Les lacs de Gréziolles, partie 2

28 avril 2011

Dans l'épisode précédent, nous avions vu comment se rendre dans le petit village de Barèges, situé à 1250 mètres d'altitude, au coeur des Pyrénées.
De prime abord, il ne semblait y avoir aucun rapport avec les lacs de Gréziolles, qui étaient pourtant l'objectif initial.
Quand soudain, pourtant, que ne voilà-t-il pas...

Il ne devait pas être bien loin de 7h42 - et on s'en fout un peu en même temps- lorsque je décidais de sauter d'un des trois lits de cette chambre n°12 de l'hôtel Central où j'avais dormi.
Je pisse un bol. Je prends une douche rapide. Je m'habille. Je te bouscule. Tu n'te réveille pas, comme d'habituuuuuuuddddeeeeee...
Ah non, merde, je confonds.
Je me lave les dents. Je ne me coiffe surtout pas. Je gaule tous les savons, shampoings, lingettes mis à disposition gratuitement. Je prends mon sac. Je m'en vais rejoindre l'accueil de l'hôtel Central afin de régler la lourde et me barrer vers d'autres cieux plus animés.
Oui, oui, oui, j'avais rendez-vous avec les lacs de Gréziolles et le temps était compté. Je ne sais pas trop pourquoi, mais je le sentais dans mes tripes. C'est comme ça ! Qu'est-ce que tu veux que je te dise ! Y'a des trucs des fois, en voyage, TAC, c'est dans tes tripes !

Mes tripes sur un parquet flottant

Je ne savais pas ce qui m'y attendait !
Je savais à peine où se trouvait ce foutu lieu, apparemment empli de caractéristiques bien naturelles.
Quant à la route à prendre pour rejoindre le site... Prrrrrtttt !!!

Il était apparemment possible de passer par le mythique Col du Tourmalet ; col qui avait vu passer sa première course cycliste le 18 août 1902, baptisée "Concours de bicyclette de tourisme". Aaaah oui, ça nous rajeunit pas tout ça, tiens !
Mais, en ce jour d'avril 2011 (soit 109 ans plus tard), il n'était apparemment pas question que le sommet de ce col voit passer la Clio de Jénorme puisque la route était fermée !

Juste le temps de faire une photo quelconque du lieu où il fallait faire demi-tour...

Et je redescendais dans la vallée qui, je crois, ne porte aucun nom !

Retour à Barèges !

Puis retour à Luz-Saint-Sauveur,
où Napoléon III avait eu la bonne idée en 1861
de relier les deux restaurants jusque là séparés par le gave de Pau.

Puis re-Saligos !
Qui me fait toujours penser à Louis de Funès !

Puis re-Lourdes,
où, ce matin, il y avait concours de cierges !

Et pourquoi ne pas emprunter la magnifique D937,
     longeant des champs de verdure
           sur lesquels domine la chaîne
             du Pic du Midi de Bigorre
               et atteindre le village de...

Puis Bagnères-de-Bigorre
avec son Carrefour Market

et sa mystérieuse tour des Jacobins...

Puis Campan -comme Bernard Campan, l'ex-Inconnu, qui jouait également dans ce magnifique film de Zabou Breitman, "Se souvenir des belles choses" que je n'ai jamais vu.
Campan, c'est aussi cette boulangère tatouée et ce bar-presse-tabac tenu par une femme qui tricote un pull bleu-clair au-dessus d'un cadre dans lequel est apposé fièrement Le Prix du commerce le plus accueillant 1976.
Un café-perco bien raide, une lecture rapide du journal local où j'apprends que...

Et puis, je prends la direction du Tourmalet... mais par la face Est et, après quelques kilomètres de montée, voici le lieu indiqué pour rejoindre ensuite à pied les lacs de Gréziolles : "A 1420 mètres, derrière la plate-forme du bâtiment EDF..."
Bref : pour faire les 10 km qui séparaient Barèges du lieu où je me trouve à présent, j'ai du faire 70 km. C'est aussi cela la magie de la montagne !

Et une fois que ça c'est fait, que dire de plus ? Que faire ? Est-ce bien là ? Et ces odeurs de nature, ça vient d'où ? La vache, ça a l'air haut, non ? Putain, j'ai oublié le vin, non ?
Bref, une fois toutes ces interrogations de randonneur sortant de sa bagnole posées, il ne reste plus qu'à chausser le sac à dos, rempli de quatre litres d'eau, quelques douzaines de barres céréales aux multiples goûts, quelques fines tranches de jambon cellophanées, une terrine de je-sais-pas-où faite à base de cochons bulgares et des bananes !

Je quitte le goudron du bitume de la route du Tourmalet... Mythique, hein, rappelons-le !
Tout le monde a en mémoire d'ailleurs cette anecdote sur Eugène Christophe qui, lors du Tour de France 1913, cassa sa fourche au début de la descente ; puis marcha 14 km pour rejoindre Sainte-Marie-de-Campan où il effectua lui-même sa réparation dans la forge d'Alexandre Torné.
Et là, on se pose tous la question : qu'est devenue la forge d'Alexandre Torné ? Hein ? Hein ? Une auberge ? Un magasin où l'on conçoit des vélos sans fourche ? Une crêperie bretonne ? Un bar à eaux florales ? Hein ? Hein ? Hein ?
Eh bien, j'en sais rien !

Allez : on monte !

Et déjà, après une montée abrupte d'un dénivelée d'au moins 2300 mètres, une première vue digne d'une photographie apparaissait devant mon appareil...

GR10C et pic du Midi de Bigorre

Énorme pic de gneiss, situé sur le point le plus avancé du principal contrefort des Pyrénées centrales dont il constitue le sommet, le pic du Midi de Bigorre n'arborre pas si fièrement que ça un sommet à 2872 mètres d'altitude ; là même où depuis 1880, un observatoire astronomique fixe imperturbablement les étoiles.
Tu peux même y passer la nuit si tu veux ; le tout pour la modique somme de 229 euros.
Au programme : apéritif (blanc-cassis et bretzel suivant la saison), coucher de soleil (s'il fait beau ; sinon c'est coucher de nuages), dîner traditionnel (avec des aliments que l'on ne trouve qu'au sommet du pic), découverte des étoiles, nuit dans la chambre d'un chercheur... C'est à dire que tu dors dans son pieu pendant que lui cherche un moyen pour descendre de la montagne sans passer par le téléphérique.
C'est également sur ce pic que sont nées les premières prévisions météorologiques en 1873 avec le général Nansouty et le géographe Vaussenat. A l'époque, c'est l'omptimisme qui régnait. Alors qu'aujourd'hui...

Par temps clair, tu sauras que les lumières du phare de Biarritz, situé à 150 km, ou encore la Montagne Noire, dans le Massif Central (320 km), sont également visibles.

Mais bon, on s'en fout un peu puisque, comme tu peux le voir sur la photo ci-haut, nous n'allons pas du tout, mais alors pas du tout, y aller ! On va carrément à l'opposé même ! Alors t'as qu'à voir !

Non, non, non ! Une fois cette première rude montée passée, j'arrive au lieu mentionné sur les cartes comme étant le plateau du Pla de Garet, traversé par un charmant ruisseau de montagne. Frais et apaisant.

Bon alors, bien sûr, certains diront : " - Putain, mais ça fait un boucan de tous les diables lààààà !
Et je te répondrai : " - Commence déjà par fermer un peu ta grande gueule et après tu verras comme tout devient calme !"

LE PLA DE GARET
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C'est aussi ceci !

Le torrent en photo

La cabane de Barassé au-dessusde laquelle passe des fils électriques

Et puis aussi, ce lieu incroyable, original, unique, sidérant, bouleversant
et improbable (qui est le mot le plus prononcé en ce moment avec l'expression "En fait")
Oui, une vraie curiosité !
.

Allez continuons !
Le guide me dit qu'il faut se préparer à traverser une passerelle en ciment avant d'attaquer une montée en lacets sur les Passets. Je ne sais pas trop ce qu'il entend par là, mais à un moment donné, je ne vois plus de bandes rouges et blanches indiquant normalement que je suis sur le bon chemin...

Dernière vision d'un indice de chemin de randonnée

Les premières neiges apparaissent. Je n'ai pas l'équipement. L'air se fait plus rare... Pur, hein ! Mais rare ! Des oiseaux tournent au-dessus de ma tête. Pas une présence humaine ! Pas de réseau pour laisser un message sur Facebook ! Et Twitter, bordel !
Cela fait plus de trois heures que je marche et je n'ai encore pas vu la queue d'un lac de Gréziolles.
Que faire ?

DANS NOTRE PROCHAIN EPISODE

Que faire ?