
on tire de sa chair spongieuse l'amadou (sans Mariam). Ce matériau combustible était utilisé comme allume-feu dès la Préhistoire car il s'embrase facilement au contact des étincelles produites par la percussions de deux pierres." BIODIV FLOURENS
Bon ben écoutes : ça prend forme notre petite balade dans les bois perdus. On peut se faire des chapeaux sans craindre d'avoir le cancer de la prostate, le tout devant un bon feu.
Mais trève de plaisanterie : le plus important dans la survie du corps humain, c'est l'eau. Car, rappelons-le ; le corps humain est composé à 65% d'eau (avec un peu de pastis dedans pour certaines personnes).
Et ça tombe bien car nous arrivons au point le plus bas de la vallée surplombée -normalement- par la chapelle de Faubouloin. Ceci, nous le sachons (si, si : sachons !) grâce au fait que nous en pouvons pas descendre plus bas car une rivière nous barre le chemin qui n'existe pas.
Voici la rivière nommé l'Oussière. Verdure, eau fraiche, mini plagette de sable à base de gravier léger. Courant. Poisson peut être. Eaux claires. Dans son lit creusé.
Puisque nous ne pouvons aller plus au nord, nous allons longer la rivière en pensant, peut être, trouver le sentier qui nous ferait remonter vers la voiture.
Pas d'inquiétude. tout est sous contrôle. Nous arrivons à ce lieu unique et bien représenté sur la carte que nous n'avons pas à ce moment précis sur nous. Ce lieu est la jonction de ces deux ruisseaux que sont la Montagne et le Griveau. C'est ici que née l'Oussière.
Ma frangine a beau gueuler que nous sommes perdus et qu'il va falloir faire demi-tour, on ne peut quand même pas s'empêcher de penser que c'est beau, sauvage et loin de tout.
Ben oui. En fait, il semble que le cantonnier ou garde-champêtre du coin n'ait pas fait son boulot. Le sentier permettant de rejoindre la chapelle par un autre flan de l'éperon du Fou de Verdun a disparu.
Nous avançons encore de quelques mètres. Mais force est de constater que...
...nous n'irons pas plus loin et qu'il va falloir faire demi-tour, remonter cette pente fragile et humide par laquelle nous pensions-souhaitions, en descendant, ne jamais la remonter.
Pas grave. Regardez : la lumière nous indique le sentier à suivre alors qu'on le croyait perdu dans les feuilles, les branches cassées et autres faits naturels forestiers.
Incroyable ! Spirituelle ! Coïncidence ! Hasard !
Beauté de la nature.
Par ce petit sentier "éclairé", nous retrouvons très vite un autre sentier, puis le chemin forestier qui nous amène -pour la troisième fois- à la chapelle de Faubouloin avant de rejoindre la voiture.
Peut être un peu perdu, mais en pleine nature, sans trop d'écart et de danger. Simplement reposant, loin des bruits de l'urbanisation, avec les premiers parfums et couleurs naissantes de l'automne.
N'est-ce pas Nebbia ?
Avec son petit gabarit et ses petites pattes, elle a bien senti le dénivelé imprévu de la dernière partie de la randonnée.
Eh oui, direction la capitale du Morvan pour une petite balade urbaine (ou presque) improvisée.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Comme chaque année entre août et septembre, je vais faire un tour -non pas dans le Loir-et-Cher comme Michel Delpech- dans la Nièvre pour voir la famille et les vieux amis.
Je reviendrai sur le trajet effectué entre Bayonne et Nevers un jour prochain.
C'est en famille, avec ma sœur, ma filleule et mon père, que nous nous sommes lancés dans deux petites randonnées en terres morvandelles.
Bon, là, c'est après la randonnée.
Pour ces deux randonnées, nous nous sommes rendus dans le Morvan, et plus précisément à Château-Chinon.
Aujourd'hui, nouveau billet évoquant brièvement d'autres lieux et histoires de la capitale morvandelle au détour d'une petite randonnée mi urbaine, mi forestière.
TOUT DE SUITE,
SANS PLUS ATTENDRE
LA PREMIERE CARTE
C'est pas très très clair vu comme ça, mais, déjà, nous voyons bien que nous ne passerons pas par le Pont Bertrand... qui est d'habitude notre point de repère.
Pour cette première petite randonnée, les chiffres : 1h20 de marche pour 4 kilomètres.
Voilà. Je n'ai pas les chiffres du dénivelé.
Nous partons donc de Château-Chinon, et plus précisément de l'Ehpad, où Mamie Nine -bientôt 99 ans au compteur- a une nouvelle affiche sur la porte de sa chambre.
Nous quittons l'Ehpad en empruntant la rue Jean-Marie Thévenin, rue principale qui traverse Château-Chinon du sud au nord.
Il y a cette enseigne d'une ancienne boulangerie -fermée depuis très longtemps- qui m'intrigue...
Apparemment, il n'y avait pas assez de place pour écrire "boulangerie" en entier.
Nous quittons la rue Thévenin pour passer sous la porte Notre Dame, dernier vestige de la splendeur passée de la ville.
D'abord oppidum romain érigé au sommet du calvaire (où nous passerons tout à l'heure) par le peuple des Eduens, Château-Chinon se développait au Moyen-Age autour d'un château féodal. Sa position entre Bourgogne et Royaume de France lui valut nombreux sièges et destructions.
Cette porte Notre-Dame sous laquelle nous passons fut construite avec les pierres du château détruit en 1475.
C'est devant cette porte -et plus précisément sur la place Notre-Dame (qui est un parking)- que nous avons réalisé une plage pour le festival L'avis de Château" en 2007.
Eh oui, nous nous étions dits à l'époque : beaucoup de villes françaises ont leur plage (Paris, Toulouse,...), pourquoi pas Château-Chinon, même si la ville se trouve à plus de 500 mètres d'altitude ?!
Pour embellir le lieu, nous avions également posé un écran de cinéma et fait venir une fanfare déambulatoire.
C'était le bon temps. Le temps où Château-Chinon bougeait culturellement parlant...
Nous montons dans la ville par la rue Notre Dame en passant derrière l'hôtel-restaurant "Le lion d'or", rebaptisé...
Ah ben oui. Par contre, les avis de Google sur les lieux sont beaucoup moins drôles.
La rue Notre-Dame est bien cachée par les façades des maisons et immeubles du boulevard de la République.
Rue calme et étroite, on y trouve quelques magasins fermés.
Lors de mon séjour nivernais, j'ai été surpris de voir certains villages et villes se "peupler" de ces enseignes abandonnées...
Nous pourrions continuer de grimper par la rue Gambetta pour, ensuite aller voir la fabuleuse fontaine Nikki de Saint-Phalle, puis passer par la place du Docteur Bogros, médecin et écrivain morvandiau...
Jacques Michel Edmond Bogros est né à Château-Chinon le 19 novembre 1820. Docteur en médecine, il fut aussi écrivain régionaliste, poète et maire de la ville (pendant 6 mois avant d'être révoqué). Il meurt à Paris le 25 mars 1888.
...mais finalement nous tournons sur notre droite par la rue du marché pour arriver pile poil devant l'emblématique hôtel-restaurant "Au vieux Morvan".
C'est ici, sur la terrasse de ce lieu, qu'est apparu François Mitterrand après son élection comme président de la République le 10 mai 1981.
Bon, il faut rappeler qu'il était alors maire de la ville et qu'il occupait souvent la chambre n°15 de l'hôtel qui est, aujourd'hui, à réserver pour 89 euros la nuit si ça te dit.
Une fois le Vieux Morvan contourné, nous nous aventurons dans les petites rues et ruelles secrètes de la capitale morvandelle, de la rue des Fontaines à la montée des Marronniers.
Nous remarquons quelques petits détails de décorations sur une maison ou encore une vierge bien protégée.
Après une petite ascension, nous arrivons sur cette route circulaire que l'on appelle "La promenade". Pile poil face aux pompes funèbres.
Derrière les pompes funèbres et les dalles en marbre, le musée du Septennat est toujours fermé pour travaux.
Nous ne visiterons pas les nombreuses salles peuplées par les cadeaux qui ont été faits à François Mitterrand durant ces deux septennats de présidence de la république française.
Voici ce que nous aurions pu voir,
par exemples.
Pas de musées du Septennat et du Costumes. Nous, on attaque la soudaine montée vers le calvaire, point culminant de Château-Chinon.
Nous passons rapidement de 560 à 655 mètres d'altitude.
Ah ben oui ! C'est le calvaire qui a deux interprétations : - Au figuré : épreuve longue et douloureuse.
- Hist : Colline où Jésus fut crucifié.
Et puisque nous parlons de Jésus, une fois "l'épreuve longue et douloureuse" de la montée effectuée, nous nous trouvons au sommet de la colline face à trois croix.
Petit rappel religieux :
Le Calvaire ou Golgotha, nommé aussi "lieu du crâne", est une colline située dans l'Antiquité à l'extérieur de Jérusalem, sur laquelle les Romains attachaient les condamnés à mort sur une croix en forme de T.
Le calvaire est également connu pour être le lieu où Jésus fut crucifié, d'après les évangiles, avec le Bon Larron et le Mauvais Larron (d'où trois croix).
L'un des calvaires qui m'a le plus surpris lors de mes voyages nationaux est celui d'Ainhoa, au pays basque. Notamment par la représentation des deux Larrons avec leurs corps "désarticulés".
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Mais revenons à Château-Chinon et posons-nous quelques instants face au beau panorama qu'offre ce calvaire du haut de ses 655 mètres d'altitude.
D'ici, une très belle vue sur l'Ouest -le Bazois surtout-
du département apparait.
Parfois, quand le brouillard domine en plaine, le calvaire, lui, semble voler au dessus des nuages, comme ici en décembre 2011.
L'autre caractéristique du calvaire se trouve sous la table d'orientation ; une sorte de grotte-tunnel, protégé par une grille vacillante.
Ici, nous sommes sur l'emplacement de l'ancien château détruit lors des batailles entre le Duc de Bourgogne, Charles le Téméraire et les troupes de Louis XI.
On raconte que c'était le départ d'un long tunnel qui permettait de rejoindre l'hôtel du Vieux Morvan...
J'ai bien essayé de trouver une ouverture, un semblant de début de tunnel...
Mais non.
Nous quittons le calvaire et son panorama en empruntant un petit sentier descendant par la forêt. Quelques mètres plus tard, nous entrons dans le lotissement de la rue du Guet situé au dessus de la route de la Promenade.
Sur une des façades de maison, ce panneau métallique
au dessus d'une petite cabane en bois.
Nous marchons un peu sur la route de la Promenade, jusqu'à l'Espace François Mitterrand.
Ah ben oui, y'a du Mitterrand un peu partout.
Bon là, on ne va pas se voiler la face : c'est un peu chaotique leur truc là !
L'Espace François Mitterrand est aménagé dans la forêt de chênes bordant la route de la Promenade. "Le parc est constitué de symboles allégoriques :
- une plantation en massif de soixante-sept chênes (arbre symbolique qu'il affectionnait particulièrement) avec le "chêne du souvenir" au centre, planté par Danielle Mitterrand.
- la salle des échanges, crypte avec un 'laser', sculpture en métal qui symbolise la domination de l'esprit sur la matière...
- un buste en bronze du président et sa silhouette accompagnée de sa chienne labrador Baltique sur la grille d'entrée.
- un dolmen qui symbolise l'histoire des gaulois Eduens de la région (avec pour capitale Bibracte). En -52, durant la guerres de Gaules, le chef Vercingétorix allie son peuple Avernes, vainqueur de Jules César au siège de Gergovie, aux Eduens de Bibracte pour aller combattre l'envahisseur romain au siège d'Alésia (première ébauche historique de l'unité nationale française selon François Mitterrand)."AUTUN TOURISME
Au dessus du buste en bronze, on découvre également une phrase du président : "Si j'avais à tirer orgueil d'une phase de ma vie, ce serait bien de celle la, qui me vaut d'être seul ou presque au coeur d'un grand combat."
Nous quittons l'espace Mitterrand pour prendre un petit sentier bien caché juste en face. Quelques vaches charolaises nous accueillent avec curiosité.
Les pauvres : elles ont des mouches qui leur collent au museau et aux yeux.
En morvandiau et en anjou, on dit que les mouches vezounent.
Et tout de suite, voici notre nouvelle rubrique : UN MOT, UN JOUR.
VEZOUNER, verbe
En anjout et dans le Morvan, vezouner pour siffler, bourdonner, faire entendre un bruit et ronflant comme une bousine qui frappe l'air (il vezoune).
Synonyme de véziner, beziner. A ne pas confondre avec veuzonner.
Exemples : "Les vieill' et les jun', tout pareilles, a s'dépêchant vers le cloucher en berdassant, coum' des abeilles qui vezoun' autour d'ein rucher." (M Leclerc, Rimiaux)
"R'garde don' les moinces da vouzonnent su' l'feugnon da vaice !"
Voilà.
Ceci étant dit, nous partons bourdouler dans la forêt du bas. Enfin... "bourdouler" non. On est solide sur nos guiboles et nous descendons tranquillement la pente ombragée jusqu'à... jusqu'à... ben, on ne sait pas trop bien, mais il semblerait que nous soyons à hauteur de la déchetterie une fois la pente terminée.
Nous remontons donc par un sentier aléatoire, pas trop bien balisé, pour tenter de retrouver Château-Chinon et sa route de la Promenade.
Nous marchons dans la forêt. Pente agréable et silence de la nature forestière. Les premiers parfums de presque automne viennent caresser les narines, entre feuilles mortes, lichen et champignons.
Entre deux sentiers -l'un descendant vers le pont Bertrand (que nous avions parcouru en 2015 : Retour vers le Morvan) et l'autre montant vers Château-Chinon, une petite trouée nous permet d'avoir une vue dégagée sur la vallée de Cours qui se trouve à l'Ouest de la ville.
Encore quelques mètres de montée tranquille et nous retrouvons l'urbanisation en arrivant à hauteur d'une grande ferme. Un panneau rappelle ses activités passées...
Nous rejoignons le boulevard de la République par la petite rue basse des Fontaines, puis du Volin.
Fin de cette petite randonnée tranquille et pause rafraichissante au Café du Boulevard, chez Marie et Olivier.
DANS UN PROCHAIN EPISODE
Nous apprendrons à nous perdre en d'autres lieux de la forêt morvandelle...
Alors quand on dit "Chartres", de suite on pense à "Cathédrale". Mais pas que. La preuve.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Alors, souviens-toi : dans notre précédent épisode-billet, nous nous étions rendus du côté de Chartres et du Gué-de-Longroi, petit village situé à une vingtaine de kilomètres de la préfecture d'Eure-et-Loir.
Nous nous étions rendus au cimetière du Gué-de-Longroi pour nous souvenir du magicien-artiste-musicien Garcimore, personnalité du petit écran dans les années 1970-80.
Nous nous étions rendus ensuite à Chartres pour aller contempler la grandeur de la cathédrale Notre-Dame à Chartres, l'une des cathédrales de style gothique les mieux conservées par ses sculptures, vitraux et dallages.
Maintenant, nous quittions le centre ville pour nous rendre plein Est dans un lieu insolite et original : la Maison Picassiette.
Attention : qui dit "lieu insolite et original", dit aussi "respect".
Respect pour le lieu, respect pour son créateur et respect pour ceux qui entretiennent l'endroit.
On n'est pas là pour se trimballer, smartphone à la main, à faire des selfies, des machins d'influenceurs à la con, des retouches, des bazars et des cœurs avec les doigts.
NON !
Nous sommes ici aussi, et surtout, pour comprendre pourquoi et comment Raymond Isidore a eu l'idée, l'envie, la force et la ténacité pour construire et élaborer une telle œuvre. Car oui, nous pouvons parler d'oeuvre.
Mais qu'est-ce qu'une œuvre, aussi contemporaine soit elle ou non ?
A toi Petit Larousse, devenu grand.
Pour cela, nous avons -comme dans Burger Quizz- quatre propositions.
OEUVRE
Nom féminin. Latin : Opera.
1) Travail, tâche, action effectués par un agent quelconque.
2) Objet, système, etc., résultant d'un travail, d'une action.
3) Production de l'esprit, du talent ; écrit, tableau, morceau de musique, etc., ou ensemble des productions d'un écrivain, d'un artiste.
4) Organisation à but religieux, moral, social, philanthropique.
Ah oui, mine de rien, la France (et je ne parle même pas des autres pays) regorge de ces personnes créatives et créatrices. Que c'est réconfortant, que c'est beau ! Le travail interroge. Leur vie questionne. Leur volonté, leurs idées, leur inspiration. Ces gens, ces artistes font partie de ces voyages au "long cours" national que j'aime faire lorsque je traverse la France ou que j'erre au hasard par ses régions, ses départements, ses villes et villages.
Attention : je ne suis pas contre les voyages à l'étranger, mais je n'aurais jamais assez d'une vie pour, seulement, découvrir tous les charmes, toutes les curiosités, tous ces lieux insolite que propose ce territoire que je peux parcourir de temps à autre sur un coup de tête. Simplement. En un week-end. Se changer l'esprit et les idées. Découvrir, s'émerveiller, s'étonner, apprendre... en faisant quelques kilomètres ou plus.
BON EH OH !
ALORS !?
Et cette Maison Picassiette ?!
Nous avons garé la voiture dans une rue "quelconque" de Chartres, appelée "rue du repos". De repos, il n'en a pas fallu beaucoup à l'homme qui a créé, conçu et réalisé l'œuvre que nous nous apprêtons à visiter.
Cette rue du Repos se trouve bien à l'extérieur de toute activités touristiques et commerciales. Pas une cathédrale, pas un bar, pas un magasin. Que des maisons privées, simples et discrètes... De prime abord. Nous sommes dans une sorte de résidence, peut être construite dans les années 1960, puis façonnées dans les années 1970 pour être réaménagée dans les années 1980.
Non, franchement, vu comme ça, rien ne laisse présager que nous allons visiter un lieu original. Comme quoi...
Nous trouvons un petit passage étroit,
entre deux maisons normales...
Nous avançons, pas trop sûrs de nous ; mais en même temps, la maison Picassiette est indiquée par là. On ne veut pas déranger, amis nous avons la ferme envie de découvrir ce lieu.
Au bout de la petite et étroite allée, une maison-guichet nous rassure quant au fait que c'est bien ici que commence la visite de la Maison Picassiette.
Une jeune femme ouvre une fenêtre coulissante dans un mur bordant l'allée. "- Bonjour.
"- Bonjour. Quatre entrées s'il vous plait.
"- Oui. 36 euros, s'il vous plait."
Le prix de l'entrée est à 9 euros. Il permet de conserver et d'entretenir ce lieu unique, ainsi que de créer de petits évènements, de temps à autre, comme aujourd'hui, une exposition photos de Robert Doisneau. Le grand photographe français a lui aussi été pris de passion pour le travail de Raymond Isidore. Après leur rencontre en 1956, Robert Doisneau a réalisé plusieurs clichés de l'homme, de sa vie familiale et de sa maison.
De prime abord, en voyant la "structure" de la maison, on se dit qu'elle aurait pu rester "normale", quelconque, banale. Mais....
Oui, bon, eh oh. Reprenons dans l'ordre. Ne nous dispersons pas.
ENTRONS ET DECOUVRONS
L'INCROYABLE MAISON PICASSIETTE !
Une fois l'entrée payée, il n'y a plus qu'à s'émerveiller. Je suis comme un enfant. Il y a tellement de choses à voir, à regarder, à trouver dans des espaces restreints, mais nombreux.
Raymond Isidore a "découpé" sa maison en plusieurs pièces, plusieurs domaines.
Ah mais, nous n'avons toujours pas parlé du personnage, de l'artiste, de l'homme, du bâtisseur, du créateur qu'il était.
Petite biographie exhaustive.
RAYMOND ISIDORE
Né à Chartres le 8 septembre 1900 -le même jour où un ouragan détruisit la ville de Galveston au Texas et provoquant la mort de plus de 8000 personnes-, Raymond Isidore grandit au sein d'une famille modeste, septième enfant d'une fratrie de huit. Son père travaille loin du foyer et sa mère n'est guère aimante. Après une formation scolaire rudimentaire, il exerce plusieurs métiers, comme mouleur de fonderie, employé aux chemins de fer, accessoiristes au théâtre municipal... En 1935, il est embauché comme cantonnier par la ville de Chartres, puis est affecté comme balayeur au cimetière Saint-Chéron dès 1949 où il restera jusqu'à sa démission en 1958.
Nous accédons à la première place
avec la façade de la maison.
Intrigant, non ?
Ce n'est pas la maison de tout le monde. Il y a quand même une particularité - voire plusieurs- qui interpelle l'esprit et la curiosité.
Mais continuons la biographie d'Isidore Raymond.
En 1924, il épouse Adrienne Rolland, née Dousset, plus âgée de 11 ans, veuve et mère de trois enfants.
En 1929, ils deviennent propriétaire d'un terrain dans cette rue du Repos que nous avons parcouru brièvement tout à l'heure. Il édifie la maisonnette seul avec trois pièces seulement : cuisine/salle à manger, petit salon exigu et une chambre. Tout est en place. La famille emménage. Rien ne semble vouloir être changé... pour le moment.
Photo : Robert Doisneau
C'est lorsqu'il est cantonnier à Chartres que Raymond Isidore commence son oeuvre. En 1938, très précisément. Tout d'abord par l'intérieur de la maison.
C'est le hasard qui l'amène à "embellir" le lieu, comme il le dit lui-même :
"J'ai d'abord construit ma maison pour nous abriter. La maison achevée, je me promenais dans les champs quand je vis par hasard, des petits bouts de verre, débris de porcelaine, vaisselle cassée. Je les ramassais sans intention précise, pour leurs couleurs et leurs scintillement."
Il dira que son art lui était dicté par des voix célestes lors de rêves nocturnes.
C'est rigolo. Il me fait penser à mes balades en montagnes avec mes parents lorsque, quand j'étais enfant, je ne pouvais m'empêcher de ramasser des pierres brillantes ou de couleurs, tels que le quartz ou l'améthyste. Par contre, je n'en ai jamais fait ce qu'Isidore et le Facteur Cheval en ont fait ensuite... Mais, enfant, n'avons-nous pas tous été attirés par ces petites brillances de la nature au détour d'un chemin ? Hein ? Hein ? Ou... je sais pas... des billes ?! C'était chouette les billes ?! Hein ? Hein ? Non... Bon...
"J'ai trié le bon, jeté le mauvais. Je les ai amoncelés dans un coin de mon jardin. Alors l'idée me vint d'en faire une mosaïque, pour décorer ma maison. Au début, je n'envisageais qu'une décoration partielle, se limitant aux murs."
C'est lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate que Raymond Isidore commence à manifester de réels troubles mentaux, présentant des signes de démence et entrant parfois dans des colères qui le conduisent à être hospitalisé en psychiatrie à plusieurs reprises.
Il ne sort de ces crises (partiellement) qu'en 1949 et reprend le travail en devenant balayeur dans le cimetière Saint-Chéron de Chartres, situé à 200 mètres de la maison.
Et nous voici empruntant la petite allée, entre mur de voisinage et vues ouvertes sur les pièces aménagées de la maison...
Impressionnant ! Etonnant ! Imagines... Le travail. Le temps. La ferveur. La ténacité. La pugnacité.
On remarque ici que même les objets de la vie quotidienne (tables, lits, vases, machines à coudre) sont recouverts de "débris" auxquels, finalement, l'artiste autodidacte donne une seconde vie. Recouvrir ces lieux de centaines, de milliers de petits bouts de céramiques, collectés ici et là, puis cassés, découpés pour composer ces mosaïques, ces décors uniques...
Nous reprenons notre visite avec cette envie d'en découvrir plus... et, en même temps, de prendre le temps, de découvrir les petits détails qu'Isidore a semé ici et là dans toute la propriété. Sur les murs, dans des petits recoins, sur les toits...
Minouche, Nick canon, Léo et moi même nous amusons à lambiner dans les dédales de la maison et de ses couloirs pour montrer à l'autre l'objet insolite et imprévu, découvert au coin d'une pièce, d'une allée ou d'un mur.
Quel travail ! C'est fascinant !
Tout en évoluant dans cet univers magique et unique, continuons à connaitre la vie d'Isidore, surnommé Picassiette. Mais pourquoi ce surnom de Picassiette, tiens ?
Chaque jour, Isidore Raymond se met à parcourir des kilomètres à la recherche de débris. Une quête. Un passe-temps. Une occupation. Une passion.
Il devient le pique-assiette... Eh oui... Picassiette. Connu dans le quartier et un peu plus loin dans les champs. Parfois moquer, railler, il poursuit son œuvre sans savoir que ce sera une œuvre juste une envie peut être...
Pendant près de trente ans, avec humilité et persévérance, il recouvrira l'ensemble de l'habitation de morceaux de vaisselle et de verres multicolores, matériau à portée de main, qu'il va chercher dans les décharges publiques ou qu'il trouve au hasard de ses promenades. Il en viendra même à acheter des lots de vaisselles ébréchée à la salle des ventes de Chartres.
Pour créer ses décors, il s'inspire de ses rêves. Il travaille à ses créations le jour, mais continue son œuvre quand vient la nuit, à la lumière d'une lampe torche.
En ce qui concerne la présence de plusieurs connotations religieuses et spirituelles, on peut penser que cela est à rapprocher de son travail comme balayeur dans un cimetière, mais aussi au fait qu'il ait retrouvé la vue alors qu'il avait onze ans, après avoir embrassé la Vierge du pilier de la cathédrale de Chartres.
Il composera ainsi la Chapelle, de 1953 à 1956. Chapelle dans laquelle nous pénétrons à présent.
"Je fais indifféremment des sujets religieux ou bien des choses athées. C'est une réalisation de ma croyance personnelle, non de croyances apprises. J'ai fait ainsi ma chapelle pour moi."
Une fois de plus : incroyable ! Surprenante ! Des tons bleus omniprésents tout de même, rappelant la couleur associée à Marie que Raymond vénère.
Ouais Ok, j'arrête avec les superlatifs ! Mais quand même : regarde le travail accompli pour poser et assembler tous ces petits morceaux de mosaïque et créer une fresque... des fresques aussi grandes et lisibles ?!
C'est aussi à cette période que l'artiste se referme de plus en plus sur lui même alors qu'il aimait faire visiter sa maison auparavant. Picasso vient lui rendre visite en 1954.
Mais ça n'arrête pas !
A peine sortis de la chapelle, nous entrons dans une autre "pièce" ; celle appelée la "Mer noire"... Ah non pardon : "la Cour Noir".
Toutefois, cependant, pourtant : on en peut passer de salle en salle, d'univers en univers sans tenter de comprendre ou chercher quel est le lien ou la teneur de chaque composition.
Ici, dans le "Cour noire" toutefois, l'artiste a tenu à composer ses murs et ses "fresques" avec des façades d'églises et de cathédrales françaises.
Une fois encore, plusieurs choses à observer ici.
Dans cette cour noire, nous avons un tombeau et un trône dit "du balayeur", rappelant la condition professionnel d'Isidore lorsqu'il conçut cet espace.
Sur les murs entourant ce lieu, pas moins de 44 cathédrales entourent l'image de la Vierge au pied de laquelle on peut voir la grande rose de la cathédrale de Chartres.
Isidore est fasciné par la cathédrale de Chartres dans laquelle il dit "avoir retrouvé la vue à l'âge de 10 ans."
"La première chose que j'ai aperçu alors étaient les couleurs à travers les vitraux. Cela m'a imprégné toute la vie."
On retrouve la cathédrale de Chartres à plusieurs reprises dans et autour de la maison. Elle trône, notamment, sur le tombeau érigé là, dans la "cour noire".
Tout ceci ne se fait pas sans douleur.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, Isidore travaille dans un entrepôt à charbon. Cette condition l'amène à se rendre plusieurs mois durant en hôpital psychiatrique à la suite d'une crise de démence.
de plus en plus absorbé par son monde intérieur, il devient même indifférent au succès naisant de ce qu'il est en train de réaliser. Les visiteurs sont de plus en plus nombreux, mais il ne s'attache qu'à une chose : décorer sa maison, ses murs extérieurs et ses cours.
En 1956, il entreprend de nouvelles constructions derrière la maison familiale : la chapelle que nous venons de voir, puis une "maison d'été". Il achète même ensuite une parcelle de terrain limitrophe afin de créer et décorer un jardin, son jardin.
Nous ne faisons que quelques pas pour nous retrouver dans un nouvel univers : La Maison d'été.
Sur les murs de la maison d'été naviguent bateaux et nagent des cygnes en mosaïque. Le cygne est un des oiseaux le plus représenté par Raymond Isidore ; peut être symbole d'"amour éternel", selon Tiphaine Herry.
Le cygne était aussi l'animal préféré d'une autre personne excentrique : Louis II de Bavière...
Quant au chien, également présent à plusieurs reprises, il serait associé à "la fidélité en sa croyance" ; et le cerf, "son animal totem".
Nous entrons dans la maison d'été pour découvrir une autre facette de l'artiste et de sa maison.
C'est ici, dans cette partie de la maison, qu'il peignait et mettait en forme ses compositions. On découvre, entre autres, des portraits de sa femme Adrienne ainsi que des représentations de scènes de l'Annonciation.
Il réalisait ces peintures en espérant les reprendre plus tard sous la forme de mosaïques.
D'abord dédaigné par ceux qui le connaissaient, parfois littéralement pris pour un fou, Raymond Isidore aura tout de même la satisfaction de voir son travail reconnu de son vivant.
Il démissionne de son travail en 1958, à l'âge de 58 ans ; non pas en raison d'un désaccord avec les employeurs, mais parce que sa santé décline. Il prend ainsi sa retraite qu'il va occuper à l'agrandissement et à la décoration de sa maison.
Nous sortons de la "maison d'été" pour passer sous un porche qui nous fait entrer dans le jardin.
Le jardin est décoré de statues, de mosaïques et de fresques. Les murs encadrant le lieu sont eux aussi parsemés de morceaux de vaisselle et de petits objets...
Lors de notre visite, le jardin était également peuplé de panneaux reprenant des citations de l'artiste, ainsi que quelques photos prises par Robert Doisneau lors de sa visite en 1956.
"J'ai poursuivi mon travail comme si j'étais guidé par un esprit, quelque chose qui me commande, qui me dit la manière de le faire, quand c'est bien incrusté dans ma tête, ça se répand en moi, dans mes mains et dans mes doigts. Je suis poussé à travailler. La nuit me dicte ce que je dois faire. Je vois mon motif en apparition, bien devant moi, comme s'il existe vraiment..."
Au fond du jardin, nous découvrons le trône bleu posé devant des mosaïques orchestrées pour composer des monuments célèbres internationaux, telle que la Tour de Pise.
Nous passons sous un autre porche pour atteindre la dernière pièce de la maison, qui fut également la dernière création d'Isidore.
Cette dernière création s'appelle "le tombeau de l'esprit", réalisé en 1962. C'est en allant de porche en porche que nous découvrons cette dernière réalisation dans une petite pièce isolée.
Sur une colonne bleue, les noms de Dieu, Jésus, Marie, Joseph, l'étoile de Bethléem sont listés avec la dénomination "Tombeau de l'esprit".
C'est également en 1962 que la reconnaissance nationale se fait plus présente.
"En 1962, le photographe Gilles Ehrmann consacre au facteur Cheval, à Picassiette et à quelques autres, un ouvrage, Les Inspirés et leurs demeures, préfacé par André Breton. C’est le début d’une reconnaissance officielle et collective.
L’ouvrage aura un succès tel qu’André Malraux, en 1969, fera classer au titre des monuments historiques le Palais Idéal du facteur Cheval dans la Drôme.(...)
C’est la reconnaissance d’un art hors norme appelé parfois «art naïf» ou «art brut» qui est le fait de créateurs affranchis de la tradition, libres du contrôle de la raison, riches de spontanéité, d’imagination et de fantaisie, n’ayant pas reçu de formation «disciplinaire» ce qui ne veut pas dire qu’ils soient incultes ou dépourvus d’un savoir sur l’histoire de l’art."MAISON PICASSIETTE
Nous terminons la visite et le tour du domaine en retrouvant la cour d'entrée ; non sans être passé devant ce panneau avec la citation de Raymond "Picassiette" Isidore.
Après 24 ans d'un travail de titan et de créativité, Raymond Isidore estime que son œuvre est achevée. On estime qu'il a passé 29 000 heures de travail, soient 3625 journées de 8 heures. On estime également qu'il a utilisé plus de 15 tonnes de fragments de céramique, de verre et d'objets divers pour orner la maison.
En 1964, Raymond connait de nouveau l'hôpital psychiatrique. Les crises se succèdent : il perd la raison, annonce la fin du monde et affirme que la terre va se diviser en deux.
Le 5 septembre de la même année, un orage éclate. Il s'enfuit de la maison, complètement désorienté. Il est retrouvé hagard au bord d'une route le lendemain matin. Ramené dans sa maison, il décède le même matin. Il avait 64 ans.
Il repose depuis au cimetière Saint-Chéron où il a travaillé. Avec l'accord de ses descendants, sa tombe a été restaurée en mobilisant quatre artistes mosaïstes qui ont composé une mosaïque sur mesure, inspirée des travaux de Raymond Isidore pour orner sa pierre tombale.
La ville de Chartres va faire l'acquisition de la Maison Picassiette en novembre 1981. La maison est classée monument historique en 1983. En 2017, le site reçoit le label architectural Patrimoine du XXème siècle du Ministère de la Culture.
Allez, on se quitte avec une petite vidéo que j'ai réalisée lors de cette visite de la maison Picassiette.
Tiens : si on quittait un peu les montagnes pour nous rendre dans le département d'Eure-et-Loir ; et plus précisément du côté de Chartres.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Je quitte un moment le Pays Basque, puis la Nièvre du samedi soir, pour prendre la direction de Chartres afin d'y retrouver Minouche, Léo et Nick Canon.
Maaaaaaiiiiisss direct, tu me dis : "Eh beh oh : les infos ?!"
Ah oui, les dernières infos qui ont marqué l'actualité ces derniers temps.
VOYONS !
Les Jeux Olympiques sont terminées. Ooooooh... Qu'en retenir ?
VOILà !
C'est bien. Un beau bilan.
Mais après ?
Eh bien, après,
il y a eu ceci !
VOILà !
Et on a continué avec ça !
Quel premier Ministre pour le gouvernement français et la reformation de ce groupe à la con qu'est Oasis.
COMBO !
VOILà !
C'EST PARTI !
Je quitte la Nièvre par l'A77 qui s'enorgueillit de nouveaux panneaux touristiques, comme celui-ci, croisé non loin de Saint-Sauveur-en-Puisaye.
Eh oui, Saint-Sauveur-en-Puisaye, ville natale de Colette, femme de lettres, actrice, bisexuelle et journaliste française, née en 1873 et décédée en 1954.
Elle fut la première femme en France à recevoir des funérailles nationales.
CONTINUONS !
Les lignes axiales défilent aux sons du dernier Parov Stelar.
Et puis, emporté par mon élan, je dépasse Paris. Je dépasse Nanterre. Je dépasse Cergy. Je dépasse Pontoise. Je dépasse Cergy-Pontoise. Me voilà dans le Vexin au pied du panneau indiquant l'entrée dans ce village au nom étrange.
Eh oui. Il ne me reste plus qu'à faire quelques kilomètres vers le sud pour retrouver Minouche, Léo et Nick Canon du côté de... du côté de... Non pas de Chartres...
Je leur ai donné rendez-vous dans un petit bled à quelques vingt kilomètres de la préfecture d'Eure-et-Loir. Et ce village est Le Gué-de-Longroi.
Le Gué-de-Longroi ? Mais pourquoi ?
eh bien parce que c'est un petit village discret, niché entre l'A11 et Ouinville-sous-Auneau. Ni plus, ni moins.
Nous nous retrouvons devant la mairie du village.
Minouche est intriguée. Elle ne comprend pas pourquoi se donner rendez-vous ici alors que nous devons aller visiter un lieu insolite à Chartres.
Patience.
Nous trainons un peu dans le village
où nous découvrons
cette magnifique plaque publicitaire émaillée.
Mais l'autre "intérêt" du village est son cimetière....
Oui, je sais, c'est pas bien de dire ça, mais bon... Eh hein, les cimetières, ce sont aussi des lieux où l'on vient se recueillir, rendre hommage à des personnes que l'on a aimées, appréciées...
DONC l'autre intérêt du village est son cimetière dans lequel repose un homme qui a retenu notre attention lorsque nous étions jeunes au début des années 1980.
ET CET HOMME,
C'EST...
Eh oui, Garcimore ! La tombe de José Garçia Morena, dit "Garcimore".
Pour les plus vieux d'entre nous -et Dieu sait si ils sont moins nombreux que les plus jeunes d'entre tous- Garcimore (que Google correcteurd'orthographe veut à tout prix me faire écrire "Grimoire"), c'était la magie.
Eh oui. Ben oui. La magie. Aaaaah, ça, ça ne te parle plus trop, toi le jeune accro aux écrans d'ordinateur, aux effets méga spéciaux à base d'écran vert et à l'Intelligence Artificielle; Hein ?! Aaaaaaaah, vilain !
ALLEZ,
POUR TOI LE JEUNE DES ANNEES 2000,
VOICI UN DES PLUS FAMEUX TOURS
DE L'ELEGANT GARCIMORE !
Eh oui. Pas mal, hein ?
Pauvre Garcimore qui a enchanté notre jeunesse... Oui j'exagère un peu, mais bon, il était pas méchant.
Petite biographie ?
OK, petite biographie.
JOSé GARCIA MORENO, dit GARCIMORE
"Né le 16 novembre 1940 à Elche de la Sierra en Espagne, José Garcia Moreno a fusionné ses talents musicaux avec une carrière florissante en prestidigitation et en comédie.
De ses débuts au sein de la fanfare de son village au succès de ses représentations dans les cabarets parisiens, il a su conquérir le public avec son rire caractéristique et ses tours de magie amusants. Ce voyage artistique l'a propulsé au cœur de la scène télévisuelle française des années 1970 et 1980.
Garcimore a trouvé sa première inspiration musicale dans les ruelles pittoresques de son village natal d'Elche de la Sierra. Dès son plus jeune âge, il s'est initié à l'art des fanfares en intégrant celle de son village. C'est grâce à la trompette, son premier instrument, qu'il a fait ses premiers pas dans la musique. Après la perte douloureuse de ses parents, son séjour à l'école d'enfants de troupe a été une étape cruciale pour façonner son identité musicale. Il y a non seulement consolidé ses compétences, mais a aussi développé une passion profonde pour la magie close-up et le spectacle. (...)
A 22 ans, il maitrise plusieurs instruments dont le tuba, devenu le vecteur de son expressivité musicale. Il reçoit d'ailleurs le prestigieux premier prix du conservatoire en 1962. Un honneur qui lui ouvrira les portes du rôle de chef d'orchestre. C'est dans cet environnement académique exigeant que Garcimore a cultivé les fondements de son art, fusionnant la musicalité avec les prémices de l'illusion.(...)
En 1967, Garcimore débarque à Paris qui devient le théâtre de ses exploits artistiques. Après une laborieuse série d'auditions dans divers cabarets parisiens, il réussit à attirer l'attention de certains programmateurs par son approche complètement atypique de la magie et son humour décalé.(...)
Le tournant décisif de sa carrière a eu lieu lorsqu'il est remarqué par Roger Pradines, au Don Camillo, cabaret parisien réputé. Séduit par le talent du magicien, il l'intègre dans l'émission télé "TV music Hall".(...)
Garcimore atteint de nouveaux sommets de popularité grâce à son succès dans l'émission "Samedi est à vous", où il a partagé la scène avec les animateurs emblématiques Denise Fabre et Pierre Douglas.(...)" PASCAL MONTEMBAULT,La biographie complète de Garcimore
Garcimore, ce sont des expressions devenues célères, comme "Déconstrasté", "y m'énerve", "Des fois ça marche, des fois ça marche pas".
Par ailleurs, ses tours "ratés" avec "les petites souris" Tac et Tac-Tac déclenchent des fours rires. Il utilisait également d'autres animaux : la chienne Dolly, la couette Bouma, un pigeon blanc, deux tourterelles, le lapin Rustine, la poule Opo, ou encore un perroquet.
Pourtant, il tombe dans l'oubli et le besoin milieu des années 1980 et dans les années 1990. Dans le dénuement le plus total au point qu'il fera appel dans les années 1990 à l'association "La roue tourne", association qui vient en aide aux artistes en difficulté.
C'est le mardi 18 avril 2000, dans sa maison de maitre au Gué-de-Longroi, en descendant les marches qui mènent à son atelier magique (où il conservait ces costumes et son matériel) que Garcimore est soudain victime d'un accident vasculaire cérébral. Il tombe. Sa chute lui cause une fracture du crâne. Il meurt en 2000 à l'âge de 59 ans.
Dans son livre "Le magicien assassiné", paru en 1986, Garcimore raconte combien il a été difficile de gérer l'"après-télévision".
Ici, dans le cimetière du Gué-de-Longroi, sa tombe est d'une simplicité émouvante. Pas de pierre tombale, des fleurs artificielles quelque peu décolorées par le temps...
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Nous quittons Le Gué-de-Longroi pour rejoindre Chartres, plein Ouest. Grande ligne droite par la Départementale 910.
Nous traversons une partie de la ville en passant devant le beau cinéma baptisé "Les enfants du paradis" et qui fut autrefois un garage.
On ne peut louper sa façade style Art Déco datant de la fin du XIXème siècle. Pour mettre en valeur la devanture du cinéma, l'architecte Rudy Ricciotti a choisi de l'entourer d'une résille préfabriquée en béton de fibres à ultra-hautes performances. Ce fut une première mondiale !
Nous garons un peu plus loin, non loin de l'incontournable cathédrale.
Après avoir emprunté la rue piétonne avec ses magasins et ses bâtiments à l'architecture variée...
...nous arrivons sur le parvis du monument religieux.
Ah oui : on dira ce que l'on voudra, mais elle est impressionnante et imposante avec ses 113 mètres de hauteur ! C'est la cathédrale Notre-Dame de Chartres.
Bon, les 113 mètres de hauteur, c'est du sol au sommet de la tour Nord (clocher neuf).
Pour l'anecdote, saches que la hauteur de la tour sud (clocher vieux) est de 103 mètres et qu'au moment de sa construction, la flèche détenait le record mondial d'élévation derrière la pyramide de Khéops, en Egypte.
Bon, je ne vais pas faire ici toute l'histoire de ce monument. Citons juste quelques chiffres et anecdotes historiques.
Monument d'architecture gothique, la cathédrale de Chartres est traditionnellement considérée comme l'une des cathédrale de ce style les mieux conservées par ses sculptures, vitraux et dallages. Elle est un grand lieu de pèlerinage marial qui domine la ville de Chartres et la plaine de la Beauce. Elle se dévoile au regard à près de trente kilomètres de distance.
Elle a été construite au début du XIIIème siècle, pour la majeure partie en trente ans, sur les ruines d'une précédente cathédrale romane, elle même détruite lors d'un incendie en 1194.
Des ajouts ont par la suite été réalisés, tels la chapelle de Vendôme ou encore la flèche nord qui date du XVIème siècle.
Pour ce qui est de son histoire et des différentes étapes de sa construction, je te renvoie au site officiel Cathédrale Chartres.
De notre côté, nous allons nous "promener" dans ce grand édifice pour parler un peu de quelques objets qui l'occupent.
ENTRONS !
Oula, ici aussi, c'est haut. Impressionnant !
Encore des chiffres ? Fastoche !
Longueur de la cathédrale : 130,20m (sans la chapelle Saint-Piat)
Largeur de la nef : 16,40m
Longueur du transept : 64m
Largeur du transept : 13,99m
Largeur totale de la nef, incluant les bas-côtés : 32,80m
Un peu de hauteurs ?
Ok, pas de problème !
Hauteur de la voûte : 37,50m
Hauteur totale jusqu'au faitage du toit : 51m
Voilà.
Maintenant que nous avons bien parlé chiffres, voyons quelques particularités à retrouver dans l'édifice gothique. La cathédrale Notre-Dame abrite, entre autres, une relique du voile de la Vierge, connu autre fois sous le nom de "chemise". Elle aurait été envoyée de Byzance par l'Empereur d'Orient à Charlemagne. Selon la tradition, il s'agit du voile (appelé Sancta Camisia car le peuple pensait voir dans le reliquaire une chemise) que portait Marie lors de l'Annonciation.
Un autre objet-lieu attire mon attention en entrant, là, sur la droite.
Pour moi, il s'agit d'un retable, mais très différent de ceux que nous pouvons voir dans les églises basques, par exemple. Je fais des recherches, je ne trouve bien. On continue.
Levons un peu les yeux au ciel -ou du moins vers les parois d'enceinte- et remarquons les grands vitraux, notamment la rose de la baie 122 de la façade du transept sud
Une citation circule à propos de vitraux : "Le vitrail ressemble à l'Homme : quand on le regarde de l'extérieur, on ne voit rien, si ce n'est qu'une apparence grisâtre et sombre, poussiéreuse ; quand il est traversé par la lumière, celle de Dieu, il révèle des images, des histoires, des sens, des symboles ; il colore et illumine alors ce qui l'entoure, et s'il manque un morceau de verre, le monde devient alors appauvri et différent."CATHEDRALE DE CHARTRES
Eh ben... En tout cas, les vitraux de la cathédrale de Chartres sont considérés comme l'un des ensembles les plus complets et le mieux conservés de l'époque médiévale. Elaborés entre 1205 et 1240, ils sont célèbres pour leur couleur bleu, couvrent une surface de 2600 m2 et présentent une collection unique de 172 baies illustrant la Bible et la vie des saints, ainsi que celle des corporations de l'époque.
La rose de la baie 122 est une illustration de la première vision de l'Apocalypse de Jean avec, au centre, le Christ en majesté.
Autre grande particularité de l'intérieur de l'église Notre-Dame : le Tour du Chœur.
Le tour du Chœur est un mur de pierre richement ouvragé et garni de scènes sculptées. Il avait pour objet d'isoler le chœur liturgique auquel les laïcs n'avaient pas accès. Il fait presque une centaine de mètres de long pour six mètres de haut. Il est composé de pierre de Vernon et de Saint Leu pour les parties basses et hautes, et de pierres de Tonnerre et d'autres provenance pour les sculptures.
Le tour du Chœur constitue un témoignage précieux de l'art français, de la Renaissance au siècle de Louis XIV. Sa conception et son édification s'étendent sur plus de deux cents ans, de 1524 à 1727.
Des artistes dont la notoriété était déjà établie ont été appelés par la ville et le clergé pour composer cet ensemble majestueux incomparable, mêlant traditions et courants stylistiques en un langage décoratif ordonnancé et exubérant.
Ces scènes sculptées racontent le déroulement de l'histoire de Marie et Jésus. Sa lecture débute en partant du transept sud avec une sculpture de Dieu le Père.
Côté sud après la scène de la Visitation, on découvre l'horloge astronomique.
Elle date de 1528 et son auteur est resté anonyme. Le mécanisme d'origine a été remplacé en 2009 par un système électrique. Elle permet, notamment, de mesurer la hauteur des astres et de lire l'heure en fonction de la position des étoiles ou du soleil.
Nous terminons notre tour de l'intérieur de la cathédrale en passant devant un des lieux majeurs de dévotion : Notre-Dame du pilier.
C'est bien Notre-Dame-du-Pilier qui est appelée "Vierge noire" car la peinture qui couvre son visage a disparu, laissant apparaitre le bois noir dont elle est faite. Elle est couverte de riches vêtements.
Nous sortons de l'édifice religieux pour retrouver le grand jour.
Une petite pause dans un bar-restaurant situé en face de la cathédrale et nous reprenons la route pour aller découvrir un autre monument de la ville de Chartres : la maison Picassiette.
Mais qu'est-ce que c'est que ça ????
Eh bien, ceci :
Maaaaaaaaaaiiiiiisssss, nous en parlerons dans un prochain billet.
Et on continue cette belle randonnée dans la vallée d'Ossau avec la boucle nous menant tour à tour au lac et refuge de Pombie, puis au pic et au lac de Peyreget, puis...
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Souvenons-nous !
Dans l'épisode précédent, nous étions partis du sommet du col du Pourtalet...
Ah non, petite rectification ! Elle, c'est Soraya, elle se fume une grosse clop dans la forêt et jette son mégot par terre... Ah non, attendez, on recommence !
Soraya se fume une grosse clop au milieu des bois mais elle fout son mégot dans un cendrier... Ouais : bravo Soraya !
Qu'est-ce que je raconte ? Ah oui. Petite parenthèse dans ce monde de pub et de messages préventifs.
Tu as vu ces messages de prévention contre les feux de forêt diffusés par France Télévision ? C'est pas un peu concon quand même ?! Avec l'autre qui fume au milieu de la forêt ?! Et pis l'autre qui fait un barbecue au milieu des bois comme si de rien n'était !? Non, mais oh !
Et puis ces autres messages préventifs à la con qui, après une pub pour acheter une bagnole, te disent "Privilégier le covoiturage"... Ah ben oui : maintenant que j'ai acheté une nouvelle bagnole, je vais demander à mon voisin de m'amener au boulot avec la sienne !
Et ces pubs à base de produits hyper sucrés !!! Après qu'une voix of insupportable ait dit "C'est génial, c'est bon, plein de parfums, du goût, super !"... PAF : on te balance : "Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé."
Hein ?! Alors !
Bon...
REVENONS
A NOTRE RANDONNEE DU JOUR.
Si tu vois les ventas du col du Pourtalet avec les restos qui servent du gras pas chers et les magasins qui te proposent des tarifs avantageux (puisque détaxés) sur le Ricard, les clops et autres chips hyper grasses, c'est que tu es allé trop loin pour prendre le départ de cette "randonnée en boucle".
Il te faut alors redescendre un chouilla pour rejoindre le lieu dit "la cabane de l'Araille", située un kilomètre plus bas que le sommet du col, juste au-dessus d'un parking proposant de nombreuses places en épis.
Et si malgré toutes ces indications, tu ne trouves pas la cabane de l'Araille, saches qu'elle fait face au magnifique cirque d'Anéou d'où tu auras cette vue incroyablement spacieuse.
Le but était/est de réaliser une boucle randonnesque en suivant cet itinéraire.
En cette période, les différents troupeaux ont gagné les estives.
Parfois surveillés de prêt par quelques patous.
En chemin, nous avons également croisé quelques belles couleurs florales.
Après un peu plus d'une heure d'ascension tranquille, nous sommes arrivés à hauteur du lac et du refuge de Pombie, accompagnés de quelques brebis, sous le "regard stoïque" du Pic du Midi de Jean-Pierre d'Ossau...
Après une petite pause bière-apéro...
...il était temps de reprendre la route des sentiers.
RETROUVONS LA SUITE !
Allez !
Rappelons-le : ici, au lac et refuge de Pombie, nous sommes à 2032 mètres d'altitude très précisément ! Yep ! J'ai compté moi même.
J'ai marché une heure environ depuis le départ de la cabane de l'Araille et, maintenant, nous allons prendre la direction du col et pic de Peyreget qui se trouvent respectivement à des altitudes de 2313m et 2487m d'altitude ; ce qui nous donne un dénivelé de 300-400 mètres à affronter sur une distance de 1,50 kilomètre. Ah oui : ça grimpe !
Je contourne le lac de Pombie pour récupérer le sentier montant vers des altitudes pour le moment inconnus.
Derrière moi, le lac et le refuge de Pombie s'éloignent peu à peu...
Très vite, je ne vois plus que lui : le pic du Midi d'Ossau.
Le sentier passe vraiment au pied de la montagne emblématique du Béarn, de la Vallée d'Ossau et des Pyrénées.
Petit rappel géographique, géologique et historique.
LE PIC DU MIDI D'OSSAU
Dominant de ses 2884 mètres la plaine de Pau, le Pic du Midi d'Ossau est le premier haut relief des Pyrénées occidentales. Acérées et menaçantes, ses cimes surplombent le massif d'Ossau ; lequel, entre glaciers et alpages, présente une grande variété de paysages. Situé non loin de la frontière espagnole, il est l'un des sites les plus spectaculaires du parc national des Pyrénées.
Les Palois le vénèrent à juste titre car il constitue, incontestablement, la plus belle cime du Béarn. Le Pic du Midi d'Ossau, surnommé aussi Jean-Pierre (pour "géant de pierre") se reconnait au premier coup d'oeil. Mieux qu'une crête, c'est un croc qui jaillit des vertes forêts vers l'azur.
UN PIC ACéRé
De loin se profilent déjà les pointes ciselées de sa cime. Le Pic du Midi d'Ossau se pare d'un air redoutable qui lui convient bien car il a la réputation d'être le sommet le plus difficile d'accès de toutes les Pyrénées. Avec ses 2884 mètres d'altitude, il n'est pourtant pas le plus haut, puisque les sommets les plus élevés de la chaine dépassent les 3000 mètres.
Vestige d'un volcan surgi à l'ère primaire il y a environ 290 millions d'années (et quelques semaines), le pic présente d'abruptes parois de dacite, aiguisées au quaternaire sous l'action des glaces.
LE PIC DES ORAGES
Sa silhouette d'aiguille fait du Midi d'Ossau un redoutable paratonnerre. Des orages monstrueux peuvent s'y déchainer au cours de l'été, quand l'air surchauffé, chargé de l'humidité des alpages, finit par s'électriser et déclencher des éclairs. De même, quand on voit un nuage de forme aplatie stationner sur le sommet, il faut s'attendre à l'arrivée prochaine du mauvais temps : "Jean-Pierre met son béret", disent les habitants de la vallée. Ce dicton ne trompe jamais.
Les mètres avançant et le dénivelé s'élevant, le Pic du Midi de Jean-Pierre d'Ossau semble me narguer ou/et observer ma progression. En le contournant, il expose diverses silhouettes.
Tu connais l'histoire de la légende de pourquoi le Pic du Midi d'Ossau est appelé Jean-Pierre ?
On en a déjà parlé ici plusieurs fois... Mais bon, allez, on répète.
"Il y a bien longtemps, vivaient dans les hauts pâturages de Peyreget deux bergers : Jean, le petit, et Pierre, le colosse. Les jumeaux avaient pour mission d'empêcher les barbares d'envahir la vallée d'Ossau.
Une nuit, alors que Pierre gardait ses brebis, un grondement épouvantable provenant des profondeurs de la terre retentit. Redoutant des êtres maléfiques, il appela son frère Jean à la rescousse. C'est alors qu'un bouc noir s'attaqua à lui. Après une lutte acharnée, Jean finit par sauver son jumeau.
Une sorcière surgit alors des entrailles de la terre et les fit tomber. Pendant ce temps, les tant redoutés barbares, qui avaient signé un pacte avec le Diable, profitèrent de l'inattention des bergers pour ravager la vallée et ses habitants. Les eaux des gaves se colorèrent de sang.
Après trois jours et trois nuits de combat, Pierre et Jean parvinrent à se débarrasser de leurs opposants en volant deux épées forgées dans le feu des enfers. Furieux, le Diable les pétrifia pour l'éternité, donnant ainsi lieu aux indissociables grands et petits pics du Pic du Midi d'Ossau."ZIAN PALAU pourSUD-OUEST
L'ascension est soutenue, mais très agréable.
STOP !
COIN FRAICHEUR !
Un petit ruisseau sorti de nulle part s'écoule au pied d'une montée du sentier un peu plus raide.
Derrière moi, le lac et le refuge de Pombie ne sont plus qu'un lointain souvenir, perdu des les alpages pyrénéens.
Cette première petite raide ascension fait une escale face à un pierrier sans vue où demeurent quelques névés malgré la chaleur ambiante.
Je poursuis ma progression, encadré par les diverses montagnes environnantes. Pas un bruit. Pas un humain. Quelques oiseaux noirs furtifs, émettant quelques brefs sifflets. Ce sont des chocards, souvent appelés Choucas à tort en montagne.
Et qui dit "choucas", dit "Les secrets professionnels du Docteur Apfelglück" !
Ah ben oui. Si tu as l'occasion, ce film reste énigmatique, mais très intrigant avec ses sketchs, comme celui de la chandelle ou de Martineau.
Quant au choucas... chocard, je me pose deux minutes pour regarder l'aisance et la grâce avec laquelle il utilise à merveille les courants d'air pour réaliser des figures aléatoires, acrobatiques et vertigineuses.
Je reprends ma marche. La montée est toujours rude, mais agréable. Entre terre et pierres. Un petit ruisseau sous forme de torrent dévalent apparait soudainement. C'est le signe de la présence d'un lac qui n'est pourtant pas indiqué sur ma carte IGN.
Un laquet posé là. Je le contourne par la droite sur un petit sentier bien marqué.
Une fois ce laquet contourné, le sentier remonte de plus belle en direction du col de Peyreget dont j'ai du mal encore à voir le sommet au milieu des rochers.
Je me retourne de temps à autre pourvoir le laquet de haut avec les sommets des montagnes situées de l'autre côté de la vallée d'Ossau, comme le Lurien et le pic d'Arrious.
Quelques minutes d'ascension plus tard et après quelques "virages en épingle", un premier panorama me permet de constater que je suis passé non loin d'un autre laquet caché au sud.
Quelques mètres plus haut, j'arrive au sommet du col de Peyreget, à 2313 mètres d'altitude. J'ai marché pendant une heure, tranquille, depuis le refuge de Pombie, avec un dénivelé de 292 mètres.
La vue est magnifique, mais je préfère me déporter un peu en prenant la direction du Pic de Peyreget pour avoir une vue plus plongeante sur la vallée d'Ossau et les lacs croisés durant l'ascension.
A l'ouest, je retrouve les cimes du Lurien (2826m), du Palas (2974m), du Balïtous (3144m)...
Panorama impressionnant ! Une sensation d'être à la hauteur des montagnes pyrénéennes.
Et ce n'est pas fini car, derrière moi, plein ouest, un autre panorama apparait.
Au loin, ce sont les magnifiques lacs d'Ayous qui apparaissent.
Ah... Attends... On ne voit pas bien : je vais zoomer un peu.
Le temps ayant passé très vite, je remarque que si je veux atteindre le sommet du pic de Peyreget, il va me falloir marcher, aller-retour, 45 minutes. Trop juste pour le retour prévu dans la vallée à une heure précise.
Je reste encore un peu avec cette vue magnifique sur les lacs d'Ayous à l'ouest et les lacs-laquets de Pombie à l'Est.
J'entame la descente vers le lac de Peyreget qui se trouve à une vingtaine de minute de marche du col du même nom, avec un dénivelé de descente de 240 mètres de dénivelé sur une distance de 1,5 kilomètre.
Si les premiers mètres sont tranquilles et agréables, cela se complique et devient beaucoup plus pénible quand j'arrive au niveau du grand et long pierrier qu'il faut traverser pour rejoindre deux laquets en contrebas avant d'atteindre le lac de Peyreget, encore plus bas.
Ah oui, c'est chiant ! C'est de la grosse caillasse !!!
Il faut prendre son temps pour bien sauter de roches en rocher, sans risquer de se tordre une cheville ou de disparaitre au fin fond d'un de ces trous rocheux créés par cet éboulement naturel.
Quelques minutes plus tard passées à râler parce que je n'en voyais pas la fin, je sors finalement du pierrier à hauteur d'un petit cours d'eau vers lequel deux marmottes sont venues se rafraichir en gardant quelques distances avec le sentier retenu sentier.
En observation. Je me pose juste quelques secondes pour les regarder. Elles prennent la pose, puis repartent pour disparaitre sous les nombreux rochers et pierres présents à cet endroit.
J'arrive presqu'à hauteur d'un lac... Je crois que c'est le lac de Peyreget, mais celui-ci me semble beaucoup trop petit par rapport à la superficie annoncée sur ma carte.
Je m'approche...
Je m'approche...
Je me pose
pour la seconde pause bière de la journée.
Bon, c'est peut être pas le plus cadre de vue, mais il y a quelque chose qui m'attire et qui me dit de rester un peu ici ; même si je ne suis pas au lac de Peyreget où j'avais prévu de me poser en priorité.
J'ai les fesses posées dans la pierre, certes, mais j'ai une belle vue, restreinte certes, sur ces eaux clairs limpides de ce laquet imprévu, posé au pied d'un nouveau profil du Pic du Midi d'Ossau.
Derrière moi, j'entends un bruit de pierre qui roule, suivi d'une sorte de galopement discret à base de remous d'herbes. Je me retourne et, au loin, sur la pente faisant face au laquet où je me trouve, je distingue quelques couleurs inhabituelles au paysage ambiant... Taches oranges sur du gris et du vert...
Aaaargh ! On ne voit pas bien... Zoomons...
Eh oui : deux isards. Une femelle, un mâle.
Ce n'est qu'en octobre et novembre que les isards se rassemblent, à l'époque du rut, provoquant une activité menant certains d'entre eux au seuil de l'épuisement. A cette période de l'année, les isards se déplacent par hardes, souvent sous la conduite d'une femelle. Les mâles adultes vivent en solitaire.
Chassé intensément jusque dans les années 1960 -ce qui a bien failli créer sa disparition- l'isard a pu être sauvé grâce à la création en 1967 du parc national des Pyrénées -dans lequel j'évolue aujourd'hui.
Animal commun des Pyrénées, on estime qu'ils sont environ 4000 individus aujourd'hui évoluant dans les zones protégées.
Après un certain temps d'observation : à savoir qui allait bouger le premier et, peut être, surtout, ces isards voulaient-ils simplement venir se désaltérer au niveau de ce laquet où je me trouvais -point d'eau isolé.
Je finis ma bière. Je rechausse sur le sac à dos sur mes épaules et je continue la descente pour très vite apercevoir le lac de Peyreget, étendue liquide bleue, bien blottie au milieu d'une herbe courte sauvage...
Le lac de Peyreget se trouve à une altitude de 2074 mètres. Sa superficie est de 0,9 hectares pour une profondeur allant jusqu'à 4 mètres.
Bordé de pelouse et bien orienté, il est propice à la baignade et à la sieste.
Il est également une sorte de "carrefour de randonnées" car de là, tu peux prendre la direction du col de Peyreget et du lac de Pombie, ou du col de l'Iou et le cirque d'Anéou, ou les lacs d'Ayous depuis le lac de Bious-Artigues.
Autre particularité -cela faisait longtemps que nous n'en avions pas parlé- sa situation géographique : au pied (lui aussi) du Pic du Midi de Jean-Pierre d'Ossau.
Et un nouveau profil, une nouvelle silhouette pour le pic d Midi d'Ossau et ses 2884 mètres d'altitudes et ses deux sommets acérés qui, de son côté, font penser à...
Attends, on va zoomer,
on ne voit pas bien non plus.
Mais si ! Ce profil du pic du Midi d'Ossau et ses aiguilles de dacite font penser aux deux doigts que l'on convoque en couple pour annoncer... Pour annoncer quoi au fait ?
Et sais-tu d'où vient ce geste ? Que signifie-t-il vraiment ?
Pour certains, cela veut dire "deux", ou le signe du motard, ou le signe de paix, ou la représentation de cornes ou d'oreilles d'âne lorsqu'on le met derrière la tête de quelqu'un, de poses photographiques informelles en Chine et au Japon, signe de paix pour les Kurde set les Canadiens, signe de guillemets dans la langue française...
Mais pour beaucoup, ce signe de la main où l'index et le majeur sortent des autres doigts pour former un V signifie Victoire !
C'est durant la Seconde Guerre Mondiale que el signe V prend de l'ampleur et devient symbole de la lutte anti-nazie. C'est l'ancien ministre belge Victor de Laveleye qui propose aux Belges, en 1941, d'utiliser ce symbole en signe de lutte contre l'occupant. V, comme "Victoire" en français, V comme en liberté en néerlandais (Vrijheid), V comme "Victory" en anglais.
Hein ? Non, mais oh ? Qui a dit V comme Vichy ???? Non !
La BBC relaye cette campagne, nommée "campagne des V" en Belgique, aux Pays-Bas et dans le Nord de la France. On y ajoute une version audio en morse : •••— , rythme correspondant aux premières notes de la Symphonie n°5 de Beethoven, devenant du même coup l'indicatif des émissions à destination de l'Europe occupée.
Geste universel, libérateur.
Le V avec les doigts est repris, entre autres, par Winston Churchill qui adhéra à cette campagne et fit ce geste dès qu'un photographe était présent. Ce signe fut ensuite repris à travers l'Europe occupée par les Allemands, devenant un signe anti-nazi.
Je laisse le lac de Peyreget derrière moi pour attaquer la dernière ascension de la journée en direction du col de l'Iou... que j'atteins quelques minutes plus tard, passant de 2080 à 2194 mètres d'altitude.
Il ne me reste plus ensuite qu'à rejoindre le col de Soum de Pombie en cheminant sur un sentier horizontal à flanc de montagne à nouveau..
J'ai ainsi une magnifique vue sur le cirque d'Anéou.
Je retrouve également quelques troupeaux, dispersés ici et là dans les estives.
Un troupeau de brebis s'est accaparé le sentier. Je tâche de le traverser sans les déranger, mais les brebis sont prises d'une envie à m'indiquer le chemin vers le col de Soum de Pombie.
Elles sont très vite rappelées à l'ordre par le berger, posé un peu plus bas, avec ses chiens, deux Border Collie, très vifs et pas du tout agressifs.
Quelques minutes plus tard, j'arrive à hauteur du col de Soum de Pombie, 2107 mètres d'altitude.
Je retrouve le panorama sur le cirque d'Anéou et le col du Pourtalet.
La boucle est bouclée. Il ne me reste plus qu'à redescendre dans les estives et à retrouver la voiture garée sur le parking de la cabane de l'Araille.
J'ai mis environ 5h30 pour réaliser cette boucle. J'ai pris mont temps.
Superbe randonnée, parfois exigeante, mais avec des moments magnifiques ; que ce soit par les divers panoramas, les rencontres avec les animaux et les pauses au bord des différents lacs et laquets.
On termine ce billet avec une petite vidéo reprenant tous ces beaux moments, ou presque.
Alors, c'est pas évident à première vue quand on lit le titre de ce nouveau billet, mais oui, il s'agit d'une randonnée.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Allez : une petite randonnée en montagnes pyrénéennes !
Tranquille, au calme, loin de la civilisation. On va essayer de ne pas se perdre quand même.
C'est l'été. Il fait beau. Nous sommes dimanche et...
Tiens, en parlant de "dimanche", tu connais cette expression ?
Voilà, ça, c'est dit.
DONC : randonnée en montagnes pyrénéennes.
J'ai décidé cela alors que je passais le dimanche du côté de Navarrenx où Mélanie venait de concrétiser deux nouveaux achats.
Surtout celui-ci !
Magnifique mobylette Peugeot des années 1950.
Il n'en fallait pas plus pour me donner l'idée d'une nouvelle série télé.
Tu te souviens de "Chips", c'te série américaine des années 1970-80 dans laquelle deux policiers motards appréhendent les chauffards et criminels sur les routes de la région de Los Angeles ?
Eh bien voici Cheap,
la version française.
Voilà, bon, eh, hein, ça aussi, c'est dit !
DONC :
randonnée en montagnes pyrénéennes.
Je quitte les environs de Navarrenx pour prendre la direction de la vallée d'Ossau et son sommet qui n'est autre que le col du Pourtalet ; à ne pas confondre avec le fort de Pourtalet qui, lui, se trouve dans la vallée d'Aspe.
C'est sur le parking faisant face au magnifique cirque d'Anéou, sous la cabane de l'Araille, un peu avant l'arrivée au sommet du col de Pourtalet que je stoppe la voiture.
Que c'est beau !
Cette vue dégagée sur ces montagnes et ce plateau est prenante, hypnotisante, captivante, enivrante. Elle nous encourage à entrer dans le paysage en suivant les nombreux sentiers proposés.
D'autant plus qu'à cette période de l'année, les troupeaux -brebis, vaches, chevaux- ont gagné les estives.
Mais attention, on n'est pas à Thoiry ! On ne joue pas avec les animaux. On ne s'approche pas trop près pour faire un selfie ou caresser ces animaux bien peinards. Un accident est vite arrivé. Surtout en cette période estivale où les randonneurs et touristes du dimanche sont assez nombreux à prendre la montagne pour un terrain de jeux.
Au programme : trois cols avec le col de Soum de Pombie (2032m), le col de Peyreget (2208m) et le col de l'Iou (2192m). Mais également deux lacs que sont les lacs de Pombie et de Peyreget, sans compter les petits laquets ici et là.
Tout ceci sur une distance d'environ 11 kilomètres avec un dénivelé de plus de 750m pour un durée de marche de 6 heures... Ouais parce que j'ai pris mon temps.
ALLEZ,
C'EST PARTI !
Dans un premier temps, je traverse le magnifique plateau du cirque d'Anéou. Nous sommes ici à 1926m d'altitude. Je suis un petit ruisseau chantant. On l'appelle la Glère, ou encore le Gave du Brousset, ou encore le ruisseau de Pourtalet.
A quelques mètres de là, il jaillit d'une sorte de petite grotte appelée Perte de la Glère. Un ruisseau au bord duquel les troupeaux viennent se poser.
Après avoir passé un imposant panneau rappelant que nous entrons dans le parc national des Pyrénées et que les chiens sont interdits, je passe sur un petit pont en direction de la cabane de Lalague ; une grande cabane de berger où on peut aller acheter du fromage.
Je traverse le ruisseau un peu avant la cabane de Houns de Gabès, autre cabane de berger, devant laquelle paissent.
A partir de là : on grimpe !
C'est l'ascension du col de Soum de Pombie avec en visu le pic de Peyreget et le Pic du Midi d'Ossau.
Je traverse les estives et rencontre les différents habitants qui peuplent les lieux à cette époque de l'année.
Mais aussi
le dernier modèle de tente jetable...
En fait, elle ne se jette pas vraiment parce qu'elle est très difficile à porter. Tout en granit, elle pèse environ 672 kilos.
J'arrive à hauteur , non pas d'une tente, mais de la cabane de berger de Sénescau à 1810 mètres d'altitude. Les brebis marquées de bleu sont dans leur enclos, attendant d'être libérées, sous la gare de trois patous.
Alors, bon. Après les vaches, parlons un peu des patous.
Beaucoup de choses sont dites sur ces chiens de berger que sont les patous.
Ce qu'il faut savoir quand on randonne en montagne, c'est que ce ne sont pas des chiens comme les autres. Aaaah non, tu vas pas t'approcher de lui, lui faire des guililis, toutoutou, t'es mignon, gnagnagnagna, caresses !
D'origine pyrénéenne, le patou est une race ancienne de chien de berger. Dès le Moyen Age, il est présent pour protéger les châteaux et les troupeaux des ennemis et prédateurs potentiels, comme le loup, le lynx et l'homme.
La race fut un peu abandonnée jusqu'à son retour et son officialisation en 1923 par la Société Centrale Canine.
L'un des patou les plus célèbres reste bien sûr Belle de la série (puis des films) "Belle et Sébastien" en 1965. De caractère extrêmement doux avec les enfants, il reste d'un naturel méfiant avec les personnes adultes étrangères à son milieu.
MAAAAAAAAAIIIIISSSSS...
Le patou a beau être mignon-élégant avec sa petite tête blanche, il n'en reste pas moins un animal robuste et attaché à son rôle de défenseur de troupeau.
Chaque année dans les montagnes pyrénéennes et autres, on apprend par la presse que l'animal s'est livré à quelques attaques touristiques.
Pas toujours facile de randonner sans à avoir à traverser les troupeaux en estive parfois. Personnellement, je n'ai jamais eu de problème avec les patous que j'ai souvent croisé lors de mes expéditions.
Je passe, je ne fais pas de gestes brusques, je ne les regarde pas dans les yeux, je dis un petit bonjour, je ne m'arrête pas.
Certains disent que le patou grandit avec les brebis et pensent être comme elles. C'est son groupe social, c'est sa famille et il la défendra coûte que coûte contre quiconque voudra faire le malin ou l'agresser.
Aujourd'hui, nous voyons de plus en plus de patous dans les montagnes. ceci est en partie du au fait que les bergers apprécient ce chien pour sa vaillance et son attention ; notamment en rapport avec la présence grandissante du loup et à la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées.
Avec tous ces articles de journaux et ces recommandations, on va finir par croire que la montagne est dangereuse... Eh bien oui : la montagne est dangereuse ! Ne venez pas !!!!!
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Bon... Alors... Continuons-reprenons.
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Une fois la cabane de berger de Sénescau passée, j'attaque les lacets du sentier pour atteindre le col de Soum de Pombie.
En chemin, je rencontre quelques fleurs.
La montée est tranquille et très agréable. de temps à autre, je fais une pause pour admirer le beau panorama sur le cirque d'Anéou et le col du Pourtalet.
Contrastes de lumières. Contrastes de relief, plateau et montagnes. Troupeau et voitures. Contrastes entre nature et ventas, séparés de quelques mètres. Grands espaces et rues commerçantes où les gens se pressent pour acheter clops et alcools moins chers qu'en France. Grande route et sentier.
Une pause également pour regarder vers l'ouest et apercevoir un troupeau de aches posant devant le pic d'Astu sur lequel viennent se poser ombre et lumière.
Et puis, presque arrivé au sommet du col de Pombie, il apparait... reconnaissable entre mille.
LE PIC DU MIDI D'OSSAU
Ah non, merde, ça, c'est moi qui me prend en photo devant le panorama sur le col du Pourtalet.
ET VOICI
LE PIC DU MIDI D'OSSAU !
A partir de cet instant, il ne nous quittera plus pendant tout la durée de cette randonnée.
Si on ne voit que son sommet culminant à 2884 mètres d'altitude, il suffit d'atteindre le col de Pombie pour déjà contempler sa singulière silhouette.
On dirait que son sommet a la bouche ouverte vers le ciel.
Une fois passé le col de Soum de Pombie, je me dirige dans un premier temps au Soum de Pombie -une petite hauteur qui permet d'avoir une belle vue sur le cirque d'Anéou et le col du Pourtalet...
...et les cimes montagneuses du nord-ouest avec le Lurien (28826m), le pic d'Arrious (2748m), le Palas (2974m) et le pic de Soques (2716m).
Un grand cheptel de brebis a pris possession des flancs du Soum de Pombie.
J'emprunte à présent le sentier qui va du col au refuge de Pombie. Très agréable, plat. Il suit le flanc de la montagne et propose une belle vue sur la vallée d'Ossau en contrebas.
Toujours sous le "regard" de Jean-Pierre d'Ossau, accompagné de "quelques" brebis...
"Quelques" brebis qui ont décidé de me suivre jusqu'au lac et refuge de Pombie...
Eh oui, c'est avec une virevoltante mélodie de clochettes que j'atteins le lac et le refuge de Pombie ; 15 minutes après le col de Soum de Pombie.
Nous sommes ici à 2032 mètres d'altitude. Les brebis ont pris possession du lieu à leur manière, l'espace d'un court instant, avant de repartir vers de plus grands espaces vierges.
Allez,
c'est l'heure de l'apéro !
Je me pose à quelques mètres du refuge. On n'est pas bien là ?!
Le pic du Midi d'Ossau, un lac, une bière belge et des chips.
Bon, faisons un peu le point autour de nous.
Ici, nous sommes donc au lac et refuge de Pombie, situés à 2032 mètres d'altitude, au pied du Pic du Midi d'Ossau.
Construit dans le milieu des années 1960, le refuge de Pombie a une capacité de 45 couchages répartis en trois dortoirs.
La literie se compose d'un matelas avec son drap housse, de deux couvertures et d'un oreiller. Il est nécessaire d'apporter un drap de couchage "sac à viande".
Il se compose également d'une salle de restauration d'environ 40 places avec poêle à bois, d'un sanitaire équipé de trois WC et cinq lavabos. Pas de douche disponible.
Il est nécessaire de réserver. Si le refuge est complet, il y a possibilité d'avoir un couchage sous une tente marabout à l'extérieur de l'établissement. Il est également possible de bivouaquer dans certaines zones proches du refuge.
Le refuge de Pombie propose un service de restauration : repas, petit déjeuner et pique-nique.
La période de gardiennage s'étend du 1er juin au 6 octobre. Il est libre d'accès en dehors de ces dates, mais il n'y aura ni eau, ni électricité.
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Situé au pied de la face sud-est du pic du Midi d'Ossau, le refuge de Pombie est, entre autres, le point de départ de l'ascension de cette montagne emblématique du Béarn par la voie normale, voies d'escalades ou courses d'arètes. Il sert également d'étape pour les randonneurs qui en font le tour. Là aussi, il existe plusieurs variantes. La boucle de 23 kilomètres qui part du lac de Bious-Artigues, le pic-lac-refuge d'Ayous, le lac Bersau puis le lac de Peyreget est une des plus empruntée.
Je fais un peu le tour des lieux.
Face au refuge, à l'ouest, une belle vue sur le Lurien et "sa vallée".
Je me lasse pas des différentes vues sur le Pic du Midi d'Ossau qui, parfois, se mire dans le lac.
Quelques fleurs apportent une touche colorée au lieu...
Petite pause au bord de l'eau...
Et puis, je commence à regarder le profil de la prochaine étape qui me conduira au col et au pic de Peyreget...
DANS UN PROCHAIN EPISODE
Nous retrouverons Jénorme à l'assaut du col, du pic et du lac de Peyreget.
La fin des Jeux Olympiques Paris 2024 approche. Après plus de deux semaines de sport, d'exploits, de frénésie, de suspense, de découvertes, il faut à présent travailler sur la Cérémonie de clôture ; peut être pour servir un spectacle encore plus grandiose que celui mis en scène pour l'ouverture.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
On sait déjà que la cérémonie aura lieu au Stade de France et que ce sera une nouvelle fois Thomas Jolly qui la mettra en scène, entouré de son équipe : la scénariste Fanny Herrero, la romancière Leïla Slimani, l'historien Patrick Boucheron, le compositeur Victor Le Masne et Daphné Bürki aux costumes.
Le "spectacle" durera environ deux heures, soit moitié moins de temps que la cérémonie d'ouverture.
Le thème sera, entre autre, le partage lié aux J.O. et la transmission de l'olympisme, de Paris à Los Angeles prochaine ville accueillant les J.O. en 2028.
Des noms circulent pour la musique avec les groupes Air et Phoenix.
Par contre, le groupe Franchment ta gueule ne sera pas présent car retenu pour le festival des Cons à Vallon de l'Erdre.
On annonce toutefois la possible présence de Jean-Michel Jarre... en espérant que sa prestation sera quelque peu différente de celle qu'il a réalisé pour son clip "Equinoxe 5"...
Bon, il faut dire que ce clip date quand même de 1978. Il y a quand même de l'eau qui a coulé sous les ponts depuis ; et pas que sous les ponts de la Seine qui sera la grande absente de cette cérémonie de fermeture.
Au rayon star, cela semble confirmé : Tom Cruise sera là pour réaliser une "cascade" dans la toute nouvelle voiture Renault : la Renault Ronces.
Un gros challenge pour l'acteur américain puisqu'il va falloir qu'il entre dans la voiture sans se faire griffer par les épines.
Par contre, on nous prévient déjà que Spiderman ne sera pas présent puisqu'il a été arrêté et incarcéré hier...
Tout comme le chien Wild Thang, élu chien le plus moche du monde, qui ne sera pas là non plus, retenu pour subir une opération esthétique.
Hormis ces éventuelles venues et non-venues, on raconte également que le dessert inventé par les Chinois à base de Philipe Katerine sera servi à tous les spectateurs du Stade de France pendant la cérémonie.
Voilà ce que l'on sait pour le moment.
Cher lectrice, cher lecteur, je te laisse car je dois retourner répéter avec Siensienne pour notre prestation secrète...
Ah, ah, ah : ça y est, c'est parti, c'est le bordel à Paris.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Oooooh, c'est sympa. C'est une fois dans une vie. Ce sont les Jeux Olympiques, c'est la fêêêêêêêêteeee !
Des nouveautés...
Des questions, des quizz,
des réponses...
Bon, allez, voilà, ça, c'est dit.
de toute façon, quoiqu'il se passe en France, les Français (et les Françaises, pas discrimination là-dessus non plus, la femme est l'égal de l'homme au niveau du mécontentement permanent) gueuleront toujours parce qu'il fait trop chaud, ou trop froid, ou que le gouvernement de gauche est nul tout comme celui de droite et que gnagnagni et gnagnagna.
Nous sommes un peuple de gueulards !
Bon, peut être qu'un des rares endroits tranquilles à Paris en ce moment est le musée d'Orsay. Et encore... Il doit bien y avoir un ou trente Français qui doivent entrer en gueulant que c'es trop cher ou que c'est pas climatisé ! Merde !!!!
Et nous nous retrouvons donc pour la suite de la visite de ce magnifique musée parisien consacré à la création artistique occidentale de 1848 à 1914 avec de multiples œuvres exposées -peintures, sculptures, dessins. Tout ceci dans le cadre merveilleux de l'ancienne gare d'Orsay.
Retour sur les précédents épisodes en cliquant tour à tour ici : PARIS, MUSEE D'ORSAY, NIVEAU 0 PARIS, MUSEE D'ORSAY, SEQUENCE SCULPTURES
Cette fois-ci, nous allons attaquer la presque dernière partie de notre visite du musée en nous rendant aux niveau 2, puisqu'il n'y a pas de niveau 1.
QUOI ????
COMMENT ????
IL N'Y A PAS DE NIVEAU 1 ?????
VU LE PRIX QU'ON PAYE ?????!!!!
Le niveau 2 n'est pas la partie la plus visitée du musée, mais on peut flâner et découvrir des artistes et des œuvres moins usitées et célèbres que celles qui se trouvent aux niveaux 4 et 5.
Par contre, un artiste plus contemporain n'est pas exposé ici. Il s'agit du Tampographe Sardon à qui j'ai commandé deux objets afin de réaliser une nouvelle vidéo Made in Influenceur Man.
C'est beau, hein ?
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Allez !
Je me dirige à présent au niveau dit "Niveau 2 ou médian" du Musée d'Orsay.
Plusieurs salles et une "promenade" qui fait le tour du musée. On découvre ainsi, tour à tour, les oeuvres des Nabis, tels que Bonnard, Vuillard, Redon, Vallotton,... Des collections privées sont également présentes. C'est ainsi que l'on peut rencontrer des toiles de Van Gogh, de Cézanne, de Maillol, de Fantin-Latour... appartenant à des particuliers, mais prêtées au Musée d'Orsay.
Ici, "Hopital Saint-Paul à Saint-Rémy-de-Provence" (1889) de Van Gogh, "La femme à l'ombrelle" (1892) de Maillol, "Chrysantèmes dans un vase" (1873) de Fantin-Latour et "Nuit d'été" 1890) de Winslow Homer.
J'aime beaucoup la mise en place du tableau de Maillol, comme j'aime beaucoup la lumière faite sur celui de Winslow Homer avec cette danse nocturne, fragile, sur le fil, au bord des falaises. La huit, la lumière lunaire sur les vagues, cette danse entre femmes,...
Un bel article sur ce peintre et ce tableau : NUIT D'éTé.
Je traverse le musée pour me rendre sur l'autre "terrasse" et ses autres pièces, tournées vers la Seine que l'on peut apercevoir derrière de grandes verrières.
Sculptures et peintures monumentales se côtoient dans de grandes salles lumineuses rappelant l'architecture première de l'ancienne gare d'Orsay.
Parmi toutes ces oeuvres, je croise le grand tableau de Jules Bastien-Lepage : "Les foins" qu'il a réalisé en 1877.
J'aime beaucoup cette peinture. Peut être pour la scène qu'elle représente et qu'elle me rappelle quelques moments de mon enfance lorsque l'on faisait les foins dans le Morvan en famille, ou dans les Alpes avec des amis voisins. Ou encore pour ce regard de la jeune paysanne assise...
"'Petit-fils de Millet et de Courbet' selon Zola, Jules Bastien-Lepage s'est fait une spécialité des scènes agrestes, loin des mièvreries pastorales dont le Salon de 1878 abondait. Les foins suscita l'enthousiasme de Zola, qui y voyait le chef d'œuvre du naturalisme en peinture.
On est en effet loin de 'La sieste' de Millet. L'artiste traduit à son tour, avec force, l'épopée des campagnes françaises, et dépeint les paysans dans leur simplicité comme dans leur accablement : la jeune femme assise au premier plan porte sur son visage une expression hagarde, marquée par l'épuisement. La scène est inspirée d'un poème : 'Sur un tas d'herbes fraiches ayant fait sa litière,
Le faucheur étendu dort en serrant les poings.
Assise près de lui, la fameuse hâlée
Rêve les yeux ouverts, alanguie et grisée (...)'
On peut mesurer à quel point le tableau va au delà de ce texte anodin. Il remporte d'ailleurs un vif succès au salon. La composition en est audacieuse, photographique : la ligne d'horizon est inhabituellement haute, laissant les foins éponymes 'ressemblant à une étoffe d'un jaune très pâle et tissés d'argent', occuper l'essentiel de la toile. Ces effets de perspective accélérée, la palette claire, le cadrage rapproché sur les personnages constituent, au sein même du naturalisme, des signes de modernité."MUSEE D'ORSAY
Il y a une citation de Lepage que j'aime beaucoup :
"Je me suis mis à faire ce que je voyais,
tâchant d'oublier ce que l'on m'avait appris."
Décédé à l'âge de 36 ans, son œuvre ne se compose que de quelques tableaux et portraits, mais a marqué son époque en influençant les jeunes peintres français, européens et américains.
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Au musée d'Orsay, il y a les peintures et sculptures que l'on connait, et puis il y a des découvertes. des œuvres devant lesquelles on s'arrête car on les découvre ce jour là. Peut être en rapport avec la journée que l'on passe, ou le moment de vie présent. Il y a aussi des œuvres qui interpellent le regard et l'esprit par leur composition et la teneur du sujet présenté.
Et PAF !!! Comme ça, d'un coup, en entrant dans une nouvelle salle ! Cette grande peinture de 4 mètres de hauteur par sept mètres de longueur.
Il s'agit de "Caïn", réalisé par Fernand Cormon en 1880.
"Ce tableau illustre le destin funèbre de Caïn, fils ainé d'Adam et Eve, qui après le meurtre de son jeune frère Abel est condamné à fuir perpétuellement. Caïn, l'œil hagard, conduit péniblement sa tribu. Ses fils portent un brancard de bois sur lequel se tiennent une femme effarée et ses enfants assoupis. Ils transportent des morceaux de viande sanglante. D'autres hommes les accompagnent, des chasseurs. L'un d'eux porte une jeune femme dans ses bras et quelques chiens ferment la marche. Les visages trahissent la crainte de la sentence de Jéhovah.
Cormon a allongé les ombres, comme si la lumière de la vérité poursuivait les coupables à travers la plaine dénudée. Il emploie des tons couleur terre, avec une touche vigoureuse, maçonnée comme celle de Courbet. L'artiste est soucieux d'exactitude anatomique : il fait poser dans son atelier un vivant pour chaque figure.
Tableau d'histoire biblique, épopée grandiloquente, l'œuvre est aussi une reconstitution anthropologique. Elle introduit un domaine inédit, celui de la préhistoire, alors même que l'on découvre des peintures rupestres paléolithiques. Faute de documents, Cormon spécule sur la vie en ces temps reculés, existence de barbares en lutte pour leur survie, allant pieds nus, les cheveux ébouriffés, la peau rugueuse. En sous-titre, les premiers vers de La Conscience, poème de Victor Hugo extrait de La Légende des siècles (1859) sont cités :
'Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes
Echevelé, livide au milieu des tempêtes
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah
Comme le soir tombait, l'homme sombre arriva...'"MUSEE D'ORSAY
Je ne connais pas l'histoire de Caïn, -exceptée l'expression finale du même poème de Victor Hugo : "L'œil était dans la tombe et regardait Caïn". Mais peut être est-ce l'occasion d'en apprendre un peu plus sur le sujet.
Je me suis posé, j'ai cherché, consulté, confronté les différents propos sur différents sites internet -qu'ils soient "universels" ou pro-chrétiens- pour en arriver à tenter de dresser un petit résumé de cette histoire de Caïn et de son frère Abel.
Dans son poème, Victor Hugo imagine la fuite éperdue de Caïn après le meurtre de son frère Abel.
Selon la genèse, Caïn, fils ainé d'Adam et Eve, est un cultivateur qui offre à Dieu une partie de ses récoltes. Cependant, Dieu n'en est pas satisfait et préfère les offrandes du berger Abel, frère cadet de Caïn. Envieux, Caïn tue son frère. C'est le premier meurtre inscrit dans La Bible. En raison de ce meurtre, Caïn est maudit par Dieu : il est chassé de sa terre fertile et condamné à errer sur la terre.
Ensuite, d'après les propos d'un site consacré à la Bible, il est dit que "quoi qu'il fasse, aussi loin qu'il aille, Caïn a toujours et aura toujours ce sentiment de culpabilité, symbolisé par l'œil de Dieu rivé sur lui.
Après avoir tout essayé, Caïn s'emmure vivant dans l'obscurité, espérant échapper à la présence de Dieu qu'il ne peut plus supporter.
Le poème de Victor Hugo se termine alors par la sentence : "L'œil était dans la tombe et regardait Caïn."
Bon, très honnêtement, comme à chaque fois dans les récits religieux, il y a des confrontations, des détails, des histoires qui divergent... beaucoup.
DONC : nous allons à présent passés dans une autre salle. Merci.
Un pan de mur consacré à trois oeuvres de Bonnard et une de Vuillard.
On passe ainsi du tableau monumental aux petites compositions... qui n'en restent pas moins intéressantes et historiques.
Sur la photo ci-dessus, on retrouve notamment trois tableaux de Bonnard très différents : "Sous la lampe" (1899), "Le père et la soeur de l'artiste dans le jardin du Grand-Lemps" (1894) et "Militaire et blonde" (1892).
Au regard premier posé sur ces petits tableaux, on se dit : "Bon, OK, mais bon..."
il faut replacer les choses et l'artiste dans son contexte historique et créatif.
Né en octobre 1867, Pierre Bonnard a créé son propre chemin créatif et artistique, surnommé parfois "le nabi japonard", puis "le peintre du bonheur". Après avoir participé à la fondation du groupe post impressionniste des nabis, il restera toujours à l'écart des mouvements, tels que le cubis, le fauvisme et le surréalisme. Grand voyageur et amoureux de la nature, il aime se retirer dans sa maison normande tout en étudiant la lumière du midi. Dès 1900, il prend l'habitude de quitter la capitale du printemps à l'automne pour découvrir de nouveaux paysages et de nouvelles lumières.
"Il ne s'agit pas de peindre la vie,
il s'agit de rendre vivante la peinture."
Même s'il garde un pied à Paris, il s'installe au Cannet. Etrangement, même s'il a peint de grands paysages, nature morte et portrait, il préférait rester dans son atelier pour se consacrer à son art plutôt que de rester sur les lieux du modèle.
A chaque peinture, son histoire. A chaque peintre, son récit de vie...
L'autre tableau présent sur la photo prise, en bas à droite, est une oeuvre d'Edouard Vuillard, "La nuit" (vers 1895). Très ami avec Bonnard et Matisse. Il fut également un grand réformateur du monde théâtrale de la fin du XIXème siècle.
Je ressors un temps court sur la terrasse des sculptures du niveau 2 pour tomber face à face avec une oeuvre de François Bourdelle : L'offrande (1905).
Rien à voir, mais à chaque fois que j'entends le nom de "Bourdelle", je pense au film "Papy fait de la résistance" et à Jacqueline Maillan qui tient le rôle de LA Bourdelle, célèbre cantatrice française d'avant-guerre.
Eh oui, et Jacques Villeret dans le rôle du demi-frère d'Adolf Hitler....
Et puisque nous sommes dans un musée, et puisque nous parlons peinture, la question fatidique et répétitive se pose : "Et si Hitler avait été un bon peintre, y'aurait-il eu la Seconde Guerre Mondiale ?"
Rappelons que le führer fut recalé à deux reprises de l'Ecole des Beaux Arts de Vienne. ce qui ne l'empêcha pas de produire dans sa vie d'avant guerre entre 2000 et 3000 pièces, dont principalement des aquarelles. On estime que 90% d'entre elles ont disparu.
Où sont passées les 10% restantes ?
Eh bien, elles ont été vendues aux enchères à partir de 2006. Aucun rejet possible car aucune de ses "toiles" ne contiennent d'allusion au nazisme ou à l'antisémitisme. Achetées par lots ou à l'unité, la plus chère d'entre elles fut vendue 11 000 euros en 2006.
Aujourd'hui, et ce depuis 2016, il est possible de reproduire librement les tableaux d'Hitler, car tombés dans le domaine public.
Mais, entre nous... hein... bon...
En tout cas, ici, au musée d'Orsay, aucune toile du fachiste nazi n'est exposée. Normal, ce n'est pas l'époque retenue par le musée d'Orsay... Et quand bien même... Hein.... Allez !
Je continue mon errance artistique pour tomber -non pas face à face- mais nez à nez avec une sculpture de Paul Dubois, "Souvenir, Alsace-Lorraine" (1905).
Et je peux te dire que c'est une grosse coïncidence de passer de Bourdelle ("Papy fait de la résistance"-Bourdelle-Hitler) à cette sculpture réalisée par Paul Dubois pour commémorer l'annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne lors de la guerre de 1870.
Il existe toutefois plusieurs versions de cette sculpture : deux en plâtre et deux en bronze. Si celle du musée d'Orsay est en bronze et proche de l'œuvre première, on retrouve également "Souvenir, Alsace-Lorraine" à Nancy, sur la place Maginot, suivant les volontés de l'artiste à voir son œuvre placée après sa mort dans une des villes frontières de l'Est.
En fait, cette sculpture jouxte le "Caïn" de Cormon et se place juste devant le grand tableau du "Rêve" d'Edouard Detaille... que l'on aperçoit vaguement juste derrière la sculpture de Dubois.
Même si on ne le voit pas très bien sur la photo ci haut, le tableau de Detaille est une peinture militaire, célébrant les "glorieux vaincus" de 1870-1871... A l'époque, lors de sa présentation au salon de 1870-1871, le spectateur voit dans ce grand morceau de peinture héroïque la célébration de l'armée, "arche sainte" du pays.
Detaille sera médaillé et son tableau acheté par l'Etat qui le représentera à l'exposition universelle de 1889. Tous les républicains s'accorderont devant cette exaltation "boulangériste" et de l'armée nationale au moment où la République instituera le service militaire pour tous les jeunes citoyens, le 15 juillet 1889.
Eh oui, intéressante la mise en place et en valeur de certaines œuvres par rapport à d'autres, et suivant l'angle de vue...
Je termine ma visite du niveau 2 par cette dernière salle où mon regard se pose sur une sculpture en particulier.
Pas imposante. Relativement discrète. Dans une vitrine. Un visage souriant, découpé en plâtre et patine.
Il s'agit de "Bacchante riant", sculptée par Aimé Jules Dalou vers 1884.
Pas grand chose à dire sur cette œuvre. Quant à l'artiste Aimé Jules Dalou, on peut rappeler qu'il a participé à la décoration de l'incroyable Hôtel de La Païva, avenue des Champs-Elysées, entre 1856 et 1865.
Incroyable histoire que celle de cet hôtel que les frères Goncourt avaient rebaptisé "Le Louvre du cul".
La Païva était une "aventurière russe" d'origine polonaise très modeste, devenue marquise portugaise, puis comtesse prussienne.
Selon la légende, alors qu'elle était prostituée sous le prénom de Thérèse, cette rousse flamboyante avait été poussée hors de la voiture par un client pressé et s'était légèrement blessée. Elle se serait alors promis de faire construire "la plus belle maison de Paris" en face du lieu où elle avait été "jetée".
Avec la rencontre du pianiste Henri Hertz, sa vie va changer et...
Revenons à ce visage sculpté en plâtre.
Tellement expressif ! Tellement interpellant si on ne passe pas d'une salle à une autre en étant pressé de voir les œuvres des impressionnistes un étage plus haut.
Bon, après, peut être que c'est moi qui en fait trop et que ce n'est pas plus intéressant ou interpellant que ça. Mais est-il possible de juger de la perspicacité d'une œuvre ou d'une autre ? Comment peut-on dire "C'est nul" ou "C'est révolutionnaire" ? Qu'est-ce qui nous fait dire cela ?
Tiens, par exemple, la prestation d'Arielle Dombasle lors de... de... de... Ben d'ailleurs, pourquoi elle s'est retrouvée affiliée aux J.O. c'te vieille follingue ?!
Mais bon... Quand on regarde sa prestation ?
Photo : Abdullah Firas / Abdullah Firas/ABACA
Hein ? C'est beau ? C'est nul ? C'est innovateur ? C'est con ? inutile ? Futile ?
Ah, ah, ah !
Bon, perso, après avoir vu 30 secondes de son truc, j'ai pas eu envie d'aller plus loin.
Mais alors, quand on regarde la cérémonie d'ouverture des J.O. de Paris... Aaaaaaaaah, que penser devant tous ces tableaux composés par le metteur en scène et acteur Thomas Jolly, assisté de l'historien Patrick Boucheron, de la scénariste Fanny Herrero, de la romancière Leïla Slimani et de l'auteur Damien Gabriac ?
Trop de drag-queens ! Insulte à la communauté chrétienne ! Rien compris ! Mélange des genres insupportable et indigne ! Insultes à la nationalité française !
Alors, comme le demandait Monseigneur Wintzer quelques minutes après la fin de la cérémonie : "L'art doit-il véhiculer des messages ?"
Ma réponse : bien sûr !
Que l'on soit chrétien, musulman, athée, juif, de droite, de gauche !
Oui, l'art doit véhiculer des messages ! En ce qui concerne la cérémonie d'ouverture des J.O. de Paris.... On parle d'ouverture !
L'art peut être abscons suivant la religion et la sensibilité de chacun, amis en aucun cas il ne doit être et ne sera inutile. Il est représentatif d'une époque, d'une société, d'une façon de penser.
Alors, bien sûr, il y a de la perte de temps car il y a de plus en plus de méthode pour créer, pour échanger, pour parler... de tout, de rien... A chacun de faire le tri...
Autre chose entendue : "un festival pour les wokistes" ! Idéologie woke !
Mais qu'est-ce que c'est ce wokisme que l'on entend à tout bout de champs, pour tout, pour rien.
Je suis allé voir à la bibliothèque... sur internet ce que pouvait bien dire ce mot pas très très français à la base quand même hein bon alors ?! WOKE : Le terme anglo-américain woke ("éveillé") désigne initialement le fait d'être conscient des problèmes liés à la justice sociale er à l'égalité raciale. (WIKIPEDIA)
Woke, wake, réveiller = état d'éveil face à l'injustice sociale.
Peux-tu me dire ce que vient foutre l'injustice sociale dans les critiques formulées par certains quant au déroulement de la cérémonie d'ouverture des J.O. de Paris 2024 ?
Un article de The conversation évoque l'utilisation à tort et à travers de ce mot dans les sphères politiques françaises :
"(...)L'analyse sémantique du discours déployé par les détracteurs démontre qu'ils utilisent un terme anglais et non ses traductions françaises qui décrivent différentes réalités : il est beaucoup plus simple de colorer péjorativement des idées vagues, en les qualifiant de 'woke'. Le flou est ainsi maintenu et, en ne désignant pas clairement de cible, le propos reste audible parce qu'acceptable. (...)"THE CONVERSATION
Je comprends que certains aient pu être choqués, interloqués et n'aient pas aimé cette cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Je comprends que certains aient aimé ces douze tableaux avec toutes ces performances variées, éclectiques, historiques, colorées, sarcastiques, culturelles, théâtrales, variées, étonnantes, surprenantes, euphorisantes...
Déjà, certains s'interrogent sur la cérémonie de clôture, comme ici Charlie Hebdo.
Puisque nous parlons de jeux olympiques -mais aussi d'art-, j'aimerais finir ce billet avec deux points présents dans la chartre des Jeux Olympiques :
"L’Olympisme est une philosophie de vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit. Alliant le sport à la culture et à l’éducation, l’Olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, la valeur éducative du bon exemple, la responsabilité sociale et le respect des droits humains reconnus au plan international et des principes éthiques fondamentaux universels dans le cadre des attributions du Mouvement olympique.
Le but de l’Olympisme est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine."
DANS UN PROCHAIN EPISODE
Nous tenterons d'atteindre le dernier niveau du Musée d'Orsay, autrement nommé le niveau 5.
Vite : il fait beau !!!!
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Aaaaaaah, voilà ! Il fait beau ! On a l'beau temps ! On va pas tarder à se plaindre qu'il fait trop chaud et qu'il n'y a plus d'eau, mais en attendant : il fait beau.
J'espère que ça va durer malgré les chants catastrophiques de l'excentrique Ariel Dombasle il y a quelques jours pour je-ne-sais-quel évènement en rapport avec les jeux Olympiques de Paris.
D'ailleurs, d'où vient cette idée reçue : "Tu chantes faux, il va pleuvoir" ?
Eh bien, en fait, cela proviendrait du fait que quand les oiseaux se mettent à chanter, c'est qu'il va pleuvoir.
On retrouve cette idée dans quelques expressions, telles que "Quand le coq chante à la veillée, il a déjà la queue mouillée", ou "Merle sifflant, annonce le mauvais temps", ou "Le canard qui crie, c'st de la pluie".
Pourtant, je trouve agréable d'écouter le chant des oiseaux ; loin pour moi l'idée qu'ils chantent-sifflent faux.
Par contre, je n'ai pas trouvé d'explication à la phrase "Chanter comme une casserole". Mais je comprends l'expression "Tu me casses les oreilles".
BREF !
On n'a pas fini de nous faire chier avec ces J.O. ; que ce soit avec leurs baignades à la con dans la Seine ou avec la "suprématie prestigieuse française" quant à organiser un évènement planétaire sur ses terres.
C'est incroyable tout ce pognon investi pour assainir ce fleuve par lequel sont évacués les égouts et tout ce que cela comporte. Des gens n'arrivent pas à se loger et le seul objectif politique est de se baigner dans cette eau pourrie... Le prestige français.
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De mon côté, je me prépare avec des épreuves créées sur mesure, comme...
BREF : il fait beau.
Comme cela fait longtemps que je ne suis pas parti dans les montagnes, je fais un petit échauffement des cuisses et des mollets en me rendant sur la poétique île de la Glère (oui, je sais, le nom est pas très lyrique) à Sauveterre-de-Béarn.
Quelques photos ?
Fastoche.
Voilà !
C'est une balade sympathique le long du gave d'Oloron sur un petit sentier faisant le tour de l'île sur laquelle sont parsemés quelques petits poèmes, rédigés sur des ardoises ici et là.
Comme cela ne dure qu'une demi heure, j'ai poursuivi jusqu'à la rive d'en face pour monter sur les remparts et atteindre le pont de la Légende...
Puis je passe sous les arcades pour me retrouver dans une forêt dense et sauvage...
...pour, finalement, découvrir un petit bar à part.
Ben mince alors ! Je ne peux pas faire dix minutes de marche tranquille sans tomber sur un bar ?!
Il n'y avait plus qu'une chose à faire : partir en montagnes, loin de la civilisation.
C'est décidé : je vais aller randonner jusqu'au lac d'Estaens, dans la vallée d'Aspe, côté espagnol.
Alors, bon, c'est vrai : ce n'est pas la première fois que je me rends à ce merveilleux lac de montagne pyrénéen.
Mais, pour reprendre la marche en montagne, j'ai préféré assurer en me lançant sur une randonnée tranquille et connue.
En effet, pour rejoindre le beau lac d'Estaens, il ne faut marche que une heure-une heure et quart avec un dénivelé de 500 mètres environ. Tranquille quoi !
Après quelques kilomètres en voiture qui m'ont fait grimper presque jusqu'au sommet du col du Somport, j'arrive au point de départ de la randonnée du jour qui se trouve être le parking de Sansanet. Nous sommes ici à 1327 mètres d'altitude et nous allons grimper jusqu'au lac d'Estaens qui se trouve à 1754 mètres d'altitude après quelques cinq kilomètres de marche.
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ALLEZ
C'EST PARTI
pour
LE LAC D'ESTAENS !
Je quitte le parking par le sentier bien balisé qui descend vers le gave d'Aspe que je traverse grâce à une passerelle métallique devant laquelle il est rappelé que nous entrons dans un parc national protégé et que, malheureusement, les siensiens ne sont pas acceptés.
Une fois le gave bien fourni passé, je prend sur ma droite en quittant la piste forestière pour rejoindre un autre pont en bois cette fois-ci. J'entame ensuite une belle montée dans la forêt bien verte sur un sentier avec des virages en épingle.
Quelques minutes plus tard, je quitte le petit sentier pour retrouver la piste. C'est là que je croise les copines.
Elles me regardent, je les regarde. On ne s'est pas vraiment compris. Elles font marche arrière et repartent dans l'autre sens. Heureusement, leurs propriétaires-bergers sont juste derrière pour les remettre dans le droit chemin afin qu'elles prennent la direction des estives. Je me range. Elles passent.
J'ai quitté la forêt. Plein soleil. Un petit regard sur la cabane d'Escouret où il est possible d'acheter du fromage.
On peut faire une boucle pour atteindre le lac en passant par cette cabane pour rejoindre le parking d'Espélunguère, puis le pas de l'échelle. Cela représente environ 3h30 de marche.
Pas aujourd'hui. Je vais continuer par le chemin le plus rapide.
Je prends à gauche pour continuer à grimper sooooooouuuuuussss le soleiiiiiiiil.
Je croise quelques belles fleurs colorées et des myrtilliers qui n'ont pas encore donné leurs fruits.
Je re-rentre dans la forêt. je ressors de la forêt pour arriver à un magnifique panorama bien dégagé sur le pas d'Aspe.
J'ai passé la borne frontière marquant le passage de la France à l'Espagne. On peut apercevoir le GR11 (Senda Pirenaica), sentier espagnole qui traverse les Pyrénées ; l'égale du GR10 français.
Le GR11, c'set 820 kilomètres de chemins dans les montagnes, d'Irun à Cadaquès.
Ici, il fait une petite incartade en France où il longe la frontière, passe sous le Pas d'Aspe, traverse des éboulis raides, puis le plateau de Causiat pour revenir en Espagne par la station de Candanchu.
A partir de là, plus de forêt ! Plus d'ombre !
Un vautour "m'accompagne" en tournoyant au-dessus de ma tête.
J'entends parfois le sifflement de l'air sur ses ailes quand il descend un peu plus bas.
Malgré cette présence quelque peu intrigante, la montée se fait tranquillement dans un premier temps jusqu'à passer un petit mamelon derrière lequel coule un petit ruisseau aux couleurs contrastées par la terre et la flore.
Passé ce petit cours d'eau, je vois au loin le sentier ocre que je vais devoir emprunter. Il traverse de beaux pâturages aux herbes grasses, parsemés de touches colorées par des centaines de fleurs.
Mes pas sont accompagnés par la douce mélodie des sauterelles ou des grillons frottant leurs ailes sans que je puisse les voir. C'est reposant. C'est chouette.
Un peu plus haut, le sentier se perd dans la roche le temps de passer une petite butte. Une fois cette petite colline passée, il ne reste plus qu'à marcher tranquillement quelques mètres en suivant une sente sur un faux plat herbeux, cerné par les montagnes.
Et puis, et puis, au bout de cette sente, voici qu'apparait le bleu intense du lac d'Estaens.
Je me rapproche des rives.
Encore plus près...
Aaaaahrgh : trop près.
Je m'éloigne en faisant un peu le tour. Je retrouve les copines de tout à l'heure, bien posées.
Je décide d'en faire autant puisque, n'est-ce pas, c'est l'heure de l'apéro !
On n'est pas bien là. Le ciel bleu, les vache set leurs tintements de cloches, l'herbe grasse sur laquelle sont venues se poser quelques touches de couleurs florales.
Ah ben oui : j'ai mis mon plus beau T-Shirt pour l'occasion.
Je me pose donc un peu dans l'herbe pour faire le point sur ce lieu magnifique.
Le lac d'Estaens - ibon de Estanès- se trouve en Espagne, non loin de la frontière franco-espagnole, puisque ses eaux qui alimentent la centrale électrique française d'Estaens, située non loin du parking d'Espèlunguère -autre point de départ de la randonnée.
Le lac fut surélevé entre 1912 et 1923 afin de permettre à ses eaux d'alimenter la centrale électrique qui, initialement, devait approvisionner la ligne de chemin de fer Canfranc-Oloron.
Suite au déraillement spectaculaire d'un train de marchandise le 27 mars 1970 non loin de Bedous qui détruisit un pont enjambant le gave d'Aspe, le projet de ligne ferroviaire reliant Pau à Canfranc fut abandonné.
Nous sommes ici à 1754 mètres d'altitude. La superficie du lac est de 29 hectares. Sa profondeur maximale est de 15 mètres.
Le lac a sa légende. En effet, on raconte qu'un soir de la Saint-Jean, un pèlerin de Saint-Jacques, égaré et affamé, s'arrêta demander l'hospitalité aux bergers qui gardaient leurs troupeaux. ceux-ci auraient enfreint les règles sacré de l'hospitalité et il fut renvoyé.
Le lendemain, en lieu et place des pâturages et des cabanes se trouvait un lac...
Après cette petite collation, je reprends ma promenade autour du lac afin d'en apprécier les différents points de vue et la géologie variée qui donne de magnifiques contrastes colorées au lieu.
Intrigant mélange de rouge, de bleu et de vert.
Bon, on ne va pas refaire toute l'histoire des Pyrénées, mais j'aime bien savoir pourquoi. Tu sais, un peu comme au début de ce billet où je me demandais pourquoi on disait "Arrête de chanter, il va pleuvoir". Ou encore autre questionnement : Pourquoi dit-on 'merde' à quelqu'un pour lui souhaiter 'bonne chance' ? Hein ? Hein ? Tu le sais ? Non ?
Eh bien, saches que cette "coutume" viendrait du monde du théâtre. A une époque, souhaiter "merde" à un acteur, c'était espérer pour lui que de nombreux fiacres viennent devant le théâtre déposer les spectateurs.
Et qui dit fiacres, dit chevaux. Et qui dit chevaux, dit crottes, caca, merdes.
En clair, plus il y avait de cacas devant le théâtre, plus la pièce qui était jouée avait du succès puisqu'il y a avait beaucoup de spectateurs.
Maintenant, est-ce que cette "coutume" a un rapport avec cette autre idée que marcher dans la merde du pied gauche porte bonheur ?
REVENONS à NOTRE LAC
ET à SES COULEURS !
Les Pyrénées sont le résultat de la collision entre la plaque Européenne et la plaque Ibérique qui a débuté il y a environ 70 à 65 millions d'années et deux heures. Mais l'histoire des Pyrénées commence bien avant puisque des traces de la chaine pyrénéenne ont été observées et étudiées comme trouvant leurs origines il y a 350 millions d'années et trois semaines. C'est la chaine Hercynienne.
Voilà. Bon... Accélérons un peu pour tenter de comprendre pourquoi une telle roche rouge ici.
Eh bien, cette rencontre de plaques a donné naissance à deux grands types de roches : Hercynienne et Pyrénéenne. Nous avons ainsi un mélange de calcaires et de grès du Crétacé (90-65 millions d'années), des conglomérats de schistes du permien (295-245 millions d'années) et des calcaires et schistes du Carbonifère (360-300 millions d'années).
"Les roches du Permien sont très faciles à reconnaitre car elles ont une couleur rouge violacée. Cette couleur est due au fait que les roches Permiennes contiennent du fer, et que lors de leur formation, il a été oxydé. Le fer est ainsi rouillé dans ces roches.
Les roches du Permien sont des sédiments dits 'détritiques', il s'agit des débris du démantèlement de la chaîne Hercynienne qui se sont accumulés dans des torrents, rivières et lacs continentaux et ce sous un climat similaire à celui de la Mauritanie actuelle. Les plis observés dans le Permien se sont formés durant la formation des Pyrénées actuelles du fait de forces de compression.
Autour du lac d'Estaens, les calcaires Carbonifères ont un modelé dit 'moutonné'. ce modèle est lié au passage du glacier qui existait ici il y a 20 000 ans. Le lac d'Estaens est un lac glaciaire."GEOVAL
Pour plus d'explications sur la géologie du lieu : GEOVAL.
Je continue mon petit tour de lac en prenant de l'altitude pour avoir d'autres points de vue panoramiques.
Tiens, mais qu'est-ce que c'est que ces taches blanches au milieu des herbes et des fleurs ?
Rapprochons-nous,
mais avec prudence...
Mais qu'est-ce don' que cette diablerie ????
Eh bien, c'est un champignon. Enorme, certes, mais champignon quand même !
Cela me fait penser au film "L'invasion des profanateurs" (1978) de Philip Kaufman.
L'HISTOIRE
Fonctionnaires au service d'hygiène de San Francisco, Mathew et Elizabeth découvrent avec horreur que les habitants de la ville sont progressivement clonés par une espèce végétale venue de l'espace.
Tu as aussi la version originale de Don Siegel, "L'invasion des profanateurs de sépultures", réalisée en 1955 avec Steve McQueen. Ou encore plus récente, celle du déganté Abel Ferrara, "Body snatchers" en 1993.
Ces champignons sont-ils comestibles ?
Je ne sais pas et je ne vais pas tenter le coup.
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Je poursuis mon petit périple en atteignant un des petits sommets de colline jouxtant le lac. De là, j'ai une belle vue sur la montagne d'en face : le pic de Gabedaille