Lumière de mars (64)

Ah non, ce n'est pas le titre du prochain film de Ridley Scott, ou de Tim Burton, ou de John Carpenter, ou de Brian De Palma, ni même d'une nouvelle nouvelle de Guy de Maupassant puisque ce dernier est mort depuis 123 ans.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...

Ce matin, en me réveillant,
j'ai reçu ce drôle de message sur mon ordinateur...

Et puis plus rien ! Je me suis dit que ce n'était pas bien grave, que nous étions au mois de mars et que la nature était troublée par le fait que l'on n'ai pas eu d'hiver cette année. Ah ben dame oui alors ! Eula !!!
Bon, ça, c'est dit. Et après ?

"Lumière de mars", cela veut dire que nous sommes au mois de mars et qu'il y a une lumière spéciale, spécifique, originale, changeante, influencée par les changements radicaux de météo, allant de la pluie au soleil en passant quelques giboulées bien senties de grésille et de neige fondue. Soleil, puis nuages blancs, puis gris, puis noirs, poussés par le vent. Un vent froid, sec. "Lumière de mars", c'est les quatre saisons en une heure.
Cette année pour découvrir cette lumière à part, je me suis rendu sur la côte Atlantique. Oui bon, en même temps j'y suis tout le temps fourré, qu'il neige, qu'il pleuve, que ce soit l'été ou l'automne, le jour, la nuit, qu'il y ait du monde ou personne !

Je quitte donc l'appartement où un premier signe laisse à penser qu'il va sûrement y avoir une belle lumière aujourd'hui.

Eh oui, les oiseaux viennent s'engraisser sur le balcon ; ce qui veut dire qu'ils ont froid ; ce qui veut dire que le soleil seul ne suffit pas à les réchauffer ; ce qui veut dire que.... Oh pis merde, j'avais envie de poser ces photos ici, voilà.

Je rejoins ma voiture. Je monte dedans. Je branche l'auto-radio-CD-smartphone pour en faire sortir la compilation musicale qui m'accompagnera durant ce petit voyage. Et pour commencer, un clin d'oeil au mois de mars avec les Mars Need women ; nom de groupe rappelant le film de science-fiction de Larry Buchanan datant de 1967.

SYNOPSIS :
"Les stations d'écoute militaires américaines ont intercepté un message venu de l'espace. Une fois décodé ce message dit  : "Mars a besoin de femmes". Un martien, Dop, apparaît par téléportation au beau milieu des militaires interloqués et leur explique que par dégénérescence génétique il n'existe plus qu'un pour cent de mâles sur toute la population martienne, c'est pourquoi Mars a décidé d'envoyer sur Terre un équipage de cinq martiens qui ramèneront cinq terriennes afin d'améliorer la race. Les militaires ayant (naturellement) refusé, le vaisseau martien se pose incognito prés d'une usine désaffectée."

MUSIQUE DE LA JOURNÉE

Pour apprécier cette "Lumière de mars", dans un premier temps, je me rends aux Sables d'Or à Anglet, et plus précisément à la Plage de la Petite Chambre d'Amour qui se situe au pied de la falaise supportant le phare de Biarritz.

ANGLET
Plage de la Petite Chambre d'Amour

La silhouette brune d'une femme seule sur la plage de sable doré. Cette grande langue de terre qui s'en va défier l'océan, surmontée de quelques villas et du phare de Biarritz. Un soleil incertain qui tente de percer d'épais nuages blancs se déplaçant mollement.

Je reprends la route pour atteindre l'avenue Winston Churchill dominant la plage du Miramar, là où s'était échoué, en novembre1996, le Frans Hals ; un chalutier usine ukrainien de 103 mètres de long. Après avoir dérivé pendant plus de 15 heures depuis le port de Bilbao où il était destiné à être démantelé, le navire échoua sur cette plage. Bien avant cet évènement tragique, Frans Hals était surtout connu pour être un des peintres les plus notables du XVIIème siècle (le Siècle d'Or) avec Rembrandt et Vermeer. Pas de paysages, que des portraits.

Je contourne l'Hôtel du Palais, puis je tourne à droite pour rejoindre la Grande Plage faisant face au Casino style Art Déco. Je longe la belle promenade de bord de mer de Biarritz. Le rocher du Basta, l'église Sainte-Eugénie, le port des Pêcheurs, le tunnel dans le rocher de l'Atalaye, le rocher de la Vierge...

           
Port des Pêcheurs                                                                                                              Rocher de la Vierge

Puis la plage du Port-Vieux sans ses ours, la Villa Belza sans ses soirées folles et...

BIARRITZ
La plage des Basques
        

Lumière éternellement changeante. Pluie, soleil, éclaircie, nuages, pluie, soleil, vent, éclaircie...
"C’est à l’occasion du tournage du film Le soleil se lève aussi, adaptation d’un roman d’Hemingway, que Dick Zanuck et Peter Viertel, deux Californiens, se retrouvent à Biarritz en septembre 1956. Dick étant surfeur, se fait envoyer une planche de surf, telle que ne l’ont jamais vu les français, mais est contraint de repartir avant qu’elle n’arrive. C’est donc Peter, qui n’a jamais pratiqué, qui fait la première tentative sur les vagues de la Côte des basques, accompagné de Georges Hennebutte (futur inventeur du leash) : le surf est né à Biarritz et fera vite des adeptes." SURF TOURISME64

Le soleil se lève aussi... là-bas, au loin, sur Bidart et Guéthary. Puis il disparaît, laissant la côte basque passer de l'ombre à la lumière en l'espace d'un instant.

JEU DES DIFFÉRENCES :
Combien de différences entre la photo ci-haut et la photo ci-basse ?
Joue, trouve et gagne des trucs de ouf !

Tiens : Guéthary ! Je vais aller voir de plus près ce qu'il s'y passe.
Biarritz, boulevard du Prince de Galles... L'ancien bar "Les 100 marches", repris et rebaptisé "Etxola Bibi", n'est pas encore ouvert. De là, on peut manger quelques tapas en buvant quelques verres de vin face à la Côte des Basques.

Biarritz toujours, avec la plage de la Milady, dans le grain d'une pluie grisâtre et froide alors qu'il semble faire grand beau là-bas, un peu plus loin, sur les Trois Couronnes.

BIARRITZ
Plage de la Milady

 
Belle plage d'été avec son sable fin et son air du large. Elle est dominée par l'intrigant et fantomatique château d'Ilbarritz.

BIDART
Château d'Ilbarritz

            

Il ne se visite pas. Il semble bien isolé sur sa colline battue par les vents.
Ce fut la propriété du Baron de l'Espée, de 1897 (date de sa construction) à 1901. La "maison du fou", d'après les dires locaux. Peut être simplement parce qu'il portait une passion inconsidérée pour les orgues monumentaux. C'est ici, entre autre, qu'il jouait Wagner et Berlioz, haut et fort, fenêtres grandes ouvertes, seul face à la mer.

"Ce solitaire excentrique y vécut vingt ans durant. Après avoir parcouru le monde en tous sens et contemplé ses merveilles, il affirmait avoir choisi le site le plus beau pour s'y fixer. (...) Dès 1895, le Baron, brouillé avec l'humanité, isolait et "bastionnait" 60 hectares de landes et de rivage autour du sommet escarpé d'Ilbarritz. Sur cet immense terrain, Gustave Huguenin, l'architecte "au large sombrero" édifia en dix-sept ans de travaux "la cité chinoisante" du "rajah de Bidart".
Le Château, planté en vigie sur la colline, fut tout entier bâti pour abriter un orgue Cavaillé-Coll. Les tuyaux de cet orgue grandiose étincelaient sur les murs d'une salle haute de deux étages, au centre du bâtiment.(...)
Albert de l'Espée était obsédé par les problèmes de l'hygiène. Il buvait de l'eau d'Evian, mise en bouteille à la source tous les vendredis par un chimiste assermenté exclusivement attaché à son service. Il ne mangeait que les poissons qu'il avait vu vivants. (...)"  BIARRITZ OVH

Il m'intrigue ce château. Je ne suis jamais allé le voir de près.

Je passe devant la Cité de l'Océan et sa vague de béton, dessinée par Steven Holl, pour marquer un stop devant ce rond-point architecturé.
Il s'agit de "La dame de la mer", oeuvre monumentale de Manolo Valdès, réalisée en fonte d'aluminium et posée ici en 2012. Elle mesure 14 mètres de haut et a coûté la bagatelle somme de 500 000 euros à la ville.

Je continue un peu pour me retrouver un peu pour me retrouver dans ce "creux" délimitant Biarritz de Bidart. Je prends la petite route à droite qui s'en va monter vers le château par une route en lacets. Je me pose sur le parking séparant le golf du château d'Ilbarritz pour aller admirer le bâtiment de plus près.

Ok. Il ressemble à un paquebot. Construit entre 1895 et 1897 par l'architecte biarrot Gustave Huguenin, il devait surtout abriter le plus grand orgue jamais conçu pour un particulier (aujourd'hui visible dans la basilique du Sacré Coeur de Montmartre).
Le château a vécu plusieurs vies. Occupé seulement quatre ans par son propriétaire initial, il deviendra ensuite, tour à tour, hôpital au cours de la Première Guerre Mondiale, maison de convalescence pour réfugiés de la guerre d'Espagne, garnison allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale, puis annexe de ferme avant d'être laissé plus ou moins à l'abandon à partir de 1958. Depuis 2014, il est la propriété de l'homme d'affaires et entrepreneur français Bruno Ledoux, actionnaire de référence du journal Libération. Il a pour but de créer un lieu ouvert au public avec le concours du célèbre designer Ora-Ito.

Je repars... mais je ne vais pas bien loin puisque je prends sur la gauche afin d'aller me jeter dans l'impasse de l'Avenue du Lac. Étrange... Cette avenue est non seulement une impasse, mais, en plus, il n'y a pas de lac. Par contre, il y a la plage. La plage d'Ilbarritz ! Ça s'écrit comme Biarritz sauf que tu rajoutes Il au début... alors qu'il n'y a pas d'île non plus dans cette avenue qui est une impasse qui ne comporte pas de lac. Tu me suis ? Ok, parfait !
Mais, attends : ce n'est pas la seule surprise.

BIDART
Plage d'Ilbarritz

De la neige ? De la mousse ? Qu'est-ce donc que cette étrangeté que j'avais déjà remarqué du côté de la Plage de la Digue à Tarnos ?

Approchons-nous !

PLUS PRÈS !!!

En voyant cette vidéo, Stan Liquide n'a pu s'empêcher de réagir :
"(il est déjà trop tard) ce tsunami de mousse de bière qui se dirige sur nous : TOUS les BARMEN en sont responsables ! la catastrophe aurait pu être évitée, si seulement on avait pris en compte dés le début le LENDEMAIN DE CUITE de la planète !!!!"
Il avait raison le bougre. J'avais déjà prévenu les autorités locales en leur parlant de ce problème de pollution par l'alcool avec ces poissons de montagnes pyrénéennes qui se transformaient en bouteille de rosé !!!!!

Mais peut être que le slogan avait été mal interprété...

En attendant, je reste un peu sur la plage à regarder le soleil se poser sur cette écume mouvante au grès du vent et du va-et-vient des vagues.

              

Je sais pas, je suis bien là, moi. Mais... je repars.

Route principale. Pas d'embouteillage aujourd'hui. Bidart et la magnifique vue sur la plage d'Erretegia. Pas de départ prévu pour le Sentier du Mojito. Contournement du centre-ville de Bidart, une "ville sur la mer", d'après les affiches touristiques de bord de route. C'est vrai qu'il y a beaucoup de maisons et de villas. La colline en est recouverte... à outrance, presque défigurant la vue sur la Rhune. La plage du Centre. Personne. Pas même un humain faisant voler son cerf-volant. Pourquoi un cerf ? Pourquoi pas un bison-volant ou un bouc-volant ?
"L'hypothèse la plus vraisemblable est que "cerf-volant" vient de serpe volante, signifiant serpent-volant. La forme serps pour serpens est attestée en latin chrétien. Cette appellation de serpoent-volant ferait allusion aux textes et légendes mentionnant des dragons volants et des serpents ailés."  L'ACADÉMIE FRANÇAISE

Bon, si vous le dites.
Légère montée. C'est ça aussi le Pays Basque : même au bord de l'océan, ce n'est jamais plat.

GUÉTHARY
La jetée des Alcyons

Je crois que c'est la première fois que je vois le parking de la jetée des Alcyons vide. Complètement vide. Seul. Personne. Pas une voiture, pas un passant, ni un footingueur. Pas un chat, ni une loutre. Encore moins de baleine ! Je ne vois que le gros Merci écrit à la peinture blanche sur la façade en bois du restaurant "Harrotzen Costa". Cette année, les deux restaurants de bord de mer auront été épargnés par les colères de l'océan.

J'avance tranquille sur la jetée pour poser mon regard sur des détails.

Au bout de la jetée,
les fidèles rochers découpés de la plage Harotzen Costa

Fenêtre donnant sur escaliers
contre lesquels repose une paddle board

La croix et l'escalier

Drapeau basque en plein vent

PRENONS UN PEU DE RECUL !

ENCORE !!!

Je reste un peu. Vagues. Oiseaux virevoltants, s'amusant avec les relents venteux. Lumière qui bouge. Nuages filants. Un rayon. Nuages sombres. Au fond, de l'or orangé, puis jaune, puis brun. Disparu. Je remonte en voiture.

Il fait encore jour ; du moins comme pour un mois de mars pluvieux. Ou pourrais-je aller pour regarder un beau non-coucher de soleil et finir la journée ?
Acotz, oui, bien sûr.
Contourner la plage de Cenitz pour parvenir au parking de Mayarco.

ACOTZ
Plage de Mayorco

J'enjambe les barrière de bois pour apprécier le panorama sur la plage. Face à moi, la terrasse vide du Bibam. Au-dessus, les nuages filent, alternant pluie et soleil. Parfois les deux en même temps. Je cherche l'arc-en-ciel.
Descente à hauteur de la plage. Une belle lumière claire donne sur le sable et les rochers, donnant lieu à des contrastes prononcés entre le bleu-gris du ciel, le jade de l'océan, le blanc de l'écume et le brun foncé du sable.

Pas grand monde non plus par ici. Le vent est frais., mais la lumière change sans arrêt. Je regarde au loin vers le sud. Il y a comme une trouée qui pourrait apporter une de ces magnifiques lumières où les rayons du soleil contrastent sur les paysages avec de gros nuages noirs.

Et un peu plus au sud, c'est...

ACOTZ
Plage de Lafitenia

J'attends quelques minutes que les nuages se dispersent et laissent entrer la lumière, mais, apparemment, ils ont décidé de ne plus bouger.
Par contre, au loin, sur Bidart, soleil et pluie se mêlent...

Fin de journée.