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LE VOYAGE DE JéNORME
LE VOYAGE DE JéNORME
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30 janvier 2019

BILBAO, musée Guggenheim, De Giacometti à Picasso (Espagne)

Nous sommes en hiver et la météo ne se prête pas aux randonnées en montagne ou autres errances bucoliques le long des plages océaniques du pays basque ou d'ailleurs. Alors que faire, hein ? On va quand même pas rester là dans le canapé à regarder des programmes télé en boucle ou à bricoler des trucs que l'on redémontera en été ?! C'est vrai quoi, la vie est courte, on n'est pas là pour mettre des béquilles aux sauterelles !!!!
Quand soudain, ne voilà-t-il pas....


Ça, c'est bien dit ! On n'est pas là pour mettre des béquilles aux sauterelles. On aurait pu dire aussi : "On n'est pas là pour semer de la terre", expression souvent usitée dans la Nièvre.
Tiens, d'ailleurs, si nous faisions un point expression, un peu comme quand les infos font un point météo.
En parlant de météo, lorsqu'il pleut en faisant soleil, on dit que "le diable marie ses filles". Lorsque l'on s'angoisse et que l'on s'agite beaucoup, il est dit que l'on se comporte comme "une poule qui n'a qu'un poussin". Ou encore "être sur les tréteaux" se dit d'une personne décédée mise en cercueil en attendant la levée du corps.
Et c'est là où je voulais en venir... Ohlalalala : enchaînement attention !

La vie est trop courte pour...
la vie est courte

Eh oh, non, oh, pas de vulgarité !!!!

La vie est trop courte,
il faut en profiter.


C'est alors que je me suis dit : "Que pourrais-je bien faire pour en profiter de cette vie là, hein ?"

Plusieurs possibilités.
J'aurais pu passer ma journée à échanger des SMS avec Mélanie grâce à notre nouveau jeu : "Tape un mot sur ton smartphone et regarde ce que le moteur de recherche te propose comme autre mot".

Cela donne quelques phrases
ressemblant à peu près à ceci :
échange messages

Mais bon, passer toute la journée s'envoyer des SMS en étant l'un à côté de l'autre, à un m'ment donné, c'est un peu long quand même !


Du coup, je suis allé regarder un peu les infos sur Internet et j'ai appris qu'en Belgique, à Lennik, se trouvait le café élu meilleur endroit du monde où boire de la bière...

où boire une bière
Photo/article : LE SOIR

Bon, il est vrai que Lennik se situe à quelques 1077 kilomètres en voiture de là où je me trouve ; ce qui est quand même loin pour boire une bière. Oui, c'est vrai : j'aime bien faire de la voiture, regarder les paysages défiler, m'arrêter dans les petits villages pour boire un ballon de rouge au café du coin, me laisser porter par ce côté aléatoire de l'asphalte posé, plu sou moins rectiligne, etc. etc. Mais tout de même.
Si j'utilise la baignoire volante inventée par deux Allemands, peut être que j'irai plus vite et cela ne m'empêchera pas de découvrir de beaux paysages entre le Pays Basque et le Brabant Flamand, mais cette fois-ci, vus du ciel...

Bon, ça reste un peu sommaire. Je ne suis pas sûr que la baignoire tienne une telle distance.

Je suis donc revenu à des choses plus proches et plus terre à terre.
Pour en profiter de la vie, il y en a qui font du sport. Mais pas n'importe quel sport puisqu'ils courent. Mais ils ne courent pas n'importe comment puisqu'avec une application dont j'ai oubliée le nom, ils peuvent voir le trajet effectué sur une carte. Du coup, ils s'amusent à élaborer des parcours reproduisant des dessins, comme...

dick run claire           Faire du sport

Oui, oui, oui... mais non. Il fait froid, il pleut. Je n'ai pas envie de courir, même pour dessiner une girafe ou une machine à laver. Mais l'idée "artistique" m'interpelle.

 

Et si j'allais au musée ! Té !

 

Et plus précisément...

Et si j'allais au musée Guggenheim à Bilbao ! Té !

 

Ça, c'est possible. Ce n'est pas très loin, c'est intéressant, tout ça. Je vais quand même y aller en voiture, et non en baignoire volante ou en jogging.

C'EST PARTI !

 

De plus, le programme du musée est très intéressant en ce moment ; comme souvent d'ailleurs. En plus des expositions permanentes, deux expostions temporaires dominent la programmation : Alberto Giacometti, retrospective et De Van Gogh à Picasso, le legs Thannhauser.

Sous une pluie torrentielle, nous arrivons dans la capitale de la province de Biscaye... Oui, je dis cela pour éviter de répéter le nom Bilbao, mais je me rends compte que c'est très long et que ça va être vite pénible. On peut également l'appeler Bilbo ; c'est d'ailleurs le nom que préfèrent utiliser les Basques. À ne pas confondre avec Bimbo...

Ouah la vache, c'est violent.

DONC Bilbao, ou Bimbo... Bilbo, a connu une histoire tourmentée et agitée.
Fondée par Diego López V de Haro, seigneur de Biscaye, le 15 juin 1300, Bilbao ne compte que trois rues autour d'une église (à l'emplacement de l'actuelle cathédrale) entourées par une muraille et un port. Petit à petit, la ville s'aggrandit jusqu'à devenir la capitale de la Biscaye en 1602 ; ce qui ne nous rajeunit pas. On découvre des gisements de fer dans les collines alentours ce qui permet de diversifier les activités locales, prenant une importance prépondérante lors de la Révolution industrielle du XIXème siècle. Les industries métallurgiques et sidérurgiques se développent en même temps que la ville s'étire.
Au début du XXème siècle, Bilbao est l'une des villes les plus riches d'Espagne et de nombreuses grandes compagnies s'y établissent. Mais la guerre civile (du 17 juillet 1936 au 1er avril 1939) va mettre un frein à ce développement. Un camp de prisonniers pour les soldats de l’Armée populaire de la République espagnole est installé au couvent des Escolapios et plusieurs milliers de prisonniers y sont enfermés. Et puis... et puis la crise industrielle des années 1980 donne à Bilbao l'image d'une ville polluée et constituée de nombreuses friches industrielles, conséquences des difficultés des entreprises dont les activités étaient fondées sur la métallurgie et la sidérurgie.La crise économique ravage l'industrie basque espagnole. La ville décide alors d'entamer une renaissance en 1989 en lançant un vaste plan de revitalisation urbaine. Le projet phare de ce plan de revitalisation est la construction du musée Guggenheim.
En 1997, soit huit ans seulement après le lancement du programme, la métamorphose de la ville est perceptible, évidente.
Les façades de la cité "noire" sont rénovées. Les autorités veulent une qualité architecturale et font appel aux plus grands architectes mondiaux, comem Frank Gehry ou César Pelli. L'aéroport, le pont Santiago Calatrava, le Palacio Euskalduna, le tramway viennent embellir Bilbao. Les activités portuaires et industrielles, déplacées à dix kilomètres en aval, libèrent enfin les berges du centre-ville. Bilbao est ainsi devenue une ville touristique

VOILA !
Je suis venu ici à Bilbao, et plus précisément au musée Guggenheim, en 2010, en 2011 et en 2015.

En 2010,
il y avait l'exposition d'Anish Kapoor...


En 2015,

c'était Basquiat et Jeff Koons.
Jeff Koons et jénorme


Mais c'était surtout cette exposition
avec un siensien qui m'avait interpellé...


BREF : une visite que tu peux retrouver en cliquant sur ce lien : Bilbao, visite au musée Guggenheim.


DONC : aujourd'hui, en cet an de grâce 2019, ce sont les expositions temporaires consacrées à Alberto Giacometti et le legs des Thannhauser qui sont à l'honneur.
Toutefois cependant pourtant encore que et quand bien même, cela va être difficile de discuter de ces expositions puisqu'il est interdit de prendre des photos des oeuvres.
Alors comment parler sans montrer ? Oui, c'est vrai, bien sûr, c'est possible, plein de gens le font en écrivant de vrais livres. Mais moi, j'aime bien poster des photos. Je pourrais prendre des photos existantes sur le net, mais je ne crois pas en avoir le droit.

BON !

Reprenons depuis le début !
J'arrive à proximité du Musée Guggenheim que tu ne peux pas louper quand tu arrives de l'aéroport par la nationale 637. Un péage, un rond-point, un tunnel et puis passage sur le Pont de la Salve dominant l'étonnante architecture du musée.
Pour se garer, optons pour le parking souterrain ; cela évitera de tourner pendant des heures dans la ville pour trouver une place de laquelle, peut être, nous nous ferons déloger par une fourrière très entreprenante envers les touristes véhiculés. Une fois la voiture garée et protégée, il ne reste plus qu'à sortir du parking pour rejoindre les rues de Bilbo. Dès la sortie, je tombe au pied d'une imposante tour : la tour Iberdrola.

Bilbao, tour Iberdrola

Ce gratte-ciel de 165 mètres de haut a nécessité quatre ans de travaux, de 2007 à 2011. Il est l'oeuvre de l'architecte argentin spécialisé en architecture verticale, César Pelli à qui l'on doit également bon nombre d'autres édifices dans le monde, comme les Petronas Towers à Kuala Lumpur, le Wells Fargo Center à Minneapolis, la 777 Tower à Los Angeles, la Tour de cristal à Madrid, le Two International Finance Centre à Hong-Kong,...
La tour Iberdrola, c'est 41 étages parcourus par 22 ascenseurs pour accéder aux 50 000 m2, avec une forme de triangle isocèle et les côtés légèrement bombés. Elle n'héberge que des bureaux.
Au moment où je me trouve face à elle, le ciel hésite entre le bleu et le gris ; ce qui se reflète sur les nombreuses vitres.

Bilbao, tour Iberdrola, reflets ciel bleu (Espagne)

Vu la météo, je ne vais pas faire le tour de la ville.

Et le voilà, je le vois :
le musée Guggenheim.
Bilbao, musée Guggenheim

Un petit tour extérieur de l'édifice. Même si je le connais, c'est toujours fascinant de le retrouver et, peut être, de remarquer que des choses, des détails dans l'architecture, conçue par Frank Gehry, m'avait échappé lors de ma dernière venue.

Bilbao, musée Guggenheim (Espagne)

"La construction du Musée Guggenheim Bilbao se déroula entre octobre 1993 et octobre 1997. L'emplacement choisi, sur un méandre de la ria et au détour d'un ancien quai à usage portuaire et industriel, permit la récupération de la ria du Nervión pour la ville et sa réurbanisation pour la culture et les loisirs." MUSEE GUGGENHEIM BILBAO

L'architecte américano-canadien Frank Gehri a utilisé un logiciel ultramoderne, CATIA, pour concevoir le plus fidèlement possible son projet, tant sur le concept que pour la construction. Le revêtement extérieur mélange vitres, pierres calcaires et plaques de titane ; ce qui donne cet 'aspect poisson-écailles' à l'édifice.
"(...)Au début, Gehry étudia la possibilité de revêtir l’édifice du Musée Guggenheim de cuivre et de plomb –alliage interdit en raison de sa toxicité– et d’acier inoxydable, matière qu’il utilisa pour son précédent projet (Weisman Art Museum à Minneapolis). Cependant, Gehry remarqua que l’acier était très sombre dans la grisaille des jours de pluie, très fréquents à Bilbao, et que le taux d’humidité élevée pourrait le corroder.
C’est alors qu’il remarqua une plaque de titane laissée dans son bureau, métal dont la brillance dégage une chaleur semblable à celle de l’argent et qui se teinte d’or y compris quand le ciel est nuageux. Ces propriétés visuelles et son incroyable légèreté, sa malléabilité et sa résistance à la corrosion compensèrent l’unique inconvénient : son prix. Finalement, l’infime épaisseur des panneaux choisis permit de recourir au titane à un prix abordable.(...)"  DOSDE.COM

Quelques 33 000 fines plaques de titane retiennent ainsi l'attention, avec des couleurs variantes suivant la lumière du jour. Le musée est une oeuvre en lui-même. Un poisson ? Un bateau ? Peu importe. Il est clair qu'il se réfère au présent et au passé de Bilbo, proche de l'océan et en souvenir de son histoire sidérurgique, minière et métallurgique. Rien n'est du au hasard. Tout s'explique. C'est une première leçon artistique. On ne peut pas simplement voir un édifice ou une oeuvre sans en comprendre et en connaître l'Histoire et la conception en rapport à une époque et un lieu. Cependant, doit-on tout expliquer et analyser ? Est-ce que toute chose a une explication rationnelle ?

Bilbao, musée Guggenheim et Grand arbre et l'oeil

Je me dirige à présent vers l'entrée du musée, surveillée par l'imposant Puppy de 12 mètres de haut qui, tel Cerbère, semble rester stoïque face aux nombreux regards des curieux de passage. Cerbère ? Le gardien des Enfers ? Ici, Puppy n'a qu'une tête et son pelage est un parterre de fleurs en suspension.

Bilbao, musée Guggenheim, Puppy (Espagne)

Imaginé par Jeff Koons en 1992, Puppy est un chien West Highland Terrier modelé à la façon d'un jardin classique européen du XVIIIème siècle ; c'est à dire qu'une structure en acier inoxydable supporte un ensemble composé de terreau et de fleurs variées, irriguées par un système interne. Une fois par an, les fleurs de Puppy sont changées avec l'aide des écoliers de la ville.
Une fois passé Puppy, un long et large escalier de pierres calcaires descend vers les portes d'entrée en passant sous la grande affiche annonçant les expositions temporaires en place.

Bilbao, musée Guggenheim, entrée (Espagne)

Jusqu'au 24 février, la rétrospective Giacometti tiendra le second étage du musée ; alors que, jusqu'au 29 mars, c'est l'expostion composée par les legs de la famille Thannhauser qui captera l'attention du public dans quatre salles du troisième étage.
Comme tu peux le voir sur la photo ci-haut, le mouvement Gilets jaunes n'est pas tellement suivi en Espagne puisque l'on ne dénombre qu'un seul participant ; et apparemment, les chiffres de la police et des organisateurs, pour une fois, s'accordent.

Bilbao, musée Guggenheim, entrée (Espagne)

Une fois les portes et le guichet passés ainsi que l'audioguide récupéré, la visite peut commencer. C'est bien l'audioguide. Il t'accompagne tout le long de la visite pour donner bon nombre d'informations sur la construction du musée, les programmes, les artistes, les oeuvres et leurs époques. En gros, si tu veux écouter toutes les informations que l'audioguide contient en vagabondant dans les différentes salles, tu peux facilement passer la journée dans le musée.
J'entre dans ce qui est appelé le vestibule avant d'atteindre l'atrium où, spontanément, je ne peux m'empêcher de regarder vers le haut.

Bilbao, musée Guggenheim, au-dessus du vestibule (Espagne)

L'atrium nous met de suite dans l'ambiance : le musée est très grand ! 24 000 m2 de superficie dont 11 000 sont destinés aux expositions. C'est ici que convergent toutes les galeries.
"Grand espace libre, aux volumes courbes, l'Atrium, ce grand espace libre, connecte l'intérieur et l'extérieur de l'édifice grâce à de grands murs en rideau de verre et une grande verrière zénithale. Les trois niveaux du Musée s’organisent autour de cet Atrium central et sont reliés grâce à un système de passerelles curvilignes, d’ascenseurs en verre et en titane et de tours d’escaliers."  MUSÉE GUGGENHEIM BILBAO

Bilbao, musée Guggenheim, au dehors (Espagne)             Bilbao, musée Guggenheim, vestibule vue d'en haut (Espagne)

Bilbao, musée Guggenheim, une passerelle (Espagne)

Bilbao, musée Guggenheim, vestibule vue d'en haut (Espagne)              Bilbao, musée Guggenheim, installation pour Bilbao (Espagne)

Après un petit tour devant l'oeuvre de Jenny Holzer ("Installation pour Bilbao", 1997) composée de diodes lumineuses, je pousse la porte séparant l'atrium de la terrasse extérieure sur laquelle s'imosent les coluelurs vives de Tulips par Jeff Koons.

Jénorme pose devant Tulips (Espagne)

Ah pardon, je me suis foutu devant !
Bilbao, musée Guggenheim, Tulips
TULIPS, Jeff Koons, 1995-2004

"(...) un bouquet de fleurs gigantesque (plus de 2 mètres de haut et 5 mètres de large) fait de ballons de couleur, appartient à l'ambitieuse série Célébration (Celebration) entreprise par Koons en 1994. Inspirées d'objets génériques et populaires associés aux fêtes d'anniversaire, vacances et autres célébrations (depuis un chapeau de cotillon et un morceau de gâteau jusqu'à des cœurs et des œufs de Pâques), les peintures et sculptures de la série Célébration reflètent la relation constante de Koons avec les éléments propres à l'enfance. Les surfaces en acier inoxydable brillant et immaculé des Tulipes rappellent des œuvres antérieures de l'artiste, comme Lapin (Rabbit, 1986), dans laquelle il transformait aussi un objet gonflable courant en quelque chose de dur, étincelant et symbolique.(...)"
MUSEE GUGGENHEIM BILBAO


On n'aime ou on n'aime pas. Toujours est-il qu'il y a toujours du monde autour de cette oeuvre, même s'il fait froid et qu'il pleut.
De la même terrasse, nous embrassons une vue sur d'autres oeuvres permanentes du musée, comme...

Bilbao, musée Guggenheim, Grand arbre et l'oeilBilbao, musée Guggenheim, Grand arbre et l'oeil

Grand arbre et l'oeil, 2009, d'Anish Kapoor.
73 sphères réfléchissantes en acier inoxydable et acier au carbone sont disposées sur trois axes.
"Les surfaces des sphères se reflètent et réfléchissent les unes dans les autres, créant et dissolvant en même temps la forme et l'espace. Les images de la ville et de la ria de Bilbao, l'intervention sculpturale de Buren sur le pont de la Salve (Arcos rojos/Arku gorriak, 2007) et le propre musée acquièrent une suspension dynamique. Kapoor nous rappelle l'instabilité et le caractère éphémère de notre vision et par extension, de notre monde."
MUSEE GUGGENHEIM BILBAO

 

Au loin et avec cette lumière changeante due à la météo capricieuse, le pont de la Salve exhibe la couleur rouge de son arc conçue par Daniel Buren (Arcos Rojos/Arku Gorriak, 2007)

Bilbao, musée Guggenheim, pont de la Salve, entre deux pluies (Espagne)               Bilbao, pont de la Salve, Buren

"Daniel Buren s’est proposé d’adoucir la structure du pont La Salve, tout en la rendant plus visible. C’est pourquoi il a imaginé une pièce verticale perpendiculaire au pont, divisée en trois cercles situés à équidistance les uns des autres, qui fut inaugurée à l’occasion du dixième anniversaire du Musée. L’œuvre crée un cercle central qui circonscrit la route, ainsi que deux demi-cercles qui se complètent avec le reflet dans l’eau et dans l’air. La surface est de couleur rouge, alors que les bords extérieurs de la pièce et les bords intérieurs des arcs sont pourvus de rayures verticales formées de bandes alternativement noires et blanches. Ces bords sont constitués d’un matériau transparent qui permet la nuit d’intégrer les jeux de lumière."
MUSÉE GUGGENHEIM BILBAO

Bilbao, musée Guggenheim, Tulips et pont de la Salve, insta               Bilbao, musée Guggenheim, Tulips et pont de la Salve

Trois autres installations sont visibles depuis cette terrasse. Sauras-tu les retrouver sur la photo ci-dessous ?

Bilbao, pont de la Salve, Buren (Espagne)

Alors ? Alors ? Pas facile ? Hein ? Hein ? Hein ? Réponse.

Bilbao, pont de la Salve, Buren (Espagne)

Dans le cercle vert, "Les fontaines de feu" d'Yves Klein... Enfin, on voit les supports qui dégagent normalement les lumières de feu.
Au loin, un peu dans l'obscurité et entourée d'un cercle orange, c'est "Maman", 1999, de Louise Bourgeois. Araignée monumentale, d'environ 10 mètres de hauteur pour autant de large, réalisée en bronze, marbre et acier inoxydable.

Mamman Louise BOurgeois Bilbao"L’araignée est une ode à ma mère. Elle était ma meilleure amie. Comme une araignée, ma mère était une tisserande. Ma famille était dans le métier de la restauration de tapisserie et ma mère avait la charge de l’atelier. Comme les araignées, ma mère était très intelligente. Les araignées sont des présences amicales qui dévorent les moustiques. Nous savons que les moustiques propagent les maladies et sont donc indésirables. Par conséquent, les araignées sont bénéfiques et protectrices, comme ma mère."
LOUISE BOURGEOIS,
Tate.org


À un autre moment, nous aurions également pu voir la Sculpture de brouillard nº 08025 (F.O.G.), 1998, de Fujiko Nakaya. Cette réalisation sort d'un système de moteur de pompe à haute pression situé sous le passage piéton, entre le musée et le Ria del Nervion, à hauteur du cercle rose.
Elle est la première artiste à travailler avec le brouillard comme moyen sculptural.

Sculpter le brouillard. Quelle étrange initiative, non ? Pour l'anecdote, le père de Fujiko Nakaya a créé les premiers flocons de neige artificiels.

Je ré-entre dans le musée après cette belle petite visite extérieure. Il est temps de s'aventurer dans les étages pour découvrir les expositions temporaires... cela ne résoud pas mon problème pour en parler ici puisque, comme dit plus haut, les photos des oeuvres présentées sont interdites.

Bilbao, musée Guggenheim, exposition legs Thannhauser

C'est clair, c'est net et indiscutable. Si tout le monde pouvait prendre des photos, nous ne ferions que passer au milieu de gens brandissant leur smartphone à tout va pour réaliser quelques sales clichés flous, mal cadrés, empêchant les autres visiteurs de savourer la délicatesse et le recueillement du lieu. Je comprends, je comprends... mais putain, ça me fait chier quand même !!!!

BON, commençons donc par le deuxième étage où se trouve l'expostion "Alberto Giacometti, retrospective" en collaboration avec la Fondation Giacometti de Paris ; et ce jusqu'au 19 février 2019.
ALORS... comment faire ?
Bon... J'ai fait quelques photos, mais hors des salles par respect des consignes, de l'exposition, de l'artiste et des visiteurs... Entre deux murs, deux brins de lumières, deux espaces. De près, de loin...

Bilbao, musée Guggenheim, exposition Giacometti (Espagne)   Bilbao, musée Guggenheim, exposition Giacometti   Bilbao, musée Guggenheim, exposition Giacometti   Bilbao, musée Guggenheim, exposition Giacometti
Bilbao, musée Guggenheim, exposition Giacometti
  Bilbao, musée Guggenheim, exposition Giacometti   Bilbao, musée Guggenheim, exposition Giacometti              

Ah ouais, non, mais j'ai un problème avec les photos ! Il faut que je photographie ce que je vois, ce qui m'interpelle, ce qui m'interroge, ce qui peut éveiller la curiosité chez les autres... Si nous reprenons chacune de ces photos prises à l'arrache, on peut entrapercevoir des brides, des bouts, des morceaux des oeuvres d'Alberto Giacometti. Mais ça ne sert à rien. L'intéret, c'est tout de même de les voir pleinement, de leur faire face, d'en faire le tour pour remarquer le travail sous tous ces angles. Choisir son point de vue : debout face à l'oeuvre, assis par terre en écoutant son audioguide, s'approcher au plus près pour "sentir du regard" le moindre dépassement de matière de la sculpture de prime abord apparemment lisse.
Je ne peux pas montrer de photos, mais je peux te dire que cette exposition est magnifique.
Bien sûr, je connaissais un peu Giacometti. Bien sûr, comme pour beaucoup je pense, il est le sculpteur de ces silhouettes humaines maigres et longilignes en bronze, dont l'une, "L'homme au doigt" de 1947, reste la sculpture vendue aux enchères la plus chère du monde pour la somme de 141,3 millions de dollars. "Homme: au doigt" que l'on retrouve ici, à Bilbao, pour cette exposition exceptionnelle avec plus de 200 oeuvres présentées, provenant en grande partie de l’extraordinaire fonds constitué par la veuve de l’artiste, Annette, conservé par la Fondation Giacometti à Paris.

La richesse de l'oeuvre de l'artiste suisse est magnifiée par l’architecture du musée Guggenheim de Bilbao et ses immenses volumes. Pour Catherine Grenier, directrice de la fondation Giacometti, elle "a permis de donner de l’amplitude à l’exposition et de créer des thématiques, sur la rencontre de Giacometti avec les mouvements avant-gardistes par exemple, ou bien évidemment sa fascination pour la figure humaine qui l’obsédera durant toute sa vie d’artiste" (Culture box).

Je me suis donc lancé dans l'exposition sans appareil photo, avec mon audioguide collé à l'oreille, pour en savoir plus sur Alberto Giacometti, sa vie et son oeuvre.

 

ALBERTO GIACOMETTI
RETROSPECTIVE
Bilbao, musée Guggenheim, exposition Giacometti

Nous pénétrons dans l'exposition par une large entrée qui, de prime abord, semble dévoiler un espace assez vide... épuré, dirons-nous plutôt.

Bilbao, musée Guggenheim, exposition Giacometti (Espagne)

Tout s'explique, tout est normal. Et pour le comprendre, le mieux est de se pencher sur la vie et l'oeuvre de l'artiste.
Tout d'abord, il serait un peu limité de dire qu'il y a deux Giacometti : celui des années 1920-30, dit "surréaliste", et celui de l’après-guerre et des grandes figures sœurs de L’homme qui marche. Reprenons.

Alberto Giacometti est né dans un village de montagnes, à Borgonovo (Suisse) le 10 octobre 1901. Ainé de quatre enfants, son père ets lui-même peintre et le pousse à s'intéresser à l'art.
Ses premières oeuvres sont des portraits des membres de la famille dans un style postimpressionniste. Au terme de ses écoles obligatoires, Alberto part étudier à l'École des beaux-arts de Genève avant d’arriver à Paris en janvier 1922. Il entre à l’Académie de la Grande-Chaumière, où il suit l’enseignement du sculpteur Antoine Bourdelle. Il découvre par la même occasion les arts primitifs, le cubisme et se rapproche des surréalistes.

Paris, carte postale, Giacometti (75)Giacometti s'intéresse à la sculpture africaine et océanienne dès 1926.
Il emménage en décembre 1926, au n°46 de la rue Hippolyte-Maindron,
Paris XIV, dans la "caverne-atelier" malgré la petite taille et l'inconfort des lieux.

Les deux oeuvres qui le font remarquer du public sont La femme cuillère et Le couple, exposées au Salon des Tuileries. Puis, dès 1928, il commence une série de femmes et de têtes plates qui lui vaut d'être remarqué et d'obtenir un contrat avec la galerie de Pierre Loeb qui expose les Surréalistes. C'est aussi à partir de cette époque que Giacometti "s'éloigne d'une représentation naturaliste et académique pour une vision totémique et parfois hallucinée de la figure, chargée d'une puissance magique." (Fondation Giacometti)
La femme cuillère et Le couple sont exposées à Guggenheim pour cette rétrospective.
Plâtre de 146,5 x 51,6 x 21,5 cm, La femme cuillère (1927) marque un tournant. Comme Miro et Picasso, Giacometti invente la sculpture nouvelle en la nourrissant des formes "archaïques" et en faisant en quelque sorte table rase de plus de 2 000 ans de "représentation".
Bronze de 58,3 x 37,4 x 17,5 cm, Le couple (1926) révèle la précision des compositions de Giacometti. C'est là l'un des grands sujets de l'artiste : la rencontre entre la femme et l'homme, entre l'art et  la vie.

Au début des années 1930, Alberto Giacometti se détache de ces influences "dites archaïques" pour créer des œuvres qui fascinent de prime abord par leur étrangeté en même temps que par leur évidence : Boule suspendue, Objet désagréable, Fleur en danger. On parle alors de sa période surréaliste. Il adhère officiellement au groupe surréaliste parisien en 1931. Il crée des gravures et des dessins pour illustrer des livres de René Crevel, Tristan Tzara et André Breton. Il participe à la rédaction des revues du groupe.

Très vite cependant, il se sépare du groupe surréaliste et d’André Breton, en partie pour des raisons politiques et surtout pour des raisons esthétiques car il veut revenir à la figure humaine. De sa période "surréaliste", "Femme qui marche" (1932) est l'une des plus connue, conçue pour la grande exposition surréaliste de 1933.
Plâtre recouvert de produit démoulant de 152,1 x 28,2 x 39 cm, "Femme qui marche" semble trouver sa source dans les figures frontales de l'Egypte ancienne avec le pied gauche légèrement en avant sans pour autant transmettre le sens du mouvement. Les jambes sont longues, minces, lisses, solides et colonnaires.
L'inquiétude, l'onirisme, l'incertitude, la violence sont les caractéristiques des sculptures de cette époque. Je découvre une sculpture qui retient particulièrement mon attention : "Femme égorgée" (1932-1940), un bronze et patine dorée.
"(...) cette sculpture spectaculaire est l’une des plus hallucinées de la période surréaliste de Giacometti. (...) Il s’agit d’un corps de femme-insecte gisant au sol, « la carotide tranchée », rappelle Giacometti à Pierre Matisse, répondant à sa fascination ancienne (mêlée d’attraction/répulsion) pour les araignées et les scènes de meurtre et de viol. (...)
'Entre le vif et le mort', obsession giacomettienne par excellence : cette Femme égorgée et violée, jambes écartées, côtes ouvertes et décharnées, et déjà presque acéphale, se soulève du sol en un arc puissant, tendue dans un ultime spasme et un dernier cri qui tiennent de l’agonie et de l’orgasme. Elle a certes le statut d’« objet désagréable, à jeter », ainsi défini par Giacometti pour désigner sa production surréaliste : un objet mobile, menaçant, à écraser au sol, car non identifiable, instable ; à la fois féminine (seins, jambes), animale (araignée, serpent, mante religieuse ou scorpion) et végétale (feuille, tige, cosse de la vulve), cette créature est ambivalente, pleinement métamorphique, et par là d’une inquiétante étrangeté.(...)" CENTRE POMPIDOU

En 1935, Alberto Giacometti recommence à travailler à partir de modèle, notamment avec son frère Diego et Rita Gueyfier. Il explore ainsi de nouvelles techniques de modelage en passant d'une rigueur géométrique à un travail plus expressif. Il revient alors à la peinture et à la réalité du modèle.

En 1941, l'artiste retourne en Suisse jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Il travaille dans une chambre d'hôtel, poursuivant la production des sculptures minuscules commencée à Paris. Il réalise alors de petites figurines sur d'immenses socles.
"Ses figures féminines aux hanches arrondies s'inspirent du souvenir qu'il a d'une femme vue de loin." (Musée Guggenheim)
L'impossibilité de réaliser une sculpture de grande taille le hante, et ce n'est qu'après avoir vaincu cet obstacle avec la Femme au chariot, en 1944-1945, qu'il quitte la Suisse.
Avant de quitter Paris en 1941, Alberto Giacometti avait fait la connaissance du philosophe et écrivain français Jean-Paul Sartre. Ils se retrouvent souvent à Saint-Germain-des-Près pour échanger sur l'art ; ce qui influence l'artiste dont les sujets s’inspirent alors de l'existentialisme et de la philosophie de l'absurde qui prévaut dans les milieux intellectuels.

C'est en 1948 qu'il sculpte de nouvelles compositions relatives aux mouvements de foule qui le fascine. "Trois hommes qui marchent", réalisée en 1948, est la première sculpture dans lequel ce sujet apparaît. La "touche Giacometti" ; ce qui l'a rendu célèbre dans le monde entier avec ces hautes figures filiformes.
Au musée Guggenheim, nous retrouvons quelques-unes de ces sculptures réalisées fin des années 1940-début des années 1950 avec La forêt, Quatre figurines sur piédestal, Tête sur tige,... Le nez apparaît également à cette période et interpelle par ses proportions : une cage, un visage au nez démesuré.

 

"(...) Une tête suspendue dans le vide par une corde au centre d’une cage, tel le balancier de Boule suspendue (1931), un nez, équivalent retourné de la Pointe à l’œil (1932) s’allonge démesurément comme une flèche. Plus encore que les autres plâtres peints de l’année 1947 – Tête sur tige, La Main et La Jambe , qui sont, comme lui, des fragments corporels, « ces parties qui tiennent alors, pour Giacometti, lieu du tout » –, Le Nez (dont il existe deux plâtres peints et six exemplaires en bronze) constitue une sorte de retour maîtrisé à la problématique de la période surréaliste, au moment où Giacometti examine, en 1947, son expérience passée dans sa lettre à Pierre Matisse. (...)
Dans son récit de 1946, "Le Rêve, le Sphinx et la mort de T." ( Labyrinthe , n o 22-23, décembre 1946), il dit voir dans la rue des « têtes dans le vide, dans l’espace qui les entoure » : hallucination qu’il relie alors, dans son récit, aussi bien à l’évocation de la mort de T. (« Je regardais cette tête devenir objet, petite boîte mesurable, insignifiante, dont la bouche ouverte laisse entrer une mouche ») qu’au souvenir ancien de la mort de V. M. au Tyrol, en 1921 (« Je regardais la tête de V. M. se transformer, le nez s’accentuait de plus en plus, les joues se creusaient, la bouche ouverte presque immobile respirait à peine »). Cette tête décharnée de plâtre blanc, où ne subsistent que quelques résidus de vie rouge sang, et dont la flèche oculaire s’étend « à perte de vue » hors de sa cage, semble précisément, dans un dernier cri, bouche ouverte, se suspendre à la vie par la force de son regard, au moment où elle pourrait basculer dans le vide et tomber à terre : y est mise en acte, et jouée jusqu’à la provocation menaçante, l’angoisse de la mort, liée, pour Giacometti (si l’on considère la signification phallique de l’excroissance nasale), à l’angoisse de l’acte sexuel.(...)" CENTRE POMPIDOU

C'est également en 1949 que Giacometti épouse Annette Arm qui sera son principal modèle féminin jusqu'à sa mort. C'est une période extrêmement féconde pour l'artiste qui pratique peinture et sculpture. Plusieurs représentations : des femmes debout à la frontalité hiératique, des hommes marchant comme des hiéroglyphes en mouvement, les têtes de ses modèles.
C'est pour l'exposition à la galerie Pierre Matisse de décembre 1950 que Giacometti produit quelques-unes de ses plus fameuses sculptures dont commence l'édition en bronze : Quatre femmes sur socle, Quatre figurines sur piédestal, La Forêt, La Clairière, La Cage, Le Chariot, La Femme qui marche entre deux boîtes qui sont des maisons.

En 1955, Alberto Giacometti fait la connaissance d'Isaku Yanaihara, professeur de philosophie, chargé d'écrire un article sur l'artiste pour un magazine japonais. Le professeur posera pour Giacometti de 1956 à 1961 ; ce qui donne l'ensemble le plus important de portraits masculins réalisés par l'artiste ; dont plusieurs sont exposés à Guggenheim.
Toujours dans les portraits, c'est également en 1959 qu'il rencontre une prostituée de 21 ans qui se fait appeler Caroline. Entre 1960 et 1965, il en fait d'innombrables portraits, point culminant de sa nouvelle façon de représenter la réalité. En 1964, c'est John Lord que Giacometti peint et repeint. L'écrivain américain enregistre leurs conversations, rassemblées et publiées en 1965 dans son livre Un portrait par Giacometti.

Alberto Giacometti meurt le 11 janvier 1966, à Coire (Suisse). Son corps repose à Borgonovo, son village natal.
Pas de photos donc, mais tu peux retrouver une grande partie des oeuvres exposées en cliquant sur ce lien : GIACOMETTI GUGGENHEIM MUSEUM.  
Si tu ne veux pas trop en savoir et laisser surprendre par cette magnifique exposition, voici une petite mise en bouche.

Je quitte l'univers de Giacometti pour monter un étage plus haut et retrouver la seconde grande exposition temporaire du moment, et ce jusqu'au 24 mars 2019.

 

 DE VAN GOGH A PICASSO
LE LEGS THANNHAUSER
Bilbao, musée Guggenheim, exposition legs Thannhauser

Bon : ici aussi, il est interdit de prendre des photos. On peut juste entrapercevoir un tableau de Cézanne sur cette photo que j'ai prise entre deux murs, à l'extérieur de la salle d'expostion.
Environ 50 oeuvres sont représentées ici, réparties dans trois salles distinctes avec des thématiques différentes.

"En 1963, après avoir mis un terme à une carrière remarquable en tant que marchand d’art moderne en Europe et aux États-Unis, Justin K. Thannhauser (1892–1976) annonçait son intention de léguer à la Solomon R. Guggenheim Foundation de New York un ensemble d'œuvres majeures issues de sa collection privée – couvrant une centaine d'années –. Sa veuve, Hilde Thannhauser (1919–1991), en fit de même par la suite en léguant d'autres œuvres à cette fondation en 1984 et 1991.
La Collection Thannhauser du Guggenheim propose actuellement un voyage crucial survolant l'art de l’avant-garde en France à la fin du XIXe et début du XXe siècle, tels que Paul Cézanne, Edgar Degas, Édouard Manet, Vincent van Gogh et d'autres créateurs ayant cherché à libérer l’art des genres et des conventions académiques en abordant des techniques et des sujets modernes. Les expériences révolutionnaires avec des matériaux et des méthodes que ces artistes développèrent dès la fin du XIXe siècle allaient ouvrir la voie à de nouveaux styles encore plus radicaux au siècle suivant lorsque des artistes comme Georges Braque et Pablo Picasso s’imposeraient en première ligne.
C’est la première fois qu'une partie significative de la célèbre collection Thannhauser est présentée ailleurs qu’à New York depuis qu'elle intégra le Musée Solomon R. Guggenheim il y a plus de cinquante ans et c’est l’occasion de mettre en lumière le legs de la famille Thannhauser et son rôle pour promouvoir l'art de son époque. À propos de la collection, Justin affirma : "J'espère qu’elle sera appréciée. Elle représente toute ma vie.”." MUSEE GUGGENHEIM BILBAO

Bilbao, musée Guggenheim, exposition legs Thannhauser (Espagne)             Bilbao, musée Guggenheim, legs Thannhauser (Espagne)

J'entre dans la première des trois salles consacrée à l'exposition. Il s'agit de la salle n°305. Je ne crois pas que ce soit si important que ça de dire le numéro précis, mais bon, c'est fait. Cette salle est consacrée à l'impressionnisme. On y retrouve quelques dizaines de tableaux, comme La femme à la perruche de Pierre-Auguste Renoir, Devant la glace d'Edouard Manet, Haere Mai (1891) de Paul Gauguin, Le Palais Ducal vu de Saint-Georges-Majeur (1908) de Claude Monet, Fiasque, verre et poterie (1877) de Paul Cézanne,... Quelques oeuvres sculptées d'Edgar Degas sont également présentes, telle que La danse espagnole.

Devant la glace d'Edouard Manet              Pierre Auguste Renoir, la femme à la perruche
Solomon R. Guggenheim Museum, New York Collection Thannhauser, donation, Justin K. Thannhauser

Ces artistes rebelles et novateurs tendaient à se libérer des genres et des conventions académiques. Pour cela, ils exploraient les effets changeants du monde naturel, les mutations urbaines du début du XXème siècle et innovaient dans la façon de représenter leurs modèles en utilisant de nouvelles techniques de peinture, comme la fragmentation du plan pictural et une pratique de la peinture plus libre et expressive pour donner une impression de spontanéité. Ces artistes ont également dépeint avec beaucoup de réalisme l'évolution des classes sociales et les coutumes de la culture française.
L'audioguide fourni avec le billet d'entrée nous permet d'aborder ces oeuvres de différentes façons : d'un point de vue historique, sur la technique utilisée par l'artiste (angle de vue, couleurs, matières,...) et quelle réflexion cela peut susciter chez le spectateur.

CHANGEONS DE SALLE !

Dans la seconde salle, la salle n°306, nous découvrons des oeuvres post-impressionnistes et de premier art moderne avec, entre autres, des tableaux de Vincent Van Gogh, Paul Gauguin et Henri Rousseau. La fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle connaissent des bouleversements économiques, politiques, sociaux et psychologiques, souvent au nom du progrès. De nouveaux styles artistiques apparaissent alors en réaction au naturalisme académique et à la représentation impressionniste. On parle alors de post-impressionnistes.. Ces peintres ne veulent plus utiliser leur art comme simple représentation fidèle du monde. Ils veulent ajouter leur ressenti et leurs émotions intérieures. cela se traduit sur la toile par des lignes sinueuses, des couleurs non naturalistes, entre autres.

euhVan Gogh emploie des touches dynamiques et une application très dense de la matière, ainsi qu'une déstructuration des objets ou des paysages, rappelant l'état mental et émotionnel de l'artiste alors interné à Saint-Rémy-de-Provence pour instabilité mentale. Lorsque l'on se pose devant le tableau Montagnes à Saint-Rémy (juillet 1889) exposé ici, aujourd'hui au Guggenheim, on peut approcher l'épaisseur du trait de son pinceau. (Photo : Solomon R. Guggenheim Museum, New York Collection Thannhauser, donation, Justin K. Thannhauser)

 

 

Paysage près d'Anvers Braque"Paysage près d'Anvers" (1906) de Georges Braque interpelle également mon regard de façon évidente. Les couleurs utilisées détonnent quant à la représentation du paysage. L'audioguide me raconte l'histoire de ce tableau et le fait que Braque ait détruit toutes ses oeuvres précédentes après avoir vu les oeuvres de Derain et Matisse ("Le bonheur de vivre").
"La palette de couleurs reflète l’intérêt de Braque pour l’audace chromatique de la peinture fauve. Si on peut dire que cette œuvre et les œuvres connexes ont ouvert la période fauve de Braque, ce n’est pas seulement à cause de leur couleur imaginative, mais aussi à cause de l’accent que Braque a mis sur le modelage des formes à la surface de la toile." GUGGENHEIM.ORG
(Photo : Solomon R. Guggenheim Museum, New York Collection Thannhauser, donation, Justin K. Thannhauser)

 

Les joueurs de foot, Henri Rousseau"Les joueurs de foot" (1908) d'Henri Rousseau m'interpelle plus particulièrement. Artiste autodidacte, Henri Rousseau bouleverse les règles de la représentation et de la perspective. Ici, il place des joueurs de foot au milieu d'un paysage de bois. Pourquoi sont-ils habillés ainsi ? Pourquoi jouent-ils au foot avec les mains ? Pourquoi au milieu d'un bois ?
"Nous ne savons toujours pas comment décrire un tableau dans lequel les joueurs de rugby ressemblent à des jumeaux en pyjama, ou dans lequel 14 moustaches de guidon identiques parviennent à donner une image pleine d'entrain d'une batterie d'artillerie." GUGGENHEIM.ORG
Souvent qualifiée de "simpliste" ou de "naïf", la peinture de cet ancien ouvrier venu sur le tard dans le domaine artistique a pourtant retenu l'attention d'Apollinaire, Alfred Jarry et Picasso.
(Photo : Solomon R. Guggenheim Museum, New York Collection Thannhauser, donation, Justin K. Thannhauser)

 

 

 CHANGEONS DE SALLE !

Dans la dernière salle... attention, attention, la salle n°... n°... 307 ! Ouaaaaiiisss !
Dans la salle n°307, nous découvrons plusieurs oeuvres de Pablo Picasso. L'entrée se fait face à un grand tableau représentant une scène peinte au Moulin de la Galette, à Paris. Elle fait penser à la peinture de Toulouse-Lautrec.
"Le moulin de la galette", peint en novembre 1900, est le premier tableau parisien de Pablo Picasso.
"(...)Il reflète sa fascination pour la décadence vigoureuse et le glamour criard du célèbre hall de danse, où patrons et prostituées se côtoyaient. Picasso devait encore développer un style unique, mais Le Moulin de la Galette est néanmoins une production surprenante pour un artiste qui vient d'avoir 19 ans.
La vie nocturne parisienne, grouillante d'hédonisme et de vulgarité sans faille, était un thème populaire dans la peinture de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. (...) Au Moulin de la Galette, Picasso adopte la position d'observateur sympathique et intrigué du spectacle du divertissement, suggérant son appel provocateur et son caractère artificiel. Dans des couleurs richement vibrantes, beaucoup plus brillantes que celles qu'il avait utilisées auparavant, il a capturé la scène enivrante sous la forme d'un flou vertigineux de personnages à la mode aux visages inexpressifs.(...)" GUGGENHEIM.ORG

Je n'ai jamais été très adepte de Picasso. Je ne sais pas pourquoi. Peut être parce qu'il y a trop d'oeuvres, trop de productions. Peut être que je n'ai jamais trop compris son travail, ou que je n'ai pas cherché à savoir. Peut être est-ce trop récent. Période bleue, période rose, cubisme, néo classicisme, figuratif, surréalisme,...  Plus 50.000 œuvres d’art, entre tableaux, sculptures, céramiques et dessins en 80 ans.
La salle n°... n°... n°307 ouais ! regorge d'oeuvres variées et intrigantes. Je m'arrête tour à tour devant
"Le homard et le chat" (1965), "La femme aux cheveux jaunes" (1931), "Au bout de la route" (1899-1900), ou encore "L'oiseau" (1928)... Une fois encore, l'audioguide me permet de mieux appréhender ces oeuvres.

 

Je quitte les trois salles consacrées aux legs Thannhauser. Le temps passe vite quand on s'instruit. Il ne me reste qu'un petit moment pour aller divaguer dans les salles consacrées aux chefs d'oeuvre de la collection Guggenheim Bilbao.
"Dès son ouverture, le Musée Guggenheim Bilbao a entrepris de bâtir une collection représentative de l’art allant de la seconde moitié du xxe siècle jusqu’à nos jours. Parmi les pièces qui composent actuellement ce fonds, certaines se détachent par leur valeur en tant qu’icônes de la contemporanéité, car ce sont des oeuvres qui, à leur première présentation, n'ont pas laissé le public indifférent et qui, au fil des années, se sont consolidées au rang d'authentiques références de l'art contemporain (...)." GUGGENHEIM.BILBAO

On retrouve ainsi dans plusieurs pièces du troisième étage des oeuvres de Robert Motherwell, Yves Klein, Mark Rothko, Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat, ou encore les oeuvres étonnantes d'Anselm Kiefer dans la salle 302.

 

Après plusieurs heures de visite à voyager dans cet extraordinaire lieu culturel, je regagne la sortie.
Bilbao n'est pas très bruyante par ici. C'est agréable. cela permet de continuer à naviguer dans ses pensées...

 

 

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