C'EST LES VACANCES ! Aujourd'hui : un peu de lecture glauque

"Vive les vacances, les souris dansent, et ça balance, et ça romance. Vive les vacances, c'est notre enfance, l'adolescence, la renaissance.", chantait un Gérard Lenorman appremment déjà en panne d'inspiration, en 1983. Mais est-ce que les vacances, ce ne sont que des souris qui dansent, ou que de la romance, ou que de la balance ? Hein ?
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Oui, c'est... ce sont... je sais jamais... BREF : les vacances ! Mais pas pour tout le monde. Aaaaaah que non !
L'été 2013 semble être bien parti pour être l'un des étés les plus pourris du monde.
Souvenons-nous de cette météo de merde qui nous a détruit le printemps et nous amènera à bouffer des fruits dégueulasses tous les mois de juillet et août.
Remarquons que le gouvernement a attendu le premier jour du mois de juillet pour procéder à une série d'augmentations en tout genre : augmentation des prix du gaz, de l'électricité, du tabac, de la bière, du timbre postal, du prix du billet SNCF, des charges sociales,...

Toutefois cependant quand même, il ne faut pas sombrer dans la dépression déprimante ! Oh que non !!!!
Et ceux qui resteront chez eux pourront tout de même avoir une pensée pour ceux qui partent, comme nous le rappelle si amicalement Le Gorafi...

Les vacances, ce moment rêvé pour oublier
que nous allons tous mourir

Comme beaucoup d’entre vous, j’aime partir en vacances. J’avoue avoir une préférence pour l’hiver où je peux à loisir fuir les rigueurs climatiques de nos dures latitudes. Mais l’été est plaisant néanmoins. Et dans ces moments de vacances, d’oisiveté, où le corps et l’esprit sont enfin totalement relâchés dans un commun mouvement, il m’arrive parfois, quelques secondes, d’oublier que nous ne sommes, au fond, que des sacs de sang ambulants, mus par d’étranges pulsions multimillénaires sur un bout de terre et de roches, propulsées à travers l’immensité et la solitude froide du cosmos inhospitalier. Et que nous allons tous mourir.

En s’abandonnant sur sa serviette sur le bord d’une plage, d’une piscine, ou dans un hamac, on oublie que nous filons tous vers une issue fatale, certaine et clinique. Aucun d’entre nous hélas ne sortira vivant de cette aventure que nous avons tous en commun et qui s’appelle la Vie. Mais qu’importe. En attendant, nous sommes en bord de mer à jouer avec des proches qui eux aussi vont mourir, tout comme votre voisin de tablée lors de la prochaine soirée de karaoké ce soir où il va s’humilier, comme d’habitude. Et quand il essaiera de chanter et que sa famille, peut-être navrée, assistera à ce spectacle dépravé, rappelez-vous quelques secondes de l’issue fatale qui l’attend lui aussi. Puis, pensez que cela vous concerne tout autant.
Le bleu de la mer, le soleil qui vient nous réchauffer lorsqu’on nous sert l’apéritif, les après-midis passés en randonnées, les voyages en longs-courriers, les instants de rires avec les amis, les jeux de plages. Nous usons de tant de stratagèmes coûteux pour tenter d’oublier notre invariable mortalité, ne serait-ce que quelques minutes.
Parfois, je me dis heureux celui qui ne part pas en vacances. Car il a choisi de ne pas oublier, il a choisi avec dignité d’affronter un destin immuable. Il tient tête à Cerbère, attablé à son bureau en cette chaude après-midi de juillet, affrontant son travail du quotidien, pendant que ses semblables écervelés, dans une volonté naïve de tromper le cours de leurs existences, dépensent et gaspillent leur argent dans des divertissements qui ne trompent personne. Parfois, quand je me retourne dans mon hamac au creux de la nuit sur ma plage privée de Copacabana, j’envie cet homme qui regarde la mort dans les yeux.

Jean-François Buissière
LE GORAFI

Très bel édito de ce journal diffusant encore et toujours les infos les plus nécessaires afin de voir le monde différemment car y'en a marre  OUAIS  y'en a marre des gens qui pensent comme tout le monde !

Dessin : Mix et Remix

Petite anecdote
Dans la Nièvre, mon département natal, j'ai souvent remarqué que les gens (ma famille, des amis et autres) ne s'abonnaient au "Journal du Centre" (le journal officiel de la Nièvre) que pour être sûrs de pouvoir consulter chaque jour la page des décès. Mon grand-père le faisait, ma grand-mère le fait.
A Château-Chinon, ville où, rappelons-le, François Mitterrand fut maire pendant plus de 22 ans, le facteur passe vers les 9 heures du matin. Bruit de moteur de voiture... il ne se déplace même plus à vélo ce fainéant, tiens ; et après cela, ils veulent encore augmenter le prix des timbres... mais pourquoi ? Hein ? Pourquoi ? Pour livrer le courrier en porche décapotable ?!!!!! Ah non, mais c'est pas possible ça !!!! C'est pas comme ça que cela nous donnera envie de poster quelques-unes de ces magnifiques cartes postales de vacances...

 

BREF : qu'est-ce que je disais là ?! Tu m'fais marrer, mais tu me disperces avec tes conneries de facteur, courrier, timbre et cartes postales ?!
Oui, donc, à Château-Chinon, le facteur passe tous les jours (sauf le dimanche) vers 9 heures du matin.
Quand je suis chez ma grand-mère, Mamie Nine, c'est généralement l'heure à laquelle je déjeune dans la cuisine parce que, moi, même en vacances, Madame, Mademoiselle, Monsieur, eh ben je me lève tôt ! Eeeeh oui !!!
Je suis dans la cuisine. Le facteur passe. Bruit de moteur de voiture. Mamie Nine cesse alors toute activité en cours pour se précipiter sur sa boite aux lettres. Un p'tit "Bonjour !" au facteur qui est déjà parti ; puis elle revient avec le fameux "Journal du Centre".
Elle l'étale alors de tout son long de journal sur la table où je déjeune et, très concentrée, lance un grand "Bon, qui c'est qu'est mort ?". Elle humidifie son index ; puis se met à tourner rapidement les pages jusqu'à LA page fatidique ; tout ceci dans un grand fracas de papier froissé.
"Ah !", dit-elle. Cette exclamation soudaine soutient le fait qu'elle a atteint la page en question. Elle la parcourt du regard très rapidement, de haut en bas, de droite à gauche. Après cette opération quotidienne, deux réactions : soit elle referme le quotidien en disant "Boh, rien d'intéressant aujourd'hui !" ; soit elle va reconnaître quelqu'un et dire "Aaaaah, tiens...".
A chaque fois que j'assiste à cette scène matinale, je repense aux "Vieux de la vieille" (1960) de Gilles Grangier avec cette phrase de Jean Gabin...

"On ira dire au revoir à nos vieux copains : l'Emile, l'Antoine et pis l'Thomas Lapoil !
Acré bon dieu, c'cimetière là, c'est nos 20 ans quoi !"

Etonnant Journal du Centre ! Pourtant, il y a bien d'autres actualités dans ce riche canard... je n'ai jamais compris pourquoi on appelait un journal un canard, mais bon... On peut y trouver des actualités régionales, allant de l'inauguration d'une pissotière à la mairie de Chitry-les-Mines à une photo de Jeannot qui a sorti de la Loire une silure de 540 kg...

Sport, loisirs, patrimoine, faits divers, culture, anecdotes, initiatives locales,... Il y a plein de choses variées, amusantes et déprimantes, dans ce journal. Mais les lecteurs ne veulent voir que les avis de décès. Et mamie Nine n'est pas la seule à se livrer à cette pratique. Mes parents le font aussi, ainsi que d'autres personnes que j'ai vu faire de mes yeux vus, mais oui !!!!

Alors, face à cet engouement pour les décès, il n'en fallait pas plus pour me donner des idées.

L'IDéE GLAUQUE DE L'éTé
(parce que l'été, c'est pas toujours la fête non plus !)

C'est ainsi qu'en compagnie de Nanie,
que je salue bien haut,
nous avons eu l'idée de sortir
un nouveau quotidien pour cet été.

Son nom ? France-Décès, dont voici en exclusivité l'accroche-page.

Oui, c'est vrai : vu comme ça, cela peut paraitre un peu glauque. Mais tu vas voir très vite que les sujets dont traite France Décès sont finalement les sujets qui  interessent le plus les gens et qui font le maximum d'audience.
Ce quotidien parlera de tout ce qui tourne autour de la mort. Une grande partie du journal sera consacrée au décès locaux, départementaux, régionaux et nationaux. Un grand jeu pourrait même être créé spécialement pour l'été dans lequel nous donnerons seulement un numéro de téléphone ou l'adresse d'une personne décédée la veille et dont il faudra retrouver l'identité. De très beaux lots à gagner, comme un an de fleurissement gratuit de la tombe d'un des vos proches, ou encore des voyages étonnants, comme la traversée de la Creuse en corbillard ou encore un stage de taxidermiste dans le Loir-et-Cher.
Mais France-Décès, ce ne sera pas que ça !
Bien sûr, les lecteurs pourront également retrouver leurs rubriques inutiles et préférées, comme la météo qui se plantera souvent et n'hésitera pas à prédire les pires catastrophes naturelles et écologiques, sans oublier de mentionner le nombre de morts effectifs et à venir, rien que pour combler le lecteur avide de mauvaises nouvelles.
Les faits divers, politiques, économiques et culturels ne seront pas oubliés à partir du moment où ils ne traiteront que de la mort. Citons, par exemple, les serials-killer, les attentats, les gens normaux devenus subitement dément et qui se mettent à tuer tout le monde, les virus, les épidémies avec une grande mappemonde situant géographiquement les lieux stratégiques. Bien sûr, les catastrophes ferroviaires et aériennes ne seront pas en reste ! En prime, cet été, un grand dossier sur les départs en vacances par la route avec des courbes, des schémas, des couleurs, des camemberts, des pourcentages, des chiffres... mais surtout des photos des nombreux accidents auxquels vous échapperez, ou pas.
Autres impératifs journaleux, France-Décès vous fournira également ces autres rubriques inutiles que le lecteur affectionne tant, comme les programmes télé avec une attention toute particulière portée aux émissions ("Les grandes histoires criminelles", "Le danger islamique" et la rétrospective de toutes les "Enquêtes exclusives" de Bernard de La Villardière) et films glauques (Salo, Irréversible et une rétrospective complète des films de Michael Haneke).
Il y aura aussi les résultats du loto qui vous confirmeront que vous n'avez rien gagné et que vous serez encore obligé de croupir dans votre misère pendant un petit bout de temps. Bien sûr, l'horoscope sera de la partie, co-rédigé en partenariat avec Le Gorafi...

BELIER : Vous avez la forme, mais ça ne va pas durer.
TAUREAU : Vous avez besoin de voyager. Dommage que vous ne puissiez vous payer qu'un ticket de bus municipal.
GEMEAUX : Arrêtez de croire que vous allez de l'avant.
LION : L'amour sur la plage vous en rêvez. La solitude dans la pollution vous avez.
CANCER : Vous ressemblez de plus en plus à un sanglier.
VIERGE : Boire pour oublier a un prix. Vous vous en apercevrez ce week-end.
BALANCE : Pleurer vous fait-il du bien ? On ne le sait pas, mais vous le faites quand même tous les matins.
SCORPION : Journée en dents de scie. cela devrait commencer par un tendre geste de votre partenaire pour ensuite déraper avec le décès brutal de celui-ci...
SAGITTAIRE : Vous publiez un lien sur votre mur Facebook en pensant que cela fera le buzz. Raté !
CAPRICORNE : Oh chouette ! Aujourd'hui de l'herpès !
VERSEAU : Vous supporter vous-même, voici le défi que nous vous proposons pour ce week-end.
POISSON : Ne prenez pas la voiture aujourd'hui sauf si vous voulez mourir.

Et pour finir, n'oublions pas non plus notre grand feuilleton de l'été avec ce suspense incroyable sur les chances de survie de Nelson Mandela. Cette grande saga qui, on l'espère, nous tiendra jusqu'à la fin août, s'appelera :

En attendant, peut être qu'un autre grand jeu sera organisé pour deviner qui sera le prochain mort célèbre, mais en plus corsé. Il faudra trouver le nom, le lieu du décès et l'activité de celui-ci au moment des faits.
Pour ceux qui avaient prédit le décès d'André Verchuren en train de manger une pizza dans un restaurant de Chantilly, c'est le super banco !
Hommage au roi du piano à bretelles qui nous a quitté à l'âge de 91 ans après avoir été résistant et après avoir survécu au camps de la mort (Dachau) durant treize mois (juin 1944 - août 1945)...

ANDRE VERCHUREN

"Issu d'une famille originaire de Belgique, le jeune André commence l'accordéon à quatre ans et suit les cours de son père, Raymond Verschueren, musicien professionnel. Il touche son premier cachet à six ans en animant un bal, accompagné de sa mère à la batterie et dispense des cours dans l'école d'accordéon de son père. Il est embauché dans une usine de trèflerie, devient garçon de café, jardinier. En 1936, à seize ans, il reçoit la coupe du monde d'accordéon des mains du roi Léopold III de Belgique en jouant l'ouverture des Saltimbanques debout, contre les codes de l'époque.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, André Verchuren entre dans la Résistance en aidant les parachutistes alliés à se cacher. En juin 1944, il est dénoncé, arrêté par la Gestapo, torturé et envoyé au camp de Dachau dans le « train de la mort », convoi n.7909, le 2 juillet 1944. Il en ressortira 13 mois plus tard, en août 1945. Durant sa détention à Dachau, il sera notamment affecté au terrible Sonderkommando, c'est-à-dire au personnel chargé des fours crématoires. Le 14 juillet 1944, il provoque les SS en faisant, au péril de sa vie, chanter La Marseillaise à tous ses camarades détenus du block. À la sortie des camps, il lui faut plusieurs années pour que ses doigts retrouvent leur agilité.
À partir de 1950, Verchuren voit sa carrière décoller suite à sa participation à la populaire émission de Radio Luxembourg Swing contre musette. Sélectionné pour un match organisé sur la scène du Moulin-Rouge auquel assistent en direct 10 millions d'auditeurs, il emporte les suffrages. Il entre ensuite chez Decca, sa première maison de disques, avant d'intégrer la maison Festival. En 1956, il est le premier accordéoniste à se produire à l'Olympia à Paris pendant trois semaines. Le succès populaire est immédiat.
Parallèlement à ses émissions à la radio (17 ans sur RTL, puis 13 ans sur Europe 1), « Verchu » va à la rencontre de ses auditeurs. Il sillonne la France entière, donnant 150 galas par an. Il affirmait : « Les bals, la musique, la route : autant de drogues pour moi. » Il a inventé la formule du « bal-music-hall ».
À La Défense, il a joué lors du plus grand bal de France devant 125 000 spectateurs. Le 3 janvier 2007, il a fêté ses 80 ans de carrière lors d'un concert à l'Elispace de Beauvais.
Recordman du monde de vente de disques d'accordéon, avec plus de 70 millions d'albums vendus, André Verchuren a enregistré durant sa carrière, tous supports confondus, 777 albums. En 1992, il avoue avoir parcouru 7 millions de kilomètres en voiture, un million en avion. Il a participé à plus de 10 000 galas devant environ 40 millions de spectateurs.
Il meurt à l'âge de 92 ans d'un arrêt cardiaque alors qu'il dînait dans une pizzeria de Chantilly, le 10 juillet 2013."  WIKIPEDIA

Incroyable voyageur que fut cet André Verchuren, allant de gala en gala, distribuant de ci de là ces notes enjouées faisant danser des millions de personnes.
Route-rencontre-voyage !

La route... Oui, la route !
La route des vacances...

Voici les premières photos que j'ai faites en traversant le département de l'Indre...

...avant de rejoindre des contrées plus lointaines encore...

C'est ce que nous verrons dans un prochain billet !